Hostel, Eli Roth (2005)

Agenouille-toi à l’hostel du nanar…

HostelHostelAnnée : 2005

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IMDb  iCM
Réalisateur :

 

Eli Roth

5/10

Mince, c’est quoi ce film !

Ça commence comme une comédie avec d’ailleurs les comédiens qu’il faut pour ça (avec l’acteur de Men in trees), on sent que ça va déraper vers un truc louche, mais on ne sait pas encore quoi (le ton est de toute façon donné dans le générique sanglant), et dès qu’on comprend qu’ils (les joyeux Américains venus en Europe pour « baiser de l’Européenne ») vont quitter les Pays-Bas paradisiaques pour la Slovaquie (qui sort de la guerre !^^ première nouvelle !), on sent qu’on ne va pas échapper aux clichés.

Ça ne manque pas. Les gens de l’Est sont bien des dévoreurs d’enfants, et presque tous les gens disparus de la terre se retrouvent charcutés là-bas…

Le scénario est simpliste, mais plutôt “efficace” : une disparition, puis deux, et enfin la troisième en vue subjective du dernier qui forcément en ressortira vivant.

C’est la scène de sodomie dans la cave de Pulp Fiction[1] qui tourne en boucle, sans possibilité de sortie (un peu avec une sorte de principe “sawien” dans lequel tout semble déjà joué), parce que c’est le “sujet” principal du film. (D’ailleurs Tarantino semble avoir participé à la production du film : le mélange des genres lui a certainement plu, ou sinon il a eu une mauvaise expérience avec les big-macs en Slovaquie…).

Dans des films ouvertement de divertissement que sont les films gores comme Saw, au moins c’est clair, on s’embarque dans un bateau fantôme pour se faire peur. Là, il y a la même incertitude que dans Meurtre à la moissonneuse batteuse (ou je sais plus le titre). Mise en scène crue, distante et surtout super réaliste : ce n’est pas une animation dans un parc de Disney land, on est en Slovaquie, on est chez les dévoreurs d’enfants ! C’est donc d’autant plus flippant, mais ça fout aussi mal à l’aise… L’organisation secrète (qui me rappelle le film « 13 »), le fait que rien ne soit jamais expliqué ou si peu, le fait que ce soit dans un autre pays que les USA…, c’est vraiment déroutant. Et en plus, on a toujours jusqu’à la fin ce dernier personnage au départ “comique” qui fait qu’on a toujours du mal à croire toutes les horreurs qui lui arrivent.

Comme quoi le cinéma a encore de quoi nous surprendre… Et pas forcément en bien.


[1] Pulp Fiction


Des serpents dans l’avion (2006)

À qui sont ces six saucissons-ci qui sifflent sur nos sièges ?

Snakes on a PlaneDes serpents dans l'avion (2006)Année : 2006

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Réalisateur :

 

David R. Ellis

 

4/10

Avec  :

Samuel L. Jackson

 

Maintenant, même les séries Z ont des budgets déments, avec des effets spéciaux risibles… Heureusement que les scénarios restent totalement stupides sinon ce ne seraient plus des séries Z…

Ça fait beaucoup de bruit, et c’est bien la seule chose qu’on demande. Mais quand on se surprend à réfléchir pendant le film, ça fait mal : des serpents qui s’attaquent à des fils électriques pour tout faire péter dans le cockpit ? Faut vraiment ne pas avoir peur du ridicule.

