Notes de visionnage 2018

 

Janvier – avril 2018

Mai – août 2018

septembre – décembre 2018

Le Flambeur, Karel Reisz (1974)

Le travail de Reisz est impressionnant, profondément ancré dans son époque (scène de rues typiques à longue focale – sorties de bâtiments plus précisément en guise de transition). Ça tient très bien la route, mais j’ai une grande difficulté à suivre et comprendre ce genre de personnages qui voudraient que deux et deux fassent cinq et qui jouent pour répondre à leur angoisse de vivre… Ça m’énerve même profondément à la longue, impossible d’avoir la moindre sympathie pour ce type.

Un été capricieux, Jiri Menzel (1967)

Un ton unique, entre burlesque et poésie. Un peu comme si on avait donné la parole et un sexe à Tati. Ce n’est pas toujours réussi, mais à la longue on s’y fait, surtout grâce à la performance de l’acteur principal. C’est malheureusement parfois un peu redondant, avec l’idée que le voltigeur puisse reproduire deux ou trois soirs de suite le même spectacle dans le même coin perdu. (Censuré à l’époque, on se demande bien pourquoi. Le côté sexuel peut-être, anticlérical, voire moqueur à l’égard de quelques membres de l’autorité de l’État…)

Les Parents terribles, Jean Cocteau (1948)

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Le Mur invisible, Elia Kazan (1947)

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Icarus XB 1, Jindrich Polák (1963)

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Transport du paradis, Zbynek Brynych (1963)

Récit éparpillé façon puzzle. Si l’art de la mise en scène, c’est de s’appliquer à présenter au mieux pour le spectateur un univers défini, ce Brynych est loin d’en être maître. Direction d’acteurs et scénario inexistants.

Man on a Tightrope, Elia Kazan (1953)

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History Is Made at Night, Frank Borzage (1937)

Les bonnes recettes de la comédie romantique d’antan jusqu’à cette touche finale désastreuse, mélodramatique, avançant tel un paquebot hurlant dans la nuit brumeuse.

Quoique, avant l’échouage de l’engin sur un glacier, la ficelle criminelle nouée par le mari éconduit était déjà bien grosse…

Bref, la recette principale du film, ça reste ses acteurs formidables, même si leurs scènes en commun ne sont pas assez nombreuses : Jean Arthur & Charles Boyer.

Queimada, Gillo Pontecorvo (1969)

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La Tarentule au ventre noir (1971)

Une fois lu le titre du film, on a vu ce qu’il a de meilleur. Dès le premier meurtre, écrit avec une épingle à nourrice par un scénariste miro pour un assassin aveugle et muet, c’est malheureusement une évidence.

Giallo du ventre mou.

Martin Roumagnac, Georges Lacombe (1946)

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Joan the Woman, Cecil B DeMille (1916)

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La Poupée de bambou d’Echizen, Kôzaburô Yoshimura (1963)

Une poupée en bambou du père offerte à sa maîtresse, un fils qui se marie avec la maîtresse de son père, des poupées en forme de phallus multipliées comme des petits pains, un mari qui refuse d’avoir des rapports sexuels avec sa femme, une femme qui tombe enceinte suite à un viol, et un fœtus pas plus grand qu’une poupée de bambou qui se perd dans les eaux d’une rivière… La force des symboles.

Les Eaux noires, Youssef Chahine (1956)

Quand deux jeunes génies se rencontrent… ils dansent comme euphoriques et certains de se trouver enfin face à un talent égal au leur. Le reste du monde semble passer au second plan. Et là, la caméra de Youssef Chahine virevolte autour d’un Omar “El” Sharif hanté par la jalousie, presque halluciné, d’une autorité remarquable.

Les Eaux noires, c’est comme Othello à Alexandrie, entre film noir et mélo, une tragédie condensée sur à peine deux jours, le temps d’une escale à la maison, et de foutre un merdier pas possible.

Comme une saveur de Guru Dutt. Et pour moi peut-être, mon Chahine préféré.

Au grand balcon, Henri Decoin (1949)

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La Femme sur la plage, Jean Renoir (1947)

Dans Laura, on se rinçait l’œil devant le portrait de Gene Tierney avant de la voir enfin. Ici, on évoque une fois un nu de Joan Bennett qu’on ne verra jamais. Renoir fils se dégonfle : le film était là, nulle part ailleurs. Sinon, deux nigauds, un aveugle et un officier souffrant du syndrome post-traumatique qui s’étripent pour gagner les faveurs d’une mante religieuse, non merci.

Un drame au studio, Anthony Asquith (1928)

Au royaume des travellings dans la profondeur, Asquith est roi. Il faut bien ça pour dévoiler habylement les coulisses d’un tournage.

(Musique Arte assommante ne respectant pas le rythme lent du finale…)

Le Caporal épinglé, Jean Renoir (1962)

Tire-au-flanc + La Grande Illusion + Le Passage du Rhin + Au théâtre ce soir. Entre individualisme et anarchisme, Renoir n’a foi qu’en l’amitié. Superbes acteurs.

La même année qu’Un singe en hiver, Renoir nous pousse lui aussi la chansonnette d’avant-guerre, Nuit de Chine. Y a de ces coïncidences.

Face à Face, Ingmar Bergman (1971)

À votre prochaine tentative de suicide ratée, exigez qu’Ingmar Bergman vienne à votre chevet vous raconter quelques histoires pour égayer votre réveil. Éventuels effets secondaires passagers : folie et hallucinations.

Autrement la marque du génie : l’alliance du tragique et du comique.

Le Lien, Ingmar Bergman (1971)

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Sois belle et tais-toi, Delphine Seyrig (1981)

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Toutes ses femmes, Ingmar Bergman (1964)

D’habitude brillant, Bergman s’essaie sept fois au coloré. 7 femmes. Sept fois de trop.

Les Garçons sauvages, Bertrand Mandico (2018)

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De l’autre côté du vent, Orson Welles, Jake Hannaford et Oja Kodar (2018)

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Les Trois Chambres de la mélancolie, Pirjo Honkasalo (2004)

Passe l’arme à gauche d’abord… Documentaire sans paroles ou presque, la musique dit l’essentiel. Et les images aussi. Un travail de montage impressionnant. Un petit côté Akermann, lancinant, répétitif. La contemplation d’un désastre et de ses résidus épars de vie, la Russie en somme (face surtout à son nouveau démon, le terrorisme).

La Rue chaude, Edward Dmytryk (1962)

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Au seuil de la vie, Ingmar Bergman (1958)

Au moment d’adapter le scénario, Bergman m’appelle pour me demander de lui proposer un titre à son film. Il ne retient pas mon « Les Avortons », et se retrouve avec ce titre… parfait.

C’est typiquement du Bergman. Théâtral, donc bavard, structuré autour de trois histoires de femmes. Mais ce n’est pas du Bergman, le cinéaste se « contentant » de mettre cette pièce en images. Sa direction d’acteurs est hors du commun…

Le Visage, Ingmar Bergman (1958)

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Cat Ballou, Elliot Silverstein (1964)

Selon Sergio Leone, Lee Marvin aurait refusé une première proposition du cinéaste pour tourner dans ce western loufoque et misérable. Il a probablement eu raison, parce qu’il est encore la seule réjouissance identifiable dans tout ce désastre. Il fait du Tex Avery peut-être, mais quelle performance… Un ivrogne, comme d’habitude, mais ses pitreries et ses performances physiques valent le coup d’œil. Sa transformation filmée comme un cérémonial tauromachique est très réussie.

Les Sept Femmes de Barbe-Rousse, Stanley Donen (1954)

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Pink Flamingos, John Waters (1972)

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Réalité, Quentin Dupieux (2014)

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Pieds nus dans le parc (1967)

Qualité américaine : du théâtre filmé à grands frais de Technicolor, de playback, de musique et de stars. Ça donne envie de s’envoyer un grand bol de LSD et de partir sur les routes. Un rôle au moins pour Jane Fonda (pour une fois que son partenaire, Robert Redford, se trouve éclipsé par le partenaire de jeu habituel de l’actrice : un téléphone, encore un).

Julia, Fred Zinnemann (1977)

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M. Butterfly, David Cronenberg (1993)

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Une leçon d’amour, Ingmar Bergman (1954)

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L’Attente des femmes, Ingmar Bergman (1952)

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Un génie, deux associés, une cloche, Damiano Damiani (1975)

Quand y a plus Personne à l’écran, reste une certaine poudre aux yeux et c’est de l’or. Dialogues brillants. On dit Merci. (Aussi baroque et picaresque que Le Mercenaire.)

Un jouet dangereux, Giuliano Montaldo (1979)

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Tout en haut du monde, Rémi Chayé (2015)

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Les jeux sont faits, Jean Delannoy (1947)

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Saraband, Ingmar Bergman (2003)

Vieillir pour certains cinéastes, ça consiste à construire des maisons de poupées. L’écriture arthritique et à bout de souffle de Bergman fait peine à voir.

