Guerre et Paix, Sergei Bondarchuk(1966)
Je ferai court : c’est formidable.
Le Message, Moustapha Akkad (1976)
Et ainsi se répandit à travers les âges le grand message de la bêtise humaine. Religion après religion, fanatisme après fanatisme, histoire après histoire…
Une belle leçon sur la manière dont une secte peut se développer. À travers la crédulité, le sabre et une bonne dose d’opportunisme.
Häxan, la Sorcellerie à travers les âges, Benjamin Christensen (1922)
Il faut sans doute croire qu’on a affaire ici à un exemple rare et réussi de film réellement didactique. Pas vraiment encore un doc-fiction, ni un véritable film d’horreur, mais un hybride. Le dernier chapitre résume à lui seul la nature étrange du film.
Le film apporte également un regard étrange, car forcément daté, sur le sujet traité. Les sorcières poursuivies durant les chasses auraient en fait souffert d’hystérie… En 1922, ce terme était déjà banni de la psychiatrie, c’est plutôt un peu l’histoire d’un raté. Ce qu’on appelait autrefois « hystérie » est désormais compris comme étant diverses maladies mentales. Et les femmes n’en sont pas forcément les seules victimes (même pas fichues au moins d’assumer seules le péché originel, ces chiennes).
Homunculus, Otto Rippert (1916)
Série de 6 films sortis en 1916, à la Feuillade. Il n’en reste pratiquement rien. Bien dommage. Entre Les Vampires et l’expressionnisme. Le Golem en mieux. Décor naturel et silhouette inoubliable. Pour être franc, on ne comprend que dalle. Heureusement, on a le début pour capter l’origine du personnage, ensuite c’est plus vague, il faut se contenter de quelques scènes qui laissent rêveur. Énorme succès à l’époque, vrai film populaire, on n’est pas dans « l’art » et les effets un peu lourd de l’expressionnisme. Cinéma muet…, art éphémère.
Capitalism, série (2014)
Histoire de l’édification d’une idéologie soi-disant basée sur la rationalité en en travestissant l’idée d’origine. Ou comment une idée se fait-elle idéologie, aveuglement et pseudoscience. L’Islam a ses islamistes, traduisant le Coran à leur convenance ; l’économie a ses capitalistes. Excellente démystification du pape de la « science » économique, Adam Smith. Le documentaire montre qu’à la fois « l’idée » du capitalisme est antérieure à Smith, qu’elle ne…
R : les idées de Hayek et de Smith sont travesties ? Le documentaire souligne justement le fait qu’ils sont mal lus et qu’on s’en sert comme d’idoles pour justifier une politique économique. C’est une méthode utilisée depuis longtemps par les zozos en particulier dans la religion pour justifier certaines décisions. « Parce que Machin l’a dit, c’est que c’est forcément vrai. » Ces gens-là se prétendent scientifiques quand ils sont en fait des catalogues ambulants de raisonnements fallacieux. Religion, psychanalyse, économie pseudo-scientifique, la même soupe, les mêmes méthodes, les mêmes prétentions.
R : Rien des « vieilles soupes anti-libérales », ça s’appelle un point de vue historique et critique de l’économie entant que science. Il faudra m’expliquer comment le discours d’un anthropologue puisse être taxé d’anti-libéral. Excuse-moi, mais c’est encore toujours « la même soupe des libéraux », à savoir : si vous faites la critique du libéralisme c’est que vous êtes antilibéral. Argument ad hominem, puis un autre et encore un autre… Si l’économie pseudo-scientifique à tendance libérale est capable d’améliorer le monde, qu’elle le prouve. Les faits vérifiables dont tu parles n’existent pas, il n’y a que des arguments fallacieux. Tout simplement parce qu’il est impossible de fixer une logique, un système, une méthode pour tous et pour toutes les situations. Les sociétés sont complexes et la marche du monde ne se dicte pas en fonction de systèmes pensées dans la tête des grands idéologues. Les goûts, les mœurs, les envies, les attentes de populations, tout ça forme une « soupe » de variables imprévisibles et non mesurables. Et la pseudoscience économique préfère ignorer totalement cet aspect pour construire en dehors du monde réel des modèles à l’aspect cohérent (et encore, je suis gentil). Si tu veux être pris au sérieux en prétendant présenter des « faits vérifiables » encore faudrait-il ne pas être guidé par une idéologie. Se définir déjà comme libéral (comme anti-libéral), c’est déjà suggérer qu’on fera preuve d’assez peu d’objectivité puisque toutes les conclusions, les démonstrations, sont, a priori, guidées par l’idéologie. Et en histoire, il n’y a pas d’idéologie. Facile ensuite d’aller se plaindre sur le contenu prétendument antilibéral du documentaire puisqu’il ne se place pas au niveau de l’idéologie, mais de l’histoire. Chacun peut avoir son opinion sur cette question, mais encore faut-il voir le documentaire en question pour se faire une idée plutôt que juger, a priori, qu’il est antilibéral. J’ai en tout cas vu assez de conneries affreusement partisanes sur Thema pour juger que pour une fois, le documentaire réussissait plutôt bien à échapper à cet écueil. Je l’ai déjà dit, il aurait dû selon moi être plutôt programmé dans la case du samedi consacrée à l’histoire.
