
Introduction, principes et index
< Les Indispensables du cinéma 1934 | Les Indispensables du cinéma 1936 >
Les 5 films de l’année 1935 :
- La Fiancée de Frankenstein, James Whale
- Les 39 Marches, Alfred Hitchcock
- Une nuit à l’opéra, Sam Wood
- Le Danseur du dessus, Mark Sandrich
- Le Triomphe de la volonté, Leni Riefenstahl
Au programme :
Irving Thalberg fait venir les Marx Brothers à la MGM. George S. Kaufman et Morrie Ryskind, responsables de leurs premiers succès à Broadway, sont de retour à l’écriture sur Une nuit à l’opéra. Surfant sur le succès de L’Île au trésor, le studio au lion revitalise le film de piraterie et oppose Charles Laughton à Clark Gable dans Les Révoltés du Bounty. Le film obtient l’Oscar du meilleur film ainsi que trois nominations pour ses trois acteurs principaux (Franchot Tone était le troisième). Jack Conway offre à Ronald Colman un de ses meilleurs rôles en adaptant le roman de Charles Dickens sur la Révolution française : Le Conte de deux cités devient à l’écran Le Marquis de Saint-Évremond. George Cukor propose une adaptation d’un autre roman de Charles Dickens : David Copperfield. Alors que Universal produit une suite à Frankenstein, la MGM se lance sur le terrain du fantastique et de l’horreur : c’est ainsi que trois ans après La Momie, Karl Freund réalise son dernier film à la mise en scène en proposant une nouvelle version des Mains d’Orlac de Maurice Renard. Le film est aussi le premier film tourné à Hollywood par Peter Lorre après ses succès en Europe. Dans un style plus classique, et deux ans après La Reine Christine, la MGM relance Greta Garbo dans une nouvelle version d’Anna Karénine (l’actrice suédoise avait tenu le rôle sous la direction d’Edmund Goulding en 1927). La Divine tourne ainsi pour la sixième fois avec le réalisateur Clarence Brown (c’est en revanche sa seule collaboration avec Fredric March, son partenaire de toujours, John Gilbert, malade et alcoolique n’étant plus sous contrat avec le studio : il décédera au début de l’année suivante). Le studio offre par ailleurs une suite à sa comédie musicale Broadway Melody, cette version dite de 1936, bien supérieure à la précédente est un immense succès inattendu : Robert Taylor y fait une première apparition dans un rôle de producteur de music-hall, mais c’est surtout le style unique de danse de son actrice alors inconnue, Eleanor Powell, qui dénote avec les productions de Busby Berkeley ou de la RKO et qui fait le succès du film. Broadway Melody de 1936 sera nominé à l’Oscar du meilleur film et gagnera la statuette pour la meilleure chorégraphie (plusieurs suites seront produites jusqu’à la décennie suivante).
Acteur protéiforme, aussi bien à l’aise dans des personnages antipathiques que dans d’autres plus lunaires, dans la comédie ou le drame, Charles Laughton navigue également d’un studio à l’autre : après la MGM et Les Révoltés du Bounty, pour la Paramount, il apparaît en majordome britannique plongé dans le Far West. L’Extravagant Mr Ruggles est réalisé par Leo McCarey. Toujours à la Paramount, Marlene Dietrich est dirigée une dernière fois pas Josef von Sternberg dans La Femme et le Pantin. Le réalisateur américain d’origine allemande fait également tourner l’acteur des Mains d’Orlac, Peter Lorre, dans une adaptation de Crime et Châtiment. Devant la caméra d’Henry Hathaway, Gary Cooper est Peter Ibbetson et un des Trois Lanciers du Bengale.
À la Warner, on parie également sur le film de cape et d’épée maritime en proposant en collaboration avec la Cosmopolitan un remake de Capitaine Blood. Le film en costumes n’est alors pas une spécialité du studio. Pour l’occasion, Errol Flynn, alors totalement inconnu, devient le digne successeur de Douglas Fairbanks. Une autre inconnue partage le haut de l’affiche avec lui : Olivia de Havilland. Le couple à l’écran tournera dans un peu plus d’une demi-douzaine de films au cours des dix prochaines années presque toujours sous la direction de Michael Curtiz (lui est loin d’être un novice, mais le film est son premier véritable succès). Jack Warner décide également de porter à l’écran Le Songe d’une nuit d’été (spectacle musical de Felix Mendelssohn inspiré de Shakespeare) monté par le célèbre décorateur et metteur en scène Max Reinhardt : ce sera son unique film signé en Amérique, il est assisté ici du réalisateur allemand William Dieterle. Autre spectacle musical, le studio propose une suite à Chercheuses d’or : Dick Powell reste en tête d’affiche, Busby Berkeley en assure la réalisation et la chorégraphie. Dans un genre plus typique de la firme, sous pavillon de la First National qui vit ses dernières heures au sein de la Warner, James Cagney chasse Les Hors la loi (code Hays renforcé oblige, contrairement à ce que laisse penser le titre français, le film se place du “bon” côté de la barrière : le “G” du titre, G Men, fait référence au “gouvernement”).
À la RKO, John Ford offre un rôle d’Irlandais à Victor McLaglen dans Le Mouchard. Tous deux gagnent un Oscar, ainsi que Max Steiner pour sa musique. Après le succès de La Joyeuse Divorcée, Ginger Rogers et Fred Astaire sont à nouveau réunis dans Le Danseur du dessus (toujours sous la direction de Mark Sandrich). Accompagnée de Cary Grant, Katharine Hepburn se travestit en homme dans Sylvia Scarlett. C’est déjà le troisième film que l’actrice tourne avec George Cukor ; ils collaboreront en tout sur dix films jusque dans les années 70. La même année, l’actrice reçoit une nomination aux Oscars pour Désirs secrets, film pour lequel elle impose à la réalisation un ancien directeur de la photographie sur des films burlesques : George Stevens.
Déjà auteur du Mouchard, John Ford réalise pour la Columbia Toute la ville en parle, une comédie avec Edward G. Robinson qui fait la paire ici avec Jean Arthur dont c’est le premier succès à l’écran (le film est coécrit par Robert Riskin, scénariste oscarisé de New York – Miami). Année faste pour Ford : il réalise également Steamboat Round the Bend pour la Fox (il s’agit du troisième et dernier film tourné par Ford avec l’acteur Will Rogers qui décède quelque temps avant la première du film dans un accident d’avion).
Juste avant de fusionner avec la Fox, la 20th Century Pictures de Darryl F. Zanuck produit Les Misérables, une version plus condensée que celle produite en France l’année précédente par Raymond Bernard. Fredric March et l’omniprésent Charles Laughton partagent l’affiche. Cinéaste relativement discret à Hollywood, il s’agit du film le plus connu de Richard Boleslawski (on lui doit sans doute beaucoup de l’usage de la “méthode” inspirée de Stanislavski sur le continent américain).
Pour Universal, Preston Sturges est chargé d’adapter une pièce du dramaturge hongrois Ferenc Molnár (auteur du Liliom porté à l’écran l’année précédente par Fritz Lang) : La Bonne Fée est réalisé par William Wyler et Margaret Sullavan en est l’interprète principale.
En France, Marcel Pagnol produit en Provence Toni de Jean Renoir. Après Le Grand Jeu, toujours assisté de Charles Spaak au scénario, Jacques Feyder réalise La Kermesse héroïque (Françoise Rosay et Louis Jouvet sont de la partie).
En Angleterre, après L’Homme qui en savait trop, Alfred Hitchcock réalise Les 39 Marches avec Robert Donat.
En Allemagne, Leni Riefenstahl exalte les valeurs du totalitarisme dans Le Triomphe de la volonté.
En Union soviétique, Le Bonheur est dans le pré : on le doit au talent burlesque d’Alexandre Medvedkine. Le duo Grigoriy Kozintsev et Leonid Trauberg réalise La Jeunesse de Maxime, et Abram Room signe Un jeune homme sévère.
En Chine, deux ans après Le Petit Jouet, Sun Yu réalise La Route.
Au Japon, la Nikkatsu entre dans la danse et Sadao Yamanaka réalise un coup de maître avec Sazen Tange et le pot d’un million de ryos. Dans une veine toujours sociale et familiale, Yasujirô Ozu tourne son dernier film muet à la Shochiku : Une auberge à Tokyo. Mikio Naruse, de son côté, quitte la Shochiku pour P.C.L. et réalise son premier succès sonore avec Ma femme, sois comme une rose (il est récompensé avec ce film de son premier Kinema Junpo Award). Après Yaé, la petite voisine, Yasujirô Shimazu change de registre en adaptant un mélodrame en costumes de Jun’ichirō Tanizaki : Okoto et Sasuke (Kinuyo Tanaka en est l’actrice principale).
En animation, Walt Disney propose une nouvelle merveille dans la collection Silly Symphony : Music Land.
La Fiancée de Frankenstein, James Whale 1935 | Universal
*Indice de notoriété