L’Amour l’après-midi, Eric Rohmer

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La Victoire des ailes (ou Le Triomphe des ailes), Satsuo Yamamoto (1942)

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Le Col du grand Bouddha (première partie), Hiroshi Inagaki (1935)

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From the Journal of Jean Seberg, Mark Rappaport (1995)

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Chocolat et Soldats, Takeshi Sato (1938)

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La Fille de l’usine à briques, Yasuki Chiba (1940)

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Nuits de Chine, Osamu Fushimizu (1940)

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Les Quarante-Sept Ronins, Masahiro Makino & Tomiyasu Ikeda (1938)

Cette histoire est toujours aussi peu emballante et toujours aussi incompréhensible, et ce n’est pas faute de m’être déjà farci les 46 autres versions… On a affaire en fait ici à deux films réunis en un seul (par la Cinémathèque) avec pour chaque partie un réalisateur distinct. Ça n’aide pas à y voir plus clair de toute façon. Toujours aussi affreusement bavard. Petite originalité pour cet opus, on sort enfin les armes à la toute fin (enfin, pas beaucoup, mais plus que dans les autres).

La Bataille navale à Hawaï et au large de la MalaisieKajirô Yamamoto (1942)

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Le Jeune Homme capricieux, Mansaku Itami (1935)

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Paï, Niki Caro (2002)

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L’Armée, Keisuke Kinoshita (1944)

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Les Cinq Éclaireurs, Tomotaka Tasaka (1938)

Soldats de plomb… Si techniquement, ce n’est pas si mal pour 1938 (c’est à la fois propre et inventif), la propagande militariste est imbuvable (héroïsme sans failles des dits éclaireurs, bienveillance démesurée des officiers, discours faisant passer les agresseurs pour des agressés ou des faiseurs de paix).

Ma mère dans les paupières (Banba no chutaro mabuta no haha), Hiroshi Inagaki (1931)

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Carnets de route de Chuji, Daisuke Ito (1927)

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Coralie, Henry Selick (2009)

Mouais… Alice au pays des vagins bleus. Ni effrayant, ni amusant, ni divertissant. Toute la famille est antipathique, la petite fille avec son obstination à se forger une apparence « originale » est affligeante (« Personne n’aura des gants comme ça à l’école ! »…). Le reste est… cousu de fil blanc, l’originalité il faut la chercher au-delà des limites du monde tel que l’a imaginé la sorcière, autrement dit nulle part. Ça fait un peu du sur place à rester toujours dans le même espace. Et l’animation est à vomir. (Superbe salle à la tek : entre les couples de porcs bouffant chips sur chips à 15 h alors qu’il est interdit de béqueter en salle et les mômes de cinq ans apeurés alors que le film est manifestement déconseillé aux tout petits, y avait personne, mais encore une de ces séances jeune public rendues pénibles par les adultes.)

Monika, Ingmar Bergman (1953)

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Le Sabre pourfendeur d’hommes et de chevaux, Daisuke Ito (1929)

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Mon épouse et la voisine, Heinosuke Gosho (1931)

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Le Policier, Tomu Uchida (1933)

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Rêves de femmes, Ingmar Bergman (1955)

Une saveur qui n’est pas sans rappeler les films de Fassbinder. Le croisement de deux destins, celui d’une photographe de mode et son modèle, concentrés en quelques heures. Une entrée en matière admirable, pleine de tension et d’humour. L’humour d’ailleurs qu’on retrouve jusqu’à la fin avec le retour inattendu de l’amant dans la scène clé du film (du côté de la photographe)… Bergman semblait avoir assuré le coup en proposant cette fin avec un plan venant après un long plan séquence intense et bavard (plus facile à couper si l’humour ne marchait pas).

Musique dans les ténèbres, Ingmar Bergman (1947)

Mélo aveugle avec l’acteur fétiche du début de carrière de Bergman. L’aveugle qui avait refusé de se lier avec sa petite « aide à domicile », alors jeune, idiote mais amoureuse, viendra finalement la séduire quand, lui, sera tombé un peu plus de l’échelle sociale et, elle, plus mûre… C’est idiot, mais c’est Bergman, et l’exécution est sans failles : placement de caméra, rythme, direction d’acteurs, c’est déjà parfait.

Courant chaud, Yoshimura (1939)

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Les affaires sont les affaires, Dréville (1942)

Charles Vanel est formidable en entrepreneur et en père tyrannique, mais le film ne fait qu’effleurer les choses. L’air du temps sans doute, il faut que ça reste léger. On croirait presque voir un David Golder à l’envers, la même incompréhension entre un père riche, sa femme et sa fille. Renée Devilliers est magnifique, mais pas aussi bien dirigée qu’elle le sera dans Les amoureux sont seuls au monde.

Pousse-toi chérie, Mickael Gordon (1963)

Remake de Mon épouse favorite (1940, Garson Kanin). La distribution fait peine à voir face à l’original (James Garner pour Cary Grant, Doris Day vieillissante face à Irene Dunne). Quelques trouvailles quand on s’écarte du scénario original, mais voilà, c’est les années 60 flamboyantes, crépusculaires presque, et la comédie romantique américaine de l’âge d’or est bien loin.

Lune de miel mouvementée, Leo McCarey (1942)

Décevant. J’ai cet opus dans mes carnets depuis vingt ans, je m’attendais à mieux. Certes, on pourrait presque y trouver un intérêt historique, le film prenant place dans toute l’Europe en guerre quand les USA ne l’étaient pas encore, mais c’est grossier, mal fichu et rarement drôle malgré la présence de Ginger Rogers et de Cary Grant.

La Nuit des forains, Ingmar Bergman (1952)

Je peux comprendre que Bergman ait une faiblesse et un intérêt enfantin pour les lanternes magiques, et par conséquent l’univers du cirque dans son ensemble, mais cet intérêt il peine à me le faire partager ici. C’est comme s’il n’y croyait pas lui-même. Difficile de s’identifier à tous ces personnages de cirque excentriques, sans cesse sur la corde raide, ses seuls personnages intéressants comme d’habitude sont les femmes et les bourgeoises. La présence seule d’Harriet Andersson sauve le film et elle n’y est même pas au centre (elle y est bien plus belle que dans Monika…).

Vers la joie, Ingmar Bergman (1950)

Peut-être pas aussi abouti que Jeux d’été disposant des mêmes acteurs, mais dans les petits drames de couple, Bergman est toujours très bon. Il le serait plus s’il se concentrait sur les personnages féminins comme il le fera plus tard. Seul réconfort masculin, la présence de Sjöström (plus de trente ans déjà devant la caméra et toujours ce charme rieur à la Gassman).

Jeux d’été, Ingmar Bergman (1951)

C’est frais, c’est beau, c’est du Bergman… Faut donc bien aussi que ça finisse en tragédie. Sans tragédie, pas de souvenirs (ou presque). Et ces premiers Bergman orbitent beaucoup autour de l’idée et des possibilités offertes par ces souvenirs. Le génie ici est de tuer son personnage masculin principal, nous laissant le plus souvent au bras de son héroïne et en en adoptant le point de vue.

Les amoureux sont seuls au monde, Henri Decoin (1948)

Le génie de Jeanson en dialoguiste. Record du monde d’aphorismes à la minute (le titre en est un également…). Le film prend peut-être un tour inutilement dramatique à la fin, avec des personnages principaux se laissant un peu trop facilement tenter et sans détour à ce dont on pouvait les soupçonner jusque-là (la femme dévouée, un peu trop dévouée, le mari toujours fidèle un peu trop facilement épris de sa protégée), mais le reste c’est de l’or.

The Blot, Lois Weber (1921)

La technique de Lois Weber est toujours irréprochable, maniant à cette époque peut-être mieux que personne le montage alterné et le placement de caméra. Le tout dans un style résolument réaliste, tendance mélodramatique de par le sujet peut-être, mais réaliste. C’est le classicisme avec sa recherche permanente de l’efficacité, de la transparence et de l’identification, donc du spectacle, qui se peaufine ici en même temps qu’on le pratique chez les Scandinaves par exemple.

Elle et Lui, Leo McCarey (1939 & 1957)

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Pour une nuit d’amour, Edmond T. Gréville (1947)

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La Jeune Fille de l’eau, Night Shyamalan (2006)

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Adieu Chérie, Raymond Bernard (1946)

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The Square, Ruben Östlund (2017)

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Chantage, Alfred Hitchcock (1929)

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Le Baron fantôme, Serge de Poligny (1943)

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Carré 35, Eric Caravaca (2017)

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Trois excellents McCarey avec Charley Chase :

Charlie rate son mariage, Looking for Sally, Should Husbands Be Watched? Tous en binôme avec l’actrice éphémère Katherine Grant.