Jackson, c’est tout à fait le genre d’acteur génial qui ne peut jouer que dans des séries Z. C’est bien pour ça que Tarantino l’a pris dans Pulp Fiction[1] — un peu comme Charles Bronson habillé avec l’humour cool de Sergio Leone dans Il était une fois dans l’Ouest… ou comme Burt Reynolds dans Boogie Nights… Tout est affaire de second degré. Dès qu’on les fait jouer au premier, ils sont sans âme. Le vrai plus des films en couleur, c’est l’ironie. Bogart et Edward G. Robinson, eux dans les films noirs passaient très bien, mais en couleurs… On le voit bien, l’acteur qui a passé avec le plus de succès le noir et blanc à la couleur, est un acteur plein d’ironie, Cary Grant (John Wayne aussi est marrant dans son genre…). À la fois cool et ironique. Gary Cooper aussi avait ça, avec son air de Droopy. On ne peut pas être pris au sérieux quand on a un habit d’Arlequin sur le dos. Jack Nicholson avait également cette ironie et l’a même mis au profit dans un film noir en couleur, Chinatown. Là le réalisateur de Snake a tellement peur du ridicule de ce qu’il montre qu’il préfère tout mettre dans le noir. Vaine tentative de reproduire une série B des années 50. On n’est pas très crédible à faire une série B avec de gros moyens. Sauf donc si on la joue à l’ironie… Tarantino et Leone, eux les couleurs, ils n’en avaient pas peur, ça flashe !… Arlequin, Leone, tout ça c’est Italien… Le bon goût du « trop » ma non troppo. Fellini quoi…

Comment j’en arrive à parler de Fellini sur ce film… Ok, je me rattrape. À quand Van Damme dans un film bien coloré, bien ironique ?


[1] Pulp Fiction


The Descent, Neil Marshall (2005)

La Cuite

The DescentThe Descent, Neil Marshall (2005)Année : 2005

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IMDb

Réalisateur :
Neil Marshall

 

5/10

Vu en 2007

Original de par le lieu : dans des gouffres, des grottes humides… Ensuite parce qu’il n’y a que des nanas…

Le film commence un peu avec une ambiance à la Délivrance, jusqu’à ce que nos gonzesses perdues au centre de la terre rencontrent des sortes de trolls nosferatiens albinos et aveugles. Et là c’est le principe alienien de l’élimination.

Ça se laisse regarder mais le scénario est plein d’invraisemblances et de trucs superflus. On voit trop les petites b-bêtes…


Deuce Bigalow : European Gigolo (2005)

Deuce Bigalow : European Gigolodeuce-bigalow-european-gigoloAnnée : 2005

 

Réalisation :

Mike Bigelow

4/10  lien imdb
Listes :

Vu le : 22 avril 2007

Il paraît que c’est la suite du non moins célèbre Gigolo à tout prix (tu m’en diras tant !). Et pour avoir un peu une idée du film (mais je suis sûr que vous êtes déjà un peu sur la voie), on lit sur Allociné que l’idée du film, le scénariste-acteur principal, en a eu l’idée quand tout le monde lui disait : « pourquoi ne faites-vous pas une suite à Gigolo à tout prix ? » (on se serait sans doute plus poilé devant un Mary malgré lui).

Bref, c’est très con et ça s’assume comme tel. Pas franchement un bon film, mais au moins on ne s’ennuie pas. Et puis on découvre Amsterdam (très rarement photographié au cinéma, voire jamais, alors qu’elle se révèle vraiment plutôt photogénique — et je crois qu’on évite les clichés — même si le scénario lui ne passe pas à côté de tous les clichés possibles sur les Hollandais ; mais il faut savoir que tout ce qui est pour nous un cliché est pour l’Américain moyen une information de première main). On se demande alors ce que vient faire une tour de Pise sur l’affiche (encore une arnaque pour vendre un film… — ou sinon j’ai manqué une partie, ou le troisième volet de la trilogie !).

C’est bien donc si on veut se détendre et vraiment si on n’a rien à faire… — Et puis… si ! ça vaut le coup au moins pour une autre bimbo dans un autre genre que Eva Mendes : Hanna Verboom (« Quand notre cœur fait Boom ! Tout avec lui “Verboom” Et c’est l’amour qui s’éveille… ») Encore un canon ; j’ai passé ma soirée à tirer… mais j’ai plus vraiment l’âge des “Boom”.


