Stars in my Crown, Jacques Tourneur (1950)

Stars in my Crown

Stars in my Crown
Année : 1950

Réalisation :

Jacques Tourneur

Avec :

Joel McCrea
Ellen Drew
Dean Stockwell

8/10 IMDb iCM

Les 365 westerns à voir avant de tomber de sa selle

Listes sur IMDb :

L’obscurité de Lim

MyMovies: A-C+

Lim’s favorite westerns

No-western sans arme ou presque (ça commence par un coup d’éclat du pasteur pour s’intégrer à la communauté). L’accent est porté sur les relations entre les différents protagonistes et notamment l’opposition entre le jeune médecin athée et le pasteur. Celle-ci tourne très largement à l’avantage du dernier, mais assez curieusement, on échappe aux bondieuseries grossières. Au-delà de son penchant pour la religion, cette histoire parle surtout très bien de morale et de justice.

Aspect noir très appréciable avec utilisation notable d’une voix off et d’un noir et blanc très contrasté. Sublime reconstitution de l’Ouest également, avec un design soigné pour les intérieurs, loin des pétards de cow-boys ou des saloons faisant tomber pas mal de films du genre dans le folklore. L’autre Ouest, le plus intéressant, pas celui des mythes de la gâchette, mais du développement de la civilisation sur de nouvelles terres.

La version western du Journal d’un curé de campagne.


Stars in my Crown, Jacques Tourneur 1950 | Metro-Goldwyn-Mayer


Le juge Thorne fait sa loi, Tourneur (1955)

Stranger on Horseback

Stranger on Horseback
Année : 1955

Réalisation :

Jacques Tourneur

Avec :

Joel McCrea
Miroslava
Kevin McCarthy

8/10 IMDb iCM

Les 365 westerns à voir avant de tomber de sa selle

Listes sur IMDb :

L’obscurité de Lim

MyMovies: A-C+

Lim’s favorite westerns

Même veine que Stars in my Crown, le juge itinérant remplaçant celui du pasteur. 

L’atmosphère presque bressonnienne, sans musique, sans éclats, au rythme de traînard, fait particulièrement plaisir avant que Tourneur fasse appel aux violons, et sans que cela jure avec ce qui précède d’ailleurs.

La chute, et la mort du père de la témoin, est ratée, faute peut-être de matériel, ou par bienséance (montrer un cheval tomber d’un ravin, ce n’est pas top). Quoi qu’il en soit, même sans montrer la scène en détail, la réaction de la fille est mal amenée, voire absente. Le twist presque littéral du juge à la fin est aussi assez mal mené, avec une sorte de ruse de sioux prépubère pour surprendre ses ennemis… Tout ce qui précède est bien construit. Le film peine toutefois à reproduire l’enthousiasme final de Stars in my Crown.


Le juge Thorne fait sa loi, Jacques Tourneur 1955 Stranger on Horseback | Leonard Goldstein Production


The Fearmakers, Jacques Tourneur (1958)

Note : 2 sur 5.

The Fearmakers

Année : 1958

Réalisation : Jacques Tourneur

Avec : Dana Andrews, Dick Foran, Marilee Earle

Comme d’habitude, Tourneur fait le job avec le scénario qu’on lui donne. Tout efficace qu’il est, il ne pourra jamais faire un grand film si le scénario est truffé d’invraisemblances, si le design est quelconque et la photo digne d’une production télévisuelle.

Ça sent la fin pour tout le monde, Dana Andrews paraissant un peu vieux pour le rôle, passablement concerné par le sujet, et surtout incapable de rendre crédible les quelques tunnels de texte qu’un mauvais dialoguiste lui aura pondu. C’est l’époque, différents types d’acteurs avec différentes techniques de jeu se côtoient, et le résultat donne quelque chose d’étrange et d’assez déstabilisant (Kelly Thordsen est pas mal du tout en brute épaisse).

Le genre du thriller d’entreprise (avec quelques morceaux politiques ou les classiques rubans romantiques) sera plus à la mode au Japon ou en Italie. Ici la série B n’est jamais bien loin, le film profitant de chaque détour du récit pour s’attarder sur une possible scène sans suivre comme il le faudra une trame prédéfinie et un style unique. On saute sur l’occasion, et on tombe dans tous les pièges et les clichés, chaque élément de l’histoire, chaque détail de la caractérisation des personnages finissant par trouver une utilité dans l’histoire.

Passé la moitié du film et une mise en place longue, mais durant laquelle on reste attentif parce que rien de bien méchant ne se passe encore, cela devient concernant. En fait, dès que le personnage qu’interprète Dana Andrews a la certitude que son ancien partenaire a été assassiné, tout s’enchaîne, et de la plus mauvaise des manières. On en riait dans la salle. Des exclamations incrédules face aux rebondissements grossiers et prévisibles. Embarrassant.


