La démajorité civile

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Proposition : instaurer une « démajorité civile »

Les jeunes sont plus progressistes que leurs aînés ; or, les lois sont faites pour ces derniers. Ce sont les vieux qui décident pour les plus jeunes. Conséquence de ce hiatus générationnel (accentué en plus par les taux de participation aux élections) : la représentation politique des citoyens est toujours en retard par rapport à la réalité ou à la perception des valeurs d’un pays.

Pour remédier à ce problème, à partir de 65 ans, on perd son droit de voter et de se présenter à des postes à responsabilité et aux élections. Démajorité !

Une société doit-elle se satisfaire de voir que les valeurs exprimées ou représentées au sein des institutions soient toujours en retard, conformes à ce que pensent les anciennes générations ? Ou faut-il penser à un autre modèle réorganisant le pouvoir des uns et des autres ?

Loin de moi l’idée de proposer une déchéance de citoyenneté (antivieux) ou une version policée d’un géronticide tel qu’illustré, par exemple, dans Midsommar (pratique du Ättestupa) ou dans La Ballade de Narayama (pratique du Ubasute). On se contente bien de « démajorité civile ». Cette majorité civile est un concept qui répond à une norme. Elle peut être à 21 ans, comme elle peut être à 18. Elle peut différer de la majorité sexuelle. Il existe même un concept d’âge de candidature qui détermine l’âge auquel on peut se présenter à des élections. Et cet âge change si l’on décide que ces normes peuvent changer. Ainsi, en 2011, l’âge pour se présenter à la présidence de la République et pour le Sénat a baissé.

Si l’on peut baisser ces âges, pourquoi ne pourrait-on pas au contraire instaurer un âge où l’on n’aurait plus le droit de vote ?

Si on l’accepte et modifie cette « norme », cela ne voudrait pas dire qu’on mette au rebut les vieux, mais qu’on accepte qu’ils aient un rôle différent. De fait, ils cumulent souvent ces rôles dans la société : ils votent, ils candidatent, mais ils ont aussi des fonctions et une visibilité au sein de la société qui les avantage par rapport aux plus jeunes générations. Si l’on considère qu’ils pourront toujours profiter d’une forme de privilège à être davantage écoutés que les plus jeunes dans la société du fait de cette position, il faut peut-être réfléchir à ce que ce privilège se double d’un revers de la médaille : la démajorité civile.

Un vote pèsera toujours moins que le poids qu’un individu pourrait avoir en ayant accès à des médias ou en étant écouté pour la sagesse supposée de sa parole.

Inégalitaire ? Antidémocratique ? Une histoire de norme, toujours. On estime que les adolescents ne sont pas des électeurs à part entière ; les étrangers non plus : les femmes ou les pauvres, à d’autres époques, n’avaient pas droit au chapitre dans cette « affaire sérieuse » qu’est la politique.

Ce qui serait démocratique, ce serait de demander en fait aux vieux ce qu’ils en pensent. Aux anciens, si prompts et si désireux de foutre un « jeune » à l’Élysée avec le présupposé qu’il fera une politique dynamique tournée vers les actifs, eh bien, demandons-leur leur avis. Si les vieux votent le plus, ils accepteraient alors sans mal de répondre à la question suivante lors d’un référendum : « Souhaitez-vous l’instauration d’un âge de démajorité civile dans le pays ? ».

Au lieu de tirer la couverture à eux, les vieux seraient alors plus perçus comme les sages qu’ils devraient être (au lieu des réacs qu’ils sont bien plus souvent). Prendre du recul ne peut pas faire de mal. On est toujours curieux d’avoir un avis extérieur, étranger par exemple, sur tout ce qui concerne nos débats de société, par ce que cette distance apporte comme regard différent sur nous. Pourquoi ne pas laisser aux vieux ce rôle de sages ? La société leur a déjà tout donné ; et ils ont participé activement à faire de la société présente ce qu’elle est. Pourquoi ne pas accepter qu’ils puissent apporter un regard différent sur elle quand les nouvelles générations s’apprêtent à prendre leur place ? Au lieu d’avoir une société où les générations lutteraient les unes contre les autres, on aurait au contraire une génération qui accepterait de se mettre en retrait relatif tout en ayant un rôle d’aiguilleur et de sage. Un peu comme un conseiller matrimonial, financier ou un avocat.

Dans une histoire, il y a toujours le héros, l’opposant et l’aidant. Au risque de devenir trop souvent « l’opposant », les anciens pourraient renoncer à une parcelle de leurs privilèges pour se transformer en « aidant » afin de faire des plus jeunes les véritables héros de notre histoire commune.



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Après la dissolution du 9 juin

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Violences de la société

Commentaires en vrac lors de la grande semaine du chaos

21 juin

Longue réponse à un article de France Info répondant à la question : « Législatives 2024 : sur quoi reposent les accusations d’antisémitisme qui visent La France insoumise ? », et qui peut venir en écho à l’article que j’avais écrit sur les totems de l’idéologie.

On remercie France Info de participer au confusionnisme. Quand tu écris un article de 5000 signes pour répondre à la question, c’est que la réponse est non, mais que tu uses de toutes les manières possibles pour laisser penser que oui. « Creusons encore. »

Par ailleurs, je ne suis pas du tout d’accord avec la manière dont les intervenants expliquent l’antisémitisme. Il est traité comme si c’était une idéologie que les gens cherchaient à cacher alors que comme tout racisme et stéréotype, c’est surtout le fruit d’heuristiques dont nous sommes tous victimes. Faire des généralités, des raccourcis, faire de l’essentialisme, c’est la norme dans notre système de pensée. On lutte à chaque instant pour en éviter les pièges.

Quand on mêle ensuite ces difficultés au langage et aux mauvaises interprétations qui le compose, puis des intentions parfois malveillantes de ceux qui s’en serviront pour jouer des épouvantails pour faire dire à des positions certes parfois ambiguës pour ce qu’elles ne sont pas, tout devient potentiellement “antisémite” (ou simplement “raciste”, “haineux”).

Ce dont il est question ici, c’est davantage de suspicions reposant sur une intention ou sur un dérapage sémantique que sur une volonté assumée de mépriser certains groupes définis et en particulier les juifs.

Quand par ailleurs, des propos peuvent réellement être antisémites, racistes, sexistes, etc., ce sont les propos que l’on juge. Réduire la personne qui les prononce à ces seuls propos, même délictuels, revient à créer des blocs qui inévitablement seront amenés à s’opposer.

Si certes, les propos peuvent révéler de la nature et des intentions d’une personne, il ne faut jamais perdre de vue qu’il y a un gap entre des propos antisémites, racistes, et des actes. On me dira que ce sont forcément les mêmes personnes. Eh bien, pas du tout. Si les propos isolés sont dus à des dérapages, des stéréotypes, à de la bêtise, de la maladresse, sans qu’il y ait par ailleurs de haine caractérisée du groupe visé, ils n’impliquent pas une volonté d’aller plus loin. Certains dérapages à gauche sont problématiques, aucun n’est réellement antisémite parce qu’aucun ne peut faire l’objet de poursuites pouvant aboutir (j’ai moi-même souligné l’invisibilisation de la lutte contre l’antisémitisme dans un meeting de Mélenchon, ce qui est assez malvenu quand on t’accuse précisément d’antisémitisme).

Or, si le danger de l’antisémitisme est bien à l’extrême droite, c’est qu’ils font tout pour le masquer et profiter des accusations de LFI. Si d’un côté, les dérapages sont bien plus importants et relèvent pour le coup sans doute plus d’un antisémitisme systématique et assumé en privé, ils peuvent laisser craindre à un antisémitisme qui ne se réduise pas qu’à des propos seuls, mais à des actes bien plus graves. Ce qu’ils promettent aux immigrés (ce qui devrait en soi représenter un danger bien plus important que des propos haineux), il n’y a aucune raison de penser que les juifs ne finissent pas par en être victimes si par malheur l’extrême droite arrivait au pouvoir. Si l’antisémitisme sert de repoussoir à cause de l’histoire antisémite du pays, le RN a très bien compris que pour servir sa dédiabolisation, il fallait davantage désigner d’abord un autre groupe comme bouc émissaire des maux de la société. Ils ont bien compris que si l’antisémitisme était réservé à leurs rangs et aux intégristes religieux de tous bords, ils avaient tout intérêt à capitaliser sur d’autres haines bien plus décomplexées : racisme, islamophobie, xénophobie, homophobie, transphobie, sexisme (voire « anti-wokisme » qui renoue en quelque sorte avec la haine du bolchévique). Celles-là, on les laisse tranquillement prospérer pendant qu’on se focalise sur l’antisémitisme supposé de LFI.

Le conflit au Moyen-Orient sert alors de catalyseur et l’extrême droite joue hypocritement la carte pro-Israël pour instrumentaliser l’antisémitisme, d’abord, pour développer leur haine des “Arabes” et des musulmans. Vous changez “immigrés” par “juifs” dans leur discours, et vous comprenez la violence et le danger de propos qu’on pourrait difficilement suspecter de n’être que des « paroles en l’air ». Cette xénophobie s’accompagne d’un réel plan qui a tout de celui dont ont été victimes les juifs dans les années 30 en Allemagne.

Pendant qu’on instrumentalise avec complaisance l’antisémitisme supposé de LFI, on détourne les yeux du projet infâme de l’extrême droite. La préférence nationale, c’est le premier pas vers autre chose, et il est question ici d’actes, pas de propos ou de sémantique.

C’est juste fou qu’on se laisse ainsi aveugler par les discours faussement indignés à droite pour accabler la gauche de ce dont elle n’est pas coupable quand la haine est déjà là, qu’on refuse de la voir et qu’on refuse de prendre au sérieux le plan qu’elle annonce…

20 juin

Réaction après la vidéo d’Acrimed :

https://x.com/acrimed_info/status/1803375366859280601

On fait souvent le parallèle avec le Front populaire ou l’ascension d’Hitler, mais cette alliance des bourgeois avec les fascistes illustrée dans ce montage, il faut la mettre en parallèle avec le rôle possible de la « bourgeoisie progressiste », celle qui se qualifie de sociale-démocrate, dans l’élection.

On peut railler le retour de Hollande, de l’alliance avec Glucksmann, du soutien au second tour d’éventuels centristes au Nouveau Front populaire, mais sans eux probablement pas de salut. C’est d’autant plus cruel de compter sur eux que tout commence avec leur ralliement aux intérêts des puissants au détriment des plus faibles et de l’intérêt général.

En voyant ce montage, j’avais surtout en mémoire l’image du paysan portant sur son dos dans l’Ancien Régime, le clergé et la noblesse. La noblesse serait représentée aujourd’hui par les riches propriétaires (on n’ose plus dire “entrepreneurs”, car ils ont depuis longtemps disparu), et le clergé, par les médias (journalistes de cour, éditorialistes, etc.).

