La Mort en direct, Bertrand Tavernier (1980)

Vallée de l’étrange

Note : 3 sur 5.

La Mort en direct

Année : 1980

Réalisation : Bertrand Tavernier

Avec : Romy Schneider, Harvey Keitel, Harry Dean Stanton, Max von Sydow

C’est beau comme du Stephen King : une bonne idée de départ qui appâte et qui se révèle très vite stérile.

Deux vérités ici. Contradictoires. Celle d’abord qu’on peut parfaitement réaliser des films de science-fiction avec peu de moyens, et celle qu’il est extrêmement difficile de convaincre en SF sans tout un attirail high-tech, décoratif voire contemplatif (d’un futur fantasmé prenant forme de manière crédible dans un film) au service d’un sujet qui, il faut se l’avouer, nous laissait alors indifférents.

On est peut-être entre Le Prix du danger et La Honte (avec le même Max von Sydow). Le côté apocalyptique fait froid dans le dos, et la satire sur les médias est déjà cruelle. Même prémonitoire : ce qui est dit sur les programmes auquel le public n’adhère pas tout en les regardant vaudra pour la TV poubelle des années 90 jusqu’à l’avènement de la téléréalité, voire pour l’explosion des chaînes privées devant fournir pour légitimer leur antenne du contenu toujours plus racoleur (ça vaut par exemple aujourd’hui pour les chaînes d’info en continu qui taisent l’information et le décryptage au profit des bavardages de remplissage et de mise en lumière d’éditorialistes spécialistes de rien mais sûrs de tout).

Le problème, comme avec tous les films de SF, c’est qu’on pourra nourrir autant qu’on veut les personnages, leurs relations, c’est comme si le sujet, et surtout le monde parallèle ou futur proposé, finissait toujours par accaparer l’essentiel de notre attention. Un peu comme une fable de La Fontaine dont on ne saurait au juste si le plus important ce serait d’y voir une morale à l’histoire ou s’il faut se laisser amuser comme une sorte de conte… Ça me semble être un écueil difficile à surmonter pour les cinéastes qui osent s’attaquer à la SF et qui n’ont plus qu’à espérer en un miracle pour avoir la chance de réaliser un bon film… On sait qu’ils existent en SF, invoquer Harry Dean Stanton ici est peut-être une manière d’ailleurs de s’attirer les faveurs des dieux du genre. La SF, parfois, se résume à être tenté par deux cornets de glace dont on nous dit que l’un d’eux est empoisonné. Choisir le bon, c’est peut-être la garantie de s’en sortir et de se faire plaisir, mais même si on échappe à la mort immédiate, on risque encore la lapidation par le public.

D’ailleurs, si le film s’essouffle aussi assez vite, au-delà de cet embarrassant « effet Stephen King » qui fait que la proposition de départ contient en elle tout le ressort dramatique (et stérile) du film, toutes les diverses propositions dramatiques secondaires nécessaires à achever l’histoire font gentiment sourire ou hausser les épaules. J’ai peur que sans le maquillage high-tech et décoratif habituel du genre, et en dehors de très rares occasions (ces fameux miracles de la SF), ces défauts finissent toujours par nous sauter à la figure. Dans La Mort en direct comme dans n’importe quel film d’anticipation. Une sorte de vallée de l’étrange non pas appliquée à la supposée ressemblance d’un robot humanoïde avec un humain, mais appliquée à la ressemblance d’un monde parallèle et futuriste avec la réalité (ou la crédibilité) du monde qu’on connaît. C’est amusant un robot, mais moins on y croit plus on prend plaisir à sa présence ; faites-en un objet un peu trop ressemblant à ses créateurs, et ces derniers nourrissent pour lui un rejet immédiat. Eh bien, l’univers SF, ce serait un peu pareil : si ça ressemble un peu trop à notre réalité et que seuls quelques éléments nous rappellent qu’on n’est pas dans notre monde, et l’étrangeté devient trop malaisante pour qu’on y adhère. Ce qui reviendrait à la contradiction évoquée en début de commentaire : certes, il suffit d’un rien pour embarquer le spectateur dans un univers fictionnel parallèle ou futur, mais cette vallée de l’étrange nous obligerait à être attirés bien plus par les propositions de SF à haute valeur ajoutée high-tech plus que par des univers ressemblants. (Même si on peut imaginer au moins deux contre-exemples des années 2000 : Les Fils de l’homme et The Man froc Earth.) Un rapport compliqué avec une certaine forme de réalité altérée qui n’est pas sans rappeler les difficultés de la satire : une satire révèle des réalités qu’on est peut-être tout à fait prêts à accepter quand elles visent « les autres », mais si elles nous révèlent quelque chose de nous-mêmes, et on préfère détourner les yeux.

Ça reste un Tavernier, jamais de chefs-d’œuvre ni de francs navets. En revanche, Romy Schneider, à l’image d’une Marlene Dietrich — et je ne pense pas que ç’ait un rapport avec leur nationalité —, j’avoue faire partie de ce public qu’elle a toujours laissé indifférent. Ce qui peut être utile dans des rôles à fonction, à pouvoir, mais justement, le plus souvent, l’actrice joue sur la corde sensible, l’apitoiement, et j’avoue n’être jamais rentré en empathie avec une telle systématisation des sentiments… Autre vallée de l’étrange : voir que certaines actrices arrivent toujours plus à toucher un public féminin que masculin.


 

La Mort en direct, Bertrand Tavernier 1980 | Films A2, Gaumont International, Little Bear


Listes sur IMDb : 

Une histoire du cinéma français

Liens externes :


Abre los ojos, Alejandro Amenábar (1997)

Odyssée post-mortem

Note : 4 sur 5.

Ouvre les yeux

Titre original : Abre los ojos

Année : 1997

Réalisation : Alejandro Amenábar

Avec : Eduardo Noriega, Penélope Cruz

Pas bien pressé de le voir. Je suis pourtant un grand amateur de son remake avec Tom Cruise… Et j’aurais sans doute inversé l’ordre de préférence si j’avais vu le film d’Alejandro à sa sortie. Son film marche parfaitement. Un scénario qui semble sorti de la tête d’un Tod Browning sous hypnose. Follement tiré par les cheveux, mais étonnement sans fausses notes.

C’est le genre de scénarios qui sort des essais d’étudiants de cinéma : tous les clichés y passent. On va de twist en twist (très à la mode dans les années 90), de fausses révélations en fausses révélations ; la musique copie ce qui se fait ailleurs pour bien diriger les émotions du spectateur ; on abuse des possibilités narratives et de mise en abîme du rêve ; contexte mal défini et personnages secondaires tout dévoués au premier (et pour cause) ; jeune héritier sans attaches ni travail ; le personnage défiguré dans un accident de voiture (rappelant Le Visage d’un autre qui faisait, lui, le choix d’une approche plus distante et expérimentale) ; le coup de foudre pur et sans arrière-pensée ; le double féminin (positif-négatif) ; la scène du réveil qui n’en est pas un suivi du montage-séquence de préparation au départ du nid ; le portrait dessiné qui servira de planting à un autre moment du récit, etc. Un vrai catalogue des poncifs du genre.

