Erotikon, Mauritz Stiller (1920)

Erotikon

Erotikon

Année : 1920

Réalisation :

Mauritz Stiller

7/10 IMDb

La fantaisie aurait été plus poussée comme dans les films avec Victor Sjöström et Karin Molander (qui joue toutefois ici la nièce), on se serait éloigné de la petite pièce de marivaudage aujourd’hui assez peu digeste, pour une comédie lubitschesque ou screwballesque. C’est que l’histoire et le développement présentent assez peu d’intérêt, et la fantaisie vient un peu tard.

Reste l’essentiel : on est en 1920 et, avant de se lancer dans ses sagas et une forme probablement inspirée des impressionnistes (Abel Gance en tête), Mauritz Stiller finit de maîtriser sa grammaire (qui deviendra la nôtre, le classicisme) : plans moyens ou américains, quelques gros plans, une caméra toujours placée où il faut pour proposer notamment des champs contrechamps efficaces, et surtout un principe, celui de la nécessité que se passe toujours quelque chose à l’écran, d’où un rythme effréné mais lisible, abandonnant les effets des montages alternés trop nombreux dans certains films (nombreux ici mais que du classique, avec un nombre de situations et de personnages restreints).


 

Erotikon, Mauritz Stiller 1920 | Svensk Filmindustri


La Quatrième Alliance de Dame Marguerite, Carl Theodor Dreyer (1920)

L’Illusion pastorale

Prästänkan AKA The Parson's Widow

Note : 5 sur 5.

La Quatrième Alliance de Dame Marguerite

Titre original : Prästänkan

Année : 1920

Réalisation : Carl Theodor Dreyer

Avec : Hildur Carlberg, Einar Röd, Greta Almroth, Mathilde Nielsen

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Une vraie merveille. À lire le résumé, on pouvait s’attendre à un film dur dans lequel la vieille femme de l’ancien pasteur jouerait le rôle d’opposant parfait, à la limite d’être une cruelle et tyrannique marâtre (les préjugés honorent les pléonasmes). Or si le film joue sur les apparences, c’est pour en faire un conte philosophique à la fois tendre, juste et plutôt amusant.

Qu’on me serve un film astucieux capable de casser les préjugés et de terminer par la plus merveilleuse des morales (« Elle m’a appris à être honnête »), et je suis aux anges.

Beaucoup de similitudes avec Ordet, en particulier sur la justesse du jeu (très réaliste, tourné vers la simplicité) et le génie de Dreyer à ne jamais porter un regard négatif sur ses personnages… Car l’écueil, ou la facilité, aurait été de faire du jeune pasteur un véritable Rastignac, tout dans ses agissements devrait nous le rendre antipathique ; or il est comme un enfant qui, à chaque fois qu’il se fait prendre en train de fomenter le pire pour sa vieille femme, s’excuse, avant de remettre ça… On ne croit pas une seconde qu’il puisse réellement nuire à Dame Marguerite, c’est comme un jeu, une farce italienne sans conséquence, une joyeuse satire.

Bref, c’est un pur bonheur qui en ferait presque couler quelques larmes.

Ah, et cette fin magnifique… où avant de partir, Dame Marguerite joue de sa réputation et n’oublie pas de recommander à son jeune mari de déjouer le sort et d’interdire sa vieille sorcière de femme de hanter les lieux après sa mort en placardant un fer à cheval au-dessus de la porte du presbytère… On croirait presque du Molière, à taper ainsi sur les usages des bigots, des institutions ou de certaines conventions sociales. Découvrez ces saints que l’on ne sait voir…

L’anti Barbe-bleue. La cruauté n’est qu’apparente. Derrière la peur et les artifices bâtis par le regard des autres, des monstres de bienveillance qui n’ont qu’une leçon à nous laisser avant de s’effacer : « Soyez honnêtes ! » La pudeur d’une certaine noblesse.


