Les Indispensables du cinéma 1936

Les Indispensables du cinéma 1936

Introduction, principes et index

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Les 5 films de l’année 1936 :
  1. Les Temps modernes, Charlie Chaplin
  2. Godfrey, Gregory La Cava
  3. Sur les ailes de la danse, George Stevens
  4. L’Extravagant Mr. Deeds, Frank Capra
  5. Furie, Fritz Lang

Au programme :

Charlie Chaplin fait de la résistance : cinq ans après son dernier film, Les Temps modernes reste “muet” (Chaplin en assure toutefois la musique).

Universal se lance brillamment dans la screwball comedy avec Godfrey : Morrie Ryskind (les films de Marx Brothers) est à l’adaptation, Gregory La Cava à la réalisation, et William Powell, emprunté pour l’occasion à la MGM, retrouve son ex-femme Carole Lombard. Le studio adapte également un des succès musicaux de Broadway, Show Boat : James Whale prend ainsi de la distance avec ses précédents succès tournés vers l’horreur, Irene Dunne tient le rôle principal, et le rôle de Joe fait de Paul Robeson une des premières stars noires à Hollywood en interprétant Ol’ Man River. Parallèlement, le studio relance la mode des serials en adaptant à l’écran le comic strip de science-fiction Flash Gordon.

La RKO confie à George Stevens le soin de réaliser la nouvelle comédie musicale réunissant Ginger Rogers et Fred Astaire : Sur les ailes de la danse (habituel collaborateur du duo dansant, Mark Sandrich réalise avec le couple le moins remarqué En suivant la flotte).

Deux ans après le succès de New York – Miami, Frank Capra et Robert Riskin inaugurent à la Columbia une série de films sur « monsieur tout le monde » : L’Extravagant Mr. Deeds réunit à l’écran Gary Cooper et Jean Arthur (l’actrice vient d’être révélée dans un autre film écrit par Robert Riskin : Toute la ville en parle). Sur Désir, et quatre ans après L’Adieu au drapeau, Gary Cooper retrouve Frank Borzage ainsi que Marlene Dietrich, sa partenaire de Cœurs brûlés. Pas plus soumis à un contrat d’exclusivité que Gary Cooper, Irene Dunne passe de Universal à la Columbia pour apparaître dans Théodora devient folle aux côtés de Melvyn Douglas (l’actrice reçoit une nomination aux Oscars pour le film).

À la MGM, le premier film américain de Fritz Lang est une fable humaniste d’une rare violence : Sylvia Sidney et Spencer Tracy sont réunis dans Furie. En plus de Godfrey tourné pour Universal, William Powell apparaît dans trois autres films de la MGM (tous accompagnés de Myrna Loy) : une suite à L’Introuvable où il reprend son personnage de détective distingué imaginé par Dashiell Hammett (Nick, gentleman détective), une biographie de Florenz Ziegfeld, célèbre directeur de revues à Broadway décédé quelques années plus tôt (Le Grand Ziegfeld) et enfin Une fine mouche pour lequel Spencer Tracy rejoint le duo de L’Introuvable (c’est aussi la dernière apparition remarquée de Jean Harlow qui décédera à seulement 26 ans après deux derniers films à la MGM). La MGM pleure avant ça son emblématique producteur : Irving Thalberg. Un de ces derniers choix aurait été d’imposer l’actrice Luise Rainer à Louis B. Mayer dans Le Grand Ziegfeld pour lequel elle gagne un premier Oscar. Georges Cukor, assisté au scénario de Frances Marion et de James Hilton, adapte à l’écran La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils sous le titre français « Le Roman de Marguerite Gautier ». On fait cadeau pour l’occasion à Greta Garbo de la dernière trouvaille du studio pour lui donner la réplique : Robert Taylor (Lionel Barrymore complète le haut de l’affiche). Déjà réalisateur de Nick, gentleman détective, W.S. Van Dyke se voit confier la réalisation d’un film mettant en vedette le San Francisco de 1906 avant le tremblement de terre : Jeanette MacDonald, Clark Gable et Spencer Tracy forment le trio de stars de ce San Francisco. Avec Les Poupées du diable, Tod Browning réalise son avant-dernier film pour la firme au lion ; Erich von Stroheim qui travaille peu à Hollywood depuis l’échec de Queen Kelly participe au scénario (il viendra en France par la suite jouer notamment pour Renoir), et la distribution réunit Lionel Barrymore (un habitué des films de Browning) et Maureen O’Sullivan (la Jane de Tarzan).