A Girl at My Door, July Jung (2013)

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Oasis, Lee Chang-dong(2002)

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La Pointe courte, Agnès Varda (1955)

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Janvier – avril 2018

Mai – août 2018

septembre – décembre 2018

Moulin Rouge, André Hugon, Yves Mirande (1940)

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La Goualeuse, Fernand Rivers(1938)

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Le Mercenaire, Sergio Corbucci (1968)

Probablement plus un film de Luciano Vincenzoni tant on retrouve la même tonalité et les effets du Bon, la Brute et le Truand. Les points forts, ce sont les dialogues, la gueule impassible et charmante de Nero, et les décors (voire les accessoires, vu que le film est une grande salle de jeu pour ados attardés). Le point faible, c’est le finale un peu trop rebondissant et un Corbucci perdant le rythme (ou son monteur), sans compter un troisième pilier trop maigre et assez peu convaincant interprété par Jack Palance (un personnage plus pensé pour Lee Van Cleef et à la limite du ridicule).

Le Feu, Giovanni Pastrone (1916)

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Vertiges, Mauro Bolognini (1975)

Bolognini fait le job, le directeur photo ou le décorateur avec lui, mais cette histoire extravagante ne possède qu’un intérêt limité.

La Bonne Année, Claude Lelouch (1973)

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La Maternelle, JBenoît-Lévy, Marie Epstein (1933)

Premiers (Premiers applaudissements en salle… Epstein, qu’il faudra bientôt rebaptiser Marie Epstein, depuis… ben, pas souvenir. Premiers donc avec moi, instant rare.)

Le must de l’improbable séance : mixons séances jeune public et cinéma français des années 30 qui charrient le moins de public dans les salles, ajoutons à ça une déprogrammation (il en remplace un autre pas restauré à temps)… Il ne devrait y avoir personne dans la salle, et pourtant. Y a même une gamine de sept ans qui m’explique à un moment le film pour me spoiler quel gamin venait de mourir (j’ai donc officiellement une intelligence de spectateur ne dépassant pas les sept ans, qu’est-ce que vous voulez que j’y comprenne à un Godard).

Madeleine Renaud a une grâce sans pareille, d’une beauté lunaire (attendant son Pierrot), et les enfants sont admirablement dirigés.

Un film végan accessible (on n’y mange pas de lapin), laborieusement féministe (c’est bon, tu vas le dire que tu acceptes qu’elle reprenne du service ?), mais surtout d’une infinie tendresse. Les enfants ont besoin d’amour tout simplement.

Détective, Jean-Luc Godard (1985)

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Dokuku / Lamentation, Shin Saburi (1952)

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Trois Places pour le 26, Jacques Demy (1988)

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La Prise de pouvoir par Louis XIV, Roberto Rossellini (1966)

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The Raging Moon / Une lueur d’espoir, Bryan Forbes (1971)

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The Company, Robert Altman (2003)

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Anna Karénine, Aleksandr Zarkhi (1967)

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Ponyo sur la falaise, Miyazaki (2008)

« C’est alors que je commençai à m’examiner devant la glace avec une inquiétude coassante. Iä-R’lyeh ! Cthulhu fhtagn ! Iä ! » Lovecraft

Il est vraiment un peu trop zarb celui-là. Un peu niais aussi. La mère chauffard, c’est la Princesse Mononoké dix ans après en desparate housewife ?

Avventure straordinarissime di Saturnino Farandola, Marcel Fabre (1913)

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Blow Out, Brian De Palma (1981)

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Redacted, Brian de Palma (2007)

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Hi, Mom! De Palma (1970)

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Diamantino (2018)

Écrit, joué, mis en scène avec les pieds. Gros footage de gueule.

Ça va peut-être finir par se voir qu’une grosse partie des films de la Semaine de la critique est financée par les mêmes organismes français… L’entre-soi à son comble.

Chris the Swiss, Anja Kofmel (2018)

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Un jour, Zsófia Szilágyi (2018)

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Woman at War, Benedikt Erlingsson (2018)

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Sur les cimes, tout est calme (1999)

Images d’archives, pesanteur du vide, montage à la barbare, ni doc ni expérimental… Archéologues des images peut-être, ennui surtout.

Loin du Vietnam (1967)

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Les Fusils, Ruy Guerra (1964)

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Description d’un combat, Chris Marker (1960)

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Le Vandale, William Wyler, Howard Hawks (1936)

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The Storm, William Wyler (1930)

L’amitié, c’est comme un ciel bleu avant l’orage : on croit que ça va durer éternellement, et le coup de foudre frappe deux fois… au cœur. 

L’Annonce faite à Marie, Alain Cuny (1991)

Bien moins théâtral qu’on pouvait le craindre. Une mise en images brillante évoquant certains cinémas de l’est des années 60-70. 

Dimanche à Pékin, Chris Carter (1956)

Les mots de Marker… Quel formidable conteur d’histoire(s). 

> Nouvelle entrée dans les Ratés de la Cinémathèque.

Le Moindre Geste (1971)

Un âne épris de liberté s’échappe de son asile, se casse une patte dans un trou, trouve une balançoire, tente d’en faire un nœud, et comme il lui faut le reste du film pour y arriver, on y ajoute en off les délires d’un autre âne qui se prend pour le général de Gaulle, pendant qu’une donzelle elle aussi éprise de liberté ramène le fou dans sa prison. Du non-cinéma à faire peur.

‘Blue Blazes’ Rawden, William S. Hart (1918)

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L’École du courage / The Shakedown, William Wyler (1929)

Tous les ingrédients du champion pour faire un bon film de famille. D’ailleurs, ça ressemble à s’y méprendre au Champion de Vidor (1931). C’est bien foutu, rien à redire de la sauce classique du vieux Billy, mais la recette paraît déjà éculée voire franchement forcée, avec un boxeur foireux sur le chemin de la rédemption grâce à un mioche qu’il recueille et une femme forcément aimante comme une sainte… Comme dans Rocky, qui gagne à la fin ? Les larmes.

Hamlet, Billy Shakespeare and Co (2015 remake de Robin Lough)

Projet casse-gueule avec ses qualités et ses défauts. Des partis pris scénographiques forts qui sont souvent l’attrait premier d’une telle révision (est-ce pertinent de ne jamais proposer des mises en scène respectueuses et classiques ?), mais qui montrent aussi trop facilement leurs limites.

Sortir Hamlet de son cadre, voire de son carcan, c’est la possibilité d’éclairer certains aspects ou passages du texte, et donc d’offrir une interprétation nouvelle, voire souvent même très juste (au point parfois de se dire à tel ou tel moment « Billy l’a peut-être écrit pour être joué ainsi »). Mais le piège, c’est aussi de trop banaliser le texte et de s’enfermer dans la vacuité et l’outrance d’un tel procédé (ça devient vite gadget et assez peu éclairant). La banalisation au lieu d’éclairer met à distance le spectateur et l’interdit parfois de comprendre l’essentiel ou de comprendre l’essence même d’une pièce, et on n’est alors plus dans l’interprétation, mais dans l’irrespect (il est bon de bousculer les classiques, mais c’est bien la question de la limite qui pose question). Des passages par conséquent très justes, mais globalement beaucoup de bruit pour rien (les effets sonores sont hideux).

La reine et Ophélie sont les plus convaincants dans cet exercice où on réclame à des acteurs de retrouver une forme de justesse contemporaine (on est bien dans la banalisation), alors qu’Hamlet se perd trop souvent en gesticulations (même les monologues, censés permettre une baisse temporaire de l’intensité et du rythme, sont joués sur le même rythme haletant et outrageusement fruste, populaire).

Je veux seulement que vous m’aimiez, Fassbinder (1976)

Le capitalisme est une escort girl dont le seul client, c’est nous.

Pas très recommandé d’être faible, gentil et naïf dans un monde de thunes. La société saisira la première occasion pour te faire passer pour un monstre. Consomme et marche, crétin.

Belle apparition de maman Fassbi en vile tentatrice, avec le petit coup de génie de lui faire demander au maçon si elle peut passer avant parce qu’elle est pressée… On ne prête qu’aux pauvres la possibilité de laisser le passage aux riches, il est vrai que le temps c’est de l’argent, celui que les riches piquent aux pauvres. Ah la la, adieu Rainie.

(Il m’aura fallu attendre mon dernier Fassbi pour voir Ingrid Caven en pull roulé et petit gilet en laine. Image furtive mais précieuse.)

Le Soldat américain, Fassbinder (1970)

Y a pas de mystère (enfin si peut-être), quand maman Fassbi n’apparaît pas dans un film, c’est qu’il est mauvais. Et celui-ci l’est. On sent le garçon adroit avec l’écriture cinématographique, ça pue le cinéma, mais ça pue aussi les références lourdes et inutiles. Pire que tout, le sujet est moisi.

Quand Fassbi fait « comme », il se prend les pieds dans le tapis. Petit film de grand cinéaste. Un génie malheureusement trop tenté par la quantité que par la qualité.

