La démajorité civile

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Proposition : instaurer une « démajorité civile »

Les jeunes sont plus progressistes que leurs aînés ; or, les lois sont faites pour ces derniers. Ce sont les vieux qui décident pour les plus jeunes. Conséquence de ce hiatus générationnel (accentué en plus par les taux de participation aux élections) : la représentation politique des citoyens est toujours en retard par rapport à la réalité ou à la perception des valeurs d’un pays.

Pour remédier à ce problème, à partir de 65 ans, on perd son droit de voter et de se présenter à des postes à responsabilité et aux élections. Démajorité !

Une société doit-elle se satisfaire de voir que les valeurs exprimées ou représentées au sein des institutions soient toujours en retard, conformes à ce que pensent les anciennes générations ? Ou faut-il penser à un autre modèle réorganisant le pouvoir des uns et des autres ?

Loin de moi l’idée de proposer une déchéance de citoyenneté (antivieux) ou une version policée d’un géronticide tel qu’illustré, par exemple, dans Midsommar (pratique du Ättestupa) ou dans La Ballade de Narayama (pratique du Ubasute). On se contente bien de « démajorité civile ». Cette majorité civile est un concept qui répond à une norme. Elle peut être à 21 ans, comme elle peut être à 18. Elle peut différer de la majorité sexuelle. Il existe même un concept d’âge de candidature qui détermine l’âge auquel on peut se présenter à des élections. Et cet âge change si l’on décide que ces normes peuvent changer. Ainsi, en 2011, l’âge pour se présenter à la présidence de la République et pour le Sénat a baissé.

Si l’on peut baisser ces âges, pourquoi ne pourrait-on pas au contraire instaurer un âge où l’on n’aurait plus le droit de vote ?

Si on l’accepte et modifie cette « norme », cela ne voudrait pas dire qu’on mette au rebut les vieux, mais qu’on accepte qu’ils aient un rôle différent. De fait, ils cumulent souvent ces rôles dans la société : ils votent, ils candidatent, mais ils ont aussi des fonctions et une visibilité au sein de la société qui les avantage par rapport aux plus jeunes générations. Si l’on considère qu’ils pourront toujours profiter d’une forme de privilège à être davantage écoutés que les plus jeunes dans la société du fait de cette position, il faut peut-être réfléchir à ce que ce privilège se double d’un revers de la médaille : la démajorité civile.

Un vote pèsera toujours moins que le poids qu’un individu pourrait avoir en ayant accès à des médias ou en étant écouté pour la sagesse supposée de sa parole.

Inégalitaire ? Antidémocratique ? Une histoire de norme, toujours. On estime que les adolescents ne sont pas des électeurs à part entière ; les étrangers non plus : les femmes ou les pauvres, à d’autres époques, n’avaient pas droit au chapitre dans cette « affaire sérieuse » qu’est la politique.

Ce qui serait démocratique, ce serait de demander en fait aux vieux ce qu’ils en pensent. Aux anciens, si prompts et si désireux de foutre un « jeune » à l’Élysée avec le présupposé qu’il fera une politique dynamique tournée vers les actifs, eh bien, demandons-leur leur avis. Si les vieux votent le plus, ils accepteraient alors sans mal de répondre à la question suivante lors d’un référendum : « Souhaitez-vous l’instauration d’un âge de démajorité civile dans le pays ? ».

Au lieu de tirer la couverture à eux, les vieux seraient alors plus perçus comme les sages qu’ils devraient être (au lieu des réacs qu’ils sont bien plus souvent). Prendre du recul ne peut pas faire de mal. On est toujours curieux d’avoir un avis extérieur, étranger par exemple, sur tout ce qui concerne nos débats de société, par ce que cette distance apporte comme regard différent sur nous. Pourquoi ne pas laisser aux vieux ce rôle de sages ? La société leur a déjà tout donné ; et ils ont participé activement à faire de la société présente ce qu’elle est. Pourquoi ne pas accepter qu’ils puissent apporter un regard différent sur elle quand les nouvelles générations s’apprêtent à prendre leur place ? Au lieu d’avoir une société où les générations lutteraient les unes contre les autres, on aurait au contraire une génération qui accepterait de se mettre en retrait relatif tout en ayant un rôle d’aiguilleur et de sage. Un peu comme un conseiller matrimonial, financier ou un avocat.

Dans une histoire, il y a toujours le héros, l’opposant et l’aidant. Au risque de devenir trop souvent « l’opposant », les anciens pourraient renoncer à une parcelle de leurs privilèges pour se transformer en « aidant » afin de faire des plus jeunes les véritables héros de notre histoire commune.



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Après la dissolution du 9 juin

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Violences de la société

Commentaires en vrac lors de la grande semaine du chaos

21 juin

Longue réponse à un article de France Info répondant à la question : « Législatives 2024 : sur quoi reposent les accusations d’antisémitisme qui visent La France insoumise ? », et qui peut venir en écho à l’article que j’avais écrit sur les totems de l’idéologie.

On remercie France Info de participer au confusionnisme. Quand tu écris un article de 5000 signes pour répondre à la question, c’est que la réponse est non, mais que tu uses de toutes les manières possibles pour laisser penser que oui. « Creusons encore. »

Par ailleurs, je ne suis pas du tout d’accord avec la manière dont les intervenants expliquent l’antisémitisme. Il est traité comme si c’était une idéologie que les gens cherchaient à cacher alors que comme tout racisme et stéréotype, c’est surtout le fruit d’heuristiques dont nous sommes tous victimes. Faire des généralités, des raccourcis, faire de l’essentialisme, c’est la norme dans notre système de pensée. On lutte à chaque instant pour en éviter les pièges.

Quand on mêle ensuite ces difficultés au langage et aux mauvaises interprétations qui le compose, puis des intentions parfois malveillantes de ceux qui s’en serviront pour jouer des épouvantails pour faire dire à des positions certes parfois ambiguës pour ce qu’elles ne sont pas, tout devient potentiellement “antisémite” (ou simplement “raciste”, “haineux”).

Ce dont il est question ici, c’est davantage de suspicions reposant sur une intention ou sur un dérapage sémantique que sur une volonté assumée de mépriser certains groupes définis et en particulier les juifs.

Quand par ailleurs, des propos peuvent réellement être antisémites, racistes, sexistes, etc., ce sont les propos que l’on juge. Réduire la personne qui les prononce à ces seuls propos, même délictuels, revient à créer des blocs qui inévitablement seront amenés à s’opposer.

Si certes, les propos peuvent révéler de la nature et des intentions d’une personne, il ne faut jamais perdre de vue qu’il y a un gap entre des propos antisémites, racistes, et des actes. On me dira que ce sont forcément les mêmes personnes. Eh bien, pas du tout. Si les propos isolés sont dus à des dérapages, des stéréotypes, à de la bêtise, de la maladresse, sans qu’il y ait par ailleurs de haine caractérisée du groupe visé, ils n’impliquent pas une volonté d’aller plus loin. Certains dérapages à gauche sont problématiques, aucun n’est réellement antisémite parce qu’aucun ne peut faire l’objet de poursuites pouvant aboutir (j’ai moi-même souligné l’invisibilisation de la lutte contre l’antisémitisme dans un meeting de Mélenchon, ce qui est assez malvenu quand on t’accuse précisément d’antisémitisme).

Or, si le danger de l’antisémitisme est bien à l’extrême droite, c’est qu’ils font tout pour le masquer et profiter des accusations de LFI. Si d’un côté, les dérapages sont bien plus importants et relèvent pour le coup sans doute plus d’un antisémitisme systématique et assumé en privé, ils peuvent laisser craindre à un antisémitisme qui ne se réduise pas qu’à des propos seuls, mais à des actes bien plus graves. Ce qu’ils promettent aux immigrés (ce qui devrait en soi représenter un danger bien plus important que des propos haineux), il n’y a aucune raison de penser que les juifs ne finissent pas par en être victimes si par malheur l’extrême droite arrivait au pouvoir. Si l’antisémitisme sert de repoussoir à cause de l’histoire antisémite du pays, le RN a très bien compris que pour servir sa dédiabolisation, il fallait davantage désigner d’abord un autre groupe comme bouc émissaire des maux de la société. Ils ont bien compris que si l’antisémitisme était réservé à leurs rangs et aux intégristes religieux de tous bords, ils avaient tout intérêt à capitaliser sur d’autres haines bien plus décomplexées : racisme, islamophobie, xénophobie, homophobie, transphobie, sexisme (voire « anti-wokisme » qui renoue en quelque sorte avec la haine du bolchévique). Celles-là, on les laisse tranquillement prospérer pendant qu’on se focalise sur l’antisémitisme supposé de LFI.

Le conflit au Moyen-Orient sert alors de catalyseur et l’extrême droite joue hypocritement la carte pro-Israël pour instrumentaliser l’antisémitisme, d’abord, pour développer leur haine des “Arabes” et des musulmans. Vous changez “immigrés” par “juifs” dans leur discours, et vous comprenez la violence et le danger de propos qu’on pourrait difficilement suspecter de n’être que des « paroles en l’air ». Cette xénophobie s’accompagne d’un réel plan qui a tout de celui dont ont été victimes les juifs dans les années 30 en Allemagne.

Pendant qu’on instrumentalise avec complaisance l’antisémitisme supposé de LFI, on détourne les yeux du projet infâme de l’extrême droite. La préférence nationale, c’est le premier pas vers autre chose, et il est question ici d’actes, pas de propos ou de sémantique.

C’est juste fou qu’on se laisse ainsi aveugler par les discours faussement indignés à droite pour accabler la gauche de ce dont elle n’est pas coupable quand la haine est déjà là, qu’on refuse de la voir et qu’on refuse de prendre au sérieux le plan qu’elle annonce…

20 juin

Réaction après la vidéo d’Acrimed :

https://x.com/acrimed_info/status/1803375366859280601

On fait souvent le parallèle avec le Front populaire ou l’ascension d’Hitler, mais cette alliance des bourgeois avec les fascistes illustrée dans ce montage, il faut la mettre en parallèle avec le rôle possible de la « bourgeoisie progressiste », celle qui se qualifie de sociale-démocrate, dans l’élection.

On peut railler le retour de Hollande, de l’alliance avec Glucksmann, du soutien au second tour d’éventuels centristes au Nouveau Front populaire, mais sans eux probablement pas de salut. C’est d’autant plus cruel de compter sur eux que tout commence avec leur ralliement aux intérêts des puissants au détriment des plus faibles et de l’intérêt général.

