Les enfants ne sont pas des anges

Le Roman de Mildred Pierce

Titre original : Mildred Pierce
Année : 1945
Réalisation : Michael Curtiz
Avec : Joan Crawford, Jack Carson, Zachary Scott
Joan Crawford se sépare de son mari et doit prendre un travail pour satisfaire aux bons goûts de sa fille aînée. Elle crée sa chaîne de restaurants (« Fine food ») et fait fortune (auparavant, ils avaient beau être pauvres, ils vivaient tout de même dans un joli pavillon de banlieue de Los Angeles avec palmiers et tout ce qui va avec… Code Hays oblige, même les pauvres paraissent riches). Mais sa fille en veut toujours plus. Crawford se marie avec l’un de ses associés, mais il la roule… sur tous les tableaux. Crawford vient dans sa maison au bord de l’océan pour taper sa crise, et y trouve sa fille… dans les bras de son mari. Elle est belle la jeunesse… La fille (qui déteste sa mère) lui avoue qu’elle le fréquente depuis le début, qu’il a promis de divorcer et de l’épouser à son tour… Le mari se défile. Crawford s’enfuit, son mari tente de la rattraper mais la fille le tue… en vidant carrément le barillet de son revolver… La mère pense à se suicider, puis les circonstances l’amènent à piéger un autre de ses partenaires qui lui court après depuis des années… en l’enfermant dans la maison au bord de l’océan et en appelant la police… Tout le film est ainsi en fait un long flashback pour tenter de découvrir qui a réellement tué le mari, à travers les gardes à vue de tout ce petit monde.Cliquez mettre à jour

Le Roman de Mildred Pierce, Michael Curtiz 1945 | Warner Bros
On aura rarement vu un personnage aussi vénal et antipathique que celui de la fille de Crawford. Le genre de garce qui doit se trouver à la pelle en Amérique. Un film noir dans le joli LA, ça change des rues sombres de New York, et j’avoue que c’est un contraste qui me plaît assez bien (ça a pas mal réussi aux Griffes de la nuit, Hollywood boulevard, le Dahlia-de-Palma, le Privé ou LA Confidential par exemple). Un bon film, tout au plus, parfaitement mise en scène et interprété. Mais après…, comme toujours quand le pognon est au centre de tout, ça le fait moins. Le personnage le plus intéressant du film, c’est la fille. Elle a sa part de mystère, de contradictions, de folie même. Mais pour être moins antipathique, elle aurait dû être au centre du film. Le second mari aussi est intéressant… Un type qui se tape la mère et la fille en même temps (et là censure alors ?) c’est plutôt original, mais on ne peut éviter le grossier et le manichéisme si on ne développe pas assez le personnage… Parce qu’il est bien là le problème. Tout tourne autour de la Crawford. Trop parfaite, trop lisse, trop larmoyante. On croit voir une étincelle de vice en elle, de remords, donc de conflit intérieur, quand pendant un temps, elle renie sa fille. Mais au lieu d’assumer, le récit la fait partir en voyages pour la retrouver quand elle décide de pardonner l’effrayant attrait de sa fille pour l’argent… C’est un peu comme si on éteignait la lumière quand ça devenait enfin intéressant.
Qualité Hollywood : du rythme, des décors, des stars. Ils savent mettre en valeur le papier et les rubans quand le cadeau ne vaut pas un clou. Pour assumer des idées un peu plus subversives, poussant à l’intelligence du spectateur, là, en revanche…