Superstar: The Karen Carpenter Story, Todd Haynes (1988)

Fraggle Rock

Superstar: The Karen Carpenter Story

Note : 4.5 sur 5.

Année : 1988

Réalisation : Todd Haynes

Avec : « Karen Carpenter »

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Rarement vu un film aussi perturbant. En 40 minutes, Todd Haynes (futur réalisateur de Loin du paradis) choisit de montrer la rapide ascension et la tragique fin de la chanteuse des Carpenters. Haynes va droit au but et commence par la scène où la mère du duo la retrouve inconsciente dans la salle de bains. Vu subjective, papotage guilleret de la mère avec cet affreux accent des bonnes familles californiennes pour qui tout est merveilleux… Jusqu’à la découverte du corps de sa fille.

La première impression est étrange. On se demande si on va pouvoir suivre 40 minutes de films en vue subjective. Et en fait, ce n’est pas du tout ça. Ce n’était qu’un procédé, le meilleur qui soit (assez flippant de choisir l’angle le plus choquant pour entamer une histoire), pour introduire la thématique du film et expliquer les raisons de la mort de cette star éphémère qu’était Karen Carpenter.

Haynes continue son récit avec un interlude explicatif sur ce qu’est l’anorexie. Plusieurs fois tout au long du récit le film s’attardera ainsi comme pourrait le faire un film documentaire ou un film éducatif digne de Badmovie.

C’est que Haynes est prêt à utiliser tous les effets pour faire rentrer le spectateur « au mieux » dans la tête de Karen, du moins comprendre la névrose dont elle était atteinte et dont son entourage n’était pas conscient.

On va suivre très rapidement l’ascension de Karen et de son frère Richard, tout en connaissant la fin. Il n’y a pas une seconde du film qui n’est pas tourné vers cette seule obsession : comment Karen Carpenter a-t-elle pu s’enfermer dans une telle névrose alors que tout lui réussissait ?

Le contraste de cette fin connue, dont on attend avec crainte les premières prémices, avec le ton toujours très enjoué de la famille Carpenter a la saveur de ces thrillers clairs à la Kubrick où la peur en est d’autant plus présente qu’on sait que quelque chose rôde, mais qu’on ne peut la voir. Elle n’est pas dans l’ombre, elle est juste là, sous la lumière, et on ne pourra pas l’identifier.

Superstar: The Karen Carpenter Story, Todd Haynes 1988 | Iced Tea Productions

Autre idée de génie de Haynes, c’est l’utilisation de poupées Barbie pour mettre en scène cette tragédie. Quand on décide de mettre en scène une telle histoire, on doit faire face à plusieurs écueils. Aucun acteur ne sera assez convaincant pour représenter un personnage connu de tous, aux multiplex talents, et surtout sans donner l’impression de faire une hagiographie. L’utilisation des poupées résout d’un seul coup tous ces problèmes. Haynes parvient ainsi à avoir la distanciation nécessaire pour trouver son sujet. Mieux, les poupées apportent ce même contraste qu’on retrouve partout dans le film pour saisir la dangerosité et l’imposture des apparences. Ces personnages qu’on entend, tout mielleux, tout plein de bonnes intentions, sont en effet flippants de bêtise. Et leur donner cet aspect figé des marionnettes ne fait que renforcer cette idée de dichotomie entre ce qu’on voit, et ce dont on peut craindre.

Même chose pour la musique. La musique des Carpenters est mièvre, pleine de bons sentiments, toujours joyeuse. Ça contraste avec la tragédie qu’on connaît. C’est comme sucer un bonbon au cyanure.

D’ailleurs, à cause de cette musique, un effet auquel n’avait pas prévu Haynes va encore s’ajouter pour augmenter encore plus les contrastes et l’impression d’étrangeté du film. Le réalisateur n’ayant pas demandé les droits pour l’utilisation de ces musiques, Richard Carpenter a porté plainte et a eu gain de cause : le film a été interdit. Le film a dû circuler en douce depuis le temps, devenant au passage un film culte, et est désormais disponible sur Youtube.

De fait, la qualité de l’image est assez médiocre, certains lettrages sont difficiles à lire, et l’effet « film étrange sorti de nulle part » n’en est que renforcé. On a l’impression de voir un film perdu et miraculé.

Imaginez que la civilisation humaine disparaisse, qu’il ne reste pratiquement rien de notre passage, et puis, des petits hommes verts viennent sur Terre et trouvent une K7 de n’importe quel film. Pour eux, les hommes peuvent bien être des poupées Barbie, ça ne changera pas grand-chose. Eh bien, c’est un peu l’impression que laisse ce film en jouant avec ces extrêmes.

Aucune idée si Haynes voulait traiter le sujet de l’anorexie en faisant ce film, s’il trouvait cette histoire touchante et tragique, s’il voulait dénoncer les excès de la dictature de l’image. Malgré tout, il reste suffisamment distant pour laisser toutes les interprétations possibles. J’ai même vu des commentaires le trouvant drôle. Pour moi, c’est une tragédie moderne, parfaitement mise en scène.