Je ne suis pas tout à faire certain de la pertinence de cette comparaison, mais en piochant sur le Net, je suis tombé sur un article d’Elsa Gautier sur socialter traitant de l’alliance de la bourgeoisie et du peuple.

https://t.co/0fcWPegPfD

La première phrase pourrait résumer la situation actuelle : « Depuis 1789, chaque moment d’effervescence politique repose en France la question de l’alliance entre la bourgeoisie progressiste et le peuple. »

L’illustration ne rend pas optimiste : « Lamartine prononce un discours devant les insurgés, ouvriers et bourgeois, à l’Hôtel de ville, le 25 février 1848, lendemain de la proclamation de la Seconde République. Union éphémère : en juin les députés feront tirer sur les ouvriers. »

En gros, ce que ça laisserait présager, c’est que la victoire du Nouveau Front populaire est possible, mais qu’une fois au pouvoir, les sociaux-démocrates continueront à faire ce qu’ils ont toujours fait. Rouler pour les gens de leur classe.

S’il y a victoire, c’est finalement intéressant qu’il y ait Hollande. Ce sera l’occasion de lui demander s’il a fait son aggiornamento. L’Europe, le respect de l’équilibre des comptes publics, tout ça, OK, mais la question, ce sera : êtes-vous d’accord pour taxer les riches afin que le pays recouvre des services publics dignes de ce nom ? S’ils refusent, ce ne sera qu’un sursis, et l’extrême droite aura un boulevard pour les présidentielles.

Dans l’article, il est aussi précisé qu’en 81, la moitié des députés socialistes sont des enseignants. Si les éléphants des partis continuent de vouloir truster les places dans le gouvernement, ça ne sera pas bon signe^^. Voilà pourquoi, qu’on le veuille ou non, l’incarnation (ou les incarnations) devra se faire autour d’une figure de la société civile.

Et le Nouveau Front populaire aurait tout intérêt à se mettre d’accord sur ce principe. Les Français ont probablement peur de se voir gouvernés encore une fois par des “politiques”. Ce serait tout à leur honneur de favoriser la victoire de la gauche avec un tel accord.

On a besoin de récits ? Eh bien, que les dirigeants des partis du Nouveau Front populaire fassent émerger un récit, celui de leur sacrifice face à la menace de l’extrême droite. Succès garanti.

Autrement…


Au moins, on aura appris un truc. En France, l’ère de la post-vérité se vit en accéléré. Deux semaines pour faire campagne, certains ont bien compris qu’il fallait noyer de mensonges les ondes et les antennes car plus personne n’aura le temps de vérifier. Merci Macron.


Réponse au chapeau de l’article publié par CheckNews « Immigrationniste : comment Macron a fait sien un terme venu de l’extrême droite » :

95 % de mots employés par les Français ont été appris à table.


Réponse à Nicolas Goldberg qui disait : « Je suis assez surpris par le florilège de tribunes émanant du monde du business et de l’économie alertant sur les risques que font porter « les extrêmes » sur notre économie. Personne dans tout ce monde pour faire une introspection de ce qui a pu nous mener à cela ? » :

L’intérêt général, ce n’est pas le leur.

19 juin

Titre de Libé : « Macron dénonce un programme du Nouveau Front populaire “totalement immigrationniste” ». Réponse :

Valls est détesté pour ce qu’il est, mais au moins le peuple pourra toujours se dire que ce n’est pas lui qui l’a choisi. Macron est détesté pour ce qu’il est, mais en plus, il rappelle à chaque sortie xénophobe aux électeurs qu’ils ont voté pour lui.
En résumé, le peuple le déteste parce qu’il le pousse à se détester lui-même. Telle la victime trop « sotte » pour s’être fait avoir par un arnaqueur, elle culpabilise. Et chaque fois que son agresseur réapparaît à la fenêtre, elle pleure.

Quel sinistre personnage.

18 juin

Le mot du jour : incarnation.

Incarnation (nom féminin) : 2. Ce qui incarne, représente. ➙ personnification. En part. dans une conception autoritaire du pouvoir : l’exigence dans l’éditocratie de voir un homme providentiel diriger la France ou un mouvement politique (Cf. 1.).

16 juin

Réponse à un tweet de Nils Wilcke : « Il a osé le dire : Il n’y a qu’une seule catégorie de Français assure désormais Bardella” sur France 3 après avoir parlé de “Français d’origine étrangère”. “Je veux rassurer les Français issus de l’immigration après les caricatures faites sur le RN”. Bien sûr… »

— Viens voter, mon petit !

— Dis, Jordan, pourquoi as-tu de si grands yeux ?

— C’est pour mieux te surveiller, petit électeur.

— Dis, Jordan, pourquoi as-tu de si grandes oreilles ?

— C’est pour mieux être à l’écoute de tes besoins, petit électeur.


Réponse à un tweet relevant les mensonges des nouvelles promesses du chef du Gouvernement sortant :

En dix ans, on en est arrivé à point où on se marrait des absurdités du Gorafi caricaturant les politiques à un autre où tout est devenu Gorafi sans l’être. On est entre la post-vérité et Idiocracy. On a face à un gouffre, soit Fascist Idiocracy, soit l’espoir.

Réponse à « Un homme a été mis au parfum de la dissolution, le 9 juin, avant même Gabriel Attal et les présidents des assemblées : Pascal Praud. Comment les médias Bolloré orchestrent l’alliance du RN et de la droite » (lien) :

L’Arcom (bientôt dissoute par le RN) tout comme la commission d’enquête sur l’attribution des canaux tenue trop tardivement et trop molle vont s’en mordre les doigts. Bolloré ne se cache même plus d’être un danger pour la démocratie. Oubliez le pluralisme, place au fascisme.

Suivi par la décision d’Europe 1 de mettre Hanouna à l’antenne pour faire campagne pour l’extrême droite. La droite a laissé les fascistes se rapprocher du pouvoir, désormais que la droite est sous l’eau, les fascistes placent tranquillement leurs billes face au “tapis” de Macron.

Réponse concernant « le mythe trompeur du “gratuit” » contenu dans le programme du Nouveau Front populaire :

À droite, on pense que les électeurs de gauche sont assez stupides pour ne pas comprendre le sens réel de “gratuit”. Mec, tout le monde est capable de comprendre que “gratuit” signifie « pris en charge par la société ». Toute la question est donc la répartition des impôts.


C’est même un mantra habituel à droite ou chez les économistes. Prétendre être rationnel quand il n’y a pas plus irrationnel que la “science” économique.

La question n’est pas de savoir si c’est gratuit, mais si une « gratuité » traduit une mesure juste et équitable. Rendre les serviettes hygiéniques gratuites, c’est le meilleur moyen de lutter contre la forme de taxe déguisée qui est de faire payer un produit d’hygiène indispensable à une seule partie de la population. Ce n’est pas un produit de luxe. Le rendre « gratuit » permet que la société, donc tous, assure le financement d’un produit d’hygiène de base indispensable à la moitié de la population.

Typiquement hier, j’écoute les Informés de l’éco sur France Info. Ils multiplient les mensonges et les épouvantails concernant le programme du Nouveau Front populaire expliquant que ça mènera à la ruine alors que ce sont ces mêmes ayatollahs de l’économie qui sont responsables de la mauvaise tenue des comptes publics depuis plusieurs décennies. Mais surtout, jamais la question des énergies ou des questions climatiques ne sont prises en compte dans leur logiciel calqué sur l’idée peu rationnelle d’un monde vivant en vase clos jamais altéré ni par les chocs géopolitiques ni par les contingences environnementales.

Ce sont des shamans en costumes-cravates. Parce qu’ils sont riches et bien-nés, selon eux, c’est à eux qu’il faut faire confiance pour enrichir le pays ou bien le gérer. Les pauvres le sont parce qu’ils ne sauraient pas capables de gérer leur denier. Pur mensonge.

La qualité première, voire unique, des droitards et des économistes de plateau, c’est de chercher à favoriser l’accaparement des richesses communes par les gens de leur classe. Les vrais économistes, ceux qui publient, le document depuis des années. Ainsi, si les dettes se creusent c’est que les riches prennent aux pauvres pour le donner aux riches. Voir Le Maire critiquer les programmes économiques des “extrêmes” alors qu’il est lui-même étrillé par les sénateurs de son propre camp sur sa gestion problématique, c’est donc assez savoureux mais aussi symptomatique d’une des plus magnifiques usurpations de ce siècle, celle que la cravate vous fasse comme par magie passer pour un homme capable quand vous n’êtes qu’un incompétent et un menteur. On connaissait les économistes habiles à expliquer après une crise économique pourquoi ils n’avaient rien vu venir tout en ayant en fait raison, désormais, on voit des politiques de droite expliquer qu’une dette creusée par des hommes de droite, ce n’est pas la même chose qu’une autre supposément creusée par des hommes qui n’ont pas le pouvoir. L’audace.

15 juin

https://t.co/pmITJNLQFl

Ce qui est formidable avec l’air des TV d’information en continu, pardon, des débats à la con en continu, c’est que le diffuseur s’absout totalement du devoir de vérité en se cachant derrière la neutralité. Ici, des élus de camps forcément opposés se traitent de tous les noms et se promettent des procès en diffamation parce qu’ils savent pertinemment que la vérité est une sorte de poussière qui balaie paresseusement à chaque pas qu’on fait dans une pièce. « Bof, la vérité ».

On peut comprendre qu’il ne puisse pas être possible de tout débunker ou vérifier, mais si autant de mensonges sont sortis, c’est bien que les élus ont parfaitement compris que le réel n’a plus aucun pouvoir et que ce sont au contraire les accusations qui seront perçues comme vraies. Les médias pourraient prendre le temps ensuite de faire ce travail de vérification, mais puisque les autorités s’en balek, le débat politique, après être une facilité, c’est devenu un jeu. C’est marrant des gens qui s’insultent sur un plateau. Et ensuite, on invitera des éditorialistes pour distribuer les bons points.

Cela coûte cher de vérifier ? Eh bien, si les diffuseurs avaient obligation de vérifier toute affirmation contestée en direct ou potentiellement diffamatoire, il faudrait qu’ils soient tenus de le faire pour le lendemain à la même heure. Cela limiterait ces débats “faciles”.

Il n’y a pas à chercher bien loin les raisons de la polarisation des “débats”, l’outrance et de la prime à la post-vérité. C’est ça le libéralisme : aucun contrôle, tout est permis, donc c’est celui qui diffame le mieux qui aura “raison”. Ce n’est pas de l’info, c’est du cirque.

Un cirque pas franchement amusant parce qu’on a tous la gueule de clowns tristes et on finit par crever sur scène, étouffés par les fards et les coussins péteurs.

Le résultat est partout le même, dès qu’on ouvre les vannes sans contrôle, c’est du spectacle. Et le spectacle tue.

Et que les politiques arrêtent de se prêter au jeu. C’est un jeu où les “modérés”, ceux qui refusent d’user de mensonges, d’outrances ou d’attaques d’un autre camp seront toujours cannibalisés dans un débat à trois ou plus. Vous vous pensez toujours suffisamment habile pour sortir vainqueur de ces débats ? C’est que vous êtes stupide. Ces débats profitent toujours aux criminels ! Vous voulez préserver la vérité et pouvoir défendre vos idées, n’allez pas vous faire plumer dans des débats où vos contradicteurs et les “journalistes” complices passeront leur temps à vous accuser de ce que vous n’avez pas fait ou de ce que vous n’êtes pas. « Oh, oh, je passe à la TV, je montre ma poire, on va m’aimer ». C’est vous les dindons de la farce. Il vous faudra combien de temps pour le comprendre ?

