Neutralité du professeur

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Intéressant ce nouveau hashtag pour dénoncer les profs sur Twitter. En dehors des anecdotes relevant de la justice, ces petites histoires illustrent bien le malaise qu’on peut vivre durant sa scolarité.

Quand je lis les réponses rappelant qu’il y a des profs sympas qui peuvent changer votre vie, ben, c’est un peu le problème selon moi. Les profs souffrent de cette volonté de devenir des phares dans la vie de leurs élèves, et ce faisant personnalisent à outrance le rapport aux élèves. Quand les profs se permettent des remarques, des conseils, ils sortent toujours de leur domaine de compétence ou de leur mission et se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Si ça peut venir d’une volonté de bien faire, en personnalisant ces rapports, ils en viennent naturellement à créer des affinités avec certains et en rejetteront d’autres même sans s’en apercevoir. On ne peut pas être le phare de centaines de bambins. Quelques-uns pourront être réceptifs à une attention soudaine, mais ça se fera le plus souvent au détriment des autres. Quand on veut faire ami-ami avec des gamins, quand on réduit la distance neutre que chaque professeur devrait adopter pour s’approcher de quelques-uns, on se détourne de tous les autres, et en réduisant cette distance, on ne se pose plus en professeur mais en être humain, donc, potentiellement, en connard ou en imbécile.

Si certains élèves peuvent apprécier de voir des adultes se mettre à leur hauteur, d’autres n’apprécient guère que des adultes profitent de leur statut d’adulte et de professeur pour réduire cette distance : même si cela part souvent d’une bonne intention encore une fois, un adulte qui donne son avis perso sur ce qui ne le regarde pas, perso, et j’imagine ne pas être le seul, ça me donnait surtout envie de faire le contraire de ce qu’on pouvait me dire. Parler à un enfant quand on est adulte, ça peut vite être invasif et être perçu, selon le ton ou ce qui est dit, comme illégitime. C’est souvent parce que des adultes se mêlent de ce qui ne les regarde pas que des élèves se sentent mal dans le milieu scolaire, se sentent parfois (mal) jugés, que de la jalousie et du ressentiment commencent à poindre chez certains, et que tant d’enfants se sentent blessés par des réflexions d’adultes grisés par la position qu’ils prennent en sortant de leur neutralité. Sortir de cette neutralité, c’est en réalité exercer sur l’enfant une forme de soumission et un rapport de domination contraint auquel l’enfant ne pourra plus se défendre que par la violence verbale voire physique et par un rejet de ceux qui ne restent pas à leur place et de l’institution tout entière.

Se sentir le droit, ou le devoir, de donner des avis sur tout, même ce que l’on croit être des conseils, c’est un rapport de domination qu’on impose à l’autre. L’éducation, ce n’est pas ça. Étant extrêmement rétif à toute forme de domination, pour me parler, il fallait le faire avec une certaine dose d’humilité, car mon niveau d’acceptabilité de ce système avait très vite atteint ses limites. Alors je n’ose même pas imaginer le rejet que peuvent éprouver certains élèves devant faire face à un type d’intrusion et d’écarts à cette neutralité bien supérieure à ce que j’avais pu rencontrer (racisme, sexisme, remarques physiques, etc.). Je n’ai jamais accepté que ceux qui me paraissaient rarement légitimes à m’en donner, me donnent des ordres, surtout quand j’estimais que ces « ordres » sortaient de cadre scolaire ; je n’ai par ailleurs jamais bien reçu les remarques et conseils venant d’adultes pour qui j’avais très rarement du respect en tant que personnes (pour une grande partie parce que j’estimais que le respect n’était pas dû à un statut d’adulte ou de professeur, mais se gagnait avant tout ; et curieusement, ceux qui me reprochaient mon insolence étaient souvent ceux qui tutoyaient leurs élèves et s’amusaient le plus à nous faire part de leurs commentaires incessants). Dès qu’un professeur sortait de ce cadre, que ce soit avec moi mais plus souvent avec d’autres, ça me donnait moi l’envie de devenir insolent (voire toute légitimité à l’être), ou à foutre le bordel en classe : quitte à sortir du cadre et du respect de chacun, autant que les élèves imitent leurs professeurs, je pensais. Alors, j’étais sans doute un emmerdeur, j’ai peut-être aussi une répugnance particulière à toute forme d’autorité, mais c’est aussi parce qu’on me permettait d’affirmer ma part personnelle en classe, avec des professeurs désireux de sortir du rapport informel professeur/classe que cela était possible. Quand un professeur se donne le droit de faire des remarques qu’elles soient justes ou non, de donner des avis sur ce qui ne le regarde pas, de venir prodiguer ce qu’il croit être des conseils, on permet aux élèves de s’affirmer tout autant en dehors de l’ensemble impersonnel de la classe, et c’est rarement le meilleur qui ressort alors des élèves. Une bonne partie du manque d’autorité de certains professeurs doit venir de là ; et probable que ce manque de neutralité de la part des professeurs soient encore plus évidents quand ils exercent dans des milieux sociaux différents du leur : en cherchant à aider, paradoxalement, ceux qu’ils savent ou pensent être en difficulté sociale, ils ne réussiront qu’à exacerber un peu plus le sentiment d’inégalité des élèves en reproduisant les inégalités dont ils peuvent être victimes dans la société au sein de la classe (certains pauvres par exemple n’ont pas envie qu’on leur rappelle à l’école qu’ils le sont). Aucun professeur n’avouera qu’il délaisse certains élèves au profit de certains autres, seulement chercher à personnaliser chaque cas, en aider certains, donner des avis ou livrer des commentaires pour d’autres, c’est de fait créer une inégalité dans la classe.

Un professeur n’est ni un ami, ni un clown, ni un parent de substitution, ni un conseiller, ni un guide, ni un psychologue, ni un juge. Sa neutralité doit être quasi absolue. On souhaite sortir de cette neutralité ? On prend le risque que son autorité soit remise en question. J’ai toujours perçu le professeur comme une sorte de coryphée dont le rôle serait de délivrer des informations au public : il est seul sur scène, il s’adresse à lui sans prendre tel ou tel spectateur à témoin (distance), et il ne porte aucun jugement sur le drame qui se joue sur scène (neutralité). Peut-être une vision vieillotte de l’enseignement, mais les professeurs devraient prendre conscience qu’ils ne sont pas là pour interférer dans la vie des élèves. Je sais que depuis longtemps déjà, on incite les professeurs à impliquer les élèves un à un et tour de rôle dans leurs cours, j’ai toujours vu ça comme des bons et des mauvais points qu’on lançait gratuitement aux élèves, une manière aussi de leur apprendre à devenir dociles et accepter d’être en permanence jugés, de répondre comme il faut, tout en apprenant sagement à ne jamais interrompre. Dans l’idéal, même quand les élèves répondent à côté, on positive et tout le monde apprend des erreurs de chacun, mais dans une grande majorité des cas, c’est vécu comme une punition, comme une humiliation, comme une mise à nu de nos failles ou plutôt de ce que ces adultes décident être des failles. Et très souvent, les professeurs sont maladroits (ou cons) et sortent encore plus de ce cadre et se laissent aller à des commentaires blessants ou inappropriés. Ce qui n’arriverait pas si on décidait d’une neutralité quasi totale.

On me rétorquera alors que les professeurs ne sont pas des robots, et je serai d’accord. Mais s’ils sont des êtres humains, raison de plus pour réduire le plus possible leur capacité à nuire en tant qu’être humain et en tant qu’adulte face à des personnes mineures.


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SensCritique et la tentation autoritaire

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SensCritique et la tentation autoritaire. Ou quand la cancel culture, initiée par la dénonciation gratuite d’idées d’un autre bord que le sien ou de membres supposément ou non extrémistes tourne au pugilat verbal, en vol de contenu et en suppression de compte. 

L’extrémiste, c’est toujours l’autre.

Je m’arrête quelques lignes sur le billet à l’origine de ce joli shitstorm sur la plate-forme SensCritique et écrit par un baron du site : guyness. Mes principales remarques seront plus volontiers adressées aux plates-formes culturelles de ce genre, et donc en particulier ici à celle dont il est question, qui à mon sens posent de véritables problèmes en matière de respect du droit d’auteur (que l’on devient tous en créant du contenu chez elles) et de la maîtrise des données partagées pouvant être arbitrairement supprimées. (Il est vrai que ces plates-formes vivent en monnayant les données de leurs membres esclaves, il sera d’autant plus facile pour elles de supprimer des données si elles s’en sentent généralement propriétaires.)

Guyness records

Guyness publie son billet d’humeur sous forme de critique sur une œuvre, ce qui est une habitude dans le coin. Il écrit ce qu’il appelle un « texte d’avertissement » pour dénoncer à la fois la présence sur le site de membres qu’il relie à l’extrême droite, mais aussi les membres, par ignorance ou copinage, les suivent et relayent ainsi leurs productions au plus grand nombre. Le texte d’avertissement n’est donc qu’une suite d’insinuation invérifiable pour qui comme moi ne fréquente plus le site, et c’est donc un manuel de bonne conduite adressé à toutes les personnes de bonne volonté cherchant à se racheter une nouvelle vertu, ou simplement aux curieux qui pourront toujours lui demander en message privé les noms des coupables et les preuves, fruits, il le laisse entendre, d’une grande enquête digne de Mediapart.

Inutile de dire que je me fous un peu de cette liste et de ce qu’elle contient, c’est plus la méthode qui interpelle. Elle est au mieux maladroite, au pire un peu dégueulasse quand on sait quel poids ont les barons sur ce réseau et donc les conséquences fâcheuses que cela pourrait occasionner aux fachos (et d’autres assimilés). Imaginons Piotr Pavlenski rameuter le Tout-Paris en prétendant disposer de vidéos d’un candidat à la mairie et prêt à en donner la preuve à qui lui demanderait gentiment en message privé… À se demander à quoi sert la formule magique affichée en haut de chaque rectangle de commentaires sur le site : « Ici on peut débattre de tout, mais on le fait avec respect, sans insultes et autres comportements qui peuvent pourrir l’ambiance. Si vous ne jouez pas le jeu, vos commentaires peuvent être modérés, et même votre compte disparaître (une perte de mojo énorme, paraît-il). Si un comportement vous paraît déplacé, utilisez le feedback. »

Les barons du site ne doivent pas avoir à y passer par le feedback, une bonne humiliation sur la place publique fera l’affaire, et elle saura tout autant consolider leur place de barons de la cité. D’ailleurs, c’est de bonne guerre puisque les propriétaires du site, eux, se foutent bien aussi des règles de bonne conduite et du respect des lois. Et puis, c’est dans l’air du temps surtout ; dénoncer en privé ce qu’on juge déplacé, cela n’aurait que peu de répercussion en matière de réseau et de buzz, donc le but, c’est de parler de soi… en dénonçant les autres. Et attention, on ne dénonce pas les mamies qui donnent à manger aux pigeons, on vise gros : si ailleurs l’appel au cancel vise les pédocriminels ou les machos, ici ce sera les fachos (curieux retournement de l’histoire, à croire que c’est dans notre ADN de se trouver une certaine gloire à dénoncer les minorités en les faisant plus gros et plus influents qu’ils ne le sont en réalité). On appelle ça « diaboliser » paraît-il, à d’autres époques, c’était les sorcières qu’on chassait.

C’est donc un peu Jour de colère de Dreyer sur SensCritique ces derniers jours, et on y retrouve des procédés rhétoriques, ou des biais sélectifs et de confirmation, propres à la chasse aux sorcières. Pour convaincre son auditoire que ceux dont on ne veut pas dire le nom sont bien pourris, on dit : 1/ croyez-moi sur parole, sinon c’est pas grave, mais je vous assure qu’ils existent 2/ si mes preuves ne sont pas tops, eh bien on dira qu’ils jouent un double jeu (celui du diable, parce que le diable est tellement habile qu’il arrive à nous convaincre, nous petites créatures naïves, que d’autres créatures avec l’apparence toute aussi naïves sont en fait des sorcières, et qu’elles adoptent justement cette apparence pour nous tromper ! = le manque de preuve devient la preuve de ce qu’on prétend… — On quitte un peu Dreyer, et on se retrouve plutôt ici dans Le Grand Inquisiteur. Guyness écrit même « Car en effet, presque tous les membres concernés refuseront d’avouer frontalement leur affiliation politique. » Je ris jaune, mais on n’en est pas encore à leur faire avouer leur lien avec le diable sous la torture ; ça prend même joliment la couleur d’un collabo dénonçant l’acteur Harry Baur parce qu’on ne peut pas avoir un nom pareil sans être juif ; d’ailleurs, même s’il n’avouera jamais en être le Harry, force est de constater qu’il joue si bien les juifs, c’est donc que…, etc.

Certains ne semblent pas avoir appris grand-chose des leçons tragiques de l’histoire.

Et puis un aveu assez révélateur, un éclair de lucidité peut-être, mais qui ne viendra pas pour autant semer le doute dans son étrange procédure de « révélations » : « le pire, sans doute, c’est que je ne suis pas persuadé que ces membres soient tous profondément ancrés dans cette forme de jusqu’au-boutisme politique ». Donc les preuves (qu’on ne voit pas), elles ne sont peut-être pas si évidentes que ça… Sont peut-être pas d’extrême droite, mais je ne les ai jamais vu en dire du mal, c’est donc que, etc.

Il y a un truc qui m’a toujours posé problème dans ce genre de dénonciation et d’attribution pour les autres à des cases ou des églises auxquelles ils ne se revendiquent pas (ou pas publiquement). J’ai déjà eu l’occasion de le dire, quand j’étais môme, un camarade m’avait soutenu que j’étais catholique parce que j’étais baptisé. Je lui répondais que non et que je n’en avais rien à faire d’être baptisé et que j’étais athée que ça lui plaise ou non. Donc vous avez toujours quelqu’un qui décide pour vous qui vous êtes. Eh bien non, en matière d’idéologie, ce n’est pas ce que je dis ou ce que j’ai fait (ponctuellement ou non), qui détermine « qui je suis ». On est catholique si on se revendique comme tel, on est féministe (même en étant radical ou même un homme) si on se revendique comme tel ; on est dans l’appartenance idéologique, et le principe d’une idéologie, ben, c’est qu’on y adhère, ce n’est pas aux autres de le faire pour nous. J’en sais quelque chose, redéfinir ou non quelqu’un qui se définit lui-même comme quelque chose de plus flatteur, c’est jamais une politesse qu’on lui fait.

Pourquoi attribue-t-on des cases moins flatteuses dans lesquelles ranger les autres ? Eh bien parce qu’il y a des cases et des paroisses que chacun voudrait éviter comme la peste, c’est une marque d’indignation, une lettre à marquer au fer rouge, et plus généralement, une insulte : tu es ce que moi je décide de ce que tu es, tu n’es pas ce que tu prétends être. On sait très bien que quand on traite quelqu’un d’autre de fasciste, on n’en est pas à le suspecter d’adhérer à une mouvance idéologique ou même d’adhérer à des idées fascistes, non, dire à un autre qu’il est « fasciste », c’est une insulte pour le dénigrer aux yeux des autres. C’est lui renverser un baril de goudron sur la tête et le recouvrir de plumes afin que chacun dans la société vienne lui cracher au visage. Et ces insultes sont d’un genre particulier parce qu’elles sont autorisées par la morale : parce qu’entre nous, hein, ce n’est vraiment pas jojo d’être « fasciste », ou pas si grave de traiter un autre de ce qui dans notre société actuelle est sans doute ce qui est le comble de l’indignité, un peu comme il y a des racismes absolument à bannir (contre les Noirs ou les juifs), et d’autres bien acceptés voire encouragés (contre les Asiatiques). La morale à géométrie variable. L’intolérance vis-à-vis de ceux qu’on suspecte d’être affiliés à une idéologie d’intolérance. Absurde, mais efficace, populaire. Qui vous reprochera d’être durs avec les durs. Après la peste brune, voici la rage brune : quand on veut noyer son voisin, on dit qu’il a la rage ou qu’il est d’extrême droite.

J’ai dans ma poche une liste de parias infréquentables : à qui voudra venir avec moi faire le ménage, j’en réserve l’exclusivité. Discrétion assurée.

Il y a donc bien ça qui pose problème à ce stade : ces pères la morale dénoncent des comportements fascistes, mais en réalité, ça tourne très vite à la dénonciation non plus de propos ou des comportements, mais d’appartenance supposée à tel ou tel groupe. J’ai dû rater un épisode ? La démocratie a pour de bon interdit le Front National, on craint à ce point les royalistes qu’on a eu l’idée de les envoyer au cachot ?… La peur brune comme il pouvait y avoir une peur juive. Les mêmes biais ayant mené aux idéologies que ces pères la morale dénoncent mènent aux mêmes stéréotypes et aux mêmes réflexes : d’abord la stigmatisation d’un groupe minoritaire (jugé « impur »), puis viens l’ostracisme (peut-être un jour arriverons-nous à l’extermination des nationalistes, des royalistes, puis tant qu’à faire les anarchistes, puis les anciens maoïstes et enfin peut-être les bernard-henri-lévistes). Le problème ne devient donc plus ce qu’aurait pu dire untel ou untel, mais son identité : on ne vise plus les propos fascistes, mais « le fasciste », voire, remarquez la nuance, « le fasciste qui s’ignore ». Chez tous les moralisateurs de gauche comme de droite rien de tel qu’un bon homme de paille pour discréditer avec des gants et le nez pincé ceux qu’ils exècrent.

