Une femme indomptée, Mikio Naruse (1957)

Arakure (Untamed Woman)

Arakure
Une femme indomptée mikio naruse 1957 Arakure (Untamed Woman) Année : 1957

Réalisation :

Mikio Naruse

Avec :

Hideko Takamine, Ken Uehara, Masayuki Mori

8/10 iCM IMDb

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Naruse retrouve son trio de Nuages flottants (Takamine, Mori, et Mizuki pour l’adaptation). Les thèmes chers à Naruse sont aussi de la partie : la transition du Japon traditionnel à une société plus occidentalisée (l’époque du début du XXᵉ siècle est propice à ce sujet avec l’arrivée des inventions occidentales multiples et la mode importée des vêtements occidentaux qui va permettre au personnage de Takamine de s’enrichir) et la lâcheté (ou la frivolité et l’incompétence) des hommes.

Abonnée aux rôles de femmes qui tiennent tête, Hideko Takamine est une nouvelle fois bien servie. En revanche, pour une fois, elle ne joue pas une femme de la classe moyenne japonaise, mais une servante de la campagne, adoptée, et qui va chercher à élever son statut. La vulgarité du personnage, son audace, son tempérament presque masculin n’est jamais antipathique parce qu’elle y apporte une touche de nuance et d’humour.

Comme c’est une habitude, les événements s’enchaînent à une rapidité folle ; à chaque scène une nouvelle situation, et les scènes font parfois moins de trente secondes. Ce personnage féminin, c’est une sorte de Scarlett des campagnes. Sauvage, comme l’indique son titre.


Une femme indomptée, Mikio Naruse 1957 Arakure (Untamed Woman) | Toho Company

Et qui voilà pour un de ses premiers rôles ?


The Chase, Yoshitarô Nomura (1958)

Noir rosée

The Chase

Harikomi

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Harikomi

Année : 1958

Réalisation : Yoshitarô Nomura

Avec : Hideko Takamine, Minoru Ôki, Takahiro Tamura, Seiji Miyaguchi

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Difficile à cataloguer. Je le répète assez souvent, j’adore particulièrement les « antifilms ». Antiwesterns, antifilms de samouraï, films antimilitaristes, et donc ici quelque chose qui s’apparenterait à un antifilm noir. C’est doux, c’est frais, c’est fragile…, alors allons-y pour une définition de « noir rosée ».

« Voici le trou, voici l’étiquette, savourez.

Tandis qu’à l’étage deux cops de garde jouent aux dés

En épiant en face la matrone bourrue, savourez… »

Nous voilà comme dans un Hitchcock. Le sujet fait penser à Fenêtre sur cour : un criminel est en fuite et deux flics sont chargés de guetter son retour en face de la maison de sa maîtresse. Seulement rien ne se passe. Dans le film d’Hitchcock, le personnage de James Stewart remarque rapidement des scènes intrigantes, la tension ne fait que monter ; on est comme dans un mauvais rêve. Ici au contraire, tout est clair, lumineux : petit village de campagne, la chaleur moite de l’été, la blancheur des ombrelles, le calme et l’ennui des soirées où rien ne se passe. Tout semble pur, ordinaire, comme le caractère de cette femme dont on imagine mal qu’elle puisse être liée à un dangereux criminel. Forcément, c’est Hideko Takamine.

Le film joue avec les codes du film à suspense en proposant un contexte et un environnement plutôt inattendus pour un tel sujet. Hitchcock disait que le choix des acteurs était la plus grande part de son travail de directeur d’acteur. Et que l’utilisation des stars avait un avantage : en plus d’attirer la sympathie immédiate du spectateur, on profitait du souvenir qu’on avait d’eux dans les autres films. Ici, c’est évident : le choix d’Hideko Takamine doit ne laisser aucun doute sur la probité de son personnage, et donc accentuer l’impression que si rien ne se passe, c’est que les détectives ont été envoyés sur une fausse piste. Pourtant, sachant cela, on sait bien que ça ne prépare qu’à un renversement spectaculaire où les masques tomberont enfin, sinon il n’y a pas de film.

