Notes de visionnage 2022 (2)

Juillet – Décembre 2022

 

 

Décembre 2022

L’Or de Mackenna, J. Lee Thompson (1969)

Joli étalage de richesses pour un si mauvais film… Casting XXL : on a à peine le temps de donner des mauvaises notes aux vedettes qu’elles tombent comme des mouches. Un Gregory Peck sénile qui embrasse la jeune blonde, un Omar Sharif antipathique comme c’est pas permis… Les dialogues sont mauvais à pleurer. Le rythme est inutilement lent et répétitif. À force de gonfler le casting, le scénario, les effets, la musique ou la pellicule, on en a presque la nausée. Curiosité à la fin avec une séquence de film catastrophe annonçant la légèreté de la décennie qui vient dans la production hollywoodienne… Un désastre.

C’est toujours aussi charmant les discussions des groupes de spectateurs qui parlent fort à la Cinémathèque française. L’une s’étonne qu’une autre ne vienne plus. On lui répond qu’elle vient moins souvent, mais qu’elle fait un peu la gueule depuis une affaire de punaise de lit. Et là, pendant cinq minutes, ça déblatère (si on peut dire) sur tous les habitués qui ont été touchés par le fléau. Une hécatombe à les entendre. La salle Franju serait particulièrement touchée. Une autre habituée aurait dépensé un fric fou pour s’en débarrasser. Charmante ville.

Dernier Train pour Busan (2016)

commentaire : 

Les Cousins, Claude Chabrol (1959)

Il faut reconnaître un certain sens dramatique à Chabrol (pour une fois), mais la critique bourgeoise frôle parfois la connivence et la complicité. C’est peut-être voulu, mais à part le personnage de Gérard Blain, qui a toutes les vertus, tous les autres sont des sombres connards. Le pire serait que s’il y a une critique de la bourgeoisie, qu’elle soit en réalité adressée au petit provincial fils à sa maman qui n’aura finalement dans ce finale tragique que ce qu’il mérite. Et le problème, c’est peut-être bien que ce n’est pas si clair.

Juliette ou La Clef des songes, Marcel Carné (1951)

L’habituelle rengaine des films mettant le rêve au cœur de leur récit. L’enjeu n’en vaut pas la peine : les trois quarts du film consistent à montrer les délires fantaisistes d’un amoureux ayant volé pour sa belle couchée dans sa cellule ? Sérieusement, c’est ça l’enjeu ? Montrer un rêve ? (Exactement le même souci que dans Les Belles de nuit d’ailleurs.)

Gérard Phillipe alterne le bien et le gnangnan (on retrouve parfois certaines notes infantiles de L’Idiot) ; la mise en scène de Carné est parfaite, mais le sujet ne mérite guère qu’on y prête beaucoup plus attention.

Le Bel Âge, Pierre Kast (1960)

Parfois considéré comme un des tout premiers films de la nouvelle vague française, il n’en reste pas moins assez méconnu. La principale qualité du film, ce sont ses dialogues, et surtout, son récit à la première personne qui vient s’immiscer dans les situations. L’influence de la littérature est évidente, et il faut probablement mettre Moravia au cœur de cette réussite. Le romancier-dramaturge italien est toujours habile à créer des situations compliquées, on n’y échappe pas ici avec un sac-de-nœud sentimental et libertin (voire féministe avant l’heure) tout à fait délicieux (délicieux dans un film, ce type de personnage étant insupportable dans la vraie vie) et conforme à l’esprit de la petite bourgeoisie parisienne qui plaît tant à l’étranger… Étonnamment, on peut penser, pour la forme, à La Jetée, avec une prépondérance du récit à la première personne collé sur des images, ici pas encore immobiles.