En voyant ce montage, j’avais surtout en mémoire l’image du paysan portant sur son dos dans l’Ancien Régime, le clergé et la noblesse. La noblesse serait représentée aujourd’hui par les riches propriétaires (on n’ose plus dire “entrepreneurs”, car ils ont depuis longtemps disparu), et le clergé, par les médias (journalistes de cour, éditorialistes, etc.).

Je ne suis pas tout à faire certain de la pertinence de cette comparaison, mais en piochant sur le Net, je suis tombé sur un article d’Elsa Gautier sur socialter traitant de l’alliance de la bourgeoisie et du peuple.

https://t.co/0fcWPegPfD

La première phrase pourrait résumer la situation actuelle : « Depuis 1789, chaque moment d’effervescence politique repose en France la question de l’alliance entre la bourgeoisie progressiste et le peuple. »

L’illustration ne rend pas optimiste : « Lamartine prononce un discours devant les insurgés, ouvriers et bourgeois, à l’Hôtel de ville, le 25 février 1848, lendemain de la proclamation de la Seconde République. Union éphémère : en juin les députés feront tirer sur les ouvriers. »

En gros, ce que ça laisserait présager, c’est que la victoire du Nouveau Front populaire est possible, mais qu’une fois au pouvoir, les sociaux-démocrates continueront à faire ce qu’ils ont toujours fait. Rouler pour les gens de leur classe.

S’il y a victoire, c’est finalement intéressant qu’il y ait Hollande. Ce sera l’occasion de lui demander s’il a fait son aggiornamento. L’Europe, le respect de l’équilibre des comptes publics, tout ça, OK, mais la question, ce sera : êtes-vous d’accord pour taxer les riches afin que le pays recouvre des services publics dignes de ce nom ? S’ils refusent, ce ne sera qu’un sursis, et l’extrême droite aura un boulevard pour les présidentielles.

Dans l’article, il est aussi précisé qu’en 81, la moitié des députés socialistes sont des enseignants. Si les éléphants des partis continuent de vouloir truster les places dans le gouvernement, ça ne sera pas bon signe^^. Voilà pourquoi, qu’on le veuille ou non, l’incarnation (ou les incarnations) devra se faire autour d’une figure de la société civile.

Et le Nouveau Front populaire aurait tout intérêt à se mettre d’accord sur ce principe. Les Français ont probablement peur de se voir gouvernés encore une fois par des “politiques”. Ce serait tout à leur honneur de favoriser la victoire de la gauche avec un tel accord.

On a besoin de récits ? Eh bien, que les dirigeants des partis du Nouveau Front populaire fassent émerger un récit, celui de leur sacrifice face à la menace de l’extrême droite. Succès garanti.

Autrement…


Au moins, on aura appris un truc. En France, l’ère de la post-vérité se vit en accéléré. Deux semaines pour faire campagne, certains ont bien compris qu’il fallait noyer de mensonges les ondes et les antennes car plus personne n’aura le temps de vérifier. Merci Macron.


Réponse au chapeau de l’article publié par CheckNews « Immigrationniste : comment Macron a fait sien un terme venu de l’extrême droite » :

95 % de mots employés par les Français ont été appris à table.


Réponse à Nicolas Goldberg qui disait : « Je suis assez surpris par le florilège de tribunes émanant du monde du business et de l’économie alertant sur les risques que font porter « les extrêmes » sur notre économie. Personne dans tout ce monde pour faire une introspection de ce qui a pu nous mener à cela ? » :

L’intérêt général, ce n’est pas le leur.

19 juin

Titre de Libé : « Macron dénonce un programme du Nouveau Front populaire “totalement immigrationniste” ». Réponse :

Valls est détesté pour ce qu’il est, mais au moins le peuple pourra toujours se dire que ce n’est pas lui qui l’a choisi. Macron est détesté pour ce qu’il est, mais en plus, il rappelle à chaque sortie xénophobe aux électeurs qu’ils ont voté pour lui.
En résumé, le peuple le déteste parce qu’il le pousse à se détester lui-même. Telle la victime trop « sotte » pour s’être fait avoir par un arnaqueur, elle culpabilise. Et chaque fois que son agresseur réapparaît à la fenêtre, elle pleure.

Quel sinistre personnage.

18 juin

Le mot du jour : incarnation.

Incarnation (nom féminin) : 2. Ce qui incarne, représente. ➙ personnification. En part. dans une conception autoritaire du pouvoir : l’exigence dans l’éditocratie de voir un homme providentiel diriger la France ou un mouvement politique (Cf. 1.).

16 juin

Réponse à un tweet de Nils Wilcke : « Il a osé le dire : Il n’y a qu’une seule catégorie de Français assure désormais Bardella” sur France 3 après avoir parlé de “Français d’origine étrangère”. “Je veux rassurer les Français issus de l’immigration après les caricatures faites sur le RN”. Bien sûr… »

— Viens voter, mon petit !

— Dis, Jordan, pourquoi as-tu de si grands yeux ?

— C’est pour mieux te surveiller, petit électeur.

— Dis, Jordan, pourquoi as-tu de si grandes oreilles ?

— C’est pour mieux être à l’écoute de tes besoins, petit électeur.


Réponse à un tweet relevant les mensonges des nouvelles promesses du chef du Gouvernement sortant :

En dix ans, on en est arrivé à point où on se marrait des absurdités du Gorafi caricaturant les politiques à un autre où tout est devenu Gorafi sans l’être. On est entre la post-vérité et Idiocracy. On a face à un gouffre, soit Fascist Idiocracy, soit l’espoir.

Réponse à « Un homme a été mis au parfum de la dissolution, le 9 juin, avant même Gabriel Attal et les présidents des assemblées : Pascal Praud. Comment les médias Bolloré orchestrent l’alliance du RN et de la droite » (lien) :

L’Arcom (bientôt dissoute par le RN) tout comme la commission d’enquête sur l’attribution des canaux tenue trop tardivement et trop molle vont s’en mordre les doigts. Bolloré ne se cache même plus d’être un danger pour la démocratie. Oubliez le pluralisme, place au fascisme.

Suivi par la décision d’Europe 1 de mettre Hanouna à l’antenne pour faire campagne pour l’extrême droite. La droite a laissé les fascistes se rapprocher du pouvoir, désormais que la droite est sous l’eau, les fascistes placent tranquillement leurs billes face au “tapis” de Macron.

Réponse concernant « le mythe trompeur du “gratuit” » contenu dans le programme du Nouveau Front populaire :

À droite, on pense que les électeurs de gauche sont assez stupides pour ne pas comprendre le sens réel de “gratuit”. Mec, tout le monde est capable de comprendre que “gratuit” signifie « pris en charge par la société ». Toute la question est donc la répartition des impôts.


C’est même un mantra habituel à droite ou chez les économistes. Prétendre être rationnel quand il n’y a pas plus irrationnel que la “science” économique.

La question n’est pas de savoir si c’est gratuit, mais si une « gratuité » traduit une mesure juste et équitable. Rendre les serviettes hygiéniques gratuites, c’est le meilleur moyen de lutter contre la forme de taxe déguisée qui est de faire payer un produit d’hygiène indispensable à une seule partie de la population. Ce n’est pas un produit de luxe. Le rendre « gratuit » permet que la société, donc tous, assure le financement d’un produit d’hygiène de base indispensable à la moitié de la population.

Typiquement hier, j’écoute les Informés de l’éco sur France Info. Ils multiplient les mensonges et les épouvantails concernant le programme du Nouveau Front populaire expliquant que ça mènera à la ruine alors que ce sont ces mêmes ayatollahs de l’économie qui sont responsables de la mauvaise tenue des comptes publics depuis plusieurs décennies. Mais surtout, jamais la question des énergies ou des questions climatiques ne sont prises en compte dans leur logiciel calqué sur l’idée peu rationnelle d’un monde vivant en vase clos jamais altéré ni par les chocs géopolitiques ni par les contingences environnementales.

Ce sont des shamans en costumes-cravates. Parce qu’ils sont riches et bien-nés, selon eux, c’est à eux qu’il faut faire confiance pour enrichir le pays ou bien le gérer. Les pauvres le sont parce qu’ils ne sauraient pas capables de gérer leur denier. Pur mensonge.

La qualité première, voire unique, des droitards et des économistes de plateau, c’est de chercher à favoriser l’accaparement des richesses communes par les gens de leur classe. Les vrais économistes, ceux qui publient, le document depuis des années. Ainsi, si les dettes se creusent c’est que les riches prennent aux pauvres pour le donner aux riches. Voir Le Maire critiquer les programmes économiques des “extrêmes” alors qu’il est lui-même étrillé par les sénateurs de son propre camp sur sa gestion problématique, c’est donc assez savoureux mais aussi symptomatique d’une des plus magnifiques usurpations de ce siècle, celle que la cravate vous fasse comme par magie passer pour un homme capable quand vous n’êtes qu’un incompétent et un menteur. On connaissait les économistes habiles à expliquer après une crise économique pourquoi ils n’avaient rien vu venir tout en ayant en fait raison, désormais, on voit des politiques de droite expliquer qu’une dette creusée par des hommes de droite, ce n’est pas la même chose qu’une autre supposément creusée par des hommes qui n’ont pas le pouvoir. L’audace.

15 juin

https://t.co/pmITJNLQFl

Ce qui est formidable avec l’air des TV d’information en continu, pardon, des débats à la con en continu, c’est que le diffuseur s’absout totalement du devoir de vérité en se cachant derrière la neutralité. Ici, des élus de camps forcément opposés se traitent de tous les noms et se promettent des procès en diffamation parce qu’ils savent pertinemment que la vérité est une sorte de poussière qui balaie paresseusement à chaque pas qu’on fait dans une pièce. « Bof, la vérité ».

On peut comprendre qu’il ne puisse pas être possible de tout débunker ou vérifier, mais si autant de mensonges sont sortis, c’est bien que les élus ont parfaitement compris que le réel n’a plus aucun pouvoir et que ce sont au contraire les accusations qui seront perçues comme vraies. Les médias pourraient prendre le temps ensuite de faire ce travail de vérification, mais puisque les autorités s’en balek, le débat politique, après être une facilité, c’est devenu un jeu. C’est marrant des gens qui s’insultent sur un plateau. Et ensuite, on invitera des éditorialistes pour distribuer les bons points.

Cela coûte cher de vérifier ? Eh bien, si les diffuseurs avaient obligation de vérifier toute affirmation contestée en direct ou potentiellement diffamatoire, il faudrait qu’ils soient tenus de le faire pour le lendemain à la même heure. Cela limiterait ces débats “faciles”.