The Chase, Yoshitarô Nomura 1958 Harikomi | Shochiku

Regarder sans être vu, c’est déjà être dans la suspicion. Plus on attend, plus on doute, plus ce qui apparaissait anodin commence à devenir suspect, et plus ce qu’on croyait être sans reproche finit, faute d’éléments concrets, faute de preuves ou d’indices, par être sujet à nos fantasmes (aux deux détectives comme pour nous, puisqu’on adopte le point de vue des voyeurs). Si on ne voit rien, c’est forcément qu’il y a quelque chose !… Un suspense déterminé non pas par l’action, mais par l’absence d’action, par la déraison, le fantasme et les apparences. C’est la puissance du cinéma : montrez un personnage qui en suit un autre et immédiatement la suspicion naît. Et l’utilisation constante du montage alterné en champ contrechamp entre le voyeur et sa cible donne à chacun de ces contrechamps une forte impression de subjectivité (le contrechamp n’est jamais neutre, on cherche comme le voyeur à repérer le détail qui viendra tout d’un coup confondre la cible). Feuillade avait déjà utilisé le procédé dans Fantomas : la poursuite sans être vu, ce fantasme parmi les fantasmes, est particulièrement cinématographique et fera toujours recette. Même sans menace réelle, il suffit donc d’utiliser ce qui est devenu un code, pour suggérer le danger. Et retarder toujours plus longtemps l’échéance d’un dénouement. Mieux, plus qu’un simple suspense où on ne se questionne pas sur la nature de l’événement redouté mais plutôt sur l’instant où il va se produire, ici, non seulement on craint l’instant de ce dénouement, mais la crainte est en plus renforcée par le fait qu’on ne sait pas réellement ce qu’il faut craindre. On n’a jamais aussi peur que face à un danger dont on ignore la nature exacte.

Le film possède un autre procédé de suspense détourné. Hitchcock s’amusait à dire qu’il filmait les scènes d’amour comme des scènes de crime et les scènes de crime comme des scènes d’amour. Si tant est que ça veuille bien dire quelque chose, on pourrait appliquer ce principe au film. Les scènes dédiées à la détente, aux souvenirs et aux conflits amoureux, se passent dans l’obscurité de la nuit. La nuit n’inspire aucune méfiance. Les scènes de poursuite, elles, sont en plein jour : au lieu de voir un détective suivre un criminel, on a plutôt l’impression de voir un type suivre une jolie fille qui lui plaît… Le dénouement aussi se fera en plein jour. Et surtout, la nature des relations entre les deux « amants », la dangerosité supposée du fugitif, tout ça se révélera bien désuet éclairé par la lumière du jour. En adoptant alors le point de vue des fuyards, tout comme le détective qui les épie, on comprend leur situation, leurs motivations, et ce qui les relie. Une histoire banale. Comme l’amour. Au lieu d’avoir une fin de film noir, on retrouve un finale de mélo. Un noir à l’eau de rose. Dans Fenêtre sur cour, on avait devant les yeux le pire de la nature humaine ; ici, on ne regarde finalement qu’une tragédie banale de la vie. Il était terrible de penser dans le film de Hitchcock que des crimes pouvaient se produire à deux pas de chez nous et qu’il suffisait de se planter à la fenêtre pour les voir ; ici, il est terrible de penser que deux amants inoffensifs doivent se retrouver dans les collines, au plus loin de la civilisation et derrière les buissons, pour échapper à leur triste sort…

Alors, on paie pour voir un bon gros thriller, avec un bon gros méchant, et le criminel se révèle être un jeune homme sans envergure, attachant et désespéré. Les codes du film noir sont pris à contre-pied. Même les traditionnels flashbacks sont utilisés pour exprimer les difficultés de couple du détective — une manière de préparer son empathie (donc la nôtre) envers ces deux amants crucifiés modernes. À travers ces deux idylles parallèles et avortées, le message est clair et s’adresse à tous les amants : profitez tant qu’il est possible de l’amour que vous éprouvez l’un pour l’autre, ne vous laissez pas distraire par des obstacles finalement assez futiles, et entretenez autant que vous le pouvez cette chance qui vous est offerte d’être ensemble. Être ensemble ? Tant qu’on s’aime, oui.

Alors ? Un film noir, un thriller ? Non. Un noir bien rosé.

« On approche, et longtemps on reste l’œil fixé

Sur ces deux amoureux, dans la bourbe enfoncés,

Jetés là par un trou redouté des infâmes,

Sans pouvoir distinguer si ces deux mornes âmes

Ont une forme encor visible en leurs débris,

Et sont des cœurs crevés ou des guignards pourris. »

(Huguette Victor)


Regarder sans être vu, l’effet Koulechov appliqué au principe du voyeurisme : tout ce qui est anodin devient, par le simple fait de le dévoiler, suspect. Catalogue :


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Tourments, Mikio Naruse (1964) Midareru

Une femme indomptable

Tourments

Une femme dans la tourmante

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Midareru

Année : 1964

Réalisation : Mikio Naruse

Avec : Hideko Takamine, Yûzô Kayama, Mitsuko Kusabue

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Mélo me voilà. D’habitude, le mélo vient chez Naruse surtout vers la fin, après une description de mœurs. Pour une fois ici, dans Tourments (aka Une femme dans la tourmente), l’introduction ne dure que quelques minutes.

