John Adams, Tom Hooper (2008)

La série racontée en trois lignes

John Adams

Note : 4 sur 5.

Année : 2008

Réalisation : Tom Hooper

Avec : Paul Giamatti, Laura Linney

L’histoire : La vie, l’œuvre, les poux, de John Adams, second président des États-Unis.

Après le premier épisode :

Ça semble prometteur. On reconnaît le savoir-faire et le style HBO…

J’espère que la série retracera fidèlement l’histoire du second président d’Amérique. Je ne sais pas du tout s’ils ne vont traiter que l’époque qui précède la guerre d’indépendance ou après ou je ne sais quoi…

C’est l’occasion de voir le Berléand américain, souvent abonné au second rôle à cause de sa tête de petit joufflu et qui avait enfin accédé à la gloire (si on peut dire) avec l’excellent Sideways.

Puis au final :

Mini-série de dix heures sur la naissance de la nation américaine.

Dans le premier épisode, l’avocat John Adams défend des militaires anglais accusés d’avoir tiré sur la foule. Il s’efforce de démontrer qu’ils y ont été forcés par des indépendantistes… Après cette histoire, l’un de ses amis lui dit que grâce à cette affaire (qui montre son intégrité) il ferait le candidat parfait pour représenter Boston au congrès secret qui se réunit à Philly… Adams n’est pas chaud pour la politique. Ce n’est pas un grand orateur et après cette affaire, il ne s’est pas fait que des amis (sauf auprès du roi d’Angleterre qui lui propose un poste…). Il décide finalement de se lier aux Patriots.

 

John Adams | HBO Films High Noon Productions Playtone Mid Atlantic Films

Le second épisode (le plus passionnant sans doute sur le plan historique) est presque entièrement dédié à ce congrès (le film narre aussi la vie personnelle du futur président, en montrant l’importance qu’avait sa femme dans ses choix). On est au début de cette guerre qui n’a pas encore de nom et dont on ne verra que peu d’images (tout se passe dans les salles de réunion). On voit les divergences entre ceux qui désirent simplement montrer leur désaccord avec les taxes imposées sur les Colonies et ceux comme Adams qui comprennent qu’il n’y a plus la place pour la négociation et qu’il est temps de proclamer son indépendance. Et là tout se joue un jeu subtil non seulement où il faut arriver à convaincre les représentants des autres colonies, mais aussi déterminer quand sera la meilleure période pour déclarer cette indépendance.

On découvre alors les personnages récurrents de la série (et de l’Histoire) : Franklin, qui a l’expérience de la politique à Londres et qui prodigue des conseils à Adams ; Jefferson, l’âme de la révolution, l’idéaliste et le poète ; le général Washington, représentant peu bavard de Virginie, une gloire militaire, et que Franklin et Adams choisissent pour diriger l’armée des Patriots uniquement parce qu’il a beaucoup de prestance (il est immense…, ça tue le mythe).

Adams arrive à persuader tout le monde qu’il faut une déclaration d’indépendance. Et une fois qu’il l’a, il demande à celui qui semble le plus doué pour une telle tâche de s’exécuter : Jefferson. C’est là que Jefferson en fait plus qu’une déclaration d’indépendance mais un texte sur l’égalité des hommes, etc. Seulement, c’est un peu trop osé pour Franklin et celui-ci décide d’y enlever les passages traitant de l’esclavage pour ne pas froisser les États du Sud… Dont est originaire pourtant Jefferson… Quand on sait qu’ils auraient pu là éviter une future guerre civile qui viendra un peu moins d’un siècle plus tard…

Dans l’épisode 3, John Adams se rend à contrecœur en France pour y demander l’aide du Roi ; sa femme insiste pour qu’il ne parte au moins pas seul : il embarque avec son fils (lui aussi futur président).

Il découvre la vie de la cour à Versailles. Alors que Franklin, lui, est tout à fait à l’aise au milieu des orgies et des dorures, Adams se demande un peu ce qu’il fout là et n’a pas la diplomatie de son ami pour arriver à ses fins. Il passe même pour un imbécile devant le roi de France, un extraterrestre, parce qu’il ne parle pas français (les Français sont présentés comme les Américains d’aujourd’hui : ils sont le centre du monde, l’Amérique est toute petite, et la langue de la diplomatie ─ et le restera jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ─ est le français). Adams n’appréciant pas d’être traité comme un provincial et de devoir sucer la queue de « sa majesté de France », il rejoint le Royaume de Hollande, également ennemi de l’Angleterre, mais y tombe malade. Il devra envoyer son fils accompagné un autre émissaire américain à Saint-Pétersbourg pour rencontrer la Grande Catherine… parce qu’on y parle le français et que le petit Adams a eu le temps de l’apprendre à Paris.

Dans cet épisode, la cour française est vraiment montrée comme un truc complètement à côté de la plaque. Le contexte est sans doute bien retraduit, parce qu’on comprend bien qu’une telle société ne peut pas durer…

Dans l’épisode suivant, Adams toujours à Paris fait venir sa femme (à vue de nez, il est déjà parti depuis quatre ou cinq ans ! ─ un autre temps… on est loin du Concorde). Jefferson aussi le rejoint. Les Adams (leurs enfants sont restés aux États-Unis, ils sont grands maintenant) profitent des manoirs français, des opéras, des jardins… la vie parisienne quoi… Jusqu’à ce qu’Adams reçoive une lettre lui demandant d’aller en Angleterre, pour être le premier ambassadeur à la cour du roi. Juste avant ça, il y a une scène assez hallucinante ou trois des grands hommes qui sont à l’origine de la Déclaration d’indépendance (Franklin, Jefferson et Adams) se retrouvent coincés dans des jardins à Paris alors qu’on est en train de rédiger la Constitution aux États-Unis.

