Les Indispensables du cinéma 1934

Introduction, principes et index

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Les 5 films de l’année 1934 :
  1. New York – Miami, Frank Capra
  2. L’Atalante, Jean Vigo
  3. L’Introuvable/The Thin Man, W.S. Van Dyke
  4. L’Impératrice rouge, Josef von Sternberg
  5. Le Chat noir, Edgar G. Ulmer

 

Au programme :

C’est l’année de Claudette Colbert qui apparaît dans pas moins de trois films avec des studios différents : elle réinvente la comédie auprès de Clark Gable sous la direction de Frank Capra pour la Columbia avec New York – Miami, est Cléopâtre pour Cecil B. DeMille dans un film de la Paramount, et touche au mélodrame avec Images de la vie (première version de Mirage de la vie que Douglas Sirk réalisera en 1959) pour le compte d’Universal. Pour ces deux derniers films, elle partage l’affiche avec Warren William. Les trois films sont nominés aux Oscars, et c’est New York – Miami qui rafle tout : meilleur film, meilleure réalisation, meilleure interprétation masculine et féminine et meilleure adaptation pour Robert Riskin.

Autre film plébiscité cette année-là, mais pas récompensé face au film de Frank Capra par l’Académie : L’Introuvable. Face aux succès du film, plusieurs suites seront réalisées avec Myrna Loy et William Powell. Les deux acteurs inséparables retrouvent d’ailleurs Clark Gable dans Un drame à Manhattan.

Le studio de la Columbia multiplie les comédies de première classe : après New York – Miami, Howard Hawks et Ben Hecht, deux ans après le film de gangsters Scarface, font voyager Carole Lombard et John Barrymore dans Train de luxe.

Au sein de la Paramount, Marlene Dietrich retrouve Josef von Sternberg pour L’Impératrice rouge. Dans un style moins glamour, W.C. Fields joue dans Une riche affaire. À l’écart des studios, King Vidor produit et réalise une histoire de solidarité en pleine Grande Dépression : Notre pain quotidien. Profitant peut-être du succès de La Vie privée d’Henry VIII, Robert Donat entame une carrière aux États-Unis avec la première adaptation sonore du Comte de Monte Cristo. De son côté, Claude Rains, fort du succès de L’Homme invisible, dévoile son vrai visage dans Crime sans passion.

Universal poursuit sa série de films d’horreur : Edgar G. Ulmer réunit Bela Lugosi et Boris Karloff dans une adaptation d’Edgar Allan Poe, Le Chat noir.

1934 n’est pas seulement l’année de naissance de la screwball comedy. Remarqués dans Carioca, Ginger Rogers et Fred Astaire sont propulsés en tête d’affiche par la RKO pour une comédie musicale d’un genre nouveau : La Joyeuse Divorcée, c’est de la romance, beaucoup d’humour, mais aussi une large place laissée à la danse de salon. La décennie sera marquée par une demi-douzaine de chefs-d’œuvre réunissant les deux acteurs. À la MGM, ce sont les veuves qui sont joyeuses, et Maurice Chevalier tourne son dernier film avec Ernst Lubitsch avant de revenir en Europe : La Veuve joyeuse. Toujours à la MGM, Wallace Beery incarne Long John Silver dans l’adaptation de L’Île au trésor, et dans un tout autre genre, Joan Crawford joue dans Sadie McKee. En contrat avec la Warner, Bette Davis est prêtée à la RKO : l’actrice qui se spécialisera bientôt dans des personnages qu’on aime détester donne la réplique à Leslie Howard dans L’Emprise.

En Angleterre, le même Leslie Howard est Le Mouron rouge dans l’adaptation du feuilleton de cape et d’épée sous la Révolution française : Merle Oberon partage l’affiche avec lui sur Le Chevalier de Londres. Douze ans après Nanouk, Robert J. Flaherty réalise L’Homme d’Aran. Réfugié en Angleterre, Peter Lorre tourne pour Alfred Hitchcock dans la première version de L’Homme qui en savait trop (pour cette période britannique, Hitchcock met souvent en scène les scénarios de Charles Bennett). L’acteur de M le maudit quitte dans la foulée la Grande-Bretagne pour rejoindre l’Amérique. Avant de s’établir en France jusqu’à la guerre, Max Ophüls rejoint, lui, l’Italie où il tourne La Dame de tout le monde.