Une veuve vit seule avec le jeune frère de son mari mort durant la guerre (et leur mère). Une dizaine d’années d’écart seulement les sépare, lui en a 25. Elle tient le magasin familial, et les choses se gâtent quand les sœurs mariées veulent construire un supermarché à la place de l’épicerie ; ça obligerait la veuve à partir. Elles voudraient donc la pousser à se remarier. Seulement, elle ne veut pas et ne sait pas que les sœurs de son mari veulent la chasser alors qu’elle tient seule le magasin. Quand le jeune frère prend connaissance de tout ça, il avoue son amour à celle qui l’a pratiquement élevé et explique ainsi qu’il reste depuis ce temps auprès d’elle. La veuve, cependant, bien qu’émue de cette révélation, refuse son amour et pense à ce qu’on pourrait dire d’eux. Elle le prie donc de ne rien dire. Le jeune homme, alors peu sérieux, décide de travailler avec elle au magasin. Elle décide de partir retourner dans son village en prétextant qu’elle a trouvé un prétendant et donc qu’ils pourront faire selon leurs projets. Mais le frère a compris qu’il n’y avait pas de prétendant et la retrouve dans le train qui la ramène dans le village de son enfance. Alors que leur complicité et sans doute leur amour ne cessent de grandir, la veuve, sans explication apparente, se met à pleurer en regardant le frère de son mari dormir. Ils descendent du train, prennent une chambre dans une auberge, et alors qu’on croit, tout comme le frère, que la veuve accepte enfin son amour en se moquant des convenances et du qu’en-dira-t-on, elle lui demande de repartir le lendemain pour la ville. Comme après chaque dispute, le frère va se saouler à un bar. Le lendemain, une civière est portée en face de l’auberge, la veuve le reconnaît, lui court après… Elle apprend qu’il est tombé dans un ravin…

Tourments, Mikio Naruse (1964) Midareru | Toho Company

C’est court et simple, et c’est souvent une qualité, mais peut-être manque-t-il, cette fois, ce petit truc en plus qui fait la pâte de Naruse habituellement : une description d’une certaine société japonaise après la guerre. Le contexte est là. Les rapports entre personnages sont moins complexes et assez prévisibles. Le dilemme est connu finalement assez tôt dans le récit, et le nombre de péripéties reste assez maigre (en soi ce n’est pas un défaut mais ça accentue une impression de vide laissée par la faible densité de l’ensemble). Cela permet au moins de développer la mise en scène et de mettre en valeur le jeu d’Hideko Takamine. Mais les bons films d’acteurs ne font pas forcément les bons films pour les spectateurs : c’est l’histoire qui doit être au centre de l’attention, pas les acteurs.

Toutefois, si on prend le film tel quel, sans repenser aux autres films de Naruse, on aurait peut-être une autre impression. Et la simplicité qui se dégage du film serait peut-être la principale qualité du film. Dans la précédente décennie, Naruse faisait surtout des études sociales, certes avec beaucoup de sentiments, mais ils n’étaient jamais réellement les moteurs de l’action, le centre d’intérêt principal et unique du récit ; et puis dans un ou deux films comme Une histoire de femme ou Nuages flottants, il a dévié plus franchement vers le mélo, alors que la force de ses films était justement de mettre des émotions, du cœur, dans des histoires, certes parfois tragiques, mais le plus souvent, sociales, familiales. Là, la famille est bien présente, mais c’est surtout une histoire d’amour tragique et impossible. On a au moins ce resserrement propre aux films précédents, autour des personnages principaux, mais on passe un peu vite au duo principal. Un très beau film toutefois.

Le film est à voir pour le traitement psychologique du personnage principal. On ne sait jamais quels sont les sentiments de cette femme encore dévouée et fidèle à son mari dix-huit ans après sa mort. Elle ne cesse de fuir, de fondre en sanglots quand le frère de son mari lui dit qu’il l’aime. Elle ne veut pas l’entendre, comme si elle avait peur de ce que cette révélation pouvait éveiller en elle (d’ailleurs ça, elle le dira plus tard, mais toujours pudiquement : « Tes mots m’ont rappelé que j’étais aussi une femme »). Jamais, elle, ne dira qu’elle l’aime (ou pas) quand lui n’aura jamais cessé de lui dire, et quand on sent toute la frustration en elle, on voudrait qu’elle parle enfin pour exprimer ce qu’elle ressent — ce qu’elle ne fera jamais.



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Comme une épouse et comme une femme, Mikio Naruse (1961)

Comme une épouse et comme une femme

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Tsuma to shite onna to shite

Année : 1961

Réalisation : Mikio Naruse

Avec : Hideko Takamine, Chikage Awashima, Masayuki Mori,Tatsuya Nakadai, Yuriko Hoshi, Kumi Mizuno, Keiko Awaji, Chôko Iida, Chieko Nakakita

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Voilà sans doute le film le plus mélodramatique de tous ceux que j’ai vus jusqu’à présent de Naruse. Le lien avec le monde des geishas, parce qu’on a toujours un pied à Genza le quartier des bars de Tokyo, demeure, même s’il est plus précisément question ici de la condition de la maîtresse.

