
Le meilleur de la science-fiction
La science-fiction connaît différents types, catégories ou sous-genres, pour les besoins de cette liste, j’en propose dix variantes, sachant que de nombreux films pourraient appartenir à plusieurs d’entre elles. L’impasse est faite ici sur les nombreux nanars et sur beaucoup de « classiques » pas suffisamment à mon goût.
- Anticipation, dystopie et films futuristes
- TechNoir & cyberpunk
- Hard SF, Horror & Space Opera
- L’horreur-tech
- Aux frontières du merveilleux, voyages & rencontres extraordinaires
- Voyages temporels
- Films catastrophe, apocalyptiques et postapocalyptiques
- Space Fantasy
- Steampunk & uchronies
- Comics & superhéros
- Courts-métrages
Première Partie : Anticipation, dystopie et films futuristes
Le genre roi de la science-fiction, le genre des possibles fascinants et inquiétants, des expériences suspectes, et des dérives scientifiques et sociétales. L’aliénation des individus condamnés à vivre dans des mondes sous contrôle technologique, la perte d’identité et de mémoire sont au cœur de ces histoires sombres et étranges.
Classés par ordre de préférence. Notés de 10 à 7.



THX-1138 (1971)
Paradoxalement, le film de George Lucas pourrait être la meilleure adaptation de 1984. Avant de tomber du côté obscur de la force, le jeune George démontrait un sens inouï du montage, de la composition et de l’atmosphère : le futur pape du cinéma de divertissement réalisait avec THX un chef-d’œuvre d’incommunicabilité et de pessimisme, et avant Star Wars, déjà, dénonçait avec ce premier film les tendances fascistes inquiétantes de nos sociétés.
The Truman Show (1998) & Bienvenue à Gattaca (1997)
En l’espace de quelques mois, Andrew Niccol aura réalisé et scénarisé deux chefs-d’œuvre avant la fin du siècle révélant l’angoisse de l’humanité face aux possibilités angoissantes du futur.



Orange mécanique (1971)
Stanley Kubrick s’est toujours emparé des histoires d’ailleurs pour mieux parler du présent. Que ce soient à travers les films d’époque ou les films d’anticipation, on y retrouve le même principe de pas de côté pour s’emparer du réel à travers l’étrange ou l’exotisme. Après 2001, Kubrick adapte à nouveau un auteur de la science-fiction et y décrit les dérives violentes d’une société qui pourrait être la nôtre : lyrisme narquois et chorégraphies grotesques pour accentuer l’effet d’étrangeté de ces dérives.
Battle Royale (2000)
Quasiment sur le même sujet, Battle Royale poursuit dans la chorégraphie grotesque, et ne devient peut-être plus qu’un exercice de style violent et grand-guignolesque en perdant de vue l’aspect satirique de la science-fiction, mais quel exercice de style ! (On retrouve le même type de sociétés, censées être ludiques, dans la série Squid Game, dans Rollerball, Le Prix du danger ou La Mort en direct — rien de tout cela n’étant présent dans la liste.)
Severance (2021)
Au niveau des séries dystopiques, c’est Severance qui emporte la palme. On y retrouve, comme dans la plupart des récits d’anticipation, la même méfiance à l’égard des sociétés du futur promises à exercer toujours plus de contrôle sur nos vies : si avant le fascisme, Metropolis pouvait mettre en garde plus frontalement le spectateur face aux dérives de nos sociétés, l’astuce du fascisme des sociétés de demain, c’est de nous rendre esclaves de notre plein gré en nous rendant consommateurs de notre propre existence et de notre propre histoire avec la promesse de nous faire oublier les traumatismes passés. Les populations vouées ainsi à customiser leur identité se coupent de la société et perdent leur capacité de révolte (comme dans The Truman Show, le monde finit par ne plus être qu’une illusion, à la différence qu’ici l’aliénation est, comme chez Faust, d’abord volontaire). C’est déjà un peu le principe de la société de consommation développée au vingtième siècle, on y ajoute une certaine forme de paranoïa à la Philip K. Dick, une mainmise bien actuelle des multinationales du secteur du numérique, et on a Severance.



Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), Vanilla Sky (2001) et Ouvre les yeux (1997)
Qui sommes-nous sans notre mémoire ? Golem et Frankenstein modernes : la science-fiction a depuis ses débuts mis en scène des monstres, et bien souvent ces monstres, c’est nous. Dans les récits d’anticipation ou en dystopie, le savant fou des débuts du genre a gagné la partie depuis des décennies et une multinationale se charge de gérer son héritage en se servant de nous comme cobayes, consommateurs ou esclaves (ce qui est la même chose). (Total Recall aurait pu être dans cette catégorie, mais je lui trouve un ton grotesque plus proche de la satire que de la paranoïa ou du puzzle mental.)



Her (2013) & Metropolis (1927)
Toujours dans cette veine de récits d’anticipation interrogeant notre rapport aux autres, à nous-mêmes et à la technologie, Her décrit une société aliénante où l’individu est encore consommateur de sa propre existence en laissant le soin aux IA d’assurer certains de nos besoins élémentaires, en particulier ici, affectifs. L’IA est une variation du robot, entité désincarnée appelée à jouer le rôle d’esclave moderne. Les bons films mettant en scène des robots sont rares au sein de cette catégorie (ils auront plus de succès au rayon cyberpunk et TechNoir) alors même qu’ils en sont issus : les adaptations d’Isaac Asimov ont rarement été convaincantes et un film comme Ex Machina me laisse de marbre. On remarquera toutefois une certaine tendance male gaze dans le genre : c’était déjà le cas avec une des plus anciennes occurrences des robots au cinéma avec Metropolis. Au 22ᵉ siècle, l’esclave sera femme ou ne sera pas…
Tenet (2020)
Après m’être fâché avec Christopher Nolan depuis Inception (qu’on ne trouvera par conséquent donc aucun de mes tops ici), Tenet me réconcilie avec son univers. J’aurais pu placer le film dans la catégorie « voyage temporel », mais le dispositif technologique étant surtout le prétexte à exposer un monde paranoïaque dans lequel différentes forces se font face, je le place ici sans grande conviction (il aurait pu tout aussi bien apparaître dans la catégorie « films catastrophe apocalyptiques »). Nolan est de ceux qui se servent de la science-fiction pour placer le spectateur dans un grand huit, pas pour jouer sur les peurs et les possibilités inquiétantes du monde de demain que le présent semble parfois promettre. Mais quand l’attraction donne moins envie de vomir, il faut savoir apprécier le spectacle.



L’Homme au complet blanc (1951), Paris qui dort (1924), Le monde, la chair, le diable (1959)
La science-fiction des bouts de ficelles : une ficelle durable ennemie de l’obsolescence nécessaire à la bonne tenue de toute société industrielle et donc dangereuse pour la société.
Comment suggérer une transformation du monde à peu de frais ? En faire disparaître tous les habitants ou presque. Un jeu, un cataclysme, c’est tout comme.



La Planète des singes (1968), La Planète des singes (2001), La Planète des singes : les origines (2011)
C’est peut-être la présence de Charlton Heston (acteur de Soleil vert, qui n’apparaît pas dans ma liste) qui m’incite à placer ces films inspirés de Pierre Boulle dans la catégorie « anticipation », mais à vrai dire cette histoire est assez indéfinissable et aurait pu tout aussi bien apparaître dans la catégorie 5, 6 ou 7.
Le film de 1968 est probablement un des premiers films matures de la science-fiction reposant sur une idée simple, une inversion de valeur (et un paradoxe scientifique révélé en toute fin du film), et non sur un arsenal technologique ou un éblouissement environnemental : en dehors du défi de la représentation des singes, l’astuce du film repose sur l’apparente familiarité de l’environnement présenté. Et pour cause.
J’avoue sans honte être de ceux ayant apprécié le remake proposé par Tim Burton.



Brazil (1985), Telepolis (2007) & 1984 (1956)
Le meilleur des mondes dystopiques, le cauchemar d’une société sous contrôle administratif et sous surveillance. On frôle peut-être parfois le film de grenier, mais aussi avec l’absurde et le grotesque d’un Kafka ou d’un Mémoires trouvés dans une baignoire. Comme dit plus haut, la meilleure version de 1984 reste sans doute THX.
Quelques épisodes de série notables :
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Black Mirror : White Christmas, White Bear, Be Right Back, The Enitre History of You, Black Museum, Arkangel, Hated in the Nation
- X-Files : Bad Blood, Monday, Dreamland II, Small Potatoes, War of the Coprophages,