An Elephant Sitting Still, Bo Hu (2018)

Elephant

Note : 5 sur 5.

An Elephant Sitting Still

Titre original : Da xiang xidi erzuo

Année : 2018

Réalisation : Bo Hu

Avec : Yu Zhang, Yuchang Peng, Uvin Wang

Le film résume presque à lui seul une certaine mouvance du cinéma de ces dernières décennies.

Dans la forme : distanciation et immersion dans la durée. On se situe entre Bela Tarte et Gus van Sant, voire Haneke.

Dans le fond : encore un peu de Haneke pour la violence (souvent hors-champ ou ponctuelle, inattendue quand elle se manifestement physiquement, brutalement) qui jaillit surtout après une souffrance contenue, résultat d’injustices, façon coup de boule de Zidane. Et puis, il y a la violence morale aussi, psychologique, constante, avec ces gens qui s’aboient dessus en permanence, qui vomissent leur mépris sur leurs voisins ou les membres de leur famille. On y reconnaît là la noirceur de Haneke, la même désespérance (« vous pouvez partir, mais vous ne trouverez rien de différent ailleurs » dira finalement le vieux à ses compagnons fatigués, harcelés comme lui par les emmerdes relationnelles).

Enfin, dans la construction, on y retrouve le génie d’Asghar Farhadi par exemple qui s’attache à structurer des histoires autour de leitmotivs et de détails significatifs parfois imperceptibles, et à travers des croisements permanents de tranches de vie qui s’opposent, se supportent, se mêlent, se contredisent même souvent dans ce que l’on croit en comprendre. On pense aussi à la distance crue et lancinante de Jia Zhangke, en particulier pour ce qui est de la violence et de l’incommunicabilité, à la A Touch of Sin.

La recherche de références, c’est peut-être ce qui nous sauve quand on reste béat devant un tel chef-d’œuvre. Ils nous échappent souvent et nous laissent une rare et étonnante impression de finitude, d’accomplissement. On sent (ou l’on sait) que le film (ou son auteur) dépasse (ou ignore, digère) toutes ces références passées, mais on n’a plus que ça pour étalonner, jauger, identifier, ou verbaliser ce qui paradoxalement ne prend jamais aussi bien une forme finie, accomplie, que dans un chef-d’œuvre. On le voit, il est là, il nous assommerait presque, mais c’est comme si notre entendement ne pouvait faire le point sur lui. Alors, on tâche de le regarder et de l’identifier autrement. À travers ce que l’on connaît déjà. D’où les références. Avec la conviction, bien sûr, que ce n’est qu’effleurer l’objet. Le trahir aussi.

Bref, ce portrait du monde, ce constat absolument déprimant de ce que sont aujourd’hui nos sociétés, avec des élites et des institutions défaillantes, faisant régner la loi du plus fort et de l’individualisme sur des populations désorientées et livrées à elles-mêmes, représente à la fois ce que j’ai pu voir de plus juste et de plus désespérant au cinéma ces dernières années… Brillant.


 

An Elephant Sitting Still, Bo Hu 2018 Da xiang xidi erzuo | Dongchun Films


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