Comme d’habitude, la première demi-heure introduit calmement les personnages, puis l’intrigue se resserre autour de cinq personnages dont on apprend à connaître le secret commun. Une famille des plus communes avec le père, la mère, la fille et le fils, et à laquelle vient donc s’ajouter la maîtresse. Ça, c’est le point de départ du film. Ensuite tout se complique quand la maîtresse se plaint que son mari (on peut presque l’appeler comme ça) ne vient pas assez souvent la voir. Elle voudrait cesser de se cacher, voudrait profiter de lui, enfin, après vingt ans de mensonge. Comme d’habitude, les hommes sont lâches (peut-être plus ici que dans les autres films de Naruse), et pour lui, la meilleure solution est encore… de ne rien faire. Vient alors une scène fabuleuse où on nous expose à travers différents récits le passé des personnages. Le fait important du film : les deux enfants ne sont pas de l’épouse, mais de la maîtresse… (On ne peut pas rêver mieux comme nœud dans une intrigue). Bien sûr eux ne le savent pas. Mais la mère, l’épouse, sait donc que son mari a une maîtresse ; entre les trois adultes ça n’a jamais été un mystère. L’homme n’est donc pas loin d’être polygame. Une femme, et une femme « non officielle ».

Comme une épouse et comme une femme, Mikio Naruse 1961 Tsuma to shite onna to shite | Toho Company

La maîtresse est mise face à son destin en quelque sorte parce qu’elle ne supporte plus sa solitude. Et un dilemme de plus pour elle : elle est gérante d’un bar à Genza, propriété de… la femme de son amant ! Encore plus tordu : toutes les dépenses relatives au bar, elle les sort de sa poche… Si elle décide de quitter son amant, elle risque de tout perdre. Elle va voir l’épouse et lui propose une certaine somme d’argent et en échange elle quittera son mari. Mais l’épouse ne s’en laisse pas conter, elle sait qu’elle est dans son droit et renvoie la maîtresse « à sa vie facile ».

La maîtresse rentre donc chez elle (il faut voir Hideko Takamine chanter son désespoir !) et là sa grand-mère qui vit avec elle (paradoxalement, cette présence renforce sa solitude) lui conseille de reprendre ses enfants. Alors qu’elle-même avait conseillé à sa petite fille de les abandonner à leur père pour qu’ils aient une vraie famille… La maîtresse informe donc son amant qu’elle compte reprendre au moins l’un d’entre eux, le plus jeune, qui a maintenant quinze ans. Comme d’habitude, le mari ne fait rien, c’est comme si elle ne lui avait rien dit… Elle part donc à la sortie de l’école et passe la soirée avec son fils, qui la connaît pour être la gentille gérante du bar que possèdent ses parents. Finalement, le fils apprend la nouvelle et rentre chez lui.

Vient alors la grande scène de dénouement où les masques tombent. Le fils boude et s’enferme dans sa chambre. La fille qui ne sait encore rien arrive. Son frère lui révèle tout. C’est à cet instant que leur mère, la vraie, arrive. Cette fois, ce sont les parents qui enferment les enfants dans leur chambre pour qu’ils n’assistent pas au règlement de comptes. Ça se chamaille comme dans un film de Naruse (c’est-à-dire en papotant), ça pleure. Les deux femmes cherchent vainement à convaincre l’autre que les enfants sont les leurs. Quand on demande au mari d’intervenir, il dit préférer ne rien dire justement pour ne pas froisser l’une ou l’autre. Il propose alors un peu pour se dérober de ses propres responsabilités de convier les enfants à la discussion (plus on est de fous…). Pas la peine, ils ont tout entendu. « Papa, maman, je vous hais ; et vous, je vous hais encore plus. » Voilà, tout le monde est malheureux, c’est merveilleux, et nous, on pleure parce que ça fait une heure que les scènes se suivent, intenses, avec la bonne musique d’ambiance pour bien accompagner nos larmes. Ce n’est pas vraiment la fin du film, mais c’est tout comme. Dans l’épilogue, on voit que la fille a quitté le foyer, et que le fils attend de rentrer à l’université pour la suivre…

Joli mélo !



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Nuages flottants, Mikio Naruse (1955)

César et Rosalie

Nuages flottants

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Ukigumo

Année : 1955

Réalisation : Mikio Naruse

Avec : Hideko Takamine, Masayuki Mori, Mariko Okada, Chieko Nakakita, Isao Yamagata, Daisuke Katô

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J’avais vu le film il y a deux ans, j’en gardais pourtant très peu de souvenirs. Il était donc temps de revoir ce qui est considéré par beaucoup comme le meilleur film de Mikio Naruse.

