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Variation sur la peste et le choléra : le dilemme du mauvais et du bon poison.
Un matin, Emmanuel se dit qu’il se verrait bien Président des Gens. Il construit un programme dans lequel, entre autres, il propose de filer du poison à chaque individu une fois arrivé à 65 ans.
Pendant la campagne, rares sont ceux qui remarquent cette idée à la con, mais puisque tous les programmes concurrents proposent de bouffer en diverses proportions de la mort aux rats, les Gens appelés à voter envoient Emmanuel au second tour.
Face à lui, au second tour, à l’extrême-droite du ring, Marine Méphistophélès : elle pen un peu à faire oublier qu’elle est la fille du diable, mais son truc, c’est quand même que les Gens de souche s’abreuvent de sang impur.
Entre la peste et le choléra, les Gens se sentent un peu obligés de choisir pour celui qui semble proposer le moindre mal.
Emmanuel se dit obligé d’être investi d’un devoir d’unification des Gens, mais comme son truc, c’est d’aboyer des « Je vous ai compris » sans rien comprendre, personne ne se fait d’illusions, et les Gens savent parfaitement que le Prince les enculera à la première occasion.
Et comme les Gens ne sont pas dupes, un peu suspicieux aussi, ils se disent qu’élire une assemblée capable de proposer un contre-pouvoir à leur Prince capricieux, ça empêchera qu’il ait le champ libre pour leur mettre profond. L’Horizon est bouché, aucune majorité à l’Assemblée, mais Emmanuel pense qu’être Prince, c’est diriger son pays sans Borne. On ne le sait pas encore, mais serviteurs de l’État, députés, sénateurs ne sont que des soldats de plomb dans le jeu d’Emmanuel, parce qu’Emmanuel sait bien que les institutions ont une faille : quand tu n’as pas de majorité pour faire passer tes idées à la con, la majorité, c’est toi ! Et plutôt 49.3 qu’une.
Là, Emmanuel, puisqu’il est un peu sadique (c’est le fait du Prince), propose tout de suite de faire passer sa proposition électorale la plus conne, celle que personne n’a vue un peu trop occupé à faire barrage contre la Marine à voile (ou sans, je sais plus) :
Filer du poison aux plus de 65 ans !
Borne nous explique qu’il y en a une (de borne), et qu’elle doit être fixée, sinon on va tous mourir heureux et bien portant. Il faut donc euthanasier tout le monde à l’âge anniversaire fatidique de ses 65 ans.
Plus merveilleux encore, ceux qui partiront avant pour avoir été plus méritants que les gratte-papiers chargés de pondre tous les jours des idées toujours plus connes les unes que les autres (ceux qui ramassent les poubelles pleines de brouillons d’idées à la con), eh bien ceux-là seront en plus maudits pour ne pas participer aux cotisations des plus vieux qu’on achèvera à 65 ans.
Tout le monde trouve la proposition complètement conne. Elle n’a aucun sens. Marine propose qu’on tue les Gens avec du gaz moutarde produit à Dijon et Horizon bouché se pince le nez en l’ajoutant à sa réforme, histoire de gagner les voix des Mariniers pour le vote. Mais patatras, finalement, ces couillons ne semblent pas vouloir voter pour une réforme aussi con (ou pas assez con, on ne sait plus).
Les gens défilent dans la rue. Ils disent ne pas vouloir être euthanasiés à 65 ans. Amnesty International dit que quand même, le gaz moutarde produit à Dijon, ça va un peu loin. Mais rien y fait. Dans la constitution, il est dit que quand Borne n’atteint pas la majorité, elle peut s’en laver les mains et sortir un joker “démocratique” : le quarante-neuf-trois (du bas italien « quarente-nuvo-ceco-tre », signifiant « quarantaine princière). Chiffre magique multiple de 666. Nombre premier du foutage de gueule.
Il y a une astuce écrit en tout petit comme dans les contrats d’assurance qui te fait penser que tu as un recours en cas de pépin, mais qui n’est qu’une ligne à la con en bas de page écrite en tout petit : la motion de censure.
Or, rarement mise en mouvement, la “motion” (parce que ce sont les serviteurs de l’État qui votent, et s’ils votent, ils perdent leur job et ils n’auront plus assez de trimestres pour leur cotisation à la retraite) n’a aucune chance de passer.
La réforme à la con passe. Et le lendemain, Emmanuel vient à la télévision narguer les jeunes et dire aux vieux qui ont voté pour lui et qui ne sont pas concernés par sa réforme à la con : « Nananère, vous avez voté pour moi. La réforme était dans mon programme. Vous lisez jamais les petites lignes écrites en petit ? Vous êtes trop cons. »
Les Gens : « Connard. T’avais pas dit « ce vote m’oblige » ? »
« Hi, hi. « Noblesse oblige ». »
Un poison est un poison.
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