Politique(s) & médias

Dans un jeu politique où la communication est au centre de tout, les réunions et papotages entre journalistes et « politiques » sont des exercices incontournables pour les sociétés « démocratiques » dans lesquelles nous vivons. Au premier regard, on pourrait se dire que tout ce qui produit du sens (politique) a du bon, sauf que ces rendez-vous n’en produisent aucun, et s’ils peuvent à l’occasion évoquer quelques idées ou avoir le mérite d’exprimer une position (politique), le principe en est toujours le même : jouer. En politique, il y a ceux qui jouent, et ceux qui avancent des idées.
Les premiers sont poussés par l’ambition (la gagne). Qu’on commente le jeu ou qu’on y participe, les enjeux sont toujours les mêmes. Qui ? Qui va gagner ? Qui va se présenter ? Qui pour tel ou tel poste ? Qui a dit quoi ? Qui pense quoi de qui ? C’est ce que j’appelle la politique nominative.
Et à côté de ceux qui font ainsi mumuse, il y a ceux qui se refusent de jouer et qui conçoivent la politique comme une affaire sérieuse. Inutile de dire que quand on refuse de jouer le « jeu », soit ce qu’on dit reste inaudible, soit on finit malgré soi par y jouer. La cour, même quand on ne veut pas en être, on y est poussés de force…
Le jeu de cour, la courtisanerie, le jeu politique, la politique politicienne, la politique spectacle, ou la politique nominative, donc…, devraient être identifiés, condamnés, parce qu’ils rendent de fait illégitime, suspecte, toute décision ou affirmation.
La courtisanerie est partout : quand on papote avec un ami au sujet d’un autre, on entre dans ce jeu, peut-être inconsciemment, mais on cherche l’appui de l’autre, contre un autre, pour son intérêt personnel ; quand on discute avec sa concierge, on ne fait rien d’autre que de parler « des uns et des autres », et tout ce qu’on pourrait apprendre pourrait être utilisé contre eux… Dans un monde ou le « réseau social » est devenu si important, on comprend qu’il soit devenu la règle jusque dans la logique de l’espace public et dans l’organisation de la société par ceux qui la font. Mais en politique, l’individu, seul, est un nuisible qui agit contre l’intérêt général, pour son intérêt particulier. La démocratie est censée organiser au mieux les activités, échanges, débats, politiques, pour décider ensemble ce qui est le mieux pour tous. C’est un système pensé pour agir contre les réflexes individualistes, aristocratiques, qui sont le propre des organisations politiques primitives. Mais il arrive que « l’appareil » démocratique perde de vue ses principes fondateurs et mette en place de nouveaux usages obéissant, à nouveau, à des logiques de cour et à des guerres de personnes. Le « qui » est toujours plus facile à identifier que le « quoi » ou le « comment ». C’est pourquoi il se partage et se communique mieux. Ainsi, dans la vie (le jeu) politique française, les hommes politiques se lancent dans des carrières (politiques) comme d’autres se lancent dans le football ou la chanson. La politique, on y vient faire carrière. Les citoyens votent pour des candidats, puis applaudissent leurs représentants, et au final, tout ne devient plus qu’un jeu de cour où chacun doit user des meilleurs stratagèmes (on parle de « bons stratèges ») pour arriver à ses fins (d’abord entrer à la cour, puis se hisser au plus haut du pouvoir). Où est l’intérêt « politique » dans tout ça ? Nulle part. Mais l’honneur est sauf, parce qu’un responsable politique peut toujours chanter la Marseillaise pour prouver son attachement aux valeurs républicaines.
Il ne faudrait pas confondre « ère de l’information » avec « ère de la communication ».
Si on échange des contenus, il est souvent vide de sens, ou compressé pour être au mieux échangé : plus c’est grossier, plus ça se répand. Et si les « politiques » suivent les conseils de leurs communicants, le problème, c’est bien également que les animateurs de ces « débats politiques », ou commentateurs de cour, les journalistes, font plus de la communication que de l’information.