Glass Onion: une histoire à couteaux tirés, Rian Johnson (2022)

Pas vu la précédente aventure du détective Blanc, mais ça paraît inutile. Rian Johnson semble construire ses énigmes comme des épisodes de Colombo. C’est assez amusant, même si ce n’est jamais follement drôle. On semble commencer par une sorte de Crime de l’Orient express où il faut chercher l’assassin parmi une demi-douzaine de zouaves qui semblent avoir été inspirés par les chroniqueurs d’Hanouna : ils vouent tous une admiration forcée pour un milliardaire (qui, lui, paraît avoir été inspiré par Elon Musk) simplement parce qu’ils lui doivent tous quelque chose. Brièvement, on pense que le récit tourne alors aux Dix Petits Nègres (récit à élimination dans un huis clos insulaire), et puis, Colombo oblige, on revient à une forme de récit « cherchez le coupable » parmi toutes ces personnes aisées et insupportables, qui se révèle être, bien sûr, le dernier suspect possible…

Il faut noter une certaine tonalité world-company-satirique assez proche des loufoqueries dénonciatrices de Dont Look Up : petit moment savoureux par exemple quand le personnage de Daniel Craig « révèle » qu’alors que le milliardaire passe pour un génie, tous les « indices » prouvent au contraire qu’il est stupide. Si le personnage est inspiré de Musk, c’est bien vu, même si l’idiot milliardaire a donné encore plus de preuves de sa bêtise depuis l’époque où son double a été écrit.

Après, c’est tout de même des moyens délirants pour une simple comédie, à l’image de Dont Look Up, difficile d’adhérer beaucoup plus à une quelconque satire des milliardaires, influenceurs ou politiques véreux quand le film dépense ainsi autant de fric et cherche autant à en mettre plein la vue. On pense à ces comédies indigestes produites par Hollywood au cours des années « décadentes » des années 60 et 70. Y a presque une indécence paradoxale face à un tel étalage de fric qui suinte de ce genre de films qui mettrait plutôt mal à l’aise et ne donne pas franchement envie de rire. Il y a des jours où je suis bien luné.

Les Belles de nuit, René Clair (1952)

Clair semble vouloir reproduire le succès de Sous les toits de Paris et du Million avec un film de voisins plein de fantaisie. Ponctuellement, le film peut se révéler très drôle, mais il lui manque une attaque capable de donner un sens fort à la quête ou à l’aventure à venir. Il faut donc bien attendre une demi-heure avant de comprendre où René Clair veut en venir : le professeur de musique, compositeur à ses heures (nocturnes), rêve aux femmes qui l’accompagnent le jour, et les y retrouve à diverses époques… Je crois que même avec la meilleure attaque possible, un tel sujet peinerait toujours à convaincre. Les opérettes ou les comédies musicales n’ont parfois besoin que de quelques prétextes pour lancer les fantaisies musicales, seulement ici, il est surtout question de pitreries burlesques, certes parfois drôles, typiques du Clair d’avant-guerre, mais c’est loin d’être assez tordant pour qu’on se contente du rire. Avec de tels acteurs, comiques et non musicaux, et pas franchement burlesques, on essaie de faire du Clair à la sauce hollywoodienne : de la fantaisie légère, mais axée sur les rapports entre personnages, avec un vrai enjeu. Et le véritable enjeu ici, celui, comme nombre de films tout aussi romantiques, il est de gagner la belle. Or, on s’écarte bien trop souvent de ce fil directeur pour être convaincu par le film. À des années-lumière des meilleurs films de Clair. Dommage, Gérard Philipe est excellent (quel drame qu’il soit parti si tôt ; étrangement, il fut immédiatement remplacé par un autre acteur, moins présent sur les planches toutefois, Alain Delon). On guette peut-être un sein de Martine Carol sans jamais le voir, mais on soupire d’extase devant le ventre souriant de Gina Lollobrigida. À mon tour de faire de beaux rêves…

Troublez-moi ce soir, Roy Ward Baker (1952)

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Colonel Redl, István Szabó (1985)

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Last and First Men (2020) 

Entre La Jetée et Da Vinci. Dans un lointain futur, les hommes voyant leur monde disparaître viennent à rentrer en contact avec leurs ancêtres pour leur demander leur aide… Beauté minérale et musique cotonneuse, seule la voix de Tilda Swinton manque d’originalité : quand on pense aux voix de La Jetée ou d’Un homme qui dort, ça laisse rêveur sur les possibilités manquées d’un tel film. Mais l’essentiel est là : on peut adapter à peu de frais des romans SF, rien que par la voix et une illustration sans génie, mais efficace.