J’ai bien ri en voyant un plan strictement identique le long de je ne sais quel entendu d’eau apparaissant également dans Le Voyage à Niklashausen tourné la même année… Comme une sorte de mixage improbable entre les recettes du cinéma d’exploitation et de la distanciation. Le paradoxe Fassbinder.

Les Aristochats (1970)

J’ai dû voir ça, môme au cinéma. Mélange des recettes des 101 Dalmatiens et de La Belle et le Clochard. Pour une fois, une salle bondée (la Franju à la Cinémathèque) de gamins et de leurs parents. Certains à la présentation ont plus de chance que d’autres (c’est moins risqué, on va dire, de présenter un film Disney qu’un film belge en noir et blanc), et c’est toujours mieux d’entendre brailler des mômes accompagnés de leurs parents que par des accompagnateurs, eux, brailleurs et irrespectueux… On ne peut certes pas demander à des adultes d’avoir la même classe qu’O’Malley envers des gosses qui ne sont même pas les leurs… L’amour, l’amour, vous avez dit l’amour ?…

Le Mystère Koumiko, Chris Marker (1965)

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Le Gai Mensonge, William Wyler (1935)

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Le Voyage à Niklashausen, Rainer Werner Fassbinder (1970)

Rien compris, un peu à cause des sous-titres que la Cinémathèque a la bonne idée de coller à ceux, originaux et en anglais, de la copie du MoMA, beaucoup parce qu’il n’y a rien à comprendre.

Sans doute le pire du petit Rainer. Même la mère Fassbi semble avoir renoncé à apparaître dans cette chose bien planquée effectivement entre les années 60 et les années 70.

Orage / A House Divided, William Wyler (1931)

Un mélo trop tiré par les cheveux et un Walter Huston trop antipathique pour ne pas souhaiter le voir agoniser au plus vite

Moranbong, une aventure coréenne, Claude Jean Bonnardot (1960)

Étrange objet filmé entre documentaire et fiction, voire autofiction, prenant très clairement le parti des Nord-Coréens. La partie romantique est encore ce qu’il y a de plus digeste (une actrice part se réfugier dans le Nord à la demande de son bonhomme qui lui s’engage sur le front, mais se voit bientôt faire prisonnier au Sud ; il s’évade et rejoint le Nord, retrouvailles mélodramatiques…), bien que l’autre, la partie plus engagée et documentaire ait son petit intérêt historique grâce à cette vision du Nord plutôt singulière (voire censurée).

Un fameux marin / Her First Mate, William Wyler (1938)

Slim Summerville pourrait bien être le fils légitime de Popeye et d’Olive, mais il aurait plus hérité de cette dernière. Savoureuse comédie. 

Sans le génie ironique, œil en coin et moue incrédule, de Una Merkel, l’opposition entre du couple lunaire aurait été point appréciable. Joli coup de faire intervenir la sœurette dans cette comédie. Un contrepoint idéal, et pourquoi se priver d’un des meilleurs seconds rôles de ces débuts d’années 30 ?

Le Grand Avocat, William Wyler (1938)

Tragi-comédie à la limite de la bipolarité. Rythme haletant montant quatre à quatre l’échelle du surmenage. Pas Detective Story, Boss Story. Y a des happy ends pour lesquels il faut tout de même se réjouir. On a vu la tragédie de si près qu’autant y renoncer et nous filer la version positive. Le frère Barrymore est exceptionnel.

Terre sans pain, Buñuel (1933)

L’ironie de tout envers ceux qui n’ont rien. La misère du voyeur qui se surprend à rire (et à qui on réclame de ne pas succomber… au fascisme). Détour à la fois ironique et idéologique (oui, on peut faire les deux, apparemment) plutôt étrange et suspect, mais qui interroge. C’est un peu comme voir un propagandiste pratiquer un cadavre exquis… À la fois ridicule, suspect et contradictoire. Le surréalisme, s’il existe ici, il est là.

Los olvidados, Buñuel (1950)

Le comble de la misère c’est quand même ta mère n’a plus confiance en toi et qu’elle couche avec tes mauvaises fréquentations, ton Méphisto.

Revu, sans doute mon Buñuel préféré.

(L’amour d’une mère au ralenti… y a déjà de L’Enfance d’Ivan là-dedans.) Buñuel nous damnerait presque à nous montrer de si belles jambes interdites (celles de Maman dans sa bassine, ou les cuisses d’une fillette à peine nubile maculées de lait…). Pervers, le Méphisto, c’est lui, aussi.

Ils étaient trois, William Wyler (1936)

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L’Année des treize lunes, Fassbinder (1978)

À côté d’un transsexuel dépressif, d’une religieuse (jouée par la propre mère de Fassbinder) ou d’un magnat de la viande touché du syndrome de Peter Pan, Ingrid Caven paraîtrait presque normale. (Presque.)

Il y a toujours à boire et à manger chez Fassbi. Chacun se sert chez lui comme dans un grand buffet et on compare ensuite les préférences. Là, pour moi, c’est trop. Qu’il parte dans ses délires anarcho-straubo-coco, ou qu’il vire vers des contrées étranges et provocatrices, je ne suis plus. Ce serait un peu comme filer le rôle principal d’un film à Ingrid Caven, impensable ! Ingrid Caven, c’est l’assaisonnement, la petite touche enfarinée ou d’alcool qui vous relève un plat. Au mieux, on se sert d’elle au milieu d’un assortiment dans lequel elle ne jurerait pas trop, mais l’avoir en plat principal, ce serait trop à avaler.

Senses / Happy Hour, Ryūsuke Hamaguchi (2015-2018)

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Level 5, Chris Marker (1992)

Le Level Five, c’est quand la Mort te prévient que tu as perdu la partie et te propose d’en jouer une autre avec l’assurance de ne pas te rappeler de la première. Merci Chrichri.

Marler abordait déjà les possibilités narratives offertes par un… écran d’ordinateur dans 2084, me semble-t-il. C’est à la fois comme toujours chez lui ludique et instructif.

Olympia 52, Chris Marker (1952)

La promenade estivale pour Emil Zátopek sous les yeux amusés de Marker. Quand deux génies se rencontrent.

La Sixième Partie du monde, Vertov (1926)

Tout ce qui est à vous est à nous ; tout ce qui est à nous est à nous. Catalogue cadastral de l’Empire soviétique (de l’Union soviétique, pardon).

Nora Helmer, Fassbinder (1974)

Fassbi filme pour la TV aussi bien que pour le cinéma. Un privilège pour du théâtre filmé. Dernière scène d’Ibsen formidable : « Tu n’es pas l’homme avec qui je croyais m’être mariée. Je ne veux pas vivre avec un étranger, adieu. » Margit Carstensen est décidément l’actrice idéale pour ce type de personnages (abonnée aux femmes bien comme il faut, alors que Hanna Schygulla sera plus employée pour les personnages de prostituées).

Le Piège d’amour, William Wyler, (1929)

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Pourquoi M. R. est-il atteint de folie meurtrière ? Fassbinder (1970)

Dogme95 — 25 ans = Pourquoi Fassbi demande-t-il tout à coup à ses acteurs d’improviser ?! Lamentable dans l’exécution, vulgaire dans le sujet.

L’improvisation si j’ose dire, ça ne s’improvise pas. Au mieux, un bon directeur d’acteurs peut user d’improvisation dirigée, mais ce n’est pas du tout le domaine de Fassbinder qui vient d’un théâtre très écrit, très verbal. Là, ses acteurs sont perdus parce qu’ils tombent tous dans le piège des débutants. Un mauvais acteur d’improvisation, ça tente souvent de trop parler, ça propose parfois des idées ou des sujets peu crédibles, ça écoute rarement les partenaires, pire, ça les contredit (exemple typique : Hanna Schygulla fait remarquer à Kurt Raab qu’il a une touche, et lui « ah non il n’y a rien »…), ça surjoue à mort le rôle qui lui est attribué mais tend assez souvent à se donner le beau rôle, à être plein de qualités (des acteurs qui avec des répliques préfabriquées n’ont aucun problème à oublier la présence d’une caméra en improvisation redeviennent des petits rats et s’agitent tout en ayant l’œil fixe de celui qui sait qu’il est regardé : le patron et sa femme surtout pendant la fête). Fassbinder ne maîtrise rien de tout ça, normal, l’improvisation, ce n’est pas son domaine ; c’est un peu comme demander à Alain Resnais de réaliser Taxi 3. Au niveau de la structure du récit (ou des diverses séquences improvisées) censée mener aux meurtres, on voit vite venir le pot aux roses, le procédé se répète comme dans un mauvais Gus van Sant ou un Haneke, et puisque Fassbinder n’est pas là pour mettre des mots “éclairants” dans la bouche de ses acteurs, il n’y a rien à sauver sinon les jambes magnifiques de Lilith Ungerer.