Ainsi, la situation ne serait peut-être pas aussi critique, si les différents acteurs de ce « jeu » n’acceptaient pas de participer de la même manière à ces enfantillages. Autrement dit, à la fois « politiques », mais également « journalistes », s’acoquinent un peu trop facilement avec les facilités (et les bénéfices) de la politique nominative. Un homme politique pourra toujours tenter de se positionner sur le terrain des idées, il sera malgré lui (ou pas) rappeler sur celui des personnes et des ambitions. Tout cela aurait été follement amusant au XVIIIᵉ siècle dans les jardins de Versailles, seulement le petit peuple a faim…
Un exemple illustre mieux ce décalage entre le jeu « politique » auquel prennent part « aristocrates de la politique » et « chroniqueurs de la cour ». Voici une transcription de la bien nommée « interview politique » à la matinale sur France Info. En gras, tout ce qui a trait aux considérations personnelles. (On voit qu’au début, c’est encore pour initier un semblant de discours sur un sujet de société réel, ensuite, on se perd totalement dans les discussions de cour.)
— Bonjour Jean-Christophe Cambadélis.
— Bonjour.
— Faut-il interdire les Nuits debout place de la République à Paris ? Pierre Aidenbaum, maire socialiste du IIIᵉ arrondissement dénonçait ce matin sur Franceinfo l’occupation permanente de la place, et ce, après des violences commises ce week-end. Que faire ?
— Dénoncer, ce n’est pas interdire. Il est vrai que tant que c’était bon enfant, on pouvait tolérer, même si l’occupation, la privatisation d’une place n’est pas totalement possible. Et même si nous sommes dans une période pour le moins troublée du point de vue des risques de terrorisme. Mais là, depuis quelques jours, la violence s’est invitée, à tel point que les organisateurs de la Nuit debout ont été chercher, le comble, les CRS pour les aider samedi dernier. Donc la difficulté est là. C’est-à-dire qu’on peut discuter, dialoguer, c’est un élément extrêmement important dans notre vie publique, dans notre moment présent. Mais si ça tourne à la violence, on ne peut pas le tolérer.
— Alors justement, qu’est-ce qu’on fait puisque nous sommes au douzième jour de ce mouvement ? (On va en dire deux mots d’ailleurs.) Que faire ? François Fillon, chez les républicains, s’étonne qu’on ait d’un côté l’état d’urgence, et de l’autre, dit-il, on tolère ce type de rassemblement.
— Écoutez, moi je crois que… il faut le tolérer. Mais il faut l’encadrer. Donc, il faut que les forces de l’ordre soient là pour…
— Une Nuit debout avec des CRS ?
— Ce serait les CRS debout… qui seront là pour faire en sorte que les violences ne viennent pas perturber ceux qui veulent discuter.
— Des CRS debout dit Jean-Christophe Cambadélis, c’est un nouveau concept ? Que dit le responsable politique que vous êtes face à ce mouvement dans lequel les politiques ne sont pas les bienvenus ?
— Pas simplement les politiques, ce qui prouve que c’est très intéressant. Pas de politiques, pas d’experts, pas de journalistes. La volonté de discuter entre soi, d’échanger de répondre à des questions, il y a une dimension contre-société, c’est pas du tout, moi, mon orientation, mais je crois que c’est une sorte de re-politisation par le bas.
— Vous y êtes passé vous-mêmes, ils ne vous ont pas reconnu d’ailleurs.
— Oui, on m’a reconnu. Il pleuvait. C’était le premier jour.
— Vous aviez un chapeau ?
— J’avais une casquette.
— C’est ça !
— Donc ils n’avaient pas l’habitude de m’voir dans cet accoutrement.
— Quand vous dites qu’il n’y a pas d’experts. Il y a par exemple Frédéric Lordon*, c’est plutôt un expert…
* beau paradoxe, puisque Lordon refuse de se voir comme un leader, mais pour un « journaliste », il faut des noms, alors on le met en avant, et ne se pose alors plus qu’une question, fondamentale, courtisane : « Mais jusqu’où Frédéric Lordon ira-t-il ? ». Passionnant.
— Oui mais vous savez, ces émissions où on met trois experts avec un politique, et qui tourne en rond dans les chaînes d’info, etc. Bah, là, les gens en ont ras le bol. Ils veulent discuter entre eux. Je trouve que c’est pas mal.
— Jean-Christophe Cambadélis, Manuel Valls reçoit ce matin les syndicats étudiants et l’unef réclame toujours le retrait pur et simple de la loi El Khomri, qu’est-ce qu’on fait ?
— On continue…
— On continue quoi ?
–… au niveau du gouvernement, et du parlement, à améliorer la loi. Il y a un processus parlementaire qui est en marche, la commission à l’assemblée nationale a traité le sujet. Il y a pas mal de propositions qui sont intéressantes, et on va dans ce sens. Voilà. On n’a pas décidé de la retirer, donc on va l’améliorer.
