
Introduction, principes et index
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Les 5 films de l’année 1925 :
- La Ruée vers l’or, Charlie Chaplin
- Le Cuirassé Potemkine, Sergei M. Eisenstein
- Le Fantôme de l’opéra, Rupert Julian
- Fiancées en folie, Buster Keaton
- La Grande Parade, King Vidor
Au programme :
Chaplin avait promis un retour épique : il trône en cette année 1925 au sommet de notre liste avec La Ruée vers l’or. Buster Keaton s’inspire d’une pièce à succès pour Fiancées en folie et continue son cavalier seul à l’écart de la ville avec Go West (Ma vache et moi), parodie de l’Ouest.
William S. Hart en a sans doute assez de voir les westerns ridiculisés : il tire donc sa révérence avec un dernier film, Le Fils de la prairie.
Lon Chaney achève pour Universal l’adaptation du Fantôme de l’opéra, tandis qu’il retrouve pour la troisième fois Tod Browning (ils compteront en tout onze coopérations) pour Le Club des trois.
Ayant à la fois travaillé pour la Metro et pour la Goldwyn, c’est presque naturellement que King Vidor adapte pour la MGM une grande histoire d’amour sur fond de Première Guerre mondiale, La Grande Parade : premier chef-d’œuvre de Vidor après un précédent film déjà épique et convaincant, Wild Oranges, qui était aussi sa première collaboration avec l’art director qui deviendra sans doute le plus influent à la MGM : Cedric Gibbons. Vidor bénéficie aussi pour son film de la présence d’une des stars maison du nouveau studio, John Gilbert. John Gilbert tient également le haut de l’affiche dans le nouveau (et dernier) film MGM de Stroheim, La Veuve joyeuse. Malgré un film bénéficiaire, Stroheim étant Stroheim, la firme au lion décide à l’avenir de se passer des services du cinéaste fantasque (Thalberg l’avait déjà éjecté de la production des Chevaux de bois en 1923 quand ils étaient tous les deux à Universal ; et son précédent film, Les Rapaces, à l’origine un projet financé par la Goldwyn Pictures, avait été saccagé au montage à la création de la MGM). La MGM, toujours, se lance dans la production, en Italie, du premier Ben-Hur.
Lubitsch adapte Oscar Wilde et réalise L’Éventail de Lady Windermere pour la Warner.
Frank Borzage entame une série de films avec la Fox (qui feront date surtout à la fin de la décennie en mettant en scène Janet Gaynor) : ici, Notre héros ; adaptation d’une pièce assurée par l’une des scénaristes les plus prolifiques des années 20 et 30, Frances Marion. Autre adaptation remarquée de Frances Marion en 1925, Le Sacrifice de Stella Dallas. Le film sera adapté à nouveau par King Vidor en 1937 : Samuel Goldwyn en détenait les droits depuis cette première adaptation réalisée par l’autre King, Henry. Après s’être séparé de la Goldwyn Pictures lors de la fusion qui deviendra la MGM, Samuel Goldwyn monte une autre boîte de production, indépendante, la Samuel Goldwyn Production (à ne pas confondre non plus avec la Samuel Goldwyn Company que créera plus tard son fils, Samuel Goldwyn Jr.) et avec laquelle il produira de nombreux films en marge des studios (sans les distribuer) et qui auront beaucoup de succès en particulier dans les années 30 et 40 (en produisant les films de William Wyler notamment).
Au rayon des films documentaires d’exploration, L’Exode, réalisé par les futurs papas de King Kong, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack.
Après une série de films très remarqués qui en avaient fait une star internationale en 1921, et bientôt un dernier film en 1926 avant sa mort prématurée, on peut retrouver Rudolph Valentino aux côtés d’une autre star venue d’Europe, Vilma Bánky, dans L’Aigle noir.
À la Paramount, Allan Dwan et Gloria Swanson poursuivent leur collaboration, notons, entre autres en cette année 1925, Vedette.
Parallèlement aux productions américaines désormais largement tournées vers la Californie, Paul Robeson, future star et activiste des droits humains, fait ses débuts dans un film tourné à New York, écrit et réalisé par l’auteur noir Oscar Micheaux : Body and Soul.
Dans le Hollywood off, notons également le premier film de Josef von Sternberg, Les Chasseurs de salut, réalisé grâce à l’argent avancé par son acteur principal, et qui permit surtout au réalisateur austro-américain d’attirer l’attention de Chaplin. Le film est plutôt médiocre, mais Chaplin y aurait apprécié le caractère hybride, réunissant certains de ses thèmes de prédilection. Ils travailleront un temps ensemble, mais Chaplin fera disparaître presque aussitôt le film qu’ils avaient alors projeté de faire ensemble, et se contentera de reprendre l’actrice du film de von Sternberg (ainsi que quelques idées) dans La Ruée vers l’or.
Au Danemark, Dreyer renoue avec l’humour satirique dans Le Maître du logis ; pour l’occasion, il y retrouve l’excellente Mathilde Nielsen, jouant ici la nounou et responsable d’une majeure partie du ton humoristique du film, et que Dreyer avait déjà mis en scène quelques années auparavant dans un même type de personnage facétieux dans La Quatrième Alliance de Dame Marguerite. Le film aurait été un succès en France, ce qui permettra au cinéaste danois de venir s’installer quelque temps en France pour y mettre en scène les déboires d’une autre grande facétieuse.
En Allemagne, Emil Jannings, qui sort de deux réussites, Le Cabinet des figures de cire et Le Dernier des hommes, accumule les succès. D’abord en intégrant la troupe de Variété, puis en interprétant le Tartuffe de Murnau (toujours assisté à la caméra du génial Karl Freund). Fraîchement découverte par Mauritz Stiller, Greta Garbo est opposée à Asta Nielsen pour un de ses derniers films dans La Rue sans joie de Pabst.
En France, trois ans après Crainquebille, Jacques Feyder, continue dans la veine du réalisme social et écrit avec sa femme (et future figure majeure du cinéma français des années 30 et 40) Françoise Rosay, Visages d’enfants. On bricole encore les affaires familiales du côté de Jean Renoir, dont la légende veut qu’il aurait vendu quelques toiles du patriarche pour réaliser ses premiers films mettant en scène sa première femme : son premier film avec Catherine Hessing, La Fille de l’eau.
En Union soviétique, Eisenstein met en pratique les principes de sa théorie sur le montage des attractions, à la fois dans La Grève et dans Le Cuirassé Potemkine, tandis que l’acteur éphémère et génial Vladimir Fogel, après Les Aventures extraordinaires de Mister West au pays des Bolcheviks, se fait remarquer dans une course absurde et obstinée de 28 minutes dans La Fièvre des échecs.
Au Japon, l’industrie du cinéma se développe pratiquement en totale autarcie et, comme un symbole, ce sont les films inspirés de l’époque du shogunat Tokugawa, avec ses samouraïs mauvais garçons, qui font recette, comme cette année, avec un des rares films ayant survécu de la période du muet : Orochi.
*Indice de notoriété