Le film me laisse toujours un avis mitigé. La qualité du récit, c’est de s’attacher à une histoire, une seule. Comme souvent chez Naruse on commence par une sorte de plan d’ensemble, puis le récit se resserre petit à petit jusqu’à ne s’intéresser qu’à la relation entre les deux personnages principaux. Cette sorte de travelling avant et de ponctuation glissant entre les différentes échelles de plan, ce basculement de l’infiniment grand à l’infiniment petit, de la généralité à l’unité, est toutefois moins évidente que dans les autres films. Ici, dès le départ, on sait qui sont les deux personnages principaux ; je me suis suffisamment plaint des débuts un peu trop « chorals » de Naruse pour le faire ici. Le récit en flashback du début pour entrer tout de suite dans le vif de sujet est peut-être un peu facile en revanche. Un récit linéaire aurait sans doute été plus long, probablement moins efficace, et après tout, la qualité du film, c’est sa densité, sa concision. À chaque scène correspond une époque, une nouvelle péripétie, le moteur du récit c’est l’ellipse. L’intrusion de deux ou trois personnages dans la première heure sert surtout à créer la menace, la jalousie. On ne peut pas dire que le gros problème du bonhomme, c’est sa frivolité, et en même temps ne pas le traduire en action… Il est volage, inconstant, lâche ; il faut le montrer à travers la relation qu’il a avec les autres personnages. Ensuite, quand le récit se resserre sur ces deux personnages principaux, à savoir l’homme marié qui séduit un peu malgré lui mais sans honte les autres femmes, et la femme, sa maîtresse, qui semble l’attendre toute sa vie malgré ses fausses promesses (même si finalement, il n’en fait aucune…, tout l’art de la muflerie).

Nuages flottants, Mikio Naruse 1955 Ukigumo | Toho Company

C’est dans ce resserrement que le récit atteint sans doute son meilleur. On a vu ça dans d’autres films, souvent long (parce que ça demande une longue mise en place et surtout un acharnement, une répétition pour que le spectateur finisse par comprendre que les scènes sont systématiques et pour créer presque un effet de manque si le récit proposait autre chose), comme La Maman et la Putain d’Eustache : une fois qu’on est dedans, c’est fascinant : le film ne se résume plus qu’en une suite de scènes en tête à tête représentant chacune une nouvelle étape dans l’évolution de leur relation. Comme une mise sous microscope de la vie d’un couple, d’un faux couple (avant la fin du film, la morale semble bien être : on a beau chercher quelqu’un, croire le trouver, on est toujours seul).

Le défaut majeur de cette histoire, pour moi, et puisqu’il faut y venir, c’est l’antipathie des deux personnages. Celui interprété par Hideko Takamine est à l’opposé des personnages habituels féminins rencontrés chez Naruse. Elle est viscéralement attachée à son homme, lui pardonne tout, serait prête à tout accepter pour lui… Or, sachant que lui est un salaud, ça ne passe pas. Sa relative fragilité, sa docilité face à son homme, tout ça est un frein à ce qu’on s’identifie pleinement à elle. Sa faiblesse ne nous émeut pas, on ne cherche pas à la consoler, elle nous agace ; on voudrait lui dire d’aller voir ailleurs. La solitude, l’abandon, qui caractérise certains personnages narusiens, c’est leur plus grande force. L’empathie que porte le spectateur pour ces personnages souvent féminins, elle naît des choix ou des obligations qu’elles doivent endurer face à des hommes rarement à la hauteur. D’un côté leur relation fait un peu penser à celle qu’on trouve entre Jivago et Lara dans le Docteur Jivago. À la différence que dans le Lean, il y a une complicité entre les deux personnages ; malgré les séparations, on sent qu’ils s’aiment, ils vont l’un vers l’autre pour se protéger du froid glacial en quelque sorte. Or ici, on a le personnage féminin qui vient vers son homme, qui lui, la rejette. D’accord, c’est le sujet du film, mais ça rend impossible toute catharsis ; on peut difficilement dans nos sociétés actuelles comprendre un tel dévouement pour un homme qui n’en vaut pas le coup. Si le récit avait au moins adopté le point de vue d’un des personnages, celui de la femme, comme il semble vouloir le faire mais pas suffisamment, là on aurait pu s’identifier davantage à elle, on aurait compris ou accepter la dépendance à cet homme. Car lui, avant la fin qui le sauve un peu, reste antipathique. Un homme qui se laisse aller à la facilité des tentations féminines, qui semble n’avoir aucune morale, aucun remords, qui est d’une lâcheté et d’une hypocrisie sans fin, qui profite de ses différentes femmes selon les circonstances, et qui, finalement, n’a pas de cœur (quand l’une de ses maîtresses se fait tuer par son mari, il reste stoïque), un tel personnage ne peut pas provoquer la moindre sympathie chez le spectateur. Ça nous serait présenté comme une faiblesse de sa part, le récit prendrait le temps de l’expliquer, pour qu’on l’accepte d’accord, mais là, soit son personnage est trop grand, soit pas assez. Dans Quand une femme monte l’escalier, il y a un personnage comme ça qui ne peut s’empêcher de séduire les femmes, mais non seulement il s’agit d’un personnage secondaire, mais en plus c’est bien présenté comme quelque chose de maladif, donc à ce moment, ça n’est pas si antipathique. On passe presque exclusivement deux heures au milieu de ces deux personnages, ces deux amants, et pourtant, ils restent pour nous toujours des étrangers, l’identification ne s’est pas effectuée comme elle le devrait.