Un peu plus loin, ça me fait rire, mais il dénonce un commentaire naïf d’un membre par ailleurs enseignant (ce qui semble le navrer en supposant ici qu’un professeur devrait être plus cultivé ou plus intelligent que la moyenne — ah, ah), qui semble être Aurea. Or ici, il fait un peu mine d’oublier que la personne en question envoie des formules types en guise de réponse à tous les membres du site depuis des années pour s’attirer leur sympathie. Et on ne peut pas suspecter à Aurea de faire dans la discrimination : elle lancerait des mercis énamourés au diable si celui-ci lui faisait coucou. C’est moins de la naïveté que de l’automatisme. Ç’a ses inconvénients, mais le problème dans tout ce que peut faire Aurea, ça n’a jamais été Aurea, mais les conséquences de ses innocentes paroles. La phrase citée est assez caractéristique du personnage : « Merci pour ce touchant et bel aperçu d’un auteur que je connais mal :-) » Le grand naïf ici (ou celui qui feint de l’être), ce serait plutôt lui, et il aurait mieux fait de trouver un exemple bien plus significatif pour dénoncer les membres s’accommodant de la présence invasive de ces « diables ». Qu’est-ce qui pose problème ? Que Aurea partage et participe à mettre en avant un contenu (et des gens) jugé extrémiste ou que ses (ces) usages, les outils du site, permettent une telle mise en avant à l’aveugle et à la chaîne ? Et si guyness pointe du doigt Aurea (sans la nommer) plutôt que l’usage qu’elle fait des outils du site, c’est bien parce que lui aussi use de ces outils de la même manière et en profite très largement. C’est un peu grossier de juger Aurea pour plus naïve qu’elle ne l’est : non, elle ne partage pas du contenu extrémiste (si tant est qu’il le soit) sans le lire, elle partage tous les contenus sans les lire. Donc faux problème.

Et est-ce que ce serait un problème si des activités qu’on ne veut pas voir sont relayées par ceux que l’on suit ? Ben, ceux que l’on suit suivent qui ils veulent, non ? Non, SensCritique, là, comme ça, on décrète qu’il ne peut pas y avoir de fascistes qui s’ignorent. Pourquoi pas les Noirs, pourquoi pas les gauchers, pourquoi par les shintoïstes ?… Donc je reprends, le problème c’est que nos contacts relayent des activités qu’on ne veut pas voir ou c’est que le site nous oblige à être notifié d’activités de membres qu’on a bloqués à travers l’interaction qu’ils peuvent avoir avec d’autres membres que l’on suit ? Donc pour moi, c’est SensCritique qui organise la merde, et cela, je le redis encore et encore dans le plus grand mépris de nos données : quand on ne veut pas avoir affaire à tel ou tel membre, c’est parfois pour s’en prémunir, c’est notamment très utile contre de potentiels ou anciens agresseurs, quand on veut que des activités soient vues par certains membres, seulement de nous-mêmes ou par tous, c’est un choix, et ce choix nous est interdit par le site. Parce que le site vit et monétise nos données et nos interactivités : pas question pour eux de respecter notre intimité ou notre confort. Donc le problème, ce n’est pas ceux qui relayent, le problème c’est qu’on ne peut configurer ce qu’on veut ou ne veut pas voir.

Et puis encore un aveu, je cite : « Si certains propos tenus sont parfois allés à l’encontre de nos lois (incitation à la haine, homophobie, notamment) et ont pu valoir à certains d’entre eux un bannissement du site, rien de ce que j’ai pu recueillir dans les sources que je vous propose n’est directement condamnable » Encore, il fait des insinuations, en est conscient, mais ce n’est pas grave, comme si on pouvait accuser quelqu’un d’être un extrémiste bien plus facilement que pour tout autre chose parce que la cause serait juste. Voilà donc ce qu’on pourrait bien nommer de… l’extrêmophobie… La peur de l’invasion extrémiste. Oui, moi non plus je n’aime pas trop les extrémistes, mais là ce qu’il fait c’est un appel au cancel (et un appel au cancel aveugle, mais je ne suis pas sûr qu’on puisse dire qu’il y ait des appels au cancel juste) : ce qui veut dire autrement : « vous qui me suivez et qui suivez ces personnes que moi j’ai décidé d’étiqueter comme infréquentables, je ne décide pas seulement qu’ils sont infréquentables pour moi, j’exige de vous que vous ne les fréquentiez plus sinon ce sera le signe que vous les soutenez ». Vous vous rappelez du « si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi » de Bush ? C’est la même logique binaire. Les gens sont soit tout blancs soit tout noirs, et si vous ne choisissez pas votre camp, vous êtes forcément du mauvais (ou au mieux, naïfs ou ignorants, ce qui autorise alors à venir vous « éduquer »). C’est un peu du chantage quand même…

« J’espère modestement que ce texte peut contribuer à cette connaissance ou développer les vigilances. » C’est beau. Moi, ce genre de pratique, ça me rappelle les comités de vigilances aux États-Unis qui rendent publique les adresses des pédophiles dans leur secteur. (Mais il doit y avoir des dénonciations de gauche qui sont acceptables, après tout, c’est pour la bonne cause. C’est vrai quoi, qui voudrait être envoûté par une sorcière.)

Pointer du doigt des propos, des comportements d’untel ou d’untel, quand ils nous emmerdent, perso je n’ai rien contre, je l’avais suffisamment fait à l’époque pour dénoncer les pratiques liées aux likes. Mais c’est à un autre niveau que de dénoncer des personnes, voire de faire passer des membres pour des sympathisants des mouvances extrémistes (forcément de droite). Ce qui m’étonne, c’est qu’en commentaires sous ce « texte », du peu que j’ai pu en lire (trop de messages), tout tourne autour du fait de suivre certains comptes et du fait qu’ils soient ou non de gros méchants infréquentables ; rien sur le fait que la modération, si ces contenus étaient aussi problématiques, n’ait pas réagi jusque-là ou que les outils du site posent problème. Ce n’est pas important ça.

Bref, voilà pour le commentaire de ce « texte d’avertissement ». J’en viens maintenant à ce qui me pose réellement problème dans cette histoire : la suppression arbitraire des comptes et le vol de contenu personnel.

SensCritique, faut-il séparer le banni de son œuvre ? Faut-il exclure l’extrémiste de la société ? Faut-il appeler à l’invisibilité des cons ?

À l’époque où j’étais actif sur ce site « communautaire », j’avais pointé du doigt les dérives du site, et ce que j’ai pu lire ces derniers jours ne fait que confirmer que rien n’a changé dans les pratiques à la limite de la légalité et de la morale sur ce site. Mais c’est loin d’être une exception : pour le vol de contenu, c’est propre à SensCritique, mais pour les suppressions de compte et la modération de « cour », c’est déjà beaucoup plus habituel.

Suite à ce « texte d’avertissement » l’équipe de SensCritique décide donc, et semble-t-il en urgence, de supprimer une dizaine de comptes (j’en connaissais qu’un seul).

Ce qui me gêne avec ce billet de guyness, je l’ai déjà dit plus haut, c’est que si des membres prétendument d’extrême droite expriment des propos répréhensibles par la loi, sa démarche n’est pas d’en informer les propriétaires du site afin que leurs propos soient modérés, il s’en prend aux personnes qui les suivent et use de sa popularité pour appeler au lynchage ou au cancel de quelques comptes bien moins populaires que lui. Le souci pour lui, c’est donc que ces comptes deviennent ou soient de plus en plus populaires, pas que le site respecte la loi (ou ses propres règles) en effaçant leurs propos contrevenant à la loi s’ils existent. Sur ce genre de sites « communautaires », tout tourne bien plus autour de la popularité acquise et jugée illégitime de certains membres, pas des outils défectueux ou des comportements anodins permettant à ce genre de contenu d’apparaître et de circuler. Moins grave est de contrevenir à la loi en exprimant des propos haineux que de suivre de tels comptes stigmatisés ; on appelle donc en chœur à ses propres contacts de cesser de les suivre ou d’ouvrir les yeux sur ce qu’ils sont (pas ce qu’ils font). On retrouve ce principe d’appel au cancel sur les autres réseaux sociaux : puisqu’on n’a pas confiance (ou parce qu’on n’a pas envie de s’embarrasser avec) en la loi, on préfère dénoncer sur la place publique toutes sortes d’agissements invérifiables dont on aurait été victime en répondant en chœur à des hashtags ou en espérant en lancer de nouveaux populaires, faisant ainsi quasiment commerce de ses propres malheurs à des fins de publicité personnelle.

Les méthodes de « modération » sur ce site comme sur bien d’autres procède toujours de la même manière : l’autorité est presque toujours nominative, c’est-à-dire qu’elle est quasiment toujours représentée par un ou plusieurs gars pour leur propre compte, également membres de cette société virtuelle, très rarement sous une forme impersonnelle. C’est bien pourquoi il y a une grande différence entre ces sites, réseaux ou forums, par qui la modération passe presque toujours à travers son propriétaire ou d’autres membres actifs agissant en son nom. Et quand je dis des « gars », c’est parce que c’est quasiment toujours des gars qui assurent la prétendue modération. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer l’expérience qu’on a probablement tous avec de grosses entreprises dont on est client et avec lesquelles on passe si besoin par un service client au téléphone ou par Internet : la sous-traitance dans ce cas sera beaucoup plus souvent assurée par des femmes (à la fois parce que ce sont des métiers sous-payés, parce qu’on estime à tort ou à raison qu’elles sont plus faites que les hommes à « modérer » des clients énervés).

Je résume donc la modération telle qu’on peut la rencontrer sur ces plates-formes, une modération toujours non neutre (nominative) et où on sent bien non pas la volonté de comprendre et d’apaiser, mais, tels des mâles dominants, d’imposer ses décisions à ceux qu’on estime être ses dominés. Passage systématique par les messages privés (plus facile pour impressionner un membre et le menacer dans le secret de l’intimité alors qu’il s’agit le plus souvent de conflits entre membres) : « On a eu des plaintes te concernant, on t’a déjà prévenu, si tu ne cesses pas ton comportement, nous serons contraints de supprimer ton compte. » À ça, on répond en général ceci : « Pouvez-vous me préciser les propos gênants, merci. » Ce à quoi on se voit répondre : « On t’a déjà prévenu mille fois et on a pas mal de plaintes te concernant, on ne veut pas débattre, tu sais pertinemment de quoi on parle. » On insiste : « Je vous demande une chose simple : vous me reprochez mes commentaires, quels sont les commentaires qui font l’objet de plaintes ? » « On t’a déjà dit que nous n’étions pas là pour discuter, on ne va pas te laisser couler notre entreprise. » (?!) Et puis : « Tu fous une mauvaise ambiance sur le site. On a été trop patients avec toi jusque-là, on te demande maintenant d’arrêter. » « Arrêter quoi ? Quels sont les propos visés ? » Dialogue de sourds entre celui qui ne comprend pas (à tort ou à raison) ce qu’on lui reproche et celui qui jouit presque du pouvoir qu’il cherche à exercer sur l’autre. Et je paraphrase à peine. On appelle ça alors de la « modération ». Le genre de modération dont on peut s’attendre venant d’un propriétaire qui se ramène chez vous pour vous réclamer un loyer impayé.

Donc c’est toujours un jeu de pouvoir, des conflits personnels dans lesquels une équipe censée faire la modération s’insère parfois sans connaître le passif des différents partis. Et qui dit jeu de pouvoir dit question du droit mis de côté. C’est bien pourquoi guyness n’a pas besoin de preuves : les insinuations suffisent quand on est dans un jeu de pouvoir.

Aucune règle réelle ne régit la suppression d’un compte ou même des méthodes de modération : ce qui prime, c’est le fait d’être dénoncé par un certain nombre de comptes (plus ou moins importants ou d’être accusé de faits pas très cools). Parce que proférer des propos fascistes, c’est une chose, ça dépend probablement de la nature de ces propos, mais on peut imaginer que nombre d’entre eux puissent faire l’objet de poursuites judiciaires. Or, jamais aucun de ces propos ne fait jamais l’objet de poursuites. Vous avez déjà entendu parler de poursuites judiciaires vous ? Moi non. Et peut-être pour cause. Non seulement, on pourrait craindre que de propos fascistes, il n’en soit en fait rien, mais le but, contrairement à ce qui est prétendu n’est pas « d’assainir » moralement une communauté, peut-être de « l’informer », mais d’évincer, invisibiliser, voire supprimer, des comptes concurrents pour certains et qui donnent une mauvaise image du site pour d’autres. On a donc d’un côté de prétendus propos fascistes, et de l’autre, un totalitarisme communautaire avec les serviteurs de la morale œuvrant pour le compte du bien de tous (sic) et le pouvoir tout puissant des maîtres du lieu. Tu te fais éjecter ou « modérer », non pas à cause des propos tenus, mais parce que beaucoup de membres se plaignent de toi. Zont pas dû voir beaucoup de films sur le lynchage ces types-là.

Les preuves, les faits, tout ça ne sert donc à rien, et ça sert d’autant plus à rien qu’il est assez probablement difficile de déterminer ce qui est du domaine du propos fasciste, voire raciste, sexiste dans d’autres cas, ou même encore tout simplement d’insultes. Ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air, et je pense même que c’est un métier de le définir, de le caractériser ; et cela, ça se passe, au mieux, dans un tribunal. Or, ça, ça prend du temps, et personne ne veut en passer par là. Donc qu’est-ce qu’il arrive ? Il arrive que d’un côté les dénonciations et appels aux bans ou au cancel peuvent se multiplier, et de l’autre, les plates-formes cherchent à se dédouaner en rasant large : pour ne pas être accusées de laisser se propager des messages répréhensibles (souvent plus « impopulaires »), on préfère sévir quitte à empiéter sur le droit. Ce qui était « les propos extrêmes et les insultes sont interdits » devient « il est interdit d’être extrémiste ». Or, à ma connaissance, il n’est pas interdit d’être soit d’extrême droite soit royaliste soit juste con. C’est juste assez mal vu. Et ce « assez mal vu », ce n’est pas du « droit ». Alors, comme ce n’est pas le « droit », pour trouver un semblant de légalité à notre autoritarisme ou à notre appel au cancel, on appelle alors ça « la bonne ambiance » (voir citation plus haut). Imaginons : (ce n’est pas un exemple réel) un membre insultant non pas seulement de « fasciste » mais de noms d’oiseaux bien plus fleuris un autre membre aux idées disons plutôt suspectes, et ce sera ce dernier qui sera sanctionné par la modération, pas le premier. Le premier, c’est le sauveur de la morale, et s’il a insulté le membre qu’il suspecte d’être extrême, c’était pour révéler la véritable nature de la bête brune qui allait bientôt sortir ses griffes. Ah oui, ça en fout une bonne d’ambiance à suspecter chacun d’être de tel ou tel camp… Et on aura tout gagné, parce qu’à son retour, le membre « banni » deviendra cette fois et à son tour agressif, ce à quoi le peuple répondra : « tu vois, tu es agressif et tu insultes, c’est la preuve qu’on a eu raison de te bannir ».

L’État (cette grande communauté constituée de gens honnêtes et droits) a d’ailleurs demandé à ces plates-formes de supprimer beaucoup plus facilement ces propos qu’elles ne le font actuellement. Ça coûte cher la justice, donc on la sous-traite à des entreprises. Et pour justifier une telle « surmodération », on a trouvé un nouveau mot pour qualifier ces propos, pour les supprimer et bâillonner leurs auteurs : ils sont « nauséabonds ». Ils ne sont plus illégaux, ils ne sont pas insultants, ils sont… nauséabonds. L’odeur, c’est presque aussi parlant que la fumée dans l’expression « il n’y a pas de fumée sans feu ».

L’insinuation comme règle de conduite, l’accusation comme verdict. Et c’est d’ailleurs pour ça qu’on a inventé le cancel et le bannissement : c’est parce que le droit, ça réclame du savoir, de la précaution, du temps et de l’argent. Tout ce qu’on n’a pas dans une société virtualisée.

On peut venir à se demander si les dénonciations auraient été faites par des randoms du site si elles auraient été prises en compte, ou même si elles ont été signalées à la modération avant de les signaler, pardon, avant de suggérer que certains membres pouvaient avoir des propos dangereux. Et le problème, c’est qu’on ne respecte aucune règle : c’est la loi des plus puissants, des plus populaires ou de la masse qui fait qu’on est ou non visé par des plaintes et que la « modération » s’en mêle. Ou quand l’autorité, représentée ici par la « modération », se range du côté du plus grand nombre, des lyncheurs et de la justice populaire plutôt que du côté du droit (ou d’un semblant de droit). SensCritique et le sens du vent…

Voilà comment les propriétaires du site répondent à un shitstorm organisé par un compte populaire par des bans autoritaires au lieu de mettre en place un système et des outils réellement efficients pour limiter certains propos, intervenir pour dire si oui ou non certains propos sont passés sous leurs radars. Et puis quid des poursuites : évincer quelqu’un pour des propos légalement répréhensibles, ce n’est pas, moralement, plus répréhensible de se garder de dénoncer aux autorités juste en supprimant son contenu ?

Plus grave encore, la disproportion de la sanction : à des suspicions de propos condamnables, voire à des suspicions d’appartenance à de vilains groupes, et en tout cas face à une communauté qui réclame votre tête, on répond purement et simplement par la suppression du compte, tout le compte.

Je ne sais pas si les personnes visées ont proféré les propos qui leur sont reprochés, en revanche il me semble qu’avant de passer par la suppression d’un compte, on pourrait passer par bien d’autres moyens, bien moins radicaux, pour restreindre leur capacité supposée à nuire : suspension temporaire du compte, suspension de la possibilité d’écrire des commentaires sous l’activité de membres qui ne nous suivent pas, puis interdiction temporaire ou non d’écrire toute sorte de commentaire, puis interdiction d’écrire des critiques, et enfin tout un panel de restrictions jusqu’à ce qu’un membre ne puisse plus faire que le minium sur le site : noter, liker, ranger, ajouter des contacts. C’est si compliqué que ça à mettre en œuvre ? Probablement pas, parce que la volonté de ces sites, ce n’est pas… l’inclusion, c’est au contraire la stigmatisation des éléments jugés perturbateurs ou indésirables par d’autres (représentant le plus souvent la masse). Au risque que ces membres reviennent… Et un membre qui revient, c’est souvent plus pénible et nuisible pour la communauté qui l’a rejeté que d’avoir simplement restreint sa capacité à nuire à travers des outils sur SON compte historique. Tu bannis un membre ? Tu supprimes tous les outils à ta disposition pour restreindre sa capacité à nuire.

