William A. Wellman

Classement  :

10/10

  • L’Étrange Incident (1943) 

9/10

  • Beau Geste (1939)
  • Convoi de femmes (1951)

8/10

  • Bastogne (1949)
  • L’Ange blanc  (1931)
  • Les Mendiants de la vie (1928)
  • Track of the Cat (1954)

7/10

  • Les Ailes (1927)
  • L’Ennemi public (1931) 
  • Une étoile est née (1937)
  • La Ville abandonnée (1948) 
  • Aventure dans le grand Nord (1953)
  • Les Enfants de la crise (1933)

6/10

  • La Joyeuse Suicidée (1937)
  • Safe in Hell (1931)
  • Au-delà du Missouri (1951) 
  • Héros à vendre (1933)
  • Les Forçats de la gloire (1945)
  • Roxie Hart (1942)

5/10

  • Lady of Burlesque (1943)

4/10

  • The Boob (1926)

3/10

Films commentés (articles) :

Simples notes : 

Lady of Burlesque, William A. Wellman (1943)

Greta Garbo rit, logiquement, Barbara Stanwyck… smurfe. En dehors de cette étrangeté, un film de coulisses qui hésite entre les numéros de music-hall et le whodunit abracadrabantesque. Une fois que ce dernier l’emporte, on n’y comprend plus rien. Agatha Christie s’en retourne encore dans sa tombe. J’attends la battle de smurf avec Barbara pendant que Greta se marre…

(Note au traducteur de la Cinémathèque : « Burlesque » se traduit plus volontiers par « music-hall ». Un peu comme le « smurf », c’est un faux-ami.)

Roxie Hart (1942)

Jolie histoire, excellente mise en scène et des acteurs précis sous la direction de Wellman, mais rien n’est drôle en fait dans cette farce. Connu pour être un des films préférés de Kubrick, on y retrouve effectivement l’humour pas drôle du cinéaste new-yorkais quand il s’attachera les services de Peter Sellers (acteur, par ailleurs, rarement amusant). Ce serait même difficile à expliquer pourquoi la farce fait pschitt. La proposition de départ ne semble pas tenir la route. Je parle de farce, d’ailleurs, mais peut-être s’agit-il au fond plus d’une satire… Dans un cas comme dans l’autre, la comédie ne pardonne pas. La sauce est toujours difficile à prendre, et souvent, impossible de déterminer ce qui déraille…

Les Enfants de la crise (1933)

Le code nous aura privés de ce genre de films, réalistes, assez clairs politiquement concernant l’état de la société en pleine Grande Dépression… Et quand on y songe, encore une fois, l’Amérique aurait tout aussi bien pu, comme l’Allemagne, tomber dans le fascisme. Ce n’était que partie remise. Un peu moins d’un siècle plus tard, on y est. Les belles rencontres auxquelles nos trois protagonistes ont encore droit (toutes des figures d’autorités) seraient aujourd’hui des figures de l’autoritarisme : un policier chargé de trier les clandestins à l’arrivée à Chicago et se montrant plus que compréhensif, un juge qui décide de mettre un terme à l’errance des trois adolescents en leur apportant enfin toute l’aide dont ils ont besoin. L’Amérique était en crise, mais elle s’est vite redressée grâce à une politique de l’investissement que partout, aujourd’hui, les pays tentés par l’illébéralisme se refusent à appliquer pour en continuer une autre qui profite aux plus grandes fortunes. L’Amérique était en crise, l’Europe était malade de trop de haine. Mais l’Amérique, cette fois, n’y échappe pas. Nous non plus, d’ailleurs. Les motifs d’espoir, parfaitement justifiés, présents dans le film passeraient pour être peu crédibles dans la société actuelle. Peut-être qu’ils l’étaient également à l’époque d’ailleurs. Vidor réalisera l’année suivante un film dans la même tonalité humaniste : Notre pain quotidien. Et j’aurais les mêmes réserves. Je préfère quand le spectateur se retrouve acculé face à un constat terrible et injuste l’obligeant, lui, à se révolter. Lorsque c’est le cinéma qui illustre ce champ des possibles, qui montre la lumière derrière le brouillard qui nous étouffe, on se dit peut-être un peu trop que tout ira pour le mieux. Et l’on ressort de la salle ramolli. Mais l’espoir, il est sur pellicule ; la vraie vie, elle, continue d’être révoltante et l’on ne la voit plus.

