Decision at Sundown, Budd Boetticher (1957)

Character actor system

Note : 4 sur 5.

Décision à Sundown

Année : 1957

Titre original : Decision at Sundown

Titre français alternatif: Le vengeur agit au crépuscule

Réalisation : Budd Boetticher

Avec : Randolph Scott, John Carroll, Karen Steele, Valerie French, Noah Beery Jr., John Archer

Western avec des tendances gauchistes appréciables à la Le train sifflera trois fois, Victime du destin ou encore La Cible humaine.

C’est assez inhabituel, mais le héros principal du film, incarné comme souvent par Randolph Scott dans un Boetticher, n’a pas tous les attributs de l’archétype du héros masculin de western : il poursuit une vaine vengeance, se découvre cocu, se réfugie une bonne partie du film dans une étable en renonçant à affronter directement ses opposants, ne finit pas le film au bras de la dame, montre une certaine faiblesse psychologique en comprenant qu’il vit depuis plusieurs années dans une illusion, n’achève pas le méchant, et au lieu de remettre de l’ordre après son passage dans la ville, c’est aux habitants eux-mêmes à qui revient cet honneur… Now, it’s a mess at Sundown, deal with it. John Wayne aurait adoré tourner le film… (Ironie).

Pas sûr d’ailleurs que Randolph Scott ait été l’acteur idéal pour ce personnage contrarié et impuissant, même si sa présence ne soufrera jamais la moindre contestation dans un western de Boetticher, parce que, notamment à la fin, peu habitué à montrer des faiblesses dans ses rôles, acteur plutôt hiératique et excellent dans ce registre, il y est assez peu convaincant. Son personnage aussi est étrangement moins omniprésent que dans la plupart des westerns ce qui en ferait presque un héros d’antiwestern.

On retrouve une fois encore certaines correspondances avec les westerns de la même époque de Allan Dwan qui prenait un soin tout particulier à développer chacun des rôles secondaires et en les attribuant à d’excellents acteurs. Parce que, ici encore, ce sont encore essentiellement les personnages secondaires qui font le job. Et bien.

Symbole de cette réussite : John Carroll. Dans un premier rôle chez, comme par hasard, Allan Dwan, je ne l’avais pas trouvé à la hauteur dans La Belle du Montana (tout en pointant du doigt une nouvelle fois la qualité de la distribution du film), mais dans un second rôle, opposant principal ici, il est tout à fait correct, comme l’ensemble de la distribution. Le talent est le même, mais pour assurer les premiers rôles, il faut souvent un petit quelque chose en plus qu’il ne possède pas, et qui conviendra parfaitement à un rôle de soutien, voire comme ici de principal opposant. En anglais, on parle de character actor, traduction plus ou moins impossible de acteur de composition. Acteur de soutien serait plus correct, mais l’expression ne s’applique pas spécifiquement à une certaine classe d’acteurs.

Il faudrait comptabiliser le temps où on voit Randolph Scott à l’écran, on serait étonné de voir à quel point on le voit si peu. Et souvent planqué entre les bottes de paille. Plutôt original. Ne dites plus leading actor, mais leaning actor.

Comptez sur la présence de Karen Steele, autre habituée des Buddy movies, pour remettre dans cette distribution de guingois un peu d’élégance et de tenu… 


 

Decision at Sundown, Budd Boetticher 1957 | Producers-Actors Corporation, Scott-Brown Productions