Juillet – Décembre 2023
décembre 2023
Mon mari le patron, Gregory La Cava (1935)
Chaussure à son pied, David Lean (1954)
commentaire :
Heureux mortels, David Lean (1944)
commentaire :
Mr. Long, Sabu (2017)
commentaire :
L’esprit s’amuse, David Lean (1945)
Assez inoffensif. On comprend mieux pourquoi Noël Coward semble jouir d’une grande popularité en Angleterre alors qu’il est pratiquement inconnu de l’autre côté de la Manche. L’esprit est là, certes, manque le génie de ses plus grands compères. Alors peut-être manque-t-on comme chez Audiard ou Guitry un niveau de langue bien particulier, sinon on trouvera dans Ma femme est une sorcière un humour bien plus poilant avec un sujet abordant les mêmes sujets fantaisistes. Je trouverais même presque Coward meilleur acteur qu’il n’est dramaturge. Il ne se débrouillait pas trop mal dans Ceux qui servent en mer. Rex Harrison ici est parfait, mais le film, s’il vaut le détour, vaut uniquement pour la performance corporelle et loufoque de Margaret Rutherford en voyante excentrique.
Ceux qui servent en mer, Noël Coward & David Lean (1942)
Propagande de merde. Tous les bons films de guerre sont des films d’anti-guerre. Le désastre de l’esprit de supériorité occidental. « Notre propagande est légitime parce que nous sommes les gentils. » OK, mais il n’y a pas que des héros en temps de guerre, et le cinéma doit dire la vérité, pas des contes de fées. Qu’un film de propagande soit nazi, soviétique, japonais, américain ou ici britannique, on arrive très rarement à s’éloigner des impératifs positivistes implicites ou imposés par un contexte politique et national.
Maestro, Bradley Cooper (2023)
commentaire :
Koko, le gorille qui parle, Barbet Schroeder (1978)
commentaire :
Commentaire suite à cette conférence sur l’orthographe :
C’est amusant, avec la réforme du français, ça me fait un peu l’impression du passage sur une autre plateforme que Twitter. Tout le monde sait que Twitter est problématique, des plateformes tentent de proposer des alternatives, mais on est attachés à un machin inefficient et toxique.
Parce qu’il faudrait que tous adoptent en même temps la même réforme. On écouterait alors les linguistiques et non les politiques, les académiciens ou les intellectuels, qu’on traînerait des pieds à adopter une réforme forcément imparfaite.
Pourtant, le besoin de simplification semble bien réel. Une fois qu’on prend le temps d’écouter les experts. Notamment à cause des répercussions sociales et du temps perdu à essayer de maîtriser un outil conçu par des spécialistes qui n’avaient pas intérêt à en simplifier l’usage.
Pour changer de l’exemple de la grammaire, des terminaisons ou des doubles consonnes, il y a celui des titres d’œuvre qui colle parfaitement au reste. En italien (voire en espagnol), on place une capitale à la première lettre de l’œuvre et le reste en minuscule : La dolce vita.
En français, il y a une somme de règles édictées par les typographes (et/ou les éditeurs) qui compliquent l’usage dont la maîtrise est à peu près restreinte aux spécialistes. Des règles, là encore, à base de grammaire. Que vient foutre la grammaire en typographie ?
On peut donc se retrouver avec des trucs idiots ou bizarres comme Le Plus Sauvage d’entre tous ou des casse-tête comme dans Les Belles Endormies. Je le vois sur le site de la Cinémathèque = fautes typo à gogo, tandis que leur programme passe entre les mains d’un correcteur.
Perso, j’y ai pris goût. J’ai assez souffert d’une dyslexie cachée pendant toute ma scolarité, incapable d’écrire deux mots à la suite sans faire de fautes. Je n’ai rien appris à l’école, surtout pas l’orthographe, parce que le gros des remarques concernaient mon orthographe.
La difficulté artificielle et inutile de l’écrit, c’est une machine à échec. J’avais définitivement décidé de ne plus rien foutre en voyant que j’avais les plus mauvaises notes à l’écrit et les meilleures lors des exposés. En quoi le travail produit était-il différent ?