Asako I & II, Ryusuke Hamaguchi (2018)

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Novembre 2022

Un merveilleux dimanche, Akira Kurosawa (1947)

Magnifique mélodrame populaire façon Frank Capra ou Tadashi Imai. De nombreuses longueurs profitables au récit : c’est tout un art de savoir être concis et, quand il le faut, de savoir jouer sur la pesanteur ou la répétition.

Mon voisin de salle, bien viril, s’agitait comme un rat de Schrödinger (à la fois vivant et mort), s’attendant sans doute à voir un film de samouraï. Jolie émotion à la fin quand l’actrice se tourne vers la caméra et appelle les spectateurs à applaudir les couples dans le besoin et que quelques mains timides mais bruyantes réveillent la salle.

Le Plus Dignement, Akira Kurosawa (1944)

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Notes sur la rétrospective Hedy Lamarr à la Cinémathèque :

Rétrospective Hedy Lamarr archi-comble à la Cinémathèque pour chacun de ses films. Moyenne d’âge 70 ans. Toute la génération de Patrick Brion qui a manqué les diffusions à l’ORTF en 1958 est présente dans la salle.

Ce n’est pas qu’une moyenne. En tout et pour tout, sur une poignée de films, je n’ai vu qu’une dizaine de moins de trente ans dont des jeunettes venues spécifiquement, probablement, voir une comédie musicale.

Pas sûr que le nom d’Hedy Lamarr évoque quelque chose pour les nouvelles générations, ni même que le type de films proposés intéresse la jeunesse. Films noirs, d’espionnage, romances, ces films du Hollywood classics largement prisés par la génération des Cahiers du cinéma trouvent peu d’intérêt chez les plus jeunes.

Elles semblent se contenter déjà des « arbres-écrans » de cette époque comme Hitchcock, tandis qu’un autre « arbre-écran » du cinéma, mais cette fois japonais, Akira Kurosawa, devrait dans la rétrospective d’à côté rameuter sans doute plus de jeunes.

La Danseuse des Folies Ziegfeld, Robert Z. Leonard (1941)

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Le Démon de la chair, Edgar G. Ulmer (1946)

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Les Conspirateurs, Jean Negulesco (1944)

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Bacurau, Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho (2017)

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Octobre 2022

La circoncision, Arte (2022)

Arte toujours fâchée avec la science en faisant passer la question de la circoncision pour une question d’opinion.

On prétend que la pratique pose plus de problèmes que de bénéfices (à en croire le doc, il n’y en aurait aucun). Et on ne sait rien finalement de ce qu’en dit la science aujourd’hui. Tout acte médical pose potentiellement un risque. Alors je veux bien qu’en prophylaxie ou que pour des raisons religieuses, c’est peut-être superflu et le risque de se créer plus de problèmes, mais c’est quand l’acte est pratiqué pour raison médicale que le doc pose problème, car il prétend que là encore, ça ne sert à rien… Aucune source, aucune donnée. Et un peu comme quand on tire sur BigPharma, on tire gratuitement sur l’OMS qui selon le doc promeut la pratique dans le monde. Ben, désolé, Arte, mais entre un doc orienté qui affirme sans preuve, et l’OMS, j’ai plus confiance à cette dernière pour adopter des mesures qui vont dans le sens de la science et des patients.

Accessoirement, si un gland exposé est moins protégé et donc moins sensible, ça signifie aussi du plaisir plus longtemps. La moyenne d’un acte sexuel en France, c’est cinq minutes. Avec vos prépuces, les mecs, vous êtes des champions. Vous arrivez à faire quoi en cinq minutes ? Et on arrivera pas à me faire croire qu’un machin caché dans une poche à microbe sorti tous les quatre printemps, c’est propre. Opinion contre opinion. Faute de mieux. C’est mieux l’ignorance, merci Arte.

Trás-os-Montes, Margarida Cordeiro & António Reis (1976)

Mélange étrange, mais assez réussi entre Tarkovski et Ermanno Olmi. Un récit complètement éclaté, voire pas de récit du tout (ou déconstruit, comme chez Ruiz, comme quand les gosses voyagent à travers le temps et l’espace). On serait plutôt dans une carte postale, poétique, historique et ethnologique d’un village rural du nord-est du Portugal déserté par ses travailleurs. Beaucoup d’images frappantes, comme chez Tarkovski, un usage à deux mains de la partition visuelle et de la partition sonore qui ne s’accordent pas toujours, l’un précédent l’autre pour nous mettre en appétit, l’autre racontant une autre histoire toute différente de l’autre piste. Et comme chez Olmi, ce temps pesant autour des petits riens ou, au contraire, autour d’événements sociaux du village. C’est peut-être ce dernier aspect qui personnellement m’ennuie plus que le reste, mais c’est globalement assez hypnotique.