L’autre versant de l’interview politique, après le cirque de la mise en arène d’opposants autour d’un même plateau, c’est le tête-à-tête avec une personnalité unique. Quand on est de droite, brosse à reluire, à gauche, interruption à tout bout de champ.

Ici, merveilleux exemple d’interruptions paternalistes d’un type qui ne s’intéresse même pas aux réponses (un truc assez facile à comprendre, mesdames et messieurs les journalistes, l’intention d’une phrase, on la comprend après un point) et explique à l’interviewé qu’il a tort.

On est donc à une époque où les journalistes ne cherchent plus la vérité, mais en plus se permettent de dire qu’un invité à tort en revenant cinquante fois à la charge (ce n’est pas du factuel, surtout en matière d’économie) :

https://t.co/XGRCg7zR69


De plus en plus de responsables politiques du camp présidentiel refusent de faire barrage au RN au second tour. Commentaire :

Quelqu’un pour écrire une uchronie où on décrit ce qu’il se serait passé toutes les fois où par le passé la gauche a appelé à faire barrage contre le fascisme ?

(Bon, en vingt jours, ça risque de pas le faire.)


Après la confirmation dans la presse que Macron a choisi le délai le plus court pour contrarier une éventuelle alliance de la gauche, quelqu’un évoque le supposé « flair politique » du Président. Je réponds précisément sur ce point :

Ce serait peut-être utile d’ailleurs de cesser de parler de “politique” dans ce cas. Le calcul de politique politicienne n’a rien à voir avec la politique qui se met au service d’une vision, d’un projet pour un pays. Il n’y a rien de politique ici. Il joue à Richard III.

Il y a même un certain sadisme à laisser fuiter toutes ces séquences où il convoque la France entière pour assister à l’histoire se faire et où il se pense représenté en souverain alors que ce n’est plus qu’un bouffon, un matamore avec une ceinture d’explosif.


Rachel Khan qui sur Public Sénat dit que « l’extrême gauche est dans un fantasme : Gaza ». Tranquille, l’antisémitisme, c’est pas cool, mais la négation de crimes, voire de génocide, c’est OK.

Quelle putain d’époque s’ouvre où on peut dire strictement n’importe quoi.


Les dissensions à gauche vont jusque dans le nom du mouvement d’union. Rufin a lancé « Front populaire » et il semble y tenir. Mais une fois retourné en Picardie, on a vu apparaître celui du « Nouveau Front populaire », celui qui est sur les visuels. Mais d’autres continuent de dire « Front populaire », peut-être un peu pour faire chier Mélenchon qui l’aurait évidemment choisi pour qu’on évite d’en attribuer la paternité à Rufin… On voit même « Union populaire »^^. Y a un côté NUPESS, NUP, NUPS.

Ça reste cosmétique, mais ça illustre un truc tout de même.


Maintenant qu’on sait grâce aux médias ce que pensent Blum, Thorez, Mélenchon, Hollande, Valls de Nouveau Front populaire, ils ne veulent pas nous distraire un peu plus en nous éclairant sur ce qu’en penseraient Jeanne d’Arc, Napoléon ou Vercingétorix ?

Le programme, purée.


Hollande, aucun mea culpa. L’enfoiré qui a ouvert la porte au diable revient, il voit de la lumière. Mais guignol, c’est la lumière du tunnel de la mort. On veut voir autre chose que ta gueule avant de mourir.

Vous êtes des cons. Qu’on crève et laisse la planète à d’autres.


Jean-François Bayart, sociologue, sur Blast, qui compare la dissolution de Macron à son « qu’ils viennent me chercher » après les révélations de l’affaire Benalla. Ajoutant que ç’a un côté « rendez-vous à la sortie de l’école ».

On ne trouvera pas comparaison plus juste aujourd’hui.


Les Insoumis profitent de la nomination des candidats pour « purger » certains cadres plus en odeur de sainteté. Commentaire :

C’était le jour 1 du Nouveau Front populaire. Il n’y en aura pas 2.

On se retrouve tous à Londres, salut.

14 juin

Face à l’idée d’un barrage contre le RN si ses candidats n’étaient pas au second tour, Macron refuse de répondre. Commentaire :

Le type qui a trahi celui qui lui a mis le pied à l’étriller dans un parti dans lequel il ne partage pas les valeurs (et pour cause, la seule valeur qu’il connaît c’est lui), qui s’est fait élire la main sur le cœur qu’il ferait une politique écologique (ce vote m’oblige) et qui a donc été investi uniquement pour faire barrage aux fascistes (en cachant qu’il en est un lui-même et que sa bascule droitière révèle sa nature) refuse donc de dire s’il rendra l’appareil si c’est cette fois la gauche qui se trouve face aux fascistes.

Chaque jour un peu plus la preuve que ce type est une ordure de pointure internationale, un danger pour la démocratie et un psychopathe machiavélique capable depuis dix ans à toutes les bassesses pour conquérir le pouvoir. Que va-t-il nous inventer de plus…


Le nouveau Front populaire ne règlera pas la question de l’incarnation en nommant une personnalité. Dans le cas où ils ont une majorité et un Premier ministre se posera immanquablement la question du lead et du poids toujours plus envahissant de cette personnalité par rapport aux autres leaders de l’alliance. Si certains veulent en finir avec la cinquième république, c’est justement pour en finir avec cette logique de petit chef qui décide de tout (paradoxalement, c’est une mesure phare du parti où précisément le poids du chef est disproportionné).

La seule alternative à cette dérive autoritaire fatale à une alliance, c’est d’en revenir un peu à la logique du secrétaire « au service de ». Et dans ce cadre, ce n’est pas un chef qu’il faut définir, mais un porte-parole mis en avant pour porter la parole du “bureau” réunissant les chefs de parti chargé de définir un programme consensuel. Ça fait peut-être un peu Politburo, mais c’est probablement un moyen pour que ce soit la “base” de la diversité des partis et le principe d’une décision collective qui prime sur le désir d’une seule tête.

De la même manière, dans le cas d’une victoire, il me semble assez primordial d’exiger que les partis se mettent par la suite très vite d’accord sur les modalités d’évolution et du poids des partis dans les diverses représentations et gouvernances futures du Nouveau Front populaire.

Parce que si c’est pour sauver cette fois la face en évitant les fascistes au pouvoir, ce n’est pas pour qu’une fois au pouvoir, ça se déchire et tire la couverture à soi pour faire cavalier seul à la première occasion. Les trois blocs sont probablement appelés à durer, et la gauche, condamnée à s’entendre et à jouer des consensus permanents pour faire ressortir une majorité assez compliquée à atteindre face au bloc macroniste et fasciste. S’ils mettent ça sous le tapis, ça leur sautera à la figure. Là, ce sont les élections européennes qui ont redessiné le poids des partis. Il faudra donc bien décider comment ils voudront à l’avenir redéfinir ces forces. Les sondages ? Les élections européennes qui serviraient chaque fois à peser les forces, etc.

Bref, déjà, qu’ils ne tombent pas dans le piège du chef. Un secrétaire porte-parole.


Après l’émission La Grande Confrontation sur LCI :

Les gens sont lobotomisés par la TV. Comment vous voulez vous éduquer ou vous informer en regardant des Français moyens papoter pendant des heures ? La complicité des médias bourgeois dans l’abrutissement et la désinformation de la population est flippante.

Si je comprends, les vieux regardent la TV et… ça. Les jeunes s’informent sur Tik-Tok. Et tout ça avec la bienveillance tranquille des élites bourgeoises qui interdisent la TV et les smartphones à leurs gosses, car ils en connaissent les effets. Comme la malbouffe en fait.

On voit bien le petit sourire supérieur de Pujadas animant les “débats” de ces « Français moyens » comme s’il s’agissait d’enfants. Il se fout complètement des conneries qu’ils pourront dire, comme il se fout des mensonges, eux volontaires, des politiques. Si les fascistes arrivent au pouvoir, le Pujadas, il ne sera pas inquiété. Le mec est parfaitement conscient que ces gens sont matrixés, en partie grâce au travail des médias, mais ça l’amuse. La TV est devenue en gigantesque bar-tabac. Et ça amuse les bourgeois… La fabrique tranquille du fascisme.

On touche le fond. Le type du RN qui sort à un des « Français moyens » qu’il accuse d’avoir lu un livre : « Vous n’êtes pas un citoyen, vous êtes extrêmement politisé ».

Un bon citoyen, pour le RN, est un Français lobotomisé.


J’ai eu l’étrange idée de voir à quoi ça ressemblait TPMP ce soir. Sur la chaîne YouTube de l’émission, ils mettent en ligne une séquence hallucinante d’Hanouna s’en prenant à LFI. Y a quelqu’un qui bosse à l’Arcom ou tout est désormais permis ?

Y a tout dans cette séquence. L’hystérisation, la caricature, le fait divers, l’inversion des valeurs (LFI devient antisémite pas le RN), le mensonge, l’appel à la popularité. Si c’est comme ça tous les soirs, normal que le public devienne totalement décérébré. On est chez Trump.

13 juin

Off de l’entourage de Macron : « Le Président non plus ne ressortira pas inchangé de ce moment. Si les Français lui refont confiance, il est certain que sa pratique du pouvoir sera irrémédiablement différente. »

C’est la rhétorique que le mari violent tient à sa femme. « J’ai changé. » Du même acabit que le « ça va bien se passer » de Darmanin.

Personne n’est dupe. Ce sont les belles paroles d’un fascisme de salon.


Voilà, maintenant, tous les crevards à gauche commencent à se positionner pour le poste de Premier ministre. Queue des mecs, forcément.

Donc d’accord, on va jouer à ce petit jeu : pas de LFI, pas de glucksmanniste et pas d’homme. Donc, Delphine Batho.


La photographe du château montre des images « historiques » du moment où Macron annonce la dissolution à ses sbires. Commentaire :

Quel niveau de mise en scène affligeant… Le Président, de dos, face à une horloge, face à ses sbires. Y a un côté Judas contre le reste du monde : « Parmi nous, un doit vous trahir, ce sera moi ». Le côté noir et blanc pour, quoi, faire mai 68 et la chienlit ? Le paternalisme de la seconde face à la Présidente de l’Assemblée, à l’écart, montrant Macron actif et l’autre qu’on devine dépitée. Macron qui revoit sur la troisième son discours comme un acteur de théâtre. Et la dernière, entouré de ses consiglieri qui peaufine son discours devant une photo de lui.

Ce type n’a qu’un seul but : rester dans l’histoire. Il se moque de la politique. Ni droite ni gauche, cela veut dire pas de politique en fait, pas d’idées, pas de programme. Rien que de la communication. Et la dissolution n’est pour lui qu’un nouveau rebondissement susceptible de le faire rentrer dans l’histoire. Ce clown espère être à la fin du troisième acte de sa tragédie en cinq. Que les urnes lui en mettent une belle en lui faisant perdre son pari. Voilà sept ans que ce monstre de la représentation permanente a phagocyté la vie des Français. Rideau.

12 juin

Un peu de complotisme fiction. Éric Ciotti et Marion Maréchal sont des chevaux de Troie envoyés par le RN depuis plusieurs années dans les autres partis de droite pour les pirater et pour les retourner au moment opportun afin de forcer une union des droites centrée sur le RN.