Contrairement à la crainte exprimée (tout à fait légitime) à la fin de la conférence, ce sont les outils numériques qui m’ont permis de prendre goût à l’orthographe. Mais j’y ai pris goût uniquement parce que j’avais toujours été passionné d’écriture et parce que les outils numériques me donnaient pour la première fois l’occasion de ne pas être stigmatisé par mes erreurs. En dix ans, j’ai donc pu apprendre, littéralement, à écrire, masquer mon handicap, et cela, à mon rythme, grâce aux correcteurs et aux recherches en ligne.
À une tout autre époque, je serais resté à une faute par mot et j’aurais pensé puisque c’était ce qu’on m’avait toujours dit que l’écriture (et donc la lecture, la connaissance) ce n’était pas pour moi. Mais tout le monde n’a pas le temps ou la possibilité de mes nouveaux usages.
C’est bien pourquoi il semble indispensable de se rapprocher des autres orthographes latines (avant que le monde bascule définitivement un jour vers le hangeul ^^). Une réforme bien radicale, une bonne fois pour toutes.
Or, à l’image des plateformes comme Twitter, même sabotée par son propriétaire, personne n’arrive à s’accorder sur une alternative commune. L’usage, ce n’est pas monsieur tout le monde qui le fait. Il y a les élites de surface, comme les académiciens ou les linguistes qui ne peuvent donner que des directions à donner, et puis il y a toutes les élites de profondeur, tous ces influenceurs capables quand ils donnent ensemble un même élan de porter tous les autres dans leurs sillages. Et le problème, c’est bien que ceux-là ne semblent pas disposés à mener une réforme. Peut-être justement parce qu’ils font partie d’une élite, et que l’orthographe est un bon marqueur social de cette élite. L’orthographe serait à l’image de la gastronomie française ou de tout ce qui est chic pour être français, donc compliqué et pas donné à tout le monde.
Un comble dans le pays de la révolution française et à l’heure où au contraire certains voudraient voir disparaître tout marqueur social ou identitaire. Imposer l’uniforme à l’école, voilà qui sonne un peu finalement comme l’orthographe française : le même pour tous.
Ou presque. On distinguera ceux qui peuvent se payer vingt uniformes à l’année de ceux ayant récupéré l’uniforme rapiécé du voisin. On réprimandera alors à loisir chaque peluche sur les uniformes comme on réprimande les fautes d’orthographe dans une rédaction. Hein, Jul Ferri.
Jeux de mains, Mitchell Leisen (1935)
Au-delà du fait que le film est rarement drôle, on peut noter un léger problème d’identification aux personnages qui a des conséquences fâcheuses : on se moque totalement de leurs affaires sentimentales croisées. Je serais d’ailleurs incapable d’identifier le problème. Peut-être qu’on peut difficilement approuver des personnages aussi vénaux (c’est pourtant un recours récurrent — les petits vices — pour attirer la sympathie du spectateur), peut-être manquent-ils de fantaisie et de génie dans cette fantaisie. Parce qu’on est parfaitement dans l’air du temps, screwball typique, les acteurs sont parfaits, mais ça me laisse totalement froid, comme s’il manquait un cinglé à l’écriture capable d’apporter de la réelle folie et du burlesque là où on sent pourtant qu’il devrait en avoir (le hoquet, la colocation, l’entrepreneur d’ananas, etc.), mais qui fait pschitt la plupart du temps (une seule situation fait assez mouche, mais elle s’éternise un peu et elle est paradoxalement le symbole de la vénalité un peu trop marquée des personnages : la scène des ongles « poignardés »). Tout ça est au fond à l’image du chat de la maison : mollasson et sans génie (ce n’est pas pour rien que le genre adopte en général des animaux plus « sanguin », plus expressifs, et parfois même, des félins quelque peu plus volumineux).
