Frein moteur

Drive

Année : 2011
Réalisation : Nicolas Winding Refn
Avec : Ryan Gosling, Carey Mulligan, Bryan Cranston, Oscar Isaac
Histoire copiée sur celle du Driver de Walter Hill avec Ryan O’Neal). Même job, même désir de ne pas être mêlé aux affaires, même apathie, même jantes émasculées. Mais si la mise en scène est excellente et rappelle les effets du duo David Lynch-Badalamenti, on se lasse du peu d’unité dans l’action et du manque de destination même feinte… On rêve d’un Vanishing Point cotonneux, sans but véritable, sans histoire, une ligne droite dans le récit sur la tragique route du nihilisme. Mais non, ça devient une histoire d’amour. D’accord, on suit, ça se tient, pourquoi pas… Puis, ça se casse la gueule quand après un nouveau coup de volant ça devient un film de gangsters. De Lynch, on passe à Tony Scott. Parfois (même souvent), il faut prendre le risque de ne rien dire et faire confiance à la simplicité, surtout quand on vise le minimalisme, l’atmosphère.
Un film raconte d’abord une histoire. Le scénario peut avoir l’épaisseur du papier à cigarettes comme Vanishing Point, ce n’est pas un problème. Ou d’une blague Carambar. Suffit d’être cohérent. Une idée peut faire un film. On lance, et on la regarde planer jusqu’à se mettre en orbite. Là, une fois la fusée lancée…, ça drive. Un bolide qui gesticule n’a aucune chance d’être mis en orbite. On tire le rideau au lieu d’y grimper… La faculté d’un Vanishing Point, toujours, c’était de filer droit. Un vrai engin de gars : le Point G ne se trouve pas, il s’enfile. Droit. À l’essentiel.

Drive, Nicolas Winding Refn 2011 | FilmDistrict, Bold Films, MWM Studios
Le metteur en scène a du talent, il y a d’autres histoires à se mettre sous le nez quand même…
(Piqûre de rappel :) Ah, d’accord, le réal c’est le mec qui avait fait Pusher… Y a du progrès, mais il y a fort à parier qu’il soit incapable de choisir un bon scénario ou de les écrire lui-même…
(Bis, ter :) Je ne suis pas rancunier avec Nicolas. Je me suis également farci Only God Forgives, et on y trouve indéniablement la même patte (en carton) de l’auteur : du vide, de la pesanteur molle, du sexe coupé (je n’ai rien contre, cela dit, même si ça me laisse quelque peu circoncis) et des images même pas jolies.
Et je crois être assez maso pour être capable de regarder Valhalla Rising. J’ai de l’espoir. (Done).