Mais voilà, l’étudiant Amenábar maîtrise son sujet : il fait tout ce qu’il ne faut pas faire, il se tend à lui-même piège sur piège, et pourtant, à l’image de son héros, par sa maîtrise, son bon goût (indispensable dans un thriller psychologique et d’anticipation), il parvient toujours à s’en relever. Le plus surprenant, c’est qu’on y croit. Et cette maîtrise, c’est un ensemble de choses (toujours les mêmes astuces de dissimulation des escrocs ou des magiciens) : le rythme du film, la musique donc aussi qui nous empêche de nous réveiller, une structure narrative capable de relances voire de retours, le recours à ces bons vieux montages-séquences pour nous refiler un peu de somnifères et nous empêcher de penser ou de perdre notre attention, etc.

Souvent aussi, on doit cette maîtrise tout simplement aux acteurs. Vous me mettez Tom Cruise dans n’importe quel film et, j’y suis pour rien, cet escroc pourrait presque me faire croire en la scientologie… Eh bien ici, c’est pareil. Eduardo Noriega est solide, quant à Penélope Cruz, on peut difficilement espérer mieux dans ce rôle. Loin d’être un grand admirateur de l’actrice (contrairement au Cruise), force est de reconnaître qu’il y a dans ce film comme une évidence. Il ne suffit pas d’être jolie, elle a un quelque chose d’impalpable, d’à la fois mystérieux (ou insaisissable) et de poigne, d’autorité qui rejoint pas mal de la force, de l’intelligence et de la conviction de ces actrices qui, repérées très jeunes, peuvent surfer toute une carrière sur ces quelques années de grâce où elles apparaissaient pour la première fois et qui ont eu la chance d’apparaître dans un film dont le personnage qu’elles interprétaient leur correspondait parfaitement. C’est dommage sans doute que des actrices à la fois plus belles ou plus talentueuses n’aient jamais ce petit truc en plus, et c’est peut-être ça qu’on appelle le male gaze, mais leur truc en plus, il est bien là, se situer exactement à une forme d’intersection entre le talent, l’intelligence et la beauté. Juste ce qu’il faut des trois, et c’est là que le spectateur (mâle) ne s’en remet jamais. Des actrices superbes, il y en a des tas, trop, mais parce qu’elles n’ont pas l’intelligence et le talent au même niveau de leur physique, elles font pschitt. D’autres avec un grand talent, n’ont pas non plus ce qu’il faut ailleurs, etc. Et quand on est donc bien pourvu dans ces trois qualités premières sans être au max dans l’une des trois, ça fait les stars imparables qu’on connaît, de Louise Brooks à Barbara Stanwyck, de Ayako Wakao à Jennifer Lawrence, de Isabelle Adjani à Isabelle Huppert, de Sophia Loren à Audrey Hepburn, de Nicole Kidman à Penélope Cruz (en passant par Tom Cruise, what else).

Il n’y a pas forcément de grands secrets pour faire un bon film. On peut suivre tous les meilleurs cours du monde expliquant comment écrire le scénario parfait, définir ce qu’il faut éviter, le talent c’est peut-être aussi d’arriver à nous plonger dans une torpeur proche du rêve, nous enlever une part de notre conscience, de notre jugement, nous faire oublier tout le reste, et nous faire croire aux histoires les plus saugrenues. Le savoir-faire en somme. Celui d’un escroc, d’un magicien, d’un alchimiste, ou d’un artisan touché par la grâce le temps d’un film. Les miracles, ce qu’on peut définir comme événements inexplicables, on ne les rencontre que provoqués par les mains expertes ou chanceuses de quelques artistes. Des rencontres le plus souvent assurément. Des adéquations inespérées intervenant au bon moment avec les bonnes personnes.

Alejandro Amenábar avait vingt-cinq ans en réalisant ce film. Les Autres et Mar adentro suivront très vite. Beaucoup moins convaincants, la grâce du débutant s’estompera plus vite que celle de son actrice qui aura la chance de servir de muse à un autre cinéaste (ou d’avoir été une vedette avant lui)… Comme d’habitude, j’avais commencé par la fin (Tésis encore à voir). Étrange ou non, certaines cinématographies ne peuvent décoller sans acteurs : on connaît l’exemple du cinéma italien qui a cessé d’exister, pas seulement par manque de financements ou par le non-renouvellement de ses auteurs, mais bien à cause sans doute d’un manque d’acteurs de haut niveau. Étrange ou non donc, à travers mon prisme déformé, j’ai comme l’impression que le cinéma italien est mort aux pieds d’Ornella Muti, juste avant que le cinéma espagnol émerge à l’international grâce notamment à Almodovar et à Penélope Cruz.

Sinon, sérieusement, Internet en 1997 ?! Je n’ai eu Internet qu’en 2006. C’est dire si j’ai souvent un train de retard…


 

Abre los ojos, Alejandro Amenábar 1997 | Canal+ España, Las Producciones del Escorpión, Les Films Alain Sarde, Lucky Red, Sogetel


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The Brother from Another Planet, John Sayles (1984)

Brother

Note : 3.5 sur 5.

Brother

Titre original : The Brother from Another Planet

Année : 1984

Réalisation : John Sayles

Avec : Joe Morton, Daryl Edwards, Rosanna Carter

Petit film produit par Sayles en attendant de pouvoir boucler la production de son premier gros projet, Matewan.

De la SF cheap donc, mais assumée, et presque théâtrale (malgré les nombreuses séquences, je mettrais ma main à couper qu’une adaptation ne devrait pas être si difficile, peut-être même que Sayles l’a écrit pour être joué à Broadway, certains délires étant clairement faits pour la scène…).

Bref, c’est sympathique, à chemin entre Starman, L’Homme qui venait d’ailleurs, Terminator avec cet « étranger venu d’ailleurs » découvrant les usages terrestres (ironiquement, Joe Morton, jouera dans Terminator 2), et Alf, E.T., Clerks ou encore Téléchat (l’humour à la Roland Topor).

Jouer les rôles de muet idiot, à la naïveté enfantine et au charisme de mollusque, c’est toujours du pain béni pour un acteur. Les autres s’en donnent à cœur joie aussi (dont Sayles, avec son air idiot, qui est parfait pour son rôle — jusqu’à présent, de ce que j’ai vu, et de plus convaincant du Sayles acteur, c’est un passage mémorable dans Liana où il se fait éconduire misérablement par le personnage éponyme du film ; pas un grand acteur, mais je le dis souvent, jouer les idiots est peut-être ce qu’il y a de plus compliqué, et au moins lors de cette séquence, il est crédible et drôle).

John Sayles a au moins une qualité : l’indépendance. Participer à des projets à Hollywood ne semble pas l’intéresser si c’est pour être aspiré par son système. Le cinéma indépendant (ou autogéré), c’est sans doute moins lucratif, et s’il souhaite monter un film plus ambitieux avec des moyens qui vont avec, c’est probablement plus difficile pour lui à mener à bout ses idées, mais il paraît seul maître à bord, écrivant les scénarios, gérant la production avec une vieille complice actrice, et peut-être ce qui a le plus de valeur pour lui : il semble fonctionner comme une troupe en faisant appel assez souvent aux mêmes acteurs dont certains viennent aussi sans doute pour le plaisir et par reconnaissance de ce qu’il a fait pour eux. Un vrai petit système à lui tout seul. Ce qui permet donc, de monter un tel film sur le tard en en attendant un autre, sans se soucier du flop qu’il pourrait avoir auprès du public. Tu réalises un film comme d’autres montent des pièces : ça ne marche pas, tu fais autre chose, t’avances, personne pour te faire remarquer que tu n’es pas rentré dans les frais ou a fait un flop qui te fera descendre de trois ou quatre pages dans la liste des réalisateurs influents. Rien que ça, ça inspire le respect.


