Dark command, Raoul Walsh (1940)

Le Spoiler noir

L’Escadron noir

L'Escadron noir

Note : 4 sur 5.

Titre original : Dark command

Année : 1940

Réalisation : Raoul Walsh

Avec : Claire Trevor, Walter Pidgeon, John Wayne

(Pas une critique, mais des notes sur l’intrigue, donc gros spoiler.)

John Wayne est Bob Seton, véritable « cow-boy » du Texas, rustre, bagarreur mais inflexible et incorruptible. Bref, l’archétype du héros us moderne. Il arrive dans une ville du Kansas, Lawrence.

Deux choses à savoir ici pour nous qui n’avons pas étudié l’histoire des États-Unis : le Kansas semble avoir été un État clé dans la guerre de Sécession, tiraillé par les deux camps. Et Lawrence est une ville où se sont déroulés des massacres perpétrés par une bande de pilleurs se réclamant d’abord des Confédérés (Sudistes) profitant du chaos de la guerre, appelée Quantrill’s raiders. Pour le spectateur américain, dès qu’il entend ce nom de Lawrence au Kansas, ça doit lui évoquer quelque chose et se douter qu’on est avant les massacres. Ce serait un peu comme faire un film sur Pompéi : le calme avant la tempête. Le titre du film fait donc directement référence à cette guérilla.

Après l’incertitude d’un vote qui doit rallier le Kansas à la réforme qu’implique l’élection de Lincoln, la ville de Lawrence doit voter pour élire un nouveau marshal. Bob Seton (John Wayne donc) se laisse convaincre de se lancer dans la campagne pour gagner les faveurs de la petite-bourgeoise du coin qu’il a essayé de séduire sans réussite. Mais celle-ci n’a d’yeux que pour l’instituteur de la ville qui se présente lui aussi à élection. Son nom évoque tout de suite le chef de la guérilla qui mettra quelque temps après le feu à la ville : Cantrell (Quantrill dans les livres d’histoire). Il se croit presque assuré de gagner l’élection face à un cow-boy sans éloquence et inconnu dans le coin. Cantrell surtout en a assez de voir malgré, sa « grande intelligence », n’être qu’un instituteur (Walter Pidgon est excellent dans le film au passage). Ce poste devrait lui apporter le respect et la reconnaissance qui lui est dus. Dans le langage du western, un personnage avec autant d’ambition et autant de culture, c’est de la graine de salaud.

Pourtant, face au grand orateur qu’est Cantrell, c’est Seton qui va l’emporter. En mettant l’accent sur son honnêteté. Cantrell l’a mauvaise et l’érudit se fait bandit en se lançant dans la contrebande. Seton prend ses fonctions et la belle Mary McCloud qu’il courtisait au début, se rapproche de lui. Intéressée plus par sa situation que par son charme…

C’est alors que son frère Fletch (qui avait aidé Seton dans son entreprise de « séduction » envers sa sœur), après une altercation dans un commerce, tue l’homme avec qui il se chamaillait.

Ici, magnifique interprétation d’acteur qui à elle seule peut expliquer les revirements soudain et les actions terribles dont on peut se rendre coupable sans en mesurer les conséquences immédiates. Le jeune homme, habituellement gentil et doux, comprend tout de suite son coup de folie et ne cherche pas à fuir. Toute l’ambiguïté et la difficulté de juger les hommes sont ici exprimées en une scène, en une seconde, quand Flech lâche son arme et comprend la folie de son geste. Il n’a rien d’un monstre, pourtant il est bien un meurtrier… Par la suite, on comprendra qu’on se laisse facilement corrompre dès qu’il s’agit de sauver sa peau, car il n’assumera en fait jamais son acte et deviendra un petit con. (Ce qui montre sans doute qu’on devrait chercher plus à juger le comportement après les crimes, pas les crimes en eux-mêmes.)

Sa sœur Mary supplie Seton de le libérer. Il refuse, fidèle à l’implacable intégrité du héros. Alors même que c’était son ami. Cantrell voit donc là l’occasion de se rapprocher de Mary. Il lui propose son aide et lui jure qu’il ne sera pas condamné. Cantrell intimide les jurés en leur rendant visite avec toute sa bande… Fletch est acquitté. Le renard a la voie libre pour se faire la poule.

La Guerre de Sécession éclate. Cantrell part immédiatement vers les plaines pour profiter de l’occasion de se faire un nom et du blé. Suite aux nombreuses exactions et pillages perpétrés dans la région par Cantrell et sa bande, la panique s’empare de la population qui croit son argent peu en sécurité dans les banques et qui veut le retirer. (On reconnaît ici un épisode de Silver City). Et qui est propriétaire de la banque à Lawrence ? Le père McCloud… Il prend la parole au milieu de la foule, leur assure qu’ils seront payés, mais pas tous en même temps le même jour…, et on le tue. Cantrell apprend les malheurs de sa belle, part la rejoindre et la demande en mariage. Elle lui dit qu’avec les derniers événements, elle n’est plus vraiment un bon parti, même que si elle le considère comme un ami fidèle, elle n’est pas amoureuse de lui. Il répond qu’il a de quoi les faire vivre (et pour cause…). Et la naïve colombe, toujours attirée par ce qui brille, accepte.

Cantrell et Mary n’ont même pas le temps de consommer leur mariage : le pilleur apprend l’existence d’un convoi de ravitaillement de l’armée (laquelle, peu importe : Confédérés sans doute). Il part pour l’intercepter. Seton était à sa tête, et il réchappe de justesse à l’attaque de Cantrell.

Cantrell ne revient pas auprès de sa femme et continue de mener ses atroces pillages dans toute la région. Pourtant à Lawrence, on commence à se poser des questions sur lui et la rumeur enfle selon laquelle il ne serait d’aucun des deux camps mais qu’il courrait pour lui-même. La population commence à venir se plaindre devant la riche demeure de Mary, et il faut l’intervention de Seton fraîchement débarqué de son poste (je l’ai vu en VO intégrale, pas compris le détail, je crois que l’État est passé dans le camp de l’Union quand lui roulait pour les Sudistes) pour les calmer. Seton lui propose de la tenir loin des dangers du Kansas en la ramenant auprès de son mari, tandis que lui compte rentrer au Texas. Sur le chemin, il lui dit qu’il l’aime toujours et qu’il sait qu’elle l’aime aussi (le cow-boy a presque autant de flair pour ces choses-là que ses bêtes). Mais elle se refuse toujours à lui… Il la laisse rejoindre son mari…

Mary retrouve son homme dans un camp qui compte plusieurs centaines d’hommes dont son frère Fletch qui a rejoint Cantrell. Elle découvre que loin de vivre comme un commandant d’armée, il vit comme un pacha. Elle comprend alors que toutes les rumeurs sur son compte, sur les pillages, sont vraies.

Seton se fait alors capturer sur le chemin du retour au Texas et est amené à Cantrell. Sa femme réussit à ce qu’il considère Seton comme son hôte, mais Cantrell prend plaisir surtout à lui montrer sa réussite.