La mise en scène, justement. J’ai été particulièrement impressionné par la maîtrise d’Hayes dans le montage des plans, des séquences (il arrive même à intégrer un certain nombre d’idées et de plans très “expérimentaux” qui passent malgré tout très bien la rampe parce qu’il n’en abuse pas et qu’on comprend que ça participe à la création d’une atmosphère), des mouvements de caméra, de l’utilisation de la lumière.

Et c’est merveilleusement bien écrit, si toutefois on comprend qu’il y a une sorte de second degré, légitimé par l’entrée en matière du film qui révèle tout net le sujet du film (l’anorexie) vers quoi tout le récit tend. C’est un ton qui n’est pas forcément facile à trouver. Il aurait pu être tenté de forcer le trait en demandant aux acteurs de jouer également avec à l’esprit une forme de second degré. On serait tombé dans la force, le mauvais goût. Or, ici ce qui frappe, c’est le côté thriller, bien flippant. Haynes n’a pas envie de rire. Oui, ces gens sont cons, inconscients, à la recherche de la gloire, mais il ne les juge pas, il ne fait que décrire certains maux de l’Amérique des années 70, et même encore d’aujourd’hui (même si on sent bien l’atmosphère très insouciante de ces années, mais d’une certaine manière, là aussi, on sent la fin des trente glorieuses…). Et s’il le fallait encore, le film enfonce le clou pour expliquer les ravages de cette maladie mentale qui, semble-t-il, avant la mort de Karen Carpenter était peu connue.

40 minutes, ce n’est pas long, et c’est absolument à voir.


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Casanova, Federico Fellini (1977)

Savoir être con

Il Casanova di Federico Fellini

Note : 5 sur 5.

Année : 1976

Réalisation : Federico Fellini

Avec : Donald Sutherland, Cicely Browne, Tina Aumont

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« La connerie est un art, non pas réservé à ceux seulement qui comme Casanova titillent ou mâchonnent l’isocèle, mais qui osent. »

Souvenirs d’une chèvre, Ed. Flemmarion 1954

Fellini pouvait jouer aussi avec la baguette de sourcier de ces dames (et plus probablement avec leur poitrine), ce qui faisait de lui un con, surtout, c’était sa capacité à oser, et à s’oublier. Et moi, j’aime les cons. Pas les cons qui se regardent et se prennent au sérieux, ceux-là, et Fellini l’a parfois été, sont souvent ennuyeux ; mais les cons qui savent s’oublier et chez qui les audaces révèlent un certain génie. Alors oui, quand un con ose mettre en scène un autre con avec la plus affligeante des désinvoltures, tout cela se frictionne joyeusement et je jouis. Fellini pourra toujours prétexter qu’il n’avait que faire de Casanova, eh bien il est peut-être là le secret. Il y a des sujets qui réclament du bon sens, de la mesure, du respect, et il y en a d’autres qui réclament à ce qu’on les viole, ou du moins, ne les prennent pas au sérieux et les traite à la sauvage. Fini le bon goût, l’intelligence, le respect, place aux excès, à la rêverie, au ridicule, et au foutage de gueule. Parce que finalement, c’est tout ça qu’évoque la vie de cette étrange créature qu’était Casanova. S’il est plus judicieux d’utiliser Bach pour évoquer la vie de Jésus qu’Howard Shore pour celle de Moïse, de demander à Alain Cavalier de mettre en scène la vie de Thérèse plutôt que Spielberg pour mettre en scène celle de Lincoln, il est tout naturel de faire confiance à Fellini pour mettre en scène Casanova. Cela a en tout cas plus de sens que de voir Comencini traiter du même sujet…

Le Casanova de Fellini Federico Fellini Produzioni Europee Associate

Il Casanova di Federico Fellini, Federico Fellini 1976 | Produzioni Europee Associate (PEA)

Voilà bientôt vingt ans que je n’ai pas vu le film, et il est probable qu’en le revoyant aujourd’hui il ne me fasse pas autant d’effet qu’à l’époque. C’est un peu con de refuser de le revoir, et c’est sans doute pour ça que je tiens aussi à faire confiance à ma mémoire. Certaines œuvres se portent très bien où elles sont, figées comme dans une boule à neige. Et c’est d’autant plus vrai avec des films évoquant des personnages en dehors de toutes les normes. Des monstres. Je voue un culte étrange au Terminator, aux Pornographes d’Imamura, et donc à ce Casanova d’opérette. Les monstres nous font moins peur quand on les enferme dans des boîtes ou qu’on ne les voit qu’en peinture… Casanova-Fellini, mon Rosebud à moi que j’ai.

