Born to Be Bad, Nicholas Ray (1950)

La Femme aux malices

Born to Be Bad Année : 1950

7/10 ICM IMDb

Réalisation :

Nicholas Ray

Avec :

Mel Ferrer, Joan Fontaine, Robert Ryan, Zachary Scott, Joan Leslie

Rôle qu’on aurait plus volontiers imaginé pour Bette Davies, probablement un peu vieille pour le rôle et pas assez jolie. Parce qu’on a là affaire à ce qu’on pourrait appeler une garce, dans le genre bien vénale. Joan Fontaine roule des yeux et papillonne des paupières comme il faut.

Si le thème du film a malheureusement un parfum pré-code, le système de studio affadit beaucoup la nature des rapports entre les personnages. Comme le code le stipule, il faut présenter des personnages de la haute société. En cela, Zachary Scott et Joan Leslie sont parfaits : ils réagiront toujours avec dignité et retenue face aux manœuvres du personnage de Joan Fontaine. Celui de Robert Ryan est bien plus fruste dans ses manières alors que son langage, paradoxalement, ne manque pas de finesse (roublarde). Ses répliques sont à la fois le signe de l’affadissement de l’intrigue (au lieu d’aller au fond des conflits, on se contente de les imaginer comme le feraient de bons petits bourgeois, tandis qu’on laisserait ainsi les mauvaises manières aux personnages infréquentables que sont les artistes et les célibataires — souvent les deux à la fois) et les principales réjouissances du film.


 


Le Paradis des mauvais garçons (Macao), Josef von Sternberg, Nicholas Ray (1952)

My Kind of Came

Note : 4 sur 5.

Le Paradis des mauvais garçons

Titre original : Macao

Année : 1952

Réalisation : Josef von Sternberg & Nicholas Ray

Avec : Robert Mitchum, Jane Russell, William Bendix, Gloria Grahame

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Le film reprend les mêmes recettes qui faisaient le succès un an plus tôt de Fini de rire (His Kind of Woman). On retrouve avec plaisir Robert Mitchum et Jane Russell, seul Vincent Price est remplacé par William Bendix. On ne sait pas trop qui dirige le film, et on s’en moque un peu. On remercie donc la RKO pour l’ensemble de son œuvre. Surtout, l’intérêt, comme dans Fini de rire, n’est ni dans l’intrigue criminelle ni dans la mise en scène, mais bien dans ses dialogues, son ton décalé, son mélange un peu foutraque des genres… Il y a même de fortes chances qu’on ait situé tout ça à Macao histoire de surfer sur la réputation exotique de Josef von Sternberg, parce que ça pourrait tout aussi bien se passer aux Bahamas, ou… au Mexique, toujours comme dans Fini de rire.

Alors que le finale de His Kind of Woman profitait des excentricités de Vincent Price, on achève ici toute l’aventure de la même façon sur un yacht, mais c’est, au moins sur ce plan, moins réussi. Le film en fait souffre d’une dernière partie un peu pataude, recentrée sur l’intrigue criminelle. C’est le risque des films criminels de ce type, où au départ tout est prétexte à se lancer quelques bons mots à la figure, se dévorer du regard, et pousser la chansonnette… À un moment, il faut bien finir ce qu’on a commencé, et ça prend souvent plus de temps que prévu… Dur de démêler ce dont on a pris plaisir à mettre en pagaille. L’amourette avec Jane Russell perd un peu de son intérêt, et le jeu que lui fait jouer le personnage de Robert Mitchum pour tromper le big boss n’est pas assez exploité (il faut dire que Jane Russell peut difficilement varier son jeu ; ce qu’elle fait, dans l’insolence et l’autorité, elle le fait très bien, mais on l’imagine mal dans un autre registre).