La Galante Méprise, Sidney Franklin (1927)
Jolie audace dans la mise en scène avec le rapide travelling avant. Effet zoom pour se concentrer sur un détail, un visage le plus souvent, une bouche de commère.
A Place to Stand, Chapman (1967)
Chapman améliore la technique du « Dynamic Frame » et crée la « Multi-dynamic image technique ». Reprise dans l’Affaire Thomas Crown dès l’année suivante et des génériques de séries, etc.
Marianne, Robert Z. Leonard (1929)
D’affreuses longueurs. Trop peu de numéros dansés et chantés. Mais Marion Davies qui en un coup de peigne arrive à évoquer Sarah Bernhardt.
La Femme au gardénia, Fritz Lang (1953)
Le director’s cut n’était pas encore à la mode dans les 50… 10m de trop.
The Door in the Wall, Glenn H. Alvey Jr. (1956)
Tentative laborieuse d’une utilisation de redimensionnement du format de l’image au profit de la narration.
Sierra torride, Don Siegel (1970)
On fout ça dans l’espace et c’est le premier épisode de la Guerre des étoiles, Luke Skywalker en moins.
Dieu est mort, John Ford (1947)
Ford tourne le film la même année que La Perla. Même esthétique « noire-poétique ». Emilio Fernández aurait réalisé quelques scènes. On y retrouve aussi Pedro Armendáriz.
Je doute qu’il soit parti au Mexique pour les beaux yeux de Dolores del Rio. C’est un film plus personnel et Ford était très croyant. Le film est beaucoup plus exigeant sur le plan esthétique que la plupart de ses films. C’est le genre de film qui pourrait être démoli aux USA pour son côté « art movie » et très apprécié en Europe. D’ailleurs, le film avait été sélectionné pour la Mostra. Fonda pouvait être dégoûté parce qu’il n’avait pas grand-chose à faire dedans. Presque autant crédible en latino que Charleton Heston dans La Soif du mal. C’est le principal défaut du film (même s’il s’en tire très bien comme d’habitude). Le style se rapproche clairement de celui de Emilio Fernandez et sa mise en scène est parfaite. La seule différence entre La Perla et Dieu est mort doit sans doute plus se trouver dans l’intérêt des textes des deux auteurs américains qui sont adaptés. Il n’y aurait pas toute cette religiosité plan-plan, je montais à 9. J’imagine que Fonda s’il avait vu La Perla l’aurait tout autant détesté. Au contraire d’un Charles Laughton, par exemple. On y retrouve à un certain degré la même poésie sombre. Ça doit être passionnant à lire une biographie dans laquelle l’auteur ne cesse d’émettre un avis sur le travail de la personnalité dont il parle. Il faudrait voir ce qu’il dit en totalité, parce qu’écrire « le pire Ford », ça vaut peanuts. Soit il est historien biographe, soit il est critique. Et même entant que critique, ça ne volerait pas haut. Pour confirmer son impression, il viendrait donc chercher une déclaration de Fonda mettant en doute l’honnêteté de Ford quand il disait être fier de son film. Il faudrait me rappeler de ne pas lire ce bouquin. Sans le lire, je peux dire que c’est sans doute le pire que son auteur ait écrit. La preuve, j’ai rencontré un fils de pute tordu ayant travaillé avec McBride qui trouvait le livre absolument dégueulasse. Ça ne peut donc être que vrai.
Les Récupérateurs de cadavres, Robert Wise (1945)
Bela Lugosi et Boris Karlof réunis dans un même film autour du sosie de Patrick Duffy.