À noter la présence de Mathilde Nielsen, qui joue ici la servante, et qui aura l’occasion de développer ses talents comiques cinq ans plus tard dans Le Maître du logis (du même Dreyer) :

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La Quatrième Alliance de Dame Marguerite, Carl Theodor Dreyer 1920 Prästänkan | Svensk Filmindustri

Crise (1946) Ingmar Bergman

Bergman, Opus 1

Crise

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Kris

Année : 1946

Réalisation : Ingmar Bergman

Avec : Inga Landgré, Stig Olin, Marianne Löfgren

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Le premier film de Bergman et déjà un très bon opus. Principale qualité, ses dialogues, qui ont la puissance évocatrice des répliques de théâtre où beaucoup de choses sont dites en peu de temps. Un maximum d’informations est concentré dès les premières répliques qui doivent personnaliser parfaitement les personnages, pour exprimer leur nature, leurs ambitions, aspirations et leur problématique. Rien n’est dit directement, tout est fait dans la suggestion voire le symbole ; si bien qu’une scène de vie quotidienne en révèle beaucoup plus qu’il n’y semble au premier coup d’œil. Bien sûr, on ne le comprend que plus tard.

On retrouve certains personnages traditionnels des pièces de théâtre russes de Tchekhov. Des personnages essentiellement de la petite bourgeoisie, dans le cadre de la famille ou des amis proches.

Ingeborg est une femme célibataire dans une ville perdue de la province suédoise. Elle donne des cours de piano pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa charmante fille tout juste nubile. Une chambre est louée à un homme, discret et humble, amoureux de sa fille Nelly.

Mais Nelly n’est pas la fille naturelle d’Ingeborg. On l’apprend quand sa véritable mère, Jenny, citadine directrice d’un institut de beauté, vient la chercher pour qu’elle travaille à ses côtés. Seulement Ingeborg considère Nelly comme sa véritable fille. Elle est malade, ne lui a pas dit et voudrait l’avoir auprès d’elle. Elles se mettent d’accord pour laisser le choix à leur fille, qui sait depuis le début la vérité. Elle voit là surtout l’occasion de sortir de ce trou perdu et accepte de partir avec sa mère qu’elle connaît à peine.

Entre-temps, elle a fait connaissance de Jack, homme, fantasque, hâbleur, comédien sans le sou, séducteur, manipulateur, passablement suicidaire… Elle se laisse séduire, et se rendra vite compte que sa mère Jenny l’entretien, rendant toute relation avec lui impossible.

On laisse partir Nelly avec sa mère, et on reste avec Ingeborg qui vit très mal cette séparation. Elle décide alors au bout de quelques mois de venir saluer sa fille à la capitale. C’est Jenny qui l’accueille : tout laisse penser qu’elles sont toutes les deux heureuses. Ingeborg embrasse sa fille le cœur serré et retourne dans sa province…

On reste cette fois avec Nelly, Jenny, et Jack, qui apparaît un soir à l’institut que Nelly s’apprêtait à quitter. Il semble bouleversé, lui dit qu’il ne pourra jamais aimer personne parce qu’il est égoïste…, pourtant, il se sert de cette situation pour abuser de la pauvre petite Nelly… Apparaît alors la mère…, et là, C’EST LE DRAME. Scène de dénouement, on comprend tout des relations curieuses de ce “couple”. Jack s’enfuit et meurt tragiquement.

Épilogue : Nelly retrouve sa mère Ingeborg. On se serre, on s’embrasse. Magnifiques instants d’amour entre une mère et sa fille. Nelly pourra peut-être désormais accepter les avances de Ulf, le charmant garçon, discret et sans problème que sa mère loge depuis longtemps en espérant que sa fille tombe amoureuse de lui.