La Ruée vers l’or, Charlie Chaplin
2 815 552*

Le Cuirassé Potemkine, Sergei M. Eisenstein
1 801 440

Le Fantôme de l’opéra, Rupert Julian
222 376

Fiancées en folie, Buster Keaton
195 920

La Grande Parade, King Vidor
186 914

La Grève, Sergei M. Eisenstein
176 624

Vive le sport !, Fred Newmeyer & Sam Taylor avec Harold Lloyd
56 250

Ben-Hur, Fred Niblo
38 884

Ma vache et moi, Buster Keaton
19 080

L’Exode, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack
15 210

Variété, E.A. Dupont
12 432

La Rue sans joie, G.W. Pabst
12 096

Le Maître du logis, Carl Th. Dreyer
11 715

Le Monde perdu, Harry O. Hoyt
10 780

Visages d’enfants, Jacques Feyder
10 395

La Veuve joyeuse, Erich von Stroheim
8 760

L’Éventail de Lady Windermere, Ernst Lubitsch
5 495

Tartuffe, F.W. Murnau
4 828

La Fièvre des échecs, Vsevolod Pudovkin et Nikolai Shpikovsky
3 744

Le Club des trois, Tod Browning
3 456

Body and Soul, Oscar Micheaux
2 480

Orochi, Buntarô Futagawa
2 343

Notre héros, Frank Borzage
2 160

Les Chasseurs de salut, Josef von Sternberg
1 628

La Fille de l’eau, Jean Renoir
1 449

L’Aigle noir, Clarence Brown
1 320

Le Sacrifice de Stella Dallas, Henry King
1 152

Vedette, Allan Dwan avec Gloria Swanson
1 040

Le Fils de la prairie, King Baggot avec William S. Hart
780
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