Merci à Billy de nous avoir privés, lui, du talent de la demoiselle : il se mariera l’année suivante avec elle et l’on ne la verra plus claquer des talons et plisser du nez à l’écran.

Les Forçats de la gloire (1945)

Film typique d’un grand cinéaste sans réel intérêt, sinon purement descriptif. Wellman fait un excellent travail pour donner corps à ces chroniques de guerre. Mais le récit ne contient aucun enjeu d’importance, n’oppose vraiment aucun personnage. C’est bien Wellman qui mâche tout le travail : des échanges de regards, des contrechamps à foison, des dialogues pour ambiancer et identifier les personnages, des acteurs justes (autant qu’ils pouvaient l’être avant l’intégration de la method), des décors illustrant ce qu’il faut pour que l’on y croie. Les événements montrés n’arrivent pas à la hauteur de tous les moyens déployés et l’on se désintéresse très vite du classique jeu d’élimination. Les meilleurs films de guerre ont tous un message fort à faire passer. Et les bons sujets en temps de guerre ne manquent pas. Il y a fort à parier que ces forçats de la gloire trouvent un meilleur hommage à travers ces autres grands films du genre dans lesquels ils ne tiennent peut-être pas les premiers rôles, mais dans lesquels on peut les y voir participer à un sujet vaguement plus enthousiasmant qu’une pâle chronique de leurs conditions de vie.

Track of the Cat (1954)

Savoureux mélange entre La Chatte sur un toit brûlant et Alien. Qu’est-ce qui faisait la réussite du premier Alien ? Le fait que l’on y voyait très peu l’alien. Comme pour Les Dents de la mer. Toutes ces histoires fuient en réalité les monstres parce qu’elles sont à la recherche des « aliens » qui sont en nous. Mitchum peut donc partir si ça lui chante traquer une panthère noire hypothétique, pendant que le chat n’est pas là, les souris se déchirent. Dans Alien ou dans Les Dents de la mer, c’est un équipage qui s’écharpe alors que la mer gronde et que le monstre rôde. Ici, comme chez Tennessee Williams, ce sont les familles qui s’entre-dévorent.

Les productions Alien se perdent depuis des années à mettre au centre de leurs récits l’alien, reproduisant ainsi à l’infini l’erreur de James Cameron. Elles seraient bien avisées d’adapter dans son univers Track of the Cat. Les meilleurs westerns sont des huis clos ou presque (L’Étrange Incident, Johnny Guitare, L’Attaque de la malle-poste, Rio Bravo, etc.), la science-fiction devrait y revenir. Le spectateur n’a pas besoin de grands espaces en papier mâché numérique, mais d’imagination. Revenir à l’essentiel. (En revanche, une telle adaptation réclamerait d’y supprimer la morale viriliste de son dernier segment. Spoiler : l’homme timide devient un homme, un vrai, en tuant la bête…)

Héros à vendre, (1933)

C’est beau comme du Preston Sturges, sauf que je n’aime pas quand c’est beau comme du Preston Sturges. Les détours et les retournements de fortune (même possible en période de Grande Dépression) ont le parfum et la concision des mélodrames du muet. Le parti pris humaniste, ni « rouge », ni « conservateur » a encore la saveur du précode. Mais si le mélo a fini par être démodé, c’est bien que le cinéma parlant allait vite ne plus pouvoir avoir recours à de tels procédés sans y mettre les moyens. Et à moins d’avoir une forme de pureté comme Fury, je vois mal comment une telle approche aurait pu continuer à convaincre le spectateur (le code Hays réclamera de toute façon une forme de retenue dans l’évocation de la misère). 