Le Daim, Quentin Dupieux (2019)

commentaire :

Des vaccins et des hommes, Anne Georget (2022)

Un documentaire qui est un bel exemple d’un des discours complotistes les plus répandus : « Je ne fais que poser des questions, je lance le débat ». Et pour ce faire, le documentaire colle une suite d’interrogations scientifiques peut-être légitimes prises individuellement, portées pas forcément par des antivax, mais qui, collées l’une à la suite des autres, forment un propos très clair visant à instiller le doute dans la tête du spectateur sur la nécessité de la vaccination générale.

On ne saura jamais des différentes questions immunologiques qui restent éventuellement ouvertes dans la communauté scientifique, rien des consensus, notamment sur la question de la balance bénéfice / risques, et donc sur l’état de la connaissance dans le domaine.

« On ne fait que poser des questions. » Typique.

En journalisme scientifique, on fait état de la connaissance et des enjeux. On ne polarise pas artificiellement un « débat » en instillant le doute chez des béotiens.

Télérama qui dit du bien de Des vaccins et des hommes.

Les intellectuels de gauche qui continuent le confusionnisme et n’en finissent pas de s’éloigner de la rationalité et de l’intérêt commun.

Chaque jour ce monde devient un peu plus exaspérant.

Et la complosphère qui se régale.

Hé, Arte, et les autres créateurs de continu « qui se posent de question », si la communauté scientifique roule des yeux et que les antivax sont satisfaits de votre doc, c’est signe que c’est de la merde. La mésinformation tue, bordel.

(Reprise de notes twitter.)

septembre 2022

Marguerite, Xavier Giannoli (2015)

Décidément, il semblerait que Giannoli soit ce qui se fait de mieux dans le pays… selon mes critères, forcément, bien personnels. À l’origine semble faire partie de mes films français préférés alors même que je n’en ai aucun souvenir (on ne se refait pas), et Illusions perdues se défendait bien pour une adaptation réputée impossible. On va réhabiliter la politique des auteurs si ça continue.

Comme bien souvent avec moi, ça passe par le sujet, la mise en forme et les acteurs. Sujet en or, on aurait pu se garder l’usage du panneau explicatif du début, et ça aurait été tout aussi bien. Un sujet qui permet de travailler l’aspect visuel sans en faire trop comme dans Illusions perdues. Mise en scène parfaite, peut-être un rythme qui manque d’allant. Quoique.

Quant aux acteurs, en dehors peut-être de la jeunette avec son phrasé un peu saccadé qui sent bon l’acteur qui veut forcer la spontanéité (alors que comme chez les chanteurs, la décontraction, c’est la clé de tout) : distribution homogène et remarquable. On ne peut évidemment pas imaginer quelqu’un d’autre pour le rôle que Catherine Frot. En France, quand on donne à d’excellents acteurs des rôles qui leur correspondent, avec des sujets qui valent la peine, comme par hasard, ça fait de bons films.

Solo, Jean-Pierre Mocky (1970)

Commentaire :

Tout est pardonné, Mia Hansen-Love (2007)

Commentaire :

L’Aveu, Douglas Sirk (1944)

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La Neuvième Symphonie, Douglas Sirk (1936)

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Chronique d’une liaison passagère, Emmanuel Mouret (2022)

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Everything Everywhere All at Once, Dan Kwan et Daniel Scheinert (2022)

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Okaeri, Makoto Shinozaki (1995)

Commentaire :

août 2022

 
Les femmes naissent deux fois, Yûzô Kawashima (1961)

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Making a Murderer, série Netflix 2015

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Dix-Sept Moments de printemps, Tatyana Lioznova, Yulian Semyonov (1973)

Série soviétique d’espionnage d’une redoutable efficacité. Mais le plus épatant pour moi, c’est sans aucun doute la ribambelle d’acteurs épatants qui parsèment la série, de l’acteur principal époustouflant d’autorité, de simplicité, d’humanité et de mélancolie, jusqu’aux rôles parfois très secondaires, en passant par tous les seconds rôles récurrents. Tous montrent une précision et une justesse dans le jeu redoutables, mais pas si étonnant pour une distribution russe. Avoir côtoyé une dizaine d’heures ces acteurs m’a incité à créer un exercice de théâtre… (Je vais me recycler dans des cours de comédie en ligne, sans élèves, et incompréhensibles.)