Ghost Rider, Mark Steven Johnson (2007)

Faust en bécane

Ghost RiderAnnée : 2007

Réalisation :

Mark Steven Johnson

5/10  lien imdb
Avec :

Nicolas Cage

Vu : 22 avril 2007


Marvel n’est pas un gage de qualité… Ou quand Terminator se trimbale à Dallas avec sa bécane… Complètement débile.

Je ne connaissais pas la BD, mais c’est fortement inspiré de l’histoire de Faust (déjà je ne suis pas fan). Je me demande ce que N. Cage est allé faire dans ce film ; il y a même Peter Fonda en Mephysto, c’est dire…

J’aimais bien l’acteur qui faisait le personnage principal “adolescent”, il semblait sortir de Melrose Place et ça donnait un côté too much au film, un peu comme dans Starship trooper. Et puis, Cage arrive, et là on comprend qu’on n’allait pas se marrer…

Nicolas Cage est censé avoir le même âge que sa copine jouée par Eva Mendès, alors qu’ils en ont bien 25 de différence. On pourrait en rire, mais on sent que ce n’est pas quelque chose dont le film a envie de s’amuser : « Non, Nicolas, est beau, jeune, il a des tablettes de chocobdo, il enfourche une bécane comme un jeune… »

Vous me direz, Eva Mendès, elle tient le film sur ses deux lolos… : elle a des nénés si gros qu’il lui est impossible de fermer sa chemise, quel malheur ! — pauvres petits !… (Ça doit être à cause des rhumes successifs que les bimbos ont toujours la même voix cassée…)

Le principe est un peu le même que dans tous les comics, mais là c’est vraiment un peu trop gros, ou mal fait, ou je ne sais pas quoi. Bref, le super-héros (en moto) vit parmi les humains mais ne peut révéler sa véritable nature, donc il est seul avec son « joli chopper », pourtant comme il est très attachant, il a toujours des canons qui reviennent du passé (ou qu’il rencontre le plus souvent) et qui lui rappellent qu’il est un être humain comme tout le monde. Alors, le héros se laisse aller, et c’est là que le méchant qui a la sale habitude d’épier le héros par des judas, se dit à haute voix : « Ha ! ha — Ha ! Ha ! ha… j’ai trouvé son point faible ! » On imagine la suite…

Après Faust en moto, j’attends avec impatience Faust à la plage avec sa planche de surf…

OSS 117 : Le Caire, nid d’espions, Michel Hazanavicius (2006)

SOS qualité française

OSS 117Année : 2006

 

Réalisation :

Michel Hazanavicius

5/10  lien imdb
 

Vu en mars 2007

Il est loin l’âge des bonnes comédies populaires d’autrefois.

Choix ou pas de mise en scène, la production fait cheap (pour nous faire croire qu’on est en 1950, on nous fout des plans d’archives avec bagnoles dans les rues…). Dujardin est un pitre, pas un acteur. Même dans la comédie, il faut de la sincérité et de la justesse dans l’excès. Un sourire niais, une mimique, un brushing, pour remplacer le vide du scénario. Aucun acteur n’arriverait à rendre meilleurs des dialogues insipides et grossiers, alors Dujardin, certainement pas. Un personnage doit vivre non seulement grâce aux détails d’une histoire, mais aussi à travers l’imagination de l’acteur. Et ça, l’imagination, ça lui est totalement étranger à Dujardin. Tout le film d’ailleurs est comme ça. Le hors-champ a une importance capitale dans un film. Ce qui est suggéré, c’est ce qui permet de nous représenter un monde. Si tout est devant nos yeux, sans profondeur, sans faire vivre l’arrière-plan, et je ne parle pas que de l’image, ça pue l’artificiel. On me dira que c’est précisément ce que le réalisateur a voulu, il a voulu la facilité oui. C’est comme renoncer à l’exigence. On pourrait y adhérer si par ailleurs le fond avait meilleure allure.