Il n’y a pas à chercher bien loin les raisons de la polarisation des “débats”, l’outrance et de la prime à la post-vérité. C’est ça le libéralisme : aucun contrôle, tout est permis, donc c’est celui qui diffame le mieux qui aura “raison”. Ce n’est pas de l’info, c’est du cirque.

Un cirque pas franchement amusant parce qu’on a tous la gueule de clowns tristes et on finit par crever sur scène, étouffés par les fards et les coussins péteurs.

Le résultat est partout le même, dès qu’on ouvre les vannes sans contrôle, c’est du spectacle. Et le spectacle tue.

Et que les politiques arrêtent de se prêter au jeu. C’est un jeu où les “modérés”, ceux qui refusent d’user de mensonges, d’outrances ou d’attaques d’un autre camp seront toujours cannibalisés dans un débat à trois ou plus. Vous vous pensez toujours suffisamment habile pour sortir vainqueur de ces débats ? C’est que vous êtes stupide. Ces débats profitent toujours aux criminels ! Vous voulez préserver la vérité et pouvoir défendre vos idées, n’allez pas vous faire plumer dans des débats où vos contradicteurs et les “journalistes” complices passeront leur temps à vous accuser de ce que vous n’avez pas fait ou de ce que vous n’êtes pas. « Oh, oh, je passe à la TV, je montre ma poire, on va m’aimer ». C’est vous les dindons de la farce. Il vous faudra combien de temps pour le comprendre ?

L’autre versant de l’interview politique, après le cirque de la mise en arène d’opposants autour d’un même plateau, c’est le tête-à-tête avec une personnalité unique. Quand on est de droite, brosse à reluire, à gauche, interruption à tout bout de champ.

Ici, merveilleux exemple d’interruptions paternalistes d’un type qui ne s’intéresse même pas aux réponses (un truc assez facile à comprendre, mesdames et messieurs les journalistes, l’intention d’une phrase, on la comprend après un point) et explique à l’interviewé qu’il a tort.

On est donc à une époque où les journalistes ne cherchent plus la vérité, mais en plus se permettent de dire qu’un invité à tort en revenant cinquante fois à la charge (ce n’est pas du factuel, surtout en matière d’économie) :

https://t.co/XGRCg7zR69


De plus en plus de responsables politiques du camp présidentiel refusent de faire barrage au RN au second tour. Commentaire :

Quelqu’un pour écrire une uchronie où on décrit ce qu’il se serait passé toutes les fois où par le passé la gauche a appelé à faire barrage contre le fascisme ?

(Bon, en vingt jours, ça risque de pas le faire.)


Après la confirmation dans la presse que Macron a choisi le délai le plus court pour contrarier une éventuelle alliance de la gauche, quelqu’un évoque le supposé « flair politique » du Président. Je réponds précisément sur ce point :

Ce serait peut-être utile d’ailleurs de cesser de parler de “politique” dans ce cas. Le calcul de politique politicienne n’a rien à voir avec la politique qui se met au service d’une vision, d’un projet pour un pays. Il n’y a rien de politique ici. Il joue à Richard III.

Il y a même un certain sadisme à laisser fuiter toutes ces séquences où il convoque la France entière pour assister à l’histoire se faire et où il se pense représenté en souverain alors que ce n’est plus qu’un bouffon, un matamore avec une ceinture d’explosif.


Rachel Khan qui sur Public Sénat dit que « l’extrême gauche est dans un fantasme : Gaza ». Tranquille, l’antisémitisme, c’est pas cool, mais la négation de crimes, voire de génocide, c’est OK.

Quelle putain d’époque s’ouvre où on peut dire strictement n’importe quoi.


Les dissensions à gauche vont jusque dans le nom du mouvement d’union. Rufin a lancé « Front populaire » et il semble y tenir. Mais une fois retourné en Picardie, on a vu apparaître celui du « Nouveau Front populaire », celui qui est sur les visuels. Mais d’autres continuent de dire « Front populaire », peut-être un peu pour faire chier Mélenchon qui l’aurait évidemment choisi pour qu’on évite d’en attribuer la paternité à Rufin… On voit même « Union populaire »^^. Y a un côté NUPESS, NUP, NUPS.

Ça reste cosmétique, mais ça illustre un truc tout de même.


Maintenant qu’on sait grâce aux médias ce que pensent Blum, Thorez, Mélenchon, Hollande, Valls de Nouveau Front populaire, ils ne veulent pas nous distraire un peu plus en nous éclairant sur ce qu’en penseraient Jeanne d’Arc, Napoléon ou Vercingétorix ?

Le programme, purée.


Hollande, aucun mea culpa. L’enfoiré qui a ouvert la porte au diable revient, il voit de la lumière. Mais guignol, c’est la lumière du tunnel de la mort. On veut voir autre chose que ta gueule avant de mourir.

Vous êtes des cons. Qu’on crève et laisse la planète à d’autres.


Jean-François Bayart, sociologue, sur Blast, qui compare la dissolution de Macron à son « qu’ils viennent me chercher » après les révélations de l’affaire Benalla. Ajoutant que ç’a un côté « rendez-vous à la sortie de l’école ».

On ne trouvera pas comparaison plus juste aujourd’hui.


Les Insoumis profitent de la nomination des candidats pour « purger » certains cadres plus en odeur de sainteté. Commentaire :

C’était le jour 1 du Nouveau Front populaire. Il n’y en aura pas 2.

On se retrouve tous à Londres, salut.

14 juin

Face à l’idée d’un barrage contre le RN si ses candidats n’étaient pas au second tour, Macron refuse de répondre. Commentaire :

Le type qui a trahi celui qui lui a mis le pied à l’étriller dans un parti dans lequel il ne partage pas les valeurs (et pour cause, la seule valeur qu’il connaît c’est lui), qui s’est fait élire la main sur le cœur qu’il ferait une politique écologique (ce vote m’oblige) et qui a donc été investi uniquement pour faire barrage aux fascistes (en cachant qu’il en est un lui-même et que sa bascule droitière révèle sa nature) refuse donc de dire s’il rendra l’appareil si c’est cette fois la gauche qui se trouve face aux fascistes.

Chaque jour un peu plus la preuve que ce type est une ordure de pointure internationale, un danger pour la démocratie et un psychopathe machiavélique capable depuis dix ans à toutes les bassesses pour conquérir le pouvoir. Que va-t-il nous inventer de plus…


Le nouveau Front populaire ne règlera pas la question de l’incarnation en nommant une personnalité. Dans le cas où ils ont une majorité et un Premier ministre se posera immanquablement la question du lead et du poids toujours plus envahissant de cette personnalité par rapport aux autres leaders de l’alliance. Si certains veulent en finir avec la cinquième république, c’est justement pour en finir avec cette logique de petit chef qui décide de tout (paradoxalement, c’est une mesure phare du parti où précisément le poids du chef est disproportionné).

La seule alternative à cette dérive autoritaire fatale à une alliance, c’est d’en revenir un peu à la logique du secrétaire « au service de ». Et dans ce cadre, ce n’est pas un chef qu’il faut définir, mais un porte-parole mis en avant pour porter la parole du “bureau” réunissant les chefs de parti chargé de définir un programme consensuel. Ça fait peut-être un peu Politburo, mais c’est probablement un moyen pour que ce soit la “base” de la diversité des partis et le principe d’une décision collective qui prime sur le désir d’une seule tête.

De la même manière, dans le cas d’une victoire, il me semble assez primordial d’exiger que les partis se mettent par la suite très vite d’accord sur les modalités d’évolution et du poids des partis dans les diverses représentations et gouvernances futures du Nouveau Front populaire.

Parce que si c’est pour sauver cette fois la face en évitant les fascistes au pouvoir, ce n’est pas pour qu’une fois au pouvoir, ça se déchire et tire la couverture à soi pour faire cavalier seul à la première occasion. Les trois blocs sont probablement appelés à durer, et la gauche, condamnée à s’entendre et à jouer des consensus permanents pour faire ressortir une majorité assez compliquée à atteindre face au bloc macroniste et fasciste. S’ils mettent ça sous le tapis, ça leur sautera à la figure. Là, ce sont les élections européennes qui ont redessiné le poids des partis. Il faudra donc bien décider comment ils voudront à l’avenir redéfinir ces forces. Les sondages ? Les élections européennes qui serviraient chaque fois à peser les forces, etc.

Bref, déjà, qu’ils ne tombent pas dans le piège du chef. Un secrétaire porte-parole.


Après l’émission La Grande Confrontation sur LCI :

Les gens sont lobotomisés par la TV. Comment vous voulez vous éduquer ou vous informer en regardant des Français moyens papoter pendant des heures ? La complicité des médias bourgeois dans l’abrutissement et la désinformation de la population est flippante.

Si je comprends, les vieux regardent la TV et… ça. Les jeunes s’informent sur Tik-Tok. Et tout ça avec la bienveillance tranquille des élites bourgeoises qui interdisent la TV et les smartphones à leurs gosses, car ils en connaissent les effets. Comme la malbouffe en fait.

On voit bien le petit sourire supérieur de Pujadas animant les “débats” de ces « Français moyens » comme s’il s’agissait d’enfants. Il se fout complètement des conneries qu’ils pourront dire, comme il se fout des mensonges, eux volontaires, des politiques. Si les fascistes arrivent au pouvoir, le Pujadas, il ne sera pas inquiété. Le mec est parfaitement conscient que ces gens sont matrixés, en partie grâce au travail des médias, mais ça l’amuse. La TV est devenue en gigantesque bar-tabac. Et ça amuse les bourgeois… La fabrique tranquille du fascisme.

On touche le fond. Le type du RN qui sort à un des « Français moyens » qu’il accuse d’avoir lu un livre : « Vous n’êtes pas un citoyen, vous êtes extrêmement politisé ».

Un bon citoyen, pour le RN, est un Français lobotomisé.


J’ai eu l’étrange idée de voir à quoi ça ressemblait TPMP ce soir. Sur la chaîne YouTube de l’émission, ils mettent en ligne une séquence hallucinante d’Hanouna s’en prenant à LFI. Y a quelqu’un qui bosse à l’Arcom ou tout est désormais permis ?

Y a tout dans cette séquence. L’hystérisation, la caricature, le fait divers, l’inversion des valeurs (LFI devient antisémite pas le RN), le mensonge, l’appel à la popularité. Si c’est comme ça tous les soirs, normal que le public devienne totalement décérébré. On est chez Trump.