Dark Command, Raoul Walsh 1940 | Republic Pictures

Appelez Nord 777, Henry Hathaway (1948)

Anatomie d’un meurtre

Appelez Nord 777

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : Call Northside 777

Année : 1948

Réalisation : Henry Hathaway

Avec : James Stewart, Richard Conte, Lee J. Cobb

Un nouveau film dont le thème est celui de l’injustice. C’est Hathaway qui s’y colle. Pas bête parce que les cinéastes de westerns (même s’il s’est frotté à tous les genres) mettent en scène le plus souvent les comportements primitifs qui amènent ce genre d’injustice (on le voit avec L’Étrange Incident de Wellman par exemple), bien plus que les films noirs qui sont le plus souvent immoraux, désabusés, ou au mieux distants, froids.

Bref, il s’agit d’une histoire vraie, et le film nous précise autant que possible que les lieux de tournage sont ceux où se sont réellement déroulés les faits. Ça donne un vrai côté réaliste au film, presque documentaire, mais c’est aussi son plus gros défaut (très à la mode à l’époque, voir le commentaire de The Naked City). Puisque le récit suit les traces d’événements qui se sont réellement passés, l’histoire n’est pas tendue, dense, comme on pourrait le faire dans un film où le seul but serait de divertir. Une reconstitution, donc, mais ça vaut le coup : les événements se suffisent à eux-mêmes.

On est au temps de la prohibition à Chicago. Loin des clichés véhiculés par Hollywood (on nous rapporte qu’il y a un meurtre par jour à cette époque, c’est plutôt raisonnable…). Un quartier fréquenté par la diaspora polonaise. Un speakeasy misérable, deux clients, dont un flic. Deux hommes arrivent et tuent le flic. On ne saura jamais qui étaient ces hommes. Les actualités de l’époque nous apprennent que deux suspects ont été arrêtés. Ils seront vite reconnus coupables… Dix ans passent et le directeur de la rédaction du Chicago Times s’interroge sur une annonce parue dans le journal : on propose 5 000 $ pour toute information concernant ce crime perpétré dix ans plus tôt. James Stewart est mandaté pour se renseigner, et il découvre que l’auteur de l’annonce n’est autre que la mère de l’homme reconnu coupable de ce crime. Il est d’abord surpris de voir une vieille dame, lavant le sol, misérable, proposer autant d’argent, mais elle lui dit qu’elle a mis tout ce temps pour réunir l’argent nécessaire pour déposer l’annonce dans le journal et avoir une chance d’innocenter son fils. Stewart est perplexe. Pour lui, l’homme a été reconnu du meurtre, il ne va pas chercher plus loin. Cependant, il en fait un article, centré sur la vieille mère polonaise obligée de travailler dur parce qu’elle a foi en son fils. L’article a un grand succès, si bien que son directeur lui demande d’approfondir la chose. Stewart s’exécute en traînant un peu les pieds, rencontre l’homme en prison, puis sa femme… À chaque fois, il se montre à la limite de l’insolence, notamment avec son ex-femme, qui s’est remariée à la demande de son mari. Mais le journaliste au fur et à mesure qu’il enquête et qu’il informe ses lecteurs de cette histoire, finit par croire en l’innocence de l’homme condamné dix ans plus tôt. Il décide d’approfondir l’enquête et découvre qu’on lui met des bâtons dans les roues et qu’à l’époque l’enquête a été bâclée…

On est loin des histoires glauques de détectives : Stewart connaît mal la loi, ne trouve rien d’utilisable par la justice… Tout repose en fait sur un détail de l’enquête : la femme qui tenait le bar à cette époque, et qui l’avait reconnu, lui mais aussi son ami, ne l’avait jamais rencontré avant la séance d’identification… Or, le Polonais dit qu’il l’avait vu plusieurs fois et donc qu’il était aisé pour elle de le reconnaître. Stewart parviendra finalement à retrouver cette femme, mais elle ne voudra pas changer son témoignage (sur quoi repose seule l’accusation) subissant des menaces sans doute, sans que jamais on ne sache le fin mot de l’histoire (c’est le problème du récit d’événements réels : on lance des pistes, mais on ne répond à aucune question). Au dernier moment, Stewart trouvera la preuve (une photo) qu’ils s’étaient bien rencontrés avant la séance d’identification. On libérera le prisonnier. Pour le reste on ne saura jamais rien de qui a tué ce policier, tout le sujet du film, c’était de voir un journaliste faire acquitter un innocent.
L’histoire était belle, significative, touchante, il fallait la raconter.

À noter que l’année suivante, Richard Conte et Lee J. Cobb se retrouveront dans l’excellent Les Bas-Fonds de Frisco.


James Stewart dans la bande annonce du film Call Northside 777 (Appelez Nord 777), Henry Hathaway 1948 | Twentieth Century Fox

Lee J. Cobb, « at his best » dans la bande annonce du film Call Northside 777 (Appelez Nord 777), Henry Hathaway 1948 | Twentieth Century Fox


Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1948

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Noir, noir, noir…

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La Rumeur, William Wyler (1961)

La rumeur sort de la bouche des enfants

La Rumeur

Note : 5 sur 5.

Titre original : The Children’s Hour

Année : 1961

Réalisation : William Wyler

Avec : Audrey Hepburn, Shirley MacLaine, James Garner, Miriam Hopkins

TOP FILMS

La structure du récit est habile et complexe. Au-delà d’un simple mélo, si on était audacieux, il faudrait parler de tragédie. On est un peu chez Racine : des gonzesses qui papotent, un mec au milieu qui n’a rien compris, l’amour interdit, la passion destructrice, et la destinée foireuse. Les adaptations théâtrales apportent toujours au cinéma une certaine singularité, une structure particulière. Unité de lieu presque respectée, unité d’action suivie à la lettre, et unité de temps assez bien rendue. Les deux premiers actes se déroulent sur deux ou trois jours, on termine sur une scène assez longue qui fait déjà office de dénouement (chez la vieille dame qui a colporté la rumeur) ; et le dernier acte est un retour à l’école, vide, avec une séquence dans toute sa continuité qui fait office de réel dénouement. Cette unité rarement prise à défaut dans les différentes dimensions du film apporte une intensité qui ne retombe jamais jusqu’à la fin. Le film file comme une longue chute. Linéaire et inéluctable. Rien n’arrête la rumeur… Elle frémit d’abord, puis on commence à mieux l’entendre. Quand enfin elle vrombit, les fissures apparaissent, et on ne peut bientôt plus que constater l’effondrement de tout l’édifice.

Ce n’est pas tant le sujet de l’homosexualité féminine qui fascine dans le film, mais bien celui des luttes d’apparence, du mensonge et de la rumeur colportés parfois sans vouloir de mal… C’est ça qui est terrible… La rumeur, on la véhicule le plus souvent sans savoir. Sans comprendre les conséquences de ce que l’on dit. Parfois, comme ici, il y a bien à l’origine un personnage aux intentions néfastes (une petite peste qui cherche à se venger), mais on imagine que ça n’a servi que de détonateur, ou de révélation d’une situation déjà nouée qui n’attendait plus qu’à exploser sous nos yeux. N’importe quoi aurait pu mettre le feu aux poudres.

