Poésie

Petit jeu poétique constitué uniquement de titres de livres (et initialement partagé dans une liste avec les titres en question).
Un jour, sur le chemin vert, j’ai menti aux arbres penchés de la vérité, ceux qui se cachent des hommes au détour du monde, ceux qui nous veulent du bien, ceux qui rêvent un monde meilleur pour tous.
Ô mes amis, ce que j’ai dit, que ça reste entre nous !
Oui, ce jour-là je me suis réveillé en colère, j’ai vu passé mon rêve, et sur la rive de ma vie, j’ai tué l’homme, cet admirable imbécile traqué comme un oiseau blessé jusque dans le cœur du bleu sauvage :
La peur !… La peur géante ! Elle qui chevauche les tempêtes, guide le bruit de nos pas vers l’abîme !
Oh, menteurs ! ils ont osé le dire… Arbres perfides ! monstres de la nuit ! – Et pourtant je le savais… Ah, les crocodiles ! les scélérats ! Arbres Cassandre, sphinx sans cœur, sans père et sans parole ! Pour ne pas vous oublier, je voudrais qu’on m’efface et qu’on m’emporte loin, très loin de tout…Celui qui se tait respire le bonheur, l’air et les songes…
Qui se souvient des hommes quand il n’y a plus de larme ? – À qui se fier ?
Laisse-moi le temps… Enfin la nuit, enfin le silence. Vingt ans après, l’homme que je n’ai pas tué, il est là. Une fois encore, naufragé volontaire sur mes traces fantômes, je me déguise comme une tombe, j’arrive à vous… les Traîtres !
Sous le même ciel, les sentiers délicats, les trompeuses espérances. – Tiens, tiens ! mêmes les pierres, si près de vous, mêmes les pierres ont résisté !
Ah, si j’étais un monstre !
J’écoute avec mon corps la langue du mensonge. Pris au piège, les yeux dans les arbres, je sais que vous mentez !
Ah, les jolies petites chaises !
Alors, quel est cet arbre ? Le mien et le tien, Espoir. Attends-moi j’arrive, je viens vers toi, monstre. Où es-tu maintenant ? – Ah, si vous saviez, terribles paroles ! Laissez toutes espérances… – Frissons ! Il est où mon arbre ?! celui qui murmure, celui qui chuchotait dans les ténèbres ? Ah, je te vois, maintenant : « Donne-moi le monde. Tu m’avais promis ! ce jour-là… »
Mensonges, mensonges. Illusions…
Rien dire, tout dire de ne rien dire de ce que j’ai vu et pourquoi j’ai menti… Des années si lisses dans le filet des parfums regrettés. Partir et vivre enfin une obscure espérance. Se reconnaître, se revoir. Changer tout.
« J’avoue que j’ai trahi ! »
Ô splendeur de la vérité, cette nuit je l’ai vue exactement là auprès de mon arbre Judas parler à la lune ! La douce tromperie… Ah, l’adorable menteuse ! La sauvage ! Maintenant, viens là que je te tue, ma belle, ombre de mon amour, Espérance !
« Non ! tais-toi, je t’en prie. »
Rien ne nous survivra. J’ai tout gâché.
Victime, bourreau ou saveur, nul ne sait qui nous sommes. Pardonne-nous, Nature.
Ah ! si j’étais un arbre, je me ferais bien un homme moi aussi…
« Arbres, que savez-vous des morts ? que savez vous des morts, des fauves et des hommes ? »
Je me souviens de ce que j’ai oublié à présent ! N’ouvrez pas ce cercueil de ce côté du ciel car le rêveur derrière la porte rêve d’amour ! Grand maître, pardonnez nos offenses ! Oh ! Mon arbre !…
Être poussière d’homme, l’amour et rien d’autre. Pas même un caillou. Même pas mort. Rien. L’espoir. Une saison de feuilles, un coup de tonnerre sur l’ordre d’un songe…
– Poussière !
Aujourd’hui quand la forêt s’endort les feuilles mortes rêvent comme des hommes.
– Poussière !