X-Files
Réponse à un épisode du Podcast C’est plus que de la SF dédié à un épisode de X-Files :
Les Lumières du faubourg, Aki Kaurismäki (2006)
commentaire :
Calamari Union, Aki Kaurismäki (1985)
commentaire :
novembre 2023
Le Goût du riz au thé vert, Yasujirô Ozu (1952)
À croiser avec Le Repas, de Naruse. Est-ce que Ozu aurait cherché à offrir sa version (forcément très identique, mais on sait le goût d’Ozu pour la reproduction, la variation) des petites tensions du mariage pour finir par un retour bien tranquille à l’ordre ? Y poser sa patte, c’est notamment y inclure pas mal d’humour à la sauce Ozu, immédiatement toujours suivi de notes plus dramatiques. Il faut voir la séquence où la femme demande à son mari de gronder bien fort sa nièce. On aurait tout aussi bien pu imaginer Chishū Ryū dans cette scène de remontrances pleines d’excès et de vocalises.
Les Chagrins de Satan, D.W. Griffith (1926)
commentaire :
Girl Model, David Redmon et Ashley Sabin (2011)
commentaire :
Bad Axe, David Siev (2022)
commentaire :
Black Barbie: A Documentary, Lagueria Davis (2023)
commentaire :
L’amore, Robert Rossellini (1948)
commentaire :
La passion de Dodin Bouffant, Tran Anh Hung (2023)
Regarder les autres cuisiner ou manger, c’est comme regarder les autres travailler, c’est presque une passion personnelle. Peu de dialogues, des acteurs pas forcément tous au top, une caméra peut-être légèrement trop mouvante, mais l’essentiel, c’est bien la cuisine. Une sorte de Grande Bouffe gastronomique à l’honneur de la cuisine française. Ou un Amélie Poulain aux fourneaux. Magimel se depardieuifie avec l’âge, ici ou là, on ne peut pas l’empêcher de jouer les caïds, mais il assure l’essentiel aux côtés d’une Binoche qui reste, elle aussi, dans les clous (de girofle) en limitant les excès (dont on la sait capable). Les autres hommes de la distribution sont épouvantables, à l’exception de l’acteur jouant le père de Pauline (Yannik Landrein, apparemment). Les actrices de second plan rehaussent le niveau, en particulier l’apprentie, Pauline (Bonnie Chagneau-Ravoire) : elle a peu de choses à dire, mais une jolie présence (avec un bon maintien pour aller contre la rondeur molle de Benoît Magimel, même si la logique des emplois et de la classe à laquelle appartient chacun des personnages aurait voulu plutôt le contraire).
octobre 2023
Jours glacés, Kovács András (1966)
Enchevêtrement brillant d’actions individuelles et de responsabilités tissant des événements tragiques et criminels en pleine Seconde Guerre mondiale. Peut-être trop brillant pour moi. C’est alambiqué et dense comme du Asghar Farhadi, mais je m’y suis un perdu dans les détails. Reste l’interprétation remarquable des acteurs avec cette qualité propre aux écoles de l’Est et du centre de l’Europe à exprimer visuellement à travers leur corps des sentiments tout un jouant suffisamment intériorisé pour ne pas être dans un jeu fabriqué. L’alliance de la sincérité (ou de la psychologie) et de la nécessité que le travail psychologique transparaisse à l’écran. Tout le travail d’écriture et de mise en scène à la Rashômon visant à intégrer des flashbacks pour chacun des protagonistes réunis dans une cellule avant leur jugement vaut le coup d’œil.
Anselm, le bruit du temps, Wim Wenders (2023)
commentaire :
Ahsoka, série (2023)
commentaire :
Sadie Thompson / Faiblesse humaine , Raoul Walsh (1928)
Gloria Swanson plus belle que jamais. Raoul Walsh (pour une fois à la fois devant et derrière la caméra) lui donne la réplique de manière assez convaincante. Comme il se doit, l’acteur-réalisateur s’acquitte sans trop de difficultés à son devoir qui est de mettre au mieux en valeur la vedette qui produit le film.
