Les Indispensables du cinéma 1926

Introduction, principes et index

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Les 5 films de l’année 1926 :
  1. Le Mécano de la Générale, Buster Keaton
  2. Faust, F.W. Murnau
  3. Les Aventures du Prince Ahmad, Lotte Reiniger
  4. Une page folle, Teinosuke Kinugasa
  5. Ménilmontant, Dimitri Kirsanoff

Au programme :

Alors que Chaplin, Harold Lloyd, Buster Keaton ou même Harry Langdon (avec L’Athlète incomplet, réalisé par Capra) sont passés au grand format, le burlesque s’exprime encore souvent sur un format court. Les films avec Charlie Chase en sont un bon exemple : produits par Hal Roach, ils sont distribués par Pathé et mis en scène par Leo McCarey. Notons en particulier, Mighty Like a Moose. De la même équipe naîtra bientôt le duo Laurel et Hardy.

Venue en même temps à Hollywood que son mentor, Greta Garbo tourne d’abord pour la MGM La Tentatrice avant de partager l’affiche avec John Gilbert dans La Chair et le Diable. Le film est réalisé par Clarence Brown qui sort de L’Aigle noir avec Valentino. Tous deux (Garbo et Brown) tourneront sept fois ensemble au cours des dix années suivantes (toujours pour la MGM que la Divine ne quittera jamais).

Deux ans après Le Cheval de fer, John Ford revient avec un autre western, Trois Sublimes Canailles, toujours avec George O’Brien (40 ans de collaboration à venir), et toujours pour la Fox. À la Fox, George O’Brien s’essaie également à la comédie dans le premier film (préservé) de Howard Hawks : Sa Majesté la femme.

Alors que son comparse suédois, Mauritz Stiller ronge son frein à Hollywood, Victor Sjöström réalise son deuxième chef-d’œuvre, adaptation par Frances Marion de La Lettre écarlate. Après Lon Chaney, la MGM offre au réalisateur suédois Lillian Gish comme interprète principale. Lillian Gish qui tourne la même année sous la direction de King Vidor La Bohème, avec… John Gilbert (ces deux derniers tournent également ensemble un film de cape et d’épée, Bardelys le magnifique).

Après l’expérience Rosita en 1923 avec Lubitsch, Mary Pickford décide de revenir avec Les Moineaux. L’actrice est sans doute encore la femme la plus puissante de Hollywood et peut s’offrir le luxe de prendre son temps pour choisir ses sujets et ses collaborateurs. Pourtant, en tant qu’actrice, elle n’est déjà plus la petite fiancée de l’Amérique, et en tant que productrice, malgré l’aventure de la United Artists, elle ne cherche pas à produire de films dans lesquels elle ne jouerait pas. (Il est vrai que la United avait justement été créée par le trio pour s’émanciper des studios et pouvoir monter leurs projets personnels, pas créer un studio concurrent dans un but commercial en mettant en avant des films avec de nouvelles vedettes…) Son mari et partenaire, Douglas Fairbanks, en est bientôt lui aussi à son chant du cygne : un dernier grand succès avec Le Pirate noir, et puis le couple, comme un symbole se réunira pour une adaptation (parlante) de Shakespeare en 1929.

Toujours associé à Samuel Goldwyn, Henry King retrouve l’acteur britannique Ronald Colman qu’il venait de diriger dans Stella Dallas, pour un western cette fois : La Conquête de Barbara Worth, dans lequel un certain Gary Cooper tient pour la première fois un premier rôle. Mais l’attraction du film, c’est Vilma Bánky. Embauchée en même temps par Samuel Goldwyn que Greta Garbo par Louis B. Mayer, elles commencent en même temps leur carrière outre-Atlantique. Et même si Garbo est dans un plus gros studio (la MGM), Vilma Bánky dispose de toute la confiance de Samuel Goldwyn dans des productions dans lesquelles elle sera souvent opposée à Ronald Colman, tandis que Louis B. Mayer semble d’abord moins convaincu par la Suédoise. Si le premier film de Bánky produit par Goldwyn est perdu, elle était dès 1925 dans les bras de Rudolph Valentino pour L’Aigle noir, et c’est encore elle qu’il choisit en cette année 1926 pour être sa partenaire pour ce qui sera le dernier film de la vedette italienne : Le Fils du Cheik (Valentino meurt moins de deux semaines avant la sortie du film). Ironie du sort, à l’arrivée du parlant, il semblerait que Goldwyn ait changé son fusil d’épaule, et c’est la MGM (la maison de Garbo) qui donnera à Vilma Bánky une dernière chance dans un film réalisé par Victor Sjöström. En 26, la Hongroise rivalise encore avec la Suédoise… À l’arrivée du parlant, une autre star venue d’Europe, la seule capable, à Hollywood, de rivaliser avec l’accent et la voix grave de la Divine, sera la star de la Paramount : Marlene Dietrich, et Vilma Bánky sombrera dans l’oubli.

Ronald Colman, toujours : pour la Paramount, il devient légionnaire dans Beau Geste, première adaptation signée Herbert Brenon, avant une autre, réalisée en 1939, avec… Gary Cooper dans le rôle-titre. Hollywood est un tout petit monde.