Marie / Holdudvar, Márta Mészáros (1969)

La technique de l’école hongroise est impressionnante : images, jeu, montage, tout l’emballage est superbe. Reste l’essentiel, une histoire convaincante. Et là, j’avoue que le thriller ne démarre jamais, on reste dans le psychologique ou la menace feutrée, un peu comme si le film ne commençait en fait jamais. À noter tout de même la présence et l’interprétation exceptionnelle de Mari Töröcsik. Des actrices de ce calibre, on n’en rencontre pas tous les jours.

 

Janvier – avril 2018

Mai – août 2018

septembre – décembre 2018

 

La Première Charge à la machette, Manuel Octavio Gomez (1969)

Sorte de docu-fiction pseudo-intello sur une page d’histoire cubaine. On demande aux acteurs chargés d’interpréter des personnages historiques d’improviser et on se retrouve avec tous les défauts d’un tel exercice : jeu forcé et dialogues insipides. Et quand ça ne bavasse pas, c’est violent, interminablement. Un supplice cinématographique.

Le Journal d’Anne Frank, George Stevens (1959)

J’éviterai de dire que c’était plaisant, mais difficile de ne pas se laisser émouvoir par un tel récit et un rendu certes classique, sans doute fidèle, mais en tout cas sensible avec quelques bons moments de poésie.

De mère en fille, Anne Claire Poirier (1968)

Joli film documentaire adoptant le point de vue et la voix intérieure d’une jeune maman canadienne attendant son second enfant et s’interrogeant de la place de la mère dans la société contemporaine, du rapport aux enfants. Une voie assez rare et originale dans le documentaire, très beau aussi (la voix apaisante des commentaires de la mère pour elle-même).

Dillinger est mort, Marco Ferreri(1969)

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Maman Kusters s’en va au ciel, Rainer Werner Fassbinder (1975)

Direction d’acteurs assez sidérante. On pourrait y réciter la bible, Fassbinder arrive à faire naître sous-texte et simplicité chez ses acteurs. Pour un metteur en scène lui-même acteur, mais acteur cabot, cela en est presque amusant. La volonté de reprendre en permanence les mêmes acteurs en tout cas, elle vient de là : de la nécessité pour lui d’avoir immédiatement à portée de main et pour le moindre second rôle (eux-mêmes écrits avec soin) d’excellents acteurs. Un acteur, sans directeur à la baguette, c’est un flemmard, il se contente de jouer le texte ; le sous-texte exprime certaines contradictions et contrepoints que seul souvent le metteur en scène peut imaginer. On le voit ici par exemple très bien avec le personnage du journaliste, au premier abord, intrusif, antipathique, mais que Fassbinder arrive à mener tout en douceur et en nuance vers un personnage qui comprend malgré tout que le boulot qu’il fait heurte la sensibilité et l’intimité de sa “victime”.

Pour la simplicité, c’est sans doute ce qu’il y a de plus compliqué à trouver pour un acteur, et pour cela il faut s’assurer que la situation soit comprise, que ses objectifs, que les enjeux, ses intentions à chaque seconde, que tout cela soit parfaitement clair dans son esprit tout en laissant place à assez de liberté pour arriver à offrir assez de spontanéité et d’aisance. Un acteur qui ne sait pas où il va et ce qu’il fait va non seulement s’appuyer sur le texte, mais en plus forcera son jeu. Il y a également la question du rythme à adopter pour chaque séquence ou pour un film tout entier, un peu comme on choisit la lumière dans son film. Et peut-être dans aucun autre film Fassbinder arrive à maintenir en permanence ici une même couleur, un même rythme, une même atmosphère, celle du deuil (dont la tonalité est de manière assez étrange la même que celle adoptée quand on ne veut pas réveiller un bébé qui dort dans une autre pièce) : on ne s’interdit pas d’élever la voix, mais on ne s’autorise aucune surenchère (Ingrid Caven donne parfaitement le ton, il faut l’avouer…).

Prenez garde à la sainte putain, Rainer Werner Fassbinder (1971)

Faire un film raté sur le tournage d’un film qui ne se fait pas… Wenders s’en tirera mieux avec L’État des choses.

Gestion laborieuse de l’espace. Son côté théâtral, peut-être. Il n’en a sans doute rien à carrer d’avoir des figurants pour faire tapisserie, seulement, ça donne dans tous ses films une étrange impression d’espaces désincarnés. Parfois, l’alchimie prend, et je pense même que dans celui-ci c’est plutôt bien géré parce qu’il y a une logique à ce qu’il y ait pas mal de seconds rôles, beaucoup de personnages de l’équipe, et en dehors de ça, un hôtel totalement vide, et puis parfois, ça ne marche pas du tout.

Ici, le montage des séquences ou le rythme qu’il essaie de créer semble un peu vain. Il n’avait pas de sujet assez intéressant dès le début à mettre en scène à l’exception de l’idée de départ, et ce n’est pas la forme qu’il arrive à appliquer au film ensuite qui rattrapera le coup. Quand je regarde Maman Kusters, par exemple, le sujet de départ est fort et, par la suite, je trouve qu’il se perd un peu, mais qu’il parvient à proposer un très bon film grâce à son talent de mise en scène, donc à sa gestion des espaces et de la temporalité (du rythme notamment). Il y a un élan qui sonne juste dès le départ ; alors qu’ici, on comprend le sujet (faire un film sur un film qui ne se fait pas), mais c’est une sorte de Nuit américaine un peu vaine, un peu forcée avec des personnages dont Fassbi ne semble pas savoir quoi faire.

Faut dire aussi que la présence de Lou Castel n’aide pas à trouver une certaine harmonie dans le jeu. Ils se marchent pas mal sur les pieds, les deux, Lou Castel et Fassbinder — l’acteur. Et de manière générale, je préfère ses films avec des personnages féminins ou avec Gottfried John (qui possède une sorte de grâce féminine malgré un physique d’australopithèque). Lou Castel, il cabotine, comme Fassbinder, sans aucune grâce, et c’est assez pénible de le regarder (cette grâce il l’avait dans Les Poings dans les poches, en étant plus jeune et plus… mince — encore une histoire de bonne temporalité et… d’espace). Lou Castel + Fassbinder, les deux qui gueulent, j’ai l’impression de voir un film diabétique.

Huit heures ne font pas un jour, Rainer Werner Fassbinder (1972)

Oui, Fassbinder peut être drôle. Humour léger sans méchanceté, peinture sociale et familiale entre Tora-san, Bergman et Tennessee Williams. Le meilleur de Fassbinder est peut-être à chercher dans ses productions pour le petit écran. Loin de la tonalité de Berlin Alexanderplatz, mais une mini-série de haute qualité.

Partner, Bertolucci (1968)

Bertolucci qui se prend pour Carmelo Bene… L’esprit de 68 encore et toujours mise à l’honneur lors de la première de la Quinzaine des réalisateurs. Pas pour le meilleur.

Le Bouc, Rainer Werner Fassbinder (1969)

Des plans-séquences fixes d’une vingtaine de secondes, quelques décors en extérieur, mais l’art de l’écriture et de la direction de Fassbi. Le Fassbinder version nouvelle vague, c’est aussi pas mal du tout.

L’Été, Marcel Hanoun (1968)

Essai à la Chris Marker entre poésie et politique. La politique est à jeter (injonctions et jolis aphorismes de mai 68), la poésie à voir.

On espère un moment mieux : enthousiaste devant la forme, le montage, les propositions esthétiques très « nouvelle vague », le charme de l’ensemble, et puis malheureusement, ça ne mène nulle part. Le fond de l’air est creux.

Whity, Rainer Werner Fassbinder (1971)

Est no moricaud ne qui veut.

Pour une fois Fassbinder semble vouloir faire confiance aux seules images et surtout à la musique, mais rien ne marche. La musique est plate, les situations sans intérêt et sa mise en place, lente, il ne parvient jamais à gagner une once (upon) de magie. Les acteurs sont aussi étonnamment mauvais. Fassbinder lui-même en bon cabot qu’il est, et dans un rôle de méchant (c’est son emploi comme celui de Hanna Schygulla est souvent celui de la prostituée), plus que mauvais.

Berlin Alexanderplatz, Rainer Werner Fassbinder (1980)

Parcours chaotique et brutal d’une rédemption impossible… Jamais Fassbi n’aura été aussi cinématographique qu’à la télévision. 

L’épilogue en revanche est puissamment pénible. Il provoque une certaine gêne propre à certains génies capables de vous émerveiller par leurs audaces bienvenues et qui tout d’un coup vous mettent mal à l’aise parce qu’ils vont trop loin. Un foisonnant délire inutile. Tout ce qui précède est parfois difficile à supporter émotivement parlant, surtout en ne faisant que ça sur deux jours, mais on ne peut que s’émerveiller devant un tel morceau.

Gibier de passage, Rainer Werner Fassbinder (1972)

Les tendances sirkiennes de Fassbinder : amours interdits, petites manipulations, crime stupide. La théâtralité s’adapte mal au fait divers. Anecdotique.

The Trip, Roger Corman (1967)

De la dynamite sous acide pour les épileptiques et les migraineux. Séquences stroboscopiques imbuvables. 