Mais c’est tellement plus important de lui montrer qui est le chef, de lui montrer qu’il n’est rien, un paria, un renégat, un banni, un… nauséabond.

Le problème des types qu’on engloutit sous le goudron et les plumes, c’est qu’ils en foutent partout et qu’il faut nettoyer après avoir tout salopé.

La modération, ce n’est pas seulement écrire des messages privés à des gens pour les mettre en garde qu’on a des plaintes contre eux et les menacer de supprimer leur compte (et donc voler leur contenu même extrémiste) sils continuent à être aussi impopulaires (je plaisante à peine), ou de faire jouer encore sur lui son autoritarisme viril, c’est aussi venir publiquement faire la police sur les fils de discussion pour montrer qu’on est présent et concerné par la nature des débats, rappeler que certains propos pourraient tomber sous le coup de la loi (encore une fois, c’est parfois très très compliqué de déterminer si des propos sont réellement injurieux, réellement racistes, antisémites, etc.), venir calmer le jeu lors des conflits… Parce que oui c’est important. Beaucoup d’insultes naissent du dénigrement réel ou ressenti par certains à travers des commentaires, et beaucoup de discussions s’enveniment précisément à cause d’une absence totale de modération. Et je note qu’après quelques centaines de messages sous la publication de guyness, par exemple, que toujours aucune modération n’est venue interférer entre les nombreux partis venus discuter voire s’insulter.

C’est si nécessaire que ça de radier de la place publique certains membres en évitant de mettre des outils pour les empêcher soi-disant de nuire ou d’exprimer des idées… nauséabondes ? C’est si nécessaire de les humilier et de leur voler leur contenu ou se l’approprier ?

Parce que je rappelle également les conséquences induites, à la limite de la légalité, d’une suppression de compte : la suppression de tout votre contenu. On parle de quelques propos posant problème, et la sanction, c’est la suppression de toutes les activités, des commentaires, des écrits, des données, des contacts et des messages personnels. Ce n’est pas faute d’avoir relevé ce problème quand j’avais été expulsé du site : quand on prétend que le contenu est remis au membre suspendu, c’est faux : on vous remet en format.txt quasi illisible l’ensemble de vos critiques, tout le reste des activités, les listes et commentaires, les messages personnels, tout cela est soit supprimé soit volé (certains commentaires notamment restent sur le site sans qu’on en soit désigné comme auteur avec notamment l’impossibilité de les supprimer — un comble quand on sait ce qui prétendument a causé la suppression du compte).

Je rappelle à toutes fins utiles, parce que ce n’est toujours pas le cas, que les plates-formes de ce type sont tenues de permettre à leurs utilisateurs d’exporter leur contenu : c’est possible sur IMDb, sur Instagram, sur Twitter, me semble-t-il sur Facebook, mais sur SensCritique, sans doute parce que c’est français et pas une méchante entreprise américaine, on s’en bat les couilles.

Alors non, les crapules, ce ne sont pas de vulgaires utilisateurs avec des idées qui sentent le ranci et auxquelles plus personne n’adhère ; les crapules, ce sont celles qui ont le pouvoir et en abusent.

Une suppression de compte (et tout ce que cela implique), c’est quel niveau de violence dans une société virtualisée ? On va me faire croire que c’est la seule alternative ? Et la seule peut-être que mérite une bande de salauds ?… OK, mais, hum, est-ce que c’est efficace ? Parce que je vous parie que toutes les personnes qu’on stigmatise en faisant d’eux de méchants extrémistes, des ogres avançant masqués, de terribles sorcières, eh bien elles reviennent toujours, et ce n’est souvent pas pour faire profil bas. Elles reviennent plus radicalisées, toujours plus extrêmes, peut-être un peu plus masqués, et se foutent sans doute un peu plus des conséquences de leurs propos vu qu’on leur a déjà tout supprimé et qu’on les a déjà rangés dans la boîte des indésirables. On n’aura peut-être pas réussi à en faire de véritables sorcières, en revanche, on aura réussi à en faire des gens qui n’ont plus rien à perdre. C’est tout ce qu’on gagne à stigmatiser et ostraciser des personnes d’une communauté. Et pourquoi les en blâmer ? On vous stigmatise, on supprime votre contenu, on vous pille, vous expulse de la cité, tout cela est décidé par le roi avec l’agrément d’une partie de la population ou dans l’indifférence générale, et il faudrait en plus que si on revient masqué que ce soit pour planter des roses dans les allées ? Une autorité, donc une modération capable de vous couper la tête, si elle ne respecte ni ses membres ni les contenus qu’ils produisent, elle n’est pas, respectable et digne de « faire autorité ».

Et inutile d’aller sonder les petits comptes pour y déceler le moindre commentaire suspect pour trouver des extrémistes, car les extrémistes, ils sont là. Les coupeurs de têtes.

La cancel culture (version soft de l’assassinat virtuel), c’était plutôt jusque-là des pratiques laissées aux partis politiques de droite, et sur les réseaux sociaux, ce genre de pratique d’exclusion, d’invisibilisation, devient désormais le fait des brigades d’épurement venues de la gauche. L’intolérance, c’est toujours celle de l’autre.

Bref, bien au-delà du problème des propos à modérer, ce qui me pose, moi, problème, c’est le pouvoir illégitime et non encadré de ces instances sur Internet qui hébergent du contenu sans le créer. Il y a un droit et une justice qui n’existent nulle part ailleurs. Un monde virtuel au temps du Far West. La loi du plus fort. Parce que OK, les propos extrêmes, ce n’est pas bien, les injures, ce n’est pas bien… mais ces propos sont toujours le prétexte à régler des conflits personnels, et c’est toujours les plus puissants ou les plus manipulateurs qui en profitent. Certains pourront toujours en abuser sans voir venir de sanction, tandis qu’on les guettera chez d’autres. On dénonce les dérives extrêmes de certains membres quand c’est encore tout Internet qui est extrême. Une zone de non-droit, une cour d’un régime (certes virtualisé mais) autoritaire.

Oui, même les cons, même les personnes avec qui on n’est pas d’accord, même ceux exprimant des idées extrêmes, doivent pouvoir garder un compte et continuer à être auteur et propriétaire de leur contenu. Un repris de justice, quand il a purgé sa peine, il redevient un citoyen comme tout le monde, on ne lui retire pas ses droits civiques, ses droits de s’exprimer, de se soigner ou d’être actif s’il respecte les lois de la société dans laquelle il vit toujours et si on encadre correctement sa « liberté surveillée ». On peut tout autant être pote avec un repris de justice qu’avec un autre type infréquentable… si par ailleurs on lui reconnaît d’autres qualités. Oui, on peut être pote ou intéressé par des types qui peuvent être par ailleurs des connards ; oui, on peut acheter son pain chez son boulanger même si c’est un ancien pédophile. Non, nous ne sommes pas monolithiques. Un bannissement, c’est une pratique antique et barbare qui te dit « gars, va faire ta vie ailleurs, on garde ta maison, ta femme, ton chien et tous tes biens, mais toi, va voir ailleurs ». Naïvement, j’ai toujours pensé que la seule réponse possible à un groupe qui nous dit « tu n’es plus le bienvenu parmi nous, dégage », c’était la haine et la violence. Donc on s’abstient de toute radicalité, on laisse le droit aux supposés extrémistes de s’exprimer s’il respecte la loi, on les tolère, on les modère, bref, on vit avec, parce qu’ils font partie de la société, on ne les en fera pas partir et ils ne s’évaporeront pas par enchantement. Bannir des comportements, des usages, c’est autre chose que bannir des individus. Oui, il y a sans doute des comportements et propos inadmissibles, mais cela n’a rien d’honorable de chercher à nuire à leurs auteurs. C’est très largement contre-productif, et le signe qu’on s’autorise à faire ce qu’on reproche justement à d’autres.

Les paroles peuvent blesser ou nuire, certes, mais il y a un degré dans la violence, entre des propos injustifiés, injustifiables et légalement répréhensibles, et la violence induite par la suppression d’un compte et le vol du contenu affilié. À l’injustice, répondront toujours une nouvelle violence, et une radicalité toujours plus forte. Les actes sont plus dangereux que les paroles ou les affinités.

Pseudo-féminisme et misandrie, un exemple

Les capitales

Violences de la société

Au rayon du féminisme, il y en a un qui m’exaspère et que j’évoque souvent dans mes billets, c’est le féminisme radical, qu’on peut également appeler pseudo-féminisme parce que ça n’a rien d’une lutte pour la défense des droits des femmes. On peut encore tout simplement parler pour cette dérive de « misandrie » (ces femmes se définiront d’ailleurs volontiers misandres, comme s’il y avait de la gloire à mépriser autrui).

Ce qu’il y a de profondément exaspérant dans ces dérives agressives, c’est qu’elles sont particulièrement visibles sur les réseaux sociaux, voire télégéniques dans les médias, et que ça donne une image du féminisme absolument déplorable, et de ce fait hypothèque une bonne partie de la crédibilité d’un mouvement de lutte qui milite encore pour dénoncer les dernières inégalités dont les femmes sont victimes. C’est un peu comme avoir la peste comme avocat.

Et je ne sais pas si les féministes ont conscience que la violence de certaines qui se présentent comme féministes (mais semblent aussi parfois en être de véritables idéologues suivies puisqu’elles sont celles qui gueulent le plus fort) est telle qu’elle rend impossible tout dialogue, et donc toute avancée. Si le but c’est d’emmerder le monde, c’est réussi, si c’est crier sa douleur, ça peut se comprendre, mais ce n’est pas pour autant que ça changera quelque chose (autant faire des prières au ciel), mais si c’est pour avoir gain de cause, il y a fort à parier que le résultat, ce sera zéro. C’est difficile de comprendre que la haine et la violence, ça ne provoque que haine et violence en retour ? Si le but, c’est de se faire plus violent que les hommes, de changer les inégalités actuelles pour en provoquer d’autres au profit des femmes, je doute que ces messieurs se laissent faire. Et en attendant, à part crier dans le désert et jouer parfaitement le rôle que certains leur donnent, celui d’hystériques, je ne comprends pas bien la manœuvre…

Donc si les féministes ne dénoncent pas ces comportements agressifs, eh ben je vais le faire, à l’ombre de ma condition d’homme privilégié. Quoi de telle que l’élite pour dénoncer les pratiques des gueuses ?… Non, désolé de ne pas obéir à une logique de mâle, ou de groupe auquel j’appartiens (sic), par nature, et auquel je ne me revendique pas en tant qu’individu. Je parle en tant qu’individu soucieux de justice et d’égalité, individu qui se doit de dénoncer des comportements néfastes aux causes auxquelles il croit. Je ne suis pas féministe, m’ayant entendu dire d’ailleurs une fois que ça m’était interdit étant, physiologiquement, un homme (et comme je suis susceptible, quand on m’ostracise d’un groupe, je n’insiste pas), en revanche, je suis égalitariste. Et c’est en tant qu’égalitariste (non en tant qu’« homme ») que je m’exprime. Je n’ai pas le droit ? Eh bien, je le prends, parce qu’en plus d’être égalitariste, je suis un emmerdeur. C’est bien à ça que sert un billet d’humeur (et comme de toute façon, dès qu’on discute, on se fait bloquer sur les réseaux sociaux, c’est encore le meilleur endroit où s’exprimer).

Bref. On va prendre un exemple précis afin d’illustrer l’absurdité, le mépris et la violence que certaines de ces pseudo-féministes peuvent développer. Ça devient une habitude, je suis sur Twitter, le pire endroit sans doute pour discuter : pas assez de place pour mettre de la nuance dans ces messages, on ne sait pas parfois à qui on s’adresse, donc les échanges se passent tout bonnement de politesses, et ça prend rarement des gants quand on pense « tenir un connard » et qu’on veut lui faire la fête avec l’approbation de sa « communauté ».

Le contexte. Un Youtuber fait un fil pas très adroit, c’est le moins qu’on puisse dire, en se livrant à une suite de pseudo-révélations sur les pires choses qu’il a pu faire dans sa vie. Au milieu de tout ce bazar balancé, on le saura, volontairement sans précautions, il y a un message qui fait hurler, et qui m’a valu de pondre mon précédent billet, ironique celui-ci (mais l’ironie n’est pas gratuite sinon, là encore, elle est maladroite est vaine) : le garçon affirme commencer à faire l’amour à sa copine alors qu’elle est encore endormie, y ajoute quelques tournures vulgaires et méprisantes à l’égard des victimes de viol, et finit avec une pirouette pour dire que si c’est un viol, alors c’est sa copine qui le viole une fois sur deux. On peut difficilement bricoler affirmations plus tendancieuses, et visiblement, c’était le but recherché, du moins en partie. Je ne reviens pas sur la question soulevée, cela faisant objet de ce précédent billet, et le sujet m’interpellant quand même, les réactions outrées de certains me faisant parfois ouvrir grand les yeux plus que pour le message original, je me laisse aller dans mes lectures, et de fil en aiguille, je me retrouve où il ne fallait pas : un compte écrivant :

« Quand les féministes disent « les hommes », ça veut dire « le groupe social homme », et non « tous les individus hommes ». On peut avancer maintenant messieurs ? »

Honnêtement, une telle phrase pour moi ça ne veut rien dire, et en plus de ses grands airs savants (pure foutaise, le groupe social homme n’existant pas, mais ça, je capte bien que c’est véhiculé par une idéologie, la même qui a inventé la notion de « patriarcat », dérivant d’un concept lui bien réel de « société patriarcale »), ça prend un ton méprisant qu’on peut comprendre puisque la personne en question se présente comme autiste, et c’est vrai que c’est un ton cassant typique des autistes, mais comprendre ne veut pas dire laisser faire (un autiste a du mal à user de diplomatie, mais avoir du mal ne veut pas dire qu’on doit le laisser s’émanciper des bonnes manières, surtout, pardon, quand on veut convaincre). On pourrait ajouter que si on voulait parler clairement, et ne pas être, pour le coup, inclusif, on peut prendre la peine de nuancer ses syntagmes afin de ne pas inclure « tous les individus hommes » dans le lot. Parce que sinon, ça fait un peu provocation gratuite, histoire de laisser penser, aux hommes, qu’on parle de tous les hommes pour les froisser, pour avoir le plaisir ensuite de s’entendre répondre qu’on n’y inclut pas tous les hommes, et en plus de ça d’y mettre le ton pour bien faire comprendre à ceux qui pourraient se sentir visés, non seulement qu’ils sont stupides, mais que s’ils se trouvaient visés, ce n’était peut-être pas sans raison… L’art de prendre les gens pour des cons. Ce petit plaisir qu’on a à rabaisser l’autre pour bien lui faire sentir combien il est inférieur… Et j’aurais dû me méfier, parce que toutes ses réponses sont comme ça. C’est presque ironique de voir quelqu’un se donner autant de mal pour dénoncer la domination autoritaire des hommes et user soi-même d’une autorité déplacée pour asséner ses vérités et répandre sa haine. D’ailleurs, c’est assez étonnant, elle ne sait pas toujours si ses interlocuteurs sont des hommes ou des femmes, donc, a priori, elle semble juger que ceux qui n’abondent pas dans son sens sont des hommes…

Moi, tout innocent que je suis (enfin pas tout à fait, j’avais déjà lu quelques-unes de ses réponses), et parce que je ne suis pas autiste, j’essaie de me parer de mes jolies sandalettes de diplomate, ça racle quand même un peu, et je rétorque sur son fil de discussion : « Et quand certaines féministes disent « les féministes », ça ne signifie pas « nous, toutes les féministes », mais « le courant féministe auquel j’appartiens » ou « moi, féministe ». On peut avancer maintenant ou est-ce qu’on se dénigre comme vous le faites en commentaires ? »

En ni une ni deux, blocage direct sur le réseau. Mentalité « si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi ». Ah oui, si c’est avec ça que les féministes (toutes) comptent avancer, je peux prendre le pari qu’on est au bout des avancées en matière de lutte contre les inégalités.

Je pleure un peu parce que je suis sensible. Puis je reviens faire un tour quelque temps après sur le fil via un autre navigateur (je suis bloqué, hein), et je vois qu’elle a suspendu son compte (mis en privé je crois). Le lendemain, en faisant quelques recherches, je lis ici ou là des followers prétendant qu’elle s’est fait agresser ou harceler… Je suis à moitié surpris vu l’agressivité qu’elle déploie, elle, à travers ses nombreux tweets, La haine provoque la haine comme disait un vieux professeur… Et il se trouve que pour le coup, il ne faut pas compter sur moi pour chercher à savoir si c’est vrai (il y a quelques tweets désobligeants qu’elle a masqués ou bloqués, mais de là à parler de harcèlement… son fil était devenu viral, les gens réagissent dans les deux sens) ou s’il faut montrer un peu d’empathie à quelqu’un qui manifestement ne veut pas en avoir (l’autisme n’excuse rien, et d’ailleurs, à ce niveau, elle n’a pas encore tort, puisque le manque d’empathie n’est pas en soi immoral). Ce qui est immoral en revanche, c’est insulter et agresser des interlocuteurs (hommes, presque toujours, donc c’est bien précisément des agressions sexistes, misandres). Et ça, elle se permet de le faire en permanence, alors non pas forcément directement face à ses interlocuteurs, mais publiquement (diffamation). Celle qui devient agressive quand elle vient à parler de ces hommes qui parlent de « salopes » quand il est question de certaines femmes et qui insulte donc certains hommes en particulier en les traitant à plusieurs reprises de « connard » (pas sur le fil en question mais sur de nombreux autres tweets). Va expliquer aux hommes que tu exiges la fin des privilèges des hommes (sic) en le traitant de « connards », ce n’est pas gagné.