Voici ce que j’en disais, le 9 février 1997 :

L’essentiel et l’intérêt du film résident dans le délire esthétique et onirique de Fellini. Or on ne retrouve cet aspect baroque qu’au début (statut de Vénus, décor de mer kitsch, première scène d’amour) et surtout à la fin (Oslo et ses concours, la rencontre ultime avec le pantin — symbole fou et représentation magistrale d’un Fellini en grande forme). La scène finale du souvenir dans laquelle Casanova « fantasme » de se revoir plus jeune avec le pantin est le seul moment du film où Fellini metteur en scène rivalise avec l’auteur Fellini : si une grande partie du film dans son développement reste ennuyeuse, cette image onirique, sophistiquée, qu’offre Fellini, est comme le dernier coup de reins qui propulse le spectateur au septième ciel. Dans cette scène du souvenir, ni la lumière, ni la beauté et la profondeur des décors, ni les costumes n’avaient atteint ce degré de perfection durant le film. Ce qui précède importe peu, et en se contentant de filmer avec désinvolture son sujet, en soignant son début et sa fin, Fellini réussit malgré lui son contrat. Il est là le génie. N’offrir que de faux espoirs, du mépris, de l’antipathie pour son sujet, et voir malgré soi surgir de ce qu’on produit des jaillissements qui sont des révélations. Cela n’a plus rien à voir avec l’intelligence ou le savoir-faire, mais avec une certaine capacité à transcender la banalité à travers une idée simple face à laquelle tout le reste devient futile. Fellini déclarait qu’il manquait d’ambition pour ce film et d’amour pour son personnage, pourtant elle est là la réussite du film. C’est l’irrespect de Fellini qu’a pour Casanova, sa manière de le baiser par-derrière plus qu’il ne lui fait l’amour, qui fait le charme du film. Le côté mécanique d’un film de commande, la désinvolture, le dédain qu’on peut avoir envers soi-même en se demandant dans quoi on est embarqué, se trouver à la fois ridicule et excessif tout en assumant parfaitement ces excès comme pour les démystifier, tout ça, c’est Casanova. Et c’est cette imperfection, ce mépris pour son sujet, ses audaces irrespectueuses, qui non seulement sauve le film, mais l’érige en objet de culte. On ne vénère jamais aussi bien que ce qui revient du pire, a fait son chemin de croix, et finit sa rédemption, figé dans une dernière image qui résume et transfigure tout le reste. L’image d’un pantin, un totem, une icône.

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Chronique de mon vagabondage, Mikio Naruse (1962)

Chronique de mon vagabondage

Hôrô-ki Année : 1962

Réalisation :

Mikio Naruse

Avec :

Hideko Takamine ⋅ Akira Takarada ⋅ Daisuke Katô

8/10  IMDb

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Mikio Naruse rend hommage à l’écrivaine à succès Fumiko Hayashi dont une grande partie de ses films d’après-guerre est tirée (Nuages flottants, Le Repas, L’Éclair, Épouse, Chrysanthèmes tardifs).

C’est donc ici à la fois la mise en image de l’autobiographie de Fumiko Hayashi et son adaptation puisqu’étrangement le premier grand succès de l’écrivaine avait été le récit de sa vie jusqu’à cette période, et non des histoires qui seront adaptées au cinéma (toute la fin tragique de sa vie n’apparaît bien sûr pas dans ce premier roman, et c’est donc Naruse qui se charge de la suite, aidé de ses scénaristes habituels).

La boucle est bouclée : Naruse fait un de ses derniers films ici avec son actrice fétiche, Hideko Takamine, en évoquant la vie de celle qui était décédée l’année même où il réalisait Le Repas.


Chronique de mon vagabondage, Mikio Naruse 1962 | Takarazuka Eiga Company Ltd


L’Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of Saint Louis), Billy Wilder (1957)

The Pschitt of Saint-Louis

The Spirit of Saint LouisThe Spirit of Saint Louis, Billy Wilder (1957) Année : 1957

6/10

Les Indispensables du cinéma 1957

IMDb  iCM

Réalisation :

Billy Wilder

Avec :

James Stewart
Murray Hamilton
Patricia Smith

Qu’est-ce que ce film vient faire dans la filmographie de Billy Wilder ? OK, pas une comédie, mais on peut faire des films, en particulier Billy, en sortant de son registre qui se révèlent très bons. Là, on se demande ce que Wilder est allé chercher avec ce récit de l’aventure de Lindbergh en traversant l’atlantique en monoplan…

On pourrait dire la même chose de Stewart mais au moins lui est un habitué des « biopics » hagiographiques… ou des films consensuels (Tom Hanks de l’époque…, son Harvey est par exemple parfaitement mièvre et stupide), et son utilisation n’a jamais été meilleure que quand il servait de contrepoint (ou d’innocent) dans les films de Hitchcock.

Spirit of Saint-Louis, c’est le nom de l’avion avec lequel Lindbergh avait décollé pour entreprendre son périple. Pas la peine d’évoquer le reste, ça ne vole pas bien haut.


L’Odyssée de Charles Lindbergh (The Spirit of Saint Louis), Billy Wilder 1957 | Leland Hayward Productions, Billy Wilder Productions


John Adams, Tom Hooper (2008)

La série racontée en trois lignes

John Adams

Note : 4 sur 5.