Le hic, c’est que le sujet a un poil vieilli. Quoique… Le côté « tous les hommes sont des porcs » reste intemporel. En revanche, pour ce qui est, du religieux faisant pression sur un politique local pour faire virer de l’île sans preuve une femme de mauvaise vie, non pas que ce soit parfaitement farfelu encore aujourd’hui (les petits coups de pressions qui vont bien dans l’Amérique puritaine de Trump), mais les conséquences mélodramatiques passent difficilement pour un spectateur actuel. D’abord, Sadie Thomson demande que l’intégriste chrétien lui montre la voie de la rédemption (sans que l’on sache vraiment si c’est tout à fait sincère), puis l’intégriste en question, à force de fréquenter la dame qui se comporte désormais comme une bonne petite femme soumise finit par avoir des érections et vient la violer dans sa chambre. Pris de remords, le couillon se suicide (il aura au moins par son geste évité, comme cela peut se passer par ailleurs, de mettre son viol sur le coup de la tentation diabolique en accusant sa victime). Au réveil, Sadie redevient Sadie.
Walsh aurait peut-être mis quelques nuances dans ce finale grotesque, mais on ne le saura jamais, les bobines du dénouement étant perdues ou méchamment altérées par le temps. Ce qu’on peut en voir n’est en tout cas pas bien folichon.
L’opposition frontale entre femmes légères et religieux, il faut avouer que ça ne fait plus un sujet des plus intéressants. Certes, il y a un siècle, révéler la nature hypocrite des bigots en tout genre, cela avait peut-être son côté progressiste, mais le faire à travers un mélo paraît de nos jours bien trop poussiéreux.
Hors du gouffre, Raoul Walsh (1931)
commentaire :
septembre 2023
Empreintes digitales, Raoul Walsh (1936)
commentaire :
Beyond the Valley of the Dolls, Russ Meyer (1970)
commentaire :
Extrapolations, Scott Z. Burns (série, 2023)
commentaire :
Le Songe de la lumière, Victor Erice (1992)
Cinéma de l’obstination. Faux documentaire. Entre Flaherty, Akerman et Le Mystère Picasso. Une réserve toutefois : si toutes les séquences avec les ouvriers polonais apportent une forme de contrepoint utile, les rencontres explicatives et amicales me semblent paradoxalement hors sujet. L’intérêt du regard que l’on porte au dispositif du peintre, il naît beaucoup de la distance avec laquelle on nous le montre. Le montage, l’obstination, pas à pas, à nous révéler le pourquoi du comment, cela aurait suffi. Pas besoin d’avoir la visite de madame l’ambassadrice de Chine (aucune idée de qui est cette dame, mais son joli sourire, c’est un peu la face B d’une chanson plus belle encore) ou d’un comparse-peintre pour venir nous mâcher la moitié du travail.
Last Night in Soho, Edgar Wright (2021)
commentaire :
août 2023
Avatar 2, la chasse d’eau, James Cameron (2022)
commentaire :
Le Mûrier, Lee Doo-yong (1985)
commentaire :
The Mandalorian Saison 2 et 3
Assez refroidi par les trois premiers épisodes de la première saison et par la série épouvantable sur Obi-Wan, je m’étais contenté de Andor. Mais souhaitant jeter un coup d’œil à Ahsoka, et comprenant que des éléments importants venaient du Mandalorian, j’ai repris la série exactement là où il fallait la reprendre et… en avance rapide. J’avais lâché l’affaire parce que je n’aimais pas le côté trop axé sur le principe du « un épisode, une mission », pas du tout attiré par la forte influence western, encore moins par les chasseurs de prime, mais surtout à cause de la direction d’acteurs et la lenteur de la mise en scène. Ces derniers détails sont sans doute gommés en regardant la série en avance rapide… Je reprends la série au moment : au dernier épisode de la première saison, et ça commence par une scène excellente entre deux stormtroopers, séquence hors du temps avec un humour qu’on ne retrouvera pas par la suite vis-à-vis de deux rôles secondaires (souvent ratés dans les mauvaises séries).