La grande réussite, le petit plus, du film, toutefois, tient en la présence toujours appréciable de Gloria Grahame. Il fallait du nez pour la caster pour ce genre de films, parce qu’elle a tout l’attirail nécessaire pour suggérer le vice, le sexe, l’envie, la frustration… Elle a l’insolence, elle aussi, le petit regard concupiscent bien comme il faut histoire de déshabiller son homme, et l’humour, la dérision, bien sûr. Il faut la voir fermer la porte du pied ou souffler sur les dés à l’image de Lauren Bacall dans Le Port de l’angoisse, ou encore agiter son gobelet avec un sourire de petite fille satisfaite comme si la terre entière retenait son souffle (en tout cas, rien ne bouge à l’écran sauf elle à cet instant). Gloria Grahame, c’est un peu la crème qui vient recouvrir le plat principal et qui finit par dévorer tout le reste. Quand vous avez Mitchum et Russell, vous savez que vous avez là deux morceaux de choix et que le reste devrait tourner comme sur des roulettes ; pourtant, comme si ce n’était pas encore assez, vous avez encore le bon goût d’y adjoindre peut-être la plus utile, la plus merveilleuse, des seconds rôles. En pleine période d’application du code Hays, sa voracité, ses insinuations, son insolence, teintés de classe et d’un peu de fausse mièvrerie, voire de bêtise, pour convaincre les bigots de sa parfaite innocence, Gloria Grahame est une véritable bénédiction pour les yeux. Du vice dans les yeux, de la glace entre les doigts.

Le film fait partie de ceux, rares, pour lesquels on pourrait se surprendre à les regarder sans discontinuer avec un large sourire. La repartie fait mouche au moins pendant une heure. Il y a des films noirs bien serrés, et il y a des noirs qui tendent vers la romance, la séduction, et donc l’humour, la screwball. Cette subtilité, c’est ce qui donne la couleur si particulière de ces films noirs. Un seul mot à coller à ces raretés : le plaisir. Non, pas des chefs-d’œuvre, mais des petits amuse-gueules qu’en fin pique-assiette tout bon cinéphile devrait pouvoir se réjouir de consommer sans honte. Un régal. Une insolence.

 

Le Paradis des mauvais garçons (Macao), Josef von Sternberg, Nicholas Ray 1952 | RKO


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Les Dents du diable, Nicholas Ray (1960)

Inuk, l’Esquimau

Les Dents du diable

the savage innocent

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : The Savage Innocents

Année : 1960

Réalisation : Nicholas Ray

Avec : Anthony Quinn, Yôko Tani, Peter O’Toole

Ça spoile large et sec, vous êtes prévenus.

Anthony Quinn, qui a dû jouer une cinquantaine d’ethnies différentes tout au long de sa carrière, est Inuk l’Esquimau. Chasseur solitaire, Inuk est à la recherche d’un gibier plutôt rare dans le grand nord : une épouse. On lui présente deux filles accompagnées de leur mère, mais Inuk tarde à choisir ; quand il se décide enfin, un autre est déjà parti avec la fille. Il part alors sur la banquise à leur poursuite, en traîneaux, en embarquant l’autre fille et sa mère… en guise de troc. On ne s’embarrasse pas avec le folklore chez les Esquimaux : « Tu veux être ma femme ? OK, tiens je donne ça à ta mère… ─ Non, tu veux pas ? OK, je prends ta sœur… »

Inuk les retrouve très vite mais au dernier moment il change encore d’avis et préfère repartir avec l’autre fille. Inuk ne sait pas ce qu’il veut. L’autre chasseur lui dit qu’il peut prendre l’une ou l’autre, pour lui, c’est du pareil au même… Inuk est embarrassé. Il hésite, et repart avec celle qu’il ne voulait pas au début… et la mère. Toujours la mère.

Les Esquimaux sont simples et naïfs. Ils sont toujours en train de rire. Et leur langage est unique. Ils ne connaissent pas le “je”, ils parlent d’eux-mêmes à la troisième personne en disant « cet homme ». Pour parler d’une autre personne, ils n’ont pas plus de pronoms, ils disent : « Cette femme inutile ». Ils se décrivent au lieu de s’identifier. C’est charmant.