Le film prend quelques accents actuels quand des policiers font la chasse au leader de grève, aux communistes ou aux travailleurs immigrés (ils ne sont ici pas latinos, mais italiens). On a oublié que le pays aurait pu tout aussi bien se passer de New Deal et prendre le même virage que l’Allemagne. Ce n’est que partie remise…, le pays sombre chaque jour un peu plus dans le fascisme…

J’ai un petit faible pour Aline MacMahon. La véritable vedette du film, c’est bien elle.

William A. Wellman

Elia Kazan

crédit Elia Kazan

Classement :

10/10

  • Un tramway nommé désir (1951)
  • Un homme dans la foule (1957)

9/10

  • Les Visiteurs (1972)
  • America, America (1963) 
  • La Poupée de chair (1956)
  • À l’est d’Eden (1955)
  • Le Lys de Brooklyn (1945)

8/10

  • L’Arrangement (1969)

7/10

  • Le Dernier Nabab (1976)
  • La Fièvre dans le sang (1961) 
  • Le Fleuve sauvage (1960)
  • Sur les quais (1954)
  • Man on a Tightrope (1953) 
  • L’Héritage de la chair (1949)

6/10

  • Viva Zapata! (1952)
  • Panique dans la rue (1950)
  • Boomerang (1947)

5/10

  • Le Mur invisible (1947) 
  • Le Maître de la prairie (1947)

Films commentés (articles) :

Court commentaire :


Elia Kazan

Allan Dwan

 

10/10

9/10

  • La Femme qui faillit être lynchée (1953)

8/10

  • Deux Rouquines dans la bagarre (1956)
  • Quatre Étranges Cavaliers (1954) *
  • Le mariage est pour demain (1955)

7/10

  • Surrender (1950)
  • Douglas le nouveau D’Artagnan (1917)
  • The Good Bad-Man (1916)
  • Le Métis / The Half-Breed (1916)

6/10

  • La Belle du Montana (1951) *

5/10

*Films commentés (articles) :



Allan Dwan

King Vidor

King_Vidor_Film_Daily_1919

 
Mon classement :

10/10

  • Mirages / Show People (1928)

9/10

  • Le Rebelle (1949) * (note rabaissée depuis)
  • Halleluyah (1929) *

8/10

  • Soir de noces (1935)
  • Scène de la rue (1931)
  • L’Île de la terreur (1924)
  • Peg de mon cœur (1922)

7/10

  • La Foule (1928)
  • La Grande Parade (1925)
  • Stella Dallas (1937) *
  • Le Champion (1931) *
  • Duel au soleil (1946)
  • La Garce (1949)
  • L’Oiseau de paradis (1932)7/10*
  • La Furie du désir (1952)
  • H.M. Pulham, Esq. / Souvenirs (1941) **
  • Love Never Dies (1921)
  • Notre pain quotidien (1934) **

6/10

  • Le Grand Passage (1940)
  • Salomon et la reine de Saba (1959)
  • L’Homme qui n’a pas d’étoile (1955) *
  • La Citadelle (1938)
  • The Metaphor (1980 Documentary)
  • Camarade X (1940)
  • Le Magicien d’Oz (1939) (non crédité)
  • Bardelys le magnifique (1926)
  • Guerre et Paix (1956) *

5/10

  • La Folle Enquête (1948)
  • Le Retour de l’étranger (1933)

*Films commentés (articles) :

*Films commentés (articles) :

**Films commentés (courts articles) :


Listes :


King Vidor

George Lucas

crédit George Lucas

Classement (réalisations seulement) :