On peut tous être complices de la rumeur : les ragots, il n’y a rien qu’on aime autant partager. Et comme on déforme un peu chaque fois, au bout de la chaîne, ça ne correspond plus du tout à ce qui était raconté au début.

La Rumeur, William Wyler 1961 The Children’s Hour  | The Mirisch Corporation

Sans penser à mal. Le film n’a pas besoin d’aller jusque-là : il suffit que toutes les circonstances favorables à l’épanouissement d’une rumeur soient mises en œuvre pour qu’elle se propage comme une maladie infectieuse. On voit à quel point, la rumeur peut détruire, et à quelle vitesse elle avance. On ne peut rien contre elle, pas même un procès (les deux victimes le perdront). Une fois que le mal est fait, on pense qu’il n’y a pas de fumée sans feu…

C’est là que commence la fascinante complexité du film. On les accuse à tort d’homosexualité, mais si elles ne sont pas amantes, aimantes, amoureuses, l’une d’entre elles avouera aimer l’autre. Finalement. C’est le point de départ de toute cette tragédie. Une passion interdite, secrète, qu’elle peinait à masquer. Les rumeurs naissant alors de la suspicion. Ça ne veut pas pour autant dire que la logique du film va dans le sens du « il n’y a pas de fumée sans feu ». Un film peut exposer une exception, sinon il n’y a rien à montrer. S’y exprime ce qui sort de l’ordinaire. Pour nous en prémunir, l’exorciser, le comprendre, ou rentrer en sympathie avec des personnages qui au début nous ressemblent, et qui malgré leurs différences révélées, n’ont cessé de nous être chers. Sinon, autant courir après les exceptions, les monstruosités, faire en sorte que tout le monde se ressemble. Si l’art, les histoires (et celles en particulier qui traversent le cinéma avec ce brin de réalité) ont apporté quelque chose au monde, c’est au moins ça. Une mise en évidence de nos capacités empathiques. Les meilleurs films ne font souvent pas autre chose. Les personnages nous sont parfois plus chers que leur histoire. Sans défauts, ils se révèlent incapables de susciter notre sympathie. À nous, ensuite, de transposer au monde cette capacité de rentrer en sympathie avec ce qui nous semble à première vue étranger, différent, néfaste et monstrueux.

Est-ce que les mœurs auraient autant évolué sans cet incroyable support de nos expériences que représente le cinéma ? L’art fonctionne comme un blueprint de la vie. Depuis la nuit des temps, c’est bien cette représentation fantasmée qui nous permet de mieux expérimenter le monde, le rendre virtuel, pour mieux l’appréhender et s’en rendre maître. Reste que le chemin est encore long pour nous affranchir de ces petits défauts que l’on peut trouver charmants dans une histoire, mais qui représentent en réalité un mur infranchissable, une vague, qui nous replonge sans cesse vers nos travers. La rumeur est une de ces vagues qui monte ; et elle est d’autant plus implacable que c’est nous qui la nourrissons.

Ça fait réfléchir sur le pouvoir des apparences. Si l’on interprète, on ne finit plus de nous tromper. Bons ou mauvais, on ne sait même pas où nous situer. La vieille dame pensait faire le bien en les dénonçant. Dans son esprit, elle protégeait les enfants. C’est terrible pour elle quand elle comprend qu’on l’a dupée, manipulée, et qu’elle a servi de premier étage de la fusée « rumeur ». De la même manière, le personnage d’Audrey Hepburn n’a aucun moyen de savoir si son fiancé est honnête avec elle. Alors, pour ne pas avoir à vivre avec cette incertitude, elle préfère le quitter… Il n’y a pas de vérités, il n’y a qu’un jeu d’apparences dans lequel on perd toujours. Si l’on vit à travers le regard des autres, notre image varie en fonction de ceux qui nous regardent et chacun porte un jugement différent sur nous ; si l’on est les seuls à nous connaître, il n’en reste pas moins que l’on ignore des pans entiers de notre personnalité. On voudrait que l’on soit jugé pour ce que l’on désire, espère, pour notre bonne volonté, notre bonne foi. Or, on ne se définit qu’à travers nos actions, nos décisions. Et l’on peine souvent à prendre conscience que ces décisions ont des conséquences qui nous échappent. Avec l’illusion de penser que parce qu’elles nous fuient, elles ne nous correspondent plus. Nous nous pensons de l’intérieur, et nous rejetons ce « nous » perçu par les autres, de l’extérieur, et qui seul finalement compte. La rumeur, c’est aussi cette trace, ce fantôme, qui nous poursuit partout où nous allons, qu’on ne voudrait pas voir, et qui s’appelle la responsabilité. En voilà un autre monstre. On le refuse parce qu’il nous fait peur. Le plus souvent, on s’arrange bien pour le mettre de côté : un remous dans le grand vacarme du monde, qu’est-ce que ça peut bien provoquer ? Bien sûr, quand on ne ramasse pas les crottes de son chien, quand on crie la nuit sans penser aux voisins, quand on gruge une place à la queue du magasin, quand on feint d’ignorer une pièce perdue ici ou là et que l’on attend le calme plat pour la saisir, quand on se plonge les doigts dans le nez, quand on serre la main d’un collègue en se rendant compte, un peu tard, que l’on a oublié de se les laver, ce n’est que du remous passager. Qu’on accepte pour nous-mêmes quand on se trouve seuls avec nous-mêmes. Ou en petit comité. Et c’est là qu’on a le plus de chances de nous faire gauler la main dans le pot de confiture… La complicité d’un instant… ne dure qu’un instant. Comme c’est savoureux de se lécher les babines, de s’épouiller, de se mousser… Après tout, quand on marche, une jambe avance bien de paire avec l’autre. Alors, pataugeons ensemble et jugeons de ce qui nous entoure, préjugeons, rions, médisons, refaisons le monde ! Et ainsi, naît la rumeur. Le pot est tombé, et sur la crotte quelqu’un a glissé. Pour éviter de se noyer, Shirley demande déjà une corde… Oh, qu’elle est montée haut la rumeur ! Elle finira par l’avoir, la monstrueuse !

(Le film est un remake de l’adaptation de 1936. Wyler avait également mis en scène un scénario de Lillian Hellman avec des sales gosses en 1937, Dead End.)




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L’Invraisemblable Vérité, Fritz Lang (1956)

… j’aime la vérité, mais la vérité ne m’aime pas

L’Invraisemblable Vérité

Beyond a Reasonable Doubt

Note : 3.5 sur 5.

Titre original : Beyond a Reasonable Doubt

Année : 1956

Réalisation : Fritz Lang

Avec : Dana Andrews, Joan Fontaine, Sidney Blackmer

Ça commence très bien, dans la veine des films humanistes de Lang. L’éditorialiste et propriétaire d’un grand journal fait part à son ami, romancier et futur gendre, de son opposition à la peine de mort, car trop souvent des innocents sont envoyés à la chaise électrique. Il veut monter une mascarade pour prouver qu’on peut aisément faire accuser un innocent. Son ami y réfléchit et revient le voir quelques semaines plus tard pour lui signifier son intention de jouer le rôle du faux coupable. Ça tombe bien, un meurtre vient d’être commis, sans coupable, sans la moindre piste.

