Il y aura une rétrospective Jean Cocteau. Ici, La Belle et la Bête.
Le programme de la Cinémathèque française est tombé pour la rentrée. Voyons ce qu’on nous réserve pour ce premier trimestre.
Rétrospective Raoul Walsh
Plus qu’une rétrospective, il conviendrait même de parler d’intégrale… Un moment fort de ce début de saison, mais ce sera principalement sans moi. Il y a encore tellement de cinématographies à explorer, à mettre en lumière, des territoires injustement méconnus (en particulier le cinéma de l’Est et asiatique), et la tek trouve encore moyen d’enfoncer les portes ouvertes. On peut supposer que la rétrospective soit la suite logique des événements déjà lancés au printemps dernier concernant le centenaire de la Warner. Prix de gros sur la Warner. Heureusement que j’ai pratiquement déjà tout exploré chez le maître de « l’action ». Car il se trouve qu’il y a quelque chose comme vingt ans, inspiré sans doute par les pitreries des Académiciens, je m’étais lancé comme défi de suivre la filmographie d’un certain nombre de cinéastes en partant de la fin d’une liste alphabétique. J’en étais donc vite arrivé à « Walsh ». Beaucoup de mes commentaires pas bien finauds de l’époque sont partagés d’ailleurs sur le site. Pour Minnelli, je n’avais été revoir qu’un film ; ici, j’imagine que je ferais l’impasse sur les révisions. Je me contenterai, et c’est déjà pas si mal, de deux ou trois raretés :
Un des chefs-d’œuvre muet du cinéaste Faiblesse humaine, situé en bonne place dans les Indispensables du cinéma 1928. L’occasion de voir Gloria Swanson. Probablement The Man I Love, l’occasion cette fois de voir Ida Lupino dans (quoi d’autre ?) un film noir (le film est projeté en même temps qu’une autre séance et est suivi d’une discussion avec une critique, c’est mal engagé). On verra s’il ne me reste pas plutôt de la place pour voir comment se dépatouille Walsh dans… une screwball comedy, Empreintes digitales : Cary Grant et des bijoux, tiens, tiens (et Joan Bennett). Et puis, un dernier muet à la longueur rebutante, Au service de la gloire. (Il y a une discussion après Annie du Klondike, ça devrait valoir le détour d’entendre parler de Mae West qui ne bénéficie probablement pas aujourd’hui de toute l’attention qu’elle mérite — notamment de la part des féministes —, mais on ne peut pas tout voir…)
Cinéma et mode
Pas très emballé. La Cinémathèque nous a déjà gratifié ces dernières années d’un certain nombre de films français du milieu du XXe siècle habillés par Christian Dior. Y a dû avoir que moi qui l’ai remarqué. Les rétrospectives cachées de la Cinémathèque… Bref, je verrai si j’ai des ouvertures pour Phantom Thread et Last Night in Soho. Toujours important de se mettre à la page sur des films récents…
Rétrospective Víctor Erice
Pas un grand fan de son cinéma, mais je n’ai vu que les deux ou trois principaux. Le Songe de la lumière est à voir en priorité.
Avant-première Jean-Luc Godard
Film annonce du film qui n’existera jamais : « Drôles de Guerres » Why not. 20 minutes posthumes pour dire adieu suivies de 60 minutes documentaires.
Hommage à Jerry Schatzberg
En sa présence (et qui arrive à réveiller pour l’occasion les mardis de la Cinémathèque). Je me laisserai bien tenter par du glauque en perspective avec Portrait d’une enfant déchue.
L’autre Prévert
Pierre donc. Verrai sans doute L’affaire est dans le sac, une référence chez les historiens français du cinéma à ce qui se murmure dans mes cartons (Jacques Lourcelles et cité dans mon Cent ans du cinéma Télérama : leur Top 10 films français des années 30).