10/10

  • La Guerre des étoiles (1977)
  • Star Wars : Épisode III – La Revanche des Sith (2005)
  • THX 1138 (1971)

9/10

  • Star Wars : Épisode II – L’Attaque des clones (2002)

8/10

7/10

  • American Graffiti (1973)
  • Star Wars : Épisode I – La Menace fantôme (1999)

Films Star Wars commentés (articles) :

Autres articles :

George Lucas

Frank Borzage

Classement  :

10/10

9/10

  • L’Isolé (1929)
  • L’Heure suprême (1927)
  • L’Adieu au drapeau (1932)

8/10

  • La Tempête qui tue (1940) 
  • Street Angel (1928)
  • Le Fils du pendu (1948) 
  • La Femme au corbeau (1929)

7/10

  • Trois Camarades (1938)

6/10

  • History Is Made at Night (1937) 
  • Désir (1936)
  • Pavillon noir (1945)
  • Le Cargo maudit (1940)

5/10

4/10

  • L’Ensorceleuse (1938)

3/10

Films commentés (articles) :

simples notes :

History Is Made at Night, Frank Borzage (1937)

Les bonnes recettes de la comédie romantique d’antan jusqu’à cette touche finale désastreuse, mélodramatique, avançant tel un paquebot hurlant dans la nuit brumeuse.

Quoique, avant l’échouage de l’engin sur un glacier, la ficelle criminelle nouée par le mari éconduit était déjà bien grosse…

Bref, la recette principale du film, ça reste ses acteurs formidables, même si leurs scènes en commun ne sont pas assez nombreuses : Jean Arthur & Charles Boyer.


Frank Borzage

Michael Curtiz

Filmographie et classement :

10/10

9/10

  • Casablanca (1942)
  • Les Anges aux figures sales (1938)
  • Le crime était presque parfait (1947)

8/10

  • La Cuisine des anges (1955)

7/10

  • Le Roman de Mildred Pierce (1945) 
  • L’Aigle des mers (1940)
  • La Glorieuse Parade (1942)
  • Capitaine Blood (1935)
  • Le Vaisseau fantôme (1941)
  • Les Conquérants (1939)
  • Boulevard des passions (1949)
  • La Piste de Santa Fé (1940)

6/10

  • Les Aventures de Robin des Bois (1938)
  • Mon père et nous (1947)
  • La Charge de la brigade légère (1936)
  • L’Égyptien (1954)
  • Le Roi du tabac (1950)
  • Anthony Adverse (1936)
  • Agent britannique (1934)

5/10

  • Noël blanc (1954)

Films commentés (articles) :


Simples notes : 

Entrée dans The Hollywood Rush : Michael Curtiz : 

Né Kertész Kaminer Manó à Budapest (Empire austro-hongrois) en 1886. Prolifique réalisateur basé d’abord à Budapest pendant la guerre, il passe brièvement par le Danemark et continue à travailler en Autriche au moment des troubles en Hongrie (proclamation d’une république soviétique, intervention franco-roumaine, instauration de la monarchie et terreur blanche avec notamment une chasse aux juifs).

Impressionnée par son Sodom und Gomorrha, la Warner le fait traverser l’Atlantique en 1926. Il lui restera fidèle pratiquement pendant toute sa carrière.

Deux autres réalisateurs hongrois ont fui Budapest à cette époque : Alexander Korda, qui continuera sa carrière principalement en France et en Angleterre, et Paul Fejos, qui finira pas immigrer vers les États-Unis et aura une brève carrière à Hollywood, tout comme László Benedek.