Pour que leur petite histoire marche parfaitement, les deux hommes se disent qu’il ne faut pas en informer la fiancée du romancier qui est également la fille de l’éditorialiste.

À partir de là, on sent le truc venir gros comme une maison, c’est ce qui est bien. On obéit à la règle du suspense de Hitchcock : faire peur avec ce qu’on attend. On a comme l’impression, et à raison, que l’éditorialiste va mourir avant qu’il ne révèle toute l’histoire, et on craint l’arrivée de cet instant. Malheureusement, sa vie est un peu trop courte à mon goût, le bon viel Alfred aurait pris son temps là… pour finir par nous le tuer dans une autre scène non montrée. Bref, c’est déjà un écart dans le style hitchcockien du film et ça va non seulement se poursuivre, mais en plus, on va perdre totalement l’idée de départ qui est de faire un film humaniste, contre la peine de mort… Même si l’idée était plus de dire que la peine de mort, ce n’est pas bien parce qu’on tue des innocents au lieu de dire simplement que ce n’est pas bien, par principe, que ce n’est pas au rôle d’un jury, représentant de la société, de faire exécuter un autre citoyen, quel qu’il soit, coupable ou non…

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L’Invraisemblable Vérité, Fritz Lang 1956 | Bert E. Friedlob Productions

On a droit alors aux traditionnelles scènes de cour, pas le plus intéressant du film, mais c’est un passage obligé. Quand l’éditorialiste meurt, bien sûr, le romancier tente de convaincre sa fiancée, son avocat, la cour, qu’ils avaient mis au point cette fausse culpabilité, mais on ne parle plus du fait que c’était pour prouver les dysfonctionnements de la justice, le film perd son accent politique, polémiste, engagé, humaniste, pour devenir un vulgaire film noir. Pour être efficace, la mort de l’éditorialiste aurait dû survenir juste à la fin du film, pour lui donner un accent tragique, rendant l’exécution du faux coupable et donc prouver non plus au public du film (autre type de jury) comme les deux hommes voulaient le faire au départ, mais de l’absurdité, de la cruauté d’un tel mécanisme qui fait exécuter des innocents. Là, non seulement, on perd le fil pour s’enliser dans un film de cour dans lequel le « faux coupable » va devoir tenter de trouver une solution pour se sortir de ce guêpier, mais surtout on a affaire à un twist ridicule rendant le film toujours plus inutile, et éloigné de la ligne ambitieuse proposée au début. Hitchcock mettait en garde contre ces « surprises » qui finalement ne font ni chaud ni froid au spectateur, sinon un haussement de sourcil incrédule. Le faux coupable est bel et bien coupable… Ridicule, tout ça pour ça… Où est passé l’humanisme du début du film ? La belle morale de l’éditorialiste semble être morte avec lui nous laissant avec un monstrueux roman de gare (peu crédible d’ailleurs, parce que le romancier était marié avec la victime et on a du mal à croire que le procureur et ses enquêteurs aient pu passer à côté de ça…).

L’idée de faire un film sur un meurtrier qui profite d’une occasion pour jouer les faux coupables, c’est intéressant, mais il faut jouer ce film dès le départ. Les twists, ça fait des effets de surprise, mais encore faut-il qu’il y ait un minimum de vraisemblance là-dedans (d’où sans doute le titre français qui pour le coup est bien trouvé : oui c’est totalement invraisemblable). La culpabilité du héros, elle doit être suggérée, sinon explicitement annoncée, comme on annonce son coup au billard. On ne peut pas choisir un angle d’attaque, puis faire une queue de poisson juste à la fin, ça donne l’impression d’être improvisé. Suivre le double jeu du héros, ça aurait pu être intéressant, jouer avec le doute du spectateur, cela l’aurait été tout autant. Là, on n’en a aucun, et à la fin, on nous prend pour des idiots pour nous expliquer qu’on n’a rien compris au film…

Dans le mode de fonctionnement de la justice américaine, c’est le procureur qui est chargé de l’enquête et qui mène l’instruction à charge ; en France, le procureur doit instruire à charge ET à décharge. Le problème (qui aurait pu être aussi soulevé par le film), c’est que si on a affaire à un bon procureur, et à une défense médiocre, il arrivera à tous les coups à convaincre de la culpabilité d’un accusé devant le jury.

Bref, Fritz Lang commence le film comme un Fritz Lang, il tâtonne en faisant du Hitchcock, et ça se finit avec du Howard Hughes. Il paraît que Lang n’aimait pas le film, et c’est son dernier film à Hollywood.


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Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1956

Liens externes :


L’Étrange Incident, William A. Wellman (1943)

C’est à eux qu’il faut penser

L’Étrange Incident

Note : 5 sur 5.

Titre original : The Ox-Bow Incident

Année : 1943

Réalisation : William A. Wellman

Avec : Henry Fonda, Dana Andrews, Mary Beth Hughes, Anthony Quinn, William Eythe, Harry Morgan

— TOP FILMS

Le voilà le chef-d’œuvre du bon William. Un film simple, très court, capable de soulever mille questions. Sur la responsabilité, la justice, la conscience des hommes…

Le western se rapproche de la grandeur tragique des mythes antiques. Ce n’est pas l’histoire de personnages isolés à la frontière mexicaine, c’est celle d’une humanité tout entière. Elle aurait pu se passer n’importe où. L’environnement et la société ne sont en rien les auteurs ou les responsables de cette méprise tragique ; c’est l’homme, seul. On revient aux origines de la société, quand ses règles, ses lois, son autorité, sont encore balbutiantes. Tout est toujours balbutiant dans une société. Même si la sophistication, la rigueur des habitudes, une histoire et une pratique bien établie laissent toujours penser le contraire. On croit rendre justice au nom des hommes quand en fait on ne cesse de la bafouer et de la déshonorer. La certitude, est en Justice comme en science, un état dangereux, un confort dont il faut se méfier. Une civilisation, une société, c’est comme le destin de l’homme, il n’y a pas de finalité, il n’y a pas de posture debout. L’homme droit n’existe pas. On ne fait jamais que l’improviser la civilisation. La réinventer au milieu du désert n’est pas une chose aisée.

L’Étrange Incident, William A. Wellman 1943 | Twentieth Century Fox

Alors, c’est parfois dans le western, là où souvent la cruauté est la plus palpable, la plus brute, qu’on voit naître l’humanité de l’homme. Quand il est confronté à sa propre bestialité. Le thème de la vengeance, parce qu’il est primaire, est idéal pour le western. En face de ces éléments brutaux, primitifs, la figure de l’homme qui se lève, brave, droit, conquérant de la Justice, doit apparaître comme un contrepoint. Les thèmes positifs du doute, de la conscience ou de l’empathie peuvent alors apparaître aux yeux du spectateur comme une évidence. La fable doit être simple à comprendre pour en retenir la leçon, la morale.