Bon, le coup serait magistral, et pas sûr que cela profite in fine totalement au RN, mais il faut avouer que les dramas de ces deux derniers jours ouvrent pas mal d’hypothèses. (Et je suis pas loin de penser que Macron a fait la même chose en intégrant autrefois la gauche^^.)

Ah, et tout ça serait orchestré par Poutine via des agents infiltrés dont même les premiers de “cordée” de ces groupes fascistes supposément “patriotes” ignoreraient les liens.

Sinon, ils ont la traîtrise dans le sang. Moins drôle et plus probable.

Ils sont tellement obnubilés par l’idée fantasmée du grand remplacement, par les grandes migrations venant se débarrasser d’un groupe prétendument pur et idéal, qu’ils appliqueraient eux-mêmes, dans leurs actions, ce qu’ils pensent voir chez les autres. Migrer, pirater, salir.


Les médias font la promotion d’un site censé aider les électeurs à faire des procurations. Problème, le site a été créé par un macroniste de la première heure et ne garantit pas que la procuration soit respectée. Pire, des comptes institutionnels relaient ce site, et une note de communauté est ajoutée au tweet. Commentaire :

On est dans un pays où des comptes institutionnels propagent des sites douteux sur les élections et se font fact-checker en direct en commentaire par des twittos avec un ratio hallucinant… On est en pleine post-vérité institutionnelle.


Macron est-il un mix entre Trump et Pompidou ? Un disciple de la post-vérité qui « présente bien » ? Un dernier atout qui lui permet de n’être jamais fact-checké par les médias complices ?


De Jaurès à Pétain, de Blum à Vercingétorix, de Napoléon à Bonaparte, Macron s’approprie tout l’héritage de l’histoire de France. Bon ou mauvais, tout l’héritage de cette histoire lui revient. Prototype du mégalomane proto-égocentrique à tendance psychopathique.


À quelqu’un qui demande « Où sont les artistes ? Où sont les sportifs ? Où sont les patrons ? », je réponds :

Un indice : les personnes qui gagnent plus de 2 000 € par mois tout en n’ayant aucun diplôme votent principalement RN.

Les nouveaux riches en quelque sorte. Donc qu’ils continuent à avoir honte de l’ouvrir.


Après la conférence de presse de Macron pour lancer ses législatives :

L’infâme Macron a trois épouvantails désignés contre la gauche, trois mensonges : le leader de la gauche est Mélenchon, elle est antisémite, elle est antinucléaire.

Monsieur veut être clair, soyons-le. Les mensonges, c’est la marque des extrêmes. Son extrémisme.


Manu Macron, la semaine dernière : « Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de la NUPES ».

Le mec, c’est Nostradamus.


Commentaire sur ce passage de Félicien Faury, sociologue : « Sur la question des salaires, des retraites, il y a un ensemble de malentendus, voire de naïveté chez les électeurs du RN. Démontrer cette tromperie peut donc être efficace. Mais cela ne suffit pas, il faut affronter la question du racisme et de la xénophobie. »

Je ne suis pas du tout persuadé de ça. À l’image de ce qui se passe avec le complotisme, à l’image de ce qu’on a vu au plus fort de la pandémie, démontrer ne sert à rien. Les personnes se convainquent entre eux et se persuadent entre eux, dans leur cercle virtuel, amical ou familial que penser telle ou telle chose est la chose juste à penser, à dire ou à faire. C’est d’ailleurs la même chose pour toutes les opinions politiques. Il y a un côté grégaire, culturel qui se joue bien plus dans le monde réel, l’environnement dans lequel les gens finissent par baigner, qu’un côté rationnel dans l’adhésion à telle ou telle opinion. Et les gens, en plus de ne jamais se laisser convaincre (ça ne marche ni pour le complotisme, ni par la Covid, ni pour les sectes), ne changent pas d’opinions en si peu de temps. C’est un processus long.

Et la vague brune que l’on connaît depuis vingt ans et qui semble inexorable, personne ne pourra prédire en fait quand elle s’arrêtera et comment. Pour l’instant, le seul espoir, c’est la digue du Front populaire. Et c’est plus un élan, un enthousiasme comme 81 qui la dressera.

Que des arguments. Malheureusement, c’est triste à dire, mais en si peu de temps, il n’y aura que la communication qui vaincra l’extrême droite. Aucune fausse note possible : tout ce qui est polarisant à gauche doit être étouffé, sans quoi les bourgeois en face s’en délecteront.


De plus en plus de signes montrent que le « front républicain » refusera de faire barrage contre le RN si c’est la gauche qui se retrouve face à elle dans des seconds tours. Commentaire :

C’est donc encore une fois le bloc bourgeois qui sera responsable de l’accession au pouvoir des fascistes. Parce que les mêmes qui ont profité plusieurs fois du barrage refuseront en masse de se désister en cas de triangulaire et d’appeler à voter Front populaire pour faire barrage.

C’est déjà ce qu’ils sont tous en train d’expliquer et en train de faire depuis des années en diabolisant la gauche et normalisant l’extrême droite. Et une fois qu’ils auront démontré que le barrage, cela ne concerne que les gauchistes à leur attention, ce sera finito pour la démocratie. Soit l’extrême droite ne rendra jamais le pouvoir, soit si elle le rend une première fois, plus jamais aucun barrage ne sera possible et cela profitera à l’extrême droite bientôt réunie avec le bloc bourgeois qui n’a jamais rien eu à craindre d’elle. Lui.

11 juin

Réponse à ce commentaire de Nassira El Moaddem, présentatrice d’Arrêt sur image : « Le Front national ne peut pas être traité comme n’importe quel autre parti. Que les consœurs et confrères journalistes prennent position comme nous sommes quelques-uns à le faire. L’heure est grave. Il n’y a plus de pseudo-neutralité possible. »

Les médias sont logiquement assujettis à l’image. De manière assez inévitable, la politique de normalisation du FN s’est accompagnée d’une erreur de communication de la gauche livrée à ce que ces médias ont alors pu qualifier de happening. La diabolisation a alors changé de camp.

Parce que pour la normalisation de l’extrême droite, elle va de pair avec la normalisation chez les bourgeois, donc dans les médias dominants, avec les mêmes idées irriguant le centre et la droite.

Je ne suis pas sûr que la question soit de rediaboliser un parti plus qu’un autre. Ce n’est pas plus le rôle d’un journaliste de diaboliser un parti plus qu’un autre. Parce que ce n’est pas le rôle d’un journaliste de tomber dans les épithètes. Son rôle, il est en revanche de confronter les partis avec leurs propositions et leur politique, donc avec la réalité. Quand des journalistes définissent LFI comme un parti antisémite à la place du RN, ce n’est pas un problème de qualification, c’est un déni de réalité.


My guess pour la déclaration de Macron demain. Voyant que son coup de jouer rapide dans le but de prendre de court la gauche pour qu’elle ne puisse pas s’allier en une semaine n’a pas réussi, il se rend compte que c’est lui qui manque de temps pour rallier des LR. Du coup : il va décider de rétropédaler et repousser les législatives au mois de septembre sous prétexte d’un éventuel veto du Conseil constitutionnel et de la tenue des Jeux olympiques.


C’est la social-démocratie qui a été le cheval de Troie des inégalités dans le monde.

Si les accords se portent sur les accords, il n’y aura pas d’accord sur le nucléaire, ni sur les fleurs de bac, ni sur l’hydroxychloroquine. Quant aux antisémites, ils sont à droite.

10 juin

Des militants, devant le siège du Parti écologiste, scandent qu’ils veulent un accord. Commentaire :

Je corrige : « On veut un accord sur la base de nos accords. »

Quel intérêt de porter des exigences et des conditions qui interdiront toute alliance ? Un accord sur les accords, ils auront assez de temps pour au moins détricoter les ignominies du macrō-fascisme.


Déjà trois professions de foi. Avec autant de conditions incompatibles avec celles du voisin, ce n’est pas une alliance qu’ils recherchent, mais l’équation de Drake.


Les trois communiqués que j’ai vus jusqu’à présent ne sont tellement pas à la hauteur du défi que c’est à se demander s’ils ne planchent pas tous pour présenter les meilleurs éléments de langage pour expliquer dimanche que c’est la faute de l’autre si aucun accord n’est possible.


Le Pen compte faire des alliances avec les Républicains. Commentaire :

Elle a retenu la leçon de Macron qui avait phagocyté la gauche. Elle pense pouvoir phagocyter la droite maintenant qu’elle s’est alignée sur sa politique xénophobe et pauvrophobe.


Toute la gauche devrait… dissoudre tous les partis pour construire une union de la gauche qui ne braquerait personne : une gauche sans Mélenchon et sans Hollande.

On voit une partie de LFI qui serait prête à l’union mais qui porte le boulet Mélenchon et une partie des sociaux-démocrates qui portent comme un boulet l’héritage de Hollande.

Le mieux que pourraient faire Mélenchon et Glucksmann, c’est de fermer leur gueule et de laisser un Front populaire se faire sans eux. (Peu de chances que ça se fasse.)


À France Info, on a tout à fait compris que placer sur un plateau deux personnes qui s’opposent, c’est super pour le clash. Moins pour la montée de l’extrême droite. Mais la tentation est trop grande.

À 18 h, la radio a donc l’excellente idée de réunir Benoît Hamon et… Jean-Sébastien Ferjou, éditorialiste d’extrême droite. Le premier s’étonne de la virulence des propos du second à son encontre et prétend ne pas le connaître.

Bienvenue dans la fabrique du RN sur le service public, Benoît.


Chapeau d’un tweet de France Inter : « Il y a 27 ans, Jacques Chirac annonçait la de l’Assemblée nationale. Mais contrairement à ce qu’il attendait, c’est l’opposition de gauche qui remporte les élections législatives. » Réponse :

Ce n’est pas « ce qu’il attendait ». Voyant les sondages baisser, il a fait le pari de trouver une majorité juste avant que ça bascule à gauche. Et il a perdu son pari.

On ne gouverne pas avec des paris. Les institutions ne sont pas des joujoux. Encore moins une table de jeu.


Il y a actuellement trois personnalités dans le pays qui font le jeu du RN : Macron, Glucksmann et Mélenchon.

Mélenchon, s’il voulait vraiment la défaite de l’extrême droite dirait « un programme d’union ». Avec sa “rupture” et ses conditions, il est sûr d’en braquer certains.

Pareil pou Glucksmann. Mais la différence ici, c’est qu’a priori, c’est plus Faure qui dicte la conduite du PS, et il a été clair sur une alliance sans condition.


On note que Macron préfère dissoudre l’Assemblée que de démissionner. En gros, il est élu grâce à la gauche en faisant la promesse d’une politique écologiste, il sort le grand discours sur « ce vote m’oblige », il fait une politique d’extrême droite, et quand l’extrême droite fait un raz de marée à une élection grâce à la publicité qu’il lui a faite pendant tout ce temps au lieu de faire la politique écolo promise, il dit que c’est le problème, c’est qu’il ne peut pas gouverner et qu’il faut passer la main… à l’extrême droite.

« Ce vote m’oblige »…

9 juin

La social-démocratie, cheval de Troie du libéralisme écocide et pauvrophobe, désormais cheval de Troie du macrō-fascisme.


On remercie d’avance les médias, en particulier publics, qui vont chouchouter Glucksmann en en faisant une sorte de Petit Prince à la Macron tout en crachant H24 sur la gauche.