Nul doute que la série ait inspiré quelques vocations…

The Haunting of Hill House, série 2018

On comprend aisément ce qui a pu plaire à Mike Flanagan dans cette histoire… Le bonhomme semble obnubilé par Shining… Beaucoup d’éléments similaires ici, étonné de ne pas voir de référence à la hache… Début un peu poussif donc, puis le puzzle temporel qui se met en place dans la seconde moitié de la mini-série (ou devrait-on dire, « confetti temporel ») est efficace. Il y a comme une certaine fascination à voir les morceaux s’agencer un à un. Il faut aussi reconnaître au dernier épisode notamment une certaine qualité… littéraire (oui, oui) dans les dialogues, très probablement des emprunts directs au roman initial. Joli épisode 6 également dans lequel l’emploi de miettes de plans-séquences permet de s’échapper le temps d’un épisode du ronron pénible et habituel des mises en scène léchées. Voir comme jamais les acteurs en pied, se perdre dans des détails du décor, profiter de la continuité et du souffle donnés seuls par les acteurs, ça fait du bien. Parfois. Sans compter que Flanagan n’en fait pas pour autant un exercice de style tape-à-l’œil. Vu la spécificité de l’épisode, c’était parfaitement justifié (dans un ou deux épisodes précédents, le recours un peu trop systématique aux raccords entre séquences tournait là au contraire à l’exercice de style un peu vain). Bon, sinon, les flics, ils n’ont pas eu l’idée de l’ouvrir cette satanée chambre rouge après le suicide de la mère ? La dame se jette du haut de l’escalier donnant accès à cette pièce, mais personne n’aura l’idée d’y jeter un coup d’œil ? (Mince, je viens de faire appel à la police et ç’a mis un grand coup de pied dans le joli tas reconstitué de confetti. Principe hitchcockien qui vaut donc à la fois pour les thrillers et les films d’horreur : ne jamais faire appel à la police.)

Un jour en septembre 1999

On aura rarement vu un film documentaire adopter autant d’effets de mise en scène habituellement restreints aux films de fiction ou aux pires documentaires de télévision américaine du dimanche de fin des années 90, et cela alors même qu’il s’agit d’un film produit par la BBC. Le manque de distance avec un sujet aussi difficile donne assez à vomir : musique accentuant à chaque seconde les différentes étapes de la tragédie de Munich, mise en parallèle d’une hypocrisie sans nom avec la logique des jeux et du village olympique qui continuent presque comme si de rien n’était (hé, mec, tu es en train d’injecter des éléments de divertissement lourdingues et sans retenue concernant un drame réel et tu t’amuses du manque de compassion des témoins directs de la tragédie ?!), reconstitutions un peu zarbes (Depardon est cité au générique, je suppose qu’il a fourni certaines images de contextualisation…), témoignage racoleur d’un des terroristes, choix des rushs envers les Allemands pas forcément à leur avantage (certains rient, et impossible bien sûr de savoir si c’est en cohérence avec l’ensemble de leur témoignage), extraits de télévision US (sans doute parce que les moments les plus racoleurs de tous les extraits disponibles), et images des victimes baignant dans des mares de sang. C’est quel niveau d’indécence, sérieux ? Et on n’oublie pas le glamour aussi puisqu’il s’agit plus d’un film de fiction qu’un documentaire informatif et froid sur un sujet qui en aurait pourtant bien eu besoin : la voix d’une star en arrière-plan et une ponctuation musicale rock… de Led Zeppelin. Mais WTF

 

juillet 2022

 
Lucia et le sexe, Julio Medem (2001)

commentaire :