Je retranscris la suite de tweets qu’elle a écrits parce que ça illustre parfaitement le discours général, agressif, méprisant, haineux de ces pseudo-féministes :

« Si vous ne comprenez toujours pas, il s’agit de la différence fondamentale entre les comportements de groupe et induits par le groupe, et les comportements individuels ».

>(Resterait à prouver que les « hommes » forment un groupe social distinct.) (Faudrait aussi qu’elle arrive à prouver que chacun de ses contradicteurs appartient à ce groupe dit social.)

« Maintenant, si vous êtes calmés* et ouverts à entendre quelque chose de moins agréable : Comme vous faites partie du groupe social “hommes”, vous avez chacun votre part de responsabilité, à degrés divers, dans la misogynie du système. »

*on tend un peu vers un complexe de persécution, mais selon le docteur ce n’est pas encore préoccupant.

>D’accord, donc je résume la pensée : tous les hommes naissent libres et égaux, mais quand tu nais avec une paire de couilles, tu es à la naissance responsable des inégalités dont sont susceptibles d’être victimes celles qui naissent avec un vagin. On est dans le « naissent libres et égaux MAIS ». Par essence, l’homme est coupable. OK, donc tu veux construire une société sur ce principe, à savoir que de toute façon, l’homme doit être tenu responsable des inégalités dont souffrent les femmes… Ce genre de discours qui détruit toute notion de libre arbitre et de liberté, c’est assez dangereux en fait. On mettrait « race » à la place de « groupe social hommes » que ça ferait encore plus tourner de l’œil.

Et puis… même si on n’est pas d’accord avec cette grille de lecture stigmatisante, haineuse et basée sur du flan, admettons qu’on arrive à imposer l’idée que tous les hommes sont des connards, on fait quoi après ? Un tel discours repose sur quels types de revendications ? Quelles solutions ? Non, c’est « je vous prouve que les hommes sont des connards », et puis plus rien. Ce qui est normal, on voit mal comment on pourrait construire un projet de société avec un groupe qu’on désigne intrinsèquement comme persécuteur d’un autre.

La suite :

« C’est pourquoi certaines féministes font le raccourci « all men are trash », parce que même si vous, individuellement n’êtes pas un connard qui viole des femmes, vous êtes bien souvent un peu trop silencieux face à ces violences, »

>Oui, mais de toute façon, à quoi bon qu’il y ait des hommes qui dénoncent les viols puisqu’on arrivera à leur dire qu’ils appartiennent à un groupe social qui reste trop silencieux face à ça… C’est sans issue, quand tu n’es pas coupable, tu es coupable du silence des autres. C’est même pratique au fond, parce qu’à quoi bon que des hommes prennent fait et cause pour les femmes, ou des victimes en particulier (de viol ici), puisqu’ils sont quoi qu’ils fassent déjà coupables ? Si l’homme est par essence soit un violeur soit complice par son silence, et donc si tous les men are trash, à quoi bon faire l’effort de lutter pour ces causes ?!…

« ou bien un peu trop inconscients de comportements misogynes que vous avez ou avez pu avoir. Parce que vous n’êtes pas qu’un individu. Vous êtes un élément d’un groupe. »

>Oui, de quels comportements misogynes on parle ? Là encore, on suggère qu’il y aurait, par nature, des comportements généraux misogynes. D’accord, mais si on ne les identifie pas clairement, comment lutter contre ? Non, rester aussi vague en fait, ça permet… de créer des groupes, qui par leur seule nature sémantique s’opposent. La vue de groupe, c’est très pratique pour ne pas se laisser enquiquiner par la nuance. Et puis je veux bien croire qu’on est tous un élément d’un ou de plusieurs groupes, mais du groupe des hommes… Ben, non. C’est même assez incroyable qu’on puisse d’un côté lutter autant pour masquer l’appartenance à un sexe (sur les cartes d’identité par exemple, est-ce que c’est utile ?), et puis trouver bien pratique de réveiller ces appartenances pour en faire un totem ennemi à abattre (cf. mon billet sur les totems).

« Exemple : Si vous êtes dans une foule, vous pouvez très bien vous dire « moi je veux aller tout droit ». Mais s’il y a un mouvement de foule, vous dévierez avec la foule quoi que vous fassiez, et sans vous en rendre compte. »

>OK…

« Vous pensez peut-être être un « mec bien ». Cependant, vous avez été éduqués à être un homme dans une société où le viol est banalisé (culture du viol), où les hommes sont encouragés à avoir certains comportements de supériorité, etc. Il est impossible que vous en soyez vierge. »

>Ah oui, « impossible » carrément. Si je veux bien croire que des gamins soient éduqués pour valoriser leur virilité, je doute que beaucoup s’identifient pleinement à ça… Et bon sang, quelle tristesse si on était éduqués à devenir des « hommes » (et donc des femmes, ça vaut aussi pour elles, non ?)… On note en tout cas la jolie rhétorique du « on peut être un mec bien mais ».

« Et ce, même si vous avez été élevé par des familles respectueuses des femmes. Votre famille n’est responsable que d’une partie de votre éducation. Il y a aussi l’école, les publicités, les lois, les médias, les groupes sociaux dans lesquels vous évoluez, etc. »

> familles respectueuses des femmes… Il y aurait donc des familles où on serait élevé pour ne pas respecter les femmes ?! Ce délire… Et puis désolé, mais la principale éducation qui forge un individu, c’est soi-même. On décide soi-même de qui on est. Chacun, certes, avec certaines limites imposées par le cadre dans lequel il vit, mais si ce cadre est lâche, je vois mal comment il pourrait être en mesure de contraindre un individu. Dans un pays libre, personne ne décide pour nous. Elle, par exemple, quelqu’un l’a éduquée pour devenir féministe radicale ? Non, c’est le fruit de son parcours personnel, pas celui d’un formatage de la société. À moins qu’il n’y ait que les féministes qui aient ce pouvoir merveilleux de s’émanciper des groupes que la société désigne pour tous ? Ça donne un petit air de Spartacus à toutes ces femmes opprimées appartenant à ce groupe autodésigné comme celui des femmes, groupe dominé par celui des hommes, et auquel quelques femmes éclairées et méritantes, celui des féministes, parviendraient seules à s’émanciper. On gagne sur tous les plans : non seulement, on désigne un groupe comme responsable des inégalités homme femme, mais en plus, puisqu’on est les seules capables de révéler cette nature des choses, cela fait du même coup de nous des esclaves éclairées, des Spartacus. On retrouve cette manière tordue d’arranger la réalité pour se voir en prophète jusque chez les tenants du créationnisme, du reptilisme, des divers complotistes, religieux ou sectes. Que certains rationalistes tombent dans le piège et adhèrent à de tels extrêmes est assez navrant.

« Et tout ceci n’a rien à voir avec votre « nature profonde d’homme ». Ce n’est pas de l’essentialisme. C’est votre identification par la société au groupe “homme” qui vous met dans cette situation. »

>Justement. Il faudrait demander aux hommes s’ils s’identifient au groupe « hommes ». Identification, c’est se reconnaître. Donc si on se reconnaît, on est capable de nommer ce groupe. Or, si on nie l’existence même de ce groupe, et donc en être un élément, on nous rétorque qu’on n’a rien compris. Joli raisonnement circulaire. Par définition, on ne peut pas s’identifier à quelque chose dont on ne reconnaît pas l’existence…

« La société n’est pas neutre. Elle est parcourue de rapports de dominations de groupes les uns sur les autres. Chaque groupe social influence et conditionne les individus qui le composent, malgré eux. Être un homme dans un système social misogyne ne fait pas de vous des connards Ce qui fait de vous des connards c’est bien sûr quand vous êtes misogynes individuellement, par conviction, mais aussi quand vous refusez de reconnaître ce système et votre responsabilité dans celui-ci ».

>Ne reconnaissant pas ce système, je suis donc un connard. Est-ce qu’en retour ça me donne le droit de traiter tous ceux (ou celles) qui pensent qu’on appartient à groupe d’hommes (ou de femmes) de connards ou de connasses ? Je suis égalitariste, tout le monde devrait être capable de traiter chacun de connard.

Et cette volonté d’attribuer des étiquettes aux individus (quand on est soi-même pas mal esclave des étiquettes qu’on se choisit pour soi-même : amusez-vous à repérer à quels groupes ou pratiques s’identifie par ailleurs une personne se disant si ouvertement féministe, on peut souvent en faire toute une liste), ça me rappelle une expérience perso en 6ᵉ d’un môme qui me soutenait que j’étais catholique parce que j’avais été baptisé. Ben non, je suis libre, c’est moi qui décide à quel groupe j’appartiens. Et je pense même qu’appartenir à aucun groupe, il n’y a pas plus grande liberté. Et mon sexe physiologique n’est pas un groupe social auquel je peux m’identifier. Le genre n’est pas un groupe social.

« Même si votre responsabilité est dans la plupart des cas issue de votre conditionnement d’homme. Ces comportements misogynes que vous ne voyez pas font aussi souffrir les femmes, même si vous ne les violez pas. »

>D’accord, donc on a compris, tous les hommes sont des connards… Et après.

Eh bien, après, c’est bien ça le problème. Le pseudo-féminisme, ou féminisme radical, ou misandrie, c’est un mouvement de pensée haineux, qui ne propose rien. La seule chose que propose le pseudo-féminisme, c’est la haine d’un groupe désigné par un autre groupe qui se désigne lui-même comme victime de l’autre (tordu). Tu n’as rien fait, tu es déjà désigné comme coupable à travers un groupe qu’on a attribué pour toi. Ça rappelle quand même les pires heures de notre histoire cette affaire… Et sans aller jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, cette attribution arbitraire et haineuse à des groupes prédéfinis sur des caractéristiques physiques, perso, ça me rappelle l’absurdité ethnique qui a mené au génocide rwandais. Donc oui, je suis en train de dire que laisser passer une telle haine de groupe autodésigné, c’est potentiellement dangereux. Et ça commence par la légitimité des violences individuelles.

Le reste du fil où elle tacle systématiquement les personnes venant discuter :

https://twitter.com/astrono_girl/status/1282713000160514048

(Il faut lire les commentaires masqués, dont certains n’ont rien d’offensant et ne déploie certainement pas autant d’agressivité qu’elle peut le faire quand elle s’adresse à des comptes identifiés « hommes ».)

Quelques exemples de cette jolie courtoisie misandre : « Si tu es un homme et tu veux faire avancer les choses, fais comme les hommes qui font avancer les choses : tais-toi, écoute les femmes, ne critique pas leur façon de crier leur souffrance, éduque les hommes autour de toi. » « Bordel, faut vraiment qu’une femme t’éduque au respect élémentaire ? »

Sinon : « T’es sérieux là ? t’es pas capable de comprendre la différence entre un groupe et les individus qui le composent ? Les effets de groupes qui surpassent les actes individuels, t’en as vraiment jamais entendu parler ? Les actes de conformation, les mouvements de foule, tout ça ? »

(Moi j’en ai entendu parler au rayon des pseudo-sciences.)

Et puis, exemple de logique tordue (et amusante) : « Quand une femme dit « all men are trash », elle dénonce le système de domination masculine et l’inaction des hommes pour le changer. Quand un homme dit « toutes des putes », il méprise les femmes (et les travailleuses du sexe), par pure haine. »

Je proposerais bien une expérience sociale vu que c’est à la mode : comparer les réactions sur un réseau social à un tweet disant « all men are trash » et un autre « toutes les femmes sont des putes ». On verra le niveau d’acceptabilité. Pourtant, non, le niveau d’irrespect est bien identique, et derrière le « all men trash », il n’y a rien d’autre qu’une insulte misandre qu’on tente de faire accepter en disant qu’on s’attaque à un système dominant. Petit point godwin du jour : dire que les juifs étaient dominants partout dans les sociétés européennes de l’entre-deux-guerres, c’était justement une excuse pour les désigner responsables des principaux maux de ces mêmes sociétés. Parce qu’ils étaient supposés dominants, ça légitimait l’agressivité qu’on avait à leur égard. On légitime, on théorise même, une violence, d’accord…

Maintenant, on peut mettre cette agressivité sur le compte de l’autisme de cette personne, mais on pourrait alors se demander comment on peut élaborer une telle idéologie des rapports sociaux tout en feignant d’ignorer une des règles sociales les plus élémentaires : le respect.

C’est triste de voir un tel déploiement de fausse intelligence érigée en vérités absolues, indiscutables (surtout par des hommes) et prônant une telle haine d’un groupe qui n’existe pas mais dont les individus visés, eux, existent bien. Sérieusement, si par exemple, on veut traiter la question du viol avec ce logiciel, à quel moment les revendications et les propositions apparaissent ? C’est une suite de mise en accusation permanente avec zéro capacité à présenter des solutions pour aider les victimes et sortir les agresseurs de leurs travers sexuels et oppressifs. Pour éradiquer un problème, on cherche à le comprendre ; si avant de désigner le problème, on a trouvé le coupable… ça ne commence pas très bien. En l’occurrence ici, s’il est question de viol, eh bien, pour lutter contre, ça ne sert pas à grand-chose de se démener pour faire comprendre aux hommes qu’ils en sont de toute façon coupables… Pour lutter contre le viol, on cherche à comprendre les situations susceptibles de tourner en viol, on éduque hommes et femmes, individuellement pour qu’ils soient conscients des processus et des situations menant au viol, puis collectivement, on définit aussi ce qu’est un viol (l’épisode du viol conjugal au petit réveil montre que ce n’est pas si évident à définir), et globalement on fait en sorte de changer la société pour que les femmes aient plus facilement accès à des postes de direction et de pouvoir (parce que ça impliquera plus fortement l’idée qu’une femme n’est pas un individu au service d’un autre… du sexe opposé) que l’image de la femme dans les médias, la culture et la publicité ne soit plus rapportée à celle d’un objet ou d’une potiche (on ne peut pas forcément imposer les choses, mais il faut penser à des programmes d’incitation, de quotas, voire si ça ne suffit pas, en passer par des taxes et par la loi : c’est difficile par exemple d’interdire la publicité dégradant l’image de la femme ?). Bref, une recherche de solutions, pas de faux coupables.

Autre absurdité de la rhétorique pseudo-féministe et qui permet à ses tenants d’avoir toujours raison : accuser leurs détracteurs d’être masculiniste et de n’avoir aucune légitimité à parler parce qu’ils profitent d’un rapport de domination. Tu peux toujours dire que cette demoiselle agressive dessert la cause qu’elle prétend défendre, on te fera un grand fil condescendant comme ça :

https://twitter.com/Marie_Peltier/status/1282410002955870211

Et elle n’aurait pas l’excuse de l’autisme, elle se désigne comme autrice et vit donc de ses théories de haine et de la mise en scène des violences qu’elle peut subir.

Continuez de donner le bâton pour vous faire battre.

On pourrait faire un petit jeu. Depuis les années 70 que ces théories existent, quelles sont les avancées en matière de droit des femmes gagnées par les tenantes de ces théories, et quelles sont les avancées à mettre au crédit des féministes ou des hommes qui les supportent ?

Les imposteurs du Net, chapitre 49, les « garçons officiels » (Twitter)

Les capitales

Réseaux sociaux

S’il y a bien un comportement qui me hérisse le poil, c’est l’habitude de certains « comptes » sur les réseaux sociaux à produire des contenus piochés chez le voisin pour s’en faire passer pour les auteurs. Si globalement, le respect du droit d’auteur est largement mis à mal sur les réseaux sociaux, en général, ce qui nous est le plus apparent, ce sont les images. Seulement, personne n’irait s’imaginer qu’une image capturée ailleurs ait comme auteur celui qui la partage. Si avec le journalisme 2.0, c’est peut-être moins évident, et si des comptes comme conflits sur Twitter s’embarrassent rarement de citer ses sources, pour des images de film par exemple, c’est moins problématique. Si la question de la source ou de la citation demeure, ce qui est plus grave, c’est de partager un contenu en se faisant passer l’auteur.

J’ai déjà vécu ça mille fois. Le compte Aurea sur SensCritique partageait en toute innocence de jolies phrases dans des listes et quand on lui faisait remarquer répondait qu’elle les recopiait parce qu’elle les aimait ; en revanche, quand on lui demandait de mettre des guillemets et de citer ses sources, l’innocence laissait place à la suspicion : pourquoi donc venait-on l’agresser alors que de toutes évidences ses intentions étaient pures, et que compte tenu du fait que beaucoup de monde appréciait ses listes, c’était la preuve que ça ne choquait personne. Avant ça, sur un autre site, j’avais même été moi-même « victime » de ces petits recopiages intempestifs : un compte s’amusait à recopier certaines de mes bêtises sur un forum en se faisant bien sûr passer pour l’auteur. Pathétique me direz-vous, mais autant je peux comprendre que certains esprits fragiles aient tant besoin d’attirer l’attention et l’amour des autres (bien que cela reste toujours, de mon point vu, répréhensible), autant j’ai toujours été bien plus surpris par la réaction des personnes qui « suivaient » ces comptes de copistes : même avec preuves à l’appui, c’est vous, quand vous pointez du doigt ces vols et ces mauvaises pratiques, qui aurez toujours tort. On vous questionne toujours sur vos intentions (quand bien même vous êtes victime de plagiat), on minore la gravité de telles pratiques (ce n’est bien sûr pas un drame, mais quand c’est systématique, il faut juste que ça cesse, il y a quoi de difficile à comprendre là-dedans ?), bref, la faute n’est jamais portée sur celui ou celle qui sape le travail des autres, s’en rend (faussement innocemment) propriétaire, mais toujours sur celui qui pointe du doigt l’affaire. Parce que bien sûr, on a toujours quelque chose derrière la tête, c’est toujours parce qu’on est jaloux de la « popularité » des comptes faussaires (ça va presque jusqu’à l’absurde : certains reconnaissent les faits mais défendent toujours les voleurs).