1936 marque les débuts d’une collaboration fructueuse entre le producteur indépendant Samuel Goldwyn et William Wyler : après deux comédies de bonne facture tournées l’année précédente, le réalisateur natif de “Mulhouse” sort trois films remarqués : Dodsworth (nominé à plusieurs Oscars, dont un pour son acteur principal : Walter Huston), Ils étaient trois, adapté de la pièce à succès de Lillian Hellman et qui fera l’objet d’un remake 25 ans plus tard (pour cette première version, William Wyler dispose d’une distribution de qualité : Miriam Hopkins, Merle Oberon et Joel McCrea), et enfin Le Vandale, dans lequel le même Joel McCrea fait face à Edward Arnold.

À la Warner, Leslie Howard, Bette Davis et Humphrey Bogart sont réunis dans La Forêt pétrifiée. On capitalise sur le succès de Capitaine Blood en réunissant la même équipe sur La Charge de la brigade légère : Errol Flynn et Olivia de Havilland en tête d’affiche, Michael Curtiz à la réalisation. William Dieterle réalise un film sur La Vie de Louis Pasteur qui recueillera trois récompenses aux Oscars dont celui du meilleur interprète pour Paul Muni.

Pour la toute jeune 20th Century Fox, John Ford raconte l’histoire d’une injustice : Je n’ai pas tué Lincoln.

Au rayon burlesque, Laurel et Hardy font toujours les joies de Hal Roach : ici avec C’est donc ton frère.

En animation, au Studio Fleischer, après Betty Boop, on profite de la couleur pour donner vie à Popeye (Popeye et Sindbad le marin).

En France, Jean Renoir réalise sur un scénario de Jacques Prévert Le Crime de monsieur Lange, adapte Maxime Gorki avec Les Bas-Fonds, (Jean Gabin et Louis Jouvet se partagent le haut de l’affiche), puis tourne Partie de campagne, adaptation d’une nouvelle de Guy de Maupassant qui ne sera présenté au public que dix ans plus tard. Marcel Carné tourne son premier film avec Françoise Rosay (Prévert est déjà au scénario) : Jenny. On retrouve Jean Gabin dans un film très « Front populaire » d’un Julien Duvivier indécis sur la fin à appliquer à son film : La Belle Équipe (Gabin est accompagné entre autres de Charles Vanel et de Viviane Romance ; Charles Spaak est à l’écriture). En bon cabotin et en grand amoureux des bons mots, Sacha Guitry profite des opportunités offertes par le cinéma parlant en réalisant quatre films en 1936, mais son film le plus remarquable est adapté de son unique roman : le dramaturge n’aura jamais réalisé plus cinématographique que Le Roman d’un tricheur. Marcel Pagnol achève sa trilogie en réalisant lui-même César. À cheval entre la France et Hollywood où il n’a pas encore de grands succès, Charles Boyer, deux ans après le Liliom de Lang, tourne Mayerling. Le film est un succès international et assoit également son actrice, Danielle Darrieux, au rang de vedette. Le réalisateur du film, Anatole Litvak émigre aussitôt à Hollywood.

En Suède également, un film connaît la reconnaissance internationale : Intermezzo. Son actrice principale, Ingrid Bergman, repérée par un David O. Selznick désireux de prendre ses distances avec la MGM, rejoint Hollywood où elle tournera un remake du film avec Leslie Howard.

En Angleterre, Alfred Hitchcock et Charles Bennett adaptent un roman de Joseph Conrad : Sabotage (l’actrice de Furie, Sylvia Sidney, en est l’actrice principale). H.G. Wells n’est pas en reste, car le film post-apocalyptique La Vie future est adapté d’un de ses romans. Au pays des premières locomotives, on documente le génie logistique de la poste dans Courrier de nuit. Devant la caméra de Alexandre Korda, Charles Laughton devient Rembrandt.

En Allemagne, Douglas Sirk (qui est alors Detlef Sierck) sort du bois et réalise un mélodrame comme on n’osait plus en faire depuis la fin du parlant avec enfant adopté et mère génétique jouant les nourrices : La Neuvième Symphonie.

En Union soviétique, trois ans après Faubourg, Boris Barnet filme en Azerbaïdjan une rivalité amoureuse sur les bords de la mer Caspienne (Au bord de la mer bleue).

Au Mexique, six ans après Les hommes le dimanche qu’il avait coréalisé en Allemagne, Fred Zinnemann réalise en compagnie d’un novice, Emilio Gómez Muriel, un film quasi documentaire : Les Révoltés d’Alvarado. Il migre ensuite en Amérique et s’installe à Hollywood où il réalisera encore pendant des années des courts métrages. Toujours au Mexique, Fernando de Fuentes met en scène le héros de la révolution, Pancho Villa, dans Vámonos con Pancho Villa !

Au Japon, la Shochiku en a enfin fini avec le muet : Yasujirô Ozu et son scénariste Tadao Ikeda poursuivent sur la voie du shomingeki avec Le Fils unique. Hiroshi Shimizu entame avec Monsieur Merci (adapté du futur prix Nobel Yasunari Kawabata) une série de films légers autour de petits groupes éphémères partis en villégiature. Kenji Mizoguchi entame une collaboration avec le scénariste qui sera l’auteur de tous ses meilleurs films : Yoshikata Yoda. Leurs deux premiers films mettent en vedette Isuzu Yamada dans Les Sœurs de Gion et L’Élégie de Naniwa. Au studio Nikkatsu, le réalisateur du Pot d’un million de ryō, Sadao Yamanaka, lance la carrière de Setsuko Hara à seulement 16 ans dans Kôchiyama Sôshun.


Les Temps modernes, Charlie Chaplin 1936 | Charlie Chaplin Production


*Indice de notoriété

Les Temps modernes, Charlie Chaplin

6 864 600

Godfrey, Gregory La Cava

481 920

Swing Time

Sur les ailes de la danse, George Stevens

345 450

L’Extravagant Mr. Deeds, Frank Capra

249 678

Furie, Fritz Lang

217 250

Partie de campagne, Jean Renoir

207 675

Dodsworth, William Wyler

127 920

Le Roman d’un tricheur, Sacha Guitry

51 072

Le Fils unique, Yasujirô Ozu

45 276

La Forêt pétrifiée, Archie Mayo

43 200

Le Roman de Marguerite Gautier, George Cukor

42 924

Show Boat, James Whale

40 256

La Vie future, William Cameron Menzies

33 264

Le Crime de Monsieur Lange, Jean Renoir

30 149

Une fine mouche, Jack Conway

29 718

Sabotage, Alfred Hitchcock

23 730

Popeye et Sindbad le marin, Dave Fleischer & Willard Bowsky

18 834

Les Sœurs de Gion, Kenji Mizoguchi

17 760

Monsieur Merci, Hiroshi Shimizu

16 425

Nick, gentleman détective, W.S. Van Dyke

13 680

César, Marcel Pagnol

8 208

Au bord de la mer bleue, Boris Barnet

8 190

Les Bas-Fonds, Jean Renoir

7 650

Le Grand Ziegfeld, Robert Z. Leonard

7 437

Courrier de nuit, Harry Watt & Basil Wright

6 800

L’Élégie de Naniwa, Kenji Mizoguchi

6 264

La Belle Équipe, Julien Duvivier

5 400

San Francisco, W.S. Van Dyke

4 968

Les Poupées du diable, Tod Browning

4 900

En suivant la flotte, Mark Sandrich

3 976

Désir, Frank Borzage

3 692

Théodora devient folle, Richard Boleslawski

3 550

Rembrandt, Alexandre Korda

3 195

La Charge de la brigade légère, Michael Curtiz

3 150

Ils étaient trois, William Wyler

2 812

Je n’ai pas tué Lincoln, John Ford

2 304

Les Révoltés d’Alvarado, Emilio Gómez Muriel & Fred Zinnemann

2 240

¡Vámonos con Pancho Villa!, Fernando de Fuentes

2 156

C’est donc ton frère, Harry Lachman

1 752

Flash Gordon, Frederick Stephani & Ray Taylor

1 680

Mayerling, Anatole Litvak

1 540

Intermezzo, Gustaf Molander

1 300

La Vie de Louis Pasteur, William Dieterle

1 022

Le Vandale, William Wyler

966

Kôchiyama Sôshun, Sadao Yamanaka

710

La Neuvième Symphonie, Douglas Sirk

594

Jenny, Marcel Carné

396

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