La gauche bourgeoise de Mitterrand œuvre depuis quarante ans pour le renouveau fasciste. On y est.


« Stéphane Séjourné annonce que le camp présidentiel ne présentera pas de candidat contre les députés sortants faisant partie « du champ républicain ». » (lien) Commentaire :

On dirait Méphistophélès face à Faust. Et bien sûr, le PS va sauter sur l’occasion. Et le diable sera au pouvoir. Grâce au PS. PS, fossoyeur de la démocratie.


Les comparaisons avec l’accession au pouvoir d’Hitler et le Front populaire se multiplient. Commentaire :

Le point Godwin, c’est devenu un peu comme le Gorafi. On en rigole, jusqu’au jour où on se rend compte qu’on n’est plus très loin de la réalité.


Dilemme typique auquel la gauche n’a jamais réussi à faire face. Comment craindre le réchauffement climatique tout en pouvant continuer à partir en week-end ? Comment craindre le réchauffement fasciste tout en refusant de voter pour celui qui est trop ou pas assez à gauche.


La dissolution, c’est pas un peu comme une auto-motion de censure ?

La gauche s’était rendu compte que Macron était un traître quand il s’est présenté après avoir bouffé chez eux. Maintenant, c’est le parti qu’il a créé qui est en train de découvrir qu’il est d’extrême droite.


Moi je suis complotiste. Sa politique a toujours été d’extrême droite. Par conséquent, sa manœuvre c’était d’infiltrer la gauche, puis de se prétendre ni gauche ni droite, puis de servir de marchepied au RN pour le mener au pouvoir.


La tactique de Macron (réponse du 16 juin avec la même idée) : Une autre hypothèse, c’est que Macron est d’extrême droite depuis le début et a usé de la technique du coucou en infiltrant d’abord la gauche puis en raclant tout sur son retour à son point de départ. La dédiabolisation ultime. Passer par le piratage de tes concurrents.


On pensait que le « ni gauche ni droite » de Macron, c’était un aveu d’être de droite. C’est en fait pire que ça. C’était un masque. Depuis toujours si ce type sert de marchepied à l’extrême droite, c’est qu’il a ambition depuis toujours de le hisser au pouvoir.

À la gauche de savoir pour une fois s’unir malgré les différences politiques majeures pour prendre l’extrême droite à son propre jeu et récupérer le pouvoir. Il sera temps une fois la majorité faite de voter ou non sur telle ou telle politique à suivre…

Quel escroc.


Il aurait fallu refaire la NUPES, qu’ils auraient appelée La Gôche, mais chaque parti étant soucieux de faire campagne seul afin de peser dans les futures alliances et de se chamailler plus tard, ça ne se fait pas.

Les Vaincus, Michelangelo Antonioni (1953)

la faute des jeunes

Note : 3.5 sur 5.

Les Vaincus

Titre original : I Vinti

Année : 1953

Réalisation : Michelangelo Antonioni

Avec : Franco Interlenghi, Anna Maria Ferrero, Jean-Pierre Mocky, Patrick Barr, Peter Reynolds

En 1953, Michelangelo Antonioni met donc en scène une série de trois histoires sur la délinquance juvénile dans Les Vaincus. Il commence son film en précisant que ces histoires criminelles, bien que fictionnelles, auraient tout aussi bien pu être réelles, car elles s’inspirent d’une série de crimes impliquant des adolescents en Italie, en France et en Angleterre. Cette délinquance n’a rien d’ordinaire, car elle implique des personnes de bonnes familles. Pour trouver une explication à cette violence, on parle alors de « génération perdue », celle des enfants élevés pendant la guerre, sans valeur sinon assujettie à l’individualisme et au capitalisme. Parmi les trois histoires, il y en a une qui se tient en France avec Jean-Pierre Mocky : volontiers mythomane, ce gosse de riche est la victime d’autres gosses de riche qui fomentent un assassinat pour lui faire les poches. Toutes les histoires démontrent l’extrême légèreté des motifs criminels. Ah, les jeunes, c’est toujours de leur faute. Manquerait plus qu’ils se laissent pousser les cheveux et réclament la liberté sexuelle.

Il est curieux de voir combien le cinéma toujours tient compte de son époque et vient à contredire les stéréotypes dans lesquels certains aiment à se vautrer de nos jours pour ramener des électeurs faciles à eux. On voit aujourd’hui que l’apprenti fasciste, élève Attal, prétend que la délinquance juvénile est en explosion, quand les chiffres disent que c’est faux. Et lui, comme tous les autres, met cette prétendue explosion de violence des jeunes sur le compte de la pandémie ou de la démission des parents (il n’est pas question de violence policière dans le film). On retrouve une partie des arguments retrouvés après-guerre. En partie seulement. Parce qu’ici, on comprend vite qu’il n’est pas question de se questionner sur la violence des fils à papa, mais des sales gosses des cités. Surtout s’ils ne sont pas très catholiques.

Antonioni a raison. Si les films, ce n’est pas la réalité, ça pourrait tout autant l’être parce qu’ils illustrent souvent mieux que les données des experts que personne ne veut écouter (les saletés politiques font exactement la même chose sur la délinquance juvénile que sur l’immigration : ils se foutent de la réalité des chiffres, surtout quand elle infirme leur politique d’apprentis fascistes), une réalité que certains préfèrent ne pas voir parce qu’il leur est plus profitable de raconter des histoires que l’on ne croirait pas en film sur des personnes bien réelles, et sur lesquelles ils crachent à longueur de journée afin de leur faire porter la responsabilité de leur incompétence et de leurs trahisons. En l’occurrence, voir que 70 ans après, les ficelles du genre « c’était mieux avant », « y a plus de respect pour les anciens » marchent encore, c’est d’utilité publique. La différence, majeure celle-là, c’est qu’en 1950, la société se mettait en place pour réassurer à sa population une forme de bien-être qui leur avait été interdit pendant les années de guerre : des organismes voyaient le jour pour sa santé, on donnait le vote aux femmes, bref, on prenait la mesure du danger fasciste auquel la population venait d’échapper. Nous, on y fonce à nouveau tout droit. Plus on en parle du fascisme, plus on est attirés par lui. La bave à la lèvre contre les fainéants, les pauvres, les chômeurs, les jeunes, les fonctionnaires, les gosses des cités, les musulmans, les gauchistes ou les défenseurs de l’environnement.

Les vaincus, c’est nous. Les gosses de riche ont fini par la gagner leur guerre. Dans le film, tous les jeunes assassins finissent par reconnaître leur crime. Mais ce n’est qu’un film. Dans la réalité actuelle, les gosses de riche sont au pouvoir et ont trouvé des moyens beaucoup moins salissant et compromettant de vouer leur vie à l’individualisme, quitte à multiplier les crimes. Il suffira seulement de raconter des histoires en venant cafter auprès de papa ou de la police : « c’est pas moi, c’est l’autre. » Aujourd’hui, cela marche toujours. Les gosses de riche sont des criminels, mais c’est toujours la faute des victimes de la société si elle ne tourne pas rond. Responsable, mais pas coupable. Raconteur de fables. Vainqueurs face aux vaincus.


Les Vaincus (I Vinti), Michelangelo Antonioni 1953 | Film Costellazione Produzione, Société Générale de Cinématographie


Liens externes :


Guillaume Meurice et sa blague « polémique » sur Blast

Les capitales

Politique(s) & médias

Antisémitisme, dépréciation, humour et verticalité

Réponse à une vidéo de Blast où l’humoriste revient sur une blague jugée antisémite ayant fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias :

À demi-mot, on comprend que Salomé Saqué souscrit à l’idée que cette blague puisse être antisémite, et encore une fois, désolé de le dire, ça entretient le confusionnisme et par conséquent l’antisémitisme. Les mots ont un sens, si tout devient antisémite, plus rien ne l’est, et par conséquent, comme dirait quelqu’un de Blast le jeudi, on fait de l’antisémitisme.

L’humour vise à tordre certaines réalités (parfois les simples mots) pour en démasquer d’autres. C’est précisément ce qu’a fait Guillaume Meurice avec cette blague : par son astuce elle traduisait la réalité du gouvernement israélien, à savoir que c’est un gouvernement d’extrême droite. Le caractère dépréciatif de la blague, il concerne l’extrémisme de la personne visée, pas du tout sa religion ou son ethnie. Au contraire, pointer du doigt qu’une population n’est pas uniforme et possède également des extrémistes, c’est la normaliser. En faire un bloc intouchable, c’est nier son caractère humain, la déshumaniser, et par conséquent se rapprocher, là, d’une forme d’antisémitisme. Tous ceux qui souscrivent par conséquent à l’idée que cette blague puisse être antisémitisme font eux-mêmes de l’antisémitisme.

J’ajoute que l’humour est vertical. Vertical, mais surtout ascendant, voire conascendant, et non condescendant. Il est odieux quand il vise à déprécier des personnes « en dessous de soi ». Le bouffon se moquait du roi, pas du petit peuple. Qu’il s’agisse de blague sexiste, homophobe, raciste, antisémite, pauvrophobe, il est toujours question d’une dépréciation de groupes placés en position de faiblesse ou d’infériorité. Quand Guillaume Meurice se moque d’un puissant, il lève les yeux pour se moquer de lui et le ramener à sa hauteur, il ne déprécie pas une personne placée en position d’infériorité.

Cela rappelle assez les polémiques concernant des textes de Sardou ou quand Gérard Darmon jouait Othello. Ces vagues de fausses indignations, souvent relayées par la gauche, c’est en fait à la fois ne pas comprendre l’essence même de la représentation artistique et son rôle dans la société, mais aussi faire la promotion d’une censure qui n’a rien de libéral. J’avais évoqué Sardou ici et Darmon, ici.

L’engagement a tué l’expression et les échanges entre cinéphiles sur Twitter

Les capitales

Réseaux sociaux

Tristesse des échanges codifiés visant à l’engagement plus qu’à la discussion ou à l’expression détaillée d’un point de vue sur les comptes cinéma Twitter/x

J’ai créé, un jour, une liste sur les comptes censés parler de cinéma sur Twitter, et je n’y vais jamais. Pourquoi ? Parce qu’on n’y trouve rien. Normal, sur un réseau social, me direz-vous. Sauf que je pense qu’on y trouve même sur les autres réseaux des posts autrement plus intéressants que la majorité des comptes dédiés au cinéma. Et je ne parle pas des comptes supposés de cinéma et qui, comme moi, n’en parle jamais. Non, je parle des comptes qui sont centrés sur le cinéma et qui créent du contenu en fonction d’un public, comme eux, cinéphile.

On n’y trouve rien. Pourtant, ça marche.

Les gens sont réunis en communauté, et tout le pire du réseau social se trouve condensé sur ces comptes (les insultes en moins — quoique, je ne vais pas sur les commentaires).

Le cinéma n’est la plupart du temps qu’un prétexte, qu’une sorte de MacGufffin, à se mettre en avant et à requérir des likes ou des retweets de sa communauté. On le fait ainsi gonflé à hauteur de son activité. Tous les comptes s’y mettent, même les comptes « institutionnels ».

Il y a des codes, des posts à faire qui tournent sans cesse : votre x préféré, votre top de x, les « moi quand je » suivis d’un GIF, les anecdotes de films, etc.

