Démineurs, Kathryn Bigelow (2009)

Pétard mouillé

Démineurs

Note : 3 sur 5.

Titre original : The Hurt Locker

Année : 2009

Réalisation : Kathryn Bigelow

Avec : Jeremy Renner, Anthony Mackie, Brian Geraghty

Je ne suis pas mécontent de voir si peu de films contemporains. C’est ça la grande qualité du cinéma américain ? Ça et… Avatar ? Ce n’est pas forcément un mauvais film… Je ne vais pas dire non plus que c’est un film mineur, mais la guerre, blabla…, rien à foutre de la guerre, montrée comme ça… Un film de guerre, c’est un film contre la guerre, c’est une vilaine satire contre les cons donc contre nous-mêmes, et tout autre chose ne saurait être que considéré que comme mineur, ou minable. Ce n’est pas de la politique, c’est une histoire de goût. Je constate. Viendra peut-être un jour où j’envisagerais d’un bon œil les nouveaux conflits créateurs de grands films ; pour l’instant, sans ce regard sur la guerre, je doute de pouvoir regarder un de ces films sereinement.

Les faux films à thèse pour éviter justement le prétexte d’un banal film d’action dans un contexte explosif, ça va cinq minutes. Ouh là là, la guerre, c’est une drogue, les soldats sont des camés… Merci, on le savait déjà en voyant Voyage au bout de l’enfer avec Christopher Walken accro aux jeux de hasard et qui ne pouvait se contenter de la Française des jeux… Si le Cimino est un chef-d’œuvre, c’est qu’il y a un contrepoint à cette folie : avec le personnage de De Niro (voire la présence féminine de celui de Meryl Streep). Là, on a qu’un point de vue, celui du mec camé à l’adrénaline (les Cahiers du cinéma pourront dire que c’est un thème cher à la réalisatrice…). C’est du cinéma endoscopique, pour des sujets ça peut en effet procurer un certain intérêt, quand ça ne fait qu’ajouter à la grossièreté du sujet, ça devient vulgaire. Ça me laisse perplexe. Je n’arrive pas à m’identifier à un mec comme ça. Et je n’arrive pas à m’intéresser pour de tels sujets qui me semblent sévèrement torchés pour des anus nourris à la testostérone. La guerre comme fantasme, l’odeur du sang, du risque, non merci.

Démineurs, Kathryn Bigelow 2009 | Voltage Pictures, Grosvenor Park Media, Film Capital Europe Funds (FCEF )

Je le répète, le film est loin d’être mauvais. Les soldats sont accros à la guerre, OK (ça ne doit pas être la majorité des cas en plus, la plupart doivent subir ce qui leur arrive). Mais un film qui a tout l’air d’être à thèse pour dire une telle banalité, ça ne va pas bien loin. Le premier sourcil se lève par politesse tandis que l’autre n’en a déjà plus rien à faire. On pourrait trouver dans le film un pur plaisir de spectateur. C’est moins con que le film de son ex-mari, mais Avatar était ouvertement un pur divertissement. Démineur se veut hybride, et au final on ne sait pas ce que c’est. J’avais déjà l’arrière-train qui était resté coi devant Jarhead, je n’ai vraiment pas le béguin pour ces films. Si la Bigalow voulait dire que certains soldats prenaient du plaisir à la guerre, il fallait y aller à fond et ne pas être timide sur la connerie des personnages. C’est juste mou du genou et ça sue l’ennui. Loin des connards de militaires qu’on peut voir dans Apocalypse Now (le personnage de Duval) ou dans Full Metal Jacket… Ça, c’est du cinéma. De là, à penser que la Bigelow est elle-même accro à ce qu’elle dénonce…, bah, je n’en suis pas loin. Ce film, c’est quoi pour elle ? Elle veut se prouver que l’adrénaline, c’est une drogue, et elle nous fait son petit témoignage de camé aux bouffeurs de sensations fortes anonymes ? Je ne capte pas. Et on ne peut même pas se raccrocher au(x) personnage(s) : les relations et leur développement sont quasi nuls. Tout repose sur les scènes de déminage ou de missions — une fois le type tente de rechercher les terroristes qui avaient utilisé son pote comme bombe humaine, mais ça ne va pas plus loin. D’ailleurs, c’est peut-être ça qui sauvera pour moi le film dans quelques années : en faire un film à la loupe sur une profession, à la Bresson, sans psychologie, sans sentiments, à la Pickpocket en somme. Il faudra le revoir dans dix ans, si le film se bonifie, parce que là, ce n’est pas loin d’être un pétard mouillé (pas étonnant parce que chez moi, l’adrénaline, la drogue, ça n’évoque pas grand-chose).

Peut-être que chaque spectateur a un sexe, et que celui-ci ne correspond pas toujours à ses parties génitales. Et alors je dois être un peu gouine sur les flancs parce qu’un film sans jupe, sans bout de téton qui dépasse, sans jambes, sans reins, sans chevelure, sans le sourire d’une femme ou sans son petit regard perdu ou en coin, je digère mal. Tout film est un petit moment de séduction où on n’a rien à faire d’autre qu’ouvrir la boîte à fantasmes et se laisser faire. Tu veux, tu veux pas, c’est l’autre qui fait le travail et qui prend tous les risques. On joue à se laisser séduire. Ça n’engage à rien, on sait que l’expérience une fois finie, on repassera de l’autre côté. Et quand vient alors l’heure des constats ou des explications, va expliquer ce qui te touche au plus profond…



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