Rétrospective Catherine Breillat
La Cinémathèque continue de mettre à l’honneur les femmes cinéastes après les attaques grossières des féministes (sic) suite à la rétrospective Polanski et celle de Brisseau annulée. Deux jours avant, la tek propose un autre premier film, celui de Yolande Zauberman, dans la cave, alors qu’on projettera l’avant-première du nouveau film de Breillat. Télescopage étrange, en tout cas, on pourra à nouveau soupirer quand des intégristes s’insurgeront du manque de diversité à la Cinémathèque au prochain connard bénéficiant des honneurs d’une rétrospective. Qu’elles regardent un peu mieux le programme. La diversité, ce n’est pas à ce niveau que ça pose problème. D’ailleurs, la tek avait mis à l’honneur Kira Mouratova il y a quelques mois (avant la guerre), il y aurait encore sans doute pas mal de femmes cinéastes de l’ère soviétique à éplucher. D’une pierre deux coups.
Et pour en revenir à Breillat, j’en ai vu deux. Une catastrophe. Son premier est à voir, Une vraie jeune fille. Pour le reste, je ne peux que me fier aux notes ou aux prix parce que je n’irai pas y jouer ma peau d’explorateur : Brève Traversée et À ma sœur ont l’air d’être les plus intéressants (je ferai l’impasse sur Romance par exemple qui avait causé quelques remous à l’époque façon Show Girl — je laisse les spécialistes du révisionnisme se laisser tenter, avec trois films supplémentaires, j’en aurais sans doute suffisamment fait le tour).
Rétrospective Cédric Kahn
Fait partie des cinéastes lancés à la fin des années 90 par une série de téléfilms Arte ayant fait date (Tous les garçons et les filles de leur âge). Pas le plus en vue des cinéastes de la « nouvelle qualité française » : après L’Ennui, j’avoue qu’il est un peu sorti des radars. Pas très emballé de prime abord, mais on fera peut-être un effort pour Trop de bonheur qui conditionnera mon intérêt pour la suite (le reste est loin de faire envie).
Rétrospective Pascal Thomas
Dans ce que j’appelle la « nouvelle qualité française », il y a deux époques. Celle qui s’est constituée à la fin des années 90, notamment autour de Desplechin et à travers le parrainage d’Arte, et celle constituée autour de Truffaut ou de son style au cours des deux ou trois décennies précédentes. Même saveur, même eau tiède, même fémisisme (de la Fémis), même adoubement cahieriste (des Cahiers du cinéma). La nouvelle qualité française, c’est un peu la littérature blanche appliquée au cinéma hexagonal : on attend d’un film qu’il ait des qualités littéraires… au cinéma (et le génie, c’est encore d’arriver à vendre ça chez les copains avec qui ils font des entretiens — gagnant-gagnant). Pascal Thomas appartient à cette première « vague ».
Il n’est pas rare de voir des talents ou des films qui sortent de l’ordinaire dans un lot de cartes perdantes. On produit beaucoup, et quand on produit beaucoup (des petits drames de gens sans histoire, le plus souvent — à opposer aux grands drames disparus qui par ses outrances, et ses écarts vers d’autres genres, pouvaient se rapprocher du mélodrame), il n’est pas rare de voir des miracles se produire. Pascal Thomas ne m’a jamais attiré, peut-être justement parce qu’il flirte volontiers avec la comédie. La comédie des beaux quartiers, de plages ou des genoux de Claire. Beaucoup de cinéma français dans ce trimestre à la Cinémathèque, niveau exploration, on fait mieux. « Pour soigner votre réputation, soignez vos relations domestiques : honorez ceux susceptibles de vous honorer à leur tour. » Moi, j’honore personne, je me moque de ma réputation. Et je ne me laisserai pas la chance de croire en Thomas en voyant ses films sans concessions. Na. Je vais voir du Kahn, du Breillat, les mecs, je fais ma part. Changez de disque un peu.
Rétrospective David Fincher
Sérieux. Bon, j’adore beaucoup de films de Fincher, mais est-ce que c’était nécessaire ? Besoin de faire des coups, toujours, puisque la tek proposera l’avant-première de son nouveau film suivi d’une discussion avec la mafia des lieux (les abonnés). Je reverrai bien Alien3 sur grande écran, mais bon sang, entre rétrospectives françaises et cinéma américain, il reste quoi ? (Eh ben, pas d’Alien. Soit véto de Fincher, soit conflit avec distributeur. Plouf.)