Madame Oyu, Kenji Mizoguchi (1951)

(Revu) Qu’il est beau de se sacrifier pour l’amour d’une sœur… — Le problème, c’est quand l’autre fait de même, et que l’homme… attend.

Adaptation d’un roman de Tanizaki, spécialiste apparemment des canevas sentimentaux bien compliqués, que Masumura adaptera par trois fois : Passion, La Chatte japonaise et Tatouage. Interprétation tout en minimalisme de la part de deux des plus grandes actrices de l’âge d’or du cinéma nippon (Kinuyo Tanaka et Nobuko Otowa).

Les 47 Rōnins, Kenji Mizoguchi (1941)

La pire déclaration d’amour de l’histoire du cinéma : « Dites à votre père que je suis son gendre. » Le film m’est presque sauvé par la présence (à la Portia) de Mieko Takamine.

L’Épée Bijomaru, Kenji Mizoguchi (1945)

C’est en devenant forgeron qu’on se forge un nom… 

Un homme de tropCosta-Gavras (1967)

Un parfum de La 317ᵉ Section. Rythme, humour, tension… Le personnage de Piccoli est fascinant. L’indécision est toujours trop louche. Pourtant, il faut bien plus de courage pour déserter que pour se ranger parmi les maquisards. Le déserteur, lui, est toujours seul, et le premier à abattre pour tous ces pourris qui auront toujours tout compris mieux que les autres. Même les meilleures guerres ne sont que des guerres de lâches. Le vrai courage, c’est celle de ne pas se battre, et de résister contre la corruption. De la grandeur du (faux) lâche. (C’est fou de voir à quel point Pierre Clementi était à la mode dans les années 60-70…)

Lucia, Humberto Solás (1968)

L’écueil éternel du film à sketchs (trois parties), trouver l’unité. Pari perdu, seul le dernier fragment sur une histoire contemporaine (une femme à la fois battue et séquestrée par son jeune mari qui lui refuse l’accès à l’éducation) vaut le coup d’œil. 

Los Angeles Plays Itself, Thom Andersen (2003)

L.A, ville verticale du bout du monde, tourne des kms de pellicule sur elle-même et comme dans une belle photo de famille rien n’y est vrai. 

Les Chasses du comte Zaroff, Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel (1932)

Plutôt expéditif. On « comte » les séquences. Au mieux, il y en a 5. Décevant.

Tous les biens de la terre, William Dieterle (1941)

L’evil est Belle.

Le classicisme n’a pas que du bon. Ça ruisselle de bons sentiments et de bondieuseries.

La Dame de Musashino, Kenji Mizoguchi (1951)

Sac de nœuds sentimental et cornélien opposant les valeurs d’un Japon vaincu à celle d’un monde où les amours se consomment comme le reste. Plutôt réussi.

La Victoire des femmes, Kenji Mizoguchi (1946)

Film féministe pour obéir aux désirs de l’occupant. Mise en place laborieuse, mais l’opposition gagne en tension dès que le procès commence.

Mizoguchi semble s’ennuyer à filmer en intérieurs. Sa lenteur, ses plans-séquences et ses travellings ne sont pas faits pour ça. En revanche, c’est parfait pour les scènes de tension, les actrices ayant tout loisir de montrer l’étendue de leur génie. (Un film auquel répondra un peu plus tard Flamme de mon amour, lui aussi dans une veine soft power au profit des valeurs libérales de l’occupant. Faudra attendre encore pour ressortir les jidaigeki des placards avec La Vie d’O’Haru femme galante en 51, précédé en 50 par Kurosawa et son Rashomon.)

Image, Flesh and Voice, Ed Emshwiller(1970)

Certaines images sont magnifiques et rappellent les expérimentations de Norman McLaren dans Pas de deux. Malheureusement les propos en voix off sont plus qu’encombrants.

Fuoco!, Gian Vittorio Baldi (1968)

Un tireur solitaire, muet, sans revendications et sans émotion, qui achève froidement sa famille lors d’une même nuit. D’un naturalisme sec et brutal. Aucune introduction, un huis clos, aucune explication, et le montage qui s’articule autour d’ellipses pour décrire des événements compactés en quelques heures.

Le Brave Guérillero, Gustavo Dahl (1968)

Le cinéma politique est (un oxy)more. 

Un jeu pas à la hauteur, des dialogues ronflants ne traitant que d’enjeux politiques. C’est un peu la politique vue comme une grande mafia. Sans doute du vrai là-dedans, mais rien de cinématographique.

Brasil Ano 2000, Walter Lima Jr. (1969)

Entre L’avventura, La dolce vita, pour ses errances métaphysiques pleines de la sève de l’incommunicabilité, et… du SF polonais (les films de Piotr Szulkin). Ou comme un Zulawski apaisé avec des fleurs dans les cheveux. Jamais l’apocalypse n’aura été montrée aussi colorée.

Ruusujen aika, Risto Jarva (1969)

THK sans complexe n’est que ruine de l’âme.

Expiation, Camille de Morlhon (1918)

D’où l’expression « être de mèche ».

Une femme dont on parle, Kenji Mizoguchi (1954)

Au-delà de l’intrigue amoureuse, comme un refrain qui s’entête : quand les femmes cesseront-elles d’être obligées d’en passer par là.

Mizoguchi terminera sa carrière là-dessus, sur ce même refrain cette fois dépouillé d’une intrigue principale pour se concentrer sur la vie et la condition des femmes de bordel. Déjà, la même fin désillusionnée sur… La Rue de la honte. Et la même innocence venant se jeter dans la gueule du loup. La composition de Kinuyo Tanaka est tout bonnement exceptionnelle, comme d’habitude.

Invasión, Hugo Santiago (1969)

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Hurler de peur, Seth Holt (1961)

À hurler de rire. Peut-être le finale le plus stupide et le plus grotesque vu au cinéma. Faut pas pousser mémé…

La Chanson du pays natal, Kenji Mizoguchi (1925)

Apologie de la bêtise et de l’isolationnisme.

Sirocco d’hiver, Miklós Jancsó (1970)

Séquence ça finit ?

Sérieusement, Miklós Jancsó s’amuse avec sa caméra pour proposer le plus de plans-séquences possibles, il force la lenteur, mais peine à masquer le grand inintérêt des situations décrites.

Un lâche, Reginald Barker et Thomas H. Ince (1915)

Passé un 1ᵉʳ acte suppositoire, l’héroïsme latent du lâche se révèle et la mise en action se fait enfin. L’honneur, vieille valeur de papa.

Notre-Dame des Turcs, Carmelo Bene (1968)

Cinéma de vide-grenier hystérique.

La Mère porteuse, Im Kwon-taek (1986)

Un sujet en or pour une exécution sans failles. Un cinéma d’ambiance rappelant Yimou, Tsui Hark ou déjà La Chanteuse de pansori. Et La Mère porteuse les précède tous. Une esthétique très HK80’s avec téléobjectif, montage-séquences, musique ronflante… C’est d’une beauté…

Peau de pêche, Marie Epstein et Jean Benoît-Lévy (1929)

La même fascination que le frangin pour le tulle et les surimpressions. Une histoire d’amour maternel qui aurait gagné à rester sur Paris.

La Loi de la jungle, Antonin Peretjatko (2016)

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Ma vie de Courgette

Il eût été appréciable que l’artisanat ne s’applique qu’à la mise en image. Le scénario est en carton-pâte.

Ma vie de chien, Lasse Hallström (1985)

Encombrant clébard dont on fait bien de se débarrasser au plus vite. Les animaux humains décrits ici y sont tellement plus sympathiques… Film fort bien réussi.

Peaux de vaches, Patricia Mazuy (1988)

Deux acteurs formidables sauvent l’affaire, mais globalement western campagnard foutraque et grotesque.

Les Femmes de la nuit, Kenji Mizoguchi (1948)

Le génie de Mizoguchi et de Kinuyo Tanaka au service de la propagande anti-prostitution de l’occupant. Naruse s’en tirera mieux (avec La Bête blanche).

L’Intendant Sansho, Kenji Mizoguchi (1954)

(Revu). Disperser aux quatre vents les fils d’une même pelote, se libérer du rouet du temps, tirer sur le nœud ombilical, et devenir… fil prodigue.

Un homme en or, Jean Dréville (1934)

Harry Baur en fait des tonnes dans la minimalisme. Son ascension rapide n’a aucun sens, et la morale bourgeoise pro-cocu fait peur à voir.

Silence, Rupert Julian (1926)

Mélodrame qui ne vaut que pour quelques effets de montage digne de Slavko Vorkapich. (Film retrouvé par la Cinémathèque française.)

Erotikon, Gustav Machatý (1929)

Rarement le cinéma aura aussi bien décrit l’attraction des regards et des chairs lors d’un coup de foudre.

Regards dilatés, hors du temps et en champs-contrechamps. Quelques secondes de grâce tout simplement.