— Vous entendez ces parents d’élèves qui témoignent, qui redoutent des dérapages policiers : il y a des gosses dans la rue ?
— Bien sûr.
— Qu’est-ce qu’on fait ?!
— Qu’est-ce qu’on fait… bah ils sont pas obligés de manifester. Vous êtes drôle, vous… Les manifestations, c’est une prise de risque*. Tout le monde le sait, donc aux parents de discuter avec leurs enfants, et de leur dire ce qu’ils pensent de la loi. S’ils pensent qu’il faut la retirer, bah ils manifestent, s’ils pensent qu’il ne faut pas la retirer, ils ne manifestent pas…
* la question portait sur les dérapages policiers…
— L’unef est déterminée. C’est le retrait, sinon rien.
— Écoutez, l’unef… Rappelez-moi depuis 1960, quand l’unef* a défendu une loi présentée par un gouvernement ? Jamais. Donques, là ils sont pour le retrait. Prenez les bouts de film de ma jeunesse, donc il y a quarante ans, et vous verrez que mot à mot, c’est exactement la même chose que maintenant.
* on change le cheval pour une écurie, c’est pareil.
— Ce matin, on lit dans la presse, Monsieur Gattaz qui dit qu’il en veut plus. À gauche, on en veut pas. Monsieur Gataz n’en veut plus… Enfin, on a l’impression, d’un incroyable embrouillamini.
— Écoutez, on ne fait pas des réformes sous le diktat, ou la recommandation, de Monsieur Gattaz. On fait des réformes pour l’ensemble des Français. À partir du moment où on veut une réforme équilibrée, évidemment que Monsieur Gattaz est contre. Parce que lui, il veut une réforme qui soit en résonance avec les revendications du MEDEF. Moi, je veux des réformes qui soient équilibrées, où il y a à la fois de la souplesse, mais en même temps, de la sécurité pour les salariés. Je sais que ça défrise, mais ça, c’est pas mon sujet.
— Jean-Christophe Cambadélis, vous êtes le premier secrétaire du PS, c’est ça hein ?
— Absolument.
— Il y a une question à vous poser ce matin. Parce qu’on discutait entre nous avant cette interview, est-ce qu’il y aura un jour une primaire à gauche ? On n’a pas très bien compris c’que vous aviez dit lors du conseil national du parti socialiste. Est-ce que vous pourriez nous expliquer ce qui va se passer, concrètement, quoi ? (Quelque chose de simple.)
— Vous z’avez pas compris parce qu’on a voté à l’unanimité. Je remarque que quand le parti socialiste vote à l’unanimité, les journalistes ne comprennent pas. Parce que, c’est pas possible… les socialistes…
— C’est une synthèse.
— Non, pas du tout ! À l’unanimité. Donc, c’est très simple. Donc, c’est très simple… Nous sommes, pour répondre positivement, à l’appel de notre primaire. Point un. Nous sommes pour une primaire, sans préalable, sans préjugés, avec une seule condition (toute petite condition, très simple) : que tout le monde soit derrière le gagnant.
— Donc, si au mois de décembre François Hollande, président sortant, décide de se représenter, il en passera par la primaire, c’est ça ?
— Il passera par la primaire s’il le souhaite, et à ce moment-là…
— Nan, nan, c’est pas s’il le souhaite…
— Jusqu’à présent, ce n’est pas le parti socialiste qui dicte au président de la république. Donc il passera par la primaire s’il le souhaite. Moi, je le souhaite. Mais à lui de décider. C’est dans le texte. Si vous lisez les textes du parti socialiste, c’est « si le président de la république le souhaite ».
— Donc, il n’y aura pas de primaires si François Hollande se représente et ne veut pas passer par la primaire.
— Mais il (le) passera par la primaire, si tout le monde est dans la primaire. Si c’est simplement un regroupement de personnes qui sont contre sa politique, il peut pas y passer.
— Mais il y a des gens, sauf erreur de ma part, qui ont dit qu’ils ne seront pas dans cette primaire. Donc on est en train de parler d’un truc qui n’aura pas lieu.