Michael Curtiz

Anthony Mann

Filmographie et classement :

10/10

9/10

  • Côte 465 (1957) 

8/10

  • La Brigade du suicide (1947) 
  • Incident de frontière (1949)

7/10

  • Winchester 73 (1950)
  • L’Homme de la plaine (1955)
  • L’Appât (1953)
  • Du sang dans le désert (1957)
  • L’Homme de l’Ouest (1958)
  • The Tall Target / Le Grand Attentat (1951) 
  • La Porte du diable (1950)
  • Les Furies (1950)
  • Il marchait la nuit (1948)

6/10

  • Les Affameurs (1952)
  • Le Cid (1961)
  • Quo Vadis (1951)
  • Je suis un aventurier (1954)
  • La Chute de l’Empire romain (1964)
  • La Charge des tuniques bleues (1955)
  • Marché de brutes (1948)
  • L’Engrenage fatal (1947)
  • Le Livre noir (1949)

5/10

  • Romance inachevée (1954) 
  • La Rue de la mort (1950)
  • La Ruée vers l’Ouest (1960) 

Films commentés (articles) :

Simples notes : 

Le Livre noir (1949)

Mélange étonnant de noir, de film historique, d’espionnage et, comme toujours à Hollywood, de romance (voire de western, à la fin). L’alliance est assez réussie, et il faut saluer les efforts d’inventivité, mais film noir rime aussi souvent avec série B. C’est pas mal du tout si l’on considère les limites budgétaires du machin, mais ce sont justement aussi ces limites qui empêchent le film de réellement décoller. Quelques audaces de mises en scène (surtout au début), propres aux noirs de Mann, et qu’il cessera d’employer en tombant dans le classicisme des westerns. Richard Basehart en Robespierre, ça vaut aussi le coup d’œil.

Il marchait la nuit (1948)

Pas mal du tout pour un noir sans grandes prétentions sinon à parfaitement servir la soupe à la police. On y retrouve un petit côté Dirty Harry sans (code Hays oblige) l’inspecteur Harry. Les criminels solitaires abondent dans les films noirs, voire les séries B de cette époque, mais ils sont presque toujours dépeints comme des psychopathes ou des personnages antipathiques. Le fait que le film relate (c’est en tout cas ce qu’il prétend) une histoire vraie pousse sans doute les studios à accepter de coller à la réalité (le criminel est présenté sous un jour plus ou moins flatteur : une sorte de génie). La performance de l’excellent Richard Basehart (l’un des frères Karamazov dans l’adaptation de Richard Brooks) va d’ailleurs dans ce sens : l’acteur ne force pas trop le trait (de la caricature maléfique du meurtrier) et en fait un être presque quelconque et charmant (on insiste beaucoup sur ses failles au début du film). Annonce la vague de films sur des criminels solitaires des années 70.

L’Engrenage fatal (1947)

La même année que T-Men, on retrouve le joli minois (sorte de Janet Jackson blonde) de Jane Randolph (images du phénomène dans le commentaire sur T-Men). Elle est malheureusement beaucoup moins crédible en idiote qu’en femme fatale. Pas une question d’emploi, mais bien de talent. Jane n’est pas très douée. Elle l’aurait été, avec un physique pareil, elle serait devenue une star. Les autres acteurs s’en sortent légèrement mieux (sauf le chef mafieux amateur d’Oscar Wilde qui est vraiment pitoyable), pour une série B. Et pour le reste, un noir tout ce qu’il y a d’anodin. Un faux coupable idéal, tellement parfait qu’on préfère l’oublier à toute vitesse derrière les barreaux. Une sœur forcément dévouée au petit chef de famille capable de défier les malfrats et leurs méchantes balles. Et des flics, au début, à côté de leur plaque. On se demande comment un cerveau ayant imaginé un coup aussi bien ficelé arrive à être si peu précautionneux au point d’apparaître très vite comme un coupable de substitution idéal, mais ça, c’est le code Hays, il faut toujours que les criminels soient trahis par leur bêtise, et… soient méchamment exécutés à la fin (la justice, c’est pour les cols blancs ou les innocents, pas les criminels ; eux, la morale exige qu’ils soient malencontreusement assassinés par le gentil flic de l’histoire : refus d’obtempérer, dirait-on de nos jours). Il y a une idylle en plus de l’enquête criminelle, on s’en serait douté. Voilà, rien de fabuleux. On enchaînait les films noirs à l’époque, on « broyait du noir », et celui-ci n’est ni le plus mauvais ni le meilleur du lot. Circulez.