 

The Brother from Another Planet, John Sayles 1984 | Anarchist’s Convention Films, UCLA Film and Television Archive, A-Train Films


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Rêves, Akira Kurosawa (1990)

Rêves

Yume

Yume

Année : 1990

Réalisation :

Akira Kurosawa

5/10 IMDb

Fin de carrière compliquée pour Kurosawa, j’apprécie peu ses derniers opus.

Rêves est une suite de petits récits, des rêves donc, qui peuvent paraître naïfs au début, mais qui prennent vite une tournure écolo-politique. Kurosawa enfonce les portes ouvertes, fait sa leçon de vieux sage au monde. C’est crétin, c’est lent, c’est moche, c’est absurde et finalement sans grand intérêt. Quelques éclairs avec Martin Scorsese en Van Gogh, acteur de talent tout de même, ou avec Chishû Ryû s’amusant de voir que son ancien amour parti avec un autre venait de rendre l’âme. Tout le reste est digne d’une croûte offerte à maman pour la fête des mères.

On pourrait se demander pourquoi on a si peu intérêt à raconter nos rêves ; c’est peut-être simplement que ce qu’on en dit ne sera jamais à la hauteur de l’expérience vécue. Comme le disait Billy : « La fille rêve d’un garçon, et le spectateur s’endort. »


 

Rêves, Akira Kurosawa 1990 | Akira Kurosawa USA


Le Trésor des îles chiennes, F.J. Ossang (1990)

On a mangé les champignons de L’Île mystérieuse (Tintin)

Le Trésor des îles chiennesAnnée : 1990

Réalisation :

F.J. Ossang

2/10  

Si Luc Besson a monopolisé 10 % de son cerveau pour écrire, dialoguer et mettre en scène Le Dernier Combat est-ce possible que FJ Ossang en ait utilisé encore moins pour imaginer cette chose ?

Autrement, magnifique photo (voir plus bas), tout le reste est risible, abscons, pathétique. Un peu comme un Raoul Ruiz du pauvre (et j’aime pas Raoul, souvent, mais à y penser à côté, il y a comme un grand écart). Amoureux de la tradition dramaturgique insulaire et montagnarde s’abstenir.

Au-delà du scénario et surtout des dialogues d’une prétention affligeante, il y a ce que j’ai vu de pire (je suis gâté en ce moment) en matière de jeu d’acteurs. La caricature des mauvais acteurs de théâtre déblatérant un texte qu’ils ne comprennent pas (et pour cause, ça ne veut rien dire). Mais que ces acteurs-là réussissent à se faire une place dans le métier et à empoisonner le public qui finit par ne plus voir de sa vie de spectateur un bon acteur, ça restait quand même assez rare de voir ces éclats de voix et ses intonations chantantes au cinéma.

Ce n’est pas si mal parfois de voir de grosses merdes. Là par exemple, ça me permet d’un peu plus apprécier Raoul Ruiz. Parfois, tu flaires quand même ce qui cloche tellement c’est évident ; et d’autres fois tu te demandes : « Mais OK, faudrait faire quoi là ? » Et en fait, tu es tellement démuni face au vide de l’histoire ou de la bêtise des situations qu’il n’y aurait aucun moyen de rendre ça moins stupide. C’est vérolé comme jamais à la base, et ça, en dehors de certains courts-métrages, c’est assez rare dans des longs.

Il y a des tonnes d’histoires libres de droit, j’ai vu l’autre jour un Dickens fantastique réalisé par la télévision britannique (ces acteurs…, ça change), bah, le matériel est tout chaud, il n’y a plus qu’à. Ici, non seulement l’histoire ne veut rien dire et est mal construite, mais en plus la réalisation est consternante : pas de découpage technique ou quand il y en a ça te fait un montage chiant sur des non-actions, un sens du récit et du rythme nul (mais on voit en gros ce qu’il essaie de faire, on a tous plus ou moins essayé avec le même succès avec un caméscope sauf que là c’est Darius Kondji) et donc des acteurs comme on en voit là encore que dans des courts (et les pires).

On rigole au moins. Il faut imaginer Stalker réalisé par Alain Berbérian avec Brun Solo et Clovis Corniac. (Le Corniac y est déjà d’ailleurs.)

(Extrait passé en « privé ») Petit avant-goût avec ce qui ne peut être qu’un hommage subliminal au chef-d’œuvre d’Enki Bilal, Bunker Palace Hotel :

(Ce qui suit vaut aussi le coup d’œil, c’est la version jeanmariestraubienne de la scène du conduit à ordure dans la Guerre des étoiles.)


Images de la vidéo promotionnelle du film :

Le Trésor des îles chiennes, F.J. Ossang 1990 | Filmargem, Gemini Films, Instituto Português de Cinema (IPC)


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The Little Girl Who Conquered Time, Nobuhiko Ôbayashi (1983)

The Little Girl Who Conquered the Grumpy Old Men

Note : 3.5 sur 5.

The Little Girl Who Conquered Time

Titre original : Toki o kakeru shôjo

Année : 1983

Réalisation : Nobuhiko Ôbayashi

Avec : Tomoyo Harada

À l’époque où le Japon abreuvait nos émissions pour enfants de dessins animés pour adultes, les critiques de cinéma nippons, eux, s’émouvaient face à un film délicieusement niais censé n’être que pour les enfants. Point de slogan à l’époque dans Les Cahiers du cinéma ou dans Télérama du type « La petite fille qui avait conquis le temps, ce n’est que pour les enfants ! » trop occupés à s’offusquer de l’invasion de l’armée de Golgoths sur nos petits écrans.

Gageons toutefois qu’ils n’en auraient rien eu à foutre et qu’il n’y a que de vieux pervers japonais pour tomber sous le charme d’une gamine à l’œil un peu vide capable de voyager dans le temps. On pourrait aussi se demander ce que fait un film pour enfant dans la liste de sélection de la revue Kinema Junpo. On pourrait…, sauf qu’il faut se rappeler que les années 80 en termes de cinéma, le Japon, c’est le néant. Alors pourquoi pas.

Le film à un petit côté sympathique, il faut le reconnaître (c’est le vieux pervers qui parle). Il a cette saveur des histoires pour tout-petits dans lesquels tout est merveilleux, où il suffit de faire preuve d’imagination pour régler ses petits tracas… Certains pourraient s’étonner devant un film où tout paraît, pour les adultes, affreusement artificiel ; ce serait encore oublier, ou ne pas comprendre, que le film s’adresse cette fois bien aux tout-petits. C’est un conte, qui écrit des contes de nos jours ? Qui s’adresse aux petiots ? Et si les séries TV pour tout-petits existent (Bisounours, etc.), niveau production cinéma, c’est le néant, là encore. Ce film fait donc un peu figure d’ovni (je sais, les Américains en pondent en masse, notamment à Noël, mais c’est souvent des trucs avec des animaux, et c’est souvent vulgaire). Alors oui, c’est joué bizarrement…, faux, mais c’est sans doute un peu volontaire, et ça se révèle même pertinent. Quand on va voir une pièce de théâtre pour, ou joué par, des petits, tout devient grossier, exagéré, statique et robotique (ici, on entendrait presque à chaque début de plan un “action” hors-champ pour signifier aux acteurs de commencer de parler — et presque de ne plus jouer, une fois qu’ils n’ont plus rien à dire). C’est vilain, on n’y croit pas une seconde, mais les petits ont besoin de ça pour s’intéresser à ce qui se passe devant eux. Le ton est toujours juste, parce que si c’est fait grossièrement, ce n’est donc jamais vulgaire, ni agressif. Un enfant de 7 ans, c’est un bipolaire qui n’est pas encore entré dans sa phase dépressive. Tout est beau, fantastique, les gens sont bienveillants, les dilemmes sont ordinaires et leur semblent déjà insurmontables…

On a donc ici une jolie lycéenne qui a tout du chaton qui minaude pour qu’on le caresse (et on ne peut résister, c’est certain). Le reste pourrait se partager entre affreux nounours ronflants et cocker aux anges. Personne n’élève la voix, tout le monde se respecte, on lève le bras en remuant énergiquement la main pour saluer ses camarades qui quittent l’école… Un monde idéal pour les petits.