Après, le film ne pouvait pas prendre une autre direction, parce que tout est déterminé semble-t-il par la fin, là où le récit prend tout son sens, avec la phrase en guise d’épilogue : « La vie d’une fleur se fane très vite. C’est pourquoi il faut vite l’aimer. » C’était donc là où tout le récit voulait en venir ; mais ce n’est pas pour autant que ça rend moins problématique l’antipathie qu’on éprouve à l’égard de ces personnages durant le reste du film. Surtout, si c’était ça le sujet du film, il aurait fallu le dire plus tôt. Car pendant tout le film, on le voit comme un « finiront-ils ensemble ». L’enjeu annoncé au début semble être lié à la compatibilité ou non de ces deux personnages, et comme on a déjà la réponse (non parce que c’est un salaud) on est un peu perplexe pendant tout le film face à cette relation je t’aime-moi-non-plus. Le film, à la lumière de cette fin, prend donc un nouvel intérêt. On repense après coup à ce personnage qui nous est apparu pendant tout le récit antipathique ; le geste et la prise de conscience finale sont une sorte de rédemption, un peu tardive mais réelle, de l’amant lâche et opportuniste. Est-ce que pour autant le spectateur est prêt à lui pardonner ? C’est toute la question. On se retrouve un peu à la place de cette femme (pour le coup on la comprend un peu mieux donc) qui malgré l’indifférence de cet homme continue de l’aimer ; c’est le même problème que rencontrent également certaines femmes battues qui voient après coups leur mari s’excuser sincèrement. Les excuses, les rédemptions tardives, ça n’excuse pas ce qui précède, ça ne garantit pas qu’on soit quitte avec son passé. Le personnage de Mazayuki Mori est un salaud… et pis c’est tout ! La vie d’une fleur ça se fane peut-être très vite, mais il ne faut pas non plus laisser n’importe qui la cueillir. Il faut savoir s’en occuper… Quand Mori accepte qu’Hideko Takamine, souffrant, semble-t-il, de tuberculose, la suive sur une île qui possède une forêt pluviale où « c’est rare qu’il ne pleuve pas dans le mois », ce n’est pas vraiment savoir prendre soin de sa jolie fleur. Ah, tu peux faire le malin une fois qu’elle est fanée par ta faute, imbécile !

Pourquoi Nuages flottants au lieu de Nuages pluvieux ? Mystère…

Prochain visionnage, je montrai encore cette appréciation sans doute…




Quand une femme monte l’escalier, Mikio Naruse (1960)

Nuages noirs et rampants, risque d’averse de spleen et d’alcool. Col du bar, ouvert.

Quand une femme monte l’escalier

Note : 5 sur 5.

Titre original : Onna ga kaidan wo agaru toki

Année : 1960

Réalisation : Mikio Naruse

Avec : Hideko Takamine, Tatsuya Nakadai, Masayuki Mori

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Naruse poursuit son travail sur la destruction de la société japonaise à travers la fin des geishas. On a plus affaire ici à des hôtesses de bar. Des call-girls qu’on vient voir dans les quartiers des salons de thé où les geishas traditionnelles se font rares (on n’en verra qu’une d’ailleurs durant tout le film pour montrer la désuétude de son apparence par rapport à celle de ces hôtesses). Même principe en fait : elles doivent faire la conversation et boire avec les clients, et plus si affinités…

Hideko Takamine, toujours au rendez-vous, joue une veuve d’une trentaine d’années obligée de travailler dans un de ces bars discrets souvent situés au-dessus d’autres commerces. Le titre du film fait référence aux marches que le personnage d’Hideko déteste monter pour se rendre auprès de ses clients. Parce qu’elle a horreur de ça. Elle est très belle, beaucoup de clients voudraient être son protecteur, mais comme elle ne tient pas à se donner à n’importe qui, elle reste « prude ». Elle arrive pourtant à un âge où il va falloir qu’elle fasse un choix : chercher un protecteur qui voudra bien se marier avec elle (mais quel homme respectable s’engagerait avec une telle femme, même « prude » ?) ou ouvrir elle-même un bar où elle pourrait accueillir ses habituels clients. C’est tout le dilemme du film.

Quand une femme monte l’escalier, Mikio Naruse (1960) Onna ga kaidan wo agaru toki | Toho Company

Hideko ne semble pas savoir ce qu’elle veut. En fait, elle voudrait bien qu’on décide à sa place. Elle n’a pas vocation ni le caractère à être une femme d’entreprise, c’est une femme au foyer (d’ailleurs on se demande ce qu’elle vient faire dans ce milieu). En secret elle attend que l’homme qu’elle aime vienne la chercher sur son cheval blanc… Son intelligence ne l’empêche pas d’avoir encore des rêves de jeune fille.