Les Furies (1950)

Jolie production comparée à La Porte du diable sorti la même année. J’aurais toujours un petit faible pour les intérieurs composés avec des éléments denses remplissant l’espace. La photo est magnifique quand bien même on aurait pu se passer des nuits américaines. Le casting surtout est au poil : Barbara Stanwyck, Wendell Corey, Walter Huston et Judith Anderson. Wendell Corey, sans doute plus habitué aux personnages dangereux, excelle dans sa partition (pas de cils, yeux clairs, grand front, pas sûr que ça aide à l’écran). Tout pourrait être parfait, sauf que les histoires d’ambition et de lutte de pouvoir familiale, les guerres de territoires, cela ne m’a jamais bien transcendé. Au final, tous les personnages sont antipathiques ; on frôle peut-être la satire, mais j’avoue qu’il manque un petit quelque chose capable de m’enthousiasmer… Au mieux, on peut y voir une critique de la propriété privée (avec un sujet qui court également dans La Porte du diable, voire dans Winchester 73, celui de l’appropriation des terres par des Blancs).

La Porte du diable (1950)

Deuxième western pour Tony juste après Winchester 73. Une fois n’est pas coutume : louons le travail du scénariste (Guy Trosper) pour cette histoire pleine d’humanité qui met l’Amérique face à ses démons (le génocide des autochtones amérindiens). Pour le reste, ce n’est guère brillant. Je me rappelle une forme assez classique dans Winchester 73 ; or ici, à mon goût, Mann s’amuse un peu trop avec la profondeur de champ comme il avait pu le faire, de mémoire, dans certaines séquences d’Incident à la frontière. Ce ne serait pas aussi pénible si sa direction d’acteurs était parfaite, mais c’est loin d’être le cas. Robert Taylor (si on accepte d’omettre l’idée qu’il n’a rien d’un Amérindien) est trop vieux pour le rôle. L’acteur a surtout l’air complètement perdu dans certaines séquences, ce qui laisserait penser que Mann ne l’a pas suffisamment dirigé en lui rappelant le sens ou le style qu’il voulait donner à la situation. On le voit ainsi reproduire des attitudes qui ne correspondent parfois pas totalement à la situation, et comme on sent encore qu’il s’agit d’un acteur de la vieille école, on peine à y croire. C’est même peut-être pourquoi je n’ai jamais apprécié les westerns de Mann : bien qu’il s’amuse ici quelques fois trop avec la profondeur de champ, sa mise en place générale d’un classicisme rigide et ennuyeux n’a rien de suffisamment transcendant pour en faire des chefs-d’œuvre. Qu’il fasse des films noirs ou des films de guerre, Mann donnera toujours l’impression d’être perdu dans les années 40.

Anthony Mann

Robert Wise

crédit Robert Wise

Classement  :

10/10

  • West Side Story (1961)

9/10

  • Nous avons gagné ce soir (1949)
  • Le jour où la terre s’arrêta (1951)

8/10

  • Le Mystère Andromède (1971)
  • Ciel rouge / Blood on the Moon (1948)
  • Le Coup de l’escalier (1959)
  • Je veux vivre ! (1958)
  • La Tour des ambitieux (1954)
  • Né pour tuer (1947) 
  • Deux sur la balançoire (1962)

7/10

  • La Mélodie du bonheur (1965)
  • La Ville enchaînée (1952)

6/10

  • La Canonnière du Yang-Tsé (1966)
  • La Maison du diable (1963)
  • La Maison sur la colline (1951)
  • Star Trek, le film (1979)
  • L’Odyssée du sous-marin Nerka (1958)
  • La Malédiction des hommes-chats (1944)