The Fearmakers, Jacques Tourneur 1958 | Pacemaker


Liens externes :


L’Or et l’Amour, Jacques Tourneur (1956)

L’Or et l’Amour

Great Day in the Morning Année : 1956

6/10 IMDb

Réalisation :

Jacques Tourneur

Avec :

Virginia Mayo, Robert Stack, Ruth Roman, Raymond Burr, Leo Gordon

Les 365 westerns à voir avant de tomber de sa selle

Je ne peux pas saquer Robert Stack (j’ai l’impression de le voir bourré dans chacun de ses films et il m’est prodigieusement antipathique, ça doit être physique, il y a un air faux-cul qui rend mal à l’aise chez lui, l’impression qu’il va te faire une couille par-derrière), Raymond Burr est étrangement mauvais (jamais eu le souvenir qu’il était si mauvais acteur, mais quand on finit à la téloche, il y a peut-être bien une raison — enfin… finir… Raymond Burr, c’est LA télévision — et toute ma jeunesse…).

Le scénario a des aspects intéressants, surtout les passages polygames-bicolores (la blonde, la brune) et l’adoption du morveux habituel. Tout le reste est chiant, je préfère l’amour à l’or, et on n’a malheureusement pas le choix, faut se coltiner les deux. Pis la fin est moisie, au lieu de finir avec l’une ou l’autre (la blonde ou la brune), on se paie un finale avec le prétendant unioniste. « Tu voudrais pas ma gourde ? — Mais j’en ai jamais voulu de ta blonde… — Non, mais je te parle de ma gourde, t’aurais moins soif. — Ah, merci, t’es un mec sympa, et tu me laisses partir en plus ?! — Bah, je suis unioniste, et je croyais être cocu mais comme tu dis que tu ne veux pas de ma gourde… — Je vois qu’on se comprend entre hommes. » La scène d’amour finale la moins bandante depuis des lustres.


L’Or et l’Amour, Jacques Tourneur 1956 Great Day in the Morning | Edmund Grainger Productions


Berlin Express, Jacques Tourneur (1948)

Note : 3 sur 5.

Berlin Express

Année : 1948

Réalisation : Jacques Tourneur

Avec : Merle Oberon, Robert Ryan, Charles Korvin

Film noir avec un coup de rouge dans le nez faisant semblant d’agiter le drapeau blanc pour mieux moucher l’ennemi.

Le film a à la limite peut-être plus d’intérêt documentaire et historique en décrivant la situation géopolitique dans l’Allemagne occupée. Pour ce qui est de l’intrigue, on sent que c’est fignolé par des pros mais rien ne pourra rien changer aux quelques invraisemblances qui enlèvent à chaque fois le crédit qu’on serait prêt à refiler au film. Les références, ou les influences, sont aussi trop évidentes, et à force de les multiplier sans jamais aller au bout de l’idée, le film n’a aucune tenue.

Film de train ? Pas trop, au bout de vingt minutes, on se retrouve dans la ville en quête du disparu (Charles McGraw, qui jouera plus tard dans L’Énigme du Chicago Express, y tient d’ailleurs un rôle minuscule). Enquête autour d’un personnage disparu et énigmatique ? Même pas, le pot aux roses est livré en express, et ça tue tout le mystère. Film noir ? Tourneur fait le job, c’est certain, mais de là à appeler ça un film noir… Film d’espionnage ? Non plus ; certes les méchants sont des Allemands cachés dans l’ombre qui rêvent de poursuivre la guerre…, mais on n’y croit pas une seconde et leur boss manque d’être un personnage suffisamment charismatique pour foutre vraiment les pétoches ou le trouver véritablement dangereux. Les retournements sont ridicules (l’un des derniers est risible : pendant que le petit comité de l’alliance amicale chargée de protéger leur ami grand professeur sur la paix disserte sur les soupçons qui pèsent sur l’un d’entre eux, ils laissent justement ce type seul avec le professeur… ; quoi que le passage de l’espion clown suivi par son clown authentique est lui aussi bien tordant).

Le casting était pourtant fabuleux.

(La fin est merveilleusement naïve. « Allez le rouge, on fait ami-ami, finalement. Nous, c’est la paix qu’on veut, et on a gagné la guerre ensemble. »)


Berlin Express, Jacques Tourneur 1948 | RKO Radio Pictures


Liens externes :


Phantom Raiders, Jacques Tourneur (1940)

Phantom Raiders

Phantom RaidersAnnée : 1940

5/10 IMDb

 

Réalisation :

Jacques Tourneur

Avec :

Walter Pidgeon, Donald Meek, Joseph Schildkraut

Nick Carter, serial a grand succès pendant la première moitié du XXᵉ siècle et éclipsé pendant la seconde par James Bond…

De l’exotisme sous les tropiques, des Nick Carter girls (ici) idiotes, le charme irrésistible et pince-sans-rire de Carter, Nick Carter, le méchant parfaitement identifiable qui fait des bisous à ses canaris chéris, les hommes de main burnés, les explosions en haute mer, la repartie tirée à quatre épingles et… l’aide watsonienne qui passera à la trappe dans les James Bond au profit d’une James Bond girl de circonstance et opposée à l’autre maléfique…

Du serial vite oublié qui se suçote comme un petit bonbon.