Marqué par la haine, Robert Wise (1956)
Je suis étonné de l’unanimité autour de Marqué par la haine. J’ai peut-être perdu l’habitude de voir des grosses productions hollywoodiennes des années 50, mais le côté survitaminé me paraît outrageusement forcé. Paul Newman en Italien, c’est comme voir Delon imiter l’accent italien pour Rocco et ses frères. The Set-Up est tout de même plus digeste. Et que dire en comparaison du traitement fait à Body and Soul par certains spectateurs ?… Marqué par la haine est un film classique, une grosse production, à la différence de Body and Soul et de The Set-Up qui sont des films noirs. Le même classicisme m’avait épouvanté dans Cinderella Man. Tous les clichés y passaient. Dans The Set-Up, les clichés sont là, mais c’est un film noir fauché donc leur portée reste limitée (le thème et les personnages, parce que pour le reste, on est obligés d’inventer entre les lignes, et c’est là que ça devient intéressant). Dans sa structure, Body and Soul est peut-être classique aussi, sauf que c’est clairement aussi un film noir, plus ancré dans les années 40, moins surfait que certains films des années 50. Il est moins ramassé que The Set-Up, plus sophistiqué, et bien sûr moins optimiste aussi (vive l’Amérique des Cinderella Men).
L’homme qui plantait des arbres, Frédéric Back (1987)
On remplace les glands par des mots et c’est à peu de choses près la description du travail d’un écrivain (ou autre artisanat). N’abattons pas les mots !
Le Géant de fer (1999)
Sur quelle planète je vis ? Film 3-5 ans. Quelle horreur ! Je l’aurais vu à 15, ça aurait été pareil. Mais il y a des Disney qui s’adressent à des gamins de 5 ans qui sont moins grossiers. Et j’ai découvert Harry Potter à 30 et j’ai adoré. Laid, encore, ça ne me dérange pas (quoique, les expressions à la Disney dans un univers réaliste — Warner qui fait des DA maintenant… —, ça fait un peu tache). Mais c’est l’histoire, les dialogues, le message putride (tu choisis de devenir qui tu es… wtf) et la somme de clichés ou de pompages qui me sidèrent. Je regardais pour me détendre et je n’ai pas arrêté de grogner et de rouler des yeux pendant tout le film. E.T, Le jour où la terre s’arrêta, Les 101 Dalmatiens, Aladin, Les Voyages de Gulliver, Bambi (ça devait être volontaire là, sinon c’est trop gros). King Kong, Frankenstein, Le Cyclope, Short Circuit. Torpenn cite Goldorak, pour la stature encore. Y a un peu de Robotech aussi. Tout ça, c’est un peu les mêmes mythes. Il n’est pas interdit de reprendre à son compte certaines choses, mais quand tout sent le réchauffé, à la fois dans les grosses lignes de l’histoire, surtout dans les moindres détails où chaque réplique, chaque geste sent le déjà-vu, ça tape un peu sur le système, à force. Et à la limite, tu peux pomper, ce n’est pas le problème, mais dans ce cas, tu le fais avec talent et intelligence. Quand le môme à la fin dit « Je t’aime, Géant », ça m’a achevé.
Dr. Jekyll and Mr. Hyde, John Robertson (1920)
Paradis du montage : d’abord une succession de raccords dans l’axe, puis du champ-contrechamp à gogo, et enfin du montage alterné pour atteindre une forme de climax. 1920.
Yôkirô, Hideo Gosha (1983)
Ce film comporte des scènes de duels de geishas en kimono mouillé et à moitié dénudées, êtes-vous sûr de vouloir poursuivre le visionnage de ce film ?… OUI !!!!
L’attaque d’une mission en Chine, James Williamson (1900)
Le film est censé être le premier champ-contrechamp. Constitué à l’origine de 4 plans, seule une version avec 1 plan est disponible. N’empêche… L’école de Brighton. Invention du langage filmique.
La Divine, Wu Yonggang (1934)
Gwyneth Paltrow avait donc une arrière-grand-mère chinoise. On imagine mal une prostituée avec un tel maintien. Divine, c’est le mot…
Intimidation, Koreyoshi Kurahara (1960)
Joli jeu de chifoumi appliqué au thriller psychologique : la pierre bat les ciseaux, les ciseaux battent la feuille, la feuille bat la pierre. Magique.
L’Occupation sans relâche, les artistes pendant la Guerre
Ça commence avec de belles intentions, rappelant que quand il est question de ce sujet, il est surtout question de ragots et de faux-semblants… souvent dans ce sens, il en est beaucoup moins question pour ce qui est du récit qui fait tout le contraire de ce qui était promis au début. Délation en règle. « Nauséabond » qu’ils disent ? C’est bien ça. Merci France 2 de faire preuve d’autant de mesure, de racolage et de sens de…
Mujô, Akio Jissoji (1970)
Depuis Mujô la vitesse de déplacement des travellings a été limitée à 70 km/h au Japon et le grand-angle a été interdit.