Au rayon des films documentaires exotiques, à noter le retour de Robert J. Flaherty avec Moana.

En Allemagne, Murnau continue d’adapter le patrimoine universel avec Emil Jannings pour la UFA en adaptant Faust. Quand on entame sa carrière quasiment avec un futur monument du cinéma, Greta Garbo, dans La Rue sans joie, et qu’on la voit filer pour l’Amérique, on a peut-être besoin d’une bonne thérapie ; c’est ainsi que pour s’en remettre, Georg Wilhelm Pabst s’initie au thriller psychanalytique dans Les Mystères d’une âme. Henrik Galeen, treize ans après une première version, adapte L’Étudiant de Prague avec Conrad Veidt. Et issu du documentaire exotique, Arnold Fanck révèle Leni Riefenstahl dans La Montagne sacrée.

En Scandinavie, Victor Sjöström et Mauritz Stiller partis pour Hollywood, il reste Carl Theodor Dreyer qui, juste avant son passage en France, propose un Fiancés de Glomdal que n’auraient pas renié ses deux comparses : un western romantique en décors naturels.

En France, on en est toujours à bricoler, alors, en marge des grosses productions, Dimitri Kirsanoff innove en utilisant un procédé alors jamais vu au cinéma : les yeux magnifiques de sa première femme, Nadia Sibirskaïa. Décorateur pour L’Herbier, le Brésilien Alberto Cavalcanti réalise un premier film expérimental à et sur Paris (et avant de partir pour Londres), Rien que les heures. L’Herbier, toujours, adapte Pirandello pour mettre en scène, dans un style académique, la vedette russe de l’époque, Ivan Mosjoukine, dans Feu Mathias Pascal ; une histoire rocambolesque où on s’amuse à découvrir pour la première fois un Michel Simon tout heureux d’hériter de la femme du héros disparu. Jean Renoir réalise son second film et adapte Nana.

Au Japon, Teinosuke Kinugasa s’inspire des audaces formelles de Murnau et réalise un film unique dans le paysage de la production nippone, Une page folle.

En Union soviétique, un des rares auteurs américains ayant les faveurs du pouvoir est Jack London. C’est ainsi que naît le western soviétique avec Dura lex, selon la loi, adapté d’une nouvelle de London et réalisé par Lev Koulechov. Un temps l’élève de ce dernier, Poudovkine guérit de sa Fièvre des échecs en adaptant un classique de la littérature socialiste, La Mère. Issu de la même « troupe » (il a joué chez Poudovkine et Koulechov), Boris Barnet réalise son premier film, une farce au long court (plus de 4h) : Miss Mend. 1926 marque aussi les débuts aux longs métrages de Grigori Kozintsev et de Leonid Trauberg, fondateurs sur les planches de la Fabrique de l’acteur excentrique, avec une adaptation du Manteau de Gogol.

Le Mécano de la Générale, Buster Keaton et Clyde Bruckman


 

*Indice de notoriété

Le Mécano de la Générale, Buster Keaton et Clyde Bruckman

4 050 243*

Faust, F.W. Murnau

447 930

Les Aventures du Prince Ahmad, Lotte Reiniger

200 772‬

Une page folle, Teinosuke Kinugasa

95 238

Ménilmontant, Dimitri Kirsanoff

67 308

La Chair et le Diable, Clarence Brown

40 128

Dura lex, selon la loi, Lev Koulechov

33 880

La Mère, Vsevolod Poudovkine

29 412‬

Rien que les heures, Alberto Cavalcanti

9 230

Trois Sublimes Canailles, John Ford

8 325

L’Étudiant de Prague, Henrik Galeen

6 210

La Lettre écarlate, Victor Sjöström

5 928

Le Dernier Round, Buster Keaton

5 751

Don Juan, Alan Crosland

5 040

Le Fils du Cheik, George Fitzmaurice

4 620

Les Moineaux, William Beaudine

4 599

Le Pirate noir, Albert Parker

4 544

Pour l’amour du ciel, Sam Taylor avec Harold Lloyd

3 150

La Montagne sacrée, Arnold Fanck

2 814

Mighty Like a Moose, Leo McCarey

2 800

Moana, Frances H. Flaherty et Robert J. Flaherty

2 448

La Bohème, King Vidor

2 409

Feu Mathias Pascal, Marcel L’Herbier

2 343

La Sixième Partie du monde, Dziga Vertov,

1 533

La Tentatrice, Fred Niblo

1 400

L’Athlète incomplet, Frank Capra

1 340

La Conquête de Barbara Worth, Henry King

1 260

Si tu vois ma nièce, Alfred E. Green

1 206

Raymond s’en va-t-en guerre, Clarence G. Badger

1 056

Nana, Jean Renoir

816

Bardelys le magnifique, King Vidor

700

Les Fiancés de Glomdal, Carl Th. Dreyer

660

Beau Geste, Herbert Brenon

630

Le Manteau, Grigori Kozintsev et Leonid Trauberg

536

Les Mystères/Secrets d’une âme, Georg Wilhelm Pabst

414

Miss Mend, Boris Barnet

408

Sa majesté la femme, Howard Hawks

256


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