
Les Indispensables du cinéma 1937
Introduction, principes et index
< Les Indispensables du cinéma 1936 | Les Indispensables du cinéma 1938 >
Les 5 films de l’année 1937 :
- Blanche-Neige et les Sept Nains, Walt Disney
- La Grande Illusion, Jean Renoir
- Place aux jeunes, Leo McCarey
- Cette sacrée vérité, Leo McCarey
- Pépé le Moko, Julien Duvivier
Au programme :
Walt Disney met à profit tout le savoir-faire acquis de ses équipes depuis des années au sein de son studio pour proposer un film qui révolutionne l’animation et cartonne dans les salles de toute la planète : Blanche-Neige et les Sept Nains. À noter également, par les mêmes équipes, mais sur un format plus classique et plus court : Le Vieux Moulin et Les Chasseurs de fantômes.
Si le monde entier s’émerveille des films animés par les studios Disney, en France, Jean Gabin monopolise l’attention. Il apparaît d’abord en compagnie de Pierre Fresnay et d’Erich von Stroheim dans La Grande Illusion de Jean Renoir. Comme tous les ans désormais, il rejoint Julien Duvivier sur Pépé le Moko. Il est enfin Gueule d’amour sous la direction de Jean Grémillon. La même année, Julien Duvivier réunit Louis Jouvet, Marie Bell, Françoise Rosay et Harry Baur dans Un carnet de bal. On retrouve Louis Jouvet et Françoise Rosay, mais aussi Michel Simon, Jean-Louis Barrault et Jean-Pierre Aumont dans Drôle de drame, le premier grand classique offert au public par le duo Marcel Carné/Jacques Prévert après Jenny sorti l’année précédente. De son côté, Sacha Guitry signe Les Perles de la couronne.
Respectivement avec la Columbia et avec la Paramount, Leo McCarey réalise deux films tout aussi différents que remarqués : Cette sacrée vérité est une screwball de type « comédie de remariage » opposant Cary Grant et Irene Dunne ; Place aux jeunes met les vieux à l’honneur (le film servira de modèle au Voyage à Tokyo de Yasujirô Ozu).
À la Paramount, Preston Sturges écrit une première comédie réalisée par Mitchell Leisen : Easy Living. Le film met en scène un acteur qui sera récurrent dans les films du réalisateur, Ray Milland ; et les deux têtes d’affiche sont Jean Arthur et Edward Arnold. L’histoire d’amour entre le studio et Marlene Dietrich s’achève avec Ange : ayant été propulsé directeur du studio en 1935, Ernst Lubitsch réalise peu, mais revient pleinement à la réalisation avec celui-ci.
À la Warner, après le succès du biopic sur Pasteur, on remet le couvert sur une autre personnalité française de la Troisième République avec La Vie d’Émile Zola. Le film reçoit l’Oscar du meilleur film (William Dieterle et Paul Muni sont nominés). La même année, pour la MGM, Paul Muni apparaît dans La Terre chinoise où il compose en compagnie de Luise Rainer un personnage de fermier chinois. Sa partenaire reçoit un deuxième Oscar successif après celui reçu pour Le Grand Ziegfeld. On ne les retrouvera plus à pareille fête : les temps changent, la notion de composition de personnage évoluera bientôt vers plus de réalisme grâce au développement de la method et de l’Actors Studio dans les décennies suivantes. Toujours pour la firme, Archie Mayo réalise deux films de genre complètement différents : L’Aventure de minuit, une comédie romantique avec Leslie Howard, Bette Davis et Olivia de Havilland ; et La Légion noire, un film sur les violences systémiques xénophobes du pays, avec pour la première fois en vedette, après le succès de La Forêt pétrifiée, Humphrey Bogart. Le studio fait appel aux mêmes acteurs de La Forêt pétrifiée (Humphrey Bogart et Bette Davis) dans un film de Lloyd Bacon coécrit par Robert Rossen (futur réalisateur de Sang et Or) pour son premier scénario : Femmes marquées. Le studio des frères Warner continue de s’adapter à la représentation de la violence à l’écran qui a toujours été sa marque de fabrique : Mervyn LeRoy dirige ainsi Claude Rains dans ce qu’on n’appelle pas encore « film noir » sur La ville gronde !
Entre deux comédies, et pour la Columbia, Frank Capra et Robert Riskin adaptent au cinéma le best-seller de l’écrivain britannique James Hilton : Horizons perdus.