La Fiancée de Frankenstein, James Whale
1 112 982*

Les 39 Marches, Alfred Hitchcock
909 568

Une nuit à l’opéra, Sam Wood
722 670

Le Danseur du dessus, Mark Sandrich
452 760

Le Triomphe de la volonté, Leni Riefenstahl
161 568

Les Révoltés du Bounty, Frank Lloyd
78 432

Sazen Tange et le pot d’un million de ryos, Sadao Yamanaka
39 424

L’Extravagant Mr Ruggles, Leo McCarey
35 644

Le Mouchard, John Ford
30 044

Capitaine Blood, Michael Curtiz
22 946

La Fanfare, Wilfred Jackson
19 344

Toni, Jean Renoir
17 640

La Femme et le Pantin, Josef von Sternberg
10 488

Le Marquis de Saint-Évremond, Jack Conway
9 360

Les Mains d’Orlac, Karl Freund
8 784

La Kermesse héroïque, Jacques Feyder
8 584

Une auberge à Tokyo, Yasujirô Ozu
8 100

Le Bonheur, Alexandre Medvedkine
7 008

Sylvia Scarlett, George Cukor
6 200

Ma femme, sois comme une rose, Mikio Naruse
5 400

Peter Ibbetson, Henry Hathaway
5 244

Le Songe d’une nuit d’été, William Dieterle & Max Reinhardt
4 896

Les Misérables, Richard Boleslawski
4 774

David Copperfield, George Cukor
4 736

Anna Karénine, Clarence Brown
3 500

La Bonne Fée, William Wyler
3 450

Désirs secrets, George Stevens
3 036

Chercheuses d’or de 1935, Busby Berkeley
2 898

Toute la ville en parle, John Ford
2 482

Les Hors la loi, William Keighley
2 272

Les Trois Lanciers du Bengale, Henry Hathaway
2 100

Steamboat Round the Bend, John Ford
1 794

Broadway Melody of 1936, Roy Del Ruth
1 360

La Route, Sun Yu
1 320

Music Land, Wilfred Jackson
962

Crime et Châtiment, Josef von Sternberg
828

Okoto et Sasuke, Yasujirô Shimazu
414

La Jeunesse de Maxime, Grigoriy Kozintsev & Leonid Trauberg
264

Un jeune homme sévère, Abram Room
264
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