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Antisémitisme, dépréciation, humour et verticalité
Réponse à une vidéo de Blast où l’humoriste revient sur une blague jugée antisémite ayant fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans les médias :
À demi-mot, on comprend que Salomé Saqué souscrit à l’idée que cette blague puisse être antisémite, et encore une fois, désolé de le dire, ça entretient le confusionnisme et par conséquent l’antisémitisme. Les mots ont un sens, si tout devient antisémite, plus rien ne l’est, et par conséquent, comme dirait quelqu’un de Blast le jeudi, on fait de l’antisémitisme.
L’humour vise à tordre certaines réalités (parfois les simples mots) pour en démasquer d’autres. C’est précisément ce qu’a fait Guillaume Meurice avec cette blague : par son astuce elle traduisait la réalité du gouvernement israélien, à savoir que c’est un gouvernement d’extrême droite. Le caractère dépréciatif de la blague, il concerne l’extrémisme de la personne visée, pas du tout sa religion ou son ethnie. Au contraire, pointer du doigt qu’une population n’est pas uniforme et possède également des extrémistes, c’est la normaliser. En faire un bloc intouchable, c’est nier son caractère humain, la déshumaniser, et par conséquent se rapprocher, là, d’une forme d’antisémitisme. Tous ceux qui souscrivent par conséquent à l’idée que cette blague puisse être antisémitisme font eux-mêmes de l’antisémitisme.
J’ajoute que l’humour est vertical. Vertical, mais surtout ascendant, voire conascendant, et non condescendant. Il est odieux quand il vise à déprécier des personnes « en dessous de soi ». Le bouffon se moquait du roi, pas du petit peuple. Qu’il s’agisse de blague sexiste, homophobe, raciste, antisémite, pauvrophobe, il est toujours question d’une dépréciation de groupes placés en position de faiblesse ou d’infériorité. Quand Guillaume Meurice se moque d’un puissant, il lève les yeux pour se moquer de lui et le ramener à sa hauteur, il ne déprécie pas une personne placée en position d’infériorité.
Cela rappelle assez les polémiques concernant des textes de Sardou ou quand Gérard Darmon jouait Othello. Ces vagues de fausses indignations, souvent relayées par la gauche, c’est en fait à la fois ne pas comprendre l’essence même de la représentation artistique et son rôle dans la société, mais aussi faire la promotion d’une censure qui n’a rien de libéral. J’avais évoqué Sardou ici et Darmon, ici.
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