Rétrospective Agnès Varda
Mais ? Il y a eu une rétrospective Agnès Varda en 2019 ! Elle radote la Cinémathèque ? Merci Agnès, je t’aime. On se revoit dans trente ans ou là-bas.
(Rétrospective du cinéma mexicain… Ah, ah, là, on tient enfin quelque chose d’intéressant !)… 13 trésors du cinéma… fantastique mexicain
OK. On va s’en satisfaire, hein. On sent l’influence raugerienne (de JF Rauger). Je déteste l’horreur, mais j’ai besoin d’entendre autre chose que du français et de l’anglais dans les films. J’ai les crocs. Je veux du sang. N’y connaissant rien, je me fis… aux notes. Vais essayer d’en voir bien la moitié. Deux ou trois bien prometteurs, cela dit. Même à travers le prisme de l’horreur, ce cinéma mexicain semble décidément cacher bien des surprises.
Rétrospective Kim Jee-woon
Beaucoup d’avant-première, en ce premier trimestre, dites-moi… On essaiera d’en glaner une (de place) pour cette fois (le film parle du cinéma coréen des années 60). Pour le reste, je n’ai jamais été un grand fan des films du bonhomme (plutôt Deux Sœurs que J’ai rencontré le diable). J’espère donc y trouver de quoi amender mon jugement, et ça se fera à coup sûr bien plus en explorant un ou deux de ses premiers films (il semble avoir glissé comme bien d’autres vers les mégaproductions indigestes).
Rétrospective Jerry Lewis
Probablement un peu daté le Lewis. « Jerry » se prononce « j’ai ri », pas « je ris ». (Applaudissement pour les artistes, s’il vous plaît.) J’en ai vu très peu, sait-on jamais. Les deux ou trois plus connus me tendent les bras. Les ricains vont pouvoir encore répéter pendant les vingt prochaines années que les Français sont un peu zinzins : la preuve, ils adorent Jerry Lewis. (Les Cahiers, oui.)
Rétrospective Jean Cocteau
Hum, le seul documentaire qui m’intéressait est projeté avec une de ses pitreries mythologico-expérimentales. Sans moi. Côté Cocteau scénariste : L’amore, « de » Rossellini et avec Anna Magnani fera l’affaire. Il y avait un film espagnol avec Vittorio Gassman pour le moins intriguant, mais il passe en même temps qu’un chef-d’œuvre de… Jerry Lewis. Je me consolerai avec Ruy Blas et la Darrieux.
7eme saison d’American Fringe
Deux documentaires probables à voir : Black Barbie et Bad Axe.
Les classiques de D.W. Griffith
Les Chagrins de Satan (pour voir Adolphe Menjou jeune). Et ce sera tout pour moi. Il en reste un dernier qui m’intéresse, pas forcément un classique : penser à le regarder chez ma voisine en streaming. (Streaming et Griffith sont des mots qui vont très bien ensemble. Très bien ensemble.)
En vrac
Séance gratuite le 18 septembre à la cave de l’excellent La Maternelle de Jean Benoit-Lévy et de Marie Epstein. Je crois qu’on peut remplir les toilettes hommes de la Cinémathèque avec tous mes lecteurs, alors la salle Epstein… ne vous y ruez pas trop nombreux. (Il y a un programmateur qui doit follement aimer le film : il est globalement projeté tous les deux ans.)
Séance spéciale : introduction d’un procédé sonore inventé pour Tremblement de terre. Ça tombe bien, j’ai vu le film quand j’étais môme, et je voulais le revoir.
Avant-première : Wim Wenders. Ah.
Coups d’un soir : Beyond the Valley of the Dolls, Russ Meyer. J’ai souvent priorisé les bons films durant ma (déjà) longue carrière de cinéphile boiteux. On fera une exception pour cette fois.
Je te dis que (je n’irai pas revoir) J’ai rencontré le diable, Kim Jee-woon-2010-softbank-ventures-showbox-mediaplex-peppermint-company
La Cinémathèque française Sur La Saveur des goûts amers :
Les ratés de la Cinémathèque française
Petite sociologie des salles de cinéma à la Cinémathèque française