13 juin

Off de l’entourage de Macron : « Le Président non plus ne ressortira pas inchangé de ce moment. Si les Français lui refont confiance, il est certain que sa pratique du pouvoir sera irrémédiablement différente. »

C’est la rhétorique que le mari violent tient à sa femme. « J’ai changé. » Du même acabit que le « ça va bien se passer » de Darmanin.

Personne n’est dupe. Ce sont les belles paroles d’un fascisme de salon.


Voilà, maintenant, tous les crevards à gauche commencent à se positionner pour le poste de Premier ministre. Queue des mecs, forcément.

Donc d’accord, on va jouer à ce petit jeu : pas de LFI, pas de glucksmanniste et pas d’homme. Donc, Delphine Batho.


La photographe du château montre des images « historiques » du moment où Macron annonce la dissolution à ses sbires. Commentaire :

Quel niveau de mise en scène affligeant… Le Président, de dos, face à une horloge, face à ses sbires. Y a un côté Judas contre le reste du monde : « Parmi nous, un doit vous trahir, ce sera moi ». Le côté noir et blanc pour, quoi, faire mai 68 et la chienlit ? Le paternalisme de la seconde face à la Présidente de l’Assemblée, à l’écart, montrant Macron actif et l’autre qu’on devine dépitée. Macron qui revoit sur la troisième son discours comme un acteur de théâtre. Et la dernière, entouré de ses consiglieri qui peaufine son discours devant une photo de lui.

Ce type n’a qu’un seul but : rester dans l’histoire. Il se moque de la politique. Ni droite ni gauche, cela veut dire pas de politique en fait, pas d’idées, pas de programme. Rien que de la communication. Et la dissolution n’est pour lui qu’un nouveau rebondissement susceptible de le faire rentrer dans l’histoire. Ce clown espère être à la fin du troisième acte de sa tragédie en cinq. Que les urnes lui en mettent une belle en lui faisant perdre son pari. Voilà sept ans que ce monstre de la représentation permanente a phagocyté la vie des Français. Rideau.

12 juin

Un peu de complotisme fiction. Éric Ciotti et Marion Maréchal sont des chevaux de Troie envoyés par le RN depuis plusieurs années dans les autres partis de droite pour les pirater et pour les retourner au moment opportun afin de forcer une union des droites centrée sur le RN.

Bon, le coup serait magistral, et pas sûr que cela profite in fine totalement au RN, mais il faut avouer que les dramas de ces deux derniers jours ouvrent pas mal d’hypothèses. (Et je suis pas loin de penser que Macron a fait la même chose en intégrant autrefois la gauche^^.)

Ah, et tout ça serait orchestré par Poutine via des agents infiltrés dont même les premiers de “cordée” de ces groupes fascistes supposément “patriotes” ignoreraient les liens.

Sinon, ils ont la traîtrise dans le sang. Moins drôle et plus probable.

Ils sont tellement obnubilés par l’idée fantasmée du grand remplacement, par les grandes migrations venant se débarrasser d’un groupe prétendument pur et idéal, qu’ils appliqueraient eux-mêmes, dans leurs actions, ce qu’ils pensent voir chez les autres. Migrer, pirater, salir.


Les médias font la promotion d’un site censé aider les électeurs à faire des procurations. Problème, le site a été créé par un macroniste de la première heure et ne garantit pas que la procuration soit respectée. Pire, des comptes institutionnels relaient ce site, et une note de communauté est ajoutée au tweet. Commentaire :

On est dans un pays où des comptes institutionnels propagent des sites douteux sur les élections et se font fact-checker en direct en commentaire par des twittos avec un ratio hallucinant… On est en pleine post-vérité institutionnelle.


Macron est-il un mix entre Trump et Pompidou ? Un disciple de la post-vérité qui « présente bien » ? Un dernier atout qui lui permet de n’être jamais fact-checké par les médias complices ?


De Jaurès à Pétain, de Blum à Vercingétorix, de Napoléon à Bonaparte, Macron s’approprie tout l’héritage de l’histoire de France. Bon ou mauvais, tout l’héritage de cette histoire lui revient. Prototype du mégalomane proto-égocentrique à tendance psychopathique.


À quelqu’un qui demande « Où sont les artistes ? Où sont les sportifs ? Où sont les patrons ? », je réponds :

Un indice : les personnes qui gagnent plus de 2 000 € par mois tout en n’ayant aucun diplôme votent principalement RN.

Les nouveaux riches en quelque sorte. Donc qu’ils continuent à avoir honte de l’ouvrir.


Après la conférence de presse de Macron pour lancer ses législatives :

L’infâme Macron a trois épouvantails désignés contre la gauche, trois mensonges : le leader de la gauche est Mélenchon, elle est antisémite, elle est antinucléaire.

Monsieur veut être clair, soyons-le. Les mensonges, c’est la marque des extrêmes. Son extrémisme.


Manu Macron, la semaine dernière : « Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de la NUPES ».

Le mec, c’est Nostradamus.


Commentaire sur ce passage de Félicien Faury, sociologue : « Sur la question des salaires, des retraites, il y a un ensemble de malentendus, voire de naïveté chez les électeurs du RN. Démontrer cette tromperie peut donc être efficace. Mais cela ne suffit pas, il faut affronter la question du racisme et de la xénophobie. »

Je ne suis pas du tout persuadé de ça. À l’image de ce qui se passe avec le complotisme, à l’image de ce qu’on a vu au plus fort de la pandémie, démontrer ne sert à rien. Les personnes se convainquent entre eux et se persuadent entre eux, dans leur cercle virtuel, amical ou familial que penser telle ou telle chose est la chose juste à penser, à dire ou à faire. C’est d’ailleurs la même chose pour toutes les opinions politiques. Il y a un côté grégaire, culturel qui se joue bien plus dans le monde réel, l’environnement dans lequel les gens finissent par baigner, qu’un côté rationnel dans l’adhésion à telle ou telle opinion. Et les gens, en plus de ne jamais se laisser convaincre (ça ne marche ni pour le complotisme, ni par la Covid, ni pour les sectes), ne changent pas d’opinions en si peu de temps. C’est un processus long.

Et la vague brune que l’on connaît depuis vingt ans et qui semble inexorable, personne ne pourra prédire en fait quand elle s’arrêtera et comment. Pour l’instant, le seul espoir, c’est la digue du Front populaire. Et c’est plus un élan, un enthousiasme comme 81 qui la dressera.

Que des arguments. Malheureusement, c’est triste à dire, mais en si peu de temps, il n’y aura que la communication qui vaincra l’extrême droite. Aucune fausse note possible : tout ce qui est polarisant à gauche doit être étouffé, sans quoi les bourgeois en face s’en délecteront.


De plus en plus de signes montrent que le « front républicain » refusera de faire barrage contre le RN si c’est la gauche qui se retrouve face à elle dans des seconds tours. Commentaire :

C’est donc encore une fois le bloc bourgeois qui sera responsable de l’accession au pouvoir des fascistes. Parce que les mêmes qui ont profité plusieurs fois du barrage refuseront en masse de se désister en cas de triangulaire et d’appeler à voter Front populaire pour faire barrage.

C’est déjà ce qu’ils sont tous en train d’expliquer et en train de faire depuis des années en diabolisant la gauche et normalisant l’extrême droite. Et une fois qu’ils auront démontré que le barrage, cela ne concerne que les gauchistes à leur attention, ce sera finito pour la démocratie. Soit l’extrême droite ne rendra jamais le pouvoir, soit si elle le rend une première fois, plus jamais aucun barrage ne sera possible et cela profitera à l’extrême droite bientôt réunie avec le bloc bourgeois qui n’a jamais rien eu à craindre d’elle. Lui.

11 juin

Réponse à ce commentaire de Nassira El Moaddem, présentatrice d’Arrêt sur image : « Le Front national ne peut pas être traité comme n’importe quel autre parti. Que les consœurs et confrères journalistes prennent position comme nous sommes quelques-uns à le faire. L’heure est grave. Il n’y a plus de pseudo-neutralité possible. »

Les médias sont logiquement assujettis à l’image. De manière assez inévitable, la politique de normalisation du FN s’est accompagnée d’une erreur de communication de la gauche livrée à ce que ces médias ont alors pu qualifier de happening. La diabolisation a alors changé de camp.

Parce que pour la normalisation de l’extrême droite, elle va de pair avec la normalisation chez les bourgeois, donc dans les médias dominants, avec les mêmes idées irriguant le centre et la droite.

Je ne suis pas sûr que la question soit de rediaboliser un parti plus qu’un autre. Ce n’est pas plus le rôle d’un journaliste de diaboliser un parti plus qu’un autre. Parce que ce n’est pas le rôle d’un journaliste de tomber dans les épithètes. Son rôle, il est en revanche de confronter les partis avec leurs propositions et leur politique, donc avec la réalité. Quand des journalistes définissent LFI comme un parti antisémite à la place du RN, ce n’est pas un problème de qualification, c’est un déni de réalité.


My guess pour la déclaration de Macron demain. Voyant que son coup de jouer rapide dans le but de prendre de court la gauche pour qu’elle ne puisse pas s’allier en une semaine n’a pas réussi, il se rend compte que c’est lui qui manque de temps pour rallier des LR. Du coup : il va décider de rétropédaler et repousser les législatives au mois de septembre sous prétexte d’un éventuel veto du Conseil constitutionnel et de la tenue des Jeux olympiques.


C’est la social-démocratie qui a été le cheval de Troie des inégalités dans le monde.

Si les accords se portent sur les accords, il n’y aura pas d’accord sur le nucléaire, ni sur les fleurs de bac, ni sur l’hydroxychloroquine. Quant aux antisémites, ils sont à droite.

10 juin

Des militants, devant le siège du Parti écologiste, scandent qu’ils veulent un accord. Commentaire :

Je corrige : « On veut un accord sur la base de nos accords. »

Quel intérêt de porter des exigences et des conditions qui interdiront toute alliance ? Un accord sur les accords, ils auront assez de temps pour au moins détricoter les ignominies du macrō-fascisme.


Déjà trois professions de foi. Avec autant de conditions incompatibles avec celles du voisin, ce n’est pas une alliance qu’ils recherchent, mais l’équation de Drake.


Les trois communiqués que j’ai vus jusqu’à présent ne sont tellement pas à la hauteur du défi que c’est à se demander s’ils ne planchent pas tous pour présenter les meilleurs éléments de langage pour expliquer dimanche que c’est la faute de l’autre si aucun accord n’est possible.