Le casting est désastreux. Les deux gonzesses en particulier sont loin d’être à l’aise. Depuis Émilie Dequenne dans le Pacte des loups pour afficher un nom au film, je croyais avoir vu le pire. Ça se vaut presque. Si les acteurs français sont globalement à la ramasse face à leurs collègues étrangers, c’est d’abord à cause de ces maudites années 60 et ce mirage poursuivi par des cinéastes ni artisans, ni écrivains, ni théâtreux : la vérité. Pour être vrai, il suffisait de prendre des gens dans la rue. Bah oui, c’est évident. Certains ne s’en sont pas trop mal sortis en développant des méthodes propres souvent basées sur l’improvisation, mais c’est toute la production qui en a souffert.

Traditionnellement, un metteur en scène est un acteur. C’est en tout cas les plus efficaces. Parce qu’ils connaissent tous les écueils et les fausses promesses de certaines évidences. Pour être vrai, il faut passer par le faux. Un Delon qui arrive à être vrai en “étant” Delon, c’est rare. Pour les autres acteurs, il faut passer par le faux : la technique. Une fois qu’on maîtrise certains principes, qu’on les a éprouvés sur scène, on est prêt pour se livrer à un metteur en scène qui connaît cette fois les difficultés pour passer d’une “technique” de théâtre à celle du cinéma. À moins d’avoir un génie qui peut comprendre ça instinctivement, ou à moins de savoir déjà bien s’entourer, la distribution et la direction d’acteurs, un metteur en scène ne connaissant rien aux acteurs aura de grandes chances de faire n’importe quoi. Et c’est ce qu’on voit ici. Mais c’est une constante depuis que les cinéastes sont des critiques de cinéma, pas des artistes. Pour jouer des femmes, et des femmes d’un certain niveau social, on prend donc des gamines dans la rue. Tu es jolie, fais donc du cinéma ! Ce serait un peu comme voir Arletty dans les rôles de Michèle Morgan ou Giulietta Masina dans celui de Sissi. Un maintien de femmes du trottoir…

Et il faut croire que l’exigence du public est presque aussi grande que ceux qui leur montrent des films puisqu’il — le public – n’y voit rien de choquant. Normal : les dames du monde, ça n’existe plus. Il y en aurait du monde à passer entre les mains du Professeur Higgins ! Le pire, ce n’est pas qu’on fasse de tels films avec des acteurs aussi médiocres. C’est surtout qu’on ne trouve rien à y redire, et qu’on pourrait tout autant voir une bergère dans un rôle de reine de France (une Kirsten Dunst jouant Marie-Antoinette par exemple…).

Le rythme est également affreusement lent. On veut couper avec le “théâtral” (c’est devenu un gros mot) mais en revanche, par facilité, on a gardé le principe des scènes où on s’installe pendant des heures… Le film ici ferait à peine un quart d’heure dans Austin Power. On pourra s’étonner que le film donne une grande impression de vide… C’est un art qui se rapproche de celui de la narration, à la composition littéraire (un roman a moins de contrainte spatiale que le théâtre…). Pas besoin de couper à la sauvage ou de créer trop grossièrement une précipitation des événements. Mais si on peut donner une information sans devoir y rester des plombes, autant le faire pour donner autre chose à manger à son spectateur. Ça permet également les changements de rythme, les mises en relief, ou s’attarder… Il semblerait que pour monter un film l’exigence et le talent soient inutiles. Une mention « vu à la TV » suffit.

Delon disait qu’il n’y avait plus de star, il avait bien raison. Il n’y a plus non plus de cinéma populaire. Rien que des téléfilms. Avec Belmondo, voire Defunès, c’était bien autre chose.


Blood Diamond, Edward Zwick (2006)

Jennifer sur le gâteau

Blood Diamondblood-diamond-edward-zwick-2006Année : 2006

 

Réalisation :

Edward Zwick

5/10  lien imdb
 

Vu le : 20 mars 2007

 

Dans le genre « c’est beau, c’est pauvre l’Afrique, mais les Occidentaux y foutent la merde et n’y arrangent rien »…

Le personnage que joue Jennifer Connelly est de trop : l’histoire d’amour avec Leonardo édulcore à la fin le film qui aurait plus gagné en unité d’action. Rester sur la quête du diamant, la fuite — ou en tout cas mieux intégrer le rôle de la journaliste dans l’histoire. Si c’est un personnage principal elle doit rester avec eux jusqu’à la fin et son personnage doit suivre une vraie évolution ; s’il est secondaire, il faut lui donner un peu moins d’importance et surtout ne pas la faire réapparaître dans une scène ridicule où DiCaprio, à l’agonie, l’appelle avec son cellulaire : lui dans la brousse, elle à une terrasse d’un café en Europe… — Ridicule.


