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Au programme :

À la Paramount, après Plumes de cheval, c’est Leo McCarey qui est chargé de diriger le grand succès des Marx Brothers : Soupe de canard. Anciens collaborateurs de McCarey au temps du muet, Charley Chase, Laurel et Hardy sont réunis par Hal Roach sur Les Compagnons de la nouba. Mais à la RKO, l’autre grand succès de l’année voit un singe géant grimper en haut de l’Empire State Building fraîchement sorti de terre : King Kong. Son actrice emblématique, Fay Wray, apparaît la même année dans Masques de cire de Michael Curtiz. Dans une veine plus romantique, à la Paramount, et avant les comédies du remariage qui feront le sel des années suivantes, on fait ménage à trois : Ernst Lubitsch retrouve Miriam Hopkins pour Sérénade à trois (Gary Cooper et Fredric March complètent le trio). L’époque est aussi marquée par la repartie et l’insolence de Mae West, habituée des scandales à Broadway : la géniale touche-à-tout (aucune femme n’aura eu sans doute autant d’influence à Hollywood durant ce bref passage pré-code) a son plus grand succès avec Je ne suis pas un ange (elle y lance par ailleurs un jeune acteur comique : Cary Grant).

Le début du cinéma parlant est aussi dansant, et en 1933 la Warner produit trois comédies musicales au style unique chorégraphiées par Busby Berkeley : Chercheuses d’or de 1933, 42ᵉ Rue et Prologues. Une variété bienvenue pour le studio qui devra bientôt mettre le frein sur les films de gangsters et d’autres films bien trop sulfureux pour le code Hays qui sera renforcé l’année suivante. Le pré-code vit ainsi ses dernières heures et Barbara Stanwyck apparaît pour le studio dans un film où elle couche avec les hommes pour arriver aux sommets : Baby Face. Au même moment, de l’autre côté de l’Atlantique, la future Hedy Lamarr fait scandale en apparaissant nue (mais pas seulement) dans Extase. Toujours pour la Warner, William A. Wellman réalise deux films : Héros à vendre et Les Enfants de la crise. Cependant, le studio qui se sépare de Darryl F. Zanuck laisse partir également Ginger Rogers qui s’était fait remarquer dans deux des productions musicales chorégraphiées par Busby Berkeley de l’année : la RKO lui offre alors un contrat, et la paire qu’elle forme avec Fred Astaire dans Carioca donne des idées au studio qui les propulsera bientôt têtes d’affiche dans un type de comédie musicale d’un tout autre genre.

Deux ans après le succès de Frankenstein, James Whale réalise pour Universal une autre adaptation d’un classique de la littérature fantastique : L’Homme invisible. Après avoir fait ses classes dans des comédies et des westerns dans le studio « allemand », William Wyler tourne Le Grand Avocat avec un John Barrymore laissé libre par la MGM après Grand Hôtel.

Pour la MGM, Jean Harlow apparaît dans Bombshell (mis en scène par Victor Flemming). Rouben Mamoulian réunit une dernière fois à l’écran John Gilbert et Greta Garbo dans La Reine Christine. George Cukor est quant à lui chargé de l’adaptation de la pièce à succès de Broadway, Les Invités de huit heures, écrite par George S. Kaufman et Edna Ferber. Le studio fait appel pour l’occasion à Frances Marion (toute fraîche détentrice de l’Oscar du meilleur scénario original) et du futur scénariste de Citizen Kane, Herman J. Mankiewicz, pour en faire l’adaptation. De nombreuses stars sont à l’affiche. La même année, et cette fois pour la RKO, George Cukor propose une adaptation des Quatre Filles du docteur March.

À deux ans de la fusion entre la Fox et la Twentieth Century Pictures, c’est toujours à la Fox que Janet Gaynor tient les premiers rôles : aux côtés de Will Rogers, dirigée par Henry King, elle joue dans La Foire aux illusions.

À la Columbia, Frank Borzage fait tourner un acteur encore inconnu, Spencer Tracy, dans Ceux de la zone. De son côté, Frank Capra entame une nouvelle phase de sa carrière après avoir lancé Barbara Stanwyck : associé à Robert Riskin qui se charge ici de l’adaptation et des dialogues, il retrouve la comédie avec un film dont il proposera un remake presque trois décennies plus tard : Grande Dame d’un jour. L’année suivante, Riskin et Capra lanceront un type de comédie qui siéra parfaitement aux exigences nouvelles du code Hayes, la screwball comedy, avec New York-Miami.

Au rayon des dessins animés, quatre ans avant le tsunami Walt Disney, c’est Dave Fleischer qui adapte une première fois l’histoire de Blanche-Neige. Betty Boop y est toujours en noir et blanc, tandis qu’au même moment, Disney surfe déjà sur la féerie de la couleur en adoptant Les Trois Petits Cochons.

En Allemagne, pour son second film sonore, Fritz Lang donne une suite à son Docteur Mabuse, le joueur : Le Testament du docteur Mabuse. Avec l’accession au pouvoir des nazis, le réalisateur fait le choix de rester en France (il supervise la version française du film) tandis que sa coscénariste et désormais ex-femme, Thea von Harbou, fait le choix de rester au pays. Max Ophüls réalise peut-être son seul grand film tourné en langue allemande, Liebelei : d’origine juive, il se réfugiera en France (contrairement à Lang qui rejoindra presque dans la foulée l’Amérique, Ophüls y restera jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale).

En Angleterre, Charles Laughton fait un bref retour pour jouer dans La Vie privée d’Henry VIII, d’Alexandre Korda (l’acteur britannique recevra un Oscar pour son interprétation). En France, Jean Vigo réalise Zéro de conduite. Annabella est la tête d’affiche du Quatorze Juillet de René clair, mais garde aussi le sourire pour Paul Fejos dans Sonnenstrahl. Duvivier retrouve à nouveau Harry Baur pour La Tête d’un homme. En Espagne, Luis Buñuel achève son documentaire d’avant-garde Terre sans pain, mais censuré dans son pays d’origine, il ne sera montré au public en France que quatre ans plus tard. Au Portugal, José Cottinelli Telmo réalise le premier film sonore portugais : A Canção de Lisboa. En Italie, Raffaello Matarazzo tourne Treno popolare.

En Union soviétique, après s’être frotté à la comédie avec succès au temps du muet, Boris Barnet réalise un film sur la Première Guerre mondiale : Faubourg. Et au Japon, les maîtres sont de sortie : Ozu tourne Cœur capricieux, Mikio Naruse, Après notre séparation, Tomu Uchida réalise Le Policier et Kenji Mizoguchi, Le Fil blanc de la cascade.

Soupe au canard, Leo McCarey | Paramount

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