Padre padrone
Padre padrone Vu le : 19 mai 1997 |
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Journal d’un cinéphile prépubère : 19 mai 1997
L’ensemble (scénario, mise en scène) est incroyable. À l’image d’une séquence : l’enfant garde la bergerie, le premier, le second, et le troisième plan montrent successivement un chien qui crie, un serpent qui siffle et un âne affolé ; seulement au quatrième plan, on voit l’enfant qui a peur ; au cinquième, avec l’ellipse de la transition (on va droit à l’essentiel), l’enfant court et son père vient le rattraper. Ainsi la mise en scène ne montre que ce qui est nécessaire, et exceptionnel, d’où l’utilisation d’ellipses dans les transitions, et la stéréotypisation des actions (toujours une action ou une situation pour une séquence et un plan pour une sous-action, pour la clarté). On est loin du naturalisme. Ce serait plutôt du symbolisme, voire quelquefois du surréalisme. Le récit a quelque chose de mystérieux, de fataliste. Cela pourrait parfois rappeler Pasolini, mais avec moins d’intellectualisme et de cocasserie folklorique (Des oiseaux petits et gros), et avec plus de pathétisme (panthéisme ?), de ludisme, de spectacle : c’est un vrai drame, une chronique où le temps s’échelonne sur plusieurs années, les actions sont concrètes, moins thématiques que chez Pasolini. Le sujet, le thème, c’est l’histoire, la fable, la morale est celle qui pourrait être suggérée par l’action (?).
Certains procédés de mise en scène sont intéressants, comme avec le traitement du son, les voix des animaux, la musique subjective en pleine campagne.
La première partie utilise beaucoup ce genre de procédés pour mettre en scène l’attente, le néant, de la vie du garçon. Alors que la seconde partie, dès ses vingt ans, l’action se met en route : relations entre le père et le fils, son éducation… Effet superbe quand, à la fin, le narrateur réapparaît, et on revoit la scène du début où son père le cherche à l’école, là même où on l’avait laissé sous cet angle (presque à ce moment du Tarantino.)