Et là, il y a quelque chose, à mon avis, qui reflète énormément la société dans laquelle nous vivons. Je ne parle pas de celle avec ses réseaux sociaux, qui ne font qu’augmenter, par sa rapidité et sa facilité d’usage, des pratiques qui existent sans doute depuis la naissance des rapports sociaux. Au-delà du cercle familial et du travail, il semblerait qu’on, en tant qu’individu, gagne, ou espère acquérir, une certaine forme de prestige à l’échelle d’un autre réseau, celui-là, ni professionnel ni familial, et pas vraiment non plus amical. C’est le prestige, la renommée, le respect au sein d’un cercle qui tend à s’agrandir plus on le nourrit et plus lui-même nous donne en retour des preuves de reconnaissance. C’est le phénomène de cour, de tribu ou de n’importe quel réseau constitué à l’intérieur d’une société et par lequel ses membres évoluent ensemble, profitant, d’un côté du mouvement de masse que le réseau peut lui-même engendrer, et cherchant aussi d’un autre côté à profiter des opportunités possibles, mais plus souterraines, vous faisant évoluer favorablement à l’intérieur même de ce réseau. De là naît la jolie pourriture de nos relations sociales : l’hypocrisie, la jalousie, une certaine forme de cupidité sociale, la rumeur, la traîtrise même, les alliances intestines contre un autre groupe, voire le complot. De la politique, quoi.

Et à côté de ça, on trouve les outils, ou peut-être les otages, de ces pratiques courtisanes, dont vont se servir les ambitieux, les arrivistes, les Rastignac à l’insu de leur plein gré, etc. Avec quoi gagne-t-on en popularité, en respect ? Comment grimpe-t-on les échelons à l’intérieur de ces cercles d’influence ? Il y en a peut-être d’autres, mais de ce que j’ai pu voir jusqu’à présent, c’était toujours lié à la créativité. Ça ne pose pas beaucoup de problèmes quand on partage une bonne blague… là encore, je doute que les auditeurs hilares se doutent que celui qui fait rire l’assistance soit le réel auteur de la petite blagounette qu’il tire peut-être lui-même d’un autre amuseur pudique… (Même si, ce serait sur le Net, ce serait déjà bien plus suspect. D’autant qu’une bonne blague, elle tient peut-être parfois plus à comment et par qui elle est racontée. Bref.) Non, on se fait surtout mousser, au mieux, pour des œuvres, des productions personnelles, et cela à toutes les échelles. Le petit copieur en quête d’amour n’ira probablement pas recopier des œuvres établies, ni même des passages (même s’il y a des exemples pathétiques ; là, on est à un niveau supérieur qui se règle au tribunal), mais ira plutôt picorer ici ou là. Ce sera à la fois sa meilleure couverture, mais aussi sa première défense : on ne fait pas de mal quand on ne fait que reprendre de courts passages « qu’on aime bien ». Qui vole les pièces jaunes aux sans-abri vole un bœuf…

Bref, dernier exemple en date, le compte garçons officiels sur Twitter. C’est un compte que je suis depuis quelques semaines puisque ça partage sur tout et n’importe quoi dans le domaine de l’art avec toujours une petite phrase « jolie » qui décrit de quoi il s’agit. Étant plutôt ignare, j’aime bien découvrir à petite dose dans des domaines variés. (Pour paraphraser les « garçons », et je les cite : « en allant voir vos tweets nous réalisons que vous avez une idée et un avis ». Et oui ! Je m’intéresse à tout. C’est affreux les gens qui mettent leur nez partout. La curiosité, quel vilain défaut.)

Le problème, c’est que je suis « un peu » cinéphile, et que là c’était pas de chance, ils publiaient un tweet sur un de mes acteurs préférés, William Powell.
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267092391426691074

Ah. C’est plutôt la dernière phrase qui tique. J’ai un vague souvenir que Powell avait eu en effet une carrière de second rôle dans le muet et qu’il y avait pas forcément officié dans des rôles comme ceux plus sympathiques qui suivront. Je me rappelle surtout de sa performance dans Crépuscule de gloire, de Josef von Sternberg, où il n’a pas encore tout à fait un premier rôle, mais impressionne dans un personnage de metteur en scène, peut-être loin d’être sympathique, mais certainement pas un « vilain », un « traître » ou une « crapule ». (Il me semble même avoir souvenir d’en avoir parlé dans mon commentaire de film…) Le film lui doit beaucoup, et un peu à l’image d’un Richmond dans Richard III, alors qu’il n’est pas présent une grosse partie du film, il mange presque la vedette… à la vedette dans le finale. Je fais donc quelques recherches, et en effet, avant les deux films qu’il tourne avec Josef von Sternberg, il aurait été plutôt utilisé en tant que « vilain », mais rien de bien remarquable ou de très significatif. L’acteur William Powell, on le découvrira surtout dans des comédies dans les années 30, comme je le fais remarquer dans mon premier tweet :
https://twitter.com/Limguela_Raume/status/1267096507913822208

La réponse des « garçons » est alors d’une triste ingénuité parce qu’ils me livrent, pour justifier leur « propos » (que je pensais alors être le leur), leur source, autrement dit, l’article dans lequel ils ont tout bonnement recopié la phrase de leur tweet.
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267110313129922562

Je vais lire l’article. Rien à redire là-dessus, l’auteur distingue bien la période du muet où Powell n’est pas franchement considéré comme une vedette (et jouait donc les « vilains ») et le parlant grâce auquel il deviendra après quelques années, et grâce à la MGM, une star. Mais une star de comédie, et donc bien de la MGM, mais la MGM ne l’engagera… que dans les années 30. Donc non, aucun rapport entre la MGM et ses rôles (anecdotiques) de méchant dans des films muets. Et on note au passage que leur explication de merde doublée de l’aveu candide de plagiat a été « likée » par leur pote de cour, Philippe Rouyer, aka un des masters posters sur le réseau (signe déjà que l’entente des petits copains a toujours plus d’importance que la réalité des faits, et signe peut-être aussi d’une ignorance en la matière que lui, comme d’autres, s’appliquerait à faire passer pour de la connaissance.) (Ça commence à se sentir que j’aime pas les usurpateurs, et ça va empirer au fil des réponses.)

Toujours bien rempli de bonnes intentions (on me connaît, je cherche toujours à aider les gens qui se promènent avec une jambe cassée dans la rue avant qu’ils finissent, grâce à mon soutien, cul-de-jatte), je leur soumets alors une révision à la phrase qui la ferait coïncider avec la réalité de la carrière de mon cher Powell (il y a la post-vérité, mais il devrait y avoir la tweet-réalité, la raison qui pousse les gens à publier de la merde) :
https://twitter.com/Limguela_Raume/status/1267117367978532865

Ma dernière phrase suggère que l’exaspération n’est pas loin, nourrie bien sûr par la suspicion désormais bien établie qu’une bonne part, voire l’ensemble, de leur production n’est que du vulgaire recopiage.

Dans cette situation, étrangement, c’est souvent la même réaction qu’on rencontre. Les « garçons » comprennent qu’ils viennent d’être pris la main dans le pot de confiture (même s’ils doivent être persuadés que cela n’a aucune importance), et que bêtement, soucieux de montrer qu’ils n’étaient pas dans l’erreur, ils ont fait par là même l’aveu de leurs pratiques (cette désinvolture est peut-être due au fait qu’on leur a déjà fait remarquer et que tout le monde s’en fout, mais je ne suis pas les commentaires de leurs tweets pour en savoir plus : c’est le type même de tweet qu’on lit en diagonale et dont on a ni envie de commenter ni envie de lire les commentaires). Quelle réaction donc ? Un peu de sarcasme et de suffisance :
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267118207921463298

La vérité ne tient pas en 280 signes. La post-vérité, si.

À ce moment, j’ai déjà probablement googlisé certaines de leur production et remarqué qu’un certain nombre d’entre elles étaient piochées sur le Net. Des articles de blog, des sites de galeries, des pages d’encyclopédie en ligne (aucun problème pour Wikipédia donc, mais ça n’empêche pas l’usage des guillemets), dont parfois des phrases qu’ils ne sont pas les seuls à reproduire et que tout un petit monde de blogueurs recopie en cœur sur leur site respectif… Je n’y ai pas passé une heure, mais ça ne sentait pas bon. Alors comme je n’ai pas une grande sympathie pour ces gars-là (les voleurs), et en particulier quand on me prend de haut, le ton a commencé à changer.
https://twitter.com/Limguela_Raume/status/1267129258520035328

À quoi, je retrouve le ton évasif, faussement poli, assez provocateur en réalité parce qu’on sent le dédain supérieur qui se cache derrière une telle réponse, de cette supériorité aussi qu’ont les personnes qui pourraient avoir des choses à se reprocher mais qui se savent en sécurité et qui, en plus, te font bien sentir que toi tu es un peu de la merde à relever la leur puisqu’on est le seul à la voir. Je vois même ça un peu comme de la défiance : leur question sonne un peu comme : « Vas-y, dis-nous ce que tu as à dire, on ne craint rien, on est plus populaire que toi, mais vas-y ». J’ai déjà vu ça plusieurs fois… :
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267132036852191234

Là, je remarque toutefois une chose qui m’amuse. Ils ont tout de même pris le soin de dé-mentionner Phillippe Rouyer. Ce n’est pas anodin. Ces types-là ne vivent que par et pour la relation qu’ils ont aux autres, et en particulier chérissent celle qu’ils entretiennent avec les gens placés hauts dans l’échelle de respectabilité de la société (ou d’une micro-société). Là encore, c’est assez typique de ce genre de « comptes » en quête de « likes », de visibilité, d’attention… et tout ça au prix de quelques recopiages qu’ils pensent anodins. Peut-être plus révélateur encore de cette attitude, on les voit poster publiquement un message à l’attention de Julie Gayet (via la mention donc) afin que celle-ci songe à les suivre désormais comme c’était déjà leur cas et puisque, comme ils le précisent, elle avait retweeté une de leur publication… Dans quel monde vit-on… C’est triste d’en arriver là pour récolter trois mille likes et élargir son petit cercle d’influence… Ça me rappelle tristement les partouzeurs de l’aube.

Je deviens plus direct. Direct, mais courtois. Ils se foutent de ma gueule, mais le sont aussi. Aucune raison d’adopter une autre attitude… Direct donc. Mais… un peu taquin aussi.
https://twitter.com/Limguela_Raume/status/1267134219207217153

Et là réponse, j’avoue, m’a un peu scotché. À différents niveaux. Pourtant, j’aurais dû m’y attendre, parce que là encore, c’est assez typique. On répond innocemment, on fait semblant de ne pas comprendre, et surtout on lâche des aveux surréalistes. C’est dit avec une telle innocence que je suis persuadé que ça ne choquerait pas grand monde. Comme souvent, on fait plus attention au ton employé qu’aux faits : ici, le fait d’avouer comme si c’était la chose la plus naturelle du monde… eh bien, la fait passer pour la chose la plus naturelle du monde. On parle bien de s’approprier des contenus écrits par d’autres.
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267136113048719361

Je le cite à nouveau pour bien le mettre en évidence, c’est écrit noir sur blanc : « Nous ne prétendons nullement être auteurs de nos posts. »

Il y a que moi que ça choque ? Peut-être bien que c’est moi le naïf. C’est à ce point répandu de recopier les phrases des autres en s’en faisant (quand même beaucoup, hein) passer pour les auteurs ? J’ai loupé un épisode ? Parce qu’attendez… On ne prétend pas être les auteurs de… heu… ce qu’on écrit, mais… c’est mentionné où qu’ils ne sont pas les auteurs de ce qu’ils écrivent ?! Ah, ça, pour mentionner machin et machine, pour mettre des guillemets et un auteur connu en parenthèse parce que ça fait classe, ils sont forts les garçons, mais dire qu’ils ne sont pas les auteurs de ce qu’ils écrivent (?!), c’est déjà plus compliqué à mentionner.

Typique encore et toujours, le reste du tweet. Nous recopions ce que nous aimons. Sérieux, c’est le disque rayé le plus mauvais de la terre… Donc le fait d’apprécier quelque chose, mérite qu’il soit pillé. La logique m’échappe. Bon, en fait, c’est qu’il n’y en a aucune. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’on cherche juste à se faire passer pour les auteurs de quelque chose qu’on a apprécié… pour qu’on nous apprécie à notre tour. Et toujours cette candeur. Comme l’impression chaque fois qu’on fait remarquer à quelqu’un que non, ça ne se fait pas de copier sur le voisin, et qu’on nous répète en guise de réponse candide : « Mais où est le problème ? » Le problème, c’est qu’on ne vole pas seulement ce qui ne nous appartient pas. On trompe bien quelqu’un parce qu’on fait sien ce qui lui appartient, mais aussi les personnes qui nous lisent. C’est pas bien, point.

Je suis alors bien agacé et j’y vais de ma petite leçon de morale :

On ne prétend pas être les auteurs, mais on profite de la confusion probable et espérée, notamment en oubliant sciemment de mettre des guillemets comme c’est l’usage.

Je réponds :
C’est bien de partager*. Mais songez que quand vous reprenez une phrase, derrière il y a un auteur, parfois peut-être un attaché de presse, ou un passionné, qui lui ne tire ni crédit ni visibilité comme vous le faites.
Par respect pour ceux-là, et parce que je n’ai aucune raison de douter de votre honnêteté*, je vous suggère d’incorporer à vos capsules d’autres garçons formidables.
Je vous présente Pierre & Paul : « ».
Ajouter la source en réponse au 1ᵉʳ tweet, c’est encore mieux. Il y a moyen à ce que ça tienne aisément en 280 signes. Je suis sûr que personne ne vous tiendra rigueur de ces ajouts ; mieux, vous ferez profiter de votre visibilité aux auteurs (créateurs, artistes, mais aussi gratte-papier) en encourageant vos abonnés à en savoir plus.
Il n’y a pas de contradiction à être « passeurs », ou « révélateurs de beauté », et citer honnêtement ses sources.
* on remarquera les efforts de ma part à rester courtois : qu’on s’énerve, les escrocs n’attendent que ça afin de passer, eux, pour des victimes. (J’ai mis tout ça en un bloc, mais c’est une suite de tweets.)

J’ai dit tout ça d’ailleurs en toute bonne foi. Oui, je suis persuadé que mettre des guillemets et une source ne leur ferait pas perdre d’abonnés. Seulement, persuadés qu’ils sont d’être suivis grâce à la confusion dont ils sont, eux, les auteurs, ils ne peuvent pas concevoir que respecter les auteurs qu’ils copient puissent être compatible avec le fait de partager des « tweets » avec le même contenu ou presque. Parce que, que l’on soit bien clair : si le plagiat est condamnable, je comprends (même si je me refuse de les employer et qu’ils m’exaspèrent à une échelle industrielle comme ils le font) qu’on puisse avoir recours en permanence aux appels du pied via des mentions à d’autres comptes souvent « huppés ». Et je suis hautement convaincu que c’est l’alliance de leurs recherches réelles (celle-là), puis du contenu volé et enfin de ses efforts de lèche sociale qui fait le succès d’un tel compte. Ajouter des signes typographiques montrant bien qu’on n’est pas les auteurs de ce qu’on partage, ou le fait de citer une source, encore une fois, en quoi ça entraverait la visibilité de leurs tweets dans la sphère courtisane et amateur d’arts qui est la leur… ?

Malheureusement, faire la morale à un escroc ne l’a jamais convaincu de se faire plus vertueux (j’aime les causes perdues), et leur réponse se fait plus offensive. On ne se défend plus (puisque c’est acquis que c’est normal de voler le contenu des autres), on attaque :
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267186973837611011

J’ai un avis sur tout en effet (enfin, en vrai, pas tout à fait, mais on va pas chipoter, je brasse large, oui), parce que je suis curieux et parce que justement, ça doit être un défaut, je m’intéresse souvent plus à des domaines où je peux apprendre que le contraire. Je ne prodigue pas la bonne parole et « n’instruis » pas les autres. C’est bien pourquoi, en partie, je parle si peu de cinéma sur Twitter. (Et là, il se trouve que pour une fois que ça causait d’un acteur que j’adore — ce n’est pas si fréquent —, c’était naturel que j’intervienne.)

Pour la forme, et parce qu’à partir du moment où l’affaire était entendue (le reste n’a plus beaucoup d’importance, on s’échange en général des amabilités d’usage), je partage la fin de nos échanges :

Ma réponse (que je poste encore en bloc pour éviter de multiplier les suites de tweets) :

— Deux choses, messieurs, maintenant que votre malhonnêteté ne vous fait aucun doute.
— La 1ᵉ  : Vous tweetez sur un acteur que vous ne connaissez pas. Moi, je le connais. Donc quand vous recopiez un texte dont vous n’êtes pas les auteurs et que vous y ajoutez une bêtise, je le vois.
— Vous me citez alors votre « source » : non seulement vous donnez vous-même la preuve que vous voler le contenu des autres, mais aussi vous confirmez que vous n’entendez rien à ce que vous publiez. Vous me direz… un peu comme tous les voleurs de contenu.
— La 2nd : Le plagiat, c’est pas « tweet[er] mal », c’est voler.
https://twitter.com/GarconsOfficiel/status/1267194810793934850

(Là, j’avoue que le sophisme de popularité, ça me donne envie de lancer des claques.)

