L’Esclave libre, Raoul Walsh (1957)

Mirage de la liberté

L’Esclave libre

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : Band of Angels

Année : 1957

Réalisation : Raoul Walsh

Avec : Clark Gable, Yvonne De Carlo, Sidney Poitier, Carolle Drake

Magnifique film. Dommage qu’il soit difficile de le trouver… Il semble être apprécié en France par les cinéphiles et les critiques alors qu’il est un peu ignoré aux USA. Il faut dire que le film accumule les boulets : échec commercial, sans doute un style un peu tard pour l’époque (quoique, 1957…, on a vu pire, il y aura encore des films de ce genre dans les 60’s, même si c’est vrai qu’on ne peut s’empêcher de penser à Autant en emporte le vent tourné vingt ans avant), Gable en vieillard (mais ça va parfaitement avec son rôle, Yvonne de Carlo, dépassant les trente ans pour un personnage tout juste sorti de l’adolescence, ça fait plus mal…, et on ne pouvait pas mettre dans les pattes de Gable une gamine…).

La photo est magnifique, tout comme les décors. La maison à la Nouvelle-Orléans ressemble pas mal à celle que l’on voit en noir et blanc dans Un tramway nommé Désir… Des petits coins sympas pour des drames du Midi (Roméo et Juliette, Cyrano de Bergerac…).

L’histoire est un drame romantique peu crédible, mais vu qu’on frise le mélo, ça n’a pas trop d’incidence. Yvonne de Carlo est censée être une métisse qui s’ignore, ne l’apprenant qu’à la mort de son père, perdant ainsi tous ses droits, et découvrant alors la vie d’esclave (on retrouve le même principe dans Mirage de la vie deux ans plus tard). Yvonne manque d’être violée par un négrier puis est vendue au marché d’esclaves de la Nouvelle-Orléans : Gable doit flairer là qu’il y a un bon sujet de film. À sa grande surprise elle est bien traitée. Et se laissera séduire. Seulement la Guerre de Sécession commence et pour ne pas céder toutes ses plantations aux Yankees, Gable y fait mettre le feu. L’un de ses esclaves, qu’il a élevé comme son fils (Sidney Poitier) le hait parce que, dit-il, c’est pire d’avoir été éduqué et de se savoir toujours esclave. Ce fils rejoint l’Union et le traquera jusqu’à la fin. Gable rend la liberté à Yvonne, mais celle-ci est tombée amoureuse de lui… Alors Gable lui raconte son histoire, d’où lui vient toute cette fortune… Après des patati et des patata, Poitier retrouve Gable pour bénéficier de la mise à prix qui court sur sa tête. Gable lui raconte son passé (il aime raconter des histoires, il est vieux, il peut plus faire que ça, quand les jeunes, on le sait, détestent qu’on leur gâte le poil), qui a commencé en Afrique alors qu’il venait de naître et lui avoue le lien qui les unis. Tout est bien qui finit bien, Gable retrouve sa belle et Poitier va pouvoir “régner” sur la région…

Rien de bien original donc, mais c’est parfaitement mis en scène par Raoul Walsh. Comme d’habitude on pourrait dire. Il y a le charme de la Louisiane, l’autorité détachée de Gable, l’insolence de Poitier et une magnifique actrice qui ne tournera semble-t-il que ce film et qui a pourtant une grâce rare, un maintien presque princier (elle ne marche pas, elle glisse), une dignité dans le ton, l’attitude, une assurance, un charme quoi. Son rôle aurait mérité un peu plus d’attention. Quand on cherche Carolle Drake sur le Net, rien que dalle, même pas une photo potable, aucune bio. Certes un seul film, mais quelle présence ! Encore une actrice noire de l’époque qui passe à la trappe…


L’Esclave libre, Band of Angels, Raoul Walsh 1957 | Warner Bros

Bande-annonce méta


Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1957

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