Flash Gordon, Mike Hodges (1980)

Strass War et saut ventral

Flash GordonFlash Gordon, Mike Hodges (1981)Année : 1980

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IMDb   ICM

Réalisateur : Mike Hodges

Avec  : Sam J. Jones, Melody Anderson, Max von Sydow

5/10

Vu le : 25 mars 1997

Il faut le voir pour le comprendre. S’il y a des films qui influencent toute l’histoire du cinéma, vingt ou trente ans après flotte sur eux comme un nuage d’évidence, mais quand on a le nez dessus, il peut arriver qu’on ne comprenne pas tout de suite ce qui vient de se jouer sous nos yeux. Certains événements rendent tout ce qui précède illusoire et daté, mais c’est aussi ce qui se joue après qui permet de mesurer l’importance de ces événements dans l’histoire. Quand Fosbury concourt avec son saut atypique dans les années 60, tout le monde en rit, avant de le voir gagner le titre olympique à Mexico. Si aucun sauteur aujourd’hui n’oserait utiliser le saut ventral, un bon sauteur arrivera toujours à battre un mauvais sauteur en utilisant la vieille technique de papa. Le procédé, l’idée, est révolutionnaire, mais si derrière il n’y a qu’un athlète médiocre, il n’arrivera à rien. Il ne suffit pas d’être original pour prétendre révolutionner le monde. Fosbury a permis de faire progresser sa discipline de quelques centimètres qui lui ont permis avec du travail de changer complètement la technique de son sport, mais ce n’est pas la technique, seule et par son originalité, qui lui a permis de renverser les usages de sa discipline.

Flash Gordon, Mike Hodges (1980) | Starling Films, Dino De Laurentiis Company, Famous Films

George Lucas a fait la même chose avec Star Wars. Il avait compris que le public en avait assez des films sans fantaisie et qu’il serait prêt à venir en nombre pour voir de la science-fiction qui ne les prenait pas pour des imbéciles. Bien sûr, personne ne l’a pris au sérieux au début avec sa technique qui prenait tout le monde à contre-pied, et même après l’immense succès du film (encore aujourd’hui où il ne passe parfois que pour un amuseur), ceux qui riaient de lui ont tenté leur chance pensant pouvoir faire recette avec la même idée, quelques prétentions d’originalités… et rien d’autre. De la fantaisie, comme on en faisant dans les années 30 ou 40, pour un public jeune et stupide. Ceux-là n’ont pas compris la réussite (plus que le succès) de Star Wars, car comme le Fosbury, Star Wars s’était imposé certes grâce à une idée, un concept, mais le tout reposait sur une cohérence propre et solide, tout ce qu’il y avait de plus traditionnel et de conventionnel.