Tous ces gens passent des heures à lire et à partager des contenus totalement vides de sens, ne parlent en réalité jamais du sujet qu’ils sont censés mettre en avant, et le plus triste, c’est qu’ils ne semblent même pas comprendre que cela ne mène nulle part, la grande majorité d’entre eux n’ayant (en plus) rien à vendre. (À part tuer, je ne vois pas la finalité. C’est du picorage.) Leur quête illusoire de visibilité en ligne n’est pas l’expression de leur goût pour une forme d’art ni pour une forme spécifique de cinéma, mais au contraire un puits sans fond rempli de miroirs déformés capables de leur retourner une image qu’ils croient positive d’eux-mêmes.

Triste…

Moi qui n’ai pas particulièrement apprécié les échanges sur les forums ou les sites dédiés à leur apparition, qui ne suis pas bien actif à lire des blogs ou à écouter des podcasts (c’est rarement dédié à l’histoire du cinéma — celui de la Cinémathèque française, à la limite), j’en serais presque nostalgique en voyant le néant qu’est devenu le partage sur Internet. J’espère seulement qu’il y a un ailleurs que Twitter pour partager entre cinéphiles. Mais partager vraiment. Penser qu’on puisse le faire sur un réseau social qui pousse plus à l’engagement qu’à discuter n’est qu’une illusion ; il est étonnant, en 2024, de voir un public pour s’en rendre, volontairement, victime. Les liens vers des contenus, des articles amènent rarement à l’engagement. On change d’époque : les revues, les journaux disparaissent, désormais remplacés par des « influenceurs ». J’avais déjà été passablement agacé par les comptes comme « les garçons officiels » qui pour moi ont une activité qui s’apparente aux faux comptes d’information sur Twitter (Mediavenir, Brèves de presse).

Petit aperçu de posts sur ces douze dernières heures (et encore, je n’ai que fureté du côté des cinéphiles français, rien sur les sites, les institutions, les amateurs de classic movies, etc.) :

La polémique du moment à lancer (s’indigner, c’est exister — je m’indigne aussi, mais mon compte, c’est mon journal intime pas un appel à l’engagement^^) :

L’appel direct à répondre avec image qui suit (si ça fait un flop, c’est que tu n’as pas encore atteint le niveau 2 de l’influence ou c’est que tes appels directs sont un peu longue distance et difficile à joindre) :

Appel direct à l’engagement reprenant exactement le même tweet (sorte de chaîne de Ponzi du retweet ou d’engagement pyramidal) (le cinéma ne sert même plus de prétexte, il est absent) :

La microcritique à la syntaxe tarabiscotée (ça pourrait presque être un chapeau appelant à aller lire un article, mais même pas, il s’agit d’une pratique commune, sorte de haïku de la critique, très populaire sur Vodkaster, un peu moins sur Twitter — ça provoque assez peu d’engagement) :

Avant, Twitter, c’était le royaume des 250 signes. Mais parfois, on se demande si ce n’est pas celui des 250 pixels. Un film, résumé en quelques pixels. (Ici, le compte se laisse sans doute aller à une simple évocation qui lui fait plaisir. D’autres fois, le passage d’un film quelque part est l’occasion de renvoyer vers une critique. De bonne guerre dans tous les cas. Ce n’est pas le pire des méthodes de l’engagement. À noter toutefois l’oubli du hashtag sur le nom du cinéaste — comme dans mon exemple précédent.) :

« Moi », suivi d’une capture. (« 250 signes, c’est trop. Qu’est-ce que je vais pouvoir dire ? « Moi », Trois signes, zut. ») Je crois que ça vaut bien les images de chaton, je suppose que l’idée c’est du feel good post ? :

La liste dédiée à un hashtag incompréhensible (30 000 vues, je suppose que c’est un post essentiel) (je remarque en revanche qu’il n’y a pas de faute dans les capitales de titres d’œuvre) :

Le commentaire outré de Kevin, 12 ans qui trouvera toujours que sa mère est plus belle que l’actrice que tout le monde adule (exarchopoulos) (je fais parfois mieux : les commentaires outrés de douze ans d’âge mental, je les place directement en critiques de film — et heureusement, tout le monde s’en moque) :

Le pavé dans la mare, histoire de relancer des polémiques en cours (notez que l’indignation peut être tout à fait sincère ; il n’en reste pas moins que quand on a une communauté, ça provoquera de l’engagement — les polémiques ne s’éteignent jamais sur Twitter, il y aura toujours quelqu’un pour rajouter une pièce) :

Un aphorisme à la con = une citation. Plantez tout ça sur une image de l’auteur (ou un autre, on fait pas du fact checking) et votre fan base en a eu pour son argent :

Polémique toujours. Mais l’avantage de certaines institutions centenaires, c’est que de rien, on en fait encore un article (alors que… pourquoi faire ?) :

Variante du « moi quand », le « mood » (ici, on n’est pas loin de l’engagement ring) :

Voilà ce que j’ai pioché en… trois minutes. Du vide, du vide, du vide. Au mieux, beaucoup de solitudes qui se font face et se répondent sans se voir. Au pire, on est devenus les esclaves d’une plateforme d’échanges qui se nourrit de notre attention et qui ne nous apporte rien en retour. Sinon le mirage d’être lu. Un océan de sueur et de larmes.

Revues et blogs sont morts, mais que restera-t-il de ces échanges ? (Sans doute rien dans un monde qui s’écroulera sous le poids du vide que l’on ne cesse de produire et qui est loin d’avoir une empreinte nulle ou virtuelle… Tout le paradoxe de notre civilisation. On utilise nos dernières ressources pour partager des images de chat, des états d’âme et pour crier qu’on existe. On ne mérite définitivement plus de vivre. Moi le premier. Place aux cloportes et aux nénuphars.)

Limiter les troubles musculosquelettiques, conséquences du temps passé à travailler sur un clavier, grâce à un script AutoHotKey

 

Certains troubles musculosquelettiques sont dus à des mauvaises positions de travail, à la répétition de gestes répétés cent fois par jour au clavier, à l’ergonomie défaillante des matériels mis à disposition au public (souris et claviers sont mal conçus de toute évidence).

Au-delà du fait qu’il faut toujours en parler d’abord à un médecin tout en évitant les pseudo-sciences (l’ostéopathie, au hasard), et que la première chose à faire…, c’est le repos, certains dispositifs que j’ai dû évoquer ici ou là, sont utiles pour éviter ou limiter les crises : des bracelets de force ou de contention pour les avant-bras (les muscles des doigts sont dans les avant-bras), des mitaines pour ceinturer le poignet, des sangles vendues pour corriger la stature, mais qui ont surtout l’utilité de compresser les trapèzes (là où, personnellement, le gros des douleurs se font jusqu’à remonter parfois jusqu’au crâne), une simple corde ou deux ceintures réunies permettant de compresser ces mêmes trapèzes (on trouve des tutos sur YouTube) ou des logiciels de reconnaissance vocale (celui de Windows est nul, celui de Dragon est bien, mais parfois lent si le but par exemple est de remplacer un simple clic).

Un autre outil très utile peut être utilisé au quotidien pour améliorer l’ergonomie de son clavier, c’est d’adopter un petit programme visant à changer les propriétés des touches du clavier. Windows propose déjà la possibilité à travers ses paramètres de faire de la touche 5 du pavé numérique un clic de souris, et c’est en suivant cette logique que j’ai adapté tout mon pavé numérique pour en faire des touches des raccourcis les plus utilisés. C’est un coup à prendre, et pour le coup, l’ergonomie sera commune aux gauchers et aux droitiers : il faut s’habituer à n’utiliser la main gauche que pour le pointeur de souris (les boutons continuent de marcher, mais l’idée, c’est bien de cliquer sur le clavier). Le pavé numérique étant à droite, c’est donc tout naturel que c’est avec la main droite qu’on finit par opérer tous ces raccourcis et de s’en servir pour les différentes variations du « clic ».

Le petit programme permettant de modifier les propriétés des touches de son clavier, c’est AutoHotKey. Une fois installé, il faut paramétrer ses préférences, et voici le code que personnellement j’utilise pour faire de mon pavé numérique un agrégateur de raccourcis :

Numpad0::Click "Down"
Numpad1::#v
Numpad2::RButton
Numpad3::^+v
Numpad4::^c
Numpad5::Click
Numpad6::^v
Numpad8::^x
Numpad7::MButton
NumpadAdd::Click 2
Numpad9::Backspace
NumpadSub::^f
 
Et voici ce que cette composition permet de faire (à gauche, la touche du pavé numérique, à droite, la propriété) :

 

0 = clic gauche maintenu

1 = touche Windows + v (accès au presse-papiers)

2 = clic droit

3 = coller texte brut (ctrl maj + v)

4 = copier

5 = clic gauche

6 = coller

7 = bouton du milieu de souris (soit ouvrir/fermer le lien, soit curseur de défilement)

8 = couper

+ = double cliquer

9 = retour

– = chercher

(le clic maintenu est un des principaux soucis liés aux clics de souris, ici, avec la touche 0, on appuie une fois, le curseur est maintenu, on appuie sur 5, le clic donc, et le bouton de souris cesse d’être maintenu)

Quand on travaille sur clavier et qu’on utilise énormément le presse-papiers ou copier/coller comme moi pour mes listes à la con, ce script permet d’éviter que le bras gauche passe sans cesse de la souris (à la main gauche) au clavier. En reliant toutes ces opérations répétitives sur le pavé numérique, dont toutes les formes de clics, fini la torture. Cela ne règle pas tous les problèmes liés à la mauvaise ergonomie du couple souris/clavier, mais ça en limite les principaux. Ce serait pas mal que les constructeurs adoptent au moins partiellement ces changements, mais comme ce n’est pas au programme (c’est plus important de créer une nouvelle touche d’assistant IA Windows), il faut en passer par un petit script qui, au contraire d’un logiciel comme Dragon par exemple, ne pompe aucune ressource supplémentaire.


Non aux sondages d’opinion

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Les utopies/Politique(s) & médias

Pour la fin des sondages à la con

Réponse à un tweet réclamant que la méthode d’un sondage de l’Ifop sur les personnalités préférées des Français soit révélée :

L’Ifop est une entreprise privée. Elle n’a donc pas à partager quoi que ce soit parce que ce qu’elle propose, c’est un produit, pas de la connaissance. Comme toute entreprise privée, son but est de développer son chiffre d’affaires, pas d’informer. D’où des sondages à la con. Ici, un “baromètre” annuel à la con, forme de marronnier comme toutes les entreprises savent en imposer dans l’espace public souvent confondu avec un espace publicitaire, et comme certains médias à la con s’en font parfois le relais.

Traditionnellement, ce sondage est « fait pour » le JDD. Les marronniers, c’est toujours du win win : tu crées un produit à la con que personne demande, mais tout le monde en parle, surtout ceux qui ne s’y intéressent pas.

On notera « comme par hasard » l’apparition opportune de Bardela alors que le JDD est désormais un canard d’extrême droite. On se rappellera comment les sondeurs et les médias associés avaient créé de toute pièce « l’ascension » de Macron et de Zemmour.