Alors que Inuk chassait l’ours polaire, un autre Esquimau tue l’animal avec un fusil. D’abord apeuré, Inuk souhaite très vite posséder la même arme. L’autre chasseur lui dit qu’il y a des hommes blancs qui en échangent contre des peaux de renards. Pendant toute une année, Inuk chasse donc le renard et la saison de chasse terminée, il se rend au sud pour procéder à l’échange. L’homme blanc a des coutumes étranges. Il boit un jus qui fait rire, il ne donne pas sa femme pour être aimable avec l’étranger, il vit dans des baraques en bois, et il est méchant aussi… Une femme sait quand son homme s’aventure un peu trop vers le sud et qu’il est temps de repartir. Voyant le danger que représente cette société pleine de vices, elle fait du chantage à Inuk pour retourner dans son igloo : elle demande qui la voudrait pour femme. On ne s’embarrasse pas de folklore. Le mythe du bon sauvage n’est pas loin. Ils repartent, sans fusil. De l’équateur aux pôles, Inuk ignore que la même histoire se répète.

Les Dents du diable, Nicholas Ray 1960 The Savage Innocents Gray Film-Pathé Appia Film Magic Film (1)_

Les Dents du diable, Nicholas Ray 1960 The Savage Innocents | Gray Film-Pathé, Appia Film, Magic Film

De retour dans le Nord, un missionnaire leur prêche la bonne parole. Le Seigneur viendrait chez eux s’ils voulaient bien l’écouter. En voilà un seigneur bien intentionné. Inuk demande donc si ce Seigneur leur apporterait à manger. Ce n’est pas tout, mais il faut nourrir chaque bouche dans un igloo… Dialogue de sourds. Pour changer de sujet et honorer son invité, Inuk propose au missionnaire de la viande pourrie. Le Seigneur a trop gâté son berger, il fait le difficile et est impoli : « Non merci, on ne mange pas de viande pourrie chez moi. » Inuk est offusqué. « La viande est pourrie, mais les asticots sont bien vivants ! » Inuk se retire avec sa femme pour éviter que ça ne tourne plus encore au conflit. Ils reviennent en proposant une partie de jambes en l’air. Le missionnaire se trouve en position délicate. Chez les Esquimaux, on appelle ça « rire ensemble ». C’est mignon, d’autant plus qu’ils sont toujours en train de rire… Le missionnaire est outré… Inuk se sent une nouvelle fois insulté. Il tue le missionnaire et ils repartent à leurs occupations comme si de rien n’était. Inuk remarque cependant que les hommes blancs ont des têtes un peu molles.

La femme d’Inuk est enceinte. La vieille mère, devenue incapable de faire quoi que ce soit, est alors abandonnée au beau milieu de la banquise, comme le veut la coutume. La mère aura eu le temps avant ça d’expliquer à sa fille ce qu’elle sait concernant les bébés. Tout est rare, leurs connaissances sont limitées, et ni l’un ni l’autre n’a jamais rencontré de jeunes enfants. Si c’est un garçon, elle devra couper le cordon avec ce qu’elle a sous la main, le lécher et le garder ; si c’est une fille, elle devra la jeter dans la glace. Le premier-né doit toujours être un garçon, un chasseur. Une fille serait incapable de se nourrir.

Les Dents du diable, Nicholas Ray 1960 The Savage Innocents Gray Film-Pathé Appia Film Magic Film (4)_

La femme d’Inuk accouche, seule, dans l’igloo, à même la neige en creusant un petit trou. Inuk est content de voir que c’est un garçon. Sa femme lui dit comment il s’appelle, et Inuk lui répond : « Comment tu sais qu’il s’appelle comme ça ? » Et puis, c’est le drame… Le bébé n’a pas de dents ! Inuk gronde sa femme de lui avoir donné un bébé sans dent. Elle parvient à convaincre Inuk de le garder en priant que ses dents poussent. Ouf, ils pensaient sérieusement l’abandonner.