Le Pen compte faire des alliances avec les Républicains. Commentaire :

Elle a retenu la leçon de Macron qui avait phagocyté la gauche. Elle pense pouvoir phagocyter la droite maintenant qu’elle s’est alignée sur sa politique xénophobe et pauvrophobe.


Toute la gauche devrait… dissoudre tous les partis pour construire une union de la gauche qui ne braquerait personne : une gauche sans Mélenchon et sans Hollande.

On voit une partie de LFI qui serait prête à l’union mais qui porte le boulet Mélenchon et une partie des sociaux-démocrates qui portent comme un boulet l’héritage de Hollande.

Le mieux que pourraient faire Mélenchon et Glucksmann, c’est de fermer leur gueule et de laisser un Front populaire se faire sans eux. (Peu de chances que ça se fasse.)


À France Info, on a tout à fait compris que placer sur un plateau deux personnes qui s’opposent, c’est super pour le clash. Moins pour la montée de l’extrême droite. Mais la tentation est trop grande.

À 18 h, la radio a donc l’excellente idée de réunir Benoît Hamon et… Jean-Sébastien Ferjou, éditorialiste d’extrême droite. Le premier s’étonne de la virulence des propos du second à son encontre et prétend ne pas le connaître.

Bienvenue dans la fabrique du RN sur le service public, Benoît.


Chapeau d’un tweet de France Inter : « Il y a 27 ans, Jacques Chirac annonçait la de l’Assemblée nationale. Mais contrairement à ce qu’il attendait, c’est l’opposition de gauche qui remporte les élections législatives. » Réponse :

Ce n’est pas « ce qu’il attendait ». Voyant les sondages baisser, il a fait le pari de trouver une majorité juste avant que ça bascule à gauche. Et il a perdu son pari.

On ne gouverne pas avec des paris. Les institutions ne sont pas des joujoux. Encore moins une table de jeu.


Il y a actuellement trois personnalités dans le pays qui font le jeu du RN : Macron, Glucksmann et Mélenchon.

Mélenchon, s’il voulait vraiment la défaite de l’extrême droite dirait « un programme d’union ». Avec sa “rupture” et ses conditions, il est sûr d’en braquer certains.

Pareil pou Glucksmann. Mais la différence ici, c’est qu’a priori, c’est plus Faure qui dicte la conduite du PS, et il a été clair sur une alliance sans condition.


On note que Macron préfère dissoudre l’Assemblée que de démissionner. En gros, il est élu grâce à la gauche en faisant la promesse d’une politique écologiste, il sort le grand discours sur « ce vote m’oblige », il fait une politique d’extrême droite, et quand l’extrême droite fait un raz de marée à une élection grâce à la publicité qu’il lui a faite pendant tout ce temps au lieu de faire la politique écolo promise, il dit que c’est le problème, c’est qu’il ne peut pas gouverner et qu’il faut passer la main… à l’extrême droite.

« Ce vote m’oblige »…

9 juin

La social-démocratie, cheval de Troie du libéralisme écocide et pauvrophobe, désormais cheval de Troie du macrō-fascisme.


On remercie d’avance les médias, en particulier publics, qui vont chouchouter Glucksmann en en faisant une sorte de Petit Prince à la Macron tout en crachant H24 sur la gauche.

La gauche bourgeoise de Mitterrand œuvre depuis quarante ans pour le renouveau fasciste. On y est.


« Stéphane Séjourné annonce que le camp présidentiel ne présentera pas de candidat contre les députés sortants faisant partie « du champ républicain ». » (lien) Commentaire :

On dirait Méphistophélès face à Faust. Et bien sûr, le PS va sauter sur l’occasion. Et le diable sera au pouvoir. Grâce au PS. PS, fossoyeur de la démocratie.


Les comparaisons avec l’accession au pouvoir d’Hitler et le Front populaire se multiplient. Commentaire :

Le point Godwin, c’est devenu un peu comme le Gorafi. On en rigole, jusqu’au jour où on se rend compte qu’on n’est plus très loin de la réalité.


Dilemme typique auquel la gauche n’a jamais réussi à faire face. Comment craindre le réchauffement climatique tout en pouvant continuer à partir en week-end ? Comment craindre le réchauffement fasciste tout en refusant de voter pour celui qui est trop ou pas assez à gauche.


La dissolution, c’est pas un peu comme une auto-motion de censure ?

La gauche s’était rendu compte que Macron était un traître quand il s’est présenté après avoir bouffé chez eux. Maintenant, c’est le parti qu’il a créé qui est en train de découvrir qu’il est d’extrême droite.


Moi je suis complotiste. Sa politique a toujours été d’extrême droite. Par conséquent, sa manœuvre c’était d’infiltrer la gauche, puis de se prétendre ni gauche ni droite, puis de servir de marchepied au RN pour le mener au pouvoir.


La tactique de Macron (réponse du 16 juin avec la même idée) : Une autre hypothèse, c’est que Macron est d’extrême droite depuis le début et a usé de la technique du coucou en infiltrant d’abord la gauche puis en raclant tout sur son retour à son point de départ. La dédiabolisation ultime. Passer par le piratage de tes concurrents.


On pensait que le « ni gauche ni droite » de Macron, c’était un aveu d’être de droite. C’est en fait pire que ça. C’était un masque. Depuis toujours si ce type sert de marchepied à l’extrême droite, c’est qu’il a ambition depuis toujours de le hisser au pouvoir.

À la gauche de savoir pour une fois s’unir malgré les différences politiques majeures pour prendre l’extrême droite à son propre jeu et récupérer le pouvoir. Il sera temps une fois la majorité faite de voter ou non sur telle ou telle politique à suivre…

Quel escroc.


Il aurait fallu refaire la NUPES, qu’ils auraient appelée La Gôche, mais chaque parti étant soucieux de faire campagne seul afin de peser dans les futures alliances et de se chamailler plus tard, ça ne se fait pas.

Guillaume Meurice et sa blague « polémique » sur Blast

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Politique(s) & médias

Antisémitisme, dépréciation, humour et verticalité

Réponse à une vidéo de Blast où l’humoriste revient sur une blague jugée antisémite ayant fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias :

À demi-mot, on comprend que Salomé Saqué souscrit à l’idée que cette blague puisse être antisémite, et encore une fois, désolé de le dire, ça entretient le confusionnisme et par conséquent l’antisémitisme. Les mots ont un sens, si tout devient antisémite, plus rien ne l’est, et par conséquent, comme dirait quelqu’un de Blast le jeudi, on fait de l’antisémitisme.

L’humour vise à tordre certaines réalités (parfois les simples mots) pour en démasquer d’autres. C’est précisément ce qu’a fait Guillaume Meurice avec cette blague : par son astuce elle traduisait la réalité du gouvernement israélien, à savoir que c’est un gouvernement d’extrême droite. Le caractère dépréciatif de la blague, il concerne l’extrémisme de la personne visée, pas du tout sa religion ou son ethnie. Au contraire, pointer du doigt qu’une population n’est pas uniforme et possède également des extrémistes, c’est la normaliser. En faire un bloc intouchable, c’est nier son caractère humain, la déshumaniser, et par conséquent se rapprocher, là, d’une forme d’antisémitisme. Tous ceux qui souscrivent par conséquent à l’idée que cette blague puisse être antisémitisme font eux-mêmes de l’antisémitisme.

J’ajoute que l’humour est vertical. Vertical, mais surtout ascendant, voire conascendant, et non condescendant. Il est odieux quand il vise à déprécier des personnes « en dessous de soi ». Le bouffon se moquait du roi, pas du petit peuple. Qu’il s’agisse de blague sexiste, homophobe, raciste, antisémite, pauvrophobe, il est toujours question d’une dépréciation de groupes placés en position de faiblesse ou d’infériorité. Quand Guillaume Meurice se moque d’un puissant, il lève les yeux pour se moquer de lui et le ramener à sa hauteur, il ne déprécie pas une personne placée en position d’infériorité.

Cela rappelle assez les polémiques concernant des textes de Sardou ou quand Gérard Darmon jouait Othello. Ces vagues de fausses indignations, souvent relayées par la gauche, c’est en fait à la fois ne pas comprendre l’essence même de la représentation artistique et son rôle dans la société, mais aussi faire la promotion d’une censure qui n’a rien de libéral. J’avais évoqué Sardou ici et Darmon, ici.

Non aux sondages d’opinion

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Les utopies/Politique(s) & médias

Pour la fin des sondages à la con

Réponse à un tweet réclamant que la méthode d’un sondage de l’Ifop sur les personnalités préférées des Français soit révélée :

L’Ifop est une entreprise privée. Elle n’a donc pas à partager quoi que ce soit parce que ce qu’elle propose, c’est un produit, pas de la connaissance. Comme toute entreprise privée, son but est de développer son chiffre d’affaires, pas d’informer. D’où des sondages à la con. Ici, un “baromètre” annuel à la con, forme de marronnier comme toutes les entreprises savent en imposer dans l’espace public souvent confondu avec un espace publicitaire, et comme certains médias à la con s’en font parfois le relais.

Traditionnellement, ce sondage est « fait pour » le JDD. Les marronniers, c’est toujours du win win : tu crées un produit à la con que personne demande, mais tout le monde en parle, surtout ceux qui ne s’y intéressent pas.

On notera « comme par hasard » l’apparition opportune de Bardela alors que le JDD est désormais un canard d’extrême droite. On se rappellera comment les sondeurs et les médias associés avaient créé de toute pièce « l’ascension » de Macron et de Zemmour.

On ne veut pas savoir le détail de la méthode des sondeurs, on s’en fout. Parce que les sondeurs, c’est comme la drogue, les fausses nouvelles, la communication, la publicité, les jeux d’argent : c’est de la merde. Leur toxicité sur la société n’est pas à démontrer. Mais comme c’est bon pour le saint PIB, pour certains, ce sont des activités licites.

Seuls l’INSEE et des chercheurs agréés obéissant à des règles strictes à la fois sur la protection des données et sur le partage de certaines autres devraient être autorisés à faire des sondages. Pour les sondages électoraux, il existe une commission des sondages, probable que ça fonctionne comme le RSA ou les normes CE, i.e. avec une politique du on s’en bat les couilles : on a personne pour contrôler, donc contrôlez-vous vous-mêmes.

Il existe des associations de résistance à (l’agression) la publicité, des associations de défense du consommateur, des associations de lutte contre la malbouffe, manque une association qui fasse la promotion du trollage des sondages. Avec potentiellement du piratage de sondage. Objectif : « Mimie Mathy* en tête des intentions de vote pour les présidentielles. » (*ou n’importe quelle “personnalité” participant à « l’association de lutte contre les sondages à la con » et pouvant ainsi prétendre à intégrer la liste après une vraie fausse présentation.)

