Larry le dingue, Mary la garce, John Hough (1974)

Note : 2.5 sur 5.

Larry le dingue, Mary la garce

Titre original : Dirty Mary Crazy Larry

Année : 1974

Réalisation : John Hough

Avec : Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke

Mix pathétique entre tous les road movies pétaradants de l’année 1971 (Vanishing Point, Macadam à deux voies, Duel, THX 1138, eux-mêmes tous plus ou moins petits frères de Bullitt) et Bonnie and Clyde.

Le Nouvel Hollywood n’a pas encore achevé la mue de l’ensemble de l’industrie du cinéma en Californie que les studios commencent déjà à reprendre la recette des films de cette nouvelle génération, voire à s’autoparodier. Quelques éléments de la contre-culture sont bien mis en évidence, sauf ceux réellement moteurs de ces films ayant initié le nouveau tournant de la production américaine. Qu’est-ce qui faisait le sel par exemple de Vanishing Point et de Macadam à deux voies ? Pour l’un, le panache solitaire et jusqu’au-boutisme, pour l’autre, le nihilisme. Et cela passait toujours par une forme de mutisme et par un refus de passer par les traditionnelles séquences dialoguées, les bons mots. Aucune trace de cette incommunicabilité ou de cette désillusion ici.

Au contraire, on vole dans les caisses d’un magasin et on prend la famille du gérant en otage sans l’excuse de la fatalité d’un monde sans lendemain. Seul motif des criminels : l’argent (nécessaire à se payer une place aux 500 miles d’Indianapolis ou je ne sais où). Un retour des bons vieux crime films dans lesquels le destin se charge de donner une leçon aux malfaiteurs ? Oui et non. Ils seront bel et bien punis, mais avant ça, c’était comme si l’acte fondateur et criminel de cette virée présentée comme un simple amusement n’avait jamais existé. Leurs mentors roulaient pour oublier, pour en finir ou pour survivre. Larry et son comparse évincé du titre du film roulent pour l’or. Ils semblent nous dire : « Have fun, l’existentialisme est un onanisme ».

Le public appréciera la mauvaise plaisanterie et se ruera dans les salles. Signe qu’il est prêt au retour d’un cinéma plus « optimiste », plus distractif. On garde les techniques du cinéma héritées du cinéma européen (le réalisateur ici est britannique) et ça repart vers le tout commercial. Le code Hays en moins.

La même année, avec son premier film (après le succès télévisuel de Duel), Steven Spielberg, empruntait peut-être déjà la même voie de la « contre-contre-culture » avec Sugarland Express. Et Disney donnera une suite à un film qui annonçait également dès 1968 cette mouvance contre-contre-culturelle : Un amour de Coccinelle. On est en 1974, et un vent nouveau souffle sur Hollywood pour balayer la morosité ambiante et insuffler un air d’optimisme à cette génération de boomers : La Guerre des étoiles enterrera complètement cette époque. Voilà pourquoi Larry le dingue, Mary la garce, représente assez bien cette ère pleine de paradoxes et n’inspirera finalement pas grand-chose (tout en étant relativement oublié aujourd’hui), sinon les amateurs du genre et d’une certaine manière le peu mémorable Shérif fais-moi peur qui a « bercé » mon enfance. Globalement, les séries des années 80 et 90 voyaient dans cette étrange resucée des chase films du début du cinéma une importante source d’inspiration : Chips, K2000, Riptide, Magnum, Starsky et Hutch, Deux Flics à Miami, Supercopter, L’Homme qui tombe à pic, Tonnerre mécanique, Hooker, L’Agence tous risques. Si plus tard, les films et séries seront basés sur la fantaisie et des superpouvoirs, à l’époque, la route était l’élément central de toutes les productions. Une véritable épidémie. Appelons ça de la « roadploitation ». Plus personne ne revient sur terre après le trip routier Easy Rider. On a certes plus ou moins délaissé les épouvantables studios (on y retournera une fois que les effets spéciaux seront capables de faire illusion), mais Hollywood, maintenant qu’elle a trouvé le filon pour se relancer, ne l’abandonnera plus. Somme toute, c’est assez logique : l’industrie du cinéma américain avait migré en Californie pour son soleil et ses grands espaces, il était naturel de profiter à nouveau de tout ce que le pays offrait en extérieurs. Parfois donc jusqu’à la caricature.

(L’acteur jouant le flic poussant le pilote d’hélicoptère à prendre des risques dans le final finira huit ans plus tard décapité dans un accident d’hélicoptère sur le tournage de La Quatrième Dimension…)


Larry le dingue, Mary la garce, John Hough 1974 | 20th Century Fox, Academy Pictures


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