Année : 2008

Réalisation : Tom Hooper

Avec : Paul Giamatti, Laura Linney

L’histoire : La vie, l’œuvre, les poux, de John Adams, second président des États-Unis.

Après le premier épisode :

Ça semble prometteur. On reconnaît le savoir-faire et le style HBO…

J’espère que la série retracera fidèlement l’histoire du second président d’Amérique. Je ne sais pas du tout s’ils ne vont traiter que l’époque qui précède la guerre d’indépendance ou après ou je ne sais quoi…

C’est l’occasion de voir le Berléand américain, souvent abonné au second rôle à cause de sa tête de petit joufflu et qui avait enfin accédé à la gloire (si on peut dire) avec l’excellent Sideways.

Puis au final :

Mini-série de dix heures sur la naissance de la nation américaine.

Dans le premier épisode, l’avocat John Adams défend des militaires anglais accusés d’avoir tiré sur la foule. Il s’efforce de démontrer qu’ils y ont été forcés par des indépendantistes… Après cette histoire, l’un de ses amis lui dit que grâce à cette affaire (qui montre son intégrité) il ferait le candidat parfait pour représenter Boston au congrès secret qui se réunit à Philly… Adams n’est pas chaud pour la politique. Ce n’est pas un grand orateur et après cette affaire, il ne s’est pas fait que des amis (sauf auprès du roi d’Angleterre qui lui propose un poste…). Il décide finalement de se lier aux Patriots.

 

John Adams | HBO Films High Noon Productions Playtone Mid Atlantic Films

Le second épisode (le plus passionnant sans doute sur le plan historique) est presque entièrement dédié à ce congrès (le film narre aussi la vie personnelle du futur président, en montrant l’importance qu’avait sa femme dans ses choix). On est au début de cette guerre qui n’a pas encore de nom et dont on ne verra que peu d’images (tout se passe dans les salles de réunion). On voit les divergences entre ceux qui désirent simplement montrer leur désaccord avec les taxes imposées sur les Colonies et ceux comme Adams qui comprennent qu’il n’y a plus la place pour la négociation et qu’il est temps de proclamer son indépendance. Et là tout se joue un jeu subtil non seulement où il faut arriver à convaincre les représentants des autres colonies, mais aussi déterminer quand sera la meilleure période pour déclarer cette indépendance.

On découvre alors les personnages récurrents de la série (et de l’Histoire) : Franklin, qui a l’expérience de la politique à Londres et qui prodigue des conseils à Adams ; Jefferson, l’âme de la révolution, l’idéaliste et le poète ; le général Washington, représentant peu bavard de Virginie, une gloire militaire, et que Franklin et Adams choisissent pour diriger l’armée des Patriots uniquement parce qu’il a beaucoup de prestance (il est immense…, ça tue le mythe).

Adams arrive à persuader tout le monde qu’il faut une déclaration d’indépendance. Et une fois qu’il l’a, il demande à celui qui semble le plus doué pour une telle tâche de s’exécuter : Jefferson. C’est là que Jefferson en fait plus qu’une déclaration d’indépendance mais un texte sur l’égalité des hommes, etc. Seulement, c’est un peu trop osé pour Franklin et celui-ci décide d’y enlever les passages traitant de l’esclavage pour ne pas froisser les États du Sud… Dont est originaire pourtant Jefferson… Quand on sait qu’ils auraient pu là éviter une future guerre civile qui viendra un peu moins d’un siècle plus tard…

Dans l’épisode 3, John Adams se rend à contrecœur en France pour y demander l’aide du Roi ; sa femme insiste pour qu’il ne parte au moins pas seul : il embarque avec son fils (lui aussi futur président).

Il découvre la vie de la cour à Versailles. Alors que Franklin, lui, est tout à fait à l’aise au milieu des orgies et des dorures, Adams se demande un peu ce qu’il fout là et n’a pas la diplomatie de son ami pour arriver à ses fins. Il passe même pour un imbécile devant le roi de France, un extraterrestre, parce qu’il ne parle pas français (les Français sont présentés comme les Américains d’aujourd’hui : ils sont le centre du monde, l’Amérique est toute petite, et la langue de la diplomatie ─ et le restera jusqu’à la Seconde Guerre mondiale ─ est le français). Adams n’appréciant pas d’être traité comme un provincial et de devoir sucer la queue de « sa majesté de France », il rejoint le Royaume de Hollande, également ennemi de l’Angleterre, mais y tombe malade. Il devra envoyer son fils accompagné un autre émissaire américain à Saint-Pétersbourg pour rencontrer la Grande Catherine… parce qu’on y parle le français et que le petit Adams a eu le temps de l’apprendre à Paris.