On ne veut pas savoir le détail de la méthode des sondeurs, on s’en fout. Parce que les sondeurs, c’est comme la drogue, les fausses nouvelles, la communication, la publicité, les jeux d’argent : c’est de la merde. Leur toxicité sur la société n’est pas à démontrer. Mais comme c’est bon pour le saint PIB, pour certains, ce sont des activités licites.

Seuls l’INSEE et des chercheurs agréés obéissant à des règles strictes à la fois sur la protection des données et sur le partage de certaines autres devraient être autorisés à faire des sondages. Pour les sondages électoraux, il existe une commission des sondages, probable que ça fonctionne comme le RSA ou les normes CE, i.e. avec une politique du on s’en bat les couilles : on a personne pour contrôler, donc contrôlez-vous vous-mêmes.

Il existe des associations de résistance à (l’agression) la publicité, des associations de défense du consommateur, des associations de lutte contre la malbouffe, manque une association qui fasse la promotion du trollage des sondages. Avec potentiellement du piratage de sondage. Objectif : « Mimie Mathy* en tête des intentions de vote pour les présidentielles. » (*ou n’importe quelle “personnalité” participant à « l’association de lutte contre les sondages à la con » et pouvant ainsi prétendre à intégrer la liste après une vraie fausse présentation.)

C’est pas gagné. Pour pirater les sondages, il faut une crédibilité, des passeurs. Or, y a peu de rebelles dans ce pays. Chacun travaille précieusement à son propre PIB. Apparaître dans ce type de sondage à la con, c’est déjà un peu comme recevoir un crédit d’impôts, un César ou une Légion d’honneur. Un sésame pour les dividendes futurs. Quand tu n’y es pas, ces tops n’ont aucune valeur, quand tu y es, flatté, tu renonces à les critiquer. Et par conséquent à les saboter. Mais on peut rêver.

Chères personnalités, simples items désincarnés dans des produits de sondage à la con, l’histoire ne retient rien des sondés, des courtisans et de tous ces flonflons. Êtes-vous fait pour le bal musette ou vous sentez-vous l’âme d’un pirate ?

Et à tous les autres, larguez les sondages, y en a marre ! Répondez, trollez, faussez, décrédibilisez, piratez, pour qu’on en finisse avec les entreprises dont « le produit, c’est nous » et que tous les médias partenaires meurent de honte ! Ipsos finito facto. Ifop, y flop.


Depardieu l’obscène, le Figaro et les 50 boomers à la rescousse

Faut-il séparer le monstre du monstre sacré

Mon oncle d’Amérique, Alain Resnais | Philippe Dussart, Andrea Films, TF1

Réponse à la tribune dans le Figaro des 50 boomers défendant Gérard Depardieu.


Ce que peuvent faire les puissants pour défendre leurs semblables…

Autant, je suis très réservé sur les vagues metoo, autant, avec Depardieu, il n’est pas question de présomption d’innocence. Il y a des images où on voit un type malade dont les proches laissent tout passer.

Je passe sur le fait que Depardieu serait un monstre sacré… C’est quoi sa dernière grande performance dans un film ? En revanche, ces imbéciles ne peuvent pas ignorer les débordements obscènes, sexistes, voire racistes rapportés par les images de Complément d’enquête. Si Depardieu se comporte comme un crétin, c’est bien se sent intouchable. C’est même étonnant que jusque-là personne ne lui ait filé aucune baffe en assistant à ses remarques ou en étant pour le moins lourd avec des personnes qui ne sont souvent pas en position de répondre et encore moins de lui filer des baffes. Il y a une coresponsabilité de son entourage quand un tel connard se sent tout permis en public ou en petit comité et que ceux-ci finissent par le dédouaner en criant au lynchage. Et ce n’est que la part émergé de l’iceberg. Parce que si ce genre de guignols osent agir ainsi en public, qu’est-ce qu’il faut penser de leurs agissements en privé.

Beaucoup d’actrices dans le lot des signataires. Autant d’autres « monstres sacrés » avec qui ce guignol ne se sera jamais montré déplacé parce qu’elles auraient su se défendre et parce que leur statut de star les aurait, elle, protégées. Mais elles pourraient au moins fermer leur gueule sans quoi elles ne font, avec les autres signataires masculins souvent de la même génération, que renforcer leur coresponsabilité dans les agissements déplacés de Depardieu.

Je ne me prononce pas sur les viols dont le bonhomme se trouve être accusé, mais au moins tant mieux pour les victimes : toutes ces paroles déplacées de Depardieu dont tout le monde peut être témoin pourront au moins aller dans leur sens et conforter leurs versions.

Contrairement à ce qui est écrit dans « l’appel des 50 boomers à la défense de l’acteur », personne n’interdit à Depardieu de travailler. Personne ne le lynche. Le public sera bien libre ou non d’aller voir son talent, ou ce qu’il en reste, au cinéma ou ailleurs. En revanche, prétendre aider un « monstre sacré » en lui laissant passer toutes ses saloperies comme à un enfant gâté qu’il ne devrait plus être, ce n’est ni lui rendre service, ni aider les éventuelles personnes qu’il indispose ou agresse pour ne pas être, elles, des « monstres sacrés » à sa hauteur. Et ce n’est certainement pas se placer du côté de ce qui est juste.

Or, un artiste, et a fortiori un acteur, si on peut discuter de ce qui « est politique » et de ce qui ne l’est pas, il doit en revanche toujours se placer du côté de ce qui est juste. Personne n’aime les salauds à l’écran, les vrais. Depardieu a souvent joué des salauds lumineux. Lui et ses collègues de la bourgeoisie du septième art semblent avoir oublié le “lumineux”. Un salaud lumineux, c’est celui qu’on accepte de voir à l’écran. Justement parce qu’ils sont à l’écran et pas ailleurs. Ce sont les monstres, c’est-à-dire ceux que l’on “montre”. L’écran est là pour les dévoiler et surtout pour les restreindre à ce cadre. Quand on regarde des films d’horreur, on n’espère pas voir des zombies se promener lors de notre prochain passage au supermarché.

Les monstres, comme les monstres sacrés, c’est à l’écran qu’il faut les voir. Certains semblent se prendre peut-être un peu trop à leur jeu. Si l’idée est de défendre « l’acteur », ce n’est donc pas bien réussi. Parce que si son public commence à se demander si le vrai Depardieu est le même que l’on voit à l’écran, le “monstre” n’est plus puisqu’il se serait contenté de jouer son propre rôle. Et plus personne alors n’accepterait de voir ainsi à l’écran ce qu’on saurait alors ne plus être un « monstre lumineux », mais un simple monstre.


Enthoven, l’intelligence artificielle, le conformisme et la peur de la mort

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Éducation

Science, technologie, espace, climat

Réponse à ce film, et plus précisément à ce tweet : 

C’est pour ça que je n’ai jamais rien compris à la philosophie. Ce qui est à la portée de tous, c’est un exercice de conformisme. Philo, comme autre chose, on te pose un cadre, et tu ne dois jamais dépasser ce cadre. C’est précisément ce que font les machines, et ce que je n’ai jamais réussi à faire. Mon logiciel de pensée, c’est de toujours réfléchir en travers. On me pose un cadre, et j’étudie la question à travers mon strabisme intellectuel. Ce qui me fait rater l’évidence, mais ce qui me permet aussi et surtout de gambader vers des voies nouvelles. Souvent des voies sans issue, mais pas toujours.

Si j’ai bien compris le principe de la conclusion en dissertation, c’est d’ouvrir la question initiale vers une problématique proche. C’est ce que j’ai toujours fait dès la première phrase. J’explore, je traverse, j’erre, bref, je ne fais que du hors sujet. Et ça me va.

Parce que, contrairement à ce que dit ce monsieur, une machine, si on lui dit s’exprimer des émotions, une peur de la mort ou de tout autre chose, si on lui invente un discours qui mimerait la nécessité pour elle de préserver un corps qu’elle n’a pas, elle sera un jour, comme c’est déjà un peu le cas aujourd’hui, capable de nous en donner l’illusion. Dire qu’on a peur de la mort, ce n’est pas une preuve qu’on a peur de la mort. Et ça, les robots conversationnels ont déjà démontré qu’ils étaient capables de le faire (parfois avec des excès).

La spécificité humaine, c’est moins la peur de la mort (d’où il sort ça, sérieux) que la capacité à sortir, aussi, des cadres prédéfinis. Le plus souvent, on appellera ça des erreurs, des écarts, et puis, dans un autre contexte, on dira que c’est de la créativité. Elle est là la spécificité humaine. La capacité à ne pas se formaliser, sortir du cadre, dire non, ouvrir ou remettre en question… la question, poser immédiatement sa légitimité ou sa pertinence.

La vie, plus généralement, se distingue du monde inerte par sa capacité à se reproduire mille fois à l’identique, tout en autorisant les erreurs de copie. Ce sont ces erreurs qui font ce que nous sommes, parce qu’aucune vie n’échappe à l’extinction en reproduisant sur des millions d’années des copies initiales.

Monsieur pense que l’humain se distingue par sa capacité à avoir peur de la mort, alors que précisément, la vie est ce qu’elle est parce qu’elle est imparfaite et… mortelle. Les machines sont des clones, des monstres de conformité. Tu leur dis quoi faire : ils le font. L’humain, en revanche, peut rendre une copie vierge et réussir un jour son examen. Il est le fruit de milliards d’années d’évolution, parce que la vie tente sa chance, fait des erreurs et en meurt. Son sacrifice bénéficiera à ceux pour qui la conformité sera devenue une impasse. Ses erreurs, ses tentatives, ses approximations, ses explorations profitent toujours à ceux qui prennent sa place.

Donc, puisqu’une dissertation est un travail de conformité, il y a fort à parier que très vite (si ce n’est déjà le cas), l’intelligence artificielle soit capable de produire une copie conforme aux attendus de ces chers professeurs. J’attendrai encore, pour ma part, qu’on valorise les erreurs volontaires, les échecs constructifs ou les hors sujets d’exploration, au moins une fois dans une vie. Ça doit être un ratio tout ce qu’il y a d’acceptable avant, sans peur, de laisser sa place à d’autres. Humains ou machines.


Edit :

Les positions sur l’IA de Raphaël Enthoven ont fait l’objet d’une critique de la part du Youtubeur/professeur de philosophie, Monsieur Phi. Les deux se sont retrouvés pour un débat animé sur la chaîne de la Tronche en biais.

https://www.youtube.com/watch?v=xMxo9pIC0GA

L’occasion pour moi de publier un commentaire. Je le poste donc ici :

Jamais rien bité à la philosophie. En revanche, j’ai été enfant-acteur et me reste des réflexes à juger la force rhétorique des individus quand ils font des présentations. Je suis donc incapable de juger du fond, en revanche, ce qui frappe du premier regard, c’est combien Enthoven maîtrise tous les aspects formels du discours permettant de convaincre son interlocuteur que ce qu’il dit a un sens. Mais il ne faut pas trop longtemps pour comprendre que tout est fabriqué, tout est séduction, répétition, joli phrasé et image.

Une partie sans doute de cette maîtrise des codes est probablement due à son niveau social : les enfants de la classe bourgeoise supérieure baignent dans ces manières très enjôleuses et convaincantes (il faut respecter le domestique pour lui faire sentir qu’il est inférieur, forcer sa soumission en le convaincant qu’on est un être infiniment supérieur à lui par l’autorité, le prestige, le vocabulaire, l’intelligence, etc.). On voit ça très bien avec Macron par exemple et dans toutes ces générations de bourgeois passant dans des écoles de commerce et qui finissent dans des cabinets de conseils.