C’est pas gagné. Pour pirater les sondages, il faut une crédibilité, des passeurs. Or, y a peu de rebelles dans ce pays. Chacun travaille précieusement à son propre PIB. Apparaître dans ce type de sondage à la con, c’est déjà un peu comme recevoir un crédit d’impôts, un César ou une Légion d’honneur. Un sésame pour les dividendes futurs. Quand tu n’y es pas, ces tops n’ont aucune valeur, quand tu y es, flatté, tu renonces à les critiquer. Et par conséquent à les saboter. Mais on peut rêver.

Chères personnalités, simples items désincarnés dans des produits de sondage à la con, l’histoire ne retient rien des sondés, des courtisans et de tous ces flonflons. Êtes-vous fait pour le bal musette ou vous sentez-vous l’âme d’un pirate ?

Et à tous les autres, larguez les sondages, y en a marre ! Répondez, trollez, faussez, décrédibilisez, piratez, pour qu’on en finisse avec les entreprises dont « le produit, c’est nous » et que tous les médias partenaires meurent de honte ! Ipsos finito facto. Ifop, y flop.


Depardieu l’obscène, le Figaro et les 50 boomers à la rescousse

Faut-il séparer le monstre du monstre sacré

Mon oncle d’Amérique, Alain Resnais | Philippe Dussart, Andrea Films, TF1

Réponse à la tribune dans le Figaro des 50 boomers défendant Gérard Depardieu.


Ce que peuvent faire les puissants pour défendre leurs semblables…

Autant, je suis très réservé sur les vagues metoo, autant, avec Depardieu, il n’est pas question de présomption d’innocence. Il y a des images où on voit un type malade dont les proches laissent tout passer.

Je passe sur le fait que Depardieu serait un monstre sacré… C’est quoi sa dernière grande performance dans un film ? En revanche, ces imbéciles ne peuvent pas ignorer les débordements obscènes, sexistes, voire racistes rapportés par les images de Complément d’enquête. Si Depardieu se comporte comme un crétin, c’est bien se sent intouchable. C’est même étonnant que jusque-là personne ne lui ait filé aucune baffe en assistant à ses remarques ou en étant pour le moins lourd avec des personnes qui ne sont souvent pas en position de répondre et encore moins de lui filer des baffes. Il y a une coresponsabilité de son entourage quand un tel connard se sent tout permis en public ou en petit comité et que ceux-ci finissent par le dédouaner en criant au lynchage. Et ce n’est que la part émergé de l’iceberg. Parce que si ce genre de guignols osent agir ainsi en public, qu’est-ce qu’il faut penser de leurs agissements en privé.

Beaucoup d’actrices dans le lot des signataires. Autant d’autres « monstres sacrés » avec qui ce guignol ne se sera jamais montré déplacé parce qu’elles auraient su se défendre et parce que leur statut de star les aurait, elle, protégées. Mais elles pourraient au moins fermer leur gueule sans quoi elles ne font, avec les autres signataires masculins souvent de la même génération, que renforcer leur coresponsabilité dans les agissements déplacés de Depardieu.

Je ne me prononce pas sur les viols dont le bonhomme se trouve être accusé, mais au moins tant mieux pour les victimes : toutes ces paroles déplacées de Depardieu dont tout le monde peut être témoin pourront au moins aller dans leur sens et conforter leurs versions.

Contrairement à ce qui est écrit dans « l’appel des 50 boomers à la défense de l’acteur », personne n’interdit à Depardieu de travailler. Personne ne le lynche. Le public sera bien libre ou non d’aller voir son talent, ou ce qu’il en reste, au cinéma ou ailleurs. En revanche, prétendre aider un « monstre sacré » en lui laissant passer toutes ses saloperies comme à un enfant gâté qu’il ne devrait plus être, ce n’est ni lui rendre service, ni aider les éventuelles personnes qu’il indispose ou agresse pour ne pas être, elles, des « monstres sacrés » à sa hauteur. Et ce n’est certainement pas se placer du côté de ce qui est juste.

Or, un artiste, et a fortiori un acteur, si on peut discuter de ce qui « est politique » et de ce qui ne l’est pas, il doit en revanche toujours se placer du côté de ce qui est juste. Personne n’aime les salauds à l’écran, les vrais. Depardieu a souvent joué des salauds lumineux. Lui et ses collègues de la bourgeoisie du septième art semblent avoir oublié le “lumineux”. Un salaud lumineux, c’est celui qu’on accepte de voir à l’écran. Justement parce qu’ils sont à l’écran et pas ailleurs. Ce sont les monstres, c’est-à-dire ceux que l’on “montre”. L’écran est là pour les dévoiler et surtout pour les restreindre à ce cadre. Quand on regarde des films d’horreur, on n’espère pas voir des zombies se promener lors de notre prochain passage au supermarché.

Les monstres, comme les monstres sacrés, c’est à l’écran qu’il faut les voir. Certains semblent se prendre peut-être un peu trop à leur jeu. Si l’idée est de défendre « l’acteur », ce n’est donc pas bien réussi. Parce que si son public commence à se demander si le vrai Depardieu est le même que l’on voit à l’écran, le “monstre” n’est plus puisqu’il se serait contenté de jouer son propre rôle. Et plus personne alors n’accepterait de voir ainsi à l’écran ce qu’on saurait alors ne plus être un « monstre lumineux », mais un simple monstre.


La France, pays des droits de l’homme ou pays du féminisme ?

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Orthographe

La France, pays de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789

Fun fact :

La France qui se vante d’être le pays des Droits de l’Homme… ne l’est pas. Cette périphrase sous-tend qu’il y aurait une valeur universelle dans ce qu’on image faire référence ici à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ou que la France aurait initié avec ce texte quelque chose avant les autres démocraties du monde (c’est faux).

Par contre, le mot “féminisme” naît en France au 19ᵉ siècle.

Il est adopté ensuite dans le monde anglo-saxon (en supprimant le “e” final) et sans doute ailleurs.

Or, nommer, les choses, ça permet aussi d’accompagner, promouvoir ou développer les idées qu’elles définissent à travers un terme nouveau. Ce n’est donc pas rien. Les « droits de l’homme » ? Ah ? Lesquels ? Le “féminisme” ? Oui-oui, it’s french (avec l’accent).

La curiosité avec les périphrases, c’est qu’elles peuvent se transformer avec le temps (façon téléphone arabe) avant, éventuellement, s’ancrer dans la mémoire collective en se figeant en une forme syntagmatique assez simple pour servir d’étendard ou d’expression. On peut ainsi imaginer que pour parler métaphoriquement de la France on ait parlé à un moment du « pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », et que par simplification, cela soit devenu « pays des droits de l’homme ».

Un peu comme quand le Pierre Adams dit publiquement en 1935 que « Paris est la plus belle ville du monde, dommage qu’il y ait des Parisiens » et que… les Parisiens se trouvent assez parisiens pour figer la périphrase qualifiant leur ville « la plus belle ville du monde » en une expression capable de satisfaire leur égo (périphrase qui n’est par ailleurs utilisée qu’en France).

De l’autre côté, l’apocopation du « e » de « féminisme » par les anglo-saxons ne dénature pas le sens du terme original…

Revenons à la périphrase « pays des droits de l’homme ». Chacun ses combats : se vanter d’être une “Lumière” éclairant le monde (la France n’est pas plus le « pays des Lumières » — des Lumière, à la rigueur, des frères Lumière) alors que… même-pas-vrai ; ou “invisibiliser” une invention bien réelle qui pourrait ou devrait nous rendre fiers (remplir le point médian si nécessaire). Le terme « féminisme ».

Alors, est-ce que le « pays des droits de l’homme » n’aurait pas à gagner à devenir le « pays du féminisme » ?

(Même si on chipoterait encore à se vanter de l’invention du terme dans un pays ayant offert si tardivement le vote aux femmes et où un ministre reçoit des faveurs sexuelles de ses administrées.)

Probable d’ailleurs que comme cela arrive souvent (comme pour « trou noir » par exemple), le terme ait d’abord eu une connotation péjorative avant d’être adopté avant d’être revendiqué pour définir un mouvement émancipateur des femmes.

Connotation péjorative qui est donc apparue dans un film de 1948 avec Errol Flynn qui est à l’origine de cet article : Les Aventures de Don Juan. En plus d’être donc employé péjorativement, on peut aussi noter qu’il s’agit dans le film d’un parfait anachronisme. On produit désormais des documentaires avec des Cléopâtre noires, pourquoi Hollywood n’aurait-elle pas eu le droit au milieu du 20ᵉ siècle de proposer un Don Juan féministe ?…

Ce Don Juan serait-il… féministe ! (Les Aventures de Don Juan, Vincent Sherman, Warner Bros. 1948)

Le dilemme du mauvais et du bon poison

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Image générée par Midjourney

Variation sur la peste et le choléra : le dilemme du mauvais et du bon poison.

Un matin, Emmanuel se dit qu’il se verrait bien Président des Gens. Il construit un programme dans lequel, entre autres, il propose de filer du poison à chaque individu une fois arrivé à 65 ans.

Pendant la campagne, rares sont ceux qui remarquent cette idée à la con, mais puisque tous les programmes concurrents proposent de bouffer en diverses proportions de la mort aux rats, les Gens appelés à voter envoient Emmanuel au second tour.

Face à lui, au second tour, à l’extrême-droite du ring, Marine Méphistophélès : elle pen un peu à faire oublier qu’elle est la fille du diable, mais son truc, c’est quand même que les Gens de souche s’abreuvent de sang impur.

Entre la peste et le choléra, les Gens se sentent un peu obligés de choisir pour celui qui semble proposer le moindre mal.

Emmanuel se dit obligé d’être investi d’un devoir d’unification des Gens, mais comme son truc, c’est d’aboyer des « Je vous ai compris » sans rien comprendre, personne ne se fait d’illusions, et les Gens savent parfaitement que le Prince les enculera à la première occasion.