Pour les grands, il ne faut pas se mentir, il y a quelques curiosités qui valent le détour. J’éviterai de rappeler que le film est adapté du même ouvrage ayant donné La Traversée du temps et que son auteur était également papa du baroque, étrange, et un peu agaçant, Paprika. Ou encore qu’il y aura une autre adaptation (récente) de ce délicieux machin estampillé années 80. Non, j’irai à l’essentiel : on y voit les shorts les plus courts qu’on n’ait jamais mesurés dans toute l’histoire de la production cinématographique mondiale ! Il faut se préparer les yeux parce que c’est à se les dévisser des orbites, au moment où on s’y attend le moins. Furtif une première fois dans une scène à l’infirmerie de l’école (la prof de biologie faisant office d’infirmière…, allez comprendre). Et puis vient une étrange réminiscence des plus belles scènes de Jeanne et Serge… Heureusement que la Dream Team de 1992 viendra bien vite mettre un peu de décence là-dedans en inaugurant les tenues voilées (qui tomberont à leur tour en désuétude à l’entame de la nouvelle décennie, et suite beaucoup aussi au 11 septembre). Il faudrait vérifier si les petits vieux de la Kinema Junpo n’ont pas adressé un prix spécial à la prof de biologie… Autre curiosité vestimentaire (et je ne m’attarderai pas sur les magnifiques coiffures laissant penser que La Boom a eu un succès phénoménal au Japon), la tenue traditionnelle portée cette fois par notre héroïne lors de ses entraînements de tir à l’arc. Une si belle tenue portée par un corps menu-menu et capable pourtant de maîtriser les gestes précis, presque cérémonieux, du maniement de l’arc. Je ne sais pas, moi ça m’émeut. À ce moment, les effets pyro-spéciaux ne sont pas encore de service et on croirait presque voir un film “normal”. Le film foisonne d’autres moments de grâce comme celui-ci.

C’est en fait vers la fin que ça se complique. Si on pouvait jusque-là se satisfaire de suivre une histoire plutôt compréhensible pour les plus jeunes et ne pas avoir trop à s’en faire pour l’expliquer à nos petiots…, on sent peu à peu le Paprika tomber en neige insidieuse sur la pellicule, et ça tourne tout à coup au psychédélique (pour le coup, à ce niveau, les années 80, c’est une horreur dans tous les domaines et tous les pays). Le pire est à venir. Viennent les scènes d’explication, les délires forcés par la complexité même du thème du voyage temporel, et là, ô horreur, on croyait voir les Bisounours et on se retrouve chez Christopher Nolan… Même à la Kinema Junpo, je ferais le pari que personne n’y a rien compris et que tous baillaient plus ou moins dans ce finale.

Heureusement, et ça touche presque au génie, le film, somme toute assez agréable avant ces horreurs, nous fait oublier tout ce gloubi-boulga sans intérêt pour nous redonner l’espoir et le sourire dans un générique de fin tout simplement atroce. Attention, on retombe au kitsch sans prétention, on oublie Nolan, et le n’importe quoi, c’est celui du petit film qui ne se prend pas au sérieux et qui surtout sait à qui il s’adresse.

(Toute la Junpo a dû pisser dans son froc. De rire.)

(À noter que je n’avais aucune idée de ce que je regardais, à tel point qu’à la première scène, je pensais qu’on était dans un univers parallèle, un rêve, une série ou une pièce jouée devant des enfants, et que tout cela allait s’arrêter une fois le générique achevé. En fait, c’est tout le temps aussi niais. C’est le charme du film — une tonalité qui n’est pas sans rappeler Trois Noisettes pour Cendrillon, lui aussi très explicitement adressé aux enfants. Du cinéma de peluches.)


The Little Girl Who Conquered Time, Nobuhiko Ôbayashi 1983 Toki o kakeru shôjo | Haruki Kadokawa Films, Kadokawa Publishing Company, PSC 

 

L’actrice principale, ancienne enfant star, est encore aujourd’hui une ‘idole’ au Japon.


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The Matrix, The Wachowski Brothers (1999)

Matrix

Note : 5 sur 5.

Matrix

Année : 1999

Réalisation : Les Wachowski

Avec : Keanu Reeves, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss

— TOP FILMS

Certains films ne vieillissent pas, on vieillit à leur place.

(Et je parle du film initial. Pour la suite, très mauvais souvenir de cinéma et une de mes plus grandes incompréhensions. Aucune envie de réévaluer ces horreurs. Le premier se suffit à lui-même.)

Suite de notes.

La sidération au cinéma

Elle commençait dès la scène du bullet time avec Carrie-Anne Moss et cette pose improbable inspirée probablement du kung-fu… Il y a tellement par la suite de personnages ou d’interprétations ratées dans la « série » de films, alors que sa présence dans le film est si particulière…

Impressionné, le petit Nolan a dû l’être également. Ce qui m’avait marqué dans Memento l’année suivante, c’était justement qu’il reprenait deux des acteurs de Matrix en surfant pas mal sur les personnages qu’ils interprétaient dans le film plutôt que de s’emmerder à créer des personnages à part entière (ce qui était pour le coup, au-delà de l’opportunisme, pas mal efficace).

C’est un miracle ce film. Tout le reste qui navigue autour et qui se rétame alors que le film initial reste en suspension, c’est les marchands du temple. « Oh, c’est Jésus ! Il marche sur l’eau ! » (The Matrix). Puis : « Oh, putain, c’est Superman, il peut inverser le cours du temps ! » (Reload) Et encore : « Mais, mais… c’est Dieu ! Il se bat contre les planètes, les éléments, les Titans ! et… contre Lambert Wilson !!! » (Revolution)

The Matrix, The Wachowski (1999) | Warner Bros., Village Roadshow Pictures, Groucho Film Partnership

La scène de l’interrogatoire.

Cette scène ne me fait pas grand-chose, en dehors de son intro formidable sur écran, travelling avant, et l’écran qui devient le plan sans transition, puis la caméra qui descend l’air de rien pour recadrer… On ne voit presque rien, mais c’est fait au millimètre. Puis, avec l’agent Smith qui tournicote son élastique pour ouvrir son dossier, le même dossier qu’il met de côté, histoire de faire comprendre à Neo qu’ils peuvent tout oublier… C’est de la danse aussi dans cette scène mais on ne doit pas apprécier la même chose. J’aime beaucoup plus l’interrogatoire avec Morpheus quand il lui fait le speech humanité = virus. Et pour rester sur la danse, c’est fou dans les scènes de poursuite ou de baston à quel point le rythme est parfaitement géré : ils avaient compris que le rythme, ce n’est pas une question de vitesse, mais d’alternance entre mouvements rapides et mouvements lents pour “digérer”, respirer, avant de repartir. À ce niveau, la poursuite sur les toits en dents de scie au début dit tout : les bruits des pas lents quand ils montent, puis rapides quand ils descendent. Sans oublier que le bullet time, c’est déjà en soi un “soupir” qui s’étire dans la partition… C’est une symphonie, ce truc. Bref, je m’emballe, je rends les armes.