Le Voleur, Louis Malle (1967)

Il y a un joyau après lequel le voleur ne cesse de courir sans pouvoir l’attraper, la famille. La vie de ce côté ne recèle aucune surprise.

Stella, femme libre, Michael Cacoyannis et Mihalis Kakogiannis (1955)

Stella voudrait être libre, elle est émotionnellement instable et immature. Des qualités face à la bêtise et la possessivité des hommes.

Vendemiaire, Louis Feuillade (1918)

Propagande anti-allemande plutôt lourdaude, flashbacks digressifs sans fin et mélodramatiques. Belle exécution. 

À noter un travelling d’accompagnement arrière en plan américain (les mouvements de caméra en dehors des panneaux étant inexistants, ça surprend et l’effet est magnifique). Des raccords dans l’axe très bien exécutés, et un découpage efficace. Des intérieurs rares, donc on prend l’air frais du Midi.

Cinerama Holiday (1954)

Écarte postale.

The Passer-by, Oscar Apfel (1912)

En dehors d’une excellente interprétation, d’un court montage alterné, un flashback prétexte à deux grands travellings avant et arrière.

Le procédé génial, parfois repris par Ophüls sous différentes formes, toujours pour apporter un petit plus narratif, a au moins un précédent : en 1910 dans The Song that Reached His Heart :

https://youtu.be/NkoJBxqI3zE .

Cœur fidèle, Jean Epstein (1923)

Avant-garde évoquant plus le naturalisme d’Antoine avec des effets de surimpression assez peu convaincants. Très inspiré de La Roue.

Memory of Justice, Marcel Ophuls

Une seconde partie un peu confuse, peut-être trop bien ancrée dans son époque, mais le discours sur la difficulté de juger demeure. Croisement intéressant à faire avec The Fog of War, puisque seulement évoqué, McNamara pourra y jouer le rôle que joue essentiellement Albert Speer ici, celui de l’enfoiré tellement génial qu’il en devient séduisant, tellement intelligent qu’il sait saisir toutes les opportunités pour s’en tirer au mieux.

Giordano Bruno, Giuliano Montaldo (1973)

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Fast Workers, Tod Browning (1933)

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Ma cousine de Varsovie, Carmine Gallone (1931)

Pièce montée de quiproquos amoureux. On frise l’indigestion sur la fin, mais la Popesco à défaut d’être jolie est d’une étonnante justesse. 

Golden Eighties, Chantal Akerman 1983

Personne n’a jamais trouvé la planète sur laquelle Chantal Akerman pouvait bien habiter. 

L’Enfant aimé ou Je joue à être une femme mariée, Chantal Akerman
Claire Wauthion, 3 quai du Commerce, prépare son riz. Et c’est manifestement plus rapide qu’éplucher des patates. Prépa, 30 m. Manger chaud.
Iron Man, Tod Browning (1931)

C’est triste à voir, mais Tod Browning, s’il sait placer parfaitement sa caméra, n’a aucun sens du rythme. Le muet lui allait mieux au teint.

La Marchande de rêves, Tod Browning

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Miracle for sales, Tod Browning 1939

Browning fait son Grand Sommeil. Pari réussi, on ne comprend rien à l’intrigue et on n’entendra plus parler de lui les vingt années suivantes.

Le Cerf-Volant du bout du monde, Roger Pigaut (1958)

Heureusement que la confédération des enfants veille sur le monde pendant que les adultes font des bêtises. 

Fièvre, Louis Delluc (1921)

Un lieu, une action, un temps compacté. Ce qui marche grâce aux dialogues au théâtre ne marche pas sans. Le procédé tourne au fait divers.

Loin vers l’est, Tod Browning (1929)

Mélo qui prend comme décor l’Orient pour une seule raison… : l’arme du crime. Gare au gorille. 

La Marque du vampire, Tod Browning (1935)

La seule marque dans le film, c’est celle de Carol Borland qui actualise le modèle de la vamp initié par Musidora dans les Vampires pour en faire l’icône gothique des adolescentes attendant de voir le loup.

The Deciding Kiss, Tod Browning (1918)

Mélodrame classique avec un Browning appliqué et d’une sobriété étonnante. (Ni membre coupé, ni inceste consommé, ni maquillage gothique.) 

Le Talion, Tod Browning (1928)

Un peu comme si Conrad avait été dévoré par L’Inconnu. Après avoir joué les hommes-troncs, Chaney s’essaye aux culs-jattes. Acteur complet.

À croiser avec Lord Jim, La Folie Almeyer, et si ce n’est suffisant, on tentera toujours de croiser les bras.

La Morsure, Tod Browning (1927)

Qu’est-ce qui fait que les femmes sont toujours attirées par les beaux escrocs ? Un siècle que le cinéma se pose la question.

Début de réponse ici apportée par Browning, le maître de l’étrange : le justaucorps hypnotique à rayures de John Gilbert. La morsure, c’est celle presque de la guêpe. Bel exemple en tout cas d’histoire avec un « confidence man ».

À croiser avec American Gigolo et Pickpocket, pour le côté rédemption (passant par la femme aimée et dévouée à son imbécile d’escroc bien sûr).

D’Est, Chantal Akerman

Hiver 93, Moscou. Dix centimètres de neige, la RATP fait grève. Chantal Akerman se propose de ramener tout le monde en travelling. 

À croiser avec Polustanok, La Station, de Sergei Loznitsa (2000).

Chéri-bibi

Rarement vu Pierre Fresnay aussi mauvais et bouffé un à un par presque tout le reste de la distribution. 

Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles, Chantal Akerman (1994).

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J’ai faim, j’ai froid, Chantal Akerman (1984)

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Les Années 80, Chantal Akerman

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Les Rendez-Vous d’Anna, Chantal Akerman

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Toute une nuit, Chantal Akerman (1982)

La Fièvre du samedi soir vu par Roy Andersson. Je suis toujours tenté de situer Akerman entre Tati et Bresson. On sent les tentatives d’humour, c’est même parfois drôle, mais la maîtrise de la forme narrative me laisse bien circonspect. Entre fiction et expérimentation, Akerman penche peut-être ici un peu trop vers l’expérimentation. Et ça finit par lasser.

Je, tu, il, elle, Chantal Akerman (1974)

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Lettre d’un cinéaste: Chantal Akerman

Ackerman qui fait du Luc Moullet. J’aurais bien voulu voir Les Essais d’ouverture de Jeanne Dielman sur une bouteille de Pepsi 1L

Chantal Akerman par Chantal Akerman

Avoir une si belle langue et proposer essentiellement un cinéma sans paroles…

News from Home, Chantal Akerman

Si vous avez perdu vos clés quelque part à New York en 1977, Chantal Akerman vous laisse une chance de les retrouver en regardant son film.

Hôtel Monterey, Chantal Akerman

Trente pèlerins à la cinémathèque à regarder les murs d’un hôtel pendant une heure… Cinéma de la lambination.

La Captive, Chantal Akerman (2000).

Incompétence sidérante. J’ai presque de la peine pour les acteurs : se retrouver impliqués si jeunes dans des projets avec des vieux disposant d’un savoir-faire proche du néant en matière de direction, et devoir ensuite assurer le service après-vente.

Jenny, femme marquée, Samuel Fuller

Superbe travail de Douglas Sirk, excellente distribution, mais voilà, c’est Fuller à l’écriture, et ça tourne vite au nanar.

Quarante Tueurs, Samuel Fuller

Voilà mon Fuller préféré. Le bon Sam ne peut pas s’empêcher de tirer des coups stupides avec son scénario, mais on va être compréhensif pour cette fois…

Le Malade imaginaire, Lucien Jaquelux & Marc Méranda (1934)

Où est passée la farce ? Molière, c’est de la commedia dell’arte… On ne joue pas Molière comme on joue Sacha Guitry. Joli travail d’amateur.

Prénom Carmen, JLG

Le meilleur de mon petit Gody, c’est encore dans l’absurde qu’il faut le trouver.

Balkonas, 2008

Le charme des premiers amours, la nostalgie du communisme révolu… Charmant mais vain et indolore. 

> Les séances croisées « jeune public », ou l’envoi au casse-pipe des programmateurs de la Cinémathèque. Nouvelle entrée dans les « ratés de la Cinémathèque« .

Passion, Masumura (revoyure)

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La Belle, Arunas Zebriunas (1969)

Chef-d’œuvre sur les lumineuses promesses de l’enfance. L’enfant qui fleurit sous les frondaisons de la tyrannie sera un adulte libre.

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The Children from Hotel America (1991)

Entre Good Bye Lenin et Le Péril jeune. Plutôt dispensable. La Lituanie, à peine sortie du communisme, joue déjà la nostalgie.

Sangailė / Summer, Alante Kavaite (2015)

Les bons cinéphiles ne font pas forcément de grands cinéastes. Alante Kavaite parle très bien des films qu’elle aime (elle a présenté La Belle et Passion), mais rien de cette cinéphilie ne transparaît dans son film.