— Ça j’en sais rien, mais en même temps moi je souhaite la primaire, parce que, c’est très simple s’il y avait une primaire, ce serait le moyen le plus économique de rassembler la gauche. On discuterait, à la fois sur le bilan de ce que nous avons fait, on serait en capacité de (se) projeter dans l’avenir, et le premier janvier, c’est terminé, le débat à gauche est fini : on se tourne vers la droite. Ce serait tout de même très économique. Bah voilà, maintenant, il faut essayer de la construire, il faut essayer d’apaiser les craintes des uns et des autres. J’ai bien compris que la crainte du parti communiste et des verts, c’était que François Hollande gagne la primaire, m’enfin bon… quand on est pour une primaire, il faut quand même accepter le résultat du match.
— Donc, rendez-vous, au mois de décembre.
— Avant. Rendez-vous au mois de juin où on prendra les décisions définitives.
— Jean-Christophe Cambadélis, vous avez vu Emmanuel Macron au 20h de France2, hier soir ? Le ministre de l’économie est « en marche ». Et il va faire du porte-à-porte. Est-ce que c’est la bonne idée, est-ce que c’est la bonne méthode ?
— C’est vachement moderne. De faire du porte-à-porte. Nan ?… C’est vachement moderne !
— Et pan !
— Moi je trouve ça vachement bien. Voilà, il faut du porte-à-porte… D’ailleurs je l’invite dans le XIXᵉ à le faire ensemble.
— Vous lancez l’invitation ce matin à Emmanuel Macron ?
— Oui, oui. Viens Emmanuel, on va faire du porte-à-porte tous les deux dans le XIXᵉ arrondissement.
— Sérieux ? C’est ironique ?
— Pourquoi ce serait ironique ?
— Bah, parce que ça l’est !
— Mais pas du tout !
— Donc vous invitez le ministre de l’économie… enfin vous voulez l’accompagner dans sa démarche… de porte-à-porte.
— Non. Je veux qu’il vienne avec moi dans le XIXᵉ arrondissement de Paris, c’est ma circonscription. Donc, on ferra les cages d’escalier ensemble.
— Il revendique 13 000 adhérents depuis le lancement de son mouvement. Un toutes les trente secondes, a-t-il dit. Vous le croyez ?
— Pourquoi ne devrais-je pas le croire le ministre de l’économie ? Je crois ce qu’il dit. Il est ministre du gouvernement, je n’ai pas raison de mettre en cause la parole d’un ministre du gouvernement de la gauche.*
* la question porte sur le nombre d’adhérents d’un homme politique, pas sur une question économique, c’est beau comme du Jarry.
— Franchement, Jean-Christophe Cambadélis, il est candidat, intrinsèquement, vous le sentez candidat ?
— Mais écoutez, tout le monde sait que Emmanuel Macron ne sera pas candidat contre le président de la république s’il se présente. Tout le monde sait qu’il est comptable du bilan de Manuel Valls au gouvernement. Tout le monde sait qu’il n’est pas au parti socialiste. Et tout le monde a compris qu’il voulait cette idée un peu baroque, mais que je regarde avec attention, c’est faire triompher la gauche dans la droite. Voilà, c’est très bien.
— Faire triompher la gauche… dans la droite ?!
— C’est ça, non ? Quand on est ni de droite ni de gauche.
— Il dit, ni gauche, ni droite…
— Voilà… Donques, c’est faire triompher la gauche dans la droite.
— Il prône une solution radicale.
— Oui, c’est quoi les solutions radicales ? Pourquoi il les a pas proposées au gouvernement ?
— Donc pour vous, vous n’y croyez pas.
— Mais c’est pas que je ne le crois pas ! J’écoute. Moi je fais ça avec tout le monde. J’écoute et j’essaie de comprendre. Vous voyez, il n’y a pas que les journalistes qui ont du mal à comprendre.
— Il vous agace terriblement, monsieur Cambadélis.
— Pas du tout. Mais pas du tout.
— Au ton qui est le vôtre, on voit bien…
— Si on veut faire un peu d’humour, on est agacé. Mais moi je ne suis pas agacé par monsieur Macron. Je trouve que… il est de quelqu’un de très intéressant dans l’espace public en ce moment. Les médias en raffolent. Tant mieux, comme ça on parle pas du reste.
— Quand vous voyez Emmanuel Macron qui agace un peu autour de lui, peut-être vous, on ne sait pas ce matin, que vous voyez Ségoleyne Royale critiquée pour sa gestion de la région Poitou-Charente, par Alain Rousset qui a récupéré la grande région, que dites-vous ce matin ? Halte au feu ?