Dans cet épisode, la cour française est vraiment montrée comme un truc complètement à côté de la plaque. Le contexte est sans doute bien retraduit, parce qu’on comprend bien qu’une telle société ne peut pas durer…

Dans l’épisode suivant, Adams toujours à Paris fait venir sa femme (à vue de nez, il est déjà parti depuis quatre ou cinq ans ! ─ un autre temps… on est loin du Concorde). Jefferson aussi le rejoint. Les Adams (leurs enfants sont restés aux États-Unis, ils sont grands maintenant) profitent des manoirs français, des opéras, des jardins… la vie parisienne quoi… Jusqu’à ce qu’Adams reçoive une lettre lui demandant d’aller en Angleterre, pour être le premier ambassadeur à la cour du roi. Juste avant ça, il y a une scène assez hallucinante ou trois des grands hommes qui sont à l’origine de la Déclaration d’indépendance (Franklin, Jefferson et Adams) se retrouvent coincés dans des jardins à Paris alors qu’on est en train de rédiger la Constitution aux États-Unis.

Adams part donc pour l’Angleterre et la scène avec le Roi George III est un vrai régal. D’un côté l’Américain qui rechigne à faire les courbettes d’usage et de l’autre le souverain qui tire la tronche face à bonhomme qui a décidé en somme de ne plus être son copain…

Très vite, les Adams se lassent de Londres où ils ne sont pas les bienvenues (ils sont loin les palais français…). Et Adams demande qu’il soit remplacé. Ce qui sera finalement accepté. Et à sa grande surprise, il est accueilli comme un héros à son retour. Il retrouve également ses enfants, qu’il n’avait pas vus depuis… bien dix, quinze ans !

Il arrive juste à temps en fait pour les premières élections (ah, ah peut-être que Londres ce n’était pas si mal que ça). Il se présente et est battu par… Washington, le grand gaillard, qui est incapable d’aligner deux mots. Son investiture est presque comique : personne ne l’entend (grande carcasse, petite voix). Adams devient vice-président.

Épisode 5 : Là, on entre dans la politique. Je n’avais pas de sous-titres, donc je n’ai pas tout compris… Bref, en gros, il y a lutte de pouvoir entre tous ces bonshommes. Washington veut affirmer et assumer ses idées, Adams est frustré de son rôle (nul) de vice-président. Jefferson vante les mérites de la révolution française, pour lui c’est dans l’ordre des choses. On apprend même que c’est lui qui est à l’origine de la Déclaration des droits de l’homme… Et tout le monde se bagarre pour la position à adopter face à cette révolution qui les embarrasse au plus haut point. Il y a un risque d’expansion dans toute l’Europe et la guerre avec l’Angleterre risque de s’intensifier. Or, les Français ont aidé les Américains dans leur indépendance. Ils devraient tout naturellement les aider en cas de souci. Seulement, les Américains ne peuvent s’engager… et Washington (qui n’apprécie pas les Français) décide contre l’avis du peuple (très pro français ─ c’est un peu le monde à l’envers aujourd’hui), contre l’avis de Jefferson, de signer un traité de non-agression avec l’Angleterre. Une excuse toute trouvée pour le premier président : « Hé oh, on a passé un accord avec Louis XVI, pas avec la République… et vous lui avez coupé la tête ! » Bref, le joli coup de pute. Bienvenue en politique…

Le double mandat de Washington s’achève et un peu à la surprise générale (alors qu’entre-temps on a appris aussi que la première élection avait été bidouillée ─ c’est donc une vieille habitude), Adams se fait élire Président. Jefferson jouera les « inutilités » au poste de vice-président.

Épisodes 6 : après des agressions de certains vaisseaux français dans les caraïbes (donc le fait qu’on ait jamais été en guerre, c’est du flanc, pas de guerre déclarée, mais des bateaux coulés de part et d’autre : « Hé, je croyais que t’étais mon copain, mais tu t’es bien défilé quand j’ai eu besoin de toi ! Tiens prends ça dans la gueule ! ─ E4, touché coulé ! »), les Américains se voient dans l’obligation de se créer une armée sur les cendres de l’ancienne armée continentale. On désigne Washington pour la forme mais en réalité c’est son second, le premier faucon déjà on pourrait dire, parce que l’ancien président est HS… Ce second (dont j’ai oublié le nom) se plaît à jouer au petit soldat d’abord en s’amusant à créer la garde-robe de son armée (« des jolies rayures jaunes sur le côté, ça ferait classe !), mais le bonhomme est un peu trop belliqueux au goût d’Adams… Faut dire qu’il voulait s’emparer de la Floride, de la Louisiane et de la Californie. Et là Admas qui sort la phrase de Chirac : « Il n’y a pas de guerre propre… La guerre est toujours la plus mauvaise des solutions ».

Pendant ce temps, Adams rejoint la nouvelle capitale (un peu à l’image de la Chine médiévale, un nouvel empire crée une ville nouvelle…)… Washington. Et là, c’est très symbolique encore, parce que la Maison blanche est à peine achevée. Elle est perdue au milieu d’un immense champ de boue, au milieu de nulle part, bâtie par des esclaves noirs… Finalement Adams perd la nouvelle élection et Jefferson s’installe à la Maison-Blanche (« Non, non pas la peine de t’essuyer les pieds partout Thomas… C’est aussi propre à l’intérieur qu’à l’extérieur… ce n’est pas encore vraiment le palais des glaces »).

