Revoyure et prétention

La revoyure de navets peut offrir quelques surprises.

Pour ceux qui ont la prétention un peu molle : c’est comme avec les gosses, avec le deuxième, on laisse plus filer. Le cinéphile, un rien l’irrite, un rien l’émerveille. Et les petits riens, c’est encore ce qui gigote dans le flou entre l’écran et la rétine : un film est comme une femme qu’on croit connaître depuis vingt ans, on croit que tout peut passer par télépathie, jusqu’à ce qu’un cheveu soit trouvé dans une poche, et là plus personne ne se comprend. Seulement, des cheveux, entre l’écran et ce qu’on croit y voir, il n’y a que ça. C’est la poussière qui grésille dans la lumière, qui s’infiltre dans cette soupe impalpable et difforme qui sépare l’écran de la rétine. Tout ça n’est qu’incommunicabilité prenant l’apparence de la communication, de la compréhension, de l’interprétation. Ce cheveu qui finit sur la soupe, il ne tient jamais qu’à nous de ne plus le voir. Parce que tout est poussière. C’est ce qu’on regarde, ce qu’on en comprend, et surtout, ce qu’on fait mine de ne pas voir entre les deux et qui s’immisce tout à coup dans cet espace qu’on voudrait vide et qui est pourtant là où tout se joue, se recompose, se coiffe, ou se décoiffe.

Je l’ai toute dure maintenant. La prétention. Mais c’est plus fort que moi, je la renifle à des kilomètres, et il faut toujours que j’y dépose ma grosse patte velue.