La Promesse de l’aube, Eric Barbier (2017)

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Vivre libre, Jean Renoir

Charles Laughton est exceptionnel, le reste c’est de la propagande hypocrite à vouloir brandir haut des valeurs qu’on voudrait universelles. 

In Memory of the Day Passed By, Sharunas Bartas (1990)

Le meilleur de Bartas, c’est peut-être encore dans le court qu’il faut le trouver… Le film était présenté à la Cinémathèque dans le cadre de la rétro Lituanie et avec deux autres courts métrages de la même époque. Le film d’Audrius Stonys était également pas mal du tout. On sent une forte influence, un peu pesante malgré les effets d’antigravitation, de Tarkovski.

Petit malaise lors de la discussion avec les cinéastes. Une idiote prend la parole et se mue en procureure de je ne sais quelle affaire d’agression sexuelle dont serait accusé l’un des invités. Celle-ci se fait immédiatement houspiller par une spectatrice criant « Mais est-ce que c’est du cinéma ?! » Tous les mecs se taisent et semblent chacun se caler les burnes bien à côté l’une de l’autre pendant que la maîtresse de cérémonie de la Cinémathèque reprend le micro à l’intervenante. L’hôte explique, un peu agacée, que ce n’est pas la place pour une telle question et demande s’il n’y aurait pas d’autres intervenants moins inspirés par le féminisme radical et l’inquisition improvisée. Gagné : une demoiselle demande le micro au premier rang. Question éminemment pertinente posée avec audace pour rattraper le malaise, mais elle triche un peu parce qu’elle travaille pour la maison (du moins, de ce que je peux en voir). Joli rapprochement avec Tati (d’ailleurs, elle me l’a piquée celle-là, sauf que je parlais de Montero mais quand même, hein !…). Bref, ravi de voir qu’il reste, au moins dans cette institution, une minorité qu’on imagine silencieuse, évidemment féministe, refusant toutes sortes de radicalismes aboyeurs, méprisants et vains, et qui sait aussi, à l’occasion s’affirmer quand le besoin s’en fait sentir. Parce que ce n’est pas le directeur cette fois qui prend la parole au nom de la Cinémathèque (attaquée ces derniers mois à cause d’une programmation que d’aucuns jugeront inopportune), mais ses employées. (Mention spéciale aussi à l’excellente traduction maison.) (Il y avait en fait plus à voir après que pendant… tout l’intérêt de ces petites soirées. Sans compter qu’une merveilleuse blonde lituanienne est venue poser sa silhouette juste à côté de moi et a posé une question fort longue qui m’a quelque peu échappé — c’était probablement très intéressant parce que tout le monde acquiesçait.)

Ordre secret aux espions nazis, Samuel Fuller

Fuller et ses grosses ficelles… Rarement vu un personnage féminin aussi mal dessiné avec des revirements à peine crédibles.

Le Kimono pourpre, Samuel Fuller

« Samuel, ton objectif pour ce film est de t’en tenir à ton idée de départ. » « Et s’il y a une jolie actrice ? » « Pas d’initiatives personnelles. »

Et comme toujours, Sam déserte son propre film pour s’intéresser à tout autre chose.

Feelings, Algirdas Dausa, Almantas Grikevicius

Un joli blanc aseptisé à la Yoshida, mais un scénario incompréhensible, une reconstitution paresseuse, et une direction d’acteurs inexistante (j’ai du mal à suivre quand on est censé être en pleine guerre, entrer ou sortir dans des habitations où il fait un froid de canard, et que tous les acteurs donnent l’impression d’avoir passé une bonne journée, frais et bien coiffés comme après une bonne douche). Un classique lituanien, semble-t-il.

Dressé pour tuer, Samuel Fuller

Donc un chien qui tue trois ou quatre personnes après que ses dresseurs et propriétaires découvrent qu’il attaque les Noirs, on continue de chercher à le « dresser » alors que ses victimes baignent encore dans une flaque de sang ? Crédible. La logique de Fuller, on dira.

Trois Jours, Sharunas Bartas

Bartas se rêve en Tarkovski, mais tout ce qu’il propose c’est un montage aléatoire des scènes ratées et sinistres d’un film de Roy Andersson.

Frost, Sharunas Bartas

Ça ne vole pas bien haut, il faut le reconnaître. La seconde partie est probablement un peu ratée, l’intermède dans l’hôtel polonais est lui aussi raté, mais voir un Bartas un peu bavard c’est reposant, et surtout il a le mérite d’être au moins informatif sur une situation en Ukraine dont on ne sait pas grand-chose.

Le Mensonge de Nina Petrovna, Tourjanski

Curiosité française des années 30, toujours, avec Isa Miranda. Des décors et costumes somptueux, un scénario et une mise en scène à la Ophüls, de bons acteurs, mais tout sonne faux. Ça voudrait ressembler à Liebelei (notamment avec le duel au pistolet de la fin), mais ça ne ressemble à rien. Ah, c’est avec ce genre de films que l’on comprend combien l’art de la mise en scène consiste surtout à accommoder une somme de détails qui une fois parfaitement agencée donne l’illusion d’une évidence, celle de la simplicité.

L’Hôtel du libre échange, Marc Allégret

Curiosité française des années 30. Du vaudeville comme on en fait plus. Du bonheur à tous les étages.

L’Île des amours, Paulo Rocha

La punition de l’après-midi. Ce Rocha est insupportable. Le plus malheureux c’est qu’on voit où il veut en venir, ou plutôt, qui il veut copier (Visconti). Mais l’élégance ne s’improvise pas. Rocha aurait autant d’allure qu’une Emma Bovary dans un bal à Vienne.

Les Bas-Fonds new-yorkais, Samuel Fuller

Occupation favorite de Fuller, le prince des grosses ficelles : faire passer des chameaux dans le chas des aiguilles. 

Les maraudeurs attaquent, Samuel Fuller

Je crois que c’est encore le plus que je peux supporter du vieux Samy. Ça reste sobre malgré tout pour un film de guerre.

Le Veau gras (Serge de Poligny) & Un oiseau rare (Richard Pottier)

Il y a vraiment du bon dans ces comédies françaises des années 30. C’est bien malheureux que tous ces films soient voués à l’oubli… Pour le Veau gras : Délicieusement théâtral. Des décors en studio, des acteurs comme on n’en fait plus, et des tartuffes difficiles à mépriser.

Toboggan, Henri Decoin

La femme, ce combat perdu d’avance. (Film de boxe à la morale implacable et délicieusement suranné. Ça reste très anecdotique.) 

Les Noces de Dieu, Monteiro

Y a du cinéma. On dirait du Tati bouffé par Arrabal ou par Jodorowski (mais c’est la même chose). Non seulement c’est drôle (bon, on ne se tape pas sur les cuisses, autant que pourrait l’être un Cervantès adapté par cet autre escogriffe qu’est Tati, disons que c’est cocasse et picaresque — mais un picaresque de palais), mais en plus la maîtrise formelle est impressionnante. L’usage des plans fixes qui s’étalent parfois en plans-séquences et qui d’un coup s’élancent comme un dormeur qui s’étire, ç’a quelque chose de prodigieusement cinématographique. Et quel obsédé !

Les Vertes Années, Paulo Rocha

Ça commence comme du Olmi, ça finit comme du Fuller.

Les soucoupes volantes attaquent

Scénarisé par Donald Trump : « Vous voulez nous attaquer, pseudopuissances venues de l’espace avec votre technologie des années 50 ? Sachez que l’Amérique a une technologie plus grosse que la vôtre ! »

Violence à Park Row, Samuel Fuller

Entre Capra et Citizen Kane, Fuller peine à faire rentrer son arbre de Noël dans une boule à neige. Il faut toutefois remarquer l’effort, l’audace même, de Fuller, capable en dehors du système des studios de pondre ce genre de films de sa poche. Manque malheureusement l’ampleur. Parce que c’est là le problème toujours de Fuller : si ses films sont si imparfaits, c’est qu’il les écrit, les monte et les produit seul comme si c’était des films de studio.

J’ai tué Jesse James, Samuel Fuller

Superbe casting pour une première production, mais déjà un scénario bancal et un rythme qui s’enrayerait si la musique ne nous entraînait pas dans son sillage.

Le Baron de l’Arizona, Samuel Fuller

Plus c’est gros, plus ça passe qu’on dit en matière de fraude. Fuller aurait dû toute sa vie se contenter de raconter des histoires d’escrocs. Pas fait pour la subtilité le Samuel.

Monsieur Ripois

Difficile de s’attacher à un personnage aussi antipathique. Dommage, les acteurs sont parfaits.

Palombella Rossa, Nanni Moretti

C’est à Nanni rien comprendre ! Et le meilleur de Moretti sans doute. Absurde à souhait, à la limite même parfois du surréalisme. Dieu que ça joue mal en revanche, en dehors d’Asia Argento toute jeunette…

La Maison de bambou, Samuel Fuller (1955)

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