L’Amazone aux yeux verts, Edwin L. Marin (1944)

L’Amazone aux yeux verts

Western noir

Tall in the Saddle Tall in the Saddle Année : 1944

Réalisation :

Edwin L. Marin

7/10  IMDb

Liste :

Les 365 westerns à voir avant de tomber de sa selle

1944, John Ford n’a pas encore repris la main sur le western pour y refourguer une dose de classicisme qui le fera mourir quelques décennies plus tard. Alors en attendant Ford, John Wayne fait déjà du John Wayne (c’est vraiment un type sympa ce John) et aiguise ses éperons dans un western qui a tout du noir. C’est l’époque qui veut ça.

L’intrigue est incompréhensible (assez complexe pour être à la fois crédible et moteur de toute l’intensité recherchée). Le bon John est pris entre deux femmes quand, lui, leur préfère sa jument. Le héros solitaire, asexué, droit et brave – le mythe du personnage à l’américaine… Rien que du fort sympathique, et du dispensable.


L’Amazone aux yeux verts, Edwin L. Marin 1944 Tall in the Saddle | RKO


La Maison dans l’ombre, Nicholas Ray (1951)

Lumière sur le noir

La Maison dans l’ombre

Note : 4 sur 5.

Titre original : On Dangerous Ground

Année : 1951

Réalisation : Nicholas Ray

Avec : Ida Lupino, Robert Ryan, Ward Bond

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On retrouve le même attachement à la psychologie que dans les autres films de Ray. La mise en scène aime bien s’attarder pour exprimer autre chose que ce qui est dit par les dialogues. Ray aime prendre son temps, faire des parenthèses à l’intérieur du récit ; il cherche à montrer autre chose. On voit bien qu’avant la trame, ce sont les personnages qui passionnent Ray, leur destin, leur devenir, plus que leurs actions… Comme dans Le Violent, comme dans Les Amants de la nuit, et comme plus tard dans La Fureur de vivre ou Johnny Guitare.

Ça commence comme un film noir, bien noir, en ville, avec un flic qui se bat avec ses états d’âme. Et puis on l’envoie dans le trou du cul enneigé de l’Amérique. Dépaysement total, l’anti-film noir (voir également Nightfall de Tourneur). Le film se ralentit, le nombre de séquences diminue ; elles se rallongent et gagnent en intensité, en réalisme. La trame n’a plus la sophistication et la densité souvent incompréhensible des films noirs, on se rapproche du western country pépère qui reprend les principes d’une unité d’action, de lieu et de temps de la tragédie. Fini les ellipses, les flashbacks, la grande sophistication des films noirs, seul reste, le flic perdu dans ce « calme » blanc. Pas d’enquête : juste une poursuite, qui s’éternise et qui nous amène… dans cette maison dans l’ombre…

La Maison dans l’ombre, Nicholas Ray (1951) | RKO Radio Pictures

Pourquoi dans l’ombre ? Parce qu’Ido Lupino y cache son frère crétin-criminel, et qu’elle est aveugle. Une rencontre presque mythologique pour notre flic accompagné par le père de la victime… On est bien à la campagne, pas de civilisation, pas de loi, pas de sirène… C’est Œdipe se rendant à Thèbes, mais le Sphinx est remplacé par Jocaste, et c’est Jocaste qui est déjà aveugle… De la mythologie passée au mixeur.

Quand on met toute sa mise en scène sur les rapports entre personnages, il faut des acteurs capables d’assurer… Est-ce qu’on peut rêver mieux que Robert Ryan en salaud-tourmenté-gentil et la belle Ida Lupino en hôtesse-tourmentée-aveugle ? Ah… Ida Lupino, la vampe au visage ordinaire dont le nom évoque la fumée de cigarette qui s’élève jusqu’à disparaître… Ou comment une femme à la beauté ordinaire peut vous envoûter par sa seule présence, son intelligence, son humanité…

Peut-être pas un chef-d’œuvre, mais un film singulier. C’est bien le mot, car le récit va toujours plus vers la simplicité, l’unicité…



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Johnny Guitar, Nicholas Ray (1954)

Faut pas gâcher

Johnny Guitar Johnny Guitar (1954) Nicholas RayAnnée : 1954

 

9/10  IMDb iCM

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Réalisation :

 

Nicholas Ray

Avec :

Joan Crawford, Sterling Hayden, Mercedes McCambridge, Ward Bond, John Carradine, Ernest Borgnine

Johnny Guitare (ou Johnny Guitar), c’est un classique. Et il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas un western, ce n’est pas un film épique, ce n’est pas non plus malgré ce que pourrait laisser penser l’affiche avec ses couleurs flamboyantes, une opérette. Non, c’est un vaudeville. Ce qui est remarquable dans ce chef-d’œuvre, ce sont les dialogues. Ici on ne chevauche aucun cheval, on chevauche les répliques comme pour surenchérir sur la précédente. C’est un gun fight avec des mots. Alors quand tout d’un coup, ça se finit, on est un peu surpris et on se met comme une musique qui s’achève et qui résonne toujours dans notre tête à imaginer ce que pourrait ajouter un personnage en répondant aux phrases les plus anodines…

­– Nous irons en ville demain…

– Ah oui, la ville, j’y suis allé un jour… C’est un lieu pas comme les autres.

– Je prends du café. Tu en veux ?

– Ah, le café… Tu as toujours su en faire mieux que personne.