Comme d’habitude chez Naruse, il faut un moment pour que les personnages se mettent en place et qu’on comprenne quels sont les enjeux de tout ça (et surtout entrevoir ce que les personnages désirent). Un désir souvent contraint par les lois de la vie, le mariage, l’argent, la réputation… Là, on comprend vite qu’il s’agit d’un jeu à quatre. Hideko au milieu de trois hommes. Après l’épisode d’une amie qui se suicide (un thème déjà présent dans le film précédent), la lumière se fait donc sur les sentiments des personnages, et d’abord sur ceux très confus de ce personnage principal qui ne sait pas elle-même ce qu’elle veut. Celui qu’elle aime sans lui dire est un de ses clients les plus distingués, un banquier, marié, fils de bonne famille, joué par l’excellent Masayuki Mori. Mais lui semble lui porter peu d’attention. Il y a aussi un autre homme, le gérant, qui est aussi son meilleur ami, dont on apprendra seulement à la fin qu’il l’aime aussi, joué par Tatsuya Nakadai. Malgré sa beauté, malgré l’attention qu’il lui porte, elle ne voit rien, mais de toute façon quand il lui dira à la fin du film, elle lui dira que ça ne peut pas marcher (il n’a pas le profil du prince sur son cheval blanc). Et enfin, le client mythomane, un peu fauché, soi-disant patron d’usine, et surtout totalement marié.

C’est avec le dernier, le mythomane, que le mélo commence. Hideko, alors qu’elle commence à réunir l’argent pour monter son bar, un peu résignée donc à monter un genre de commerce qu’elle abhorre mais où elle est sûre d’avoir des clients, se voit donc proposer en mariage par ce bonhomme, franchement pas très beau, mais gentil. Elle finit donc par accepter sa proposition. Finir avec lui, c’est toujours mieux que de rester dans ces bars à vie. Jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’il est marié et qu’il n’en est pas selon sa femme à son premier coup d’essai… « Pourtant, vous êtes jolie, vous n’avez sans doute pas pris au sérieux sa proposition » dira-t-elle à Hideko… Bah si. Première humiliation, l’escalier de la désillusion est encore long à monter.

Elle vient noyer sa misère dans un bar et dans quelques verres de whisky. C’est là que son charmant banquier, accompagné d’une belle geisha comme on en fait plus, la remarque. Elle est ivre. Il congédie la geisha et ramène la belle dans son appartement. Elle lui dit qu’elle l’aime depuis le premier jour, on connaît la chanson…, il en profite pour la peloter, lui dire « je t’aime aussi », et au réveil : « bon ben, il faut que je parte. » « Ah non, reste encore un peu ! » « Non, mais c’est que j’ai été muté à Osaka… » On reconnaît là toute la lâcheté des personnages masculins chez Naruse, comme chez Bergman, comme chez Almodovar… Et puis il lui explique que même s’il restait à Tokyo, sa famille ne comprendrait pas, il est de toute façon bel et bien marié. Bref, le goujat de première. Le rêve s’écroule encore plus pour Hideko, elle qui était restée vertueuse tout ce temps, qui se donne à l’homme qu’elle aime, et qui le voit se barrer aux premières lueurs de l’aube. Encore quelques marches, Hideko, grimpe !

C’est un mélo, alors il faut en rajouter une couche tant que c’est encore possible. Le gérant arrive alors. Sans doute un peu jaloux, il les a vus partir ensemble la veille et a dû veiller toute la nuit en face de l’appartement de sa belle. Dès que le banquier file, droit dans sa lâcheté d’homme marié, il ramène sa fraise pour lui révéler son amour… Les hommes choisissent toujours les meilleurs moments pour annoncer ce genre de choses. « Tu l’aimes ? Je m’en doutais…, mais moi aussi je t’aime ! Marions-nous et ouvrons un bar ensemble. » Un bar ?! mais elle en peut plus des bars, ce qu’elle veut elle, c’est préparer le riz gluant de son petit mari quand il rentre du travail et puis c’est tout, le japanese way of life. Donc elle pleure, elle pleure, et lui se voit prié de quitter les lieux…

Voilà, ça donne l’impression de personnages qui se croisent sans jamais se trouver. Un peu déprimant, mais terriblement juste.

Pas forcément très original dans sa conception, mais dans la réalisation et l’interprétation, c’est parfait. Hideko Takamine, c’est le genre d’actrice, tu la mets au milieu d’une histoire bien mais sans plus et elle te transforme ça en énorme film, comme Gong Li, comme Anna Magnani… Le film est sans doute un peu moins abouti (la fin n’est pas terrible, trop courte), mais rien que pour elle, je crois que je voudrais ce film dans ma pochette de trois cents films sur une île déserte.

En rab, une introduction à un challenge du goulag :

De l’avis général (du mien), Quand une femme monte l’escalier est une porte d’entrée idéale pour s’immiscer dans le monde parfois incompréhensible de ces êtres étranges et rieurs qui habitent une grande île un peu chahutée par des hoquets sismiques. Ne vous étonnez donc pas si dans ces films on y boit beaucoup, si on y rit, et pleure. La femme en question attaque le versant le plus obscur de son bar et ne devinera finalement jamais ce qui s’y cache de l’autre côté. Si elle n’atteint jamais les sommets de ses espérances secrètes (elle aime, oui, elle aime !) et trébuchera dans une rigole de larmes, rafraîchie là-haut par le noir et froid cœur des hommes, eh bien ce sera à vous, téméraires explorateurs de ce challenge, de vous hisser au plus haut, vous livrer à la lumière du seuil, pour découvrir, après cette excursion qui vous aura ripé le cœur et fait fondre les larmes, le monde vaste et fascinant, d’abord d’un Naruse, cinéaste rigolard et taquin préférant se tapir dans l’ombre de ses contemporains (Kurosawa, Ozu, Mizoguchi) et enfin, de tout un cinéma japonais classique.