Cette fable est un condensé de l’évolution de la société des hommes. Commence le désir de la vengeance brute ; on part lyncher les coupables ; le doute apparaît dans l’esprit de certains, on procède à un vote (la bonne conscience qui se donne des faux airs de démocratie) ; on exécute, et finalement, on se repent (sans jeu de mots) de sa méprise. La faute, provoquée à l’insu de son plein gré, l’hamartia, depuis Œdipe ou le Christ, provoque un nouvel état de conscience qui pousse l’homme à se racheter. Le rêve d’un État de droit en est directement le produit. La Justice des hommes serait-elle née du besoin de rédemption de ceux qui se sont rendus coupables de se croire des juges tout-puissants ? Impossible à dire. C’est en tout cas une vision plus idéaliste, plus belle de la Justice. Une Justice moins « réparatrice » ou moins « punitive ». La Justice c’est aussi le doute, c’est aussi l’acceptation de l’erreur, parce qu’il s’agit de la Justice des hommes et qu’il ne peut en avoir une autre. C’est bien parce qu’elle est unique et faillible que la vigilance est toujours de rigueur. L’humilité en ses capacités aussi. La Justice ne remplace pas Dieu ; on ne peut en attendre « monts et merveilles ». Les fables, le cinéma donc, et le western en particulier, ont cette portée didactique. Les histoires, quand elles s’attachent à nous dévoiler notre côté obscur, opèrent en nous une sorte de conscience cathartique qui nous aide à aller plus loin, en identifiant les maux, les défauts infimes qui parsèment notre médiocrité. Connaître, identifier un problème, l’accepter, pour le contourner. C’est le principe, au départ, de toute société. Et sans ces histoires pour condenser en une seule image toute l’ambition de ce vivre ensemble, le transcender, le démystifier, eh bien nous serions sans doute encore enchaînés dans notre caverne. L’art, le cinéma, les fables, c’est l’âtre, le foyer, le feu du cow-boy où, d’un seul coup, tout est possible, non parce qu’il sert à châtier notre faute, mais parce qu’il illumine nos consciences et nous montre la voie. Sans cinéma, sans image, sans histoires, pas de Justice. L’art est autant un guide qu’un gardien.

Un film humaniste donc, essentiel, qui dit ce qu’est la Justice et ce qu’elle n’est pas. Un film à montrer dans les écoles. Parce qu’on ne peut sans doute pas apprendre à être intelligent à l’école, mais on peut au moins apprendre à y devenir un peu plus un homme, un vrai ; non pas sévère et brutal, aveuglé par ses certitudes, non pas comme ce général lyncheur qui finira par se suicider quand toutes ses illusions s’écrouleront à l’annonce de la révélation tragique ; mais un homme, conscient de ses failles et de sa fragilité. Grandir, c’est apprendre à se faire tout petit.

La scène de la lecture de la lettre du faux coupable est particulièrement émouvante, même si on se rapproche un peu plus d’un idéal presque religieux, en tout cas humain, terriblement humain :

« Ceux qui sont à plaindre sont ceux qui devront porter toute leur vie le poids de leur faute ─ moi je suis déjà mort. C’est à eux qu’il faut penser… »

L’erreur est humaine, comme disait Poncif Pilate… La justice aussi.

À noter du beau monde dans la distribution : Henry Fonda (toujours dans les bons coups quand il s’agit de « faux coupables »), Anthony Quinn et Dana Andrews.

Le Bûcher des vanités, Brian De Palma (1990)

Le Bûcher des vanités

The Bonfire of the Vanities

Note : 3 sur 5.

Titre original : The Bonfire of the Vanities

Année : 1990

Réalisation : Brian De Palma

Avec : Tom Hanks, Bruce Willis, Melanie Griffith

Contrairement à certains films qui s’écroulent au fur et à mesure, celui-ci fait le contraire. La force du film, c’est sa morale ; tout prend sens à la fin… Paradoxale, réaliste. L’innocent lynché est obligé de se fabriquer une preuve pour s’en sortir, le juge nous fait un beau speech bien naïf sur le pouvoir de la vérité et des lois, et le narrateur, la mouche à merde, est devenu un beau papillon que tout le monde s’arrache. C’est ça la vie. Les justes ne sont jamais récompensés, ce sont les pourritures qui s’en sortent et nous sommes tous plus ou moins corrompus… Un jeu sur les apparences : puisque tout le monde ment, on se découvre comme on dit dès qu’il y a des merdes ; et quand il y a des problèmes, c’est là que les masques tombent et qu’on sait à la fois qui on est et qui sont ceux qui vous accompagnent. Ça pourrait être du Lang ou du Molière.

Le problème, c’est que si le bouquin était certainement excellent. Il est certainement trop dense et trop subtil pour deux heures de film. L’histoire englobe trop de thèmes, allant du racisme, à l’écueil des apparences, à l’injustice, au pouvoir, à la politique, aux médias, à la famille… C’est histoire sur la société new-yorkaise, un pamphlet sur la société occidentale en général… Et De Palma, comme d’habitude (ou comme souvent) n’est pas à la hauteur. Il en fait une farce ridicule, il n’a pas le temps de développer tous les thèmes. Je n’ai pas lu le bouquin mais à mon avis, au lieu de la farce nihiliste, il aurait fallu en faire un drame ironique, sarcastique. En en faisant une farce, De Palma fait du ton sur ton, il manque de subtilité et toute la profondeur des événements s’envole en fumée. Dommage.


Le Bûcher des vanités, Brian De Palma 1990 | Warner Bros


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Je suis un évadé, Mervyn LeRoy (1932)

Dé-Muni face à l’injustice

Je suis un évadé

Note : 5 sur 5.

Titre original : I Am a Fugitive from a Chain Gang

Année : 1932

Réalisation : Mervyn LeRoy

Avec : Paul Muni

— TOP FILMS

Quelques démons exposés ici : la vie difficile des combattants du front au retour de la guerre, les conditions désastreuses dans les bagnes, et l’État voyou. Et tout cela est bien réel puisqu’il s’agit d’une histoire vraie. L’histoire du film ne coïncide pas tout à fait pour la fin, mais on y est, à l’essentiel : après s’être échappé une seconde fois des travaux forcés, au lieu de perdre la boule comme Paul Muni dans le film, il part dans le New Jersey, y écrit son livre, et celui-ci sera presque aussitôt adapté au cinéma. Difficile cette fois pour le gouverneur d’extrader le forçat en Géorgie, quand on le retrouvera peu après sa seconde évasion, et difficile pour l’État de Géorgie de ne pas respecter la parole qu’elle avait donnée au prisonnier quelques années plus tôt et qui n’avait déjà pas été tenue…

La fin du film est bien plus cruelle et lourde de symbole. Sorte de Jean Valjean américain, coupable de rien au départ, il s’échappe, et on lui promet une grâce (qui ne viendra donc pas), s’échappe à nouveau, devient fou, rongé par des délires paranoïaques, et quand il vient retrouver la femme qu’il aime et qu’il n’a jamais pu épouser, il lui répond, quand elle lui demande comment il fait pour vivre : « Je vole ! ». Glaçant. Une fable terrifiante, celle de l’homme face à la toute-puissante communauté.

