Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Elio Petri (1970)

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon

Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto

Note : 2.5 sur 5.

Titre original : Indagine su un cittadino al di sopra di ogni sospetto

Année : 1970

Réalisation : Elio Petri

Avec : Gian Maria Volontè, Florinda Bolkan, Gianni Santuccio

Le mélange des genres est parfois à double tranchant… Humour noir, très subtil au début, qui penche vite vers la caricature et le film politique, engagé… Quand on met en scène ses ennemis politiques, qu’est-ce qu’on peut espérer d’autre qu’une grosse caricature et des personnages sans nuances… ?

C’est tellement gros parfois qu’on est proche de la farce, à deux doigts même de la comédie politique de Dario Fo, Mort accidentelle d’un anarchiste écrite la même année, se référant aux mêmes événements terroristes, avec la même dénonciation des pratiques de la police… Sauf que le second degré n’est pas le même : la farce peut dénoncer, mais les personnages restent sympathiques. On peine à trouver l’humour, au début, on est un peu perdu par le ton et par les agissements du commissaire, et au final, on n’arrive jamais à aimer ce personnage (le principe de toute histoire, c’est que même avec les pires criminels, il faut leur donner un aspect sympathique, sinon le public ne peut pas adhérer à ce qu’il voit).

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, Elio Petri 1970 | Vera Films S.p.a

Ce genre de films a surtout une valeur historique aujourd’hui pour un public assez peu familier avec la politique et l’actualité italienne : savoir que dans les années 70 et 80 le cinéma italien était fortement engagé (et qu’il y avait sans doute de quoi, et Gian Maria Volonte a toujours été du combat…). Mais comme film « politique » j’ai tout de même vu plus subtil, des films qui décrivaient des situations bien particulières, qui mettaient en scène la lutte contre le pouvoir, ses aberrations, ses scandales, alors qu’avec Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, on se contente de dire : « Ce type est un fasciste, normal, c’est un psychopathe ».

Quand on veut combattre des idées, on formule une argumentation, au cinéma, on met en scène ceux qui luttent, ses partisans, pour « parler » en son nom ; et les autres, ceux qu’on n’aime pas, si on n’est pas capable de défendre leur point de vue, autant les laisser aux rôles d’opposants. Caricaturer les méchants pour les combattre, c’est aussi intelligent qu’un môme qui dit : « Toi, t’es méchant parce que t’es pas beau ! ». Mettre en scène ses ennemis, c’est aussi d’une parfaite mauvaise foi, on les montre sous leurs plus mauvais jours, et on accentue le trait sans crainte d’être contredit… Même si le film n’est pas sans intérêt, il y a là quelque chose de raté. Ça ressemble à ce que pourrait être un film du parti communiste français sur Sarkozy…



Sur La Saveur des goûts amers :

Les Indispensables du cinéma 1970

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