La scène « escape » de Trinity au début du film.

En musique classique, pour bien finir un morceau, il y a ce qu’on appelle la cadence. C’est quand tu as une phrase où tu sens venir la fin, et ça s’arrête brutalement — comme les fameux noirs à la fin des films de… Nolan —et ça pousse le public, bien sûr, à applaudir. Ils font ça dans cette scène juste après le bullet time, quand elle bastonne tous les flics et avant que les agents Smith lui collent aux basques. Il y a un plan final avec une pause brutale, et on comprend que c’est la fin de la baston… De l’opéra.

Le dernier coup, c’est l’accord final qui précède ce “soupir”. Mais pour que l’effet (la cadence) marche, il faut le coup final ET la pause qui vient après. D’ailleurs, il n’y a que ça dans cette séquence, mais des cadences intermédiaires, ou des points-virgules, ou donc visuellement, tu as un mouvement rapide qui s’arrête brutalement souvent rehaussé d’un effet sonore, typiquement le « vouh ! ». Par exemple, quand elle saute à travers la fenêtre, tu as plein de plans rapides, et ça se termine brutalement par une “pause”, elle, avachie dans les escaliers, les flingues tendus vers la fenêtre. Le changement de rythme, c’est ça la cadence. Et puis hop, elle dit « get up », et là, elle ne se relève pas mollement : elle gicle hors du cadre avec un effet sonore et un cut niveau montage.

Autre exemple. Quand ils montent à l’échelle pour atteindre le toit, je présume quand même qu’ils ont été aidés d’un filin ou d’une sorte de trampoline pour faciliter leur élévation parce que tu ne montes pas une échelle aussi facilement. Résultat, tu as « ta ta ta ta » très rapide avec, si je me rappelle, un mouvement de travelling arrière pour donner une sorte de relief au mouvement, et avant de repartir en courant, tu as l’effet de descente de l’échelle, très bref, mais indispensable pour créer du rythme. C’est un vrai modèle. Même pour accentuer l’effet lors des toits en dents de scie, la caméra fait un travelling d’accompagnement latéral mais s’élève et descend en même temps que les “danseurs” là encore pour donner du relief et du rythme. Après, il y a bien sûr le génie de créer des décors comme ça, parce que j’ai vu d’autres séquences des films suivants, et ils montrent le même sens du rythme sauf que ça tombe à plat plus souvent parce que les décors selon moi sont moins à la hauteur (paradoxalement plus grandioses, mais justement, il n’y a pas le côté organique, carton-pâte, poussiéreux, des décors du premier, comme ceux dans « ils sont derrière les murs », quand Morpheus se fait capturer, ou celle de la station de métro).

 

Bullet time.

Apparemment, la technique utilisée conditionnait pas mal ce qu’il était possible de faire (axe de caméra et décors réduit en studio sans doute) alors que le procédé aurait complètement changé par les deux suivants, le numérique apparaissant, et là tout devenait possible. Il y a donc à la fois la magie du “seuil” entre deux mondes qui disparaît et la surenchère vers un monde auquel on ne peut plus croire (sans compter qu’une fois que Neo comprend ses capacités à l’intérieur, mais surtout en dehors de la matrice, bah c’est fini, ça devient un film de super-héros). Alice Wachowski est restée dans son terrier et elle n’a plus jamais revu la lumière.

Vu le : 24 juillet 1999, commenté essentiellement dans les années 2010


2020

En réponse à : « Jamais compris l’hostilité envers ces 2 films, ils forment une trilogie parfaite avec le 1ᵉʳ ».

Le premier se suffit à lui-même. Le récit est intelligible, l’action et les effets spéciaux à taille presque humaine. Visuellement, il est plus reposant pour les yeux et fait la part belle au récit plus qu’à l’action multi-joueurs et aux explications à la con. La suite est un naufrage total qui annonce d’ailleurs peut-être déjà celui des films de Nolan : des labyrinthes visuels incompréhensibles et moches. Annonciatrice peut-être aussi d’un conflit de générations entre spectateurs. Ceux de Jaws laissant place à ceux de Mega Jaws 3D Remix.



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Alien 3, David Fincher (1992)

Notes diverses

Alien3

Note : 4.5 sur 5.

Année : 1992

Réalisation : David Fincher

Avec : Sigourney Weaver, Charles Dance, Charles S. Dutton, Lance Henriksen

— TOP FILMS

Décembre 95 :

Construction scénique exemplaire. En dehors de la poursuite finale qui peine à offrir un spectacle à la Jaws (hommes cernés par un loup). L’action avant ça, c’est de l’inaction, de l’action d’ambiance. On construit un jeu de puzzle dont on ne voit ce qu’il regroupe que lentement, augmentant le plaisir à travers les tentatives de compréhension, à travers le jeu, là, d’imagination pour regrouper ce qui est possible. Déjà une forme de réalité virtuelle, une imagination suggérée, dirigée. Introductions, allusions, superpositions, fausses pistes, retours, forment les pièces de ce puzzle complexe. Peu de contraintes sinon celles des unités : le lieu est le plus évident, le temps (deux ou trois jours dans un espace où il est censé ne rien se passer, donc où le temps s’étiole), et l’unité d’action (qui ne fait que poindre puisque c’est justement celle qu’on essaie de retrouver à travers les interrogations de Ripley et l’incrédulité des habitants de la planète). L’art de créer avec des bouts de ficelle, et des ficelles servant à tirer le meilleur de l’imagination du spectateur. On est loin du réel, cette composition n’est pas naturelle, mais c’est bien grâce à cette structure quasi théâtrale qu’elle nous fascine, parce qu’elle en reprend les schémas et les codes. Quête contre poursuite. Œdipe contre l’Iliade. Ce n’est pas le reflet de la vie. La vie n’a pas de construction méthodique, il n’y a pas d’intention ou de resserrement, encore moins de quête. La fiction théâtralisée, elle est tout ça. Artificielle, donc un produit de l’homme. De son génie. (Face à la brutalité du loup).

Août 97 :

Ce sensationnel découpage technique est une révélation, une leçon de montage.