À peine deux ans entre sa dernière évasion et le film. Comme réactivité, on ne fait pas mieux. Cette histoire a au moins aidé à changer les conditions de vie des prisonniers en Amérique, parce qu’ils n’avaient plus le choix, après le buzz à la sortie du livre puis du film. Cependant, le film a été interdit dans l’État de Géorgie…

Un dernier mot sur Paul Muni, dont le seul autre film connu est Scarface. Je l’avais trouvé plus que moyen dans ce film, justement parce qu’il est très commun. Difficile de le voir dans le rôle d’un gangster. Là, c’est justement ce qui fait sa force : James Allen, c’est Monsieur tout le monde, c’est pour ça que c’est fort.


Je suis un évadé, Mervyn LeRoy 1932 | Warner Bros.



Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1932

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Noir, noir, noir… (pré)

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Une femme dangereuse, Raoul Walsh (1940) They Drive by Night

Les Miauleuses

Une femme dangereuse

Note : 4.5 sur 5.

Titre original : They Drive by Night

Année : 1940

Réalisation : Raoul Walsh

Avec : George Raft, Ida Lupino, Humphrey Bogart, Ann Sheridan

— TOP FILMS

Un film plutôt singulier que voilà. Pendant plus d’une heure, on a affaire à une sorte de chronique prolétaire à l’américaine. Deux routiers, deux frères (George Raft et Humphrey Bogart) tentent de se débrouiller dans la jungle capitaliste. L’un est plutôt débrouillard (George Raft), l’autre plutôt paresseux et quelconque (Bogart). Aucune problématique énoncée dans l’introduction, le sujet, c’est juste de les montrer se débrouiller dans la vie, faire face aux problèmes, aux coups durs. Et en Amérique, pour s’en sortir, on se met à son compte… American way of life. La liberté de réussir, la liberté de tout perdre… Mais ce ne sera pas le sujet de notre histoire — en fin de compte.

[À partir d’ici, j’évoque les développements de l’histoire. Principalement.]

Raft tombe amoureux d’une belle rousse, Bogart s’endort en volant, perd un bras et est ainsi à la charge de son frère… Tout ça serait finalement plutôt banal, même si pas loin au fond de ce qui naîtra peu de temps après en Italie avec le néoréalisme (voire toujours dans ce qu’on identifiera un peu plus tard comme un autre film noir et qui fera neuf ans plus tard lui aussi vroom vroom, Les Bas-Fonds de Frisco). Seulement un personnage va faire pencher le récit vers une trame plus traditionnelle, plus dramatique. Un personnage typique de film noir (l’un des premiers ici donc), la femme fatale, la mante religieuse… Qui de mieux pour tenir ce rôle qu’Ida Lupino ? On est loin de son personnage d’aveugle miséricordieuse de La Maison dans l’ombre, elle tient là le type de rôle qu’elle a le plus souvent eu au cours de sa carrière : la vamp odieuse, manipulatrice et finalement fragile, fragile d’aimer à la folie un homme qui se refuse à elle et pour qui elle est capable de tuer… Un personnage en or, une actrice en or… N’importe quelle comédienne aurait rendu ce personnage antipathique. Ida Lupino, elle, arrive à rendre cette garce attrayante, malgré ses actions qui l’a fait bien passer dans l’élite des belles salopes, dans le who’s who des grandes connasses du XXᵉ siècle. Une femme fatale en somme.

La Lupino est donc mariée à un patron camionneur, un nouveau riche, qu’elle méprise parce qu’il n’a pas la classe tranquille du gentleman-prolétaire, George Raft. La beauté de la chose, c’est que tout comme la Lupino, Raft n’a pas le physique parfait. Loin d’être un adonis, toutes les filles semblent pourtant lui tomber dans les bras… On y croit. Parce que ce George Raft, il a l’autorité pour, la présence. Et comme dans Les Anges aux figures salles ou Ces fantastiques années 20, Bogart tient encore là un second rôle, encore un loser qui lui va à merveille. On se laisse déjà convaincre par ce personnage sans charme particulier, mais le type bien par excellence, intelligent, travailleur, honnête et dévoué, et qui séduit malgré lui ici la femme du patron. La Lupino a beau faire des loopings autour de lui comme une mouche autour d’un fromage appétissant, Raft est un gentleman : on ne touche pas à la marchandise de son patron d’ami, on reste indifférent aux belles parades d’amour de la vamp endiablée…

Une femme dangereuse, Raoul Walsh (1940) They Drive by Night | Warner Bros

On commence à sentir le truc… À forcer de tourner autour de Raft, la Lupino va finir pas perdre la tête et va se laisser chahuter par les rapides de la jalousie. Il faut attendre une heure dix de film pour qu’on sorte de la route tranquille de la chronique. La Lupino, en bon personnage de film noir, se met enfin en action et maquille le meurtre de son mari en un suicide typiquement américain : asphyxie du mari ivre mort dans son garage alors que le moteur de l’auto tourne encore… (Si la Lupino avait pu le tuer avec un paquet de Marlboro, nul doute qu’elle ne se serait pas privée)

C’est l’un des avantages de la censure puritaine de l’époque. Puisqu’il n’est plus permis de montrer des crapules en laissant penser qu’on pourrait en prendre parti, eh bien on ne montre plus que les criminels de l’ombre, les escrocs qui ont tout des gens honnêtes, et on suggère que le mal pourrait être tapi partout, surtout là où on ne l’attend pas. L’ombre nauséabonde de la guerre qui rôde tout près, le sexe malfaisant et diabolique de la femme qui s’émancipe… Le climat du monde est pesant, tant sur le plan intérieur où Hollywood voudrait faire oublier ses années folles aux yeux du public de l’Amérique profonde, qu’à l’extérieur où la menace communiste se trouve tout à coup dépassée par une autre plus brutale, plus réelle, et c’est cette atmosphère qui transparaît à l’aube de cette nouvelle décennie pour créer le film noir. L’art ne fait pas de politique, il en est tributaire. Ou plus simplement le témoin.

Affaire classée, donc. Ce n’est pas un film de flic (c’est rarement ce qui intéresse Walsh, lui c’est plutôt les faits, les personnages qui l’intéressent, plus que les mystères, les films à énigme…), mais le récit de la rencontre d’un homme bien avec une femme pas bien… qui n’est pas bien, malade, que le gentil monsieur se refuse à elle… Le scorpion qui tombe amoureux du lapino, la lionne qui s’éprend du saint-bernard… C’est touchant finalement qu’un monstre puisse tomber amoureux d’un ange…

La Lupino offre les clés de l’entreprise à son amoureux, comme une chatte qui vient vous offrir une souris pour vous dire que vous comptez pour elle. Raft sent le coup tordu, il a son kayak qui vrombit sur les rochers, mais c’est une occasion à saisir. Et le voilà donc grand patron. Seulement, il ne faut pas contrarier une vieille chatte jalouse quand elle croit vous faire le plus beau des cadeaux. Et quand Raft présente sa rouquine à la patronne qui se rend compte tout d’un coup qu’elle n’est qu’une sorte de dindon de la farce, elle glousse, s’emporte et révèle alors « tout ce qu’elle a fait pour lui » et lui l’ingrate petite souris qui au lieu de la remercier s’en va au bras d’une rouquine sans le sou… La Lupino est maintenant bien loin du bon fromage d’autrefois, et ça commence sérieusement à sentir le pâté. Raft ne mange pas dans cette gamelle-là et s’en va de la manière la plus blessante qui soit pour une belle cabotine qui vient d’avouer son crime et surtout le mobile de son crime (« mais c’est pour toi que je l’ai fait ! mon amour !… » dit-elle alors toute miaulante) : presque indifférent (les chattes aiment bien se chamailler en guise de préliminaire et refuser le conflit, c’est comme se prendre un râteau en pleine poire, alors l’indifférence, c’est pire que tout !).