Mon clap de fin :

J’attends avec impatience votre interview chez Pujadas pour vous voir expliquer que le plagiat devient honnête quand on est suivis par x followers.

Voilà, j’en termine. On pourrait me dire encore que j’en fais des tonnes pour pas grand-chose, ou que pff, c’est pas mes affaires. Eh bien désolé, non. Si de tels énergumènes peuvent se faire une place au soleil dans la constellation des gens qui comptent (ou qui le voudraient), à leur échelle, c’est bien que même quand on est informé de la supercherie, on refuse d’accepter le fait qu’on a une part de responsabilité dans le pillage de contenu développé souvent par des petites mains qui ne vivent pas de leur passion ou qui ne tire aucun crédit même symbolique des productions qui leur sont recopiées souvent même sans qu’ils en aient connaissance. Cette complicité, moi je la vois comme inacceptable. Peut-être pas par sens moral, certes, mais parce que publiant moi-même des contenus et ayant été plusieurs confronté (à une petite échelle, Dieu merci) à ce genre de pratique. Il n’y a pas d’échelle de respectabilité chez les auteurs qu’il serait plus acceptable de voler leurs contenus sous prétexte qu’ils ont moins de talent ou moins connus. Je dirais même que les petits créateurs de contenu sont parfois poursuivis par des grosses boîtes lançant des robots de recherche sur leur site pour le compte de gros ayants droit dans le but de leur soutirer de l’argent. Mettre en lumière le travail d’artistes en tous genres à travers des tweets n’autorise pas que pour ce faire on en vienne à piller le travail des personnes honorant ces artistes reconnus. Je dirai même que piller une citation de Voltaire en oubliant de le citer, sa réputation est faite, le Voltaire en souffrira moins qu’une petite main qui, si on trouve intérêt à le recopier, mériterait sans doute, lui, plus d’être connu, ou simplement respecté et remercié pour son travail. Ce sont les petits qu’il faudrait d’autant plus respecter et protéger qu’ils sont bien plus vulnérables à ce genre de comportement. Comportement nuisible qui tend bien plus à attirer la lumière sur sa propre personne que sur les œuvres ou écrits partagés et recopiés.

Ces messieurs ont au moins une chance. J’ai zéro visibilité sur les réseaux sociaux. Un tel article, c’est loin d’être un contenu susceptible d’attirer du chaland via les moteurs de recherche. Je ne pense même pas qu’il soit utile que leurs précieux followers viennent à connaître leurs pratiques (peut-être certains avaient déjà compris d’ailleurs), car encore une fois, à en croire mon expérience, cela nuit toujours systématiquement bien plus à celui qui agite un chiffon rouge qu’aux incriminés. Le réseau prime toujours sur la vertu. On peut bien saloper l’une pour soigner l’autre.

SensCritique, ou la Communauté de l’annale

Les capitales

Réseaux sociaux

Dis-moi combien de fois ils ont cliqué l’année dernière et je te donnerai ta valeur en bourse.

« SensCritique, La communauté du cinéma… en France »… beurk.

Bien content d’avoir été viré de ce site. On y parle « communauté du cinéma » au lieu de “cinéphilie”, et on s’attache à se focaliser sur ce qui est susceptible le plus de plaire et de buzzer : l’actualité, et le village français. Rien à voir avec la cinéphilie, encore moins avec le « sens critique », ni sur le plan de la “critique” (on parle de nombre de notes plus que du contenu) ni sur celui de la vision critique du cinéma.

SC est leader sur les « notes de films sortis en 2015 », mais sur la pertinence de la ligne éditoriale, sur le « nombre de notes des films péruviens sortis en 1965 » ? Du flan, de la semoule, du trompe-l’œil. Merci de m’avoir viré.

Remerciez-moi en retour d’avoir enrichi, comme d’autres utilisateurs naïfs, une base de données de l’ombre qui ne compte que pour du beurre, car n’est légitime auprès des fondateurs et des utilisateurs de cette “communauté” (beurk) que les données des quatre cent un films sortis l’année précédente. Qui c’est l’idiot numéro 1 ?


Merci d’avoir supprimé, avec mon compte, autant de listes poubelles, si contraire au « senscritique » et à la ligne éditoriale du site :
Tadao_Sato_ses_300_Films_Japonais
Golden_Horse_Film_Festival_Les_100_Meilleurs_Films_en_Langue_chinoise
Une anthologie du cinéma français (Claude Beylie)
Les 365 westerns à voir avant de tomber de sa selle
The Hollywood Rush
Les_meilleurs_films_du_siecle_selon_Telerama
(Pour ne citer que les plus insultantes)

Merci aussi d’avoir refusé de me donner accès à mes innombrables tops perso laissés, ô insulte, en privé sur le site au lieu de les partager dans des sondages utiles à la communauté.

Merci d’avoir refusé de me filer un fichier avec tous mes commentaires avant de les supprimer, ainsi que mes annotations, véritables insultes au “senscritique”, alors pourtant que la loi française les y oblige (merci pour le fichier à peine lisible des critiques cela dit). Parce que oui, les commentaires, peut-être pas pour l’utilisateur moyen, mais pour moi si, ça a de la valeur, et jusqu’à preuve du contraire, j’étais propriétaire de ce contenu. J’ai dû en retrouver certains à la main, les plus récents, mais le plus important, toutes mes notes de visionnage, scotchées en commentaire de film ont disparu en supprimant mes notes.

Merci d’avoir volé tous mes messages personnels.

Merci d’interdire aux utilisateurs de régler la configuration de leurs activités pour décider eux-mêmes ce qui tient du privé et ce qui tient du public. Ils n’ont probablement pas assez de sens critique pour juger eux-mêmes de ce qui doit l’être. Quand j’avais demandé à ce que, par exemple, je n’ennuie pas certains ou une partie de mes contacts s’il me venait l’idée de noter les chansons de la Compagnie créole, je me suis vu répondre qu’il fallait assumer… Bien sûr… Je décide de me balader à poil chez moi, et il faut assumer ? Réseau social ou pas, Senscritique est tout comme Facebook régi par les mêmes règles concernant la vie privée. Tout comme le droit à l’oubli, quand le site nous interdit de supprimer une activité particulière ou en la passant en privé. Peut-être bien qu’à l’avenir, la CNIL ira se pencher sur la question pour que les droits des utilisateurs soient respectés, et que, pour le mieux, comme dans tout réseau social qui se respecte (ce qu’est SensCritique, on est d’accord ? Ce n’est pas un site culturel, mais bien un réseau social prenant la culture en otage, ou comme prétexte) ses utilisateurs puissent décider avec qui discuter et décider quel type d’activités doit être relayé en notification.

Merci enfin de ne gérer aucun modérateur sur le site. Les attaques de trolls sont fréquentes, on peut être amenés à côtoyer des utilisateurs bloqués sur d’autres pages quand sur le moindre forum par exemple leurs messages seraient masqués. Qu’on ne s’étonne donc pas, quand certains qui se font sans cesse attaquer… pour la longueur de leurs messages, finissent par en avoir marre d’être raisonnable, de devoir répondre par cent lignes à des emmerdeurs qui se contentent d’une seule. Ça servira toujours de prétexte à virer celui qui demande que ses droits soient respectés et que le site respecte ce pour quoi il semblait être dédié pour certains. Un joli nom “senscritique” pour un site. C’est surtout une jolie supercherie : le sens critique y est non seulement mal vu, il est en permanence traîné dans la boue, et la règle, c’est le mépris et les jeux de cour laissant peu de place à l’intérêt réel que pourraient avoir certains pour des œuvres ou des échanges. D’échanges, sur « sens critique », j’en ai rarement eu. Et c’est pas faute d’avoir essayé.

Une preuve de la bêtise et de l’absence de « sens critique » de ses membres : je poste une nouvelle en critique sur un film. Celle-ci reçoit cinq likes pour cinq dislikes avant d’être tout bonnement supprimée avec le compte. Une nouvelle. Certainement pas un chef-d’œuvre. Combien des utilisateurs ayant liké ou disliké la page ont pris le temps de la lire ? Probablement aucun. Et la longueur est une insulte. Fini de réclamer l’exigence et de me faire agresser pour cela. À présent, mes longueurs et mes petites exigences d’emmerdeur pathologique, c’est ici et pas ailleurs. Je m’en veux presque de ne pas y avoir pensé avant et rien que pour ça…

Merci senscritique.

Echanges symptomatiques sur l’impossible communication en milieu hostile (les réseaux sociaux)

L’exemple SensCritique

Les sujets : Cultural Mind et moi-même avec pas mal de guests évoqués. 

L’objet : l’usage des uns est rarement l’usage de l’autre, donc quand l’usage des uns ne fait pas le bonheur de l’un, c’est toute la possibilité d’un dialogue qui se vautre.


Exemple d’embrouilles qui apparaissent nécessairement sur les réseaux sociaux (même culturels comme SensCritique). Même avec des personnes avec qui on s’entend bien au départ, vient souvent un moment où les usages diffèrent et où ils peuvent même être à l’origine d’incompréhensions, de mésententes et de fâcheries.

Je ne garde que mes traces, pas pour laisser paraître dix ans après que j’ai raison — personne n’a raison dans ces situations, chacun fait valoir des préférences et des usages qui ne sont pas conformes aux attentes de l’autre —, mais parce que les messages, bien que publics, de mon interlocuteur non seulement lui appartiennent, mais en plus, ils ont depuis disparu. C’est l’avantage des réseaux sociaux : vous n’êtes pas propriétaire du contenu que vous publiez, vous n’en devenez auteur que quand vos propos sont susceptibles de poser des problèmes à l’éditeur — le site —, si bien que le site en question peut supprimer ces « traces » quand bon lui semble. On est en somme « auteur » de ce qu’on écrit que quand ça tombe sous le coup de la loi. Version Internet du « privatiser les récentes, mutualiser les pertes ». Même si pour le cas présent, je pense que l’auteur en question a plus simplement — avant de le regrette — supprimer son compte. Comme dans la vie en fait, ces brouilles, ces échanges d’incommunicabilité, finissent en simple traces. Ne participant plus aux réseaux sociaux, avoir gardé certaines de ces traces permet au moins de me rappeler parfois à quoi j’échappe.

Un petit exemple ici, donc, typique avec moi en tout cas, probablement en 2014-2015 avec Cultural Mind en bas d’une de ses critiques où j’apportais quelques commentaires formels, factuels (pas forcément toujours pertinentes d’ailleurs, mais c’est aussi parfois pour soulever un débat, voire mes propres erreurs) :

(Le texte est en revanche corrigé. Certaines fautes de dyslexique me font honte.)

Tu préfères quoi ? Les passages en coup de vent ou une vraie lecture de tes critiques ?

[…]

Et tu fais bien la preuve de ce que tu reproches aux autres. Tu es dans l’émotion, toujours, et tout échange devient impossible parce que rien n’est rationnel. Quand on te demande d’arrêter les commentaires ou les compliments creux, tu prends ça pour du mépris, et tu finis par cracher ton venin sur la personne qui te demande un peu de mesure. Tout dans l’excès et la disproportion. Le retournement est spectaculaire. On passe d’échanges assez constructifs, parfois, mais trop rares, à des compliments totalement hors de propos et disproportionnés sur à peu près toutes les activités, et hop, retournement, tu deviens le pire des enculés, et il est bon que ça se sache… Bon, ma foi, que je sois un con parce que j’ai certaines exigences (comme le fait de ne pas être emmerdé sur chaque critique pondue par des terroristes du bon sentiment), ça ne surprendra personne. En revanche, faire passer chacune de mes interventions pour des tunnels d’insultes et de mépris, c’est encore être dans des disproportions hallucinantes. Mais il y a des cas assez sévères sur le site, tu n’es pas le seul. Et c’est à se demander si c’est bien utile d’échanger. Parce que si on me reproche l’immonde délayage de mes posts, c’est oublier qu’on peut ne pas être d’accord sans pour autant aller cracher à la figure de son interlocuteur. Seulement, avec toi, ou avec d’autres, las d’être obligés de délayer à votre tour, vous décidez d’un coup d’y mettre fin. On passe alors par le blocage, ultime tentative de se prouver que si on n’est pas d’accord avec le type qu’on a en face, c’est forcément parce que c’est con. Irrationalité, me voilà. Respecte juste l’avis et les désirs de tes interlocuteurs : je n’ai pas eu à demander deux fois à oso (et à bien d’autres) de ne pas venir hurler son amour sur chacune de mes activités forcément formidables, et de savoir au moins tomber d’accord sur l’impossibilité de se mettre d’accord. Just move on. C’est assez amusant de voir que je passe pour le grand salaud du site, ma foi, si c’est le prix à payer pour ma tranquillité… Une tranquillité que tu ne peux pas accepter pour toi-même parce que toutes tes actions sur ce site ont une finalité qui se trouve bien éloigné de l’échange. C’est bien dommage de se priver d’échanges constructifs, mais si je ne peux rien faire à ta popularité, certes, tu auras raison, contente-toi de relayer l’idée que je suis une salope. Ça me fait bien de la peine, mais peut-être plus pour toi et pour les autres que pour moi-même. Certains ont certes moins d’intérêts à échanger du contenu, des idées, que des bons sentiments lancés à la mitraillette. Va encore prétendre que c’est du mépris ; c’est de l’amertume. Tes petits cadeaux de Noël, tu peux les balancer à qui en veut ; pour moi, un échange constructif qu’on me refuse désormais, c’est un échange définitivement perdu. Ce n’est pas dramatique, remarque, j’ai autre chose à faire. Mais autant de démesure dans les réactions, c’est bien dommage.

[…]

Les prétendues interventions méprisantes sont en fait l’expression de mon ras-le-bol face au spam produit sur la moindre activité. Il y a ceux qui disent qu’ils vont disliker et qui ne le font pas, et il y a les petits vicieux qui lancent des mots d’amour qui, le jour d’après, se mettent à te traiter comme de la merde. Tu ne veux pas comprendre que pour moi tes activités creuses (et c’est pas du mépris, t’as autre chose pour définir le genre de petits commentaires que tu déposes sur 150 profils tous les jours ?) sont des agressions. Pas la peine de chercher bien loin pour trouver la preuve de tous ces commentaires sur le site. Sur les 150 profils que tu noies dans la vaseline tous les jours, ou encore sur mes listes et critiques avant que tu prennes la mouche quand je t’ai demandé pour la énième fois d’arrêter tes conneries, […].

Pour ce qui est des éclaireurs-poubelles, ma foi, je ne peux pas vérifier dans quel contexte c’était parce que pour une raison que j’ignore, gallu m’a bloqué. N’ayant jamais eu d’anicroche avec lui, je ne doute pas que tu es y pour quelque chose, et je t’en remercie. Continue partout où tu vas à répandre l’idée que je suis méprisant et à multiplier les épouvantails sur ma personne, tu oublieras que je ne suis pas dans la même course que toi vers la popularité. Plus les types me méprisent parce qu’ils se font tout un film à mon sujet, moins ils viendront avec leurs commentaires polluer mon activité. Tout échange nécessitant réciprocité, je me vois dans l’obligation de te bloquer ; et sois certain que d’ici quelques semaines, tu ne le seras plus. Il y a les vrais cons qui aiment se donner de l’importance en se créant des ennemis imaginaires, et il y a ceux qui font semblant de l’être pour être en paix. En voyant chaque jour ton activité remplir mon live à travers mes éclaireurs, la paix, je ne l’aurais sans doute qu’en me désabonnant de tous ceux que tu cajoles de ton amour grossier. J’ai fini par avoir la paix aux aurores, mais tu as repris le flambeau pour ce qui est de la suractivité et de la recherche d’amour quelque peu invasive. T’es un champion. Maintenant, ce n’est pas le tout de me bloquer ; à moins d’avoir réellement envie d’échanger sérieusement, retiens-toi de commenter à ma suite pour laisser supposer encore que toutes mes interventions sont remplies de mépris. Je suis assez discret sur le site pour que tu puisses, en me croissant, une fois l’an arrivé, à réprimer un commentaire pour le fourguer sous une autre forme plus fleurie dans les multiples fils auxquels tu participes chaque jour. Je ferai la même chose et finirai encore plus dans les méandres poussiéreux du site pour ne plus t’y trouver, toi et ta « racaille des aurores ».

[…]

La qualité de tes productions, ou de celles de pepper, ou de gallu, n’ont pas changé. Je l’ai d’ailleurs toujours dit, et je vous suivais tous les trois alors que vous me bloquiez. Je n’insiste pas, qu’on m’envoie des mots d’amour ou de la merde à la figure, c’est la même farine excessive. Et je n’ai jamais remis en question l’intérêt des mp échangés, c’est bien pourquoi je regrettais ton blocage ou tes spams (du genre de ceux que tu viens de déposer ici même, remonte vers le premier commentaire de ce fil…).

[…]

Concernant Aurea, je n’ai jamais mené de charge contre elle. Ça, c’est justement ce que je réprouve : les attaques ad hominem. Je menais une charge contre les comportements abusifs qui polluaient le site. Et j’avais la même exigence envers mes éclaireurs ou abonnés. La très grande majorité le comprend.

Quant à gallu, tu délires, il ne m’a rien dit, rien écrit. Et c’est pas plus mal, parce que les motifs de blocage sans souvent bien ridicules [mais toujours légitimes quand il s’agit de préserver et d’aménager son confort en ligne].