Surtout, beaucoup d’éléments qui feront la réussite des saisons à venir font leur apparition. Le Mandalorian gagne son jetpack, alors que jusque-là la série était statique, cet élément de propulsion aidera grandement à prendre de la hauteur. L’armurière (on passe sur les nombreuses coïncidences ou rencontres heureuses ou malheureuses qui parsèmera la série tout au long des saisons) fixe enfin un cap clair et une mission au Mandalorian qui ne lui prendra pas qu’un épisode : rendre l’enfant aux siens et en faire jusque-là son tuteur. Ce que n’avaient probablement pas réussi à faire les trois premiers épisodes qui m’avaient gonflé, c’était peut-être que cet aspect, le lien entre le père de substitution et l’enfant marchait mal. Faute de temps peut-être, en tout cas, ce sera là encore une des grandes réussites des deux saisons suivantes. C’est tout de même dommage d’attendre le dernier épisode pour fixer le contour d’une véritable quête au héros… Et pas de quête sans opposant. Werner Herzog est bien gentil, mais on se demande ce qu’il fait dans cette distribution, et le seigneur impérial Moff Gideon est parfait.
La seconde et troisième saison seront plus réussies encore en se débarrassant pour de bon du personnage antipathique de femme chasseuse de prime (virée pour ses déclarations sur les réseaux sociaux apparemment…). Le Mandalorian gagne énormément au change en croisant ses comparses aux mœurs différentes (le personnage de Bo-Katan, parfaitement interprété, en particulier) et en retrouvant l’armurière (et sa voix, ou son accent, si particulier). Le croisement ensuite avec la série plus ou moins ratée de Boba Fett apporte pas mal d’éléments intéressants à l’intrigue de ce grand bric-à-brac dramatique dans lequel on ne comprend plus rien si on rate une série. L’apparition de Luke, notamment, est intéressante. Je doute qu’il y ait une suite à Boba Fett, mais j’espère qu’ils trouveront moyen d’intégrer le personnage de Fennec au Mandalorian ou à Ahsoka parce que son personnage (bien porté par une bonne actrice) renforcerait là encore tout le répertoire féminin déjà bien pourvu après l’éviction bénéfique de la chasseuse de prime. On voyage beaucoup dans ces deuxième et troisième saison, c’est là encore la diversité et la richesse des décors proposés sont sans commune mesure avec les décors pauvres, façon western des trois premiers épisodes (c’est hélas le même défaut de la série Boba Fett, dont le seul intérêt est sans doute l’attachement aux personnages des hommes des sables).
Quatre Minutes, Chris Kraus (2006)
commentaire :
Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, Arthur Harari (2021)
commentaire :
La Fille de tes rêves, Fernando Trueba (1998)
commentaire :
Triptyque, Ali Khamraev (1980)
commentaire :
Demain je vais me réveiller et m’ébouillanter avec du thé, Jindrich Polák (1977)
Étrange sac de nœuds comico-temporel. Il faut noter les efforts d’écriture, proches de ceux d’un fil complexe de roman noir, mais on regarde se nouer et se dénouer, plutôt impassible, ce complexe enchevêtrement de doubles jumeaux en prise avec des comploteurs nazis rêvant de pouvoir donner les clés au führer pour gagner sa guerre en retournant dans le passé… Une fois l’échiquier mis en place, que l’on comprend plus ou moins les éléments qui serviront de pions dans le jeu temporel et complotiste (qu’il faut donc forcément déjouer à travers un héros unique — propagande bourgeoise, ça), tous les effets tombent à l’eau. L’humour donne en plus une certaine saveur désuète proche de La Panthère rose (le burlesque en moins) qui aurait du mal à me convaincre. Photo et design, tout est laid. Une curiosité donc.