Ça peut paraître un peu glauque, le genre de drame intimiste qui a fait la réputation du Suédois. Eh bien, si c’est bien un drame intimiste, ça n’a rien de glauque. Bergman prévient même, un peu à l’image de Tchekhov qui dira jusqu’à la fin que ses pièces étaient des comédies, que ce n’est pas une grande histoire et que « ça pourrait même être une comédie ». Il y a du vrai un peu là-dedans. Il ne faut pas nier que l’histoire soit plutôt tragique (le genre de tragédies courantes qu’on trouve dans toutes les familles), mais il y a beaucoup de légèreté, d’insouciance ou de pure bonté chez les personnages. Les méchants et leurs mauvaises intentions sont absents, et si Jenny peut paraître antipathique, ou au moins un peu cruche et parfaitement égoïste au début, elle se révélera au contraire une femme pleine d’amour pour sa fille. Elle n’a jamais réussi à faire sa vie avec un homme, se faisant à chaque fois jeter, donc elle voudrait être avec sa fille et la gâter un peu. Même chose pour Jack, qui a tout au début du goujat manipulateur, bon à séduire les filles pour mieux les jeter par la suite. Il est ainsi, mais il en est conscient et s’en excuse même par la suite. Jamais antipathique le bonhomme, parce qu’il ne veut faire de mal à personne ; il profite de l’argent de Jenny, mais elle aussi y trouve son compte ; il cherche juste à vivre, à prendre du plaisir malgré ses blessures, à cacher ses larmes par des rires et une joie excessive (les Suédois ne sont pas des Slaves, mais la Russie n’est pas loin, du moins dans certaines œuvres de Bergman comme ici, et là ça correspond tout à fait à l’image qu’on se fait d’un Slave). On le voit d’ailleurs mieux quand Jack insiste pour accompagner Ingeborg à la gare : on pourrait croire que toute cette fausse gentillesse cache quelque chose, alors qu’en réalité, si elle paraissait fabriquée c’est qu’il en rajoutait et cachait ses tourments derrière ces excès. Ingeborg comprend qu’il n’est pas là pour lui poser des problèmes : il avait juste besoin de compagnie, de partager quelques moments… Et au final, toutes ces contradictions, tous ces troubles, en font un personnage fascinant et attachant (même s’il faut s’en méfier).

Excellent premier film sur l’amour d’une mère et sa fille. Ce n’est pas si courant comme thème au cinéma…


Crise, Ingmar Bergman 1946 Kris | Svensk Filmindustri (SF)


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La Honte, Ingmar Bergman (1968)

La guerre est nôtre

La Honte

Note : 4 sur 5.

Titre original : Skammen

Année : 1968

Réalisation : Ingmar Bergman

Avec : Liv Ullmann, Max von Sydow, Sigge Fürst

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La guerre transforme nos vies, notre intimité, même quand on cherche à se préserver de toute idée politique, même quand on se retire dans le trou du cul du monde.

L’histoire, si on peut appeler ça une histoire, évolue simplement : Max von Sidow et Liv Ulman se sont retirés à la campagne pour vivre heureux en dehors des tumultes des villes. La guerre civile les rattrape, et les insurgés, se réfugiant, pas loin de chez eux, leur maison se retrouve bientôt au centre de bombardements. Ils ont le choix entre le pouvoir en place (une dictature probablement) et les insurgés (qui ne sont pas des saints non plus). Choisir l’un ou l’autre camp, ça revient finalement à la même chose, les deux amoureux voudraient rester en dehors de tout. Mais la politique est binaire et la désertion idéologique prohibée. Et la guerre civile entre alors dans le lit conjugal (au propre comme au figuré). Après bombardements et exécutions en masse, les deux amants s’en tirent finalement pas trop mal et retournent chez eux.

C’est là que compte mettre en place Bergman son champ de bataille. La guerre change les hommes, et les sépare surtout. Même ceux qui la refusaient.

La Honte, Ingmar Bergman 1968 Skammen | Cinematograph AB, Svensk Filmindustri (SF)

Ils ne s’accordent plus sur l’attitude à adopter, s’il faut rester neutre, et s’il faut prendre le parti de quelqu’un, pour lequel… Les deux camps se serviront de leurs incertitudes, de leurs contradictions, de leurs doutes. Et c’est ainsi que l’indifférence, la peur, le refus de s’engager, engendre la docilité (donc la servitude — et dans d’autres circonstances, la collaboration). À l’égard des deux camps. Dans une guerre, il y a les abrutis qui ont des convictions (et ceux-là décident de s’affronter) ; et les autres, qui parce qu’ils n’en ont aucune, subissent la logique des premiers. La majorité silencieuse, qu’on dit. Elle se prostitue à l’officier qui les a laissés en vie (ce n’est même plus le cas après les désaccords avec son mari) ; ils ont en retour des petits cadeaux. Par ailleurs, les insurgés viennent se servir chez eux (c’est toujours un moindre mal). Jusqu’au jour où militaires et insurgés viennent à se rencontrer chez eux…