Et comme les Gens ne sont pas dupes, un peu suspicieux aussi, ils se disent qu’élire une assemblée capable de proposer un contre-pouvoir à leur Prince capricieux, ça empêchera qu’il ait le champ libre pour leur mettre profond. L’Horizon est bouché, aucune majorité à l’Assemblée, mais Emmanuel pense qu’être Prince, c’est diriger son pays sans Borne. On ne le sait pas encore, mais serviteurs de l’État, députés, sénateurs ne sont que des soldats de plomb dans le jeu d’Emmanuel, parce qu’Emmanuel sait bien que les institutions ont une faille : quand tu n’as pas de majorité pour faire passer tes idées à la con, la majorité, c’est toi ! Et plutôt 49.3 qu’une.

Là, Emmanuel, puisqu’il est un peu sadique (c’est le fait du Prince), propose tout de suite de faire passer sa proposition électorale la plus conne, celle que personne n’a vue un peu trop occupé à faire barrage contre la Marine à voile (ou sans, je sais plus) :

Filer du poison aux plus de 65 ans !

Borne nous explique qu’il y en a une (de borne), et qu’elle doit être fixée, sinon on va tous mourir heureux et bien portant. Il faut donc euthanasier tout le monde à l’âge anniversaire fatidique de ses 65 ans.

Plus merveilleux encore, ceux qui partiront avant pour avoir été plus méritants que les gratte-papiers chargés de pondre tous les jours des idées toujours plus connes les unes que les autres (ceux qui ramassent les poubelles pleines de brouillons d’idées à la con), eh bien ceux-là seront en plus maudits pour ne pas participer aux cotisations des plus vieux qu’on achèvera à 65 ans.

Tout le monde trouve la proposition complètement conne. Elle n’a aucun sens. Marine propose qu’on tue les Gens avec du gaz moutarde produit à Dijon et Horizon bouché se pince le nez en l’ajoutant à sa réforme, histoire de gagner les voix des Mariniers pour le vote. Mais patatras, finalement, ces couillons ne semblent pas vouloir voter pour une réforme aussi con (ou pas assez con, on ne sait plus).

Les gens défilent dans la rue. Ils disent ne pas vouloir être euthanasiés à 65 ans. Amnesty International dit que quand même, le gaz moutarde produit à Dijon, ça va un peu loin. Mais rien y fait. Dans la constitution, il est dit que quand Borne n’atteint pas la majorité, elle peut s’en laver les mains et sortir un joker “démocratique” : le quarante-neuf-trois (du bas italien « quarente-nuvo-ceco-tre », signifiant « quarantaine princière). Chiffre magique multiple de 666. Nombre premier du foutage de gueule.

Il y a une astuce écrit en tout petit comme dans les contrats d’assurance qui te fait penser que tu as un recours en cas de pépin, mais qui n’est qu’une ligne à la con en bas de page écrite en tout petit : la motion de censure.

Or, rarement mise en mouvement, la “motion” (parce que ce sont les serviteurs de l’État qui votent, et s’ils votent, ils perdent leur job et ils n’auront plus assez de trimestres pour leur cotisation à la retraite) n’a aucune chance de passer.

La réforme à la con passe. Et le lendemain, Emmanuel vient à la télévision narguer les jeunes et dire aux vieux qui ont voté pour lui et qui ne sont pas concernés par sa réforme à la con : « Nananère, vous avez voté pour moi. La réforme était dans mon programme. Vous lisez jamais les petites lignes écrites en petit ? Vous êtes trop cons. »

Les Gens : « Connard. T’avais pas dit « ce vote m’oblige » ? »

« Hi, hi. « Noblesse oblige ». »

Un poison est un poison.

La désinformatrice, le satiriste et le fact-checker

Les capitales   

Violences de la société/ réseaux sociaux    

Aka, quand hoaxbuster défend Myriam Palomba face aux pitreries de Vincent Flibustier

Contexte : à l’occasion d’une émission de télévision où elle est chroniqueuse, la spécialiste de fake news et antivax Myriam Palomba lance des accusations extravagantes sur des personnalités en se faisant écho d’une rumeur antisémite concernant un produit qui serait extrait à partir du sang d’enfants. L’humoriste et vulgarisateur, créateur du site parodique Nordpresse Vincent Flibustier fait une vidéo où il lance une rumeur absurde visant à se moquer des méthodes des désinformateurs. En parallèle, un hashtag tout aussi absurde mentionne la journaliste people en collant son nom à celui du terme « pédosataniste ». Le jour suivant, Guillaume HB, créateur du site de fact-cheching hoaxbuster.com publie un tweet dans lequel il critique… non pas sa consœur habituée des fausses nouvelles, mais l’humoriste.

C’est un exemple, d’autres personnalités de la sphère zet/débunkage ayant exprimé leur doute quant à la pertinence de la démarche de Vincent Flibustier.

Je réponds globalement et brièvement à ces critiques.


La satire est tout aussi utile, voire plus, que le débunkage dans une société où les fausses informations circulent à une vitesse folle. Chacun est dans son rôle. Le journalisme pète-cul qui débunke ne convaincra que les convaincus. Vincent Flibustier utilise l’humour, l’esprit de contradiction, la caricature et la psychologie inversée. Tout cela pour rire, mais pas seulement : pour tenter de faire prendre conscience aux personnes qui sont victimes des désinformateurs quels sont les mécaniques de pensée qui les trompent.

Le débunkage apporte de l’éclairage, de la nuance. La satire imite les mécanismes à l’œuvre dans les théories des complots ou ici dans les rumeurs. Je pense donc au contraire que cette « expérience sociale et satirique » est un parfait exemple de leçon en matière de vulgarisation et d’éducation aux médias.

D’ailleurs, la situation est si grave dans ce monde où la prime est si facilement faite aux fakes news et aux désinformateurs, que toutes les propositions pour en déconstruire les mécanismes nocifs à la société sont bonnes à prendre.

Encore une fois, Vincent Flibustier est identifié comme un humoriste dont la spécialité est précisément la fake news consciente d’entre être une. Façon Gorafi. Personne ne pourra ainsi le suspecter d’autre chose que d’un canular : tout y est, le ton, la caricature, voire les vidéos suivantes où il explique sa démarche. Donc le canular a une dernière vertu : elle donne la preuve que les propagateurs de fausses nouvelles (ce sont tous ici les désinformateurs qui se sont fait un nom avec la crise de la covid) se font volontairement passer pour des victimes pour attirer l’attention de leur public parce qu’ils ne vivent que de ça. Vous préférez quoi ? Que des désinformateurs puissent en toute tranquillité répandre leurs fakes news avec des conséquences parfois graves pour leurs suiveurs ou qu’un satiriste puisse vivre de ce pour quoi on le suit : faire le clown ?

Moi je pense que les clowns ont un rôle plus bénéfique à la société que les escrocs et les usurpateurs.


Ajouts :

La caricature, la satire, la parodie ou la simple moquerie sont des armes absolument nécessaires contre les dérives complotistes. Moins pour les complotistes d’aujourd’hui que pour ceux qui pourraient en être victimes demain.

Parce que la caricature, la satire ont une valeur éducative, culturelle et historique bien plus grande que tous les efforts possibles en matière de fact-checking et de débunbkage.

Journalistes et experts tendent à décrire le monde tel qu’il est… au présent. Les clowns tendent à décrire leurs contemporains tels qu’ils sont, souvent en appuyant là où ça fait mal. Or, quand on regarde le passé, on a surtout besoin de voir des pages de l’histoire traitée par l’œil décalé des satiristes et des clowns. Il n’y a rien au monde qui explique mieux le nazisme que Le Dictateur de Chaplin. Un monde où plus aucune moquerie ne serait possible ne peut être un monde sain et libre.

En revanche, le comique de répétition a ses limites. Il n’y a aucune raison, humoristique ou autre, de continuer à se moquer de Myriam Palomba. Surtout après l’humiliation d’hier. Le complotisme n’est pas l’affaire d’une seule personne. Tu as fait ton Dictateur, change de planche à dessin et trouve une autre cible tout aussi légitime.

Puis des “gens” commentent le montage et les allusions transsexuelles dont Myriam Palomba fait l’objet :

Joli déni de réalité. Certains diraient les pires bêtises pour se faire passer pour des chevaliers blancs. Les mêmes méthodes en somme que les conspirationnistes. L’important est d’être bien vu par ceux que l’on dit défendre, mais que l’on trompe.

Ces montages font directement référence à l’intérêt que porte Myriam Palomba pour les rumeurs de ce (trans)“genre”.

Attaquer la transphobie, c’est tout à fait légitime, encore faut-il bien avant de monter sur ses grands chevaux s’assurer qu’il ne s’agit pas d’autre chose.

En revanche, oui, la répétition des moqueries à l’encontre d’une même personne n’a rien de drôle et il serait bon de changer de disque. Parce qu’à la longue, oui, la moquerie se mue en harcèlement, et beaucoup ne font même plus le lien avec l’idée d’origine qui est de caricaturer des pratiques menant aux dérives complotistes. Le harcèlement et la transphobie, là oui, on les retrouvera chez ceux qui répètent comme des idiots les blagues d’un autre qu’ils ont mal compris.

Mais ici encore, ce n’est pas le problème de la caricature, mais des réseaux sociaux.

Et :

C’est amusant ça. L’arroseur n’en finit plus d’être arrosé.

De mémoire, elle a dit : « Il y a des juifs antisémites ». On appelle ça une insinuation. Ce n’est guère bien brillant comme méthode, mais l’insinuation, c’est précisément une des portes d’entrée du complotisme.

Ou encore du confusionnisme ou du mauvais journalisme.

Dans le même genre, il y a l’insinuation portée à travers une question qui n’a rien d’innocent. La préférée des raisonnements complotistes : « Je ne fais que poser une question ».

Phrase qui par ailleurs revient systématiquement dans la bouche de Myriam Palomba pour justifier toutes les fake news qu’elle propage à n’en pas douter depuis des années et surtout depuis qu’on l’entend sur la pandémie.

Un des exemples étant la couverture du magazine dont elle est responsable sur une femme connue en évoquant la rumeur qu’elle soit un ancien homme. Un titre avec un point d’interrogation.

Myriam Palomba n’est pas journaliste, elle insinue, elle « ne fait que poser des questions ». Autant de positionnements faussement naïfs qui participent aux rumeurs et aux fake news.


Puis :

Les fact-checkers défendent leur pré carré, n’apprécient pas le clown qui parodie les complotistes et posent la question de la légitimité des clowns à venir empiéter sur leur domaine :

Le journalisme pète-cul ne pourra jamais accepter que la culture, les clowns et la satire aient plus d’impact sur les consciences que leur travail de gratte-papier.

Dénigrer les clowns, surtout quand ils aident à faire tomber les masques, ça va jamais dans le bon sens.