Le dernier épisode est presque exclusivement dédié au rapport avec sa famille, sa vieillesse (il s’était un peu brouillé avec son grand copain Jefferson à cause de cette histoire d’accord avec l’Angleterre. Ils renouent contact et finiront tous les deux par mourir le même jour… L’ironie, le 4 juillet, cinquante ans après leur déclaration d’indépendance.


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Romance inachevée (1954), Anthony Mann

The Glenn Miller Full Pschitt

Romance inachevée

Note : 2.5 sur 5.

Titre original : The Glenn Miller Story 

Année : 1954

Réalisation : Anthony Mann

Avec : James Stewart, June Allyson

La première partie est bien. On suit Miller dans son évolution vers le succès. C’est un type de récit classique : l’artiste fauché qui va peu à peu se faire sa place dans le monde. Son rapport avec sa femme est singulier, ça fait avancer le film.

Mais une fois qu’ils arrivent au succès on quitte le récit traditionnel pour une simple hagiographie de Miller. L’histoire vraie de Glen Miller… sauf que je ne vois pas ce qu’il y a de particulièrement singulier dans cette histoire… Elle est tragique bien sûr, mais affreusement banale. Et pour une fois le titre français est bien vu et ne manque pas d’humour. Parce que certes, il y a une romance inachevée, comme toujours quand un membre du couple disparaît tragiquement, mais là, c’est le film qui est inachevé. Une demi-heure sans intérêt où on suit la réussite de Miller, sans un brin de conflit, d’obstacle à l’avancée de sa gloire, et puis tout s’arrête d’un coup dans un accident d’avion qui n’est qu’évoqué. On ne prend même pas la peine de mettre en scène son “aventure” durant la guerre, parce qu’il n’y a rien à raconter. Le seul fait d’armes, du « commandant Miller », c’est d’avoir osé jouer sa musique durant un défilé de troupe (ouh là là ! quelle audace ! quelle impertinence !)… Et là, même pas de problème pour le personnage, puisque le général a aimé. C’est un peu comme si on racontait ce qui se passe après le « et ils se marièrent et eurent tout plein de mioches »… aucun intérêt.

Romance inachevée 1954, Anthony Mann | Universal Pictures

Heureusement qu’il y a cette première partie avec notamment une apparition de Louis Armstrong et la présence de June Allyson (déjà charmante dans Les Quatre Filles du Docteur March). Une manière de prouver une fois encore que derrière chaque « grand homme » il y a souvent une femme pour montrer la voie (c’est souvent valable pour les hommes politiques — cf. la femme de John Adams pour citer un exemple qui me vient à l’esprit — mais souvent aussi pour les artistes, donc).

Ce film était peut-être une manière de remercier Miller qui a beaucoup contribué à la musique d’une époque (la bonne vieille musique de papa qui paraissait si insolente, si “hot” à l’époque). Mais le film ne mérite pas tous les honneurs qu’il a eus à l’époque. C’est un demi-film, un film inachevé.



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Les Indispensables du cinéma 1954

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Persepolis, Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007)

Persepolis

PersepolisPersepolis, Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007) Année : 2007

8/10  IMDb  iCM

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Films français préférés

Réalisation :

Vincent Paronnaud & Marjane Satrapi

Le récit autobiographique est à la mode. Souvent désespérant, là c’est enrichissant, parce qu’on a quelque chose à nous raconter. Et que la forme adoptée est plutôt intéressante.

On y apprend surtout comment un pays s’est appauvri culturellement et intellectuellement au rythme des révolutions et des purges. C’est surtout ce premier volet qui personnellement m’a plu… Voir les Iraniens croire en un système meilleur en se disant que ça ne peut pas être pire que le précédent. ─ Et c’est pire… Le tout montré avec le regard d’une enfant, qui permet au récit d’avancer avec détachement et humour.

Ça commence un peu comme le Journal d’Anne Frank, ça continue en Autriche, et là on pense à Princesse Sarah (quoi ?) puis elle revient en Iran, et là, ce serait plutôt Un bon Allemand (parfois à la limite, c’est aussi lyrique et romantique que Docteur Jivago, mais le ton tombe toujours très vite dans l’humour). Le récit unique, concentré sur plusieurs années, d’un même personnage, face à des démons qu’il ne contrôle pas, des événements sur lesquels il n’a aucune prise, et dans lesquels il ne veut surtout pas s’impliquer. Il ne cherche finalement qu’à survivre. Son récit est le témoignage d’une victime des folies des hommes.

En passant, on peut remercier les lycées français du monde, qui, même si ça coûte cher, permettent à certains francophiles de se créer un lien social et de trouver des portes de sortie le jour où l’exil se révèle être nécessaire. Comme quoi, il y a d’autres méthodes que la bougonnade bien française pour développer sa pensée, sa culture à travers le monde. Mêler politique, humour, histoires sentimentales, familiales, en un seul film riche et concis, c’est tout ce dont a besoin un film pour devenir au fil du temps, peut-être, un chef-d’œuvre. Déjà un film unique, et utile.