Malgré la détestation profonde qu’ils éprouvent désormais l’un pour l’autre, ils continuent de vivre ensemble…

Voilà. Une guerre sans nom, dans un pays sans nom, dans une époque indéfinie, le tout pour mieux mettre en évidence un autre conflit, celui, quotidien, de la vie conjugale. Et encore, malgré les désaccords, les conflits, malgré la fuite du désir et la disparition de l’amour, on reste ensemble, parce qu’on préfère vivre mal avec l’autre, que vivre seul et mourir. Le seul courage, c’est celui de vivre avec l’autre. Vivre, c’est renoncer à ses certitudes, renoncer à les imposer aux autres. La paix, c’est une guerre qu’on renonce à se faire. Et donc la guerre, c’est la lutte permanente pour la paix qu’on a décidé de perdre. Peace and love, docteur Ingmar.

Le début est beau. Jamais Liv Ulman n’aura été aussi belle. Par la suite, ça se gâte évidemment. Quelque chose d’étrange se produit alors. Un peu comme si nous aussi, on commençait à ne plus les supporter et que malgré tout on avait du mal à nous séparer d’eux. Si seulement le monde, la guerre, le chaos, ne les avaient pas rattrapés.

Film curieux. Parce que ce n’est pas un drame. Plutôt une parabole dystopique, une chronique avec des « scènes de la vie conjugale » mises à l’épreuve du temps. Au lieu de chercher à montrer comment un conflit se noue et se dénoue, Bergman préfère l’exposer simplement. Sans début ni fin ; c’est là. Il en ressort une étrange impression d’inachevé où c’est à chacun de tirer les leçons. Bergman explore les étapes de la vie d’un couple, mais son unité se fait sur une base thématique et non dramatique. Le sujet n’est pas un conflit en particulier, mais “le” conflit, donc il peut prendre différentes formes. Le tout est de creuser le même sillon. D’un point de vue dramatique, c’est comme s’il ne s’était rien passé. Parce que l’intérêt est ailleurs. Dans l’analyse personnelle que chacun fera de ces relations (qu’on ne vienne donc pas me dire que je déflore l’histoire…). Et au manque d’objectif défini, nécessaire à tout récit dramatique, s’ajoute la soumission des personnages. Un héros classique prend son destin en main et cherche à être maître de l’environnement qui l’entoure, c’est la pleine puissance de l’homme qu’on célèbre depuis que l’homme raconte des histoires. Ici, c’est le contraire, puisque Bergman rappelle son impuissance, sa volonté de rester en dehors du temps, en dehors de l’histoire, en dehors de la vie et de l’environnement. Au lieu de chercher en dehors, la quête se fait en dedans, on voit ça depuis Œdipe. Les personnages veulent tout sauf être des héros. Bergman s’applique à nous montrer les hommes tels qu’ils sont, non tels qu’ils devraient être ou tels qu’ils ont été racontés selon les légendes. À nous de nous forcer à nous interroger sur nous-mêmes, plutôt que de nous émouvoir et de nous divertir avec le récit captivant de héros embarqués dans des histoires extraordinaires. On a alors le film qu’on mérite : si on est incapable de tirer des leçons de tout ça, les forces évocatrices du film échoueront à trouver un écho en nous. Mais ça n’interdit pas de tirer du plaisir devant une telle démonstration. Comme la limace qui tombe en extase devant son reflet dans une flaque… sans comprendre que c’est son propre reflet qu’elle est en train de voir. C’est beau, on ne sait pas pourquoi, et parfois c’est suffisant. C’est toute la réussite de Bergman comme d’un Tarkovski. Réussir à adopter une posture de distanciation pour forcer le spectateur à se rapprocher de lui-même, sans oublier la poésie. C’est-à-dire la possibilité de s’abandonner à ce qui nous échappe.