Une autre partie, c’est du flan parfaitement assumé, un rideau de fumée. Et c’est ironique de voir que le sujet est précisément de dire que la pensée des IA n’en sera jamais une parce qu’elle ne pourra jamais être unique ou spontanée, quand le discours porté ici par un être humain n’a justement aucune spontanéité et n’a rien d’unique. Quand Enthoven lit ses notes, c’est brillant, on ne comprend rien, mais Dieu que c’est joli : des aphorismes dans tous les sens qui sonnent comme des slogans publicitaires, ce regard intelligent qui est sûr de ce qu’il émet et qui n’est jamais pris au dépourvu.

Tout ça, c’est de la science parfaitement maîtrisée des apparences…, mais aussi de la répétition. Une IA reproduit ce qu’elle a pioché ailleurs, Enthoven me semble faire exactement la même chose comme ces excellents élèves qui apprennent parfaitement leur leçon sur le climat méditerranéen, mais qui n’en comprennent finalement pas grand-chose (au point d’être capable de faire un contresens total si son devoir tombe sur autre chose). On voit bien à quel point la connaissance spécifique développée par les classes bourgeoises supérieures, c’est l’art de l’imitation. On laisse les autres penser, puis on vient ensuite leur piller leurs idées afin de pouvoir les ressortir chaque seconde de la vie vue comme un grand oral pour assurer sa domination sur les gueux.

Il y a un truc que ces classes bourgeoises maîtrisent par exemple bien, c’est la manière de donner à l’autre des bons points pour les flatter et pour ensuite sortir des « mais ». Typique. On retrouve ça chez les diplomates par exemple (c’est le même milieu). Enthoven commence par reconnaître qu’il a fait des erreurs et reconnaît donc un bon point à son interlocuteur. C’est pour le flatter. Macron avait fait la même chose le 14 juillet quand il avait reconnu lors de son interview que les élections avaient été pour lui une défaite. Vous reconnaissez quelque chose…, puis vous n’en tirez jamais les conséquences. C’est de la rhétorique (donc de la manipulation), pas de la réflexion.

À côté de ça, on a quelqu’un qui doute, qui réfléchit en parlant, qui tâtonne, qui n’a pas d’éléments de langage (comme on dit aujourd’hui dans ce monde de perroquet et d’examen oral permanent), et, pire que tout, qui ne maîtrise, lui, aucun des usages formels pour convaincre son interlocuteur : l’œil est vide, c’est presque celui du domestique repris par son patron lui faisant une réprimande. Il tente d’élaborer, mais il tombe dans le piège : Enthoven dit probablement n’importe quoi, ne répond pas aux questions, s’en sort avec de la rhétorique et de la poésie (« si c’est beau, c’est qu’il a raison »), et en face M phi fait de gros yeux ! Il est en réaction, en soumission, alors même que les bêtises d’Enthoven devraient lui faire prendre le lead, faire de lui l’interlocuteur « alpha ».

Vous pourriez faire un exercice : faire la même chose avec des participants parlant une langue que vous ne comprenez pas. Vous verriez immédiatement qui gagne au point en fonction du langage corporel, du regard et de la prosodie.

Vous savez qui maîtrise également parfaitement ces codes rhétoriques, de langage corporel, de science de l’image, du bon verbe, de la prosodie, de la séduction par des phrases creuses, des apparences ? Idriss Aberkane. Il a un peu perdu de sa confiance (moins alpha) depuis qu’il sait que l’on sait qu’il dit n’importe quoi, mais c’est exactement le même jeu d’acteur.

Dès que vous voyez quelqu’un maîtriser aussi bien les codes, vous flatter, vous faire comprendre toutes sortes d’évidences, vous séduire, paraître si convaincu de ce qu’il dit sans jamais utiliser le moindre vocabulaire d’atténuation et de doute, c’est que vous avez probablement (atténuation) affaire soit à un vendeur d’assurance, soit à un candidat à la présidentielle, soit à un éditorialiste de Franc-Tireur, soit à un escroc, soit à tout ça un peu en même temps ou presque.

« Si c’est pas flou, c’est qu’il y a un loup. Et que l’agneau, c’est vous. »


Puis, ajout à ce dernier commentaire :

​Ne faut-il pas être un peu cabotin pour agiter les réseaux sociaux, passer sur les ondes et devenir un éditorialiste-toutologue qui fera parler de la chaîne pour ses outrances ? Ne faut-il pas être cabotin-philosophe pour accepter de répondre à des questions sur des sujets que, de notre propre aveu, on ne maîtrise pas ? Ne faut-il pas être cabotin-essayiste pour accepter que sa promo tourne autour d’un sujet qui fasse parler et qui, de notre propre aveu, ne concerne qu’une partie infime de notre ouvrage ?

— Je surjoue ? Je cabotine ? Mais voyons, cher ami, il faut bien vendre les mots. Que seraient les mots sans un peu de malice ? Rappelez-vous, mon ami, ce que disait Lacan à propos de Spinoza : « Queue de mots. Queue de mots. » Les mots servent les sentiments. Et de quoi sont faits les hommes, sinon de sentiments. Donc, je l’avoue sans honte : oui, qu’importe que l’on parle de moi en bien ou en mal, tant que l’on parle de mouah à travers les mots des sentiments. Cela prouve que j’existe.

— Tu dis n’importe quoi, Raphaël.

— Comment ? Vous dites du mal de mouah ?! Comment vous permettez-vous, cher confrère et néanmoins ami ?

— « Confrère, et néanmoins ami ? » Mais ça veut rien dire Raphaël. Tu alignes les mots comme ChatGPT.

— Je suis humain, Deckard. J’ai vu des navires de guerre en feu, surgissant de l’épaule d’Orion. J’ai regardé des rayons C briller dans l’obscurité, près de la Porte de Tannhäuser… Oh, non, ce n’est pas ça. Je suis une mouette. Mes notes sont toutes désordonnées.

J’ajoute une autre dimension prouvant surtout la classe sociale du bonhomme : dans le milieu académique, traditionnellement, mais aussi dans le milieu médical, on ne dit pas à un « collègue » qu’il dit n’importe quoi. Monsieur Phi lui dit ça à un moment. C’est encore une marque héritée de l’aristocratie, de la diplomatie, des classes supérieures quoi : on s’affronte en seigneur, avec dignité, pas avec les mots des gueux. C’est bien pour ça qu’Enthoven prend un air outré : lui est un grand seigneur parce qu’il accepte de venir discuter (c’est vrai que c’est à son honneur), mais il feint de penser qu’on ne se chamaille pas entre gens bien. Une autre manière de rabaisser son interlocuteur et de gagner la partie sur le terrain des apparences. (En vrai, ces comportements ont des conséquences fâcheuses : on ne retire pas des thèses plagiées et on parle de « confraternité » chez les médecins, ce qui veut grosso modo dire que l’intérêt du médecin prime sur la vérité et d’éventuelles victimes.) Bref, une classe d’usurpateurs et de charlatans.

Et une dernière chose concernant le jeu d’acteur : il cabotine, mais il y a aussi des acteurs (adultes) qui parlent ainsi, et ça leur réussit (on ne voyait pas de bourgeois chez les acteurs à une époque, mais cela s’est « démocratisé » si on peut dire). Cela se remarque autant au théâtre que dans le cinéma d’auteur. Je parle des brèves et des longues : cette manière d’appuyer outrageusement sur les longues, comme si on faisait l’amour à la dernière syllabe d’un groupe de mot, c’est aussi un accent. Celui de la classe supérieure (parisienne, plutôt de l’ouest). Ce n’est pas tant que ça du cabotinage… pour son milieu social. « Marie-Chantaaaaal. »


La France, pays des droits de l’homme ou pays du féminisme ?

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La France, pays de La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789

Fun fact :

La France qui se vante d’être le pays des Droits de l’Homme… ne l’est pas. Cette périphrase sous-tend qu’il y aurait une valeur universelle dans ce qu’on image faire référence ici à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ou que la France aurait initié avec ce texte quelque chose avant les autres démocraties du monde (c’est faux).

Par contre, le mot “féminisme” naît en France au 19ᵉ siècle.

Il est adopté ensuite dans le monde anglo-saxon (en supprimant le “e” final) et sans doute ailleurs.

Or, nommer, les choses, ça permet aussi d’accompagner, promouvoir ou développer les idées qu’elles définissent à travers un terme nouveau. Ce n’est donc pas rien. Les « droits de l’homme » ? Ah ? Lesquels ? Le “féminisme” ? Oui-oui, it’s french (avec l’accent).

La curiosité avec les périphrases, c’est qu’elles peuvent se transformer avec le temps (façon téléphone arabe) avant, éventuellement, s’ancrer dans la mémoire collective en se figeant en une forme syntagmatique assez simple pour servir d’étendard ou d’expression. On peut ainsi imaginer que pour parler métaphoriquement de la France on ait parlé à un moment du « pays de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », et que par simplification, cela soit devenu « pays des droits de l’homme ».

Un peu comme quand le Pierre Adams dit publiquement en 1935 que « Paris est la plus belle ville du monde, dommage qu’il y ait des Parisiens » et que… les Parisiens se trouvent assez parisiens pour figer la périphrase qualifiant leur ville « la plus belle ville du monde » en une expression capable de satisfaire leur égo (périphrase qui n’est par ailleurs utilisée qu’en France).

De l’autre côté, l’apocopation du « e » de « féminisme » par les anglo-saxons ne dénature pas le sens du terme original…

Revenons à la périphrase « pays des droits de l’homme ». Chacun ses combats : se vanter d’être une “Lumière” éclairant le monde (la France n’est pas plus le « pays des Lumières » — des Lumière, à la rigueur, des frères Lumière) alors que… même-pas-vrai ; ou “invisibiliser” une invention bien réelle qui pourrait ou devrait nous rendre fiers (remplir le point médian si nécessaire). Le terme « féminisme ».

Alors, est-ce que le « pays des droits de l’homme » n’aurait pas à gagner à devenir le « pays du féminisme » ?

(Même si on chipoterait encore à se vanter de l’invention du terme dans un pays ayant offert si tardivement le vote aux femmes et où un ministre reçoit des faveurs sexuelles de ses administrées.)

Probable d’ailleurs que comme cela arrive souvent (comme pour « trou noir » par exemple), le terme ait d’abord eu une connotation péjorative avant d’être adopté avant d’être revendiqué pour définir un mouvement émancipateur des femmes.

Connotation péjorative qui est donc apparue dans un film de 1948 avec Errol Flynn qui est à l’origine de cet article : Les Aventures de Don Juan. En plus d’être donc employé péjorativement, on peut aussi noter qu’il s’agit dans le film d’un parfait anachronisme. On produit désormais des documentaires avec des Cléopâtre noires, pourquoi Hollywood n’aurait-elle pas eu le droit au milieu du 20ᵉ siècle de proposer un Don Juan féministe ?…

Ce Don Juan serait-il… féministe ! (Les Aventures de Don Juan, Vincent Sherman, Warner Bros. 1948)