En France, Jean Vigo réalise son second long métrage, L’Atalante, avec Michel Simon. Le jeune réalisateur meurt la même année. L’actrice principale du film, Dita Parlo tourne également en Suisse avec le premier film parlant du réalisateur de Ménilmontant, Dimitri Kirsanoff : Rapt. Dans un genre plus monumental, Raymond Bernard propose une grande adaptation (plus de quatre heures) des Misérables avec Harry Baur en Jean Valjean et Charles Vanel en Javert. Après un passage peu concluant à Hollywood, Jacques Feyder revient en Europe et écrit avec son compatriote Charles Spaak Le Grand Jeu (Marie Bell, Charles Vanel, Françoise Rosay et Georges Pitoëff en sont les acteurs). Autre revenant, Charles Boyer trouve finalement le succès sous la direction de Fritz Lang lors de son bref passage en France : Liliom. Après Mor-Vran et Finis terrae, Jean Epstein tourne à nouveau un documentaire en Bretagne, Chanson d’Ar-mor, tandis que Marcel Pagnol tourne comme à son habitude à Marseille : Angèle.

En Autriche, Willi Forst tourne Mascarade. En Union soviétique, les « Frères Vassiliev » réalisent Tchapaïev, alors que Grigori Alexandrov filme la première comédie musicale soviétique : Les Joyeux Garçons.

À des dizaines de milliers de kilomètres de là, Wu Yonggang réalise un des films les plus marquants de la première moitié du XXᵉ siècle en Chine : La Divine. Non loin de là, Yasujirô Ozu délaisse les histoires de gosses tokyoïtes pour raconter l’histoire d’une filiation difficile dans le monde des acteurs de kabuki : Histoire d’herbes flottantes. Le film reste muet, mais à la Shochiku, on se décide enfin à adopter la voix du parlant : Yasujirô Shimazu réalise Yaé, la petite voisine.

Au Mexique, Juan Bustillo Oro réalise deux films : Le Compère Mendoza et Dos monjes.

Sur le plan de l’animation, quatre ans avant Le Roman de Renard, Wladyslaw Starewicz, aiguise ses outils sur Fétiche. Enfin, Anthony Gross et Hector Hoppin réalisent 9 minutes de Joie de vivre.


New York – Miami, Frank Capra | Columbia Pictures


 

*Indice de notoriété

New York – Miami, Frank Capra

3 685 581*

L’Atalante, Jean Vigo

931 788

L’Introuvable/The Thin Man, W.S. Van Dyke

707 840

L’Impératrice rouge, Josef von Sternberg

149 400

Le Chat noir, Edgar G. Ulmer

62 307

La Divine, Wu Yonggang

60 060

La Joyeuse Divorcée, Mark Sandrich

52 392

Train de luxe, Howard Hawks

47 012

Histoire d’un acteur ambulant (Histoire d’herbes flottantes), Yasujirô Ozu

37 191

Les Misérables, Raymond Bernard

36 852

Une riche affaire, Norman Z. McLeod

36 352

L’Homme qui en savait trop, Alfred Hitchcock

24 522

L’Homme d’Aran, Robert J. Flaherty

15 984

La Veuve joyeuse, Ernst Lubitsch

14 688

Images de la vie, John M. Stahl

14 400

Cléopâtre, Cecil B. DeMille

13 260

Fétiche, Wladyslaw Starewicz

12 012

La Dame de tout le monde, Max Ophüls

9 709

Rapt, Dimitri Kirsanoff

8 030

Mascarade, Willi Forst

6 080

Notre pain quotidien, King Vidor

5 460

L’Emprise, John Cromwell

5 040

Tchapaïev, Gueorgui & Sergueï Vassiliev

4 970

Le Comte de Monte Cristo, Rowland V. Lee

4 588

Les Joyeux Garçons, Grigori Alexandrov

4 140

Un drame à Manhattan, W.S. Van Dyke, Jack Conway & George Cukor

3 976

Le Chevalier de Londres, Harold Young

3 796

Tarzan et sa compagne, Cedric Gibbons, James C. McKay & Jack Conway

3 650

Judge Priest, John Ford

3 162

Le Grand Jeu, Jacques Feyder

2 592

Yaé, la petite voisine, Yasujirô Shimazu

2 272

Chanson d’Ar-mor, Jean Epstein

2 176

Crime sans passion, Lee Garmes, Ben Hecht & Charles MacArthur

2 130

Le Compère Mendoza, Juan Bustillo Oro & Fernando de Fuentes

2 052

Angèle, Marcel Pagnol

2 044

La Joie de vivre, Anthony Gross & Hector Hoppin

1 848

L’Île au trésor, Victor Fleming

1 846

Dos monjes, Juan Bustillo Oro

1 540

Liliom, Fritz Lang

1 224

Sadie McKee, Clarence Brown

1 088

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