— Oui, un peu. Je crois qu’on peut essayer de trouver des solutions. Il y a un audit qui a été fait. À partir de là, il ne s’agit pas de s’envoyer le bilan à la face des uns et des autres (la droite le fait assez). Mais d’essayer de surmonter… S’il y a eu des difficultés, moi je connais pas le dossier, mais s’il y a des difficultés, il faut les surmonter ensemble. On est quand même membre de la même famille.
— Jean-Christophe Cambadélis, vous allez lancer cette semaine, comment ça s’appelle… l’alliance ?
— La belle alliance populaire ! Pourquoi…
— C’est quoi… comme « en marche », c’est encore un machin politique.
— C’est « marchons ensemble », là. Il s’agit de rassembler des citoyens qui seront majoritaires dans l’affaire. Des syndicalistes, des responsables associatifs, et des politiques de différents horizons, il y aura quelques surprises, vous verrez… et qui veulent réfléchir… ensemble*. Et faire des propositions, travailler à ce que sera un nouveau progressisme dans le moment que nous traversons.
* l’idée du progrès, ce n’est donc pas d’échanger des idées, mais de se réunir. C’est une partouze en fait, et on peut dire qu’elle est politiquement correcte parce que non discriminante… Tout le monde peut venir, on se fout de vos idées, seul votre cul compte.
— Et il y a quand même un décalage absolument phénoménal quand on vous observe les uns les autres comme on peut vous observer ici tous les matins, entre ce que vous nous dites et les gens qu’on croise dans la rue… La belle alliance populaire, OK super, en marche, Manuel Valls de son côté… Enfin tout ça n’est pas un peu lunaire, monsieur Cambadélis ?
— Pas du tout. À partir du moment où vous avez cette capacité à mettre au centre des citoyens… Vous me dites les citoyens, ceux qu’on rencontre dans la rue… eh ben là, on les met dans un regroupement. Nous, nous ne nous opposons pas…
— À un an des élections, toujours… on fait des regroupements citoyens et après on les abandonne.
— Pas du tout. C’est pour ça que nous avons fait les états généraux dès que je suis arrivé au parti socialiste. Mais nous, nous n’opposons pas, comme certains, le citoyen aux organisations politiques…
— Ça, c’est pour Emmanuel Macron.
— Pas du tout, pas du tout. Nous pensons, que nous devons gagner ensemble. Et que nous devons proposer ensemble. Et qu’il n’y a pas d’experts ou de politiques au-dessus du citoyen, et qu’il n’y a pas de citoyen qui sait sans aussi dialoguer avec les experts et les politiques. Donc, nous allons travailler… ensemble.
— Jean-Christophe Cambadélis, le chef de l’État va parler aux Français, sur France2, jeudi soir. Comme Chirac d’ailleurs, avril 2005, c’était il y a onze ans. À quoi ça sert ?
— Il me semblait… je sais pas, j’avais lu un peu partout que… on s’étonnait que le président de la république ne parle pas. Donques, quand il ne parle pas, on le critique, quand il parle, on le critique. Ça fait partie du Hollande-bashing, c’est très porté en ce moment. Il s’exprime dans un dialogue, avec des Français, c’est bien ce qu’on lui demande ? Je crois qu’il doit faire la pédagogie de son quinquennat, expliquer ce qu’il a voulu faire, ce qu’il a fait, ce qu’il a réalisé, ce qui a le moins marché.
— Tout à l’heure, vous moquiez, avec sympathie, le porte-à-porte d’Emmanuel Macron, là aussi, ça va être une émission, qui va être intéressante, mais c’est aussi une recette un peu déjà vu : le président qui souhaite s’adresser directement aux Français.
— C’est une sorte de porte-à-porte devant l’ensemble des Français. Je trouve que c’est une très bonne idée. La vie est cruelle, c’est ça le slogan du jour, non ?
— Très sincèrement, vous pensez que le chef de l’État peut rebondir avec ce type de dialogues ?
— Mais il ne cherche pas à rebondir. Il cherche à s’expliquer. Après, on verra s’il rebondit… C’est pas le sujet du jour. Ne réduisez pas une intervention à une déclaration qui viserait à changer la face de la France dans le moment présent. Il s’agit simplement de dialoguer. Je crois que c’est nécessaire pour notre pays.
— Merci à vous.
C’est ça. Merci à tous de saloper la vie politique en la réduisant à une chronique de cour.
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