Différence entre Nolan et Tarkovski

Certaines comparaisons paraissent étranges. Il y a une grande différence entre Tarkovski et Nolan. Les deux jouent avec le mystère, les ambiances, le tripotage neuronal, mais le premier est un poète, quand le second est un gros bourrin. Affaire de goûts bien sûr, et de bon goût, celui de l’auteur.

Souvent, ce qui est reproché à Nolan, c’est d’en faire trop, de n’être jamais dans la mesure, de chercher les effets, l’abondance au détriment de la simplicité. L’un force, l’autre arrive à donner une évidence à chaque scène. Et puisque les deux font finalement toujours le même film (en particulier pour Nolan), c’est normal de voir certains cinéphiles trouver chacun de ses films affreusement pénibles à voir, quand les autres crient au génie.

Sincèrement, Nolan, moi, il me file la gerbe. Littéralement. C’est comme s’il présentait ses films en neuf dimensions. Certains apprécient l’expérience, moi ça me rend malade comme à un festin de Noël durant lequel on n’a pas su s’arrêter. Il en fait trop. Alors que Tarkovski ne me gavera jamais. Il t’aguiche avec une image, il te laisse le temps de la digérer et de la désirer. Nolan t’abreuve d’images et de sensations jusqu’à en donner la nausée quand Tarkovski éveille ton appétit et te laisse savourer. Vous en voulez encore ? Goûtez plutôt au souvenir de cette première gorgée, savourez l’arrière-goût qui libère vos sens et votre imagination… Espérez, demandez, suppliez… et une fois qu’une goutte d’ambroisie tombe finalement sur votre langue, vous la savourez parce que vous savez d’où elle vient. Nolan… ce n’est pas de l’ambroisie, c’est de l’huile de palme qu’il a fait presser par des petites mains et qu’il vous envoie à la lance d’incendie.