Persepolis, Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi 2007 | 2.4.7. Films, France 3 Cinéma, The Kennedy Marshall Company


La Passion du Christ, Mel Gibson (2004)

Seul au monde

La Passion du Christ

Note : 4 sur 5.

Titre original : The Passion of the Christ

Année : 2004

Réalisation : Mel Gibson

Avec : Jim Caviezel, Monica Bellucci, Maia Morgenstern

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Ce qui me plaît dans les films de Mel Gibson, c’est qu’il possède un grand sens des ambiances. C’est un peu le même film que Apocalypto sur ce plan. La dramaturgie est nulle, inexistante, puisqu’il ne s’agit au fond qu’un long plan-séquence purement descriptif (sans problématique), avec des flashbacks de temps à autre. L’épure du récit à son maximum (oui écrire « épure » au milieu de toute cette hémoglobine, ça fait bizarre). L’accent est porté sur la mise en scène, comme une chorégraphie : c’est la Passion du Christ, comme ça pourrait être autre chose… comme… la capture, puis la fuite d’un Inca.

Tout l’intérêt réside donc dans cette mise en forme d’un sujet qui n’est jamais qu’une fuite. Chez Mel Gibson, ça passe par un naturalisme violent, cru et lyrique… Il y a un ton, une couleur Gibson, qui lui est propre (mais qui tâche). Rien que ça, à l’heure où tous les films se ressemblent, c’est quelque chose de précieux.

Une œuvre tellement (et uniquement) formelle que les critiques étaient bien embarrassées. Disserter sur la forme, ce n’est pas leur fort, donc on a vu naître une polémique comme quoi le brave petit Gibson (fils de pasteur d’une mystérieuse secte cryptonienne) était antisémite… Tout ça parce que les Juifs ne sont pas vraiment épargnés dans sa version des derniers jours du Christ… Ben oui, il reprend ce qui est écrit dans la Bible. Ce n’est tout de même pas Gibson qui a inventé le fait que quand Pilate propose au peuple d’épargner Barrabas, le méchant, ou Jésus, le prophète, les Juifs décident de sauver le premier… Dès qu’on montre un Noir ou un Juif (ou j’imagine un nain, un handicapé ou qui sais-je encore), sous son mauvais jour, on se fait immédiatement traiter de gros raciste. Le film est vide de propos, c’est une chorégraphie, un ballet sanglant, une corrida, un bizutage bon enfant…

La Passion du Christ, Mel Gibson (2004) | Icon Productions

Ah, si, il y a bien quelque chose d’un peu douteux… (je me rebiffe attention, Mel) C’est ce personnage tout droit sorti de la Guerre des étoiles, dont on ne saura jamais qui il est… Il a la gueule du méchant dans le Da Vinci Code (d’ailleurs c’est peut-être lui, il doit être immortel). Il rôde… comme la mort ou un petit-gris atomique. Et puis il y a cette fin de la résurrection à mourir de rire. Le Nouveau Testament, c’est un mélange de philo et de SF, mais l’image pompée au Retour du Jedi quand le linceul retombe avec plus rien qu’il y a dedans, non Mel, non… Et puis Jésus à poil qui apparaît tel le terminator avec le gros plan sur le trou dans sa main (j’ai même cru voir un boulon, mais je n’ai pas vu des fils ou des étincelles…), on croirait un vrai cyborg, ce Jésus… Encore heureux qu’il ne nous ait pas fait un coup à la Seigneur des anneaux : Gandalf le gris devenant Gandalf le Blanc à la chevelure décolorée… C’est tout de même assez ridicule comme fin… Si l’idée est de rapprocher cette résurrection de toutes les autres dans les mythes qui suivront, ce n’est pas idiot, seulement un ballet se doit de rester muet et insignifiant jusqu’à la fin. Ça laisse penser qu’il y aura une suite : Jésus Christ : Le Retour de la créature au superpouvoir. Il revient, encore plus gentil qu’avant, venir embrasser tous les Juifs et les Romains sur la joue ! tou doudou toutou… Et le titre qui fait peur : PÂQUES ! Par le réalisateur de la Passion du Christ

Sinon, si, si, j’assume, j’ai beaucoup aimé. Le seul miracle dans cette belle histoire, c’est qu’un personnage de grand-guignol ait pu être le déclencheur d’un tel dévouement religieux. Mel au moins a le mérite de remettre les poings sur les i et les clous sur la croix.



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Into the Wild, Sean Penn (2007)

C’est la gastro qu’il nous faut

Into the Wild

Note : 3.5 sur 5.

Année : 2007

Réalisation : Sean Penn

Avec : Emile Hirsh, Vince Vaughn, Catherine Keener, Kristen Stewart, Zach Galifianakis

OK, c’est un bon film…, mais ce n’est pas trop mon truc, ce genre de trip.