[…]

gallu ferait bien de se demander pourquoi il ne m’avait pas bloqué. C’est un joli exemple de faux souvenir. Il croit que je l’ai insulté, croyais m’avoir bloqué, et se laisse alors influencer par l’excellente réputation de chieur que j’ai sur le site. Mais il n’y a aucun problème, tous ces petits errements cognitifs, c’est bien passionnant, et ça m’amusera toujours de voir qu’il suffit de suggérer à certains individus qu’un type est un connard pour qu’ils en soient persuadés des semaines après sans trop se rappeler pourquoi. S’il était parfaitement rationnel, il se demanderait pourquoi il ne m’avait pas bloqué « sur le fait », parce que, pourtant, en général, on est plutôt prompt à dégainer.

Concernant Aurea, toujours, tu es bien gentil, mais j’ai toujours pris soin de ne jamais l’attaquer personnellement, de ne jamais citer son nom publiquement et de m’en prendre clairement sur les usages et rien d’autres. C’est bien pourquoi, d’ailleurs, je n’ai jamais mené une guerre contre elle, mais contre des pratiques dont elle était le maître, comme d’autres. C’est peut-être difficile à comprendre pour toi, mais j’apprécie aussi certaines de ses productions, pas les listes, mais des critiques, oui. Et je l’ai toujours dit. Pour en revenir à gallu, lui s’était bien gardé de ne pas citer directement son nom sur la liste en question, c’est dire qu’il faisait peu de cas de sa personne. Donc contrairement à ce que tu sembles penser, je ne m’attaque pas aux personnes, mais aux comportements, aux usages. Pour une simple raison, les personnes j’en ai rien à foutre. Je ne suis ni dans l’intérêt, ni la sympathie. Je discute avec qui veut parler de fond, je prends des informations, j’exprime mon aversion pour des pratiques, et je me barre. Si j’étais dans le mépris et l’insulte comme tu le prétends, ça ferait longtemps que mes posts seraient supprimés et que j’aurais le site sur le dos. Je comprends qu’au premier abord je puisse passer pour méprisant, qu’on n’ait aucun mal pour avoir alors une opinion de moi des plus exécrables, surtout quand je ne me défendrai peu d’être effectivement « un connard » ; en revanche, méprisant, insultant à l’égard des membres de ce site, certainement pas. Au moins, suis-je capable de renvoyer ce qu’on m’envoie à la figure. Libre à toi donc, ou à vous, de vous laisser piéger par le jeu des apparences et de vous complaire à vous trouver de bons ennemis, c’est probablement plus dommageable pour moi que pour vous, encore que, je passe pour un con, et je ne m’en trouve que plus tranquille par la suite. Merci. S’il faut ça pour ne pas avoir ses critiques ou ses listes polluer par d’innombrables messages d’amour creux, pour ne pas être pris dans le tourbillon ridicule du « bouche-à-oreille » (en passant par le trou de balle et le reste), eh bien, ma foi, je peux bien me passer de quelques échanges intéressants (avec toi, gallu ou d’autres), étant entendu que dès qu’un type vous titille, il est encore plus pratique de le bloquer pour rester dans son petit confort et sa petite dose d’amour virtuelle quotidienne.

[…]

Et je te confirme que liker des critiques qui sont ostensiblement écrites avec les pieds (je parle des miennes bien sûr), ça laisse bien supposer une pratique douteuse. Une fois, de temps en temps, ça se conçoit. Quand ça devient systématique, quand tu demandes à ce que les likes cessent, non. J’ai récemment demandé à jivago d’arrêter de liker chacun de mes [listes de] sondages, il semble l’avoir très bien compris. Je ne vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire là-dedans. En réalité, la très vaste majorité des membres du site a un usage parfaitement mesuré du like ou des petits commentaires d’une ligne. Là où ça gonfle, c’est bien l’excès et le systématisme.

[…]

gallu m’a probablement plus bloqué suite à l’intervention sur son statut planté sur Hobbit que sur un oubli de me bloquer, il y a des semaines… Je suis certes invisible, mais il ne faut pas exagérer, s’il voulait me bloquer il aurait très probablement eu l’occasion de le faire en revoyant ma bonne bouille de geisha [l’image de profil] sur le live. Le motif de blocage est donc tout aussi futile et irréfléchi que celui par exemple de peterkmad qui lui m’avait bloqué pour on ne sait quelle raison et me débloque pour une raison tout aussi fumante. Libre à chacun de suivre et bloquer qui il veut, et tu l’as rappelé, j’ai déjà bloqué pour moins que ça. Je fais juste remarquer qu’il est assez peu probable que le motif du blocage soit celui avancé. On a tous les droits quand il est question de bloquer d’ailleurs. J’ignorais juste les raisons de ce blocage.

Concernant aurea, tu sembles ne pas comprendre la très subtile différence entre messages publics et messages privés. Je ne vois pas ce qui m’empêcherait de la nommer dans des messages privés. La question du respect de la personne, elle se situe au niveau des interventions publiques. D’ailleurs quand j’ai à nommer vos pratiques d’échange de likes matinaux (et il s’agit toujours des pratiques, jamais des individus que je pointe du doigt), si j’utilise des métaphores, c’est pour être plus dans la gentille raillerie, que dans l’insulte. Si tu y vois ensuite du mépris, c’est que tu dois savoir au fond qu’il n’y a aucune gloire à tirer de telles pratiques. On me moque bien pour autre chose, je ne vais pas en retour bloquer les affreux jojos qui se permettent des mêmes railleries à mon encontre. En fait, ça me rappelle l’intervention d’un ami de notre chère reine des aurores venant me reprocher de l’avoir insultée en disant qu’elle suçait des queues. C’est sortir volontairement du contexte des propos (qui sont le plus souvent déformés pour avoir plus d’impact) pour se convaincre soi-même que la personne en question use abusivement de l’ad hominem ou de l’insulte. Ici, quand je parle « d’affreux jojos », tu comprends l’ironie n’est-ce pas ? Il n’y a aucune malveillance ou mépris, au contraire, c’est du sarcasme désabusé. Au contraire, plus c’est gros, plus c’est censé ne pas être pris au pied de la lettre.

[…]

On peut continuer si tu veux sur le travestissement de la réalité et la déformation de propos… Où ai-je donc prétendu qu’elle plagiait ses critiques ? J’ai dit qu’elle copiait dans ses listes des textes chopés ailleurs et qu’elle se gardait bien d’en donner les sources. Question de respect, et d’honnêteté. Tu copies des textes d’auteurs que tu sembles apprécier puisque tu recopies leurs écrits, la moindre des choses, c’est de les citer. Il y a comme une indignation à géométrie variable. Quand certains font des choses (et quand ils ne le font pas, on s’amuse à travestir leurs propos pour leur faire faire), ça devient excessivement grave, tandis que pour d’autres, tout leur est permis. Désolé, je ne suis pas comme ça ; je dirai même que je suis encore plus exigeant avec ceux que j’apprécie. Aurea devrait donc en être flattée (ce qui n’est, je l’ai bien compris, pas le cas).

Pour les likes, je vais te répondre pour la énième fois ce qui m’agace : l’échange de like (le plus souvent matinal sur les productions quotidiennes et entre une petite douzaine de membres) et le systématisme. Ça t’a peut-être échappé, mais je like parfois aussi à l’occasion. C’est une question de mesure. Et aussi de respect. J’essaie tant qu’à faire de lire les critiques plus anciennes de membres que je ne connais pas forcément quand je viens à lire et apprécier une critique plus récente d’un éclaireur. Oui, le copinage, l’échange de like dont on légitime sous couvert de bonne ambiance, ça me rebute, je n’aime pas l’injustice, c’est comme ça. Je ne vois pas pourquoi j’irai systématiquement liker les productions des mêmes personnes (dont je peux par ailleurs apprécier le contenu, là n’est pas la question) tout en ignorant le reste. Et on me parle de mépris ? J’ai participé innocemment à tout ce cirque pendant quelques mois, et puis au bout d’un moment, il y a la quelque chose qui s’appelle la conscience, qui vient t’interroger et te rappeler qu’il y aurait d’autres critiques à lire, d’autres membres moins omniprésents qui mériteraient peut-être d’être lus. Pourquoi est-ce que ceux-là n’auraient pas droit d’être aussi “liké” comme les quelques “copains” s’échangeant les likes pour en inonder le live ? Tu parles de mépris, je le vois là, le mépris. Parce que quand tu fais le compte des critiques qui ne sont écrites ni par tes “potes”, tes éclaireurs ou tes abonnés, ça fait un sacré paquet sur le site. Est-ce que seulement ceux-là tu les lis ? De temps en temps, la lecture désintéressée, le remerciement à des étrangers (voire des zombies disparus du site), ça ne fait pas de mal. Et là aussi, ça va te surprendre, ça peut faire plaisir à celui qui le reçoit.

[…]

Si je pollue, là, présentement, sur ce fil, oui, j’en suis conscient. Je fais assez confiance à oso pour le supporter et pour supprimer tout ça s’il le souhaite si ça n’a pas de fin. Toutes mes excuses donc à lui (oui, j’ai une tendance à faire suer en priorité les personnes que j’apprécie, et peu importe si ça se retourne contre moi, parce qu’encore une fois, le copinage, a fortiori sur un réseau social, ça me débecte pas mal).

Les orgies communautaires, ça ne m’a jamais réussi. Je préfère le huis clos plan-plan de ma solitude.

[…]

Je n’ai jamais prétendu ne pas avoir d’excès. Je suis con, mais pas à ce point. Seulement, mes excès je sais les reconnaître, et j’accepte même qu’on puisse m’en tenir rigueur. Le plus amusant dans l’histoire, c’est qu’on me laisse passer mes coups de nerfs les plus spectaculaires, et qu’on finit par me bloquer pour des broutilles. Je peux comprendre, la goutte d’eau, toussa… Après, il faut accepter la disproportion des réactions à mon égard comme moi je reconnais mes propres excès ; or, on préfère rejeter tous les torts sur moi, c’est encore plus pratique. Les miens portent d’ailleurs assez peu à conséquence ; on m’emmerde, je bloque, et deux semaines après j’y pense plus, et je débloque. Encore une fois je n’ai jamais nié le fait qu’on puisse avoir du mal à me suivre et à supporter mes corrections permanentes. Seulement il y a un moment, c’est préférable de revenir à la raison. Or, mes coups de sang sont rares et spectaculaires, excessifs, et ça s’exprime essentiellement en blocage intempestif. En revanche, ce serait parfaitement injustifié de dire que j’insulte les membres ou les méprise. Ce que tu appelles des « remarques désobligeantes », j’appelle ça l’honnêteté. Quand quelqu’un écrit une phrase qui n’a ni queue ni tête, je le fais savoir comme j’aimerais qu’on me le fasse savoir sur mes propres productions (en dehors des merdes invariablement mal écrites), les films proposés à la coupe me semblent léger, je le dis. Ça me retombe sur la figure et je renvoie à la figure ce qu’on m’a envoyé. Ainsi, je me barre et personne n’aura la bonne idée de revenir me chercher. Sauf que ça ne se passe jamais comme ça. Quand je propose un tunnel de correction pour rendre service, ce que je reçois en retour ? Des « quel connard ! » et des tonnes de liens reportant vers cette critique où j’aurais exprimé à ce point un degré de “connardise” qu’il soit légitime de me jeter au loup. Ce n’est pas faute d’essayer, on revient toujours au même problème : mes excès sont le résultat d’autres excès ou absurdités du site. Quand je me fais traiter de connard, c’est signalé ? Non. Certains ont droit de se voir victimisé et prétendument insultés parce qu’ils sont soi-disant des anges, et d’autres on les laisse se faire insulter parce que ce sont des connards reconnus par tous. On a bien compris, le site se voulant de plus en plus « réseau social », ce n’est pas fait pour moi. Parce qu’il y a une certaine forme d’injustice rampante et de compromission puante derrière les prétentions d’une « bonne humeur ». Et quand on essaie de se concentrer sur l’essentiel, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose pour venir foutre la merde dans ton espace (et je suis conscient que je peux être ce quelqu’un, mais laisser penser que c’est intentionnel en disant que je suis un troll serait profondément injuste). Encore une fois, c’est bien pourquoi je réclame la suppression de ces conneries de gadgets piqués à facebook (les likes) ou à Twitter (com’ limités, followers). Et c’est bien pourquoi je trouve parfaitement légitime de bloquer direct une connasse m’invectivant en mp avec un “salut”. Excessif ? Moi, c’est le royaume du réseau social qui m’excède. Je ne suis pas là pour taper la discute, or tout m’y ramène. C’est vain oui, tu commences à t’intéresser à quelqu’un ou quelque chose, et tu as de grandes chances que ça t’attire des emmerdes et qu’en faisant le compte, tu trouves que tu y as plus perdu que gagné.

À propos des mp, en dehors de ceux envoyés à des éclaireurs pour leur signifier que je me désabonnais, je n’ai jamais fait d’envois massifs. Tu changes en « dizaine de membres » ce que j’avais signifié à deux ou trois, et le sujet n’était pas de dégommer la personne en question, mais de leur expliquer pourquoi je les avais bloqués. Là, ce n’est pas tordre la réalité, c’est carrément du mensonge. En revanche, il m’est arrivé de parler en mp, oui, de la personne en question en termes pas très flatteurs avec quelques membres. C’est du domaine privé, tu ne me feras pas croire que tu ne parles pas des autres en mp avec d’autres. C’est notre côté concierge, et je ne vois pas bien pourquoi, en privé, on ne pourrait pas s’autoriser un langage plus direct, surtout quand il est entendu qu’on est déjà d’accord. Ce n’est pas glorieux, mais de là à venir s’outrager de ça quand c’est pratiqué par tous… Ce qui le serait plus ce serait de le faire en public. Si tu ne vois pas la différence entre ce qui se dit entre deux ou trois membres, ou même une dizaine, en privé, je ne peux pas grand-chose pour toi.

« Pourquoi est-ce gallu qui fabulerait, et pas toi qui aurais omis l’une de tes innombrables interventions véhémentes ? »

C’est vrai, même si improbable. Je n’oublie pas non plus que gallu aime bien par ailleurs venir aux infos pour ses cours, envoie des messages à je ne sais combien de membres, reçoit les réponses, et ne daigne jamais remercier ou répondre. Certains s’en offusqueraient, moi j’en avais rien à foutre, je suis une bonne âme, j’aime rendre service. Et même bloqué, je ne rechigne jamais à apporter un peu d’aide quand on la réclame, c’est dire que je suis con. Mais je vais songer à ne jamais plus répondre et à ne plus rien partager, quand on voit les merdes qu’on a en retour… Et finalement, c’est pas plus mal de voir que des films dont personne à rien à foutre.

[…]

Oui, sur la pratique du like, on ne sera jamais d’accord. Pas étonnant, pas un drame. Je ne vois pas ce qui rendrait nécessaire que l’un convainc l’autre ; c’est justement le problème du site : ne pas laisser aux membres de choisir d’utiliser ce système, il nous est imposé.

(Les derniers échanges avaient finis sur cette activité. Les deux comptes ayant été supprimés… huit ans après, oso semble parler tout seul.)




L’anthologie du pire SensCritique

Les capitales

Réseaux sociaux

Tu likes ou tu raques.

Petit manuel des usages et comportements qui pourrissent SensCritique

 

sc

 

L’auréole on peut se la foutre au cul. Manger le pain des apôtres pour qui tout est amour ou le vomir, il faut choisir.

Like me if you can :

SensCritique est un site communautaire dit-on. La règle est donc de jouer du « like » pour en avoir en retour. Notez qu’il vaut mieux avoir un niveau d’anglais, au moins collège, pour saisir le sens du like.

La pratique de la mère Ubu : liker trois cents fois par jour pour voir fleurir en retour les likes dans son jardin.

Et ça marche, pourquoi s’en priver ?

Les likes permettent une visibilité pour ses critiques et ses listes. La visibilité offre des likes gratuits en retour. L’assurance d’une rente future.

La bonne pratique :

  • Liker sans boutonner, à l’invisible.
  • Utilisation parcimonieuse du like.
  • Blocage des membres assujettis aux likes ; blocage des élèves qui suivraient les traces de leur(s) professeur(s).

Le témoin de Jéhovah :

Quand on s’est déjà aguerri dans l’art du like, on doit se construire un domaine. Il est évident qu’on ne saurait être lié qu’aux autres seigneurs du like. En quête d’abonnés, donc, tu iras. Certes, la pratique de l’échange de like est une valeur sûre pour faire apprécier son activité, mais il faut surtout prêter attention au petit peuple, celui qui n’use pas de ces pratiques, ou qui se connecte vingt minutes par jour. Il faut donc être à l’affût des nouveaux (qui seront toujours flattés de voir un roi ou une reine à leur chevet), mais aussi parcourir le fil d’actualité « tout le monde » pour courir les membres qu’on n’aurait pas encore brossés dans le sens du poil.

La pratique de la mère Ubu : c’est de la merdre.

La bonne pratique : on ne mesure pas une quéquette à la longueur de ses abonnés (masquer ces informations n’est pas prévu).

Une obole pour les pauvres :

Une fois qu’on a tout plein d’abonnés, il faut savoir donner la béquée à la plèbe. Ça n’oblige pas à la lecture, faut pas pousser, un like c’est vite fait. Mais il faut toutefois laisser penser qu’on lit ce qu’on like. Il ne faut donc pas seulement liker la dernière critique ou la liste la plus en vue, il faut fouiner dans les archives. Tout ce qui ressort de l’ordinaire doit être apprécié. Inutile de s’attarder, faut pas pousser, une visite officielle à l’hôpital, c’est de la com'(munauté). Et le malade pourrait même avoir la lèpre et ne jamais montrer de considération en retour — tous ces efforts ne garantissent pas contre l’ingratitude coutumière des petites gens.

La pratique de la mère Ubu : Command & Conquer. Laisser deux ou trois minutes entre chaque like, le contraire paraîtrait suspect.

Bonne pratique : parcourir le site pour trouver des membres partageant des goûts similaires ou pouvant nous éclairer, pas le contraire.