Principe « d’action dramatique et d’action d’ambiance » :

Le film procède essentiellement à travers des ellipses masquant les raccords de mouvement. Cela permet aux plans d’avoir une identité propre, avec une idée pour chaque plan, et un plan qui ne s’attarde que le temps de la mise en place de cette idée. Tout autre élément parasite est supprimé. Effet produit : pas de digression inutile, pas d’impression de stagnation de l’action. On va droit au but. Mieux, parfois, entre deux plans, il n’est plus nécessaire de raccorder des mouvements pour suivre une continuité, le montage est capable de suggérer le mouvement dans le plan suivant quand il n’est pas encore amorcé dans le précédent. Gain de temps, effort laissé à l’imagination du spectateur. On se rapproche presque même du montage des attractions appliqué à un même espace scénique. Une fois suggérée, l’idée de mouvement n’a alors plus la même saveur, si bien qu’il faut faire l’effort de proposer au spectateur une autre vision, et l’idée de départ continue de composer toute l’idée du plan, mais repoussée au second plan. On permet ainsi dans un même plan, la juxtaposition de deux idées. L’idée dramatique, l’autre d’ambiance. Une principale, une secondaire. L’idée étant le principe premier de ce style de montage, les gros plans sont nombreux, composés dans un même champ d’action préalablement défini à travers une succession classique de plans plus larges. Le spectateur est alors en mesure, à travers cette succession de gros plans, de se représenter le hors-champ si essentiel à l’imagination et à la représentation mentale d’une scène. Même impression de richesse de plan, comme dans un roman où l’auteur s’emploierait à varier son vocabulaire, car même dans un même espace, même en s’autorisant des mouvements de caméra, le champ resserré propose rarement deux fois la même vision. L’environnement est connu grâce à l’introduction de la scène, la suite sert à faire exploser l’imagination et donner du sens au montage. Un champ-contrechamp propose souvent des réactions prévisibles donc offrant un plaisir restreint au spectateur, l’utilisation de ce hors-champ, à travers également le travail sur le son et la musique, permet de remplir son image d’éléments plus significatifs.

Alien 3, David Fincher 1992 Twentieth Century Fox, Brandywine Productions (20)_saveur

Alien 3, David Fincher 1992 | Twentieth Century Fox, Brandywine Productions

Alien 3, David Fincher 1992 Twentieth Century Fox, Brandywine Productions (21)_saveur

Deux exemples : Quand Ripley a une goutte de sang qui coule de son nez. Nous avons l’action principale (« l’action dramatique », qu’on pourrait autrement qualifier de « situation de départ ou attendue », ou encore « d’événement ») : l’enterrement, qu’on écarte très vite au second plan. La goutte de sang suggère déjà autre chose, un après, et une interrogation. En trois ou quatre plans “muets”, sans dialogues, on évoque une idée au milieu d’un autre ensemble (c’est « l’action d’ambiance », l’action secondaire, thématique, suggérée, etc.). Opposition entre le dramatique et l’ambiance, inversion des proportions. La mise en relief se fait sans perdre ce qui précède (on reste dans la même situation, mais au lieu de décrire l’enterrement, celui-ci n’apparaît plus qu’au second plan pour laisser place à un sujet différent qui n’est pas toujours parfaitement clair et défini) tout en appelant déjà ce qui viendra par la suite. La scène, qui est un classique, et qui se veut anodine, devient une scène psychologique : notre interrogation est celle de Ripley. Nous avons donc, un très gros plan de la goutte qui coule, puis un plan large de Ripley qui s’essuie (pas de raccord de mouvement : ellipse ; le raccord se fait dans notre tête, c’est un assemblage d’idées, pas une recomposition du réel), puis un troisième plan avec la réaction du médecin (il réagit à quoi au juste ? le voit-on voir la goutte couler, le voit-on voir précisément Ripley s’essuyer ? non, sa réaction, c’est encore la nôtre, et on ne peut… qu’imaginer ce à quoi il réagit ; on peut faire dire n’importe quoi aux images, c’est bien pour ça qu’avec un montage on peut tordre la réalité et constituer une « action d’ambiance » à travers un montage resserré d’actions dont on est seul interprète). Ainsi, l’action dramatique est ce qui est annoncé ou prévu dans une scène ; l’action d’ambiance est ce qui est suggéré et ce qu’on comprend d’une forme de sous-texte des images. Il faut marier les deux pour éveiller la curiosité, l’imagination et l’intelligence du spectateur. Et c’est bien en se contentant de ne traiter que des actions dramatiques qu’on tombe dans le ton sur ton. Le récit devient trop prosaïque, on se fait succéder une suite d’événements logiques attendus, et on ennuie le spectateur.

Deuxième exemple avec la scène du réveil de Ripley. Le docteur arrive (plan moyen introducteur), regarde son état (gros plan) ; on voit Ripley dormir (gros plan) ; le docteur décide de lui faire une piqûre (gros plan) ; Ripley dort toujours (autre plan, gros plan, autre description) ; le docteur présente l’aiguille au bras (insert) ; réaction de Ripley qui se réveille (gros plan, mouvement du bras suggéré mais non amorcé) ; enfin Ripley tenant le bras du docteur (très gros plan). Suivent quelques plans d’échanges entre les deux personnages (ici le montage s’évertuera encore à ne pas commenter les dialogues, mais apporter un sous-texte pouvant révéler ou suggérer autre chose.

Un tel montage a toutes les qualités d’une scène travaillée sur story-board, mais souvent cela offre des plans trop hiératiques où, en effet, chaque plan peut proposer une nouvelle idée à travers une composition riche. Pas ce souci ici. Si Fincher travaille sans doute au préalable avec un story-board ou une bonne idée du plan à faire, il arrive à recréer une ambiance authentique, pleine de détails significatifs ou, au contraire, composée autour d’une idée centrale, sans négliger la part du film qui doit se jouer hors-champ et qu’il faut laisser au spectateur le privilège d’imaginer. Méthode, quelle qu’elle soit, terriblement efficace.

2013, révision : Ce qui ne marche pas.

La tradition du huis clos est respectée ; ils ont voulu un retour manifeste à une certaine impuissance face à l’alien. Pour cela, l’accent est trop porté sur la nature intrinsèque d’un pénitencier (en plus, laissé à l’abandon). Il n’aurait pas été impossible de poursuivre un huis clos sur une planète avec quelques centaines de personnes, ce qui aurait donné de l’animation au film tout en respectant le huis clos puisqu’ils ne peuvent pas partir de la planète et sont contraints de rester à une même base. Ça donne un côté un peu cheap à l’histoire. Avec seulement une trentaine de personnes, ça aurait également très bien pu fonctionner : on aurait pu voir ce que les habitants d’Aliens avaient pu vivre, et c’est de reste ce qu’on voit dans beaucoup de films d’horreur (même utilisant le huis clos pour intensifier la peur en les enfermant). Arriver sur une planète sans arme, car c’est bien ça l’idée censée intensifier le danger, on pouvait imaginer deux solutions : des moines ou des prisonniers. C’est là le problème. Le scénario fait les deux. L’idée des moines est intéressante, ils représentent peut-être un peu trop des hommes diminués face à un monstre et on aurait peine à croire qu’il cherche à se défendre, et le discours religieux aurait fini par ennuyer. Restait donc les prisonniers. Cela marchait parfaitement sans vouloir en faire en plus des fanatiques. Religieux, mais aussi sexuels. C’est trop, il faut choisir, et la meilleure solution aurait sans doute été d’en faire des prisonniers tout ce qu’il y a de plus commun. Un peu plus d’une trentaine pour pallier le poids de la bête sinon difficile à y croire.

L’idée d’en faire des fanatiques sexuels avait sans doute comme but de mettre en danger Ripley. Cela peut sembler séduisant, mais là encore, c’est à mon avis une erreur : Ripley est la chose de l’Alien, tout autre viol serait hors sujet. Par ailleurs, il faut tout de même qu’on puisse croire que les prisonniers aient les moyens de se défendre. On a appris à connaître l’Alien depuis deux épisodes, on sait de quoi il est capable, donc on n’est pas obligés de diminuer encore le poids des hommes pour créer une situation de danger. Au contraire, c’est moins crédible. On sait déjà qu’il n’y a pas d’armes disponibles, les prisonniers doivent donc s’organiser de manière qu’on puisse croire à leur réussite (espérance qu’il sera bon de tacler à la première occasion pour créer une nouvelle situation).

