Découvert à travers ses deux Palmes, relativement tardives dans sa carrière, le « choc » Imamura, c’est surtout la découverte de ses films écrits et réalisés dans les années 60. La nouvelle vague japonaise a permis à quelques cinéastes fous de s’exprimer, parfois pour le pire, mais Imamura a beau proposer des histoires de « dingues », ses récits sont toujours parfaitement millimétrés, d’une densité rare qu’il abandonnera plus ou moins par la suite. Sa réalisation est nerveuse sans être trop portée sur l’invention ou les procédés : tout concourt chez Imamura à mettre en scène (littéralement) une histoire. Et quand le bonhomme est également (contrairement à d’autres cinéastes de « nouvelle vague ») scénariste, on comprend qu’on à affaire à un véritable auteur.
Me reste à découvrir ses documentaires.
Classement :
10/10
The Pornographers(1966) *
9/10
La vengeance est à moi(1979)
La Ballade de Narayama(1983)
Pluie noire(1989)
The Sun Legend of the End of the Tokugawa Era(1957) (scénario)
Histoire intéressante, scénario au point (Kaneto Shindo s’y est collé), mise en scène excellente. Mais un sujet et des personnages qui me laissent un peu de marbre.
Bon courage, larbin!, Mikio Naruse (1931)
Une comédie, un peu comme Ozu à la même époque. Une relation entre un père démarcheur en assurance et son fils. Précision et concision. Pas un plan ne ressemble à un autre, impressionnant.
Les Larmes d’une femme, Mikio Naruse (1937)
Une jeune mariée sert de bonniche à sa belle famille ; elle tente d’aider la sœur de son homme amoureuse d’un garçon qui se voit refuser le mariage. Mélodrame classique.
Un peu vain. Si ce n’était pour la présence de Takako Irie, la beauté toute japonaise, avec son visage ovale, son nez étroit et long, et sa petite voix miaulante, il n’y aurait pas grand-chose à en tirer de ses Larmes.
Ma mère ne mourra jamais, Mikio Naruse (1942)
Bon film mais qui finit par être pollué par les bonnes intentions, la morale et les valeurs d’abnégation et de travail propre à un cinéma de propagande (on est en 1942). Le film ne tombe jamais dans le pathos, on loue l’individualisme quand il est conçu pour aller dans le sens de la patrie, les excès romantiques. Tout esprit négatif ne serait pas bon pour le moral des troupes. Cette dignité et ces valeurs seraient tout à fait acceptables dans ce contexte mais on ne peut si facilement se défaire des intentions trop marquées de la propagande.
Épouse, Mikio Naruse (1953)
Le calque de Meshi. Petit drame de couple qui ne peut plus s’entendre. Problème : le personnage féminin principal est trop antipathique (il vaut mieux voir des hommes lâches et coureurs plutôt que des mégères qui n’aimant plus leur mari lui refusent à la fois maîtresse et divorce).
(Revu). Disperser aux quatre vents les fils d’une même pelote, se libérer du rouet du temps, tirer sur le nœud ombilical, et devenir… fil prodigue.
Une femme dont on parle
Au-delà de l’intrigue amoureuse, comme un refrain qui s’entête : quand les femmes cesseront-elles d’être obligées d’en passer par là.
Mizoguchi terminera sa carrière là-dessus, sur ce même refrain cette fois dépouillé d’une intrigue principale pour se concentrer sur la vie et la condition des femmes de bordel. Déjà, la même fin désillusionnée sur… La Rue de la honte. Et la même innocence venant se jeter dans la gueule du loup. La composition de Kinuyo Tanaka est tout bonnement exceptionnel, comme d’habitude.
La Dame de Musashino
Sac de nœud sentimental et cornélien opposant les valeurs d’un Japon vaincu à celle d’un monde où les amours se consomment comme le reste. Plutôt réussi.
La Victoire des femmes
Film féministe pour obéir aux désirs de l’occupant. Mise en place laborieuse, mais l’opposition gagne en tension dès que le procès commence.
Mizoguchi semble s’ennuyer à filmer en intérieurs. Sa lenteur, ses plans-séquences et ses travellings ne sont pas fait pour ça. En revanche, c’est parfait pour les scènes de tension, les actrices ayant tout loisir de montrer l’étendue de leur génie. (Un film auquel répondra un peu plus tard Flamme de mon amour, lui aussi dans une veine soft power au profit des valeurs libérales de l’occupant. Faudra attendre encore pour ressortir les jidaigeki des placards, avec La Vie d’O’Haru femme galante en 51, précédé en 50 par Kurosawa et son Rashomon.)
Les Femmes de la nuit
Le génie de Mizoguchi et de Kinuyo Tanaka au service de la propagande anti-prostitution de l’occupant. Naruse s’en tirera mieux (avec La Bête blanche).
La Chanson du pays natal
Apologie de la bêtise et de l’isolationnisme.
Madame Oyu (1951)
(Revu) Qu’il est beau de se sacrifier pour l’amour d’une sœur… — Le problème, c’est quand l’autre fait de même, et que l’homme… attend.
Adaptation d’un roman de Tanizaki, spécialiste apparemment des canevas sentimentaux bien compliqués, que Masumura adaptera par trois fois : Passion, La Chatte japonaise et Tatouage. Interprétation tout en minimalisme de la part de deux des plus grandes actrices de l’âge d’or du cinéma nippon (Kinuyo Tanaka et Nobuko Otowa).
Les 47 Rōnins (1941)
La pire déclaration d’amour de l’histoire du cinéma : « Dites à votre père que je suis son gendre. » Le film m’est presque sauvé par la présence (à la Portia) de Mieko Takamine.
Une demi-douzaine d’années que l’occupation a pris fin, et personne ne semble en avoir informé Imai. (Le Sifflement deKotande Naruse, avec ce même thème de l’étranger de l’intérieur, est plus subtil.) Imai en petite forme.