Mystery Train, Jim Jarmusch (1989)
Il y a donc eu, dans le cinéma indépendant américain, des histoires de destins croisés (sur une journée) écrites avant Tarantino. Signe une nouvelle fois que le bonhomme a pas mal pompé dès ces débuts (mais avec talent) dans tout ce qui lui tombait sous la main. On reconnaîtrait l’écriture de Jarmusch entre mille : posée, verbale mais très succincte, pleine de références (quand on les possède), à la fois ouverte sur le monde et très ancrée dans une Amérique profonde, pleine d’humour pince-sans-rire (qui annonce là encore, déjà, Tarantino, avant qu’il glisse vers plus d’expansivité). Pas très fan, cela dit. J’ai un problème avec la vision de l’Amérique pauvre des coins perdus. Elle fout le cafard. J’ai aussi une grande préférence (ceci expliquant cela) pour la partie concernant les deux Japonais (Yûki Kudô était apparue dans Typhon Club et l’acteur jouera dans La Servante et le Samouraï).
Je n’oublie pas cette nuit, Kôzaburô Yoshimura (1962)
commentaire :
Mille Soleils, Mati Diop (2013)
Présenté comme un documentaire, on serait plus du côté des documentaires à la Flaherty dans lesquels la fiction prend une bonne part. Chacun joue son propre rôle, mais tout est écrit à l’avance et s’articule comme dans un film de fiction. Difficile à définir, du reste, les parts totalement fictives et documentaires.
Le film est court et maîtrisé en jouant notamment parfaitement sur les ellipses. Le montage, c’est choisir de quoi livrer au spectateur, et Mati Diop sait en montrer juste assez pour éveiller notre imagination et surtout pour passer à autre chose afin d’éviter d’offrir des réponses attendues ou toutes faites. C’est en ça que le film adopte sans doute plus les ficelles de la fiction que du documentaire.
Joli thème, surtout, sur une forme de nostalgie pleine de remords et d’interrogations qui serait comme une plaie qu’il serait impossible à refermer. La renommée lointaine suivie de ce que certains pourraient voir comme une traversée du désert, et puis le déchirement d’un amour perdu. On y retrouve souvent dans ce cinéma du vieux continent (le vrai) des envies d’ailleurs qui rappellent les rêves des premiers voyageurs européens qui ont parcouru le monde pour y retrouver leur eldorado. La fin est à la fois tragique et triste. Ou comment un passé peut parfois sembler nous poursuivre et comment on imagine ceux qui en sont peuplés vivre dans un monde parallèle quand eux ne se soucient plus de nous et mènent en réalité une vie bien plus prosaïque. Mati Diop y retrouve presque symboliquement Flaherty d’ailleurs…
juillet 2023
L’Art d’être aimé, Wojciech Has (1963)
commentaire :
L’Enfer de la drogue / Overdose, Eloy De La Iglesia (1983)
commentaire :
Le Sel de la terre, Herbert J. Biberman (1954)
commentaire :
Les Noces, Andrzej Wajda (1973)
Film complètement foutraque qui fait le récit sur une dizaine d’heures de mariage. Des ivrognes en sueur, des phrases gueulées ici ou là. Ça braille, ça danse, ça picole, ça s’embrouille, et au matin, on est réveillés par les serpes…
Le problème avec les gens qui parlent trop fort, c’est qu’on n’a pas envie de comprendre de quoi ils parlent.
On peut noter l’excellent travail de reconstitution, la bonne mise en place de Wajda qui parvient à placer tout ce petit monde devant sa caméra, mais on se demande où tout cela nous mène. La lumière en soirée est froide comme dans un film de Sacha Vierny, et il faut attendre l’aube et ses brouillards givrants pour que ce type de lumière donne en plein jour quelque chose de réellement remuant.
On se contentera de ces quelques jolies images sur les dernières minutes, tout le reste donne la migraine, et l’on est content une fois que tout le monde se tait.
Voici les femmes du printemps qui pleure, Hiroshi Shimizu (1933)
Shimizu plus social qu’à l’ordinaire, mais une appétence déjà pour les groupes constitués loin de leur base. Avec une rencontre assez atypique entre deux groupes sociaux populaires amenés rarement à se croiser : les hôtesses de bar et les mineurs. Un petit côté western, du coup (Annie du Klondike). La mise en scène est précise, lente et minimaliste. Il n’y a rien qui dépasse, c’est du papier à musique. On sent assez poindre l’humour caractéristique du cinéaste surtout dans la première partie du film ; ensuite, il laisse plus place à l’émotion. Les dix premières minutes sur le bateau donnent le ton : écriture, exécution, caractérisation des personnages… Formidable.