 

Phantom Raiders, Jacques Tourneur 1940 | Metro-Goldwyn-Mayer


Nightfall, Jacques Tourneur (1957)

Dennis ou le Dernier Page Tourneur

Note : 4 sur 5.

Nightfall

Année : 1957

Réalisation : Jacques Tourneur

Avec : Aldo Ray, Anne Bancroft, Brian Keith

Fabulation en guise de commentaire détourné

(Harry Cohn était le directeur historique de la Columbia, distributeur de Nightfall. À la même époque, Dennis Hopper peinait à trouver du travail en tant qu’acteur. Le second essaie de faire comprendre au premier que le cinéma est à un tournant et qu’on en sent les prémices dans ce film. Dix ans plus tard, c’est la Columbia qui distribuera Easy Rider, l’un des films phares du nouvel Hollywood.)

— Allô ? Dennis ? Harry Cohn à l’appareil…

— Salut, chef !

— M’emmerde pas ! C’est quoi cette note de service que je viens de recevoir ? Je t’ai demandé d’espionner sur les plateaux et tu me ponds… des commentaires sur le film avec quelques… conseils ? Tu te foutrais pas un peu de ma gueule, gamin ? Qu’est-ce que tu as fait pendant tout ce temps ?

— J’étais avec Elvis comme vous me l’aviez demandé, chef. Je n’ai pas pu aller sur le film de Tourneur parce qu’il y avait trop d’extérieurs…

— Comment ça le film de Tourneur ? C’est Tyron Power qui me l’a proposé…

— C’est Jacques Tourneur qui le réalise, chef, c’est son film. Tyron Power a créé la Copa dans cette optique, pour donner plus de libertés aux…

— Ah oui ! C’est ce que tu dis dans ton machin : la politique des auteurs, c’est quoi ces conneries ?

— C’est français, chef !

— Si c’est français, c’est des conneries ! Bref, qu’est-ce que je lis là : « Ne vous êtes-vous jamais mis à regarder les couples dans le métro en essayant de deviner d’après la manière dont ils parlaient depuis combien de temps ils étaient ensemble ? » Mais bordel, Dennis, c’est quoi cette merde ? Tu crois que je prends le métro ? Tu te crois à New York ? Et puis, tu te prends pour un écrivain, c’est quoi cet immonde détour pour introduire une note de service ! Une putain de note de service où je te demande qui fait quoi sur un plateau !… Écoute-moi bien Dennis, je suis le dernier à t’offrir du travail, t’es sur la liste noire. En plus d’être un crétin de rouge à ce qu’on dit, il a fallu que tu ailles chercher des poux à Hathaway. T’es un malade, Dennis ! Donc si tu veux rester en Californie et éviter de retrouver dans ton putain de métro new-yorkais, tu fais ce que je te demande !

— Vous étiez bien pourtant heureux d’avoir reçu ma note de service sur la musique diégétique, chef !

— Si tu crois que j’y ai compris quelque chose à ta fichue note !… Mais je te reconnais au moins ça oui, Dennis. La musique pour Le Pont de la rivière Kwaï, ça marche du tonnerre. En plus du film, on vend à tour de bras cette musique qui ne nous a pas coûté un kopeck… Et c’est bien parce que t’avais l’oreille musicale que je t’ai fourgué avec Elvis, qu’est-ce que tu crois !

— Mais Harry, il m’emmerde ce type. Je peux pas prétendre éternellement être son pote…

— T’étais bien pote avec ce pédé de James Dean, je pensais au moins te faire plaisir ! Et m’appelle pas Harry, connard !

— Très bien, connard…

— Ni Harry, ni chef, ni connard, espèce de trouduc !!!…

— Très bien…

Nightfall, Jacques Tourneur 1957 Copa Productions (1)

Nightfall, Jacques Tourneur 1957 | Copa Productions

— Je reviens à tes commentaires : tu m’expliques les figures de style en moins ?

— Voyez-vous, il s’est comme passé un truc sur ce film. Je suppose que vous l’avez vu comme moi, lors de la première rencontre entre Anne Bancroft et Aldo Ray dans le bar…

— J’espère que tu plaisantes, elle n’en finit pas cette scène ! J’ai cru mourir !

— Elle est nécessaire pour exposer les personnages, développer leur psychologie…

— Attends, Dennis, j’ai raté un wagon : t’es acteur, pas scénariste, ça aussi c’est une idée de ta… politique des auteurs ? Tu veux te convertir, tu veux être le nouveau Dalton Trumbo ?