Un type qui n’est pas bien dans sa peau, avec ses parents, avec l’hypocrisie du monde en général, avec la société de consommation… Les Ricains ne font rien comme les autres : soit ils consomment comme des porcs, soit ils deviennent des hippies. Le type ne se sent donc pas bien chez lui, il part sur la route et finit en Alaska.

Sur le plan formel c’est bien fait, le récit alterne entre son dernier passage en Alaska et le comment il en est arrivé là. C’est parfois passionnant, mais… ça me gênera toujours… Une histoire vraie ? Pas mon problème. Je vois ça d’une manière purement formelle, et pour moi, le point de départ qui est à la base de tout n’est pas assez fort pour justifier un tel besoin d’aventure. Si c’était si banal comme point de départ, il ne fallait pas en faire tout un plat, or les récits de la sœur de type sont là sans cesse pour nous rappeler qu’il fuit quelque chose, sa famille, ses parents… Affreusement banale… Je préfère encore quand le récit se concentre sur son « parcours initiatique », sinon au final, ça ne devient qu’un fait divers : un type retrouvé mort empoisonné dans son camp en Alaska entouré de ses écrits introspectifs qui permettront à un livre de naître, puis un film… Même s’il y a plein de scènes attachantes, si la technique est parfaitement maîtrisée… What’s the point?! Quand on fait un film, on veut faire une œuvre, un truc accompli, on ne cherche pas à faire un témoignage ou je ne sais quoi… Et ça ne m’étonne vraiment pas que ce soit le film d’un acteur. Eux qui sont toujours à la recherche de « l’authenticité véritable »… et qui parlent pour ne rien dire. Ça m’écœure légèrement, c’est se prendre la tête pour pas grand-chose, à part pour se faire mousser, parce que c’est cool d’avoir l’air d’être plus vrai que son voisin. Probable que cette recherche initiatique ratée puisse trouver un écho dans nombre de petits soldats du consumérisme tout-puissant, mais justement, à mon goût, ça manquera toujours d’authenticité, de simplicité, en rapport, en cohérence, avec le sujet abordé.

Bon film toutefois… À voir comment vieillit le film, parce que s’il agace légèrement aujourd’hui, il faut reconnaître qu’il correspond assez bien à une certaine crise de conscience propre à notre époque, celle de l’individu qui se sent perdu au milieu d’un grand barnum et qui préfère renoncer au monde. Mais le gros problème du film, à mon sens, c’est bien ce rapport faussé à la réalité qui affaiblit sa portée potentiellement universelle. Le fait divers ramène la fable à peu de chose.


Into the Wild, Sean Penn (2007) | Paramount Vantage, Art Linson Productions, Into the Wild


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American Gangster, Ridley Scott (2007)

La Chute du gangster noir…

American Gangster

Note : 3 sur 5.

Année : 2007

Réalisation : Ridley Scott

Scott a fait son film de gangsters, il est content. Le film navigue toujours dans un même rythme : pas de points forts, pas de points faibles, tout est au même niveau avec des scènes sans grand intérêt. Ça manque de grandeur, d’épopée, c’est super sage et paresseux. Le scénario a un énorme défaut au départ, il ne présente pas bien le et les personnages, cette introduction est vraiment mal fichue, et tout au long du film on a droit à des clichés de scènes vus mille fois sans apporter réellement quelque chose de nouveau. Pas d’enjeux bien définis, on ne sait pas ce qu’on regarde, ça va dans tous les sens sans vraiment savoir où ça va, ça se cherche pendant tout le film. Il y a des moments intéressants, on ne voit pas non plus les deux heures trente du film parce que vers le milieu, le scénario est bien meilleur.

Encore une bonne fausse idée de départ : faire un film sur le premier chef mafieux noir : à première vue, ce n’est pas mal, c’est bien pour la pub et on est sûr de gagner déjà tout un public pas trop difficile (c’est sûr que ce film passe pour un chef-d’œuvre à côté des merdes que doit voir la racaille…), mais quand il n’y a rien derrière, quand on s’appuie juste sur des anecdotes « étonnantes » (comme ce truc où le flic qui a trouvé un million de dollars est allé le rapporter au commissariat au lieu de le garder pour lui…), bah, ça ne sert à rien de faire un film, ou sinon on trahit l’histoire et on essaye d’en faire un truc plus épique, moins sage. Tout aussi inutile que La Chute du faucon noir… Scott veut faire comme Kubrick en testant un peu tous les genres, mais ce serait sans doute mieux s’il cherchait à faire du Ridley Scott avant tout, c’est-à-dire s’il se concentrait sur la mise en scène. Là, ce serait peut-être mieux (quoique, le scénario est bien vide et mal fichu) si la mise en scène n’était pas aussi pépère… Allez au placard Ridley, Fincher t’a piqué tout ton talent.


American Gangster, Ridley Scott (2007) | Universal Pictures, Imagine Entertainment, Relativity Media


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