– Tu m’as dit autrefois que ta mère savait très bien le faire…

– Oui, et grand-mère aussi sait faire du bon café.

Bref, faut pas se prendre pour Mozart, et comme pour mémé, faut pas gâcher, un petit plaisir avec une tartine de spoilers avec quelques-unes des meilleures répliques au début du film. Parce qu’une splendeur de musique de chambre où chaque note vient comme une évidence après la précédente, ça s’écoute, ça ne s’explique pas.

« Elle pense comme un homme, agit comme un homme, et me fait douter d’en être un. »

« C’est le journal du mois dernier. Combien de fois l’as-tu lu ?

– J’aime savoir ce qui se passe.

– Bientôt, il se passera des choses ici. »

« Lance la roulette.

– Pourquoi ? Pas de clients.

– J’aime l’entendre. »

« Bonne chance, Vienna. Même si c’est peu.

– Je ne crois pas à la chance. Un bon tireur ne compte pas sur un trèfle à quatre feuilles. »

« On a des ennuis, n’en ajoutez pas.

– Les seuls ennuis ici sont ceux que vous apportez. »

« Nous vous arrêtons, vous et vos hommes.

– Tu peux arrêter la roulette. »

« On ne veut pas de vous ici !

– La terre n’est pas à vous. Pas celle-ci.

– Il vous en restera de quoi y être enterrée.

– Je compte être enterrée ici… au vingtième siècle.

« Maintenant, dehors !

– De grands mots pour une petite arme. (…)

– Posez cette arme, Vienna.

– En bas, je vends du whisky et des jeux. Si vous montez, vous achetez une balle dans la tête. »

Johnny Guitare qui se retrouve au milieu de deux camps cherche à détendre l’atmosphère :

Johnny Guitare : Vous m’offrez cette cigarette ?… (à l’autre camp :) Auriez-vous du feu, ami ? Rien ne vaut une cigarette et une tasse de café. Certains sont obsédés par l’or et l’argent. Pour d’autres, c’est les terres et le bétail. Et il y a ceux qui ont un faible pour le whisky et les femmes. Mais au fond, de quoi un homme a-t-il besoin ? D’une cigarette et d’un café.

Dancing Kid : Qui êtes-vous ?

Johnny Guitare : Je m’appelle Johnny Guitare.

Dancing Kid : C’est pas un nom.

Johnny Guitare : Vous voulez le changer ?

Vienna : Vous êtes ici pour jouer, pas pour insulter mes clients.

Johnny Guitare : Si c’est ça, vos clients, j’hésite à accepter.

Dancing Kid : Vous êtes sûr de vous, pour un homme sans arme.

Vienna : Et mal élevé.

Johnny Guitare : Le Dancing Kid ?

Dancing Kid : C’est mon nom, ami. Vous voulez le changer ?

Johnny Guitare : Non, il me plaît. Vous savez danser ?

Dancing Kid : Vous savez jouer ?

« Et vos armes ?

– Je n’en ai pas.

– Ou vous les avez jetées après.

– Quel esprit méfiant…

– Et pourquoi pas ?

– Je ne suis pas le tireur le plus rapide de l’Ouest. »

« Je t’aide à faire tes valises ?

– Je les ai jetées en arrivant ici. »

« Vous restez ?

– Il faut s’arrêter un jour. L’endroit paraît tranquille. Et amical.

– Vous me plaisez. Voulez-vous travailler pour moi ?

– Quel genre de travail ?

– Je trouverai. Vous n’aurez qu’à jouer pour moi.

– J’ai déjà une offre.

– La mienne est meilleure.

– Laisse M. Guitare décider lui-même.

– Tout à coup, vous ne me plaisez plus.

– Ça m’attriste. Je déteste perdre un ami. »

« J’ai toujours voulu tuer un guitariste.

– Noble ambition. »

« À ta place, je monterais à cheval et partirais pour ne pas revenir.

– Je devrais, mais je ne fais jamais ce que je devrais. »

« Tu n’as pas du tout changé, Johnny.

– Que croyais-tu ?

– En cinq ans, on devrait apprendre.

– Il y a cinq ans, je t’ai connue dans un saloon, tu y es toujours. Je ne vois pas de changement.

– Mais celui-ci m’appartient. »

« Tu croyais vraiment qu’après 5 ans, je t’attendrais ?

– La route est longue, d’Albuquerque. Je laissais errer mes pensées. Je me disais que nous serions réunis.

– C’est très généreux à vous, M. Logan. Est-ce une demande ?

– Un homme doit se fixer un jour. L’endroit en vaut un autre.

– C’est la déclaration la plus touchante jamais entendue.

– Je suis comblée. »

« Pourquoi ne dors-tu pas ?

– Des rêves. De mauvais rêves.

– J’en ai aussi, parfois.

– Combien d’hommes as-tu oubliés ?

– Autant que de femmes dont tu te souviens. Ne t’en va pas.

– Je n’ai pas bougé. Dis-moi quelque chose de gentil.

– Bien sûr. Que veux-tu entendre ?

– Mens-moi. Dis-moi que tu m’as attendu. Dis-moi.

– Je t’ai attendu.

– Tu serais morte si je n’étais pas revenu.

– Je serais morte si tu n’étais pas revenu.

– Dis-moi que tu m’aimes encore comme je t’aime.

– Je t’aime encore comme tu m’aimes.

– Merci beaucoup. »