Que tout bascule d’une scène à l’autre quand, à la fois, Clements et le directeur de prison meurent, ça fait un peu répétition. Les deux personnages auraient pu être réunis, autour d’un directeur-médecin (le fait qu’il soit prisonnier n’apporte pas grand-chose à l’histoire, et au contraire, cela pourrait laisser penser que l’Alien se débarrasse d’un concurrent de poids). Clements aurait pu être un personnage plus fort et plus convaincant en étant joué par une star et en disparaissant brutalement à la manière de Janet Leigh dans Psychose : on croit qu’une fois de plus Ripley va faire équipe comme dans Aliens, et finalement, cette aide bienvenue disparaît aussitôt, laissant le second acte commencer sans autre aide que celle de ploucs pédophiles.

Ce qui rebute un peu dans cet opus, c’est bien le côté déchetterie des lieux. Personne n’a envie de traîner là-dedans. L’idée des sous-sols est bonne, même de la fonderie, mais pas la peine d’en faire un pénitencier perdu reconverti en tout à l’égout. On ne peut pas manquer au devoir de high-tech dans un film de SF. Ici avec Alien, ce serait rajouter de l’horreur à l’horreur, or pour moi Alien est plus de la SF que de l’horreur. La SF est le contexte, et l’horreur est la plupart du temps suggérée ; si on perd le contexte high-tech, lisse, propre et lumineux et qu’on décide de tout montrer, on frôle le mauvais goût. Par ailleurs, il aurait fallu montrer un peu plus la frontière avec l’extérieur du pénitencier pour montrer l’horizon et l’impossibilité de le franchir. Du coup ce n’est plus un égout mais une fosse septique.


Terminator, James Cameron (1984)

La Nuit des masques

Terminator

Note : 5 sur 5.

Titre original : The Terminator

Année : 1984

Réalisation : James Cameron

Avec : Arnold Schwarzenegger, Linda Hamilton, Michael Biehn

— TOP FILMS

C’était l’époque où Internet n’existait pas, c’était le temps des cerises, où quand on parlait, mômes, des films qui nous faisaient rêver et qu’on ne pouvait pas voir, car le cinéma était trop loin ou parce qu’on était trop jeunes, il n’y avait qu’un ou deux films dans toutes les têtes, pendant des années. L’image qu’on pouvait se faire de Terminator s’embrouillait avec celle d’Alien, parce que n’ayant vu ni l’un ni l’autre, racontés par les rares copains qui les avaient vus, on ne voyait ces films, devenus de véritables mythes impalpables, que dans notre imagination d’enfants.

Et puis, quand finalement, on pouvait voir le film, religieusement affalés sur un canapé, le plus souvent devant M6 (quelle autre chaîne passerait ce film à 20 h 30 à l’époque ?), elle était là : la révélation. On connaissait déjà tout de l’histoire. Manquait juste… les aliens. C’était plus beau qu’un rêve, un rêve devenu réalité. Un mythe prenant corps : le Terminator existe, je l’ai enfin vu ! Terminator était un film fauché, probablement plus proche dans sa simplicité des Warriors de Walter Hill que, même, de Terminator 2, aux effets spéciaux à la pointe de l’épée.

Terminator, c’est la série B qui déclasse tout à coup toute la production des années 80, et qui donne à ces années, avec Blade Runner et Thriller, leur identité.

Comme quelques années auparavant avec le succès des Dents de la mer, c’était cette absence d’effets, de moyens, qui faisait la réussite du film. Moins on voit, mieux c’est. Parce qu’on peut laisser les enfants se faire le film dans leur tête.

À notre époque, on ne parle que de spoilers (ou spoils, je ne parle pas cette langue). Grâce à Internet, et au reste (l’âge sans doute), on a plus facilement accès aux images, aux avis, aux commentaires, aux secrets ou aux critiques qui provoqueront l’inévitable démystification d’un film. Et puis, on fait semblant de croire qu’il ne faut surtout rien apprendre de l’histoire d’un film.

Eh bien autrefois, c’était le contraire : on connaissait tout de l’histoire (ou presque, c’était vague, au moins les grandes lignes), et à part l’affiche sans doute, et quelques images volées dans des magazines, on ne voyait rien. Même les bandes-annonces, je me plais à croire qu’on y montrait le moins possible. En tout cas celles qui pouvaient nous servir à une heure de grande écoute, en France ; et on passait rarement les bandes-annonces, juste quelques extraits. Et ça émoustillait nos sens, bien plus que si on avait vu la bande-annonce dans son entier.

Terminator, James Cameron 1984 Cinema '84, Euro Film Funding, Hemdale (1)_saveur

Terminator, James Cameron 1984 | Cinema ’84, Euro Film Funding, Hemdale

Toutes les histoires se ressemblent, on n’invente rien. La difficulté est de réécrire un mythe en l’actualisant, tout en sachant rester simple. Malgré lui peut-être, c’est ce qu’est arrivé à faire James Cameron. L’histoire est simple : on évoque Skynet, la révolution des machines, John Connor, et on ne voit jamais rien de tout ça. On ne fait qu’imaginer. On imagine toujours mieux le pire (et donc le meilleur pour notre plaisir) que quand on ne nous impose pas ces images. Le Terminator est une machine venant du futur ? Du futur, on ne verra pas grand-chose, et la machine, on n’en verra surtout que le squelette terrifiant rappelant la bataille des squelettes dans Jason et les Argonautes. L’espèce de blob de mercure que sera Robert Patrick a beau refléter les humains à envie, il ne dépassera jamais cette image, non pas qui nous impose un reflet humain, mais nous suggère l’image de notre propre mort. Pas la mort personnifiée, la mort, tout court, la nôtre. Un squelette, qu’il soit fait de métal ou d’os, reste un squelette. Et celui-ci est censé nous pourchasser pour nous obliger à ôter à notre tour le masque de chair dont on se pare, encore vivants… Voici le vrai visage de l’humanité. Un masque de mort, un crâne inexpressif et sans vie qui nous court après, et finira tous par nous rattraper. Elle est là l’image du futur, plus que celle du futur de l’humanité, c’est la nôtre. Et c’est bien ce qui était terrifiant dans Terminator.

Chacun ses mythes, ses héros, ses croyances. Dans ma région, les enfants ne croyaient ni en Rocky ni en Rambo (les deux autres religions monothéistes de l’époque ; Starwars étant plus… animiste), mais on croyait dur comme fer au Terminator. Et je ne renie pas mes origines. À chaque fois que j’ai revu le film, c’était comme une grand-messe, une célébration de mon dieu, celui des enfers, qu’on respecte parce qu’on le craint. Et bien sûr, à chaque fois, comme ailleurs on brûle les idoles à la Saint-Jean ou on passe à travers un feu, chez moi, on regarde, le jour de la Saint-James, Terminator, et à la fin, on l’écrabouille à la décharge du coin. Et tous les ans, ma conviction est la même : sa simplicité, son bon goût (oui, oui) font de lui un chef-d’œuvre. Une pièce (de métal) unique à vénérer.

 novembre 2013

Terminator, James Cameron 1984 Cinema '84, Euro Film Funding, Hemdale (2)_saveurTerminator, James Cameron 1984 Cinema '84, Euro Film Funding, Hemdale (3)_saveurTerminator, James Cameron 1984 Cinema '84, Euro Film Funding, Hemdale (4)_saveur


Relecture du film en janvier 2017.