L’échange de bons procédés :

Il est clair que sur un site communautaire, on finit malgré tout à créer des liens. C’est vrai que ça prend un peu sur le temps qu’on devrait passer à liker, mais tout n’est pas perdu parce qu’on tend naturellement à adopter les mêmes pratiques quel que soit le membre en face. « Like ! » « ah, ah ! merci ! Like ! » « Ah ! j’en étais sûr, like ! » « Like ! like ! » « Vous êtes trop like les copains ! ».

Il paraît qu’on appelle ça la convivialité. C’est peut-être aussi le niveau zéro de la discussion et de l’échange.

Les notifications qui tuent :

Rien n’est plus agréable quand on rentre du boulot, de trouver sur son profil une cinquante de notifications qu’on espère être en rapport avec la critique publiée au petit matin. Cela permet de compter ses petits, voir avec la minutie d’un percepteur des impôts s’il ne manque personne à l’appel. Reste qu’il y a des membres un peu sournois. Certains, les goujats, au lieu de liker listes ou critiques, se permettent de liker une activité annexe. Du fait d’un trop grand nombre de roulages d’yeux derrière les écrans, cette pratique serait à l’origine des déboîtements du nerf optique rapportés ces derniers mois : « tu as aimé ma critique, j’aime ça ! » Ah oui, Gérard, on s’en fout ! Viens plutôt liker une critique en retour !

Autre exemple pas moins exaspérant quand on attend une pluie de likes productifs : « J’aime que tu aimes Peter Brook ! » C’est un peu comme se retrouver dans une foule étrangère, recevoir tout plein de sourires bienveillants, écouter compliments et bonnes intentions, sans en comprendre un mot et ne pouvoir répondre qu’un « Oui, oui bien sûr… » tout en pensant « Qu’est-ce qu’il me veut celui-là ? »

Comment te dire ?…

On aurait tort de croire qu’un like suffit à amadouer nouveaux membres ou abonnés. Si on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, reste aussi qu’on n’ira pas loin avec deux ou trois gouttes de miel. Pour gagner gros, il faut miser haut. Les pertes sont rares, donc garanties. Pour assurer le coup, la politique du grand seigneur, c’est de l’accompagner d’un petit commentaire bienveillant. Et comme il est quelque peu ennuyeux de lire les critiques, ou pire, les listes en détail, il faut savoir s’entourer d’une armée de compliments prêts à l’usage. Plus diversifiés sont ces soldats de miel, mieux ce sera. C’est tout un art inspiré du coucou. Le coucou pond dans le nid d’une victime pour lui laisser le soin de nourrir sa progéniture. That’s money in the bank.

Le terme est identique : pour que le subterfuge réussisse, il faut encore que le coucou passe pour autre chose qu’un vulgaire « coucou ! »

Attention, c’est un travail sérieux. Certains se lèvent aux aurores pour être les premiers à duper leurs victimes.

Alors, comme je suis beau joueur, je proposerai en commentaires de cet article toute une panoplie de commentaires coucoufiants. Libre à chacun d’y venir déposer les fientes coucouiées par hasard sur son balcon.

L’appel à la Reine :

Il y a au tarot, quand il se pratique à cinq, ce qu’on appelle pour le preneur, « l’appel au roi » qui consiste à désigner au hasard un joueur qui aidera le preneur à accomplir son contrat. Or, il arrive, rarement, quand le preneur dispose d’un jeu du tonnerre, qu’il possède les quatre rois. Il se voit alors contraint d’appeler une reine. Eh bien, sur SensCritique, c’est pareil. Quand on a su se rendre maître de son domaine, qu’on possède le meilleur jeu qui soit, que les points tombent tout seuls, on ne veut laisser aucun pli à l’adversaire. Alors quand on perd un abonné, il faut tout de suite partir à la conquête du petit et s’enquérir poliment de la raison de cette coupe franche. C’est un des revers de la fortune. Quand on gagne trop, certains se mettent à quitter la partie ou à faire leur propre écart — les chiens !…

Là, inutile de se perdre dans un long message personnel. Le message type est de rigueur. Il n’a pas pour but de convaincre le renégat de rejoindre la cour. Non, mais il est utile d’avoir une réponse pour comprendre les motifs d’un tel écart. C’est qu’on peut être seigneur et chercher à bien gérer son domaine. Il en va encore de l’honneur de la reine.

Exemple de mp standard :

« Salut Lâcheur,

c’est tout à fait par hasard que j’ai vu que tu m’avais supprimé(e) de tes éclaireurs, ce qui est ton droit le plus strict bien sûr, mais

Puis-je juste te demander pourquoi ?

Merci d’avance et bonne nuit,

La Reine, lauréate du concours Éclaire mon cul ma tête est malade»

Les relances :

La qualité des postes étant ce qu’elle est, mieux vaut s’assurer qu’une critique envoyée il y a quelques mois ait bien été reçue. La date est traître, mais la plupart des membres lisant à peine ce qu’on leur envoie, ça passera comme une lettre… Et mieux vaut être confondu par une date qu’une critique perdue dans les limbes. Une broutille certes, reste qu’il faudrait voir si tout le monde faisait la même chose.

La méthode de Jean du Rocher, petit seigneur sans domaine depuis sa dernière retraite, est simple mais efficace (il faut bien vivre : quand on n’a ni écuyer ni femme de chambre, on a des idées) : revenir à la poste, demander l’oblitération de sa précieuse, revenir sur sa décision, là, parler du temps qu’il fait à la directrice des postes, qui distraite, accepte sa précieuse et la dépose même en haut de pile en oubliant de la lui faire payer.

La conclusion de l’histoire, c’est Jean du Rocher qui nous la révèle lui-même : « Vous pouvez vous lisser la moustache, le tour s’est joué sans patin ni roulette. »

C’est beau l’amour.

Si t’as Sion, t’es pas con :

Quand on n’a rien à dire, on le fait dire par d’autres. La citation peut être un art, mais la source vaut tout autant que le texte partagé entre guillemets. Or certains, certunes, ce sont spécialisés dans l’art du pillage de tombes en collectant dans leurs listes, ou parfois même en ouvrant une galerie complète (comprendre, en critiques), toute une suite de citations sans référence, parfois même sans guillemets. On croira que le texte est le sien, et dans le cas contraire, on pourra toujours prétexter l’oubli ou les guillemets. L’art ici du faussaire étant de jouer sur les apparences et sur la naïveté de ceux qui le suivent. Et c’est d’autant plus regrettable quand ces listes sont en tête de gondole sur les trois quarts des films du site.

La sainte recommandation :

La communauté se renouvelant sans cesse, il est donc nécessaire pour augmenter son nombre de followers d’aller à la chasse aux jeunots. Mais comme nos seigneurs sont assez faignants, ils se tiennent rendez-vous le dimanche pour une chasse à courre durant laquelle on chasse la même cible et on la harcèle de recommandations et de messages bienveillants.

Ça commence en général par un like de son top10. On fait alors tourner sa carte de visite dans tout le Live. C’est le signe d’attroupement attendu. La cible a intérêt à être active ce jour-là pour pouvoir répondre aux propositions. Toute contente de cet afflux inattendu, elle baisse la garde et en redemande. Elle vient renifler les profils de ses nouveaux amis, et là, flattée de voir de tels membres si éminents venir lui dire bonjour, elle mord à l’hameçon. La panse pleine de films qu’elle ne verra sans doute jamais, elle tombe directement dans le panier de nos grands seigneurs.

Une fois fait, le bouton « ajouter comme éclaireur » est activé. Ça correspond pour le nouvel “éclaireur” à un « merci et au revoir ».

Si les cibles ainsi harcelées prennent rarement part par la suite aux orgies de likes entre grands seigneurs, elles restent toutefois un atout pour eux. Cinq minutes à peine passées sur le compte d’un nouveau membre, et c’est le nombre « d’abonnés » qui explose si on reproduit la chasse plusieurs fois.

La course entre grands seigneurs peut ainsi continuer.

De son côté, le nouvel abonné se trouve avec une cinquante de likes dans la journée, autant de films à voir et de nouveaux éclaireurs. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il va retourner très vite à sa petite vie de grand anonyme du site. Tu peux toujours trimer dur, cher abonné, pour intéresser le peuple à ton activité. Si tu ne pratiques pas les mêmes usages aristocratiques, c’est peine perdue.

Du contenu et du vide [participatif] :

SensCritique, c’est un peu Facebook, mais c’est aussi un peu Twitter avec sa quête du contenu viral. Si on n’est pas grand seigneur parce qu’on n’a rien à vendre, on fait comme dans la vie : on vend quand même, mais du vide. Les grands seigneurs qui méprisent ces usages de petits peuples (mais qui daignent participer au buzz pour montrer à leurs gens qu’eux aussi aiment les chansons paillardes et les blagues obscènes), ont une expression pour ces méthodes de parvenus : l’incontinence virale.

À Nulle part ailleurs, Jérôme Bonaldi présentait des inventions rigolotes et finissait ses camelotages par un « C’est totalement inutile et donc rigoureusement indispensable ». Le principe est le même. Une idée “géniale” de liste, et, le contenu étant totalement inutile, il faut s’arranger pour la rendre rigoureusement indispensable.

Il faut donc un concept, de la bonne humeur, puis remplir sa liste avec des films qu’on n’a pas vus mais qui illustrent vaguement l’idée (un peu comme là) de chacun des points fabuleusement inutiles mais rigoureusement trop fun vendus par le concept de la liste. Plus important encore : se référer aux membres sur qui on compte pour répandre sur le réseau l’indispensable liste : les membres “éminents” (la private joke pas si private que ça), les membres qui nous suivent (plus à même de liker donc d’initier l’épidémie), et les éclaireurs (toujours bien de flatter ceux qui refusent toujours de nous porter un peu d’attention, on sait qu’ils feront tourner en trouvant enfin là une “bonne” raison de les remercier de les suivre).

Résultat ? Une liste où on se marre comme au pub. On a rempli le vide de son existence inutile par un autre vide, lui, indispensable. L’auteur de la liste est content, son concept a tourné un peu partout.

Belle allégorie du monde moderne. Où on demande à chacun d’être “créatif” pour vendre du vide et accéder à son quart d’heure de célébrité.

L’occasion donc pour moi de remercier ces créateurs de l’invisible. Ces magnifiques escrocs. Oui, votre contenu est parfaitement inutile, mais votre présence est aussi rigoureusement indispensable. Grâce à vous, steka peut lire tranquille, et oso remplir le site de contenu critique dans la plus totale indifférence.

Notez qu’on se demande bien pourquoi le site s’appelle SensCritique en voyant sur le compte Twitter du site les listes promues par l’équipe*. À croire que Bonaldi est leur mentor.

*voir la Cooptation des cloportes

La mitraille de l’ombre

Il y a ceux qui mitraillent de likes les listes et critiques, il y a les rochers qui mitraillent dans le vent, et il y a les mitrailleurs de l’ombre. Qu’ils soient spécialistes des intrigues politiques ou dealers d’égoglobine, la finalité est toujours la même : se composer un petit capital d’abonnés capable de vous apporter du crédit auprès de la communauté.

La méthode est d’une facilité déconcertante, et à grande échelle (on parle bien de mitraillage), le gain est assuré. Bien sûr, plus votre profil est complet (critiques, nombre imposant d’œuvres, nombre d’abonnés) plus votre coefficient de pénétration dans le vide critique sera important.

Vous avez une critique dont vous êtes fiers ? même plusieurs ? vous avez noté une œuvre moyennement connue ? Ruez-vous sur la fiche de l’œuvre en question et mitraillez de likes les membres ayant produit une activité récente sur l’œuvre (de préférence ceux susceptibles de lire votre critique ou ayant noté pareil). Le champ est grand et à couvert, les balles fusent, personne ne vous regarde tirer. Personne ? à part ceux sur qui vous tirez. Pourquoi ? Parce que votre fil d’actualité ne relève que vos appréciations de critiques ou de listes. Pas celles lancées sur les notes ou les appréciations (mise en abîme du rocher du type « j’aime que tu aimes », seulement le rocher ne s’adresse qu’à ses éclaireurs). Sur cent likes prodigués en une vingtaine de minutes, c’est donc autant (cent) de membres qui viendront se présenter à vous pour vous dire « on m’a tiré dans le dos, t’aurais pas vu qui c’est ? » « Ah non… Attends, je vais t’aider. » « Ah merci t’es sympa ». Pour draguer, il y a le coup de la panne, mais il y a aussi l’astuce du bienfaiteur. Ici c’est encore mieux : pas besoin d’associé. Vous tirez dans le dos, votre victime ne verra pas vos basses intentions.

Vous pouvez tester. Argent facile.

– Mort aux likes — du spam rien de plus –

L’opportuniste :

Tiens, Hôtel Rwanda repasse à la télévision ? Si je réactualisais ma critique et la faisais passer pour une nouvelle ? Le recyclage est une bonne chose.

Ah… des likes ! Ils adorent ! Viendez mes amis ! entrez dans le monde fantastique de mes passions astiques !

Demain, je distribue mes bons points : mes Gérard d’Or ! Viendez voir la lumière !

La parade des parvenus :

Un bon seigneur sait avant tout s’entourer de bons paysans pour produire ressources et chair à canon. Un bon seigneur sait aussi qu’il faut travailler son éducation pour en imposer en public, et qu’il faut autant être habile de la plume que de l’épée. Mais il faut aussi savoir faire bonne figure à la cour et savoir quand et comment s’entourer. L’art de la diplomatie. Montre-moi ton carnet de bal, je te dirai combien tu pèses. C’est bien d’être l’élu de ton fief, d’être suivi par la plèbe ; si on est maître qu’en son royaume, on ne restera jamais qu’un vulgaire seigneur de province. Il faut monter à Paris, jouer alors d’intrigues, déjouer les complots, fomenter les pires alliances pour se tracer une voie qui ne pourrait être que royale pour notre noble personne.

Être courtisan, ce n’est pas s’entourer des seigneurs avec lesquels on s’entend le mieux, ceux avec qui on fait commerce, avec qui on a des affinités. Non, il faut avancer ses pièces, toujours, et savoir qui ajouter et quand sur son carnet. User de certaines familiarités un peu trop tôt avec un courtisan de haut rang quand on n’est qu’un petit parvenu et tout est perdu. Le temps et l’intimité sont ses meilleurs alliés. Il faut d’abord former un petit cercle d’autocongratulateurs, on grandit ensemble, tes gens sont les miens… Et puis alors, l’autorité se faisant petit à petit, on gagne le droit de s’asseoir à la table des grands. Il faut y aller d’abord avec humilité, déférence, et les plus hauts courtisans daigneront peu à peu intégrer l’idée qu’ils auraient aussi intérêt à accepter ces parvenus parmi leurs contacts. D’un étage à l’autre, les mêmes règles. Et bientôt, l’autorité et la légitimité arrivent toutes seules.

Le parfait courtisan, s’il veut rester alors un favori, devra savoir intégrer les seigneurs les plus influents du moment, les plus à la mode, pour rester à sa place. Certains font souvent preuve ici de légèreté, de paresses, ou pire, d’arrogance. Et c’est naturellement que certains seigneurs cherchent à leur prendre la place, plutôt que s’allier… Mais c’est du travail. Plutôt qu’entretenir un grand carnet de bal, il faut parfois faire des choix. Au risque de passer soi-même pour un opportuniste ou un béni-oui-oui à force d’être toujours d’accord avec tout le monde et de s’asseoir à toutes les tables. Il faut ainsi savoir se délaisser parfois de certains amis encombrants. Il ne faudrait pas prendre le risque de se compromettre. La réputation avant tout.

Les saintes écritures

Être un bon souverain, c’est une chose, on se fait respecter par son autorité, on reste en place grâce à ses relations, mais pour avoir l’appui du peuple, il faut aussi savoir le divertir, ou le détourner de l’essentiel, lui épater les yeux, lui faire croire en des choses qu’il n’imagine même pas mais qui lui feront passer toute envie de se révolter ou d’aller voir ailleurs. Alors pour cela, le souverain doit montrer la Lumière, la dire, et comme la lumière ne vient pas en chantant, parfois, il arrive qu’on en vienne à la chercher ailleurs, sans le dire. Si certains politiques se font écrire leurs discours par d’autres, il arrive parfois que parmi nos dignes souverains, certains partent surfer quelques heures sur des plages privées, et, munis d’une pelle et d’un seau, en retirent quelques parcelles de sable fin et riche. Après tout, l’océan est vaste, personne n’y verra rien, et si la plage, elle, est privée, ce n’est pas un ou deux seaux de ce joli sable qui nous fera perdre notre honneur. Alors pourquoi s’en priver ? Voilà de la poudre aux yeux qui fera son petit effet sur la plèbe qui attend les lumières de son maître.

Alors certes, les plagiaires semblent plutôt rares, mais la pratique existe, et elle est d’autant plus sournoise qu’on imagine que « voler un peu », ce n’est pas si grave. Des annotations dans des listes pillées sans les citer dans des critiques trouvées sur le Net ; des critiques “institutionnelles” qu’on partage tout à fait honnêtement sous son propre compte mais c’est « une bonne chose de partager ce qu’on apprécie (mais pas au point d’y foutre une source, non » ; et ça va même jusqu’à l’inspiration en panne qu’on aiguille en allant piocher syntagmes ou phrases entières parce que « merde tu rigoles c’est pas du plagiat ça, je reprends que les idées ».

Inutile alors de le faire remarquer. En France, c’est celui qui dénonce qui passe sur le billot. Souverains ou simples plébéiens ayant passé un petit séjour à la plage s’en sortiront toujours, avec l’assentiment bienveillant (accompagné d’un petit air outré à l’égard des vils dénonciateurs) de leurs “contacts”.

Souriez, plagiez. Tout le monde s’en fout.

avril 2014