Le seul exemple de ce que pourrait être l’adaptation réussie d’une pièce de boulevard au cinéma. Hilarant, charmant, tout du long. Revu vingt ans après, aucun souvenir précis.
– Pablo, tu as fini tes devoirs ? On mange. – Oui. Attends, je voudrais finir mon tableau. – Je te laisse cinq minutes. Et après tu ranges tes encres. – Tu as fini ? – Pas encore. – Fais voir ça. – Qu’est-ce que tu en penses ? – C’est bien, Pablo. Tu viens manger ? – Je trouve que c’est « extérieur ». Je voudrais essayer avec de l’huile comme à la maison et peindre par dessus. – C’est risqué… – C’est justement ce que je cherche. On mangera une autre fois. – D’accord. On change de technique de prise de vue alors.
Pablo peint un chef-d’œuvre. Et décide de tout bazarder en deux trois coups de pinceau.
– C’est très mauvais. C’est très mauvais. Pourquoi tu fais cette tête ? Si tu crois que c’est mauvais t’inquiète pas pas ça peut être encore plus mauvais. Voilà, bon, c’est vraiment très mauvais, mais maintenant je sais ce que je veux faire. C’est précisément ce que je voulais montrer. – Hum.
Ça commence en film de Clouzot, ça finit par être un film de Picasso. Bien joué l’artiste.
Du burlesque de bureaux qui glisse peu à peu vers de la fantaisie oniricocomique. Gentillet.
Le Fantôme du Moulin-Rouge(1925)
René Clair et les fantômes, une vieille histoire d’amour. Surimpressions de mise, suspense et amour triomphant. Nouvellement restauré.
La Tour(1928)
… et puis s’en va.
Les Belles de nuit (1952)
Clair semble vouloir reproduire le succès de Sous les toits de Paris et du Million avec un film de voisins plein de fantaisie. Ponctuellement, le film peut se révéler très drôle, mais il lui manque une attaque capable de donner un sens fort à la quête ou à l’aventure à venir. Il faut donc bien attendre une demi-heure avant de comprendre où René Clair veut en venir : le professeur de musique, compositeur à ses heures (nocturnes), rêve aux femmes qui l’accompagnent le jour, et les y retrouve à diverses époques… Je crois que même avec la meilleure attaque possible, un tel sujet peinerait toujours à convaincre. Les opérettes ou les comédies musicales n’ont parfois besoin que de quelques prétextes pour lancer les fantaisies musicales, seulement ici, il est surtout question de pitreries burlesques, certes parfois drôles, typiques du Clair d’avant-guerre, mais c’est loin d’être assez tordant pour qu’on se contente du rire. Avec de tels acteurs, comiques et non musicaux, et pas franchement burlesques, on essaie de faire du Clair à la sauce hollywoodienne : de la fantaisie légère, mais axée sur les rapports entre personnages, avec un vrai enjeu. Et le véritable enjeu ici, celui, comme nombre de films tout aussi romantiques, il est de gagner la belle. Or, on s’écarte bien trop souvent de ce fil directeur pour être convaincu par le film. À des années-lumière des meilleurs films de Clair. Dommage, Gérard Philipe est excellent (quel drame qu’il soit parti si tôt ; étrangement, il fut immédiatement remplacé par un autre acteur, moins présent sur les planches toutefois, Alain Delon). On guette peut-être un sein de Martine Carol sans jamais le voir, mais on soupire d’extase devant le ventre souriant de Gina Lollobrigida. À mon tour de faire de beaux rêves…