Avant d’être un pionnier technologique, Cameron est avant tout un formidable raconteur d’histoire, avec un sens certain du montage, et un auteur de ce qui n’aurait pu être à l’époque qu’une vulgaire série B. Il faut du tact pour mettre en scène des éléments pouvant très vite tomber dans le grossier et le ridicule.

36 15 Mylife (tu-tulu-tu-tutu-tu-lu-tulu…bzzbzz… ne quittez pas, tut-tulu-tutu…). (Reboot du commentaire précédent)

Au milieu des années 80, mon grand frère, qui faisait tout mieux et toujours en double, voit avec sa classe deux films coup sur coup. Alien et Terminator. (Les seuls films que j’ai vus avec ma classe c’est Germinal et Nuit et brouillard). Le soir même, il raconte ces deux films à table. Mon frère me déteste, il ne me parle jamais, il raconte donc à ses parents, mais je n’en rate pas une miette. C’est mon grand frère, il a toujours raison, il fait tout mieux et toujours tout en double.

Le premier, Alien, il me faudra une décennie pour le voir, le second, Terminator, je guettais ses passages à la télévision, probablement sur la 6 alors qu’on captait mal cette nouvelle chaîne dans mon patelin. Mais pourquoi chercher à voir des films qu’on connaît déjà presque par cœur. Deux films qui pendant un certain temps n’en ont fait qu’un. Alien et Terminator, le diptyque magique où le cyborg était roi.

Alors quand je vois comment est perçu le film aujourd’hui, je me dis que souvent, oui, « on passe à côté des films ». Tout bonnement parce qu’on ne voit jamais qu’un seul film : le nôtre. On aime les films qui nous façonnent, on aime les films qui nous ressemblent. C’est rassurant finalement. Quand l’image des parents (ou des grands frères) se dégrade avec le temps, il reste toujours quelques bobines auxquelles on peut se fier et dire « ça, c’est moi, c’est mon histoire, ça me ressemble ». On ne passe jamais à côté de ses films. Et ces films, s’ils sont vivants en nous, ce n’est pas parce que le réalisateur, le machiniste, l’acteur principal sont bons ou que les effets spéciaux nous pètent à la gueule comme il faut, c’est parce qu’on les rapproche, parfois, à notre histoire. Nos histoires.

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Quand on vieillit, on devient con ; et être con, c’est ne plus rien apprendre de son environnement. Le gosse est une éponge et il se nourrit de tout. Le bon goût, c’est le goût de celui qui n’a plus faim et qui se nourrit alors de sophistication, de rationalité, de rigueur, de cadre, de confort, d’habitude, de principes, de répétition… Les années 80 sont contraires au bon goût, peut-être, mais je les aime parce que je les ai vécues, elles m’ont forgé, et je les ai aidées à mon échelle à ce qu’elles soient un peu moins toc (j’ai eu beaucoup de mal et on m’écoutait encore moins qu’aujourd’hui — mais je faisais déjà le pitre).

Quelques années plus tard, sortait au cinéma RoboCop. Je me foutais du réal, je me foutais des critiques, je me foutais de l’histoire. Je voulais voir un film avec un type qui se dandinait à poil dans un scaphandre dans les rues et qui invectivait les loubards avec la rigidité d’un sexe souverain. C’était cool et à 9 ans je bandais mou. Après avoir saoulé la famille pendant des années avec des « Iti, téléphone maison ! iti téléphone maison !!! » ils en avaient un peu ras le bol de me voir imiter un robot avec un balai dans le cul et des bras en portemanteaux. J’étais le petit, c’était ma soirée. Mais j’étais trop petit. Terminé. Robocop c’était pour les plus de dix ans. La cervelle au vermicelle acide, ce ne serait pas encore pour moi. Et je restais avec mes vieux souvenirs composés d’Alien et de Terminator.

J’ai dû voir plus tard RoboCop vingt fois en K7.

Alors, oui, parfois, on passe à côté de certains films. Parfois même on les rate. Mais on se rattrape. Et c’est un peu ça aussi être cinéphile. Ce n’est pas seulement voir des films, c’est passer à côté, les retrouver, les oublier, les snober. C’est être face à un film.

Les films ne sont faits que pour être vus, méprisés, adorés. Non pas pour être “bons” ou “mauvais”. Ça, c’est pour les grands. Et devant des films, on ne devrait jamais jouer au plus grand. J’aime en tout cas l’idée d’être resté le cadet, d’être à la place de celui qui regarde, qui apprend, et dont ses idoles ignorent la présence. Un spectateur, dans une salle obscure ou dans une chambre.

Et aujourd’hui, 14 janvier 2017, je serai cadet dans une salle pleine à craquer (elle sera vide), un samedi après-midi, pour voir mon fétiche, mon doudou, mon ami, mon frère.

Je suis un cyborg, et je vais chier mes cinquante rognures de métal sur le monde. Bling-bling.

Popom-pom-popom.

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Star Trek IV – Retour sur Terre (1986)

Star Trek retrouvé : À l’ombre d’Argos en pleurs

Star Trek IV – Retour sur Terre

Star Trek IV: The Voyage Home

Note : 3 sur 5.

Titre original : Star Trek IV: The Voyage Home

Année : 1986

Réalisation : Leonard Nimoy

Avec : William Shatner, Leonard Nimoy

À mon sens le meilleur. Il faut dire que le scénario sort un peu de l’ordinaire.

À nouveau réalisé par « Spock », donc très classique (mais une réalisation sophistiquée de Star Trek, ça ne passerait pas). Après leurs précédentes aventures (la résurrection de Spock sur Genesis, tout un programme), l’Amiral Kirk et son équipage retournent sur Terre à bord d’un vaisseau extraterrestre. Seulement voilà, comme par hasard, quand ils arrivent, des extraterrestres sont en orbite et cherchent à communiquer avec… leurs amies baleines dont ils n’ont pas eu de nouvelles depuis un bon bout de temps. Et pour cause : les baleines ont disparu depuis plus de deux siècles. Or, il faut à tout prix trouver des baleines pour leur dire « okay, les amis, on va bien, pas de problème, vous pouvez repartir, tschüs. »

Kirk et Spock décident donc de remonter le temps à bord de leur casserole spatiale pour revenir à la fin des années 80 pour voler les baleines du centre des mammifères marins de San Francisco. (D’accord, dit comme ça, ça ne fait pas envie, mais c’est bien quand même). On retrouve donc Kirk, Spock, Sulu, McCoy, Scott, dans les rues de San Francisco avec leurs habits ridicules. Spock apprend à jurer, McCoy traite les médecins de cette époque de barbares, Chekov se fait capturer par les militaires qui le prennent pour un espion russe « un peu débile », et bien sûr Kirk séduit la belle blonde de centre des mammifères marins en lui promettant de lui montrer son gros vaisseau spatial…

Tout ça donne une saveur bien particulière au film. Un humour très discret mais certain. Et quand en plus leur mission est de sauver la Terre en capturant deux baleines… qu’il faut les « téléporter » dans leur vaisseau tout pourri, tout ça fait vraiment un film sorti de nulle part, mais qui change du ridicule habituel de cette saga. Au moins là, c’est assumé. Spock aura vite fait de remarquer que dans « écologique », il y a « logique »…

Comme quoi, on peut tomber sur des perles, en cherchant bien dans le vide sidéral.


Star Trek IV – Retour sur Terre 1986 | Paramount Pictures, Industrial Light & Magic (ILM)

 


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