I Am Mother, Grant Sputore (2019)

Je suis Godot

Note : 3 sur 5.

I Am Mother

Année : 2019

Réalisation : Grant Sputore

Avec : Hilary Swank

Une entame prometteuse, et puis, le film se retrouve pris à son propre piège en soulevant un nombre incalculable de pistes, en suggérant des hors-champ et des environnements au-delà du huis clos de cette capsule de survie postapocalyptique, parce que comme la plupart des films de SF bon marché se maintenant à flot avec des décors léchés mais restreints, ça finit par manquer de cartouches et de carburant pour satisfaire l’appétit du spectateur.

Ouvrir autant de pistes, ça oblige à en emprunter de temps en temps, histoire de ne pas laisser le spectateur sur sa faim. Presque toujours dans ces cas-là, l’ouverture vers le monde, vers l’extérieur, est un casse-tête décoratif : on change d’un coup d’échelle de plans, les plans d’ensemble apparaissent, et au choix, soit c’est la déception qui est au rendez-vous, soit on trouve ça encore trop minimaliste : trop peu, trop petit, trop cheap. George Lucas avait bien résolu l’affaire : ne montrer l’extérieur qu’à la toute fin du récit (tandis que, de mémoire, L’Âge de cristal, par exemple, de Michael Anderson s’y était cassé les dents).

Alors, si le décoratif restreint pas mal les réponses données au spectateur (qui forcément s’en posent beaucoup), sa frustration ne fait que grimper quand les dialogues peinent à leur tour à éclaircir le beau programme promis en introduction. (En un mot, je n’ai pas tout compris, et n’ai pas beaucoup fait d’efforts pour comprendre.)

Le film souffre aussi des détours multiples entre les genres par lesquels il est obligé de passer pour meubler : thriller SF plutôt psychologique ou plutôt action survivaliste, tout peut se mêler dans l’absolu (les exemples sont nombreux), mais seulement si on arrive à gérer chacune des séquences dans un style défini et à tirer le meilleur de chacune d’entre elles. Or, le plus souvent, on reste dans une sorte de mise en scène qui ne sait trop sur quel pied danser : appliquée, certes, mais incapable de jouer sur les différents accents du récit, un peu comme si tout se valait… (Pour cela c’est vrai aussi, il faut pouvoir étoffer les rapports entre les personnages, les tendre, les rendre plus conflictuels, pour être capable de créer de véritables montées de tensions, puis des moments d’accalmie. Quand on se perd à raconter des détails qui ne font pas véritablement écho au sujet et qui sont autant de fausses ou de mauvaises pistes, ça limite le temps octroyé à ces autres éléments dramaturgiques essentiels pour faire monter la tension entre les personnages. — Par exemple, on nous dit qu’il y aurait d’autres hommes dehors, et puis, en fait, non… On attend Godot).


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