Les Derniers Jours du disco, Whit Stillman (1999)

L’effet boule de neige qui sent le sapin

Les Derniers Jours du disco

The Last Days of Disco

Note : 3 sur 5.

Titre original : The Last Days of Disco

Année : 1999

Réalisation : Whit Stillman

Avec : Chloë Sevigny, Kate Beckinsale, Chris Eigeman

Bizarre comme film. La structure du récit ne répond à aucun code, et le genre même du film est indéfinissable. Tout tourne autour de deux filles qui cherchent à entrer dans la boîte de nuit select du début des 80’s. Elles retrouvent des connaissances de l’université. Elles-mêmes ne sont pas franchement amies (on le comprendra plus tard), mais bossent ensemble dans une maison d’édition. À partir de là, se nouent des rapports franchement bizarres entre tout ce monde, souvent dans cette boîte de nuit, parfois au boulot, dans la rue ou dans un appartement que les filles finissent par prendre ensemble…

C’est l’atmosphère et le style qui sont curieux. On est projeté comme dans un rêve : ça commence sans introduction, on a deux personnages qui se retrouvent ensemble alors qu’elles ne semblent pas franchement copines mais sont pourtant inséparables pendant tout le film. Elles rencontrent des connaissances, papotent. Toutes les scènes respirent dans un univers musical de disco sans rapport avec les situations. La musique déborde sur la scène suivante avec ce décalage entre ce qu’on voit et ce qu’on entend. Et tout ça accentue l’impression de rêve. Comme une chronique qui avance part de multiples sauts de puce.

Les rapports entre personnages sont des plus curieux là encore. On se croirait dans ces boules de neige : on remue et on a toujours le même paysage avec la neige qui tombe… On pourrait parler aussi des réactions parfois inexistantes ou, au contraire, exagérées, toujours comme dans un rêve… Quand un personnage dit que leur boîte va fusionner avec une autre et qu’ils vont certainement virer du monde, le personnage de Chloë Sévigny réagit à peine et dit : « J’aimais bien cette boîte ». Surréaliste. Et que dire de ces répliques qui se veulent intelligentes, mais qui pourraient friser le ridicule si on n’était pas dans un rêve (forcément dans un rêve, les situations et les réflexions sont tordues). Les réflexions d’un personnage sur la fable du Lièvre et de la Tortue ou encore de la morale de la Belle et le Clochard… Et tout ça dit avec le plus grand sérieux, évidemment. On est presque dans un Woody Allen avec des répliques ironiques pleines de références, sauf que là, on les a placées sous vide…, dans le vide d’une boule de neige… Il y en a une autre pas mal : « Pourquoi tu portes toujours des vêtements trop grands ? » « Parce que je crois que je peux encore grandir. On peut encore grandir jusqu’à trente ans, il y a eu des études ». Okaaaaaaaaay.

Les Derniers Jours du disco, Whit Stillman 1999 | Castle Rock Entertainment Polygram Filmed Entertainment Westerly Films

C’est quoi ? Une description de mœurs de quatre ou cinq bourgeois new-yorkais ? Un film sur la fin d’une musique ? Faut voir le speech sur la mort du disco à la fin !… « Non, le disco n’est pas mort ! Dans vingt ans on se rendra compte que ce n’était pas une musique de merde ! Ce n’est pas parce que tout le monde a l’herpès et rentre crevé le soir à la maison qu’on a plus envie de faire la fête ! Le disco restera toujours dans nos cœurs ! »

Faut arrêter d’écouter du disco, ça rend complètement zinzin, on perd tout sens des réalités.

« Une des choses qui me plaisent dans la vie, c’est de savoir que je n’envie personne. Je ne veux pas être quelqu’un d’autre. »

Ça sonne bien creux.

Les gens heureux n’ont pas d’histoire… Ce qui fait l’étrangeté de ce film, c’est qu’on a plein de rapports amoureux, complexes, ça évolue vite…, pourtant, il y a 0 psychologie. C’est un jeu de chaise musicale pour savoir qui baise avec qui. On sait que machin doit se retrouver avec machine, donc on les fait papoter pendant deux minutes (sur La Belle et le Clochard par exemple) et hop ils sont ensemble, ils se sont trouvés, ils se sont tout dit, ils sont faits l’un pour l’autre… Tu parles ! Les personnages, malgré les vicissitudes de leur vie, ont toujours le même visage, sont toujours heureux ou contents de leur vie. On regarde le film comme on écoute cette musique, complètement pétés…

Une dernière : « Le disco est au plus mal. » Réponse : « Tu crois que ça a un rapport avec l’épidémie d’herpès ? »

Space.


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