Les Frissons de l’angoisse (1975) & Ténèbres (1982), Dario Argento

Vu les deux films à la suite dans une programmation assez bien vue par la Cinémathèque : on y retrouve la même actrice et les deux films étant des whodunits où on se questionne plus ou moins sur sa culpabilité, ils se répondent pas mal. Il y avait bien longtemps que je n’avais pas vu un Argento, et j’ai été épouvanté par la médiocrité de sa mise en scène. Des lenteurs ridicules alors que parfois on ne sait même pas où veut nous mener la situation, des séquences stéréotypées qu’il est incapable de mettre en scène correctement (merci à la musique de meubler pendant les longs travellings à la grue), direction d’acteurs digne d’une série z (le pire étant peut-être les flics dans Ténèbres, j’ai bouffé quand le flic a sorti son flingue comme un enfant depuis l’appartement pour courir après un suspect situé… dans la rue). C’est parfois tellement ridicule qu’on se demande si on n’est pas dans une parodie (la poursuite avec le chien est assez gratinée par exemple).

En plus de ça, c’est sévèrement sexiste. Je viens bien croire que c’est l’époque qui veut ça ou qu’un thriller ce doit d’être sexiste pour bien mettre en lumière les fragilités des victimes…, mais ça devient un peu embarrassant quand toutes les femmes ou victimes ont le même profil (des grandes tiges aux seins pointus). Je ne suis pas trop adepte du male gaze, mais là il faut bien reconnaître qu’on est dans l’épandage de fantasmes obscènes typiquement masculins. Il y a un concours pour trouver la seule actrice du film qui porte un soutien-gorge ? On remarque aussi le sans-Peter-Neal double twist final censé estomaquer le spectateur quand on ne fait que plonger un peu plus dans le ridicule… (comme toujours, quand on s’ennuie, on trouve des jeux de mots stupides). Le seul élément des films qui sauvent tout le reste, c’est la musique.

Obi-Wan Kenobi, série Disney (2022)

Était-ce bien nécessaire… Des moyens disproportionnés pour une série (en comparaison du Mandovaurien par exemple), à la hauteur des ambitions de la série qui cherche un peu trop peut-être à s’insérer entre les interstices des épisodes des films de la saga : comment croire qu’autant de péripéties aient pu advenir entre des personnages attelés à se retrouver quelques années plus tard… Passe celles concernant Obi-Wan et les deux petiots, mais celles avec Dark Vador, les troupes de l’empire et une série de méchants à se farcir dont on sait parfaitement que les héros sortiront indemnes, c’est un peu fort de café. Justement parce qu’avant l’épisode quatre, il n’était pas censé s’être passé grand-chose dans la vie de ces personnages (sans compter que multiplier encore une fois les péripéties et s’en sortir à chaque fois en évitant de peu la mort ou passant pour mort, à la longue on finit par ne plus y croire).

Pourtant, le gros talon d’Achille de la série, est sans doute d’ailleurs avec une écriture, il faut bien avouer, totalement à côté de la plaque en multipliant les invraisemblances. C’était si compliqué que ça de faire une série où on ne quittait pas Tatouine et où Obi-Wan se contentait de lire la bonne aventure aux habitants ?… Seule éclaircie dans ce grand n’importe quoi : l’actrice qui joue Leïa. On peine même à croire qu’elle ait dix ans (ça compense un peu le reste de la distribution catastrophique, notamment avec la fille qui joue la grande inquisitrice). Ils feraient mieux de mettre moins d’argent dans les effets spéciaux à Disney et plus dans des petites histoires sans prétention qui serviraient surtout à développer le personnage de Ben. Les séries devraient être aussi l’occasion de faire ça, si c’est pour faire comme au cinéma, quel intérêt sinon d’empiéter sur l’univers déjà établi. Et ça, ça devrait être rangé du côté obscur de la Force.

The Boys, série Amazone (1999)

commentaire : 

L’assassin s’était trompé, Lewis Gilbert (1956)

Commentaire :

Les Trafiquants du Dunbar, Basil Dearden (1951)

Commentaire :

Opération Scotland Yard, Basil Dearden (1959)

Commentaire :

Un Président, l’Europe et la guerre, France Télévisions (2022)

Commentaire :

Pique-Nique en pyjama, Stanley Donen (1957)

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