Michael Curtiz
Filmographie et classement :
10/10
9/10
- Casablanca (1942)
- Les Anges aux figures sales (1938)
- Le crime était presque parfait (1947)
8/10
- La Cuisine des anges (1955)
7/10
- Le Roman de Mildred Pierce (1945)
- L’Aigle des mers (1940)
- La Glorieuse Parade (1942)
- Capitaine Blood (1935)
- Le Vaisseau fantôme (1941)
- Les Conquérants (1939)
- Boulevard des passions (1949)
- La Piste de Santa Fé (1940)
6/10
- Les Aventures de Robin des Bois (1938)
- Mon père et nous (1947)
- La Charge de la brigade légère (1936)
- L’Égyptien (1954)
- Le Roi du tabac (1950)
- Anthony Adverse (1936)
- Agent britannique (1934)
5/10
- Noël blanc (1954)
*Films commentés (articles) :
Simples notes :
La Piste de Santa Fé, Michael Curtiz (1940)
Étrange western pseudo historique. On se laisse prendre par le rythme et par les magnifiques acteurs, mais l’intérêt est peut-être ailleurs… dans sa capacité à jouer avec les faits historiques et proposer une vision confuse de l’histoire. Il faut voir la page erreurs sur IMDb, si on savait que Shakespeare aimait prendre des libertés avec l’histoire, ici, on pousse le bouchon un peu loin. Tous les personnages ont en somme réellement existé, sont a priori tous des personnages historiques connus de public américain, mais leur coexiste n’est pas avérée voire inexacte et impossible. Mais là encore, le plus intéressant est ailleurs. Car le film met en scène un autre personnage historique : John Brown, un terroriste abolitionniste. Le film n’est pas tendre avec lui, mais en regardant vite fait son profil Wikipédia, il y a un peu de quoi. On traite beaucoup plus souvent de l’histoire de la Guerre de sécession, Nord contre Sud, beaucoup moins souvent des événements qui les précèdent. Avant les belles paroles de Lincoln et la scission du pays ayant mené la guerre, il y a donc eu des politiciens favorables aux actions violentes. Comme il est dit dans le film : sa cause est juste, mais les moyens pour y parvenir ne le sont pas. Au-delà de la figure clairement présentée comme négative dans le film, on en viendrait presque à trouver ce sujet follement contemporain (et finalement assez récurrent dans l’histoire, de Spartacus aux anarchistes de la belle époque, aux terroristes palestiniens, à ceux qui se revendique de l’islam, bientôt sans doute les défenseurs de la planète, etc.). Parce que ce qu’il y a de surprenant dans l’approche idéologique du film (puisqu’on pourrait presque la deviner en supposant tel ou tel raccourci historique — et ça doit être plus évident pour des spécialistes, ou pas), c’est que si d’une part, l’abolitionniste en prend pour son grade, on n’en est pas pour autant devant un film ouvertement pro-confédérés, puisque les deux rôles principaux, tout en étant originaires du Sud refusent d’être déloyal envers l’Union, la nation américaine. C’est même le sujet récurrent du film : les élèves se battent et sont punis pour avoir exprimés des idées politiques (ce qui est interdit), Flynn rappelle une fois à Ronald Reagan (non, ce n’est pas un nouvel anachronisme) leur devoir de neutralité et celui de loyauté envers la nation (donc bientôt l’Union), et même le personnage interprété par Olivia de Havilland montre une sympathie réelle pour les idées abolitionnistes. La différence, comme on pourrait le concevoir aujourd’hui avec les idées sur le climat, la question n’est pas d’être en accord sur des idées, mais de faire en sorte qu’elles soient appliquées, parce que c’est justement cette absence de prise de conscience de l’urgence d’une situation, l’agacement face à ce qu’il faut bien définir comme du conservatisme (ou de l’adhésion molle), qui provoque les violences des individus qui estiment que la société ne va pas assez vite ou qu’elle est hypocrite en adhérant à des idées sans les appliquer concrètement en les convertissant dans la loi. Le film donnerait ainsi presque l’impression d’avoir été écrit à quatre mains en essayant de faire interagir le point de vue des deux futurs camps. Là encore, le personnage d’Olivia de Havilland sert à illustrer la crainte ou la prémonition que les soldats encore unis aux moments des faits pour chasser un terroriste abolitionniste ne le seront bientôt plus. Au-delà donc des écarts étranges forcés par le scénariste, force est de constater que le procédé induit certaines questions historiques générales intéressantes et j’insiste qui ont un écho particulier aujourd’hui à une époque où la société, sur beaucoup de sujet, semble se scinder en deux, où on remet tant en question la légitimité du pouvoir et que l’usage de la violence (public ou citoyenne) est au cœur du débat public.
À souligner également l’excellente de la distribution : au-delà des acteurs cités, on retrouve William Lundigan, Raymond Massey (qui ironiquement interprète Abraham Lincoln la même année) et une des premières apparitions de Van Heflin.
Entrée dans The Hollywood Rush : Michael Curtiz :
Né Kertész Kaminer Manó à Budapest (Empire austro-hongrois) en 1886. Prolifique réalisateur basé d’abord à Budapest pendant la guerre, il passe brièvement par le Danemark et continue à travailler en Autriche au moment des troubles en Hongrie (proclamation d’une république soviétique, intervention franco-roumaine, instauration de la monarchie et terreur blanche avec notamment une chasse aux juifs).
Impressionnée par son Sodom und Gomorrha, la Warner le fait traverser l’Atlantique en 1926. Il lui restera fidèle pratiquement pendant toute sa carrière.
Deux autres réalisateurs hongrois ont fui Budapest à cette époque : Alexander Korda, qui continuera sa carrière principalement en France et en Angleterre, et Paul Fejos, qui finira pas immigrer vers les États-Unis et aura une brève carrière à Hollywood, tout comme László Benedek.
Lien externe :