— Mais écoute, la psychologie, c’est très important, c’est l’avenir du cinéma. Laisser plus de champ aux acteurs, créer des personnages plus complexes, s’attarder sur les détails de la vie, les incertitudes…

— C’est ce que je dis : tu te fous de ma gueule ! Le cinéma, c’est l’action. L’action, c’est tout ce dont le public demande. Et ce que le public demande, c’est à nous de lui donner. L’offre. Et la demande.

— Mais Harry, si tu lui offres toujours ce qu’il attend, ton public va se lasser… Et puis merde, c’est de l’art aussi…

— J’ai rien entendu. Bon, explique-moi ce truc avec Aldo…

— En fait, je crois que ça tient plus d’Anne Bancroft. Aldo est très bon, mais il est encore meilleur dans cette scène parce qu’elle l’élève à un niveau que peu d’acteurs peuvent atteindre. Jimmy m’en parlait déjà, ce sont les nouvelles techniques de jeu à New York…

— Je ne compte pas importer dans mon studio ce jeu chiant à mourir où les acteurs se grattent les fesses en regardant les étoiles ! Ici, c’est Hollywood, c’est l’action qui détermine le rythme. À l’écran, dès que tu baisses le rythme, le spectateur s’endort et la prochaine fois, il ira voir ailleurs. J’ai vu ça pour Sur les quais : c’est bon pour décrocher des Oscars, mais je n’ai pas aimé le travail qu’a fait ce Français avec un accent bolchevik sur le film de Kazan. Ces scènes en extérieurs sont mal éclairées, ça fait vrai, mais est-ce que le public demande que ça fasse vrai ? Non. On vend du rêve. Pas cette lèpre néoréaliste…

— Et pourtant, je sens un truc, j’ai vu ça en rêve, Harry ! Je suis sûr qu’on va y venir.

— Mes couilles ! L’écran large, Technicolor, musique et action ! Le Pont de la rivière Kwaï ! Bon sang, Dennis, même quand tu as raison, t’es incapable de t’en rendre compte. Et tu veux devenir scénariste, ou critique, ou je ne sais quoi…

—… Réalisateur ! Un jour, je serai un putain de réalisateur ! Je serai aussi scénariste et je jouerai aussi dans mon putain de film, Harry ! et tu sais quoi, Harry ? c’est toi qui le distribueras ! Je ferai tout pour t’emmerder, mais tu finiras par le distribuer mon putain de film !!!

— Plutôt crever !

— Tu ne comprends pas, Harry ! T’es un dinosaure, le vieux Hollywood va s’effondrer et tu vas t’effondrer avec ! Tu vas crever espèce de fossile fasciste !!!

— Bon sang, mais c’est vrai ce que disait Hathaway ! t’es un véritable emmerdeur ! Et moi qui te file un job !… Qu’est-ce que tu en sais qu’on va crever ?! Que ton tour viendra ?! T’es rien ! tu ponds des notes de service, tu t’encanailles avec des têtes d’affiche, mais toi t’es rien ! t’es qu’un emmerdeur !

— J’ai raison, Harry ! et tu verras ! Tu verras que tous les acteurs passés par New York s’imposeront à Hollywood, et si Hollywood ne leur laisse pas les clés, il n’y aura plus rien ici ! Ce sera la Floride, il n’y aura plus que des vieux à siroter leur martini dans un transat !

— Eh bien parlons-en de ces acteurs de la « méthode »… Qu’est-ce que tu lui trouves à cette Anne Bancroft ?! Elle est censée être une actrice caméléon, comme ils le prétendent tous, et elle est pas fichue d’être crédible en mannequin ! Tu l’as pas vu marcher ?! ils ne vous apprennent pas ça les Français ?! On dirait une gourde qui avance !… Ils me font rire ces acteurs de Lee Strasberg… J’ai vu ce Paul Newman dans Marqué par la haine : si c’est ça l’Actor studio, donner un rôle d’Italien à un Irlandais, ça va vite capoter cette histoire ! D’ailleurs, ça l’est déjà… on dit qu’il tourne un western avec un type venu de la télévision. C’est déjà fini pour lui. Et tiens, ton Anne Bancroft, je la renvois illico à la télévision, elle aussi : ma « méthode » ! Et dans dix ans, je la sors du placard, et j’en fais une mère juive !

— Elle est Italienne.

— C’est donc qu’elle est déjà ringarde ! Les Italiens, c’est fini pour eux à Hollywood. Capra, Minnelli, Sinatra. On a eu note dose. Le temps est à l’Amérique profonde. Regarde Elvis, c’est lui l’avenir du cinéma. Il me faut des types comme Elvis !