5/10

  • Marqué par la haine (1956)
  • Le Récupérateur de cadavres (1945)

Films commentés :

Notes simples  :
Deux sur la balançoire (1962)

Adaptation d’une excellente pièce de théâtre traitant d’un sujet rare, voire jamais vu dans le cinéma d’Hollywood sous restrictions du code : la vie et la reconstitution sentimentale après un divorce. Une telle écriture, on en redemande tous les jours. Le choix du noir et blanc se révèle crucial pour ne pas tomber dans la romance acidulée. Le film propose d’ailleurs un procédé plutôt efficace pour jouer pleinement la carte du studio (et de la théâtralité) : le split screen sans effet spécial, les décors des deux appartements semblant avoir été construits dans le même studio. La magnifique lumière est également à signaler, à la limite de la surexposition. Mais le principal atout du film reste ses deux acteurs. J’ai déjà dû dire mille fois combien j’étais fasciné par le talent de Shirley MacLaine. C’est un clown au féminin qui possède l’incroyable capacité à jouer comme un personnage de dessin animé, à exprimer dix choses différentes en moins d’une minute, mais son aisance et sa spontanéité lui permettent toutes ces audaces et cette fantaisie si précieuse dans des films naviguant entre comédie, romance et drame. Elizabeth Taylor avait été pressentie pour tenir le rôle, et vous avez tout de suite un film bien plus pesant. La pitre au visage de Pierrot tire sur ses 91 ans. Félicitations. À signaler enfin que le film est produit par la Mirisch Company, une société ayant particulièrement mis en valeur l’actrice dans les années 60 puisqu’elle produisait Wyler, Wise et Wilder, avec La Rumeur, La Garçonnière, Irma la douce.

La Tour des ambitieux (1954)

Rare exemple de thriller d’entreprise servi par un casting de rêve. Le vingtième siècle a peut-être raté une occasion de développer un genre passionnant. La lutte du pouvoir est au centre de tout, mais à travers un petit jeu de succession à la tête d’une grande société qui n’est pas sans rappeler les pièces historiques de Shakespeare, il est surtout question ici d’éthique et de philosophie de l’entreprise. Le secteur de l’entreprise n’ayant pas tant que ça changé, le sujet apparaît aujourd’hui follement contemporain. Le plaidoyer du designer en chef lors de la réunion du conseil de direction visant à se faire élire à la place du directeur financier qui ne pense qu’aux intérêts des actionnaires sonne comme une réponse au monologue écrit par Ayn Rand pour la fin du Rebelle. Le designer rappelle que leurs employés ont fini par avoir honte de produire des meubles de mauvaise qualité tandis que le directeur financier défend une réduction des coûts et donc une baisse de la qualité des produits d’entrée de gamme. Le client et les employés avant les actionnaires… Il faut lancer une coopérative, mon frère ! Tu vas te faire bouffer par la finance.

À souligner aussi qu’il y a un point sur lequel évidemment le film n’est plus du tout à jour : tous ces produits sont actuellement produits à l’étranger là où la main-d’œuvre est bon marché. Aujourd’hui, l’entreprise se limiterait, au mieux, à la conception et à la vente, et sur plusieurs décennies, cela permettra à l’économie américaine de se tourner vers les services, l’énergie, la culture et la technologie de pointe. À la manière d’Ayn Rand, un certain agent orange à la Maison Blanche semble nostalgique de cette Amérique qui produisait des meubles et des crayons à papier.

La Ville enchaînée 1952)

Un bon film de série B inspiré d’un fait réel (comme plus tard Je veux vivre !) et mettant en scène un journaliste en prise avec la mafia dans une petite ville des États-Unis. Le point de départ reprend (ou initie, difficile à savoir) un trope du thriller paranoïaque qui me semble avoir été repris à foison dans les années 70 (au moins dans À cause d’un assassinat), celui du journaliste recueillant la parole d’un témoin paniqué qu’il ne croit pas et qui finit par remonter le fil de l’enquête après la mort suspecte de ce même témoin.