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Sourires d’une nuit d’été, Ingmar Bergman (1955)

Comédie érotique d’une nuit d’été

Sourires d’une nuit d’été

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Sommarnattens leende

Année : 1955

Réalisation : Ingmar Bergman

Avec : Ulla Jacobsson, Eva Dahlbeck, Harriet Andersson

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Un vrai bonheur de film. Une comédie légère, une sorte de pièce de Marivaux sous le soleil éternel, doux et frais de l’été suédois. J’imagine que c’était, avant que Bergman l’adapte, une pièce qu’il a montée au théâtre de Malmö. C’est en tout cas structuré comme une pièce de théâtre (comme beaucoup de ses œuvres de toute façon).

Comme chez Marivaux donc, on a les jeunes ingénus qui ne connaissent rien à l’amour, qui sont les proies des vieux… Tout ça flotte dans un grand libertinage, tout le monde badine avec tout le monde, mais ce n’est pas pour autant une invitation dans le lit… On s’amuse. On fait l’amour avec les mots. Tout est futile, léger, il n’y a pas une once de drame dans tout ça. La force du film, c’est ce ton. Léger donc, un peu folâtre (une comédie du bonheur, un peu farce, mais où on n’ira pas jusqu’à se taper sur les cuisses).

Le début est un peu lourd avec le personnage du mari volage, un peu austère, marié à une jeune fleur de trois fois son âge. Dès que le film se tourne sur les personnages féminins, là c’est le grand bonheur. La jeune épouse donc, toujours vierge (« Crois-le ou non, voilà deux ans que je suis marié et ma jeune épouse est encore vierge. Je ne tiens pas à la brusquer. […] Mais elle aime beaucoup ma vieille pipe ») ; elle a la lèvre boudeuse, de jolis poils de paille sous les aisselles ; elle déshabille innocemment le fils de son mari ; il est encore question de pipe, et le fils s’exécute sans rechigner. La servante (un personnage typique du théâtre français, voire italien) qui se plaît « à rouler des hanches » (le cul c’est vulgaire) devant, toujours, le jeune fils du mari (qui déprime de ne pouvoir vivre autant dans le péché que tous ces vieux libertins) ; elle l’allume, mais quand le fils tente de l’embrasser brutalement… : « Non, non, si je t’allume, c’est pour mieux te repousser, mon mignon ». Et enfin, la maîtresse du mari, actrice, volage aussi, à qui on ne la fait plus, qui se laisse convoiter par deux maris et qui a perdu ses illusions de jeunes filles… Comme souvent chez Bergman, ce sont les femmes qui ont le pouvoir.

La troisième partie du film me fait penser à Milou en mai. C’est un peu les chaises musicales dans les couples alors que tout le monde s’est réuni à la campagne. Et bien sûr, c’est la jeunesse qui finit par gagner le combat.

À noter, Sarko dans le rôle du deuxième amant de l’actrice, une sorte de Matamore tout à fait ridicule.

Harriet Anderrson, Eva Dahlbeck et Ulla Jacobsson, c’est tout de même de la belle blonde à mâter. Photo magnifique en noir et blanc, très claire, avec une grande profondeur de champ… En gros plan, on voit les poils blonds des bras d’Ulla Jacobson scintiller en contre-jour, ou les larmes sur ses joues qui brillent comme de minuscules petites loupes. On voudrait presque y mettre la langue, sentir au moins le parfum frais de sa chevelure dans la nuit claire… Des sourires plein les yeux, des poitrines blanches et généreuses (ah, la scène où Harriet Andersson dégrafe son bustier et l’ouvre de cour à jardin pour venir y glisser la main du fils de son mari…), des postures avec un maintien comme on n’en voit plus aujourd’hui.

Rideau. L’automne arrive. Rhabillez-vous. La saison des comédies guillerettes de Bergman vient de s’achever.


Sourires d’une nuit d’été, Ingmar Bergman 1955 | Svensk Filmindustri Sommarnattens leende


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