
Mes chers amis
Titre original : Amici miei
Année : 1975
Réalisation : Mario Monicelli
Scénario : Pietro Germi
Avec : Ugo Tognazzi, Gastone Moschin, Philippe Noiret, Duilio Del Prete, Adolfo Celi
Film souvent à la limite de la vulgarité. On sait qu’avec Ugo Tognazzi, on y échappe rarement, mais la note finale est assez conforme à ce qui a toujours fait le succès de la comédie italienne : un savant mélange d’humour parfois burlesque et de mélancolie. C’est un peu Une vie difficile à la sauce Les Femmes des autres, en somme : des retrouvailles entre potes (un genre en soi), forcément potaches et mélancoliques.
Ces quatre potes et demi seraient insupportables dans la vraie vie, mais il faut reconnaître une certaine créativité dans leurs audaces malgré un certain recours parfois à la cruauté niaise. Les plus courtes sont les meilleures : les baffes balancées sur les quais de gare, il fallait y penser, étonnant que le slapstick hollywoodien n’y ait pas pensé (ou ça m’a échappé), et l’étron dans le pot de bébé, j’avoue un peu honteux que ça me fait rire (bien plus que l’humour qui vise à se moquer des personnes naïves, Blier ici en l’occurrence).
Le problème, il est peut-être un peu là aussi. Si le film hésite avec la distance à adopter avec cette bande de crétins (on ne tombe jamais dans le burlesque total et on sent malgré tout un certain regard critique, voire satirique, contrairement à d’autres comédies de la même époque, qui permet de changer de regard envers ces grands enfants de cinquante ans passés), il s’attarde trop sur certaines situations qui n’ont rien d’amusant. Pour une comédie, on rit d’ailleurs rarement, voire jamais, ce qui pour le coup n’est pas forcément une fin en soi, parce que c’est peut-être en reniant cette possibilité d’entre-deux, entre comédie et drame, que le film échappe à la vulgarité, ce à quoi d’autres comédies italiennes cesseront bientôt d’aspirer. Et à force de chercher à provoquer le rire, on tombe dans le grotesque.
Ces cinq idiots ne sont pas si inoffensifs, ils sont aussi surtout immatures, inconscients et seuls. C’est bien ce dont se rendait compte Sordi à la fin d’Une vie difficile. Faire de crétins des personnages finalement aimables, c’est aussi et surtout ça le talent de la comédie italienne. En 1975, en revanche, elle est comme déjà pratiquement morte. Philippe Noiret fait bien la transition d’ailleurs : ce ton de bon vivant, un peu salopard et mélancolique, désabusé, ce sera sa marque de fabrique dans le cinéma français des décennies suivantes. L’occasion de se rappeler que les comédies françaises des années 80-90, comparées à ce qu’on connaît aujourd’hui, c’était peut-être le dernier âge d’or de la comédie française… La comédie italienne était déjà elle aux oubliettes.
Mes chers amis, Mario Monicelli (1975) Amici miei | R.P.A. Cinematografica, Rizzoli Film
Sur La Saveur des goûts amers :
Liens externes :