Le mot pour finir de mon escort-girl du week-end, pas soumise pour vingt sous mais plutôt nippophile, et donc, forcément charmante : « Bien sûr que je connais Hideko Takamine ! Qui ne connaît pas Hideko ne peut se prétendre cinéphile ! Et je vais te dire mon Limounet chéri, je m’y connais un peu en hôtesse de bar — aussi ! — eh ben, Hideko, c’est une championne. La championne ! Une hôtesse trop jolie, ou trop entreprenante, les clients regardent mais ça les met mal à l’aise… Les laides ou les vulgaires, ils les repoussent… Et il y a un entre-deux, qu’on ne peut pas très bien situer ou définir sinon qu’en évoquant Hideko Takamine, qui rend fous les hommes au point d’appeler ces hôtesses de bar par le premier nom qui les a attendris et les a vus grandir : “Maman”. Une femme, dont la beauté du cœur, la lassitude, le désespoir, et une forme de dignité que personne ne pourrait imaginer chez une pute… Voilà ce que c’est Hideko Takamine : un miracle. Une marge fragile et insaisissable, floue, entre le beau ostensible et le laid qui pétille, entre la noblesse qui s’étiole et la bassesse qui aspire. »

Je n’ai pas saisi la suite, elle s’est mise à bailler. Mais l’essentiel était là.

Mon Limounet chéri !



Au gré du courant, Mikio Naruse (1956) Nagareru

Flowing…

Au gré du courant

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : Nagareru 

Année : 1956

Réalisation : Mikio Naruse

Avec : Kinuyo Tanaka, Isuzu Yamada, Hideko Takamine, Mariko Okada, Haruko Sugimura, Chieko Nakakita, Natsuko Kahara

 

Pas le Naruse le plus réussi, mais comme toujours, si on s’intéresse à la culture et à l’histoire japonaise, on apprend plein de choses. L’histoire est banale : une chronique sur la fin d’un monde (tiens, encore), celui des geishas après la guerre. La société s’occidentalisant, mais aussi à cause sans doute de la guerre qui a ruiné leurs « protecteurs », elles ont du mal à payer leurs dettes dans leur okyia, et les jeunes filles, les apprenties, pensent à faire autre chose ou n’ont pas de talent…

C’est encore parfois compliqué à comprendre si on ne se renseigne pas un minimum sur la vie des geishas (et la traduction n’aide pas vraiment, avec des termes et des concepts intraduisibles), donc il faut s’accrocher.

Il faut l’avouer, le film est surtout illuminé par la beauté douce et désabusée d’Hideko Takamine. On la voit malheureusement trop peu. C’est elle le personnage le plus intéressant du film. Comme dans Nuages d’été, le thème du film est le changement de la société japonaise. Hideko Takamine fait le lien entre les deux époques, les deux Japon. Fille de geisha, elle comprend qu’elle ne peut être entretenue par sa mère et commence à entrer dans la vie active.


Au gré du courant, Mikio Naruse 1956 Nagareru | Toho Company


Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1956

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Onna no rekishi, Mikio Naruse (1963)

Une histoire de femme

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : Onna no rekishi 

Année : 1963

Réalisation : Mikio Naruse

Avec : Hideko Takamine, Akira Takarada, Tsutomu Yamazaki, Tatsuya Nakadai, Yuriko Hoshi

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Le début est un peu difficile, on se perd avec les flashbacks, il faut se concentrer pour suivre parce que Naruse ne prend pas trop le temps de bien nous préciser qui est le personnage principal (en même temps, le titre devrait nous mettre sur la voie…).

Finalement, l’histoire prend de l’ampleur en s’installant dans une époque, celle de la guerre et le bombardement américain. Ça devient épique (même si on ne sort jamais vraiment de Tokyo), et surtout, c’est très mélo. Dans le bon sens du terme, ça reste très digne, très mesuré. J’ai pensé à ce moment à Docteur Jivago, un peu comme si le récit adoptait le point de vue de Laura ─ les histoires de femme, c’est toujours plus intéressant.

Les décors sont incroyables avec toute la tradition du mobilier ou des habillements japonais ; et guerre oblige, pas les plus raffinés.

On retrouve avec plaisir un acteur fétiche de Kurosawa (et du Sabre du mal entre autres), Tatsuya Nakadai. Mais surtout, l’actrice fétiche de Naruse, Hideko Takamine. Rarement vu une si bonne actrice…


Onna no rekishi, Une histoire de femme, Mikio Naruse 1963 | Toho Company


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