— Je te le promets… Tu la reverras. Parce que les choses vont changer. Quand je suis défoncé, je vois le monde tel qu’il sera dans quelques années. Et je la vois, Harry. Je la vois, Paul Newman, et ce réalisateur…

— Arthur Penn… la télévision… quel cauchemar… Je veux Elvis ! Je veux du rêve sinon on va tous crever à cause de cette salope de télévision !

— Voilà ! tu comprends rien Harry. Tous, nous allons prendre le pouvoir ! et plus jamais rien ne sera comme avant ! Tu verras comment les acteurs qui sont capables d’improviser vont imposer une nouvelle manière de jouer. Le rythme sera ralenti, moins systématique, et ce sera la psychologie contrariée des personnages qui fera avancer ta putain d’action ! Pas ton putain d’Elvis ! Tu verras que c’en sera fini des tunnels de dialogues bien écrits ponctués par une musique de fanfare. La musique sera présente, oui, mais pour illustrer les états d’âme des personnages. Ou elle sera diégétique…

— Comme dans Le Pont de la rivière Kwaï

— Parfaitement !

— Et comme Elvis, bonté divine !!!

— Non, ce sera le temps du rock’n’roll non pas parce que vous voudrez mettre aux goûts du jour vos musicals, mais parce que le rock, c’est la vie, c’est la rue, et parce que c’est la vie, c’est naturel de l’entendre à travers la vision des personnages. Les vieux genres hollywoodiens, que sont les musicals, les westerns et les films noirs vont disparaître et réapparaître sous de nouvelles formes, que nous, déciderons de remettre au goût du jour… Comme dans L’Équipée sauvage… L’avenir est au western mécanique, aux musiques électriques, et aux paradis artificiels…

— Mais putain, Dennis, tu dis n’importe quoi ! Je comprends plus rien : c’est quoi… les films noirs !

— Tes putains de « crime films », Harry ! Ce sont les Français qui les appellent comme ça !

— Tu m’emmerdes avec tes Français ! Qu’ils s’y mettent à faire des films ces losers ! Ceux qui sont encore capables de faire quelque chose, ils sont ici, à Hollywood ! Tourneur, c’est bien lui qui a dirigé ta Bancroft !

— On ne dirige pas Anne Bancroft, Harry ! Tu n’as pas bien vu le film ! Je te le redis : pense à mes couples dans le métro…

— Très bien, monsieur je-vois-l’avenir, explique-moi ça deux secondes !

—… c’est pourtant simple. Elle parle dans cette scène comme si elle connaissait Aldo Ray depuis une éternité…

— Ah, voilà ! elle est là ta crédibilité ! ton génie !… C’est leur première rencontre ! ça tient pas la route !

— Elle est là la nuance, Harry. Et c’est ça que toi et tes congénères de l’ancien monde ne pourront jamais comprendre. C’est parfaitement délibéré de sa part : c’est une approche psychologique. On s’adresse ainsi aux gens quand on a déjà plus rien à attendre d’eux, quand on a des certitudes et la première d’entre elles : qu’on est déjà un loser…

— Je comprends mieux maintenant pourquoi elle porte un prénom français…

— As-tu remarqué comment elle parlait ? Il n’y a pas cinquante pancartes lumineuses qui s’éclairent à chaque fois qu’elle s’apprête à parler. Ça coule tout seul. Les acteurs de demain seront capables d’improviser, mais ils seront aussi capables de jouer avec simplicité le texte imposé : le corps disposera de sa vie propre, et les mots ne seront l’expression que d’une puissance intérieure, l’une et l’autre s’opposant aussi naturellement que je m’oppose à toi.

— Cette saloperie qui te fait parler a donc un nom ?! c’est un putain de « naturalisme » ?!

— C’est une nouvelle ère qui s’ouvre. Et ton Aldo fait pareil. C’est un acteur correct, mais il ne sera jamais aussi bon que dans cette scène… Parce qu’il a en face de lui une actrice qui lui facilite le travail.

— Dennis ?!

— Harry ?

— Je veux plus te voir. T’es viré. Ne compte plus travailler à Hollywood, ne pense même plus foutre les pieds en Californie. Henry avait raison. Tu es fou à lier. Je peux faire une dernière chose pour toi : je te paie ton voyage pour New York. Je suis sûr qu’on apprend beaucoup de choses sur la psychologie du personnage dans une rame de métro. J’ai eu ma dose.