Peu de temps après, Inuk se fait intercepter alors qu’il chassait. Des hommes blancs sont venus le capturer pour avoir tué le missionnaire. Inuk explique que c’est le missionnaire qui l’a insulté dans son igloo en refusant de manger sa viande pourrie et de coucher avec sa femme. « La loi, c’est la loi ». Le choc des cultures…

Inuk les suit donc mais arrive une tempête. Il propose son aide, il a plus d’expérience, mais ces Blancs savent décidément tout mieux que tout le monde. La banquise se brise sous le poids du traîneau, et en tombant dans l’eau glacée, l’un des Blancs meurt. N’ayant plus de fusil, l’autre homme (premier rôle de Peter O’toole au cinéma) est obligé de suivre Inuk pour espérer rester en vie. Les chiens de traîneau manquent de les bouffer. Ils sont seuls dans le grand désert blanc. Lawrence de la banquise.

Inuk et le policier arrivent en vue dans l’Igloo d’Inuk. Ils sont sauvés. Sa femme et son fils n’avaient presque plus rien à manger (si le père chasseur meurt, se perd, disparaît, c’est toute sa famille qui disparaît avec lui ; la notion de village n’existe pas : ce sont des nomades qui créent leur igloo quand vient la fatigue ─ pas la nuit, parce qu’il y a un jour et une nuit par an ─ et quand ils tombent sur un autre igloo, ils font juste connaissance).

Le policier le prévient que s’il l’aide à survivre, il sera obligé de le ramener en ville. Mais Inuk est un bon chrétien… pardon, un bon sauvage (les Esquimaux ne se prennent jamais le chou). Inuk le suit, mais au dernier moment le policier a des remords. Inuk ne veut pas partir, l’autre l’insulte pour l’obliger à partir. Il n’y aura pas de procès.

 

The End

 

Manquait juste Omar Sharif.


 


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La Maison dans l’ombre, Nicholas Ray (1951)

Lumière sur le noir

La Maison dans l’ombre

Note : 4 sur 5.

Titre original : On Dangerous Ground

Année : 1951

Réalisation : Nicholas Ray

Avec : Ida Lupino, Robert Ryan, Ward Bond

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On retrouve le même attachement à la psychologie que dans les autres films de Ray. La mise en scène aime bien s’attarder pour exprimer autre chose que ce qui est dit par les dialogues. Ray aime prendre son temps, faire des parenthèses à l’intérieur du récit ; il cherche à montrer autre chose. On voit bien qu’avant la trame, ce sont les personnages qui passionnent Ray, leur destin, leur devenir, plus que leurs actions… Comme dans Le Violent, comme dans Les Amants de la nuit, et comme plus tard dans La Fureur de vivre ou Johnny Guitare.

Ça commence comme un film noir, bien noir, en ville, avec un flic qui se bat avec ses états d’âme. Et puis on l’envoie dans le trou du cul enneigé de l’Amérique. Dépaysement total, l’anti-film noir (voir également Nightfall de Tourneur). Le film se ralentit, le nombre de séquences diminue ; elles se rallongent et gagnent en intensité, en réalisme. La trame n’a plus la sophistication et la densité souvent incompréhensible des films noirs, on se rapproche du western country pépère qui reprend les principes d’une unité d’action, de lieu et de temps de la tragédie. Fini les ellipses, les flashbacks, la grande sophistication des films noirs, seul reste, le flic perdu dans ce « calme » blanc. Pas d’enquête : juste une poursuite, qui s’éternise et qui nous amène… dans cette maison dans l’ombre…

La Maison dans l’ombre, Nicholas Ray (1951) | RKO Radio Pictures

Pourquoi dans l’ombre ? Parce qu’Ido Lupino y cache son frère crétin-criminel, et qu’elle est aveugle. Une rencontre presque mythologique pour notre flic accompagné par le père de la victime… On est bien à la campagne, pas de civilisation, pas de loi, pas de sirène… C’est Œdipe se rendant à Thèbes, mais le Sphinx est remplacé par Jocaste, et c’est Jocaste qui est déjà aveugle… De la mythologie passée au mixeur.