Si un film peut être vu comme l’alliance de plusieurs talents (devant se battre contre l’empire des studios, la facilité, le doute, la tentation du plus offrant…), la cohérence du tout, c’est la vision d’un seul homme. Il faut certes des conditions favorables, une sorte de vision personnelle, couillue et un peu chanceuse, mais ce travail-là, George Lucas était aussi capable de le fournir (et de la forcer, pour ce qui est de la chance). Son premier talent était donc de concevoir un de ces « sauts » (dans l’hyperespace), possédant assez d’innovation, d’originalité, d’audace, de folie, pour supplanter et ringardiser ceux qui l’avaient précédé, mais avec aussi assez de lucidité, de fluidité, pour « maintenir [son projet] dans un tout unique et cohérent ». Sa Force. Ce qu’on peut aujourd’hui appeler génie, c’est l’idée de s’affranchir totalement du monde dans lequel on vit. La science-fiction a rarement su aller dans ce sens, c’était plus souvent un principe laissé au merveilleux ou à la fantasy. Ce qui est une évidence pour ceux qui apprécient la saga ne l’est pas forcément pour ceux qui veulent s’en inspirer pour en récolter les fruits faciles et en reproduire le succès : pour eux Star Wars n’est qu’un vulgaire film de science-fiction, pour les autres, c’est autre chose. En 1968, le saut arrière était ridicule, laid. Et puis au fil des perfectionnements, il est devenu plus gracieux en même temps qu’il restait efficace. Ceux qui l’imitaient dans leur jardin s’y cassaient sans doute plus le cou que ceux qui reproduisaient sans génie mais sans risque le saut ventral…

L’un des choix les plus payants, et « non-originaux » pour Lucas, a été celui de faire appel à John Williams. Peut-être le plus important. Parce que c’était ce qui donnait le plus la couleur à son histoire, lui donnait une stature épique, monumentale, et non quelque chose de bricolée, de faussement moderne. Le film classique capable d’employer une musique rock, avec une partition chantée, n’a pas encore été fait. Il y a des domaines où il vaut mieux se fondre dans la tradition, plutôt que chercher par tous les moyens à paraître innovant et moderne. Il ne serait pas venu à l’idée de Fosbury d’entamer sa course d’élan sur les mains sous prétexte que ça ne s’était jamais fait (la comparaison commence à rancir, mais j’en garde sous l’aisselle). Ceux qui ne le croyaient pas capables de gagner une médaille auraient sans doute apprécié le spectacle.

Oups. La Guerre des étoiles, George Lucas (1977) | Lucasfilm, Twentieth Century Fox

Voilà donc ce qui ferait entrer Flash Gordon plutôt dans le panthéon du cirque cinématographique que dans celui de l’histoire du cinéma. Le film, s’il restera en mémoire, le sera surtout pour être un bedonnant et bidonnant ratage. Flash Gordon demeure le même héros insipide qu’il soit des années 80 ou des années 40. On ne change pas de la merde en or. Et on n’emploie pas un groupe de musique, tout génial soit-il par ailleurs, pour composer la musique d’un film. Il n’y a que les cons qui osent, audiardit-on ; et les futés font semblant d’avoir de l’audace. Quand ils en ont, il n’est question que deux ou trois idées sur lesquelles repose le « saut » tout entier.

Flash Gordon est un éclair dans le ciel qui jaillit comme un pet ridicule. Star Wars est au firmament des étoiles, au-delà des lumières de la voie lactée, dans un espace qui n’est plus qu’évidence et magie. Comme tout le monde dans les années 80, Flash Gordon ne faisait que jouer avec les figurines créées par Lucas. Mais Lucas, lui, avait comme inventé une matière impalpable, invisible de tous, incompréhensible, et pourtant, aujourd’hui, chacun peut encore en sentir et en voir les effets. Une religion presque, comme le souligne Coppola, sincèrement dépité de voir le public se tourner vers une histoire qu’il juge un peu niaise ; il n’avait pas compris ce que Star Wars allait changer.

N’évoquez donc plus le mystère de la matière noire, car pour le prophète elle a un autre nom : le côté obscur. Une force qu’aucune lumière, aucun éclair, ne saurait apprivoiser. Surtout pas celle de Flash. Star Wars reste Star Wars, Flash, un nobody ventripotent exhibé dans les cirques. L’un était né déjà tout rabougri ; l’autre avait été conçu comme un miracle, un événement qui ne cesserait alors de se réinventer à travers les yeux et l’imagination des générations amenées à le prendre comme référence.

C’est souvent après que l’on comprend. Lucas nous a retournés comme des crêpes, et depuis, notre suspension n’a jamais cessé.


Flash, je suis… ton…


Sur La Saveur des goûts amers :

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