— C’est la chose la plus sensée que tu aies jamais dite à mon attention, Harry. J’irai à New York, et je suivrai les mêmes cours qu’Anne Bancroft. Et que Jimmy…

— Jimmy est mort Dennis, fais-toi une raison et reviens à la réalité…

— Jimmy avait raison et vous avez tort ! L’avenir est aux auteurs, aux réalisateurs, aux acteurs, à la liberté et à la vie. La révolution viendra d’Europe, et Hollywood sera obligé de suivre en nous laissant les clés. Hollywood, Harry. Pas toi, parce que tu ne seras plus là malheureusement à l’heure de notre sacre pour venir nous embrasser le cul. Tu seras le premier à laisser ta place, mais tous les autres suivront. Un nouvel Hollywood est en marche : Anne Bancroft et Arthur Penn travailleront ensemble. Anne Bancroft, toujours, en ton honneur, baisera un jeune juif avant de le voir s’échapper avec sa fille : tout le monde baise tout le monde. Pas de bons, pas de méchants, ce sera ça le nouvel Hollywood. Parce que c’est ainsi qu’est la vie. J’ai eu une vision durant Nightfall. Tu vois, ces bus à la fin du film ? Ne trouves-tu pas choquant de faire ça en studio ?

Nightfall, Jacques Tourneur 1957 Copa Productions (2)

— Ça coûtait moins cher ! Il y avait déjà trop d’extérieurs !

— Bientôt, on hésitera plus à prendre la route et aller là où est la vie. On partira aussi pour être libérés de votre bêtise : laisser une équipe partir en extérieurs quelques semaines et imposer que les scènes du bus soient tournées en studio pour avoir plus de contrôle sur le tournage ?… Eh bien, j’ai eu cette vision, Harry, et un nouvel âge commencera, là, à l’instant où deux mômes irresponsables prendront la route à bord d’un bus vers une destination inconnue. Celle qui restera derrière et qui leur aura en même temps montré la voie, représentant le vieil Hollywood, ce sera elle, Anne Bancroft. Et ils partiront, loin de tout ça et d’eux-mêmes. Lonesome Cowboy, Harry. Easy Riders. Nos racines sont là : sur la route. Et nous allons y retourner pour de bon. Accompagnés, mais seuls, perdus. En recherche de quelque chose qui ne vient pas. Parce que c’est ça la vie. Et parce que bientôt, la vie qui s’imposera au cinéma sera celle des enfants de la guerre. Cette glorieuse génération de baby-boomers qui demandera sa place dans le monde et qui refusera de faire la guerre. Ils s’opposeront à leurs parents en faisant le choix de l’éternelle jeunesse, c’est-à-dire de l’irresponsabilité. Fini les happy ends où chaque chose doit revenir à sa place. Au contraire, tout devra remuer, et c’est cette agitation, cette incertitude, qu’on se doit de montrer au cinéma et qui ne se fait pas encore. Une errance. Une quête. Un abandon à soi-même et une attirance fatale vers le vide. On vous attirera ainsi vers le fond quand vous serez tout fatigués et nous seuls remonterons pour être les nouveaux géants. De nouveaux tyrans animés par leur seule irresponsabilité. Et quand les chefs de studios recevront des notes de service de la part des auteurs, ce ne sera que pour répondre « OK ».

— Je sais tout ça, Dennis. Et tu sais pourquoi ?

— Non.

— Parce que je fais aussi partie de ton rêve. Je suis déjà mort. Tu ne m’as jamais envoyé de note de service parce que tu es incapable d’écrire quoi que ce soit, Dennis. Ta vision du futur est exacte, mais elle reste incomplète. Tu feras Easy Rider, oui, et nous le distribuerons. Et ce sera un succès. Et puis, tu continueras à être ce que Dennis Hopper a toujours été. Un fou et un emmerdeur. Certains d’entre vous prendront le pouvoir. Anne Bancroft connaîtra le succès tel que tu en as eu la vision… Mais ceux qui prendront notre place la prendront et la garderont en appliquant nos méthodes. Et ceux qui comme toi refuseront de les appliquer en prétendant faire un cinéma de la méthode resteront en marge. Comme toutes les révolutions, Dennis : ton nouvel Hollywood ne durera qu’un temps. Le… néoclassicisme arrivera pour s’imposer dans la longueur sans même que vous vous en aperceviez. Il y a des opportunistes qui prendront la main quand nous partirons, et il y a les losers. Tu es un loser, Dennis. Et c’est ce que tu as toujours voulu être.

— FUCK YOU, Harry ! fumier !

— Easy, easy, Dennis. Je ne suis que le rêve d’un fou. Alors réveille-toi. Et que tombe la nuit.


Nightfall, Jacques Tourneur 1957 Copa Productions (3)

La Griffe du passé, Jacques Tourneur (1947)

Grief of the noir

La Griffe du passé

Note : 4 sur 5.

Titre original : Out of the Past

Année : 1947

Réalisation : Jacques Tourneur

Avec : Robert Mitchum, Jane Greer, Kirk Douglas, Rhonda Fleming

Si le terme « film noir » est une création de la critique française, un réalisateur de l’hexagone a été l’un de ceux ayant façonné les codes du genre. Jacques Tourneur. L’auteur de la Féline, et donc de cette Griffe du passé.