Quand on met toute sa mise en scène sur les rapports entre personnages, il faut des acteurs capables d’assurer… Est-ce qu’on peut rêver mieux que Robert Ryan en salaud-tourmenté-gentil et la belle Ida Lupino en hôtesse-tourmentée-aveugle ? Ah… Ida Lupino, la vampe au visage ordinaire dont le nom évoque la fumée de cigarette qui s’élève jusqu’à disparaître… Ou comment une femme à la beauté ordinaire peut vous envoûter par sa seule présence, son intelligence, son humanité…

Peut-être pas un chef-d’œuvre, mais un film singulier. C’est bien le mot, car le récit va toujours plus vers la simplicité, l’unicité…



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Johnny Guitar, Nicholas Ray (1954)

Faut pas gâcher

Johnny Guitar Johnny Guitar (1954) Nicholas RayAnnée : 1954

 

9/10  IMDb iCM

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Listes sur IMDb :

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Lim’s favorite westerns

 

Réalisation :

 

Nicholas Ray

Avec :

Joan Crawford, Sterling Hayden, Mercedes McCambridge, Ward Bond, John Carradine, Ernest Borgnine

Johnny Guitare (ou Johnny Guitar), c’est un classique. Et il ne faut pas s’y tromper, ce n’est pas un western, ce n’est pas un film épique, ce n’est pas non plus malgré ce que pourrait laisser penser l’affiche avec ses couleurs flamboyantes, une opérette. Non, c’est un vaudeville. Ce qui est remarquable dans ce chef-d’œuvre, ce sont les dialogues. Ici on ne chevauche aucun cheval, on chevauche les répliques comme pour surenchérir sur la précédente. C’est un gun fight avec des mots. Alors quand tout d’un coup, ça se finit, on est un peu surpris et on se met comme une musique qui s’achève et qui résonne toujours dans notre tête à imaginer ce que pourrait ajouter un personnage en répondant aux phrases les plus anodines…

­– Nous irons en ville demain…

– Ah oui, la ville, j’y suis allé un jour… C’est un lieu pas comme les autres.

– Je prends du café. Tu en veux ?

– Ah, le café… Tu as toujours su en faire mieux que personne.

– Tu m’as dit autrefois que ta mère savait très bien le faire…

– Oui, et grand-mère aussi sait faire du bon café.

Bref, faut pas se prendre pour Mozart, et comme pour mémé, faut pas gâcher, un petit plaisir avec une tartine de spoilers avec quelques-unes des meilleures répliques au début du film. Parce qu’une splendeur de musique de chambre où chaque note vient comme une évidence après la précédente, ça s’écoute, ça ne s’explique pas.

« Elle pense comme un homme, agit comme un homme, et me fait douter d’en être un. »

« C’est le journal du mois dernier. Combien de fois l’as-tu lu ?

– J’aime savoir ce qui se passe.

– Bientôt, il se passera des choses ici. »

« Lance la roulette.

– Pourquoi ? Pas de clients.

– J’aime l’entendre. »

« Bonne chance, Vienna. Même si c’est peu.

– Je ne crois pas à la chance. Un bon tireur ne compte pas sur un trèfle à quatre feuilles. »

« On a des ennuis, n’en ajoutez pas.

– Les seuls ennuis ici sont ceux que vous apportez. »

« Nous vous arrêtons, vous et vos hommes.

– Tu peux arrêter la roulette. »

« On ne veut pas de vous ici !

– La terre n’est pas à vous. Pas celle-ci.

– Il vous en restera de quoi y être enterrée.

– Je compte être enterrée ici… au vingtième siècle.

« Maintenant, dehors !

– De grands mots pour une petite arme. (…)

– Posez cette arme, Vienna.

– En bas, je vends du whisky et des jeux. Si vous montez, vous achetez une balle dans la tête. »

Johnny Guitare qui se retrouve au milieu de deux camps cherche à détendre l’atmosphère :

Johnny Guitare : Vous m’offrez cette cigarette ?… (à l’autre camp :) Auriez-vous du feu, ami ? Rien ne vaut une cigarette et une tasse de café. Certains sont obsédés par l’or et l’argent. Pour d’autres, c’est les terres et le bétail. Et il y a ceux qui ont un faible pour le whisky et les femmes. Mais au fond, de quoi un homme a-t-il besoin ? D’une cigarette et d’un café.