La Mort d’un bureaucrate, Tomás Gutiérrez Alea (1966)
Formidable petite satire burlesque sur le cauchemar administratif d’un neveu ayant eu le tort de faire enterrer son oncle avec des documents forcément vitaux pour poursuivre une vie normale. On est encore déjà un peu dans du Buster Keaton et pas encore dans du Tati avec une réussite supplémentaire : le jeu sincère et juste malgré les quelques accents burlesques qui donne une texture particulière à l’humour absurde du film. On ne tombe ainsi jamais totalement dans l’humour foutraque, et l’on sent beaucoup mieux peser sur les personnages le poids kafkaïen de la bureaucratie. Étonnement acide pour un film tourné sous le régime castriste.
Nuits et Jours, Jerzy Antczak (1975)
Mélange de grands effets grandiloquents avec montage-séquence, musique pompière et séquences de dialogues au coin du feu. Difficile de s’intéresser au récit d’une histoire si platement ordinaire : le mariage avec un homme travailleur ; les regrets d’un amour de jeunesse jamais consommé (et pour le moins exclusif et donc futile) ; l’installation à la campagne pour y développer une terre réputée difficile ; l’arrivée des enfants ; les difficultés, les liens qui se tissent sur le tard entre les deux époux ; la mort du mari ; et cela, jusqu’à l’abandon du lopin de terre pour rejoindre la ville et jusqu’à la Première Guerre mondiale. Quatre heures de supplice qui auraient pu être moins pénibles si les acteurs n’étaient pas continuellement encouragés à jouer dans l’excès ou à s’éparpiller dans des gestes ou des expressions interdisant toute tension ou suspension du temps pour un peu de poésie et d’incertitude. Les dialogues ne devraient jamais autant diriger une scène. C’est une facilité qu’il faudrait laisser aux téléfilms, pas aux films qui ont vocation à être « grands » au point déjà de frôler la boursoufflure. De l’art, encore et encore, du ton et de la proportion juste.
De nos jours, Hong Sang-soo (2023)
Jeu de forme pour un fond incertain. Minimum syndical pour Sangsoo. Montage parallèle entre deux groupes d’âge différents où des tentatives de transmission tendent à se faire, mais capotent : un poète visité par une étudiante en cinéma qui fait un documentaire sur lui et par un acteur venu chercher conseil ; puis une ancienne actrice hébergée par une cousine et son chat gourmand, vite réunies par une aspirante actrice. Les conseils aux apprentis n’en seront jamais (on peut suspecter que le réalisateur goûte assez peu sa renommée et l’arrivage de jeunes cons flagorneurs – il vieillit, il n’a guère plus grand intérêt à en profiter pour tirer avantage des gamines), alors le cinéaste s’amuse comme à son habitude à jouer avec le jeu des sept erreurs et à étaler sa frustration de boomer à qui l’on interdit les petits vices nocifs pour sa santé (alcool et cigarettes). Hong Sang-soo s’emmerde, et nous avec lui.
Cannibal Tours, Dennis O’Rourke (1988)
commentaire :
Divertimento, Keyvan Sheikhalishahi (2020)
commentaire :
Le 17e Parallèle : La Guerre du peuple, Joris Ivens & Marceline Loridan (1968)
commentaire :
Général Idi Amin Dada: Autoportrait, Barbet Schroeder (1974)
1H30 non stop de baratin caméra collée aux couilles d’un dictateur décérébré. Plus de mise à distance aurait été appréciable. Deux phrases de mise en contexte, deux autres pour prendre ses distances ou pour se foutre de sa gueule, tout le reste est répétitif et creux parce qu’en dehors de cet « autoportrait », le film ne propose rien.
