La dernière partie du film endort franchement un peu avec ces incessantes ambiances sombres et enfumées. On a parfois du mal à suivre où on en est. Ce n’est pas au point du Grand Sommeil, où on pourrait revisionner pendant des heures qu’on n’y comprendrait que dalle, mais à force ça lasse. Ça manque d’alternance entre les tons, c’est toujours sur la même note. Le film noir en général souffre toujours de ce même problème. On est parfois tiraillé entre la nécessité de trouver une unité de ton à son film et celle de ne pas laisser un ronron s’installer qui ennuierait le spectateur. Le film noir tient parfois plus de la série B justement par son refus du compromis et son insistance à suivre une même atmosphère. Pourtant, à cette époque, il y avait deux spécialistes pour entretenir l’attention du spectateur. Avec deux techniques différentes, mais basées sur le même principe d’alternance.

John Ford faisait ce qu’il appelait « la douche écossaise ». Il alternait les scènes avec action positive pour le héros et une autre négative. Et Akira Kurosawa, en amateur de musique symphonique, alternait les scènes entre un mouvement lent et rapide. Aujourd’hui, on n’a rien inventé de mieux que ces deux procédés pour donner du rythme à un film. Et du vrai rythme, pas de ce rythme de ces réalisateurs véreux qui confondent le rythme et la vitesse. Ce serait à voir, mais je doute qu’il y ait un jour un bon film noir réussissant à utiliser l’une de ces techniques. Vous me direz que c’est justement l’intérêt du film noir, de rester toujours sur la même note. D’accord, mais je demanderais à voir des films gris-noir…

Bref, connaissant déjà le film, je me suis concentré sur autre chose. Le plaisir qu’on peut avoir en ayant affaire à des personnages mystérieux, ambigus ou a des procédés de mise en scène qui vous font sortir les yeux de la tête.

Dans ce Tourneur, il faut avouer qu’on retrouve tout ce qui compose un film noir : la femme fatale, l’ambiance feutrée, les moues nonchalantes du héros (premier grand rôle pour Robert Mitchum), le mépris gentiment ironique et mesquin du méchant (Kirk Douglas), le récit en flashback, la voix off étouffée qui va avec (petit côté confession sur le divan), et tous absolument tous, et plus particulièrement le héros bien sûr, qui semblent sortir d’un enterrement, ils donnent l’impression d’avoir trop vécu, d’être trop cyniques pour pleurer ; à la place, ils lancent désabusés, derrière un nuage de fumée : « C’est la vie ! » Un film noir, c’est un peu l’expression pendant, et après-guerre, de l’esprit désillusionné, blasé. « On peut faire des films en couleurs ? Hum, à quoi bon, il faut montrer ce qui est lugubre sans l’artifice du Technicolor. Et la vie est lugubre. » Avec les Trente glorieuses, cet esprit des films noirs va peu à peu disparaître et désormais quand on fera un film de série B, on se tournera plus facilement vers d’autres genres, et peu à peu on reviendra aux films de gangsters comme aux premières heures du parlant. Le film noir n’aura été qu’une parenthèse… désenchantée (qui rappelle celle du nouvel Hollywood, contemporain de la guerre du Vietnam).

Jacques Tourneur à l’époque, comme Fritz Lang par exemple, était un de ceux qui utilisaient le mieux les décors, qui pouvaient leur donner une personnalité. Ici, on va un peu à contre-courant de ce qui fait un film noir. Souvent, ça se passe à New York, Chicago ou Hollywood. On voyage beaucoup et on prend de la hauteur sur les collines : un appartement en forêt, les collines de San Francisco… Ce sont les montagnes russes, et finalement, on la trouve ici l’alternance.

Il y a fort à parier qu’avec un troisième visionnage, je place ce film bien plus haut… Certains films sont des bonbons fondant rapidement sous la langue ; d’autres ont la saveur des goûts amers qui restent longtemps en bouche et qui vous imprègnent de leur atmosphère fumeuse jusqu’à en finir accroc.


La Griffe du passé, Jacques Tourneur (1947) | RKO Radio Pictures


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Noir, noir, noir…

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La Flibustière des Antilles, Jacques Tourneur (1951)

Pirates, pirates, ah ah ah !

La Flibustière des Antilles

Note : 4 sur 5.

Titre original : Anne of the Indies

Année : 1951

Réalisation : Jacques Tourneur

Avec : Jean Peters, Louis Jourdan, Debra Paget

Qualité Tourneur : densité de l’action, mais avec… peu d’action. 80 minutes de film : on ne s’ennuie pas, et on a l’impression de faire le tour du monde. Tourneur coupe les instants de bravoures obligés dans les films de pirates, parce qu’au fond, la baston, c’est toujours un peu la même chose… Donc tout est centré sur une évolution rapide de la trame. Une histoire simple mais bien ficelée — que du bonheur.