Dancing Kid : Qui êtes-vous ?

Johnny Guitare : Je m’appelle Johnny Guitare.

Dancing Kid : C’est pas un nom.

Johnny Guitare : Vous voulez le changer ?

Vienna : Vous êtes ici pour jouer, pas pour insulter mes clients.

Johnny Guitare : Si c’est ça, vos clients, j’hésite à accepter.

Dancing Kid : Vous êtes sûr de vous, pour un homme sans arme.

Vienna : Et mal élevé.

Johnny Guitare : Le Dancing Kid ?

Dancing Kid : C’est mon nom, ami. Vous voulez le changer ?

Johnny Guitare : Non, il me plaît. Vous savez danser ?

Dancing Kid : Vous savez jouer ?

« Et vos armes ?

– Je n’en ai pas.

– Ou vous les avez jetées après.

– Quel esprit méfiant…

– Et pourquoi pas ?

– Je ne suis pas le tireur le plus rapide de l’Ouest. »

« Je t’aide à faire tes valises ?

– Je les ai jetées en arrivant ici. »

« Vous restez ?

– Il faut s’arrêter un jour. L’endroit paraît tranquille. Et amical.

– Vous me plaisez. Voulez-vous travailler pour moi ?

– Quel genre de travail ?

– Je trouverai. Vous n’aurez qu’à jouer pour moi.

– J’ai déjà une offre.

– La mienne est meilleure.

– Laisse M. Guitare décider lui-même.

– Tout à coup, vous ne me plaisez plus.

– Ça m’attriste. Je déteste perdre un ami. »

« J’ai toujours voulu tuer un guitariste.

– Noble ambition. »

« À ta place, je monterais à cheval et partirais pour ne pas revenir.

– Je devrais, mais je ne fais jamais ce que je devrais. »

« Tu n’as pas du tout changé, Johnny.

– Que croyais-tu ?

– En cinq ans, on devrait apprendre.

– Il y a cinq ans, je t’ai connue dans un saloon, tu y es toujours. Je ne vois pas de changement.

– Mais celui-ci m’appartient. »

« Tu croyais vraiment qu’après 5 ans, je t’attendrais ?

– La route est longue, d’Albuquerque. Je laissais errer mes pensées. Je me disais que nous serions réunis.

– C’est très généreux à vous, M. Logan. Est-ce une demande ?

– Un homme doit se fixer un jour. L’endroit en vaut un autre.

– C’est la déclaration la plus touchante jamais entendue.

– Je suis comblée. »

« Pourquoi ne dors-tu pas ?

– Des rêves. De mauvais rêves.

– J’en ai aussi, parfois.

– Combien d’hommes as-tu oubliés ?

– Autant que de femmes dont tu te souviens. Ne t’en va pas.

– Je n’ai pas bougé. Dis-moi quelque chose de gentil.

– Bien sûr. Que veux-tu entendre ?

– Mens-moi. Dis-moi que tu m’as attendu. Dis-moi.

– Je t’ai attendu.

– Tu serais morte si je n’étais pas revenu.

– Je serais morte si tu n’étais pas revenu.

– Dis-moi que tu m’aimes encore comme je t’aime.

– Je t’aime encore comme tu m’aimes.

– Merci beaucoup. »


Nicholas Ray

Classement :

10/10

9/10

  • Johnny Guitar *
  • Derrière le miroir

8/10

  • La Maison dans l’ombre *
  • Le Paradis des mauvais garçon (co-réal.) *

7/10

  • Le Violent
  • Les Amants de la nuit
  • Le Fureur de vivre
  • Traquenard
  • Les Dents du diable *
  • Born to Be Bad/ La Femme aux malices *
  • À l’ombre des potences

6/10

  • Le Roi des rois
  • Les 55 Jours de Pékin
  • Les Indomptables
  • Secret de femme
  • Jesse James, le brigand bien-aimé
  • Amère victoire
  • La Forêt interdite

5/10

  • Les Ruelles du malheur

*Films commentés (articles) :

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