Adams part donc pour l’Angleterre et la scène avec le Roi George III est un vrai régal. D’un côté l’Américain qui rechigne à faire les courbettes d’usage et de l’autre le souverain qui tire la tronche face à bonhomme qui a décidé en somme de ne plus être son copain…

Très vite, les Adams se lassent de Londres où ils ne sont pas les bienvenues (ils sont loin les palais français…). Et Adams demande qu’il soit remplacé. Ce qui sera finalement accepté. Et à sa grande surprise, il est accueilli comme un héros à son retour. Il retrouve également ses enfants, qu’il n’avait pas vus depuis… bien dix, quinze ans !

Il arrive juste à temps en fait pour les premières élections (ah, ah peut-être que Londres ce n’était pas si mal que ça). Il se présente et est battu par… Washington, le grand gaillard, qui est incapable d’aligner deux mots. Son investiture est presque comique : personne ne l’entend (grande carcasse, petite voix). Adams devient vice-président.

Épisode 5 : Là, on entre dans la politique. Je n’avais pas de sous-titres, donc je n’ai pas tout compris… Bref, en gros, il y a lutte de pouvoir entre tous ces bonshommes. Washington veut affirmer et assumer ses idées, Adams est frustré de son rôle (nul) de vice-président. Jefferson vante les mérites de la révolution française, pour lui c’est dans l’ordre des choses. On apprend même que c’est lui qui est à l’origine de la Déclaration des droits de l’homme… Et tout le monde se bagarre pour la position à adopter face à cette révolution qui les embarrasse au plus haut point. Il y a un risque d’expansion dans toute l’Europe et la guerre avec l’Angleterre risque de s’intensifier. Or, les Français ont aidé les Américains dans leur indépendance. Ils devraient tout naturellement les aider en cas de souci. Seulement, les Américains ne peuvent s’engager… et Washington (qui n’apprécie pas les Français) décide contre l’avis du peuple (très pro français ─ c’est un peu le monde à l’envers aujourd’hui), contre l’avis de Jefferson, de signer un traité de non-agression avec l’Angleterre. Une excuse toute trouvée pour le premier président : « Hé oh, on a passé un accord avec Louis XVI, pas avec la République… et vous lui avez coupé la tête ! » Bref, le joli coup de pute. Bienvenue en politique…

Le double mandat de Washington s’achève et un peu à la surprise générale (alors qu’entre-temps on a appris aussi que la première élection avait été bidouillée ─ c’est donc une vieille habitude), Adams se fait élire Président. Jefferson jouera les « inutilités » au poste de vice-président.

Épisodes 6 : après des agressions de certains vaisseaux français dans les caraïbes (donc le fait qu’on ait jamais été en guerre, c’est du flanc, pas de guerre déclarée, mais des bateaux coulés de part et d’autre : « Hé, je croyais que t’étais mon copain, mais tu t’es bien défilé quand j’ai eu besoin de toi ! Tiens prends ça dans la gueule ! ─ E4, touché coulé ! »), les Américains se voient dans l’obligation de se créer une armée sur les cendres de l’ancienne armée continentale. On désigne Washington pour la forme mais en réalité c’est son second, le premier faucon déjà on pourrait dire, parce que l’ancien président est HS… Ce second (dont j’ai oublié le nom) se plaît à jouer au petit soldat d’abord en s’amusant à créer la garde-robe de son armée (« des jolies rayures jaunes sur le côté, ça ferait classe !), mais le bonhomme est un peu trop belliqueux au goût d’Adams… Faut dire qu’il voulait s’emparer de la Floride, de la Louisiane et de la Californie. Et là Admas qui sort la phrase de Chirac : « Il n’y a pas de guerre propre… La guerre est toujours la plus mauvaise des solutions ».

Pendant ce temps, Adams rejoint la nouvelle capitale (un peu à l’image de la Chine médiévale, un nouvel empire crée une ville nouvelle…)… Washington. Et là, c’est très symbolique encore, parce que la Maison blanche est à peine achevée. Elle est perdue au milieu d’un immense champ de boue, au milieu de nulle part, bâtie par des esclaves noirs… Finalement Adams perd la nouvelle élection et Jefferson s’installe à la Maison-Blanche (« Non, non pas la peine de t’essuyer les pieds partout Thomas… C’est aussi propre à l’intérieur qu’à l’extérieur… ce n’est pas encore vraiment le palais des glaces »).

Le dernier épisode est presque exclusivement dédié au rapport avec sa famille, sa vieillesse (il s’était un peu brouillé avec son grand copain Jefferson à cause de cette histoire d’accord avec l’Angleterre. Ils renouent contact et finiront tous les deux par mourir le même jour… L’ironie, le 4 juillet, cinquante ans après leur déclaration d’indépendance.


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