Et peut-être aussi que les clowns, que la satire ou la caricature à la Charlie ou à la Guignols, ça leur arrive de dépasser les bornes, de heurter, mais c’est justement leur rôle : aider à définir les limites. Parce qu’il y a une énorme différence entre quelqu’un qui n’est pas dans la dérision ou la culture et qui dépasse les norme et un clown : l’objectif premier du clown, c’est de caricaturer le monde pour lui offrir une image déformée de lui-même. La limite dépassée est un miroir qui aide à prendre conscience de ces limites.

Une caricature est toujours dans l’excès, parfois elle n’est pas du tout légitime, parfois, pour certains, elle ne dévoile rien et sert d’exutoire et se perd à tomber dans ce qu’elle dénonce. Mais, sans les clowns, ce serait pire, parce qu’ils sont parfois plus efficaces que n’importe qui d’autre à dévoiler la nature du monde de leurs contemporains pour leurs contemporains et les suivants. Et c’est peut-être de ce pouvoir que les « personnes sérieuses » luttant avec d’autres armes contre les mêmes fléaux sont un peu jaloux.


La question des limites est bien posée notamment dans cet extrait qui a largement été critiqué :

https://twitter.com/Qofficiel/status/1639361441542336514

D’une manière générale, on peut supposer qu’une des limites possibles pour avoir toute légitimité à moquer une personnalité, c’est celle du rapport « haut vers le bas » ou « bas vers le haut ». Un peu comme pour la qualité d’une source, la question de savoir qui est à l’origine du commentaire (censé être humoristique, ici) peut faire la différence. On pourra alors plus légitime de moquer les personnes favorisées que les personnes discriminées ou en difficulté. C’est aussi le souci de chercher à développer un humour personnalisé : il est sans doute plus légitime de moquer les influenceurs dans leur ensemble que deux influenceuses en particulier.

Mais imaginons qu’ici, la cible ait été les influenceuses, force est de constater que l’humour se porte davantage sur leur physique ou leur sexe et sur leur légitimité à participer à des manifestations que sur les facilités de certains de ces influenceurs à se faire du fric sur une population captive des clichés qu’ils véhiculent, par exemple. La cible était peut-être la bonne, mais ce n’était probablement pas sur leur engagement politique (moqué probablement ici pour ne pas être de bonne foi) ou sur leur physique qu’il fallait les moquer.

Est-ce qu’il faut se garder en revanche de moquer de telles influenceuses ? Non. Mais il faut le faire sur leur travail et sur l’image de la femme qu’elles véhiculent. À défaut de quoi ce n’est ni drôle, ni bien finaud. Est-ce que c’est dramatique ? Non. Mais le mieux quand on rate une blague et qu’on manque sa cible, c’est de s’excuser.

Rien à voir avec les pitreries de Vincent Flibustier : il moque les dérives d’une émission et d’une chroniqueuse qui a largement plus d’audience que lui et il caricature précisément les outils employés par la chroniqueuse elle-même directrice de média ou par la complosphère.

Ainsi, par exemple, les détournements jugés transphobes des photomontages dont Palomba a été la cible et qui ont été partagé par les suiveurs de Flibustier, sont transphobes, oui, mais c’est parce qu’ils prennent directement référence à un événement ayant tourné dans la complosphère qui laisse entendre qu’une personne publique pouvait être un homme et non une femme. Quand on joue l’Avare, on dévoile son avarice, on la met en scène, on fait l’illustre à travers des propos et des comportements.

Pour un détournement, c’est pareil (toute œuvre est par ailleurs un détournement : les auteurs ne souscrivent jamais aux propos ou actions des personnages qu’ils décrivent) : pour moquer les excès transphobes, on est obligé de les exprimer, de les illustrer à travers des propos transphobes. Mais c’est justement leur caractère caricatural qui permet de faire la différence entre ce que pense le caricaturiste et le sujet moqué qui lui tient de tels propos au premier second… C’est toujours le degré ou la nature du détournement qu’il faut apprécier. Et ce n’est pas toujours clair. Ces caricatures ne visent donc pas la communauté trans, mais les complotistes ou les tabloïds qui lancent de telles rumeurs transphobes. Le détournement permet justement d’en démontrer l’absurdité et leur caractère injuste. (En revanche, la répétition est lourde. Là encore, cela peut dépendre de l’émetteur de la caricature : parfois, ce ne sont pas des détournements, mais des moqueries à prendre au premier degré.)

Le travail était-il une corvée ?

 

Les capitales   

Violences de la société   

 

Le travail, est-ce d’abord l’expérience de la subordination ?

Réponse au post Mediapart de trineor (Alexis Dayon)

Oui et non. Tu vois la société à travers ton prisme d’intellectuel communiste sans doute et oublies peut-être ton expérience de jeune adulte à trimer. Chez beaucoup de travailleurs pauvres, il y a une forme de “subordination” volontaire. Pour eux, c’est le prix à accepter pour des gens, des amis, de nouvelles têtes, c’est se sociabiliser. Pour eux, le travail n’est pas monolithique : ils arrivent à tout faire en même temps, répondre à des objectifs émanant de la “hiérarchie”, mais échanger aussi avec les autres.

Pour ceux-là comme pour les autres, je ne suis pas sûr que s’apitoyer sur leurs conditions de travail change leur manière de voir les choses. Pire, considérer qu’il y aurait différentes formes de travail, le travail des nantis et celui des parias ne ferait que confirmer leur impression qu’une partie de la société les stigmatise et ne les respecte pas. Paradoxalement. Et au contraire, au lieu de définir leur travail comme une « corvée », je pense qu’aucune personne exerçant ces travaux difficiles acceptent que leur job soit ainsi qualifié négativement.

Non, leur travail a autant de valeur que celui des autres, que celui d’un ministre. En revanche, il faut prendre soin à ce que la société valorise leur travail. Et cela ne se fait pas avec de la communication gouvernementale qui d’un côté vante les valeurs du travail en usine, mais qui d’un autre laisse entendre qu’il serait inégalitaire de laisser perdurer des régimes spéciaux, des avantages (sic). Faire passer les plus pauvres pour des nantis, ça participe à ce mépris de classe, à rogner la confiance dont je parlais plus haut. Un comble. La classe qui a déjà fait payer la crise du début du siècle dont ils étaient responsables à la communauté tout entière et qui voudrait encore rogner des marges sur le dos des plus pauvres.

Les pauvres ont besoin qu’on les respecte pour le travail qu’ils font et qu’ils soient payés justement et reconnus pour cela. Ils n’ont pas besoin que l’on verse une petite larme parce qu’ils « triment dur ». Travail contre considération, justice. C’est aussi simple que ça.

Il paraît que les pyramides n’ont pas été du tout construites par des esclaves, mais par des citoyens de la cité pour qui participer à de tels projets était comme un rite et un travail saisonnier entre deux récoltes. S’ils érigeaient de tels édifices sans y être forcés, c’est donc sans doute qu’ils avaient un avantage social et personnel à le faire. Peut-être estimaient-ils gagner ainsi leur place dans l’autre monde, peut-être ces travaux étaient-ils l’occasion de grandes rencontres et de fêtes (on pense aujourd’hui que ces fêtes, plus anciennes encore, c’est ce qui a poussé les premiers humains à créer les premières cités), peut-être y gagnait-on un statut, y était-on justement contribués en nature lors de festins à la charge du souverain, etc. Quoi qu’il en soit, c’était peut-être une forme d’esclavage volontaire, mais… c’était volontaire. Le problème n’est pas d’appeler ces travaux des corvées, de l’esclavagisme, de la subordination, mais que les individus privilégiés qui en sont les instigateurs parviennent à maintenir en quelque sorte une forme de paix sociale.

Et cela ne peut se faire que si la part que l’on réserve à ceux qui “triment” est justement établie. Le problème n’est donc pas de nommer les choses, mais que la société, quand il y a des crises, fasse le choix d’abord de préserver ce qui est “réservé” à ceux qui triment.

Par le passé, on a imaginé que certaines sociétés s’effondraient parce que les élites cherchaient à préserver leur part à eux plutôt que celles des gens de la base. La tentation de la droite a pourtant toujours été de faire payer d’abord à ceux qui tiennent la pyramide.

La société se moque-t-elle des victimes des pseudo-sciences ?

 

Les capitales   

Science, technologie, espace, climat    

 

Réponse à ce tweet :

https://twitter.com/AntoninAtger/status/1627029015360946176

Ça m’a tout l’air d’être un faux dilemme. Pourquoi devrions-nous choisir entre ces deux propositions ? Personne ne se moque, c’est consternant. Consternant surtout pour la société qui favorise ces pratiques.

Quand quelque chose dysfonctionne dans une société, on aurait tout à gagner, non pas à pointer du doigt les victimes ou les profiteurs, mais ceux que l’on charge collectivement de nous représenter et d’émettre des lois et des règles en notre nom.

Mieux, ce sont aux sociétés savantes de faire leur part de travail afin que les pouvoirs publics agissent dans le sens de la collectivité.

D’ailleurs, je suis désolé de vous dire que dans mon entourage, si j’ai connu des personnes usant de charlatanerie, je ne me suis jamais moqué, ai exprimé mes doutes, mais aucunement je n’ai pu comprendre.

Pardon, mais quand une personne se fait arnaquer par un professionnel, quel qu’il soit, fait-on reposer sur la victime le poids d’une faute supplémentaire ? Il n’y a ni à comprendre ni à moquer les victimes d’arnaques.

Donc moi je vous propose deux options supplémentaires non excluantes : Les sociétés savantes doivent sanctionner tous les praticiens et chercheurs se réclamant de la pseudo-science. Le législateur doit mieux contrôler ces pratiques afin que cessent de prospérer ces techniques.

Or, en la matière, ça n’arrivera jamais. Parce qu’en matière de santé, on estime que la charlatanerie ne doit pas être remise en question. Il faut rester confraternelles entre personnes de même caste.

On remarque d’ailleurs ce même désintérêt des personnes « bien informées » face à celles qui ne le sont pas quand il est question de la promotion ou de l’adoption des bonnes pratiques d’hygiène de vie. Les pauvres et la malbouffe, avec la cigarette, etc.

Les riches, les « personnes bien informées », se portent bien. Donc si les pauvres sont ignorants ou trop bêtes pour suivre les bonnes pratiques, de la même manière que mémé victime d’une arnaque téléphonique : c’est de leur faute !

Il y a deux options de société possibles. On cherche le bien commun. Chacun se débrouille comme il peut. Je vous laisse décider quelle option est la plus pertinente.