On rouvre l’affaire… parce que la vengeance est un plat qui se savoure en miaulant. La Lupino s’en va tout raconter à la police : « J’ai assassiné mon mari ! mais si je l’ai fait c’est parce que mon amant m’y a poussée ! ». (La garce…) Le bol de lait est du côté de la chatte : les apparences ne mentent pas, jamais (sinon, il n’y aurait que des criminels en prison). Mais encore, là, ce n’est pas le sujet : on a échappé au film de flic, on n’aura pas le film de prétoire. Parce qu’on est déjà dans le film noir, et dans un film noir, on est trop désabusé pour croire encore en la justice des hommes… Rien que deux ou trois témoins à la barre (on est en plein dénouement, ça peut être un procédé utile pour refaire un tour rapide du récit), puis arrive la Lupino… complètement lessivée après être passée à la machine de l’amour non partagé, rongée par la culpabilité d’un crime « pour rien », la pauvre est devenue complètement maboule… « Allô, docteur ? » Affaire classée : la veuve était folle…

Et la fin se termine sur un clin d’œil d’une morale plutôt douteuse… Raft, jouant jusqu’au bout son personnage d’homme parfait, décide de se retirer de l’affaire dans laquelle il n’a aucune légitimité. Seulement sa rouquine de femme s’en mêle et demande aux amis-employés de son mari (ou pas tout à fait encore…) de ne pas le laisser partir (c’est qu’un chat roux se salit bien vite avec un mari plein de cambouis). Ils arrivent finalement à le convaincre de rester dans la scène finale, qui se termine donc sur un clin d’œil de la nouvelle chatte à ses souris. Celui qui se fait couillonner encore et encore, c’est le bon, l’homme honnête, on y échappe pas… Et je me permets de citer Thoreau (que j’ai piqué dans Into the Wild) : « Plutôt que l’amour, que l’argent, que la foi, donnez-moi la vérité. » Pas pour cette fois encore, George… On aura beau dire, ça reste les chattes, à la maison comme dans le monde, qui portent la culotte.

The Glass Shield, Charles Burnett (1994)

Police blues

The Glass Shield

Note : 3.5 sur 5.

Année : 1994

Réalisation : Charles Burnett

Avec : Michael Boatman, Lori Petty, Ice Cube

Ce n’est évidemment pas un chef-d’œuvre. Les films de cette époque (début des 90) paraissent un peu périmés. Il faudra attendre une ou deux décennies avant de pouvoir y goûter à nouveau avec un plaisir. Mais, ça vaut le détour — tout de même.

Un jeune flic noir commence son boulot dans un commissariat plein de Blancs racistes. Il essaie de faire sa place, mais généralement, chez des types comme ça le racisme n’est pas la seule « vertu ». Le problème, c’est que le flic est un peu crétin parce qu’il veut se faire accepter par ses pairs, donc quand un flic lui demande de le couvrir et de modifier légèrement la réalité, il le fait sans fléchir. Il se pose d’autant moins de questions qu’il est persuadé de prendre la bonne décision puisque c’est la seule manière d’inculper un type.

Malheureusement, il déchante très vite et se rend compte qu’il a fait une connerie. Aidé de l’autre mal aimé du commissariat (une femme juive), il va mener une enquête interne. Dans la plus pure tradition du petit qui fourre ses mains là où les grands ne veulent pas qu’il y vienne mettre ses pattes…

Le développement ensuite du canevas n’est pas transcendant. Mais on comprend mieux vers la fin. Les événements sortent des clous, des règles, des codes de ce type de film… Normal, c’est une histoire vraie. On pose son pop-corn et on remet son cerveau sur on. C’est la fin surtout qui fait réfléchir… Je peux la dévoiler. En fait, tous les salauds corrompus et violents du commissariat s’en sortent sans dommage, et seul lui, le flic noir, perd son job, doit même faire face à la justice (c’est suggérer je crois à la fin, ça se termine un peu brusquement) pour un faux témoignage alors que celui qui lui avait demandé de mentir n’a rien eu… en échange de cette information… Plus kafkaïen, plus injuste, plus absurde, tu meurs.

Ça ne casse donc pas la baraque, surtout au niveau de la mise en scène. C’est très conformiste, très sage, très premier de la classe : propre, bien fait, mais sans véritable chair, sans cœur… Reste le sujet, qui rien qu’à lui seul mérite qu’on regarde le film.


The Glass Shield, Charles Burnett (1994) | CiBy 2000, Miramax


Liens externes :


Mystic River, Clint Eastwood (2003)

Dirty River

Mystic River

Note : 4.5 sur 5.

Année : 2003

Réalisation : Clint Eastwood

Avec : Sean Penn, Tim Robbins, Laura Linney, Kevin Bacon, Laurence Fishburne

— TOP FILMS

Pas compliqué pour Clint : il prend le polar à succès du moment (il doit y avoir une richesse en littérature américaine en ce moment pour qu’ils nous pondent des trucs comme ça à chaque coin de rue !), les meilleurs acteurs (eux-mêmes cinéastes, pour parler le midi à la cantine), et il en fait un film.

Comme toujours, aucun déchet dans la mise en scène. C’est précis, juste. Son premier film (Un frisson dans la nuit) visait déjà dans le mille. Dans le ton, justement, il y a quelque chose qui ressemble à cette première cartouche : très feutré, avec la mort qui rôde.

Le principal atout du film (à part les acteurs : Kevin Bacon, Tim Robbins, Penn…) c’est vraiment l’histoire (et là encore comme toujours avec Clint : il s’efface au profit d’une histoire forte). Et il y a un procédé qui a attiré mon attention… Un procédé dramatique « d’énigme », que je crois n’avoir jamais vu : c’est qu’on a affaire à une énigme, mais on ne le sait pas avant la fin du film (enfin, si l’on ne joue pas les cons et si l’on se laisse prendre par le jeu… ─ ça énerve les gens qui disent « moi j’avais tout de suite compris… »).

En gros, un meurtre survient, et tout de suite, le récit adopte le point de vue d’un type, retranscrit de telle manière que l’on va croire qu’il est le coupable… Enfin croire : pour le spectateur, le doute n’est pas permis. Et pourtant… Parce que le type ne sera pas le cru Forcément : c’est le meurtrier. Par la suite, quand il y a l’enquête et que les flics se trouvent face à deux pistes, deux suspects, on croit savoir qui est qui, et l’on regarde ça comme dans bien d’autres récits où le spectateur sait déjà qui est le coupable : parce que ce n’est pas présenté comme un récit à énigme, mais un récit à suspense : on sait (ou l’on croit savoir), le tout est de voir comment il va se faire prendre. On n’a donc aucun doute pendant tout le film, et à la fin, à l’heure du dénouement, on se fait avoir, de la meilleure des manières.

