Rollerball, Norman Jewison (1975)

Roulé-boulé de la mort

Rollerball

Note : 3 sur 5.

Année : 1975

Réalisation : Norman Jewison

Avec : James Caan, John Houseman, Maud Adams

Assez abscons tout de même. Je m’attendais à un pur divertissement, et en fait, le film semble déjà critiquer ce qui viendra par la suite : la prise de pouvoir des organisations sur le monde, et pas seulement sportive. Remplaçant ainsi les États. Le sport comme opium du peuple, comme moyen de contrôler les masses. « Le confort, c’est la liberté » clame un des personnages. À mon avis, ça rejoint Orwell et toutes ces mises en garde de la S.F quant à l’aliénation de nos esprits. C’est clairement une lutte de l’individu face au système. Le système, c’est le mal. Le système contrôle nos esprits, etc. Il y a du vrai dans tout ça, sauf que le personnage de James Caan fait partie du système. C’est bien le système qui lui a permis de devenir une star. L’organisation crée un sport, et elle refuserait qu’il y ait des héros ? Ça n’a pas beaucoup de sens. On voit clairement le lien entre les jeux antiques, les gladiateurs. Je vois mal James Caan en Spartacus. Il se révolte parce qu’on veut le mettre à la retraite… Donc, il accepte le système, il en est la star. Vraiment bancal comme raisonnement.

Ce qui est curieux, c’est que peu après à cette époque, Stern prend le contrôle de la NBA et c’est Jordan qui arrivera un peu plus tard, monopolisant tout autant l’attention du public que le personnage de Caan pour son sport. Ça pourrait être une dénonciation du profit, de la course au spectacle (les matchs de rollerball existent aujourd’hui, un comble… : dénonce des pratiques, à la Scarface, et tu auras toujours la plupart des gens qui comprendront de travers le film, d’où l’intérêt d’être clair, ou d’éviter les films à message…). C’est un hymne à l’idéalisme, une critique d’une certaine forme de technocratie tout juste bonne à restreindre les libertés individuelles autant dire le communisme (très mentalité us ça où au contraire de chez nous on veut toujours moins d’État, ce qu’ils auront dans les 80’s avec Bush), et en même temps, une critique de la violence… J’avoue que ça ne veut pas trop dire grand-chose.

Il faut aussi souligner l’ennui du film. Les scènes de jeu sont répétitives, mais heureusement pas si présentes que ça dans le film. Il y a une volonté à la Orwell de présenter une société aseptisée où pas un esprit rebelle ne doit dépasser. Pour éviter que ça ne dépasse d’ailleurs on tue toute forme de culture, on détruit les livres d’histoire… Ça fout bien les jetons et c’est super froid, mais ça crée l’ennui aussi parce que c’est loin d’être un monde sympathique. Le personnage mène entre les scènes de rollerball une espèce d’enquête pour essayer de comprendre comment fonctionne l’organisation. Le problème, c’est que c’est juste survolé. On a aussi pas mal de scènes de bavardage éthérées, affalés dans des divans, à se demander ce qu’est le monde… Aucune psychologie, forcément, le but est de décrire des personnages sans âme… Autant voir THX de Lucas.

Moi qui m’attendais à un film d’action… C’est un peu comme voir Arnold Schwarzenegger philosopher dans Conan. On a un peu du mal à y croire, et surtout on n’est pas loin d’avoir une morale aussi fumante qu’une citation de Jean-Claude Van Damme.


Rollerball, Norman Jewison 1975 | Algonquin

 


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