Ce serait intéressant de produire de tels films aujourd’hui, qui ne se prennent pas au sérieux, qui ne se compliquent pas la vie en voulant faire du grandiloquent et en prenant le risque de se casser la gueule. Ça manque. Les fantaisies doivent forcément être de grosses machines publicitaires. Aujourd’hui, les petits films (tournés pour des centaines de millions de dollars) rêvent de casser la baraque et ça s’en ressent, ça pète dans tous les coins, c’est forcé, prétentieux…, et ce que Tourneur se permet ici d’éviter pour se concentrer sur la trame et les personnages, on ne pourrait pas le faire de nos jours où chaque scène est pensée pour devenir un grand moment d’anthologie.

Peut-être que certaines séries TV justement ont ce rôle aujourd’hui : on met le paquet sur l’histoire, les personnages, et ensuite, on évite de donner les clés à un réalisateur qui se la joue trop perso…

On sait ce qu’il en est advenu des pièces romantiques et bourgeoises du XIXᵉ siècle ; tous ces excès finiront au cabinet. Le sucre et les cris ne durent qu’un moment. La simplicité d’un page Tourneur, ça marque toute une vie.


La Flibustière des Antilles, Jacques Tourneur (1951) | Twentieth Century Fox


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Jacques Tourneur

 
Classement :

8/10

  • La Griffe du passé (1947) *
  • Stars in My Crown (1950) **
  • Nightfall (1956) ***
  • Le Passage du canyon (1946)
  • Un jeu risqué (1955)
  • Stranger on Horseback / Le juge Thorne fait la loi (1955) **
  • Angoisse (1944)
  • Easy Living (1949)
  • They All Come Out (1939)

7/10

  • Rendez-Vous avec la peur (1957)
  • La Flèche et le Flambeau (1950)
  • L’Homme-Léopard (1943) ****
  • La Flibustière des Antilles (1951) **
  • L’enquête est close (1951)
  • Pour être aimé (1933)
  • Jours de gloire (1944)

6/10

  • La Féline (1942)
  • Le croque-mort s’en mêle (1963)
  • Berlin Express (1948) *
  • Le Gaucho (1952)
  • L’Or et l’Amour (1956) **
  • Toto (1933)
  • Les Révoltés de la Claire-Louise (1953)
  • Mission of Danger (1960)
  • Doctors Don’t Tell (1941)

5/10

  • Vaudou (1943)
  • Frontière sauvage (1959) ****
  • Phantom Raiders (1940) **

4/10

  • Tout ça ne vaut pas l’amour (1931) ****
  • The Fearmakers (1958) *

3/10

*Films commentés (articles) :

**Films commentés (courts articles) :

*** Fabulation autour de Nightfall :

****commentaires simples : 

Frontière sauvage, Jacques Tourneur (1959)

De mémoire très approximative ça vaut pas beaucoup mieux que la version de King Vidor (et non de Walsh qui s’est promené plus au sud dans Distant Drums, mais ça rappelle aussi pas mal Au-delà du Missouri de Wellman presque aussi ennuyeux). Faut aimer les films de trappeurs et le casting n’est pas à la hauteur (on est quand même plus de vingt ans après Broadway Melody dans lequel Buddy Ebsen s’amusait sur les planches avec Eleanor Powell, snif. Et le rôle d’Angie Dickinson est trop mince — huit ans après elle jouera dans Le Point de non-retour et on a l’impression que cinquante ans séparent ces deux films).

Tourneur fait le job, y a rien à dire, c’est parfaitement resserré, c’est juste sans intérêt et laid comme une pellicule moisie sous les fougères.

Quarante ans avant ça, papa Maurice jouait déjà avec les Indiens dans Le Dernier des Mohicans… (Hommage peut-être à un moment avec un couché de soleil rougeoyant rappelant une affiche du film mais possible que ce soit une affiche récente du vieux film de papa. Mais on cherche un intérêt où on peut…)

Tout ça ne vaut pas l’amour, Jacques Tourneur (1931)

Tourneur n’y est pour rien. Scénario insipide, lent, sans rebondissements et qui semble avoir deux cents ans d’âge (le vieux épris de la jeunette qu’il recueille). Ironiquement, une seule scène est à retenir, écrite et jouée comme du Molière (ou du Tchekhov), celle où Jules vient « demander la main » de Madame Cordier. Du quiproquo à la française dans la pure tradition. C’est théâtral, mais c’est du bon. Le reste est à jeter, ou peut-être quelques bons mots (la cliente avec ses cataplasmes au bicarbonate…).

L’Homme-Léopard, Jacques Tourneur

Tellement suggestif que j’ai eu des hallucinations les premières minutes du film. Comprendre : j’ai somnolé. Tourneur arrive à garder la ligne tout du long avec pas grand-chose, aucune fausse note, c’est à ça qu’on reconnaît les grands talents. À la longue.

Jacques Tourneur