Richard Lester
Classement
8/10
- Quatre Garçons dans le vent (1964)
7/10
6/10
- Le Knack… et comment l’avoir (1965)
5/10
- La Rose et la Flèche (1976)
- On l’appelait Milady (1975)
- The Running Jumping & Standing Still Film (1959)
4/10
3/10
- L’Ultime Garçonnière (1969)
Simples notes :
L’Ultime Garçonnière (1969)
Dans la veine des films de vide-greniers des années 60-70. Le chemin est encore long pour arriver au génie loufoque des Monty Python (la critique prétend qu’on y voit là les prémices). Les pitreries burlesques et grossières ne passent jamais. Un peu à cause des acteurs, beaucoup parce qu’il n’y a rien de drôle. La seule chose qui m’a fait sourire est verbal, pas burlesque ou absurde : « C’est la voix de Dieu, j’ai reconnu sa voix. » Tout le reste est lourd. Et je le dis souvent, j’ai du mal avec le cinéma de vide-greniers. Il y a En attendant Godot en haut de la liste (et encore, c’est plus minimaliste qu’un vide-greniers parce qu’on se limite à quelques ustensiles), Dodeskaden, Miracle à Milan peut-être, Fando et Lis (mais version théâtre, la version de Jodo a ses limites, celles de son réalisateur, qui est plus intéressé par le vide-greniers que par Arrabal), et puis le reste, tout ce qui ressemble à Les Oiseaux, les orphelins et les fous où la scénographie, les accessoires, l’errance sans but trouve vite ses limites (dans ce film de Richard Lester, il n’y a aucun scénario, ce sont des rencontres, mais on ne va nulle part, là encore, c’est les limites de faire une histoire avec des personnages qui ne suivent aucune logique : chez Beckett, la quête est absurde, mais elle existe, chez les Monty Python, versant slapstick et absurde du vide-greniers, on vise aussi le pastiche, donc la quête existe, mais avec des fous rescapés de l’apocalypse, j’avoue ne pas suivre).
La différence avec l’humour des Monty Python, c’est bien le degré. Chaque acteur des Monty Python a en permanence l’œil qui frise, une forme d’insolence au second degré qui force la connivence avec le spectateur. Chez Lester, au contraire, tout est au premier degré. Et pour cause, les acteurs ne sont pas des acteurs de comédie et Lester fait le pari que le spectateur sera amusé par la seule cocasserie suscitée par le décalage des images et par les situations proposées. Pour qu’il y ait humour, il faut connivence. Lester est Américain, son humour est plus burlesque et tarte à la crème (on y manque pas d’ailleurs ici) : si prises séparément certaines propositions comiques jouent avec le flegme britannique présenté en toutes circonstances, sans lien logique et ainsi multipliées sans but, ça tourne en rond et à vide (un peu comme chez un Jodo d’ailleurs ou un mauvais Caro et Jeunet). Plus qu’un précurseur des Monty Python, ce sera surtout plus celui d’un Bennie Hill. Dans Le Knack… et comment l’avoir, le contexte citadin et les relations entre les personnages pouvaient encore séduire : on reste dans l’humour potache 1901 employé avec les Beatles. Mais dans un univers post-apocalyptique où chacun est fou et ne suit donc aucune logique dans son comportement, tout devient forcé. Et puisque plus rien n’a de sens, on frise à l’absurde, et on se heurte alors au seuil que j’ai évoqué dans Le Daim qui touche à peu près tous les films absurdes au cinéma. Dans ce genre particulier post-apocalyptique, la meilleure réussite est sans doute à trouver du côté du cinéma soviétique : Kin-Dza-Dza doit là encore son succès principalement à ses acteurs, bien plus capables que l’univers dans lequel ils sont projetés de jouer de créer une forme d’insolence et de connivence avec le spectateur, et à sa capacité à suivre une quête logique (même si c’est discutable, j’en n’ai pas un si précis souvenir que ça, mais dans mon souvenir, le film évite l’écueil du récit absurde en donnant un sens à la présence des personnages).
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