Mystic River, Clint Eastwood (2003) | Warner Bros, Village Roadshow Pictures, NPV Entertainment, Malpaso Productions

Reste l’épilogue, qui amène une autre dimension au film. On touche à l’absurde, à la futilité, au néant. Une sorte de dernière surprise pour en remettre une nouvelle couche dans le genre : « Hé hé, je vous ai bien eus ». Il y a un côté symbolique : le récit semble se mordre la queue et même si ça donne une morale un peu douteuse au film, le procédé de mise en miroir, de monde fermé comme on veut, ça donne quelque chose de jouissif. Pour résumer le schéma : trois gamins font des bêtises en bas de chez eux, une bagnole arrive, un type se présente comme un flic et les réprimandes. Il demande aux deux premiers où ils habitent : ils habitent juste là. Le troisième répond qu’il habite un peu plus loin : soit, le flic lui dit qu’il va le raccompagner pour qu’il en parle à sa mère… Pas de bol, c’était un pédophile. Le môme reste enfermé pendant quatre jours avant de s’évader. C’est le point de départ… l’hamartia (la faute originelle qui va conditionner tout le reste).

Plusieurs décennies plus tard, des deux qui ne sont pas passés par la cave du pédophile, un est flic (et c’est lui qui va mener l’enquête), l’autre est un ancien truand rangé des voitures pour voir grandir sa fille. Le troisième, est un foireux sur qui repose le mystère du récit : ce n’est ni un méchant ni un gentil, mais c’est un loser un peu dérangé (voire carrément).

Ils se sont perdus de vue depuis cette époque, mais leur histoire se recroise quand la fille de l’ancien truand se fait tuer dans sa voiture en pleine nuit. Pleurs du papa, le flic qui vient enquêter… Et, à ce moment-là, il ne fait pas de doute, pour nous, spectateurs, que c’est le loser. La nuit du meurtre nous est montrée, non pas la scène du meurtre (qu’on ne verra jamais), mais un planting nous exposant ce loser rentrant chez lui en sang, disant à sa femme qu’il s’est fait agresser et qu’il a probablement tué son agresseur. On comprend donc en même temps que sa femme que c’est lui le coupable. Le récit n’offre pas d’autres alternatives (puisqu’à ce moment-là les enjeux du film, le sujet, c’est plus « comment il va se faire finalement épingler » qu’un « la vengeance est aveugle et pourtant elle peut vous planter une balle entre les deux yeux »).

L’enquête donc… Et comme toujours dans ces cas-là, pour alimenter le récit, on construit des fausses pistes, même si l’idée n’est pas de duper le spectateur, mais encore une fois puisqu’il ne se doute de rien (sauf s’il fait le malin en se disant : « oh ouais, mais pourquoi il n’y a qu’une seule fausse piste ? ») pour lui c’est du remplissage : tout développement nécessite une suite de péripéties pour arriver finalement au but voulu, défini au départ dans les enjeux (l’éternel : « trouver le coupable », le plus intéressant étant moins l’énigme annoncée que le déroulement de l’enquête ─ même principe qu’utilise Hitchcock, donc, avec le suspense : il annonce ce qui va se passer et il nous file la frousse avec ça). Et la fausse piste en question nous mène à des mômes (qui irait soupçonner des mômes ?).

Le récit enfonce bien le pseudo-meurtrier, et là on croit le voir mentir quand il s’effondre devant sa femme et qu’il lui dit la « vérité » : lui, abusé par un pédophile dans son enfance n’a pas tué la fille de son ancien camarade de jeu (alors que, maintenant, tout dans l’enquête des flics et dans son comportement l’accable), mais que cette même nuit, il avait fait la chasse au pédophile et en avait tué un ! Ce qui même si ça recoupe avec ce qu’il avait dit à sa femme en rentrant cette nuit-là paraît tellement gros qu’on ne peut y croire. Sa femme, désormais certaine qu’il est le coupable, va le dénoncer… au père de la fille assassinée…

Arrive alors un dénouement croisé (du genre du Parrain) avec d’un côté le père qui reprend son habit de truand pour faire la scène où il demande au meurtrier de sa fille d’avouer sinon « kill le tue », le gros méchant… Et de l’autre côté le véritable dénouement pour nous : à savoir que les véritables meurtriers étaient en fait deux gamins (je n’entre pas dans les détails, c’est anecdotique, comme toutes les histoires de gamins). Bien sûr, les scènes en parallèle s’achèvent avec l’exécution du faux meurtrier par le père de la gamine qui veut se faire justice tout seul comme un bon vieux connard de la meilleure espèce, et au cas où des neuneus n’auraient toujours pas compris, on nous met bien dans la figure en insert des plans de la scène où le loser tabasse le pédophile, alors qu’il essaye de dire la vérité au truand, mais que ce n’est pas la vérité qu’il veut entendre…

À ce stade, la morale de l’histoire, c’est : il ne faut jurer de rien, ne pas se fier aux apparences, laisser la justice faire son travail, etc. La morale dramatique si on peut dire, celle délivrée par le flic (le héros typique de la mythologie américaine), se présente ainsi : « Ce jour-là, quand on était gosses, il n’y a pas eu que lui qui a été enfermé dans cette cave, on y était tous les trois un peu à notre manière… ». On nous prouve qu’on (spectateurs) ne vaut pas mieux que ce type puisque nous aussi sommes tombés dans le piège tendu par le récit. Ce type se serait fait lyncher en public (comme dans Furie ou L’Étrange Incident).

Sauf qu’arrive l’épilogue qui tue. On comprend que le truand et sa bonne petite famille, sa petite femme bien élevée, tout ça c’est la famille d’un pédophile…, un type qui viole avec le consentement (l’amour même on pourrait dire, voir l’encouragement) de sa femme, ses autres filles. On comprend alors deux choses : la gamine voulait fuir l’amour un peu trop « démonstratif » de son père, et en quelque sorte, la boucle est bouclée. Quand le flic disait qu’ils avaient été eux aussi dans cette cave, l’un tuait donc les pédophiles, un autre les recherche (même s’il y a une autre piste évoquée, mais pas développée dans la vie du flic qui restera un mystère) et le dernier… en est un.

La seule chose douteuse, c’est que celui qui est devenu le plus méchant, c’est celui qui à l’origine était déjà le plus violent… L’idée très ricaine que la violence est dans les gènes.

Chef-d’œuvre, donc. Une tragédie moderne, noire, nihiliste : le méchant garde son secret (pas de happy end pour ses deux filles cadettes) et le flic qui sait qu’il a tué le loser ne peut l’arrêter (faute de preuve, lui… : la Justice elle passe pour les « innocents », elle ne passe pas pour les criminels…).

Et j’en reviens à mon procédé d’énigme qui ne veut pas dire son nom : on a un récit à suspense, avec le principe du « le lecteur sait tout, ce qui importe, c’est la tension qui naît dans le déroulement de l’histoire, de l’enquête » et en plus on a droit aux effets d’une surprise finale qu’apporte souvent une énigme. Deux effets pour le prix d’un : celui sur le long terme et celui plus immédiat. Miam miam, il y en a pour tous les goûts.



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