En dehors du thriller indépendant assez bien mené, le film se fait surtout remarquer par son réalisme rendu possible par de nouveaux objectifs permettant de tourner sur place. Wise semble même avoir saisi l’occasion de ce tournage loin des studios pour reproduire les expérimentations de Joseph H. Lewis sur Gun Crazy sorti deux ans plus tôt pour filmer à l’intérieur des véhicules (Cf. mon article sur les transparences).

Marqué par la haine (1956)

Paul Newman jouant un Italien décérébré : l’Actors Studio à son meilleur…

Je suis étonné de l’unanimité autour de Marqué par la haine. J’ai peut-être perdu l’habitude de voir des grosses productions hollywoodiennes des années 50, mais le côté survitaminé me paraît outrageusement forcé. Paul Newman en Italien, c’est comme voir Delon imiter l’accent italien pour Rocco et ses frères. The Set-Up est tout de même plus digeste. Et que dire en comparaison du traitement fait à Body and Soul  par certains spectateurs ?… Marqué par la haine est un film classique, une grosse production, à la différence de Body and Soul et de The Set-Up qui sont des films noirs. Le même classicisme m’avait épouvanté dans Cinderella Man. Tous les clichés y passaient. Dans The Set-Up, les clichés sont là, mais c’est un film noir fauché donc leur portée reste limitée (le thème et les personnages, parce que pour le reste, on est obligés d’inventer entre les lignes, et c’est là que ça devient intéressant). Dans sa structure, Body and Soul est peut-être classique aussi, sauf que c’est clairement aussi un film noir, plus ancré dans les années 40, moins surfait que certains films des années 50. Il est moins ramassé que The Set-Up, plus sophistiqué, et bien sûr moins optimiste aussi (vive l’Amérique des Cinderella Men).

Les Récupérateurs de cadavres

Bela Lugosi et Boris Karlof réunis dans un même film autour du sosie de Patrick Duffy.

Robert Wise

Frank Capra

crédit capra
Classement :

10/10

  • Vous ne l’emporterez pas avec vous (1938)
  • La vie est belle (1946)
  • New York – Miami (1934)

9/10

  • Si l’on mariait papa (1951) 
  • La Blonde platine (1931)
  • L’Homme de la rue (1941)
  • Divide and Conquer (1943)
  • Mr. Smith au Sénat (1939)

8/10

  • La Madone des sandwiches (1928)
  • Sa dernière culotte (1927)
  • La Ruée (1932) 
  • Bessie à Broadway (1928) 
  • Les Mousquetaires de l’air (1929)
  • La Bataille de Russie (1943)
  • The Nazis Strike (1943)

7/10

  • L’Affaire Donovan (1929)
  • L’Homme le plus laid du monde (1928)
  • Plein les bottes (1926)
  • So This Is Love? (1928)
  • L’Enjeu (1948) 
  • Saturday Afternoon (1926)
  • La Bataille de Chine (1944)
  • The Battle of Britain (1943)
  • Les Etats-Unis entrent en guerre (1945)
  • Prelude to War (1942)
  • Arsenic et vieilles dentelles (1944)
  • L’Extravagant Mr Deeds (1936)
  • Les Horizons perdus (1937)

6/10

  • Jour de chance (1950)
  • Le Dirigeable (1931)
  • The Power of the Press (1928)
  • L’Athlète incomplet (1926)
  • La Grande Muraille (1933) 
  • Amour défendu (1932) 
  • La Grande Dame d’un jour (1933)
  • Milliardaire d’un jour (1961)
  • La Course de Broadway Bill (1934)
  • La Femme aux miracles (1931)

5/10

  • The Younger Generation (1929) 

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