À la MGM, Spencer Tracy continue de tracer son chemin : avec Capitaines courageux, adaptation d’un roman de Rudyard Kipling, l’acteur est récompensé et reçoit son premier Oscar. Dans un tout autre genre, deux ans après Une nuit à l’opéra, Sam Wood retrouve les Marx Brothers sur Un jour aux courses. Après plus de dix ans dans l’industrie sans grand succès notable, Richard Thorpe réalise un premier thriller qui attire l’attention du public et des critiques : La Force des ténèbres, avec Robert Montgomery et Rosalind Russell.
Morrie Ryskind et Gregory La Cava poursuivent leur collaboration à la RKO après le succès de Godfrey : Pension d’artistes réunit entre autres Katharine Hepburn et Ginger Rogers. Mark Sandrich réalise la nouvelle comédie musicale réunissant Fred Astaire et Ginger Rogers : L’Entreprenant Mr Petrov.
Au sein d’une structure indépendante dirigée par le producteur Walter Wanger, Fritz Lang dirige son actrice de Fury, Sylvia Sidney, sur J’ai le droit de vivre. Le réalisateur allemand trouve avec ce film l’occasion d’interroger une nouvelle fois les injustices de la société américaine et l’actrice y retrouve son jeune partenaire d’un précédent film tourné pour Walter Wanger : Henry Fonda (La Fille du bois maudit). Pour le même Walter Wanger, Frank Borzage réalise Le destin se joue la nuit avec un Charles Boyer de retour à Hollywood après le succès international de Mayerling et avec Jean Arthur (l’image est signée Gregg Toland). Autre producteur désormais indépendant, David O. Selznick produit une première adaptation (parlante) du Prisonnier de Zenda : John Cromwell en est le réalisateur et Ronald Colman l’interprète principal. Selznick propose à William A. Wellman de reprendre la technique du Technicolor employée notamment dans les films Disney : Wellman tourne un premier film écrit par Ben Hecht avec Carole Lombard et Fredric March, Nothing Sacred, et un second surtout, Une étoile est née. Le film met en scène les coulisses sombres de Hollywood à travers le parcours croisé de deux acteurs mariés : Janet Gaynor et (à nouveau) Fredric March en sont les vedettes (ils seront tous deux nominés aux Oscars). Le film serait inspiré du mariage de Barbara Stanwyck ; ironiquement, l’actrice reçoit sa première nomination aux Oscars de l’année suivante pour Stella Dallas, un film de King Vidor là encore produit indépendamment par Samuel Goldwyn. Le même Samuel Goldwyn retrouve William Wyler pour la première adaptation mettant en scène les Dead End Kids : Rue sans issue. Le groupe d’adolescents new-yorkais est chaperonné sur le film par trois vedettes de choix : Sylvia Sidney (déjà partenaire d’Henry Fonda sur J’ai le droit de vivre), Humphrey Bogart et Joel McCrea.
À la Twentieth Century Fox, le vétéran Allan Dwan met en scène la juvénile Shirley Temple dans Heidi, la sauvageonne. Chez Universal, on laisse également l’émigré juif allemand Henry Koster réaliser des films pour adolescentes, dont Deanna et ses boys.
Chez Hal Roach, Laurel et Hardy se retrouvent au Far West. Norman Z. McLeod, ancien collaborateur des Marx Brothers, réalise une screwball comedy avec l’acteur de Cette sacrée vérité, Cary Grant, et avec Constance Bennett : Le Couple invisible.
Au Japon, Sadao Yamanaka réalise son dernier chef-d’œuvre avant de mourir sur le continent : Pauvres Humains et Ballons de papier. Seulement trois de ses films ont été préservés, les trois sont des “indispensables” : les deux précédents sont Le Pot d’un million de ryo (1935) et Kôchiyama Sôshun (1936). Pour la Shochiku, Yasujirô Ozu et Hiroshi Shimizu se partagent la même bande d’acteurs sur Qu’est-ce que la dame a oublié ? pour le premier, et sur Des enfants dans le vent pour le second.
En Chine, juste avant l’invasion nipponne, Yuan Muzhi réalise Les Anges du boulevard.
En Angleterre, Alfred Hitchcock réalise son antépénultième film sur l’île avant son départ pour Hollywood : Jeune et innocent. Alors que des années plus tard, François Truffaut prétendra dans son entretien avec Hitchcock que “cinéma” et “britannique” étaient deux termes incompatibles, c’est un réalisateur français inconnu, Marcel Varnel, qui dirige un film dans un genre qui s’exporte mal, la comédie : Oh, Mr. Porter ! Michael Powell réalise également son premier film notable : À l’angle du monde.
En Pologne, Michal Waszynski réalise un film entièrement tourné en yiddish : Le Dibbouk.
Blanche-Neige et les Sept Nains, William Cottrell, David Hand & Wilfred Jackson 1937 | Walt Disney Animation Studios
*Indice de notoriété

Blanche-Neige et les Sept Nains, William Cottrell, David Hand & Wilfred Jackson
2 882 300*

La Grande Illusion, Jean Renoir
2 187 000

Place aux jeunes, Leo McCarey
519 552

Cette sacrée vérité, Leo McCarey
402 094

Pépé le Moko, Julien Duvivier
120 120

Capitaines courageux, Victor Flemming
66 360

Pauvres Humains et Ballons de papier, Sadao Yamanaka
62 678

Horizons perdus, Frank Capra
57 988

Pension d’artistes, Gregory La Cava
54 054

J’ai le droit de vivre, Fritz Lang
40 880

Laurel et Hardy au Far-West, James W. Horne
36 176

La Vie d’Emile Zola, William Dieterle
33 264

Un jour aux courses, Sam Wood
30 600

Une étoile est née, William A. Wellman
24 090

Stella Dallas, King Vidor
23 680

Le Vieux Moulin, Graham Heid & Wilfred Jackson
22 776

Easy Living, Mitchell Leisen
18 600

Rue sans issue, William Wyler
16 920

Nothing Sacred, William A. Wellman
16 008

Le Couple invisible, Norman Z. McLeod
13 608

L’Entreprenant Mr Petrov, Mark Sandrich
10 650

La Terre chinoise, Sidney Franklin
10 500

Drôle de drame, Marcel Carné
9 990

Le Prisonnier de Zenda, John Cromwell
8 208

Un carnet de bal, Julien Duvivier
7 770

Jeune et innocent, Alfred Hitchcock
6 392

Les Anges du boulevard, Yuan Muzhi
5 390

L’Aventure de minuit, Archie Mayo
5 180

Les Perles de la couronne, Sacha Guitry
4 140

Le destin se joue la nuit, Frank Borzage
3 942

Ange, Ernst Lubitsch
3 744

Heidi, Allan Dwan
3 168

Qu’est-ce que la dame a oublié ?, Yasujirô Ozu
2 520

Oh, Mr. Porter !, Marcel Varnel
2 516

La Force des ténèbres, Richard Thorpe
2 448

Femmes marquées, Lloyd Bacon
2 414

Des enfants dans le vent, Hiroshi Shimizu
2 368

La Légion noire, Archie Mayo
2 070

Deanna et ses boys, Henry Koster
1 809

À l’angle du monde, Michael Powell
1 752

La ville gronde !, Mervyn LeRoy
1 584

Le Dibbouk, Michal Waszynski
1 560

Les Chasseurs de fantômes, Burt Gillett
1 425

Voyage dans le ciel, Jean Painlevé
1 320

Gueule d